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DISQUISITIO DE SCRIPTIS GERBERTI, POSTMODUM SYLVESTRI II.


(Histoire littéraire de la France par des religieux bénédictins de Saint-Maur, tom. VI, pag. 577.)



Quoiqu'il soit venu jusqu'à nous un grand nombre d'écrits de la façon de Gerbert, nous ne sommes point assurés d'avoir toutes les productions de sa plume. Nous ne pouvons pas non plus nous flatter qu'on nous ait conservé la connaissance de toutes celles qui sont perdues, tant il a écrit pendant le cours d'une longue vie. Entrons en discussion. Pour le faire avec quelque ordre, nous commencerons par ses ouvrages sur les arts libéraux, comme les premiers qu'il a écrits. Ensuite nous viendrons à ceux qui traitent de matières ecclésiastiques.

1o Personne n'ignore que le savoir dominant de Gerbert était la science des mathématiques; comme l'arithmétique et la géométrie sont les deux ailes du mathématicien, selon Platon, Gerbert y donna une application particulière, quoique, s'éloignant de l'opinion de cet ancien philosophe, il compte la musique au second rang après l'arithmétique (Praef. in geom.). Il a beaucoup écrit sur cette première partie des mathématiques; mais on n'a presque rien imprimé

de ses productions sur ce sujet, et peut être avec raison. Dom Bernard Pez en visitant les bibliothèques de Bavière, trouva dans celle de l'abbaye de Saint-Emmeran, à Ratisbonne, un traité d'arithmétique qu'il croyait sans difficulté de la façon de Gerbert (PEZ, Anec. t. I, diss. p. 38, n. 63). Ce qui le lui persuadait est qu'il suit son Abacus dans un manuscrit in-4o, ancien de six cents ans, et que le nom de l'auteur est désigné par un G majuscule, à la tête du titre tel que le voici: G. Liber subtilissimus de arithmetica. L'ouvrage est dédié, par une préface ou épître dédicatoire, à un des maîtres de Gerbert, dont le nom n'est non plus désigné que par une S majuscule. Il serait difficile de deviner qui était ce Mécène. On ne trouve sur cela aucun éclaircissement

dans les lettres de notre philosophe. S'il est permis de donner quelque chose à la conjecture, il y a beaucoup d'apparence qu'il s'agit ici d'un des maîtres que Gerbert eut en Espagne. Ce fut là en effet qu'il apprit particulièrement l'arithmétique. Quel qu'il ait été, Gerbert dès l'inscription de son épître lui marque beaucoup d'estime et de respect: Doctori et Patri, ce sont ses expressions, Theosopho J. G. filius ejus, licet minus idoneus, quidquid salutis in Christo patri filius. L'épître commence par ces mots: Cum omnis hodieque liberalium artium; et le corps de l'ouvrage par ces autres: Graece arithmetica, Latine dicitur numerorum scientia.

Dans le manuscrit coté 3413, in-4o, de la bibliothèque de Jean Selden (Cat. mss. Angl. t. I, par I, p. 124, 1), se trouvait autrefois, avec l'Arithmétique et la Musique de Boëce, et autres écrits, un traité de Gerbert avec sa préface sous ce titre: Gerberti Theorica cum prologo in eamdem. Oudin l'a entendu d'un traité de théorie d'arithmétique (OUD. Scrip. t. II, p. 512). Si cela est, ce pourrait fort bien

être le même écrit que celui dont on vient de rendre compte, quoiqu'il ne soit pas revêtu de tous les mêmes caractères qu'il porte dans le manuscrit de Saint-Emmeran.

2o Un autre ouvrage de Gerbert sur l'arithmétique est son fameux Abacus (PEZ, ib.). Il se trouve dans le même manuscrit de Ratisbonne; mais le commencement y manque. Dans l'inscription il est adressé à Otton III, et porte aussi le titre d'Algorismus. La lettre de ce prince à Gerbert (GERB. Ep. par. I, ep. 153) pour le prier de lui apprendre tous les raffinements de l'arithmétique fait juger que ce fut à cette occasion que Gerbert le composa. On ne doit donc pas le confondre, comme quelques écrivains

semblent l'avoir fait (OUD. ib.),