Dictionnaire universel d’histoire et de géographie Bouillet Chassang/Lettre C

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Dans les abréviations des noms propres, C signifie Caius, Caia, Cæsar, Cœlius, etc.; CN Cneus; COSS., consules; C. P., Constantinople.

CABADÈS ou KOBAD, roi du 2e empire persan, monta sur le trône en 491, fut détrôné en 498, parce qu'il voulait, dit-on, rendre les femmes communes dans ses États, mais remonta 4 ans après sur le trône. Il fit d'abord avec quelques succès la guerre à l'empereur Anastase en Arménie et en Mésopotamie ; mais il fut ensuite battu par Bélisaire et forcé à demander la paix. Il mourut en 531.

CABALE ou KABBALE, doctrine secrète des Juifs, dans laquelle on enseignait : 1o une théologie mystique dont le fond était le dogme de l'émanation divine et une explication allégorique des Écritures ; 2o une théurgie absurde par laquelle on prétendait soumettre à la volonté humaine les puissances surnaturelles en prononçant certains mots, et opérer avec leur secours toutes sortes de miracles. Cette doctrine, que l'on fait remonter à l'époque de la captivité des Juifs à Babylone, se trouve principalement exposée dans l’Yetzira, attribué au rabbin Akiba, et dans le Zohar, attribué à son disciple Ben-Yokaï. On peut consulter la Philosophia Cabbalistica de Freys, Kœnigsb., 1838, et la Kabbale ou Philosophie religieuse des Hébreux, de M. A. Franck, Paris, 1843.

CABALE (ministère de la), conseil privé qu'avait formé Charles II, roi d'Angleterre, et qui pendant 5 ans (1669-1674) exerça la plus fâcheuse influence sur les affaires du pays. On le nomma ainsi parce qu'il était composé de cinq personnes dont les initiales réunies formaient le mot anglais Cabal (c-à-d. Cabale), savoir : Clifford, Ashley, Buckingham, Arlington, Lauderdale, et aussi parce que ce nom caractérisait bien un ministère formé par l'intrigue et qui était en opposition avec la nation. Sous ce ministère, la triple alliance conclue entre l'Angleterre, la Hollande et le Suède contre la France fut rompue et le roi d'Angleterre fut soudoyé par Louis XIV.

CABALLINUS FONS. V. HIPPOCRÈNE.

CABANES (les), ch.-l. de cant. (Ariège), sur la r. g. de l'Ariége à 11 kil. S. E. de Tarascon; 1700 hab.

CABANIS (P. J. Georges), célèbre médecin et physiologiste, fils d'un astronome, naquit en 1757, à Coscac, près de Brives (Corrèze), et mourut en 1808. Envoyé à Paris pour achever ses études, il cultiva d'abord la poésie, se lia avec Roucher et entreprit une traduction d'Homère; en 1773, il accompagna un seigneur polonais à Varsovie en qualité de secrétaire; puis, pressé par son père de prendre un état, il choisit la médecine. et s'y distingua bientôt. Admis dans la société de Mme Helvétius à Auteuil, il y connut Turgot, d'Holbach, Condorcet et tous les hommes marquants de l'époque. Il embrassa chaudement les principes de la Révolution, se lia étroitement avec Mirabeau et lui donna ses soins comme médecin dans la maladie qui l'emporta. Il fut élu membre du conseil des Cinq-Cents, approuva le coup d'État du 18 brumaire, et fut appelé au Sénat lors de l'établissement de l'Empire. A la réorganisation des écoles, il fut nommé professeur d'hygiène, puis de clinique à l'école de médecine, et il devint membre de l'Institut lors de sa création. Outre quelques écrits littéraires ou politiques, on a de lui : Du degré de la certitude de la médecine (1797); Coup d'œil sur les révolutions et la réforme de la médecine (1804); Rapports du physique et du moral de l'homme (1802). Ce dernier est le plus important de ses ouvrages : il y traite de la part des organes dans la formation des idées, de l'influence des âges, des sexes, des tempéraments, des maladies, du régime; ainsi que de la réaction du moral sur le physique. Il y explique tout par des causes purement physiques, y enseigne le matérialisme, et va jusqu'à dire que le cerveau digère les impressions et sécrète la pensée comme l'estomac digère les aliments. Cependant ses opinions se modifièrent depuis : dans une Lettre sur les causes premières, qu'il avait adressée à Fauriel, et qui ne parut qu'en 1824, il se montre très-favorable aux idées spiritualistes (V. BÉRARD). Les ouvrages de Cabanis ont été réunis par M. Thurot, en 5 vol. in-8, 1823-25. Les Rapports de physique et de moral ont été édités séparément par le docteur Cerise, 1843 , et par M. Peisse, 1844. M. Mignet a lu en 1850 à l'Académie des sciences-morales une Notice sur Cabanis.

CABARDIE. V. KABARDAH.

CABARRUS (François, comte de), habile financier, né à Bayonne en 1752, mort en 1810, s'établit de bonne heure en Espagne, et s'y fit bientôt une grande réputation. Lors de la guerre de l'indépendance de l'Amérique, il créa des billets royaux qui rétablirent les finances de l'Espagne ; il fonda la banque de St-Charles, 1782, fit instituer en 1785 la Compagnie du commerce des Philippines, devint conseiller des finances, ministre plénipotentiaire au congrès de Rastadt en 1797, et enfin ministre des finances sous le roi Joseph. — Sa fille, célèbre pendant la Révolution par sa beauté et par son influence, épousa successivement Tallien et le duc de Caraman, prince de Chimay.

CABÈS, Tacapa, v. de l’État de Tunis, sur le golfe de même nom (Petite Syrte des anciens), à 320 kil, S. de Tunis; 30 000 hab. On y cultive le henné. Ruines romaines. — Pour le golfe de Cabès, V. SYRTE.

CABESTAING (Guill. de), troubadour du Roussillon, vivait au XIIe siècle. On raconte qu'ayant séduit Marguerite, femme de Raymond, seigneur de Castel-Roussillon, celui-ci le poignarda, lui arracha le cœur, et le fit manger à sa femme à laquelle il ne révéla cette vengeance qu'après que l'horrible repas eut été consommé. Au reste, on ne s'accorde pas sur le nom de la femme ni de l'époux. On attribue la même aventure à Gabrielle de Vergy. Quelques poésies de Cabestaing, ainsi que sa Vie, ont été publiées par Raynouard (Poésies des troubadours, 1er vol.).

CABET (Étienne), communiste né à Dijon en 1788, mort en 1857, était fils d'un tonnelier. Il se fit recevoir avocat, plaida, mais avec peu de succès, se jeta dans l'opposition la plus avancée sous Charles X, fut après la révolution de 1830 nommé procureur général en Corse, mais se fit bientôt révoquer à cause de l'exagération de ses opinions, fut élu en 1831 député de la Côte-d'Or, attaqua avec violence le gouvernement de Louis-Philippe dans un journal ultra-démocratique qu'il avait fondé, le Populaire, fut condamné en 1834 à deux ans de prison, se réfugia en Angleterre, d'où il ne revint qu'en 1839, publia en 1842, sous le titre de Voyage en Icarie, le plan d'une utopie communiste, tenta quelques années après de réaliser ses plans et, dans ce but, se transporta, avec quelques partisans, au Texas, sur les bords de la rivière Rouge, puis dans l'Illinois, à Nauvoo, établissement abandonné par les Mormons ; mais rencontra dans l'exécution une foule de mécomptes, eut avec ses disciples de vives contestations et des procès scandaleux, vit bientôt sa communauté se dissoudre et mourut dans la misère et le chagrin.

CABILLAUDS (le parti des), parti politique en Hollande vers le milieu du XIVe siècle, se forma à l'occasion des divisions qui s'élevèrent au sujet de la souveraineté des Pays-Bas entre la veuve de Louis de Bavière, Marguerite, et son fils Guillaume, qui avait pris le titre de comte de Hollande (1349). Les nobles, mécontents de ce dernier, avaient rappelé Marguerite malgré l'opposition des villes, et, espérant une facile victoire, avaient pris le nom de Cabillauds, par allusion aux gros poissons de ce nom qui se nourrissent de fretin. Les bourgeois, de leur côté, sous le nom de Hœksche (Hameçons), prirent les armes et ravagèrent les châteaux des nobles. Cette guerre dura plus d'un siècle. Les Cabillauds furent détruits en 1492 par Maximilien d'Autriche.

CABILLONUM ou CABILLINUM, v. de la Gaule Lyonnaise, chez les Éduens, est auj. Châlon-sur-Saône.

CABIRA, puis Sebaste, v. d'Anatolie, auj. Sivas.

CABIRES (de Kabirim, dieux puissants, ou de Khaberim, dieux associés; dii potentes, dii socii), divinités mystérieuses adorées dans plusieurs endroits de la Grèce, et surtout dans les îles de Samothrace et d'Imbros. Elles furent importées en Grèce par les Phéniciens, mais se modifièrent en se confondant avec les divinités du culte pélasgique. Primitivement, les dieux Cabires formaient une tétrade dont les noms étaient : Axiéros, Axiocersus, Axiocersa et Cadmillus ou Casmillus; plus tard, ces noms furent traduits, tantôt en ceux de Vulcain, Mars, Vénus, Amour ou Harmonie ; tantôt en ceux de Cérès, Pluton, Proserpine, Hermès ou Mercure. Souvent aussi on a confondu les Cabires avec les Curètes, les Corybantes, les Dactyles et les Dioscures. On ne peut, du reste, rien affirmer de certain sur des divinités dont il n'était pas même permis de prononcer le nom, ni sur un culte qui avait des mystères même pour la plupart de ses initiés. Le grand prêtre du culte cabirique, appelé coës, recevait la confession de ceux qui se faisaient initier. La dernière cérémonie de l'initiation, qui ouvrait à l'initié l'accès des mystères, s'appelait thronisme : l'initié, après avoir subi les plus terribles épreuves, était assis sur un trône éclatant de lumière, le front couvert d'un voile, couronné d'un rameau d'olivier et ceint d'une écharpe, tandis que tous les prêtres et les mystes, se tenant par la main, exécutaient autour de lui des danses symboliques. Énée, dit-on, fit connaître les Cabires à l'Italie, où des fêtes furent instituées en leur honneur.

CABO, c.-à-d. cap. Pour les noms commençant ainsi qui ne sont pas ici, cherchez le mot qui suit CABO.

CABO-DELGADO, gouvt de la capitainerie générale de Mozambique (Afrique portugaise), est composé des îles Quérimbes, et ainsi nommé du cap Delgado.

CABOCHE (Simonet), scélérat qui, excité et soudoyé par le duc de Bourgogne, se mit, vers 1410, à la tête delà populace, sous le règne de Charles VI, commit une foule d'assassinats, s'empara de la Bastille, pénétra jusqu'au palais du roi, et fut pendant quelque temps le maître de Paris. Les sicaires de Caboche s'appelaient les Cabochiens; on les nommait aussi les Écorcheurs, parce qu'ils se composaient pour la plupart de bouchers et qu'il avait été lui-même écorcheur de bêtes. Les Cabochiens remplirent Paris de leurs violences, forcèrent les théologiens de la Sorbonne à recevoir leur alliance, prirent la Bastille en 1413, mirent à mort Pierre Desessarts, prévôt de Paris, contraignirent le Dauphin à arborer comme eux le chaperon blanc, symbole de la faction populaire, et exigèrent de lui une ordonnance (qui fut appelée la cabochienne) pour la réforme de l'État. Les Parisiens, las enfin de leur cruautés, appelèrent à leur secours le Dauphin qui s'était enfui, et les Cabochiens furent exterminés, 1422.

CABOT ou CABOTTO (Jean), navigateur vénitien, qui s'établit à Bristol sous Henri VII. Ayant persuadé à ce prince qu'il était possible d'aller aux Indes orientales par le N. O. de l'Amérique, il fut chargé d'entreprendre une expédition dans ce but : il partit au commencement de 1497, mais il fut bientôt arrêté par les glaces. Néanmoins l'expédition ne fut pas inutile; il découvrit Terre-Neuve, le Labrador, le Canada, et quelques autres contrées. — Son fils, Sébastien Cabot, né à Bristol en 1477, mort en 1557, exécuta en 1517, pour le compte de Henri VIII, un voyage de découverte, et visita le Brésil, Hispaniola, Porto-Rico. Il passa en 1525 au service de l'Espagne, remonta la Plata et construisit plusieurs forts sur ses rives, puis il revint en Angleterre, dirigea on 1552 une expédition au N. E. à travers la mer Glaciale, et établit les premières relations commerciales de la Grande-Bretagne avec Arkhangel. La relation des voyages des deux Cabot a été publiée à Venise, 1583, et dans les recueils d'Hakluyt et de Purchas. Les Anglais ont voulu opposer les découvertes des Cabot à celles de Colomb.

CABOUL, État de l'Asie centrale. V. KABOUL.

CABRAL (P. Alvarez), navigateur Portugais, commanda la seconde flotte envoyée par le roi de Portugal Emmanuel aux Indes orientales en 1500, fut poussé par les vents sur la côte du Brésil, jusque-là inconnue, et en fit ainsi la découverte. Il se dirigea ensuite de là vers les Indes, fit alliance avec le roi de Cochin et| de Cananor, et revint en 1501 chargé de richesses.

CABRERA, Capraria, une des Baléares, au S. de Majorque; 13 k. sur 4. Bon port, défendu par un château fort. Cette île a peu d'habitants. Elle doit son nom aux chèvres qui y étaient très-nombreuses. Dans la guerre d'Espagne (1808-1813), des prisonniers français y furent détenus sur les pontons.

CABRERA (J. Thomas Henriquez de), homme d'État, jouit d'une grande faveur à la cour de Charles II, roi d'Espagne, et fut successivement nommé duc de Medina-del-Rio-Seco, amiral de Càstille et ministre d'État(1693). Quand le petit-fils de Louis XIV, Philippe d'Anjou, fut appelé au trône d'Espagne, Cabrera refusa de servir ce nouveau monarque, se retira à Lisbonne et se déclara pour le parti de l'archiduc Charles d'Autriche; mais il eut le chagrin de voir ses avis négligés par les conseillers de ce prince. Il mourut en 1705. Cabrera est souvent désigné sous son titre de l'Amirante (l'amiral).

CABRIÈRES, village du dép. de Vaucluse, à 19 k. S. E. d'Avignon, et à 4 k. S. E. de la fontaine de Vaucluse; 620 hab. Ses habitants furent tous massacrés sous François I comme Vaudois. V. OPPÈDE.

CACAULT (Franç.), diplomate, né en 1742 à Nantes, m. en 1805, réussit en 1793 à détacher la Toscane de la coalition européenne, fut un des signataires du traité de Tolentino et un des négociateurs du Concordat, et fut appelé au Sénat en 1804. Ami des lettres et des arts, il avait traduit plusieurs ouvrages allemands et avait recueilli en Italie beaucoup de tableaux précieux.

CACÉRÈS, 'Castra Cæcilia, v. d'Espagne, ch.-l. de la prov. de ce nom, sur le Cacérès, & 45 k. S. E. d'Alcantara; 12 000 h. Siège de L’audiencia ou tribunal d'appel de l'Estramadure. Plusieurs hôtels de construction moresque; place ornée d'une statue colossale, etc. Cette ville fut fondée en 142 av. J.-C, par Q. Cæcilius Metellus, d'où son nom ancien. — La prov. de Cacérès, formée d'une partie de l'anc. Estramadure, est située sur la frontière de Portugal et traversée de l'E. à l'O. par le Tage; 270 000 h.

CACÉRÈS-NUEVA, v. de l'île Luçon, à 280 k. S. E. de Manille; 13 000 h. Évêché.

CACHAO ou CACHEO, établissement portugais dans la Sénégambie, sur le Cachao ou San-Domingo, à 400 k. S. de St-Louis; env. 1000 h. Poudre d'or, ivoire, cire. — V. de l'emp. d'Annam. V. Kécho.

CACHEMIRE ou KACHMIR, auparavant Sirinagor, c.-à-d. ville du bonheur, grande ville d'Asie, capit. de la prov. de Cachemire, sur le Djelem, par 33° 23' lat. N. et 72° 26' long. E., près du lac Dali; env. 60 000 h. Citadelle; rues, étroites et malpropres, toits en bois, couverts de terre végétale et de fleurs; bains nombreux. Peu de monuments. Industrie florissante avant la domination des Afghans.

CACHEMIRE (roy., puis prov. de), la Caspirie des anciens, prov. d'Asie, dans le roy. de Lahore, entre 33°-34° 30' lat. N. et 72°-75° long. E.; 170 k. sur 100. La population, d'environ 800 000 âmes, a été réduite de moitié en 1836 par les ravages du choléra et de la famine. Hautes montagnes couvertes de neige ; vallée délicieuse qu'arrose le Djelem : le climat y est très-doux et le sol très-fertile. L'industrie consiste en fabriques d'armes, de coutellerie, de papeterie, et surtout de châles superbes, faits avec la laine des chèvres du Thibet, et fort recherchés en Europe depuis le commencement de ce siècle (V. CACHEMIRE dans notre Dictionnaire des Sciences). La religion des habitants est le Mahométisme et le Bouddhisme; ils parlent une langue particulière dérivée du sanscrit, mais ils entendent le persan. Leurs mœurs sont très-vicieuses. — Le Cachemire eut des princes indigènes jusqu'à la conquête mahométane en 1364; de cette époque à 1586, il forma encore un État indépendant sous des princes mahométans ; il fut réuni à l'empire mongol en 1586; en 1747, il fut conquis par les Agfhans, puis devint une province du Kaboul; les Seikhs s'en sont emparés en 1819.

CACHOEIRA, v. du Brésil (Bahia), à 120 kil. N. O. de San-Salvador; 16 000 h. Entrepôt du coton et du tabac de toute la province.

CACIQUE, nom sous lequel les Mexicains et les Péruviens désignaient leurs chefs civils et militaires. Tous les Incas portaient ce titre.

CACONGO ou MALLEMBA, État d'Afrique, tributaire du roy. de Loango, entre ceux de Loango proprement dit au N., Congo à l'E., Engoyo au S., et l'Océan à l'O. Capit., Kingelé. Quelques mont.; sol fertile, climat tolérable pour les Européens.

CACUS, géant monstrueux, demi-homme et demi-satyre, fils de Vulcain, vomissait des tourbillons de flammes et de fumée. Il habitait un antre du mont Aventin, près de l'endroit où plus tard fut bâtie Rome. Ayant un jour volé quelques génisses à Hercule, ce héros força l'entrée de sa caverne, quoiqu'il l'eût barricadée avec des roches énormes, et l'étouffa. Ce combat a fourni à Virgile un des plus beaux morceaux du VIIIe liv. de l’Énéide.

CADALEN, ch.-l. de cant. (Tarn), à 9 kil. S. E. de Gaillac; 1600 hab. Commerce de bétail.

CADALOUS, évêque de Parme, fut élu pape par la faction impériale en 1061, et prit le nom d'Honoré II. Il fut déposé l'année suivante par le concile de Mantoue, et mourut peu de temps après.

CADA-MOSTO (L.), navigateur vénitien, né vers 1430, se mit au service du roi de Portugal, fit en 1455 et 1456, sous les auspices du prince Henri, deux voyages sur la côte d'Afrique, explora le Sénégal, la Gambie, découvrit plusieurs des îles du Cap-Vert, retourna dans sa patrie en 1463, et laissa une précieuse Relation de ses Voyages (Vicence, 1507).

CADAN, petite v. de Bohême, sur l'Egra, à 16 k. E. de Saatz. Charles-Quint y confirma en 1534 les concessions faites aux Protestants.

CADAVAL (ducs de), branche cadette de la maison de Bragance, remonte au XIVe siècle et a pour tige don Alvarez de Portugal, 4e frère du duc de Bragance, don Ferdinand II. Ce prince était petit-fils, par Ferdinand I, d'Alphonse, premier duc de Bragance, et avait épousé l'unique héritière du grand connétable de Portugal, don Nuno Alvarez Pereira de Mello. Ses descendants portèrent jusqu'au XVIIe s. les titres de marquis de Ferreira et de comtes de Tentugal. Don Nuno Alvarez Pereira de Mello, marquis de Ferreira, reçut du roi Jean IV le titre de duc de Cadaval en récompense des services qu'il avait rendus à sa cause dans la célèbre révolution de 1640. Les successeurs de ce dernier se sont alliés aux maisons françaises de Lorraine et de Luxembourg. — Pereira de Mello, duc de Cadaval, né en 1799, mort à Paris en 1837, fut membre du conseil de régence et président de la Chambre des pairs de Portugal en 1826 et devint 1er ministre de don Miguel en 1828.

CADDÉE ou CADÉE (Ligue), ou LIGUE DE LA MAISON DE DIEU, Pagus a casa Dei en latin, était avant 1801 la 2e ligue des Grisons et avait pour ch.-l. Coire.

CADENET, ch.-l. de cant. (Vaucluse), à 19 kil. S. d'Apt; 2316 hab. Anc. duché. V. CHAULNES (duc de).

CADEROUSSE, v. du dép. de Vaucluse, à 4 kil. S. O. d'Orange. Vers à soie; filatures de soie, garance. Anc. seigneurie appartenant à la maison de Grammont et érigée en duché en 1663.

CADÈS-BARNÉ, v. de l'Idumée, dans le désert de Sin, à l'extrémité orientale.

CADET DE GASSICOURT (L. Claude), pharmacien, né à Paris en 1731, mort en 1799, fut pharmacien en chef des armées en Allemagne et en Portugal, puis exerça sa profession à Paris où il se fit remarquer par sa bienfaisance autant que par sa science, et fut reçu en 1766 à l'Académie des sciences. A la Révolution, il fut chargé, avec Lavoisier et Darcet, d'extraire le cuivre du métal des cloches. On lui doit plusieurs mémoires sur la chimie, notamment sur la préparation de l'éther, ainsi que la découverte du composé d'éther appelé Liqueur fumante de Cadet. — Son fils, Ch. Louis Cadet de Gassicourt, 1769-1821, s'est distingué à la fois comme pharmacien et comme littérateur. On a de lui un Dictionnaire de chimie, 1803, une Histoire secrète des Templiers, quelques vaudevilles et de spirituelles chansons.

CADET DE VAUX (Antoine), frère de L. Claude, né à Paris en 1743, mort en 1828, tint d'abord une pharmacie, puis la quitta pour se livrer à des recherches scientifiques et philanthropiques. Il s'occupa surtout, de concert avec Parmentier et Cadet de Vaux, d'expériences et de publications relatives à la salubrité publique, à la culture des vins, aux aliments économiques. Il fonda en 1777 le Journal de Paris, qui prospéra longtemps entre ses mains. On a de lui, entre autres ouvrages, une Instruction sur l'art de faire les vins, et un Traité sur le blanchiment à la vapeur.

CADET LA PERLE. V. HARCOURT (H. d').

CADI, mot arabe, qui signifie juge; c'est le nom que portent les juges musulmans; ils réunissent les attributions que remplissent chez nous les commissaires de police, les juges de paix, les notaires et les juges des tribunaux civils et criminels. Ils prennent le Coran pour base de leurs décisions, et imposent à leur gré les punitions et les amendes. Si les sentences rendues par le Cadi semblent injustes, on les défère au mufti qui prononce en dernier ressort.

CADIÈRE (CATHERINE LA). V. GIRARD (J. B.).

CADILLAC, ch.-l. de cant. (Gironde), anc. ch.-l. du comté de Benauges, à 29 kil. S. E. de Bordeaux, sur la Garonne; 894 hab. Hospice d'aliénés; magnifique château, bâti par le duc d'Épernon, servant auj. de maison de détention pour femmes. Taillanderie, fabrique de creusets.

CADIX, Gades, v. forte et port d'Espagne, ch.-l. de la province de même nom, dans l'anc. Andalousie, à 460 kil. S. O. de Madrid; 70 000 hab. La ville est située au milieu de la mer, à l'extrémité d'une péninsule de l'île de Léon. Rade immense, port franc. Évêché, belle cathédrale avec une chapelle souterraine; douane, bourse, théâtre, vaste amphithéâtre pour les combats de taureaux, arsenal, hôpital militaire, collége de chirurgie, académie de dessin, observatoire de la marine. Cette ville, une des plus commerçantes de l'Espagne, avait été ruinée par l'émancipation des colonies espagnoles d'Amérique, mais dans ces derniers temps la franchise de son port l'a relevée. — Fondée par les Phéniciens ou les Carthaginois. Prise par les Romains en 206 av. J.-C., elle suivit les destinées de l'Andalousie. Les Espagnols l'enlevèrent aux Arabes en 1262. Les Anglais la prirent et la pillèrent en 1596, mais ils l'attaquèrent en vain en 1626 et 1702; ils la bombardèrent en 1800; les Français la tinrent bloquée de 1810 à 1812. En 1823, les Cortès s'y étaient retirées, emmenant avec elles le roi d'Espagne; mais après la prise du Trocadéro, la ville fut obligée de se rendre au duc d'Angoulême. — La prov. de Cadix, entre celles de Séville, de Malaga, le détroit de Gibraltar et l'Océan, compte environ 360 000 hab.

CADMÉE (la). V. CADMUS et THÈBES.

CADMUS, fils d'Agénor, roi de Phénicie, fut envoyé par son père à la recherche de sa sœur Europe, enlevée par Jupiter. N'ayant pu la trouver et n'osant retourner dans sa patrie, il se fixa en Béotie, où il éleva, vers 1580 av. J.-C., la Cadmée qui fut plus tard la citadelle de Thèbes. On croit que c'est lui qui apporta l'écriture de Phénicie en Grèce.

CADMUS de Milet, historien grec, florissait du temps d'Alyatte, roi de Lydie, au VIe siècle av. J.-C. Il a été des premiers à écrire l'histoire en prose. On a de son Histoire de la fondation de Milet et des villes ioniennes des fragments apocryphes. (V. Histor. græc. fragm. Collect. gr. lat. de Didot.)

CADOMUM ou CADOMUS, v. de Gaule, auj. Caen.

CADORE, Pieve di Cadore, bourg de Vénétie, sur la Piave, à 35 kil. N. E. de Bellune; 2000 hab. Patrie du Titien. Les Français y battirent les Autrichiens en 1794. Napoléon donna le titre de duc de Cadore à Champagny.

CADOUDAL (George), chef de Chouans, né en 1769 au vge de Brech, près d'Auray (Morbihan), où son père était meunier, se soutint longtemps dans son pays et dans la Vendée contre les armées de Hoche et de Brune. Forcé enfin de renoncer à la guerre, il passa en Angleterre où le comte d'Artois le nomma lieutenant général (1800). Rentré secrètement en France (1803), il forma, de concert avec Pichegru, un complot contre le 1er consul : il s'agissait, dit-on, d'attaquer Bonaparte à force ouverte au milieu de sa garde. Le complot ayant été découvert. George fut pris, jugé et exécuté (25 juin 1804). En 1814, Louis XVIII anoblit sa famille.

CADOUIN, ch.-l. de cant. (Dordogne), à 33 kil. E. de Bergerac; 411 hab. Anc. abbaye de Cisterciens.

CADOURS, ch.-l. de cant. (H.-Garonne), à 34 k. N. O. de Toulouse; 343 hab.

CADUCÉE, baguette surmontée de deux ailes et entourée de deux serpents entrelacés. C'était un des attributs de Mercure et le symbole de la paix. Selon la Fable, c'est une baguette de laurier ou d'olivier qu'Apollon avait donnée à Mercure : celui-ci l'ayant un jour jetée entre deux serpents qui se battaient, les serpents s'apaisèrent et s'enroulèrent autour d'elle. — Les négociants ont adopté pour emblème le caducée, parce que Mercure présidait au commerce.

CADURCI, peuple de la Gaule Transalpine, faisait partie de l'Aquitaine 1re et habitait entre les Lemovices au N., les Volcæ Tectosages au S., dans le pays qui répond à l'anc. Quercy ou au dép. actuel du Lot et à partie de Tarn-et-Garonne. Il avait pour ch.-l. Divona ou Cadurci, auj. Cahors. Les Cadurciens fabriquaient des vases de terre renommés.

CADUSII ou GELÆ, peuple d'Asie, sur la côte S. O. de la mer Caspienne, entre le Cyrus et le Mardus. Leur pays s'appelle auj. le Ghilan.

CÆCILIUS. V. STATIUS et METELLUS.

CÆCINA ALIENUS, général romain, abandonna Othon pour Vitellius et donna la couronne à celui-ci en remportant sur Othon la victoire de Bédriac, 69; mais bientôt il abandonna encore Vitellius pour Vespasien. Irrité de se voir sans récompense, il conspira contre ce dernier et fut tué par Titus au sortir d'un festin. — CÆCINA PÆTUS. V. PÆTUS.

CAEN, Cadomus, anc. capit. de la Basse-Normandie, auj. ch.-l. du dép. du Calvados, sur l'Orne et l'Odon, à 224 k. O. de Paris par la route, 239 par chemin de fer, 43 740 hab. Cour d'appel, tribunal de 1re instance et de commerce; académie universitaire; facultés de droit, des lettres et des sciences; lycée (établi dans l'anc. Abbaye aux Hommes, fondée en 1074 par Guillaume le Conquérant), école secondaire de médecine, école de navigation; académie des sciences, arts et belles-lettres, musées, biblioth. de 40 000 vol.; bel hôtel de ville, belles églises et jolies promenades, canal, château fort. Statue de Laplace (né près de Caen). Dentelles, coutellerie, filature de coton, calicot, percale; chapeaux de paille, châles, gants, etc. Grand commerce de plâtre, sel, bois du Nord, etc. Patrie de Malherbe, Bertaut, Segrais, Huet, Tanneguy Lefebvre, Varignon, Malfilâtre, Choron, du général De Caen, etc. — Caen est une ville assez moderne ; elle doit son importance aux ducs normands. Après la conquête, elle passa sous la domination anglaise. Elle se rendit en 1204 à Philippe-Auguste. Les Anglais s'en emparèrent en 1346 et la pillèrent; ils la prirent de nouveau en 1417 et là garderent jusqu'en 1450, époque où elle fut définitivement replacée sous le pouvoir de la France. Henri VI d'Angleterre y avait fondé en 1431 une université, que Charles VII confirma en 1450. Henri IV fit de Caen le siège du parlement de Normandie de 1589 à 1594.

CAEN (île de), l’Oraison de Bougainville, île de l'Océanie, à l'E. de la Papouasie, et au N. de l'Archipel de la Louisiade, par 5° de lat. S. et 146° long. E. Population nombreuse.

CÆNE ou CÆNOPOLIS (c.-à-d. nouvelle ville), primitivement Tænarum, v. de Laconie, sur la côte, près du cap Ténare. Temple de Jupiter Cænéen. — ville de la Moy.-Égypte. V. HERMOPOLIS.

CÆNINA, v. de l'Italie anc. (Latium), à 35 kil. N. E. de Rome. Les Céninates furent les premiers qui firent la guerre aux Romains, 748 av. J.-C. Romulus tua leur roi Acron et remporta sur lui les premières dépouilles opimes.

CÆNIS, fille du Lapithe Élatus, mentionnée par Virgile au VIe livre de l’Énéide, fut outragée par Neptune, obtint du dieu en dédommagement de changer de sexe et d'être invulnérable, et prit part, sous le nom de Cénée, à l'expédition des Argonautes.

CÆNOPHRURIUM, c.-à-d. fort neuf, ville de Thrace, à 9 k. N. O. de Sélymbrie. L'empereur Aurélien y périt assassiné en 275.

CAER ou CAR, mot qui veut dire en celtique lieu fortifié, entre dans un grand nombre de noms géographiques en Bretagne et dans les îles Britanniques.

CAERDIFF, CAERDIGAN, etc. V. CARDIFF, etc.

CÆRE, d'abord Agylla, auj. Cer veteri, v. d'Étrurie, à 22 kil. O. de Véies, avait été la capitale du royaume de Mézence, et passait pour une ville sainte. On y porta les objets sacrés de Rome après la défaite de l'Allia, 390 av. J.-C. C'est de Cære que l'on fait dériver le mot cæremonia, cérémonie. En 1835 et 1836, des fouilles faites à Cer veteri amenèrent la découverte de la nécropole d'Agylla, ainsi que de divers objets qui attestent que le culte de Mithra y avait pénétré dès le VIIIe s. av. J.-C.

CAERLÉON, Isca Silurum, v. ruinée du pays de Galles (Momnouth), à 24 k. S. O. de Monmouth, sur l'Uske; 1200 h. Beau pont, église gothique. Restes d'un amphithéâtre appelé dans le pays Table ronde ou Table d'Arthur; c'est là, dit-on, que ce roi institua la chevalerie de la Table-Ronde. Caerléon était jadis la capit. du pays de Galles.

CAERMARTHEN, Maridunum, ville du pays de Galles, ch.-l. du comté de Caermarthen, à 220 k. O. N. O. de Londres; 9000 h. On y fait naître l'enchanteur Merlin. Usines à fer, corderies. — Le comté, entre ceux de Clamorgan à l'E., de Pembroke à l'O. et la mer au S., a 70 k. sur 32, et 106 000. h. Fertile en orge et avoine. Plomb, houille; chevaux.

CAERNARVON, v. du pays de Galles, ch.-l. du comté de Caernarvon, sur le détroit de Menay, à 12 kil. S. O. de Bangor; 8000 hab. Ville bien bâtie, bon port, vieilles murailles. Industrie; eaux minérales et thermales. Caernarvon a été fondée en 1283, par Édouard I, non loin de l'anc. Segontium. — Le comté, situé à l'angle N. O. du pays de Galles, a 73 kil. sur 20, et 82 000 h. Pays montagneux. Plomb, cuivre, ardoises. Perles assez grosses dans le Conway.

CAERWYS, v. du pays de Galles (Flint), à 9 kil. S. O. de Flint; 1000 h. Jadis rendez-vous des bardes gallois pour une espèce de tournoi poétique.

CÆSARAAUGUSTA, v. d'Hispanie, auj. Saragosse.

CÆSAREA. V. CÉSARÉE, CHERCHELL et JERSEY.

CÆSARODUNUM ou TURONES, auj. Tours.

CÆSAROMAGUS, auj. Beauvais et Chelmsford.

CAFFA, Theodosia, auj. Fœodosie, v. et port de Russie (Tauride), en Crimée, à 70 k. S. du détroit de Caffa, qui joint les mers Noire et d'Azov. Env. 8000 h. Évêché grec, lazaret, musée. — Caffa fut occupée par les Génois de 1266 à 1475. Elle leur fut longtemps disputée par Venise, et donna lieu à la guerre de Caffa (1355). Elle servait de marché pour les pelleteries du Nord, les étoffes de soie et de coton fabriquées dans la Perse, et les denrées de l'Inde apportées par les caravanes d'Astracan, et elle devint si florissante qu'on la surnommait la Constantinople de Crimée : elle eut alors jusqu'à 100 000 h. Mahomet II enleva Caffa aux Génois en 1476; en 1770 les Russes la prirent d'assaut.

CAFFARELLI (Gaetano), fameux soprano, né à Bari en 1703, mort en 1783, était fils d'un pauvre paysan. Il eut pour maître à Bari un certain Caffaro, dont il prit le nom en diminutif, et surpassa bientôt ce maître, grâce aux leçons qu'il reçut à Naples du célèbre Porpora. Il débuta à Rome en 1724, chanta sur les principaux théâtres d'Italie, de France, d'Angleterre, et amassa de grandes richesses. Son orgueil égalait son talent : acheta dans sa patrie le duché de Santo-Donato, dont il porta depuis le titre; il s'y fit bâtir un palais sur lequel il inscrivit ces mots : Amphion Thebas, ego domum. Caffarelli eut pour rival Farinelli.

CAFARELLI DU FALGA (Maximilien), général français, né en 1756, au château du Falga (Haute-Garonne), fut nommé en 1792 officier d'artillerie à l'armée du Rhin, refusa seul, après la journée du 10 août, de reconnaître la déchéance de Louis XVI, fut suspendu de ses fonctions, et subit une détention de 14 mois. Réintégré en 1795, il servit à l'armée de Sambre-et-Meuse et se distingua au passage du Rhin où il perdit une jambe. Néanmoins, lors de l'expédition de Bonaparte en Égypte, il partit en qualité de général du génie : il contribua à la prise de Malte et d'Alexandrie, mais fut tué devant St-Jean-d'Acre, 1799. Il était associé de l'Institut. M. de Gérando a écrit sa Vie, 1801. — Son frère, Auguste Cafarelli, 1766-1849, général de division, fut aide de camp de Bonaparte en 1800, négocia le voyage de Pie VII en France pour le sacre de l'Empereur, contribua au gain de la bataille d'Austerlitz, fut ministre de la guerre et de la marine du royaume d'Italie de 1806 à 1810, et fut fait comte de l'Empire. — Un autre frère, Ch. Ambroise, baron Cafarelli, 1758-1826, était chanoine de Toul avant la Révolution. Il devint préfet sous l'Empire, puis membre du conseil général de la Hte-Garonne. Il a écrit un Abrégé des Géoponiques (de Cassianus Bassus), Paris, 1812.

CAFRERIE (de l'arabe Kafer, infidèle), vaste région de l'Afrique australe, s'étend le long de l'Océan Indien, du cap Negro à la pointe de Luabo, de 23° à 35° lat. S. ; 1300 kil. sur 2500. Elle se divise en Cafrerie maritime ou Cafrerie proprement dite, autrement côte de Natal, et Cafrerie intérieure, habitée par une foule de peuplades indépendantes. Places : Nouv.-Litakou, Meribowhey, Melita, Kouritchane, Makov, Zoula. Climat très-chaud, surtout sur les côtes; sol varié, offrant des montagnes très-âpres à l'intérieur et de vastes déserts de sable; on y manque d'eau en beaucoup d'endroits. Riches mines d'or, d'argent, de fer, de cuivre; flore analogue à celle du Cap; grande quantité de bêtes féroces. La famille cafre est noire, mais belle, grande et bien faite. Elle se divise en plusieurs tribus dont les principales sont celles des Koussas, des Zoulous, des Tamboukis, des Mamboukis, dans la Cafrerie maritime; des Gokas, des Morolongs, des Betjouanas, dans la Cafrerie intérieure. Toutes sont belliqueuses, la plupart nomades; elles élèvent de grands troupeaux de bœufs, connaissent peu l'agriculture et moins encore l'industrie. Les Cafres sont polygames; leur religion est un grossier Fétichisme, et les efforts des missionnaires pour les convertir ont été vains. — Les anciens géographes donnaient le nom de Cafrerie à toute la partie méridionale de l'Afrique qui s'étend d'une mer à l'autre, au S. de la Guinée et de la Nigritie. Ce pays a été exploré en 1781-84 par Levaillant, et par Livingstone en 1852-56 et 1861-64.

CAFRES. V. CAFRERIE et KAFERISTAN.

CAFZA, Capsa, v. de l’État de Tunis, à 240 kil. S. O. de Tunis, fit jadis partie de la Numidie. C'était sous les Numides une place très-forte : c'est une de celles où Jugurtha tenait ses trésors. Marius la prit en 107 av. J.-C., et César la détruisit en 46.

CAGLIARI, Calaris ou Caralis, capit. da l'île de Sardaigne, au S., sur le golfe de Cagliari; 30 000 h. Résidence du vice-roi, archevêché, université. Port, rade vaste et sûre. Fortifications, cathédrale du XIVe siècle; tours bâties par les Pisans; théâtre, bibliothèque, musée d'antiquités. Industrie assez active, commerce de vins, olives, sel. On croit que Cagliari est l'anc. ville d’Iolas, fondée par les Carthaginois.

CAGLIARI (Paul). V. VÉRONÈSE.

CAGLIOSTRO (Alex.), personnage mystérieux qui s'est rendu fameux dans le dernier siècle, naquit à Palerme en 1743, d'une famille obscure. Son véritable nom était Joseph Balsamo; il le changea en celui de Cagliostro que portait sa marraine, et prit la qualité de comte. Accusé d'escroquerie, il fut obligé de bonne heure de quitter sa patrie et parcourut sous des noms différents la Grèce, l’Égypte, l'Arabie, la Perse, l'île de Malte, Naples, Rome, et presque toutes les villes de l'Europe; il acquit dans ses voyages la connaissance de quelques secrets alchimiques et médicinaux, et se fit une grande réputation par des cures merveilleuses. Il arriva en France en 1780, se fixa pendant quelque temps à Strasbourg, où il fut reçu avec enthousiasme, puis vint à Paris où il n'excita pas moins d'admiration, et fut quelque temps à la mode dans la haute société. Il vendait des élixirs, des pilules, faisait des tours de magie et de sorcellerie, et prétendait faire apparaître les morts. Impliqué avec le cardinal de Rohan dans l'affaire du Collier (V. ROHAN), il fut mis à la Bastille, et ensuite exilé (1786). Il se retira en Angleterre, puis alla en Suisse et enfin en Italie. Arrêté à Rome en 1789 comme suspect de pratiquer la franc-maçonnerie, il y fut jugé et condamné en 1791 à la peine de mort, peine qui fut commuée en une prison perpétuelle; il mourut en 1795, au château de St-Léon, près de Rome. La plupart ne voient dans Cagliostro qu'un adroit charlatan; quelques-uns le regardent comme un homme vraiment extraordinaire, un véritable thaumaturge, doué du don de prédire. Ce qu'il y a de certain, c'est qu'il produisait des effets surprenants, et qu'il vivait toujours dans une grande opulence. On a supposé qu'il était l'agent d'une société secrète de Francs-Maçons qui fournissait à ses dépenses. On a publié à Rome, en 1790, une Vie de Cagliostro, extraite des pièces de son procès; elle a été traduite en français.

CAGNARD DE LATOUR. V. LATOUR.

CAGNOLA (le marquis Louis), architecte, né à Milan en 1762, mort en 1833, éleva à Milan l'arc de triomphe du Simplon, appelé auj. Arc de la paix, l'un des chefs-d'œuvre de l'architecture moderne.

CAGOTS, espèce de parias répandus au moyen âge dans le voisinage des Pyrénées, et que la superstition faisait regarder comme des objets de mépris et d'horreur. On a supposé qu'ils étaient les restes des anciens Goths, qui possédèrent longtemps l'Aquitaine : de là leur serait venu le nom injurieux de Cagots (caas goths, chiens goths), qui leur aurait été donné par les vaincus. Selon d'autres, ce seraient des Juifs lépreux ou des Sarrasins restés en France après leur défaite par Charles-Martel. Les chroniques les désignent souvent encore par les dénominations de Caqueux, Cacous, Capos, Gaffos, termes de mépris qui signifiaient lépreux : on les croyait en effet atteints de cette horrible maladie. On les appelait aussi Canards, parce qu'ils devaient porter sur leurs habits une patte de canard pour se faire reconnaître. On trouve aujourd'hui même des débris de cette race opprimée dans l'ouest et le midi de la France ; et malgré les progrès de la civilisation, la prévention qu'inspiraient ces malheureux n'est pas complètement éteinte. On peut consulter sur les Cagots l’Histoire des races maudites de Francisque Michel.

CAHAWBAH, v. des États-Unis (Alabama), au confluent de la Cahawbah et de l'Alabama; 2000 hab. Fondée en 1818, elle fut quelque temps le chef-l. de tout l'État d'Alabama.

CAHORS, Divona, puis Cadurci, ch.-l. du dép. du Lot, sur le Lot, à 560 k. S. de Paris; 13 846 h. Évêché, suffragant de l'archev. d'Alby; tribunal de 1re instance, lycée, deux bibliothèques. Cathédrale fort ancienne, ruines romaines. Commerce de draps, de vins et d'eau-de-vie. Patrie du pape Jean XXII, de Clément Marot, du général Ramel; Murat naquit près de là. — Jadis ch.-l. des Cadurci, puis capit. du H.-Quercy. Les Normands la saccagèrent en 864. Livrée en 1360 aux Anglais par le traité de Bretigny, elle se révolta et revint à la France en 1428. Cahors posséda une université, fondée en 1322 par le pape Jean XXII; elle fut réunie en 1751 à celle de Toulouse. — C'est à tort qu'on fait venir de Cahors les usuriers nommés au moyen âge Caorsins ou Caoursins. V. LOMBARDS.

CAHUSAC (Louis de), auteur dramatique, né à Montauban vers 1700, mort à Paris en 1759, fut écuyer et secrétaire des commandements du comte de Clermont, fit la campagne de 1743 avec ce prince, et le quitta pour se livrer à la littérature. On a de lui : le comte de Warwick, tragédie, 1742; Zénéide et l'Algérien, comédies, 1744; plusieurs opéras qui eurent du succès, entre autres Anacréon et les Amours de Tempé, mis en musique par Rameau et Dauvergne, et une Histoire de la danse, 1754.

CAÏD, nom donné par les Arabes à un chef civil d'un ordre inférieur. V. CAÏD au Dict. univ. des sciences.

CAIETA, Gaëte, v. du Latium, à l'O. de Minturnes, tirait son nom de la nourrice d’Énée qui y mourut et à laquelle Énée avait élevé un tombeau.

CAIETAN (Thomas DE VIO, dit), cardinal, né en 1469 à Gaëte, en lat. Caieta (d'où son nom), mort en 1534, entra dans l'ordre des Dominicains, dont il devint général, fut chargé de plusieurs missions par Jules II et Léon X, et obtint en 1519 l'évêché de Gaëte, avec le chapeau. Envoyé en Allemagne comme légat, il tenta, mais inutilement, de ramener Luther à la foi catholique. Il a laissé des Commentaires sur la Bible et sur Aristote, et divers écrits sur les matières ecclésiastiques, entre autres un Traité de l'autorité du Pape, où il soutient l'infaillibilité du souverain pontife, et qui fut censuré par la Faculté de Paris.

CAIETAN (Henri), cardinal, issu de la maison de Sermoneto, fut envoyé en France par Sixte-Quint, avec la qualité de légat, en 1589, pour faire élire un roi catholique après la mort de Henri III. Dépassant ses instructions, il anima la guerre civile, se jeta dans le parti de la Ligue, se réunit aux Seize, soutint avec chaleur le parti du roi d'Espagne et distribua de l'argent aux Ligueurs pendant le siége de Paris. Sixte-Quint, mécontent de sa conduite, le rappela; mais ce pape était mort quand Caietan arriva.

CAIETAN (Benoît), pape. V. BONIFACE VIII.

CAIFFA, v. de Syrie, à 9 kil. S. d'Acre, à 12 kil. au-dessus des ruines de l'anc. Hépha, au pied du mont Carmel et sur la baie d'Acre. Murailles; fort; port passable et très-fréquenté; hospice des moines du mont Carmel. Caiffa fut prise par Kléber en 1799.

CAILHAVA (J. Fr.), auteur dramatique, né en 1731 à l'Estendoux près de Toulouse, mort à Paris en 1813, a donné aux Français et au Théâtre-Italien un grand nombre de comédies, presque toutes imitées de l'italien; les plus estimées sont l'Égoïsme et le Tuteur dupé ou la Maison à deux portes, 1765. Il a publié son Théâtre en 1781, 2 vol. in-8. On lui doit aussi un traité didactique, l'Art de la Comédie, 1772 et 1786, et des Études sur Molière, 1802, ouvrage estimable. Il a laissé des mémoires manuscrits.

CAILLEAU (Ch.), libraire, né à Paris en 1731, m. en 1798, a donné une foule d'almanachs chantants, d'étrennes badines et plaisantes; une collection des Lettres d'Héloïse et d'Abailard; les Soirées de la campagne, 1766, et un Dictionnaire bibliographique, historique et critiqué des livres rares, composé en grande partie par un abbé Duclos, 1790, 3 vol. in-8, et augm. d'un 4e vol. par Brunet en 1802.

CAILLET (Guillaume), surnommé Jacques Bonhomme, né au vge de Mello, dans le Beauvâisis, était le chef de la faction de la Jacquerie (1358). Il fut pris par Charles le Mauvais, qui le fit mourir en lui couronnant la tête d'un trépied de fer rougi au feu.

CAILLIÉ (René), voyageur, né en 1799 à Mauzé en Poitou, fils d'un boulanger et orphelin dès l'enfance, s'embarqua à quinze ans pour le Sénégal, sans fortune, sans amis, sans secours. Après dix ans d'obstacles et de traverses de tout genre, il réussit à pénétrer dans l'inférieur de l'Afrique. Malgré des fatigues inouïes, il parvint à Djenné, puis à Tombouctou, dernier but de ses recherches (1828), et put revenir en France après 16 ans d'absence. Il reçut de la Société de géographie un prix de 10 000 fr., et publia en 1830, avec le concours de M. Jomard, la relation de son voyage. Il mourut en 1838, à 39ans, des suites d'une maladie contractée en Afrique.

CAÏMANS (îles), dans la mer des Antilles, au S. de Cuba, célèbres dans l'histoire des flibustiers et encore habitées par leurs descendants.

CAÏN, premier fils d'Adam et d'Ève, se livra à la culture de la terre. Il n'offrait à Dieu que le rebut de ses récoltes, tandis qu'Abel, son frère, sacrifiait ses brebis les plus grasses. Jaloux de voir que les offrandes d'Abel étaient plus agréables à Dieu que les siennes, il le tua (l'an du monde 150). Dieu le maudit, ainsi que toute sa postérité, le condamna à errer sur toute la terre, et le marqua au front d'un signe de réprobation. Après avoir longtemps erré, il se fixa dans la terre de Nod et bâtit une ville qu'il nomma Énoch, du nom d'un de ses fils. C'est dans la famille de Caïn que l'idolâtrie prit naissance.

CAÏPHE, grand prêtre des Juifs, de la secte des Saducéens, fit condamner Jésus à mort, fit arrêter les apôtres et fouetter S. Pierre et S. Jean qui prêchaient la résurrection de leur maître. Privé de sa charge par Vitellius, alors gouverneur de Syrie, il se tua de désespoir, en 35.

CAÏQUE, Caïcus, auj. Grimakli-Kaiki, riv. de Mysie, coule à l'O., passe près de Pergame, et se jette dans la mer Égée vis-à-vis de Lesbos.

CAÏQUES, groupe d'îles dans l'archipel des Lucayes, au N. de la Jamaïque, par 73°-74° 47' long. O., 20°-21° lat. N.; 1200 hab., presque tous nègres. Coton et sucre. L'île principale, appelée Grande Caïque, a 53 kil. de long sur 6 de large.

CAIRE (LE), chez les Arabes, Misr-el-Kahira (la victorieuse), capit. de l’Égypte, dans la Basse-Égypte, près de la r. dr. du Nil, au pied du mont Mogattam; env. 350 000 h. Belles places, dont quatre très-vastes; citadelle; plusieurs palais et grandes maisons; nombreuses mosquées; 31 bains principaux; aqueducs, canaux, citernes, bazars, caravansérails, jardins, cimetières remarquables; puits de Joseph, ayant 90 mètres de profondeur, avec une rampe en spirale qui permet aux bêtes de somme de descendre jusqu'au fond. Chemin de fer pour Alexandrie. La ville a été fort embellie par Méhémet-Ali. — Fondée vers 970 par le général arabe Gihauer ou Gohar, lieutenant de Moëz, elle fut dès lors la résidence des califes fatimites. Elle fut prise par les Turcs en 1517, par les Français en 1798, par les Anglais en 1801, et rendue à la Porte aussitôt.

Le Vieux-Caire, le Fostat des Arabes, fondé par Amrou en 658, après la prise de Memphis, à 2 kil. S. O. de la v. actuelle, fut d'abord la capit. de l'Égypte. Ce n'est plus auj. qu'un faubourg du Caire.

CAIRO, bourg des États sardes, à 17 kil. N. O. de Savone, sur la Bormida; 4000 hab. Défaite des Austro-Sardes par les Français en 1794.

CAITHNESS, comté d’Écosse, le plus septentrional de tous, borné au S. par celui de Sutherland; 66 kil. sur 48; 37 000 hab. Villes principales : Wick et Thurso. Lacs, riv. nombreuses, mais non navigables. On y voit encore les ruines des habitations construites par les Duns ou Pictes.

CAIUS, prénom fort commun chez les Romains. On désigne quelquefois par ce simple prénom un des Gracques, un fils d’Agrippa, l’emp. Caligula, etc.

CAIUS ou GAIUS, célèbre jurisconsulte romain, vivait probablement sous Adrien et Marc-Aurèle. Il avait composé des Institutes, qui ont beaucoup servi à la rédaction de celles qui portent le nom de Justinien. Longtemps on n’en a possédé qu’un abrégé qui se trouve dans le Breviarium alaricianum, et, que l’on croit avoir été fait par Anien, chancelier d’Alaric ; mais en 1816, M. Niebuhr a découvert l’ouvrage même dans un palimpseste de Vérone. Il a été imprimé dans les Ecloga juris, Paris, 1822, et à part, par Goschen et Lachmann, Berlin, 1842 ; il a été trad. en français par Boulet, 1827, Pellat, 1844, et Domenget, 1847.

CAJARC, ch.-l. de c. (Lot), à 25 k. S. O. de Figeac ; 2000 hab. Fortifications démolies en 1622.

CAJAZZO, Calatia, v. d’Italie (T. de Labour), près de Volturno, à 20 k. S. de Piedimonte ; 4000 h. Vins.

CALABAR, nom donné en Afrique à deux riv. tributaires de l’Océan Atlantique, qui se jettent dans le golfe de Biafra, partie du golfe de Guinée. On distingue le Vieux-Calabar à l’E., et le Nouveau-Calabar à l’O. — On appelle Côte de Calabar le pays arrosé par ces deux riv., de 3° à 7° long. E. et de 5 à 6 lat. N.

CALABER (Quintus). V. QUINTOS.

CALABRE, l’anc. Brutium et partie de la Lucanie, région de l’anc. roy. de Naples, la plus mérid. des prov. continentales de cet État, forme comme une presqu’île que borne au N. la Basilicate ; 260 k. sur 80. Elle est divisée en 3 prov. : 1o  C. Citérieure, au N. ; 450 000 h., ch.-l., Cosenza ; 2o  C. ultérieure 1re au S., 330 000 h., ch.-l., Reggio ; 3o  C. ultérieure 2e, entre les deux précédentes, 390 000 h., ch.-l., Catanzaro. La Calabre est traversée par l’Apennin et arrosée par le Crati et le Lao. Climat très-chaud dans les plaines et lieux bas ; air malsain ; grande fertilité. Effroyables tremblements de terre, notamment en 1783. Civilisation arriérée. — On nomma d’abord Calabri les peuples qui habitaient la partie de l’Iapygie située entre les Salentini à l’E. et les Peucetini à l’O. (ch.-l., Brundusium) ; puis, quand l’Italie fut divisée en 11 régions, au Ier s. de l’empire, on appela Calabrie l’Iapygie entière (Salentini, Calabri, Peucetini, Messapii), moins quelq. cant. à l’O. La Calabre reçut de bonne heure des colonies grecques. Elle fut soumise par les Romains l’an 260 av. J.-C. Après la dissolution de leur empire, elle tomba au pouvoir des Visigoths, puis des Sarrasins, et enfin (vers 1130) des Normands, qui en firent une prov. du roy. de Naples.

CALABRÈSE (LE), peintre. V. PRETI.

CALACCUCIA, ch.-l. de cant. (Corse) à 28 kil. O. de Corte ; 815 h., et à l’entrée de la vallée du Niolo.

CALAGORRIS, ville de Gaule, auj. Cazères.

CALAGURRIS, v. de Tarraconaise, auj. Calahorra.

CALAHORRA, Calagurris, v. d’Espagne (Logrono), sur le Cidacos, à 52 k. E. de Logrono ; 4300 hab. Évêché. Patrie de S. Dominique. On y fait aussi naître Quintilien. — Cette ville fut reprise sur les Arabes par Garcia, roi de Navarre en 1054.

CALAIS, Caletum, Itius ou Ulterior portus ? v. et port de France, ch.-l. de cant. (Pas-de-Calais), sur la Manche, à 31 k. N. E de Boulogne, à 272 k. N. de Paris par Abbeville, 281 par Amiens, 372 par chemin de fer ; 12 934 h. Calais n’est séparé de Douvres (en Angleterre) que par un canal étroit nommé Pas-de-Calais, qui a 31 k. seulement de largeur ; la traversée se fait en 2 h. Chemin de fer, télégraphie électrique sous-marine. La ville est défendue par une citadelle très-forte ; elle se partage en haute et basse ville ; au N. E. est le faubourg de Courgain. Elle est en général bien bâtie : hôtel de ville, avec un élégant clocher, place d’Armes, église Notre-Dame, où se trouve un tableau de Van-Dyck ; phare, bains de mer, etc. Industrie et commerce actifs : grains, vins, huile, armements pour la pêche de la morue, etc. Patrie de Pigault-Lebrun. — Calais fut érigée en commune vers le XIIe s. Elle fut prise par Édouard III en 1347, après un siége que le dévouement d’Eustache de St-Pierre et de ses compagnons a rendu à jamais mémorable ; elle resta plus de deux siècles entre les mains des Anglais ; François de Guise la leur reprit en 1558. Les Espagnols s’en emparèrent en 1595 ; le traité de Vervins 1598 la rendit à la France.

CALAÏS et ZÉTHÈS, fils de Borée. V. ZÉTHÈS.

CALAMATA, Pheræ, v. et port du roy. de Grèce, en Morée, ch.-l. de la Messénie, au fond du golfe du Coron ; 6000 h. Évêché. C’était au moyen âge une seigneurie qui fut donnée à Villehardouin après la 4e croisade, et qui passa ensuite aux Acciajuoli. Elle fut saccagée en 1825 par les Égyptiens ; les Français y débarquèrent en 1828.

CALAMIANES (îles), îles de l’archipel des Philippines, par 118° long. E., 12° lat. N. ; 20 000 h. Calamiana est la principale. Les Espagnols y pèchent des perles.

CALAMITA, v. de Chersonèse Taurique, auj. Alma.

CALANUS, Gymnosophiste indien, suivit Alexandre dans la conquête de l’Inde. Étant tombé malade dans la ville de Pasargade à 83 ans, et ne se sentant pas le courage de supporter des infirmités, il se donna la mort en montant sur un bûcher, en présence de toute l’armée macédonienne. Un officier lui ayant demandé s’il n’avait rien à dire à Alexandre : « Non, répondit Calanus, je le verrai dans trois mois à Babylone. » Alexandre mourut en effet trois mois après.

CALARIS, v. de Sardaigne, auj. Cagliari.

CALAS (J.), négociant de Toulouse, né en 1698, était protestant. Un de ses fils ayant été trouvé chez lui étranglé, ses ennemis répandirent le bruit qu’il l’avait lui-même assassiné, parce que ce jeune homme avait abjuré ; quelque peu fondée que fût cette accusation, elle fut accueillie par le parlement de Toulouse ; le malheureux Calas fut condamné au supplice de la roue et aussitôt exécuté (1762). Voltaire, ayant eu connaissance des faits, réussit à faire reviser le procès et à obtenir un arrêt qui déclarait Calas innocent et réhabilitait sa mémoire, 1765. Le procès de Calas a été inséré dans les Causes célèbres. Il a fourni à Chénier, à Laya et à Lemierre le sujet de drames qui ont eu un succès populaire. M. Coquerel a publié en 1858 J. Calas et sa famille.

CALASANZIO (S. Joseph). V. JOSEPH.

CALATA…. Beaucoup de noms de lieux en Sicile commencent par ce mot, qui vient du grec calé acté, belle rive, ou de l’arabe kala, château.

CALATA BELLOTA, Triocala,, v. de Sicile (Girgenti), sur la riv. du même nom (l’anc. Crimisus), à 15 k. N. E. de Sciacca ; 5000 h. Roger I y défit les Sarrasins au XIe siècle.

CALATAFIMI, Longarium, v. de Sicile, à 35 k. S. E. de Trapani, près de l’anc. Segesta ; 10 000 h. Garibaldi y défit les troupes napolitaines en 1860.

CALATAGIRONE, Hybla minor ? v. de Sicile, à 60 k. S. O. de Catane ; 20 000 h. Évêché. Industrie et grand commerce. Fortifiée au moyen âge par les Sarrasins, et prise sur eux par les Génois.

CALATANAZOR, bourg d’Espagne (Vieille-Castille), entre Soria et Osma ; env. 1300 hab. Al-Manzor y fut battu par les Chrétiens dans une bat. où périrent plus de 50 000 Maures, l’an 998.

CALATANISETTA, v. de Sicile, ch.-l. de la prov. de même nom, sur le Salso, à 106 k. S. E. de Palerme ; 15 700 h. Évêché. Ville bien bâtie, belle place. Cette ville repose sur un terrain volcanique. Aux env. grandes soufrières, les plus considérables de l’Europe ; sources de pétrole et de gaz hydrogène. — La prov. a 100 k. sur 50 et 185 000 h.

CALATAYUD, v. d’Espagne (Saragosse), à 50 k. S. O. de Saragosse, au confluent du Xalon et de la Xiloca ; 9000 h. Aux env. était Bilbilis, patrie de Martial. — Le général Maure Ayoub la bâtit au VIIIe s., d’où lui vient son nom de Cala 't’Ayoub, le château d'Ayoub. Alphonse d'Aragon la prit aux Maures en 1118; le roi de Castille Alphonse XI l'enleva en 1362 aux descendants d'Alphonse.

CALATRAVA, Oretum, v. d'Espagne (Manche), près de la Guadiana, à 22 kil. N. E. de Ciudad Real. Aux env., riches mines de mercure. Prise sur les Maures en 1147. Peu après, cette ville devint le ch.-l. de l'ordre de Calatrava. Elle est auj. en ruines.

CALATRAVA (ordre de), ordre religieux et militaire d'Espagne, doit son origine à des chevaliers de l'ordre de Cîteaux à qui fut confiée en 1158, par Sanche III, roi de Castille, la défense de la ville de Calatrava, récemment enlevée aux Maures. Les chevaliers de Calatrava ont rendu de grands services jusqu'à l'expulsion des Maures. Ils eurent des grands maîtres jusqu'en 1489; à cette époque la grande maîtrise fut réunie à la couronne. Aujourd'hui le titre de chevalier de Calatrava n'est plus qu'honorifique. — C'est du sein de l'ordre de Calatrava qu'est sorti l'ordre d'Alcantara (1218).

CALAURIE, île de la Grèce ancienne, à l'E. et près de la côte du Péloponèse, jointe à celle de Poros par un banc de sable, possédait un temple de Neptune dans lequel Démosthène s'empoisonna. On voit encore les ruines de ce temple.

CALAVRYTA, v. du roy. de Grèce, en Morée, ch.-l. d'un éparchie de même nom, à 27 kil. S. E. de Patras. En 1206, elle forma pour Raoul de Tournay une baronnie française qui resta dans sa famille jusqu'au XVIe s.

CALCAR, v. des États prussiens (Province Rhénane), sur le Ley, à 11 kil. S. E. de Clèves; 1600 hab. Patrie du peintre Jean de Calcar.

CALCAR (Jean de), peintre. V. JEAN.

CALCHAS, sacrificateur et devin grec, fils de Thestor, prit part à l'expédition des Grecs contre Troie, prédit que ce siége durerait dix ans, et que la flotte grecque ne sortirait du port d'Aulide qu'après que le roi Agamemnon aurait sacrifié sa fille Iphigénie sur les autels de Diane. Il mourut de dépit, à Colophon, en se voyant surpassé dans son art par Mopsus.

CALCINATO, v. de Lombardie, sur la Chiese, à 17 k. S. E. de Brescia; 4000 hab. Vendôme y défit les Impériaux en 1706.

CALCUTTA, capit. de la présidence du Bengale et de toute l'Inde anglaise, sur l'Hougly, un des bras du Gange, à 150 k. de son embouch.; env. 400 000 h. (dont à peine 4000 anglais) ; env. 1 500 000 si on y comprend les faubourgs. Bon port; sol bas et marécageux; grande citadelle; dite Fort-William. Évêché anglican, métropolitain des Indes, cour d'appel; colléges, société asiatique, fondée par W. Jones et célèbre par de savants mémoires, etc. La ville est divisée en deux quartiers, la ville blanche (ou faubourg de Tchaouringhé), et la ville noire; celle-ci est sale, affreuse; l'autre est belle et bâtie à la grecque. Magnifique palais du gouverneur général, nombreux édifices qui ont fait appeler Calcutta la Cité des palais. Commerce immense, industrie active : soieries, cotonnades, nombreuses imprimeries. — Calcutta fut fondée en 1686 par un agent de la Compagnie de Londres, qui précéda la Compagnie des Indes. Ce n'était d'abord qu'un village. Elle s'accrut rapidement et devint en 1772 le siége du gouvt général de l'Inde.

CALCUTTA (présidence de). V. BENGALE.

CALDARA (Polydore), peintre. V. CARAVAGE.

CALDAS D'ORENSE. V. ORENSE.

CALDÉRON DE LA BARCA (don Pedro), célèbre poëte dramatique espagnol, né à Madrid en 1600 ou 1601, mort en 1681, composa sa 1re pièce à 14 ans, s'engagea comme simple soldat à 25 ans, et n'en cultiva pas moins la poésie au milieu des camps. Philippe IV, ayant remarqué son talent, l'appela à la cour en 1636, le combla de faveurs et de distinctions, et fournit aux dépenses nécessaires pour la représentation de ses pièces. En 1652, Caldéron embrassa l'état ecclésiastique et devint chanoine de Tolède. Depuis cette époque, il renonça au théâtre, ou du moins il ne fit que des pièces religieuses. Ses productions sont extrêmement multipliées; on en porte le nombre à près de mille; on n'en a conservé que la plus petite partie. Elles se composent de tragédies, de comédies et de pièces sacrées analogues à nos anciens mystères que l'on nomme autos sacramentelles (actes sacramentaux). Les plus connues sont : Héraclius, sujet déjà traité par Corneille; l’Alcade de Zalamea, imitée par Collot-d'Herbois dans le Paysan magistrat; le Prince constant, la Vie est un songe, les Armes de la beauté, le Médecin de son Honneur (mis sur la scène française par Hipp. Lucas) , le Purgatoire de S. Patrice, la Dévotion de la croix, etc. Caldéron s'est aussi exercé dans plusieurs autres genres de poésies. On trouve dans cet auteur beaucoup d'imagination et d'esprit, un rare talent pour nouer et dénouer une intrigue, une poésie facile et harmonieuse, mais aussi beaucoup d'exagération et de faux goût et les anachronismes les plus choquants; il viole à chaque instant les règles de l'art et ne peut être comparé à nos grands poëtes dramatiques. Néanmoins, les romantiques l'ont fort exalté de nos jours. J. de Vera-Tasis donna en 1685 à Madrid une 1re édition de ses œuvres en 15 vol. in-8. Elles ont été réimprimées en 1759-63, 17 vol. in-4. Il en a paru en 1850 une édition compacte, 4 vol. in-4. Linguet a traduit plusieurs de ses pièces dans son Théâtre espagnol, 1771; on en trouve huit dans les Chefs-d’œuvre des théâtres étrangers (trad. par Esménard). M. Damas-Hinard en a donné un choix, 1841, 3 vol. in-12.

CALDIERO, bourg de Lombardie, à 15 kil. E. de Vérone; 1600 hab. Sources sulfureuses, connues du temps des Romains sous le nom de Bains de Junon. Masséna y battit les Autrichiens en 1805.

CALEB, Israélite envoyé par Josué pour reconnaître le pays de Chanaan, est, avec Josué, le seul de tous ceux qui étaient sortis d’Égypte à qui il fut donné d'entrer dans la Terre promise. Il eut en partage la montagne et la ville d'Hébron, et s'empara de Dabir avec le secours d'Othoniel, son neveu.

CALÉDONIE, nom ancien de l’Écosse ou plutôt de toute la partie de la Grande-Bretagne au N. du mur de Sévère. Elle était habitée par 2 races ou peuples, les Scots et les Pictes, qui étaient presque toujours en guerre et qui ne suspendaient leurs querelles que pour se jeter sur leurs voisins du midi.

CALÉDONIE (NOUVELLE-), contrée de l'Amérique anglaise du Nord, dans la Nouvelle-Bretagne, à l'O. des monts Rocheux ; 880 kil. sur 700. Beaucoup de lacs, climat froid. Commerce de fourrures.

CALÉDONIE (NOUVELLE-), île de l'Océan Pacifique, par 21° lat. S. et 163° long. E., à l'E. de l'Australie, 370 k. sur 50. On porte le nombre des habitants indigènes à 60 000. Ils sont anthropophages. Sur la côte N. se trouve Balade, port fréquenté; sur la côte S., Port-de-France, résidence du gouverneur français. — L'île fut découverte par Cook en 1774, explorée en 1792-93 par d'Entre-Casteaux, et occupée en 1853 par les Français. C'est là qu'ont été déportés les insurgés de la Commune de 1871.

CALÉDONIEN (canal), en Écosse, va du golfe de Murray à l'E. au lac de Linnhe au S. O., et fait communiquer la mer du Nord avec l'Océan en traversant plusieurs lacs. Il a env. 90 kil. de long. Une frégate de 32 canons peut y naviguer. Achevé en 1822.

CALENDERS, espèce de moines musulmans, ainsi appelés d'un surnom que reçut leur fondateur, et qui signifie or pur. Ils doivent leur origine à un certain Youssouf, Arabe d'Andalousie qui vivait au XIIIe siècle. Les Calenders s'engagent à voyager continuellement, et font vœu de pauvreté et d'abstinence complète; mais ce ne sont le plus souvent que des vagabonds et des imposteurs, hommes impudents et corrompus, qui prétendent se purifier moralement aussi bien que physiquement par une ablution, et qui emploient les expédients les plus méprisables et les plus ridicules pour obtenir les aumônes des fidèles. Ces dangereux sectaires ont toujours pris une part active dans les révolutions politiques de l'Orient. CALENDES, CALENDRIER. V. ces art. dans notre Dict. univ. des Sciences.

CALENTIUS (Élisius), en italien Calenzio, poëte latin du XVe siècle, né dans la Pouille vers 1450, mort en 1503, fut précepteur de Frédéric, fils de Ferdinand II, roi de Naples, et ami de Sannazar. Ses Œuvres ont été imprimées à Rome, 1503, in-fol. On y remarque le Combat des rats contre les grenouilles, imité d'Homère, et réimprimé en 1738 à Rouen dans une édition des Fables choisies de Lafontaine mises en vers latins, publiée par l'abbé Saas.

CALENZANA, ch.-l. de c. (Corse), à 10 kil. S. de Calvi, dans un joli vallon près de la mer ; 2440 h.

CALEPIN ou CALEPINO (Ambroise), savant italien, de l'ordre des Augustins, issu de la famille des comtes de Calepio, né à Bergame en 1435, mort en 1511, consacra toute sa vie à la composition d'un Dictionnaire latin-italien, qui a eu une vogue immense et qui est vulgairement connu sous le nom de Calepin. Ce dictionnaire parut pour la 1re fois en 1502, in-fol.; l'auteur le compléta en 1509. Il en a été fait de nombreuses éditions et on y a ajouté la traduction des mots latins en huit, et même en onze langues (V. PASSERAT, LA CERDA, CHIFFLET, FACCIOLATI). — On a étendu depuis le nom de calepin à tous les registres de notes et de renseignements.

CALES, auj. Calvi, anc. v. de Campanie, à 17 k. S. E. de Teanum Sidicinum. Vins excellents.

CALETI, peuple de Gaule (Lyonnaise 2e), à l'E. de l’Armoricanus tractus, au N. des Lexovii, à l'O. des Veliocasses ; ch. l., Juliobona (Lillebonne). Ils occupaient le pays de Caux (Seine-Inf.).

CALETUM, nom latinisé de CALAIS.

CALHOUN (J. CADWELL), homme d'État américain, né en 1782 dans la Caroline du Sud, m. en 1850, fut député au Congrès en 1810, occupa le poste de ministre de la guerre de 1817 à 1825, et rétablit l'ordre dans ce ministère ; fut élu vice-président des États-Unis de 1825 à 1833, devint ministre d'État en 1844, et enfin sénateur. Tout dévoué aux intérêts des États du Sud, il faillit amener une guerre civile en proposant, à l'occasion d'un tarif qui contrariait leurs intérêts, un système de nullification, par lequel chaque État aurait pu annuler ceux des actes du gouvernement fédéral qui ne lui conviendraient pas. Ses Discours ont paru en 1844. Il a laissé un Traité de la Science politique, qui a été publié après sa mort, 1851.

CALIARI (Paul). V. VÉRONÈSE.

CALICUT, v. et port de l'Inde anglaise (Madras), par 11° 15' lat. N., 73° 45' long. E., ch.-l. de l'anc. prov. de Malabar, et auj. du district de Calicut ; env. 25 000 hab. Ville industrielle : elle a donné son nom aux toiles de coton dites calicots. Elle était beaucoup plus belle et plus grande jadis, mais la mer l'a en partie submergée. Vasco de Gama y aborda en 1498, mais ne put la prendre. Haïder-Ali la prit en 1766, et Tippoo-Saeb en 1773 : ce dernier la détruisit et en transféra les habitants à Nellore ; les Anglais, qui la possèdent depuis 1790, l'ont rebâtie.

CALIDASA, poëte indien. V. KALIDASA.

CALIFES, c.-à-d. vicaires ou successeurs, nom des premiers successeurs de Mahomet ; ils réunissaient le pouvoir temporel au pouvoir spirituel. On distingue trois grands califats : 1° celui d'Orient, dont le siége fut à La Mecque jusqu'à la mort d'Ali, puis à Damas sous la famille des Ommiades, et à Bagdad sous celle des Abbassides ; il dura 626 ans (632-1258) ; 2° celui de Cordoue, fondé en 756 par Abdérame, de la famille des Ommiades, et démembré en 1031 ; 3° celui d’Égypte ou des Fatimites, qui fut fondé en 909 par Obeidollah, descendant de Fatime, fille du prophète, et qui fut renversé en 1171 par Saladin. Les califes furent d'abord élus ; mais, dès la fin du Ier siècle de l'hégire, Moavian abolit l'élection et rendit le califat héréditaire dans sa famille. Ils perdirent toute puissance temporelle depuis la création de l’Emir-al-omrah (935). Il y eut pourtant des califes jusqu'en 1516 ; en cette année, le sultan ottoman Sélim se fit céder le califat par le dernier abbasside, Motawakkel.

Califes d'Orient.
Aboubekr, 632 Motassem, 833
Omar, 634 Vatek-Billah, 842
Othman, 644 Motawakkel, 847
Ali, 656 Mostanser, 861
Haçan, 661 Mostaïn-Billah, 862
Motaz, 866
Moaviah I, Ommiade, 661 Motadi-Billah, 869
Yézid I, 680 Motammed-Billah, 870
Moaviah II, 683 Motaded-Billah, 892
Merwan I, 684 Moctafi-Billah, 902
Abdel-Malek, 685 Moctader-Billah, 908
Walid I, 705 Kaher, 932
Soliman, 715 Rhadi, 934
Omar II, 717 Motaki, 940
Yézid II, 720 Mostakfi, 944
Hescham, 724 Mothi, 946
Walid II, 743 Thaï, 974
Yézid III, 744 Kader-Billah, 991
Ibrahim, 744 Kaiem-Biamrillah, 1031
Merwan II, 744 Moctadi-Biamrillah, 1075
Mostadher, 1094
Aboul-Abbas, tige des Abbassides, 750 Mostarched, 1118
Rasched, 1135
Abou-Giafar-Almanzor, 754 Moctafi, 1136
Mostandjed, 1160
Mohammed-Mahdi, 775 Mosthadi, 1170
Hadi, 785 Nasser, 1180
Haroun-al-Raschid, 786 Daher, 1225
Amyn, 809 Mostanser, 1226
Al-Mamoun, 813 Mostasem, 1243-1258


Califes de Cordoue.
Abdérame I, 756 Mohammed-al-Mahadi, 1006
Hescham I, 787 déposé, 1009
Al-Hakem, 796 Soliman, 1009
Abdérame II, 822 Mohammed de nouveau, 1010
Mohammed I, 852 Hescham de nouv., 1012
Almoundhir, 885 Hamond, 1015
Abdallah, 889 Kasim ou Kecem, 1017
Abdérame III, 912 Yayan, 1018
Al-Hakem II, 961 Hescham III, 1027-1031
Hescham II, 976
déposé, 1006
Califes fatimites.
Obeidollah, 909 Abou Tamin Mostanser 1036
Kaiem-Aboul-Kacem, 936 Aboul Kacem Mostalli 1094
Almanzor, 945 Aboul-Mansor-Amer, 1101
Moëz-Ledinillah, 953 Haphed-Ledinillah, 1130
Azis, 975 Dafer-Biamrillah, 1149
Hakem-Biamrillah, 996 Fayez-ben-Nasrillah, 1155
Daher, 1021 Adhed-Ledinillah, 1160-71


CALIFORNIE (nom qu'on dérive de Calida fornaæ, fournaise ardente, à cause de l'extrême chaleur de la partie mérid.), vaste contrée de l'Amérique du Nord, s'étend sur la côte de l'Océan Pacifique, du cap San-Lucar, par 23° lat. N., au cap Orford, par 42°, et se divise en Basse-Californie, dite aussi Vieille-Californie, au S., et H.-Californie ou Nouvelle-Californie, au N. Longtemps réunies sous la domination espagnole, les deux Californies forment auj. deux États distincts, appartenant l'un au Mexique, l'autre aux États-Unis.

BASSE ou VIEILLE-CALIFORNIE, État de la Confédération mexicaine : c'est une grande péninsule, bornée au N. par la Hte-Californie et baignée à l'O. par l'Océan Pacifique, à l'E. par le golfe de Californie ou mer Vermeille ; beaucoup plus longue que large, elle s'étend du 23° au 32° lat. N. et a env. 1200 kil. de long sur 100 de large ; env. 35 000 hab., dont un grand nombre d'indigènes à l'état sauvage. Villes principales : La Paz, San-Antonio, Loreto. Le pays est traversé par une chaîne de hautes montagnes, dont quelques-unes volcaniques; mines argentifères. Climat très-chaud; sol varié, généralement sablonneux ; on y cultive le blé, l'indigo, la canne à sucre ; on y élève beaucoup de bestiaux. — La Basse-Californie fut explorée par Cortez ou ses lieutenants, de 1532 à 1539; toutefois l'Espagne n'en prit possession qu'en 1602; elle fut colonisée par les Jésuites à partir de 1642. Elle forme depuis 1823 un des États du Mexique.

HAUTE ou NOUVELLE-CALIFORNIE, un des États de l'Union américaine, borné au N. par l'Orégon, à l'O. par l'Océan Pacifique, au S. par la Basse-Californie, s'étend du 32° au 42° lat. N., et a pour capit. San-José, et pour autres v. importantes Monterey, anc. capit., San-Francisco, port excellent, San-Barbara, San-Diego et les villes nouvelles de Sacramento, San-Joaquim, Stockton, etc. Sa population, qui en 1840 était à peine de 20 000 h., sauvages pour la plupart, s'élève auj. à plus de 300 000. Le pays est traversé par deux chaînes de montagnes, la Sierra Nevada et le Coast-Range (chaîne côtière), et est arrosé par deux grands fleuves, le Sacramento et le San-Joaquim. Ces fleuves roulent de l'or ou couvrent des gisements du précieux métal (placers) : ces gisements, découverts en 1848, ont attiré en Californie une foule innombrable de chercheurs d'or, venus de tous les points du globe. — Découverte en 1542 par l'Espagnol Cabrillo, la Hte-Californie fut explorée en 1578 par Drake; occupée par l'Espagne en 1763 seulement, elle fut annexée au Mexique et gouvernée par des missionnaires franciscains. Elle a été cédée en 1848 aux États-Unis par le Mexique : c'est presque aussitôt après cette cession qu'eut lieu la découverte de l'or. Elle a été admise en 1850 au nombre des États de l'Union. Indépendamment de sa richesse aurifère, la Haute-Californie se recommande par son climat tempéré, par sa fertilité, par l'étendue de ses côtes, par la commodité et la sûreté de ses ports.

CALIFORNIE (Golfe de), dit aussi MER VERMEILLE, golfe de l'Océan Pacifique, sur la côte O. de l'Amérique du Nord, entre la Vieille-Californie et l'État de Sonora. s'étend depuis 22° 55' jusqu'à 32° 35' lat. N. et a 1300 k. sur 150. Il doit le nom de mer Vermeille à la couleur rouge des eaux du Rio-Colorado qu'il reçoit. Pêcheries de perles sur les côtes.

CALIGULA (Caius Cæsar Augustus Germanicus, surnommé), 3e empereur romain, fils de Germanicus et d'Agrippine et petit-neveu de Tibère, né l'an 12 de J.-C., fut adopté par son grand-oncle et lui succéda l'an 37 de J.-C., à l'âge de 25 ans. Les premiers mois de son règne furent heureux : il rappela les exilés, se montra plein de déférence pour le sénat et généreux envers le peuple; mais, à la fuite d'une maladie provoquée par la débauche et qui paraît avoir altéré sa raison, il se livra à tous les excès de la folie, de l'orgueil et de la cruauté. Il voulut être adoré comme un dieu, se fit décerner des triomphes pour des victoires imaginaires, donna le titre de consul à un cheval qu'il aimait, entretint un commerce incestueux avec ses sœurs, établit des lieux de prostitution jusque dans son palais, et fit périr les citoyens les plus recommandables et les plus riches, Silanus, Macron, Gémellus, etc., afin de s'emparer de leurs richesses, n'épargnant pas même ses plus proches parents. Dans sa fureur, il souhaitait, dit-on, que le peuple romain n'eût qu'une tête afin de la trancher d'un seul coup. Sa haine s'étendait même sur les morts : jaloux des plus grands écrivains, il eût voulu pouvoir anéantir les écrits d'Homère, de Virgile et de Tite-Live. Il se forma plusieurs conspirations contre ce monstre; enfin Chéréas, tribun des gardes prétoriennes, en délivra la terre, l'an 41 de J.-C. Ce règne n'offre d'ailleurs aucun événement remarquable. Le nom de Caligula donné à ce prince lui vient d'une petite bottine, caliga, qui servait de chaussure aux soldats et qu'il portait habituellement dans son enfance. Sa Vie a été écrite par Suétone,

CALIPPE, astronome grec, natif de Cyzique, se fixa à Athènes, et y inventa, vers 331 av. J.-C., un cycle luni-solaire de 76 ans, qu'il substitua au cycle de 19 ans ou Nombre d'or, imaginé par Méton, afin de ramener avec plus d'exactitude les mêmes positions du soleil et de la lune. Ce cycle, qui commença le 28 juin 330 av. J.-C., porte le nom de période calippique. Adopté par les Athéniens, puis par les Macédoniens, il pénétra avec ceux-ci en Asie, et remplaça le cycle tout solaire des Chaldéens.

CALISTO, fille de Lycaon, roi d'Arcadie, était une des nymphes de Diane. Elle se laissa séduire par Jupiter qui avait pris la forme de cette déesse, et en eut un fils nommé Arcas. Diane la chassa de sa suite, et Junon la changea en ourse. Jupiter la plaça, avec son fils Arcas, dans le ciel, où ils formèrent la constellation de la Grande et de la Petite Ourse. V. ARCAS.

CALIXTE I (S.), pape, élu en 219, souffrit le martyre en 223. On lui attribue l'institution du jeûne des Quatre-Temps. On pense que la catacombe qui existe à Rome sous la dénomination de St-Sébastien a été construite par lui. On le fête le 14 octobre.

CALIXTE II, était fils, de Guillaume le Grand, comte de Bourgogne, et fut d'abord archevêque de Vienne. Élu pape en 1119 à Cluny, par les cardinaux qui étaient sortis de Rome avec Gélase II, il rentra dans Rome en 1120, assiégea dans Sutri l'antipape Grégoire VIII (Bourdin), le prit et le confina, dans un monastère. Il arrêta les brigandages dans ses États, termina en 1122 la querelle des Investitures, tint le 1er concile général de Latran, 1123, et m. en 1124.

CALIXTE III, Alphonse de Borgia, né en 1377 à Xativa, près de Valence, fut élu en 1455, et mourut en 1458. Il fit reviser le procès de Jeanne d'Arc par une commission, réhabilita sa mémoire (1456), et tenta, mais en vain, d'armer l'Europe contre les Turcs.

CALIXTE, antipape, fut élu en 1159, concurremment avec Alexandre III; mais celui-ci fut seul reconnu par l'Église. Il se nommait Jean de Strume.

CALIXTE (George), en allemand Callisen, théologien luthérien, né dans le Holstein en 1586, mort en 1656, fut professeur de théologie à Helmstœdt. Le duc Frédéric-Ulrich l'attira auprès de lui; le duc Auguste le nomma abbé de Kœnigslutter. A la demande de l'électeur de Brandebourg, il se rendit au colloque de Thorn, convoqué en 1645 pour opérer la réunion des Luthériens et des autres réformés; mais son éloquence y fut sans succès. Ce théologien a donné son nom à une secte qui croyait pouvoir concilier toutes les opinions et qu'on nomma pour cette raison Syncrétistes. On a de lui quelques écrits et des Lettres publ. à Leips. en 1840 par Th. Henke, qui a donné en 1853 Calixte et son Temps.

CALIXTINS, secte de Hussites bohémiens qui se forma au commencement du XVe siècle. Ils étaient ainsi nommés parce que, dans la communion, ils réclamaient l'usage du calice pour les laïques. On les appelait aussi Utraquistes, parce qu'ils communiaient sous les deux espèces (sub utraque). Le concile de Bâle (1433) satisfit à leur demande à cet égard, et les Compactata de Prague (1436) assurèrent leur liberté religieuse. Au XVIe siècle, cette secte se fondit dans celle des Frères moraves.

On donne encore le nom de Calixtins aux Syncrétistes, sectateurs de G. Calixte. V. G. CALIXTE.

CALLAC, ch.-l. de cant. (Côtes-du-Nord), à28 k. S. O. de Guingamp; 1173 h.

CALLAICI, peuple de l'Hispanie, à l'angle N. O., occupait, en Espagne et en Portugal, les prov. actuelles de Galice, Entre-Douro-et-Minho et Tras-os-Montes. — On appelait Pyrénées Callaïques la partie des Pyrénées qui s'étend de la Navia au cap Finistère.

CALLAO, v. du Pérou (dép. de Lima), sur l'Océan Pacifique, à 8 k. de Lima, à laquelle elle sert de port; 8000 h. Château fort, chemin de fer allant à Lima; paquebots à vapeur. Bains de mer. — Fortifiée au XVIIe s. par Philippe IV. Détruite en 1746 par un tremblement de terre et bientôt reconstruite; prise par les Colombiens en 1826. C'est la dernière place qu'aient conservée les Espagnols dans cette contrée.

CALLAS, ch.-l. de cant. (Var), à 10 k. N. de Draguignan; 1886 h. Moulins à huile. CALLE (LA), v. et port d’Algérie (Constantine), à 465 k. E. d’Alger et à 50 E. de Bone, sur un roc qu’entoure presque complètement la mer ; environ 1000 h. La Calle appartint dès 1594 à une compagnie française qui y faisait pêcher le corail ; on y exploite aussi des forêts de chênes-liéges. La France en perdit la possession en 1799, la recouvra en 1815, la reperdit en 1827, et la reprit en 1836.

CALLEMBERG (J. Henri), orientaliste et théologien luthérien, professeur à l’université de Halle, né dans la Saxe-Gotha en 1694, mort en 1760, fonda une institution pour les missions protestantes en Orient, et créa une imprimerie arabe et hébraïque, afin d’éditer des ouvrages à l’usage des convertis. On a de lui : Prima rudimenta linguæ arabicæ, Halle, 1729 ; Scriptores de religione Muhammedica, 1734 ; Specimen bibliothecæ arabicæ, 1736 ; ainsi que des traductions arabes du Nouveau Testament, de l’Imitation de Jésus-Christ, etc.

CALLET (J. F.), mathématicien, né à Versailles en 1744, mort à Paris en 1798, était professeur des ingénieurs hydrographes au dépôt de la guerre. Il publia en 1783 une édition des Tables de logarithmes de Gardiner, aussi commode qu’utile, et y ajouta en 1795 les logarithmes des sinus pour la nouvelle division décimale du cercle. Cet ouvrage, le plus exact et le plus étendu que l’on possède en ce genre, a été stéréotypé par Firmin Didot, et réédité en 1857 avec des améliorations par M. Dupuis.

CALLIANO, bourg du Tyrol, à 12 k. N. E. de Roveredo, sur la r. g. de l’Adige, près du défilé de Castel della Pietra. Les Impériaux y battirent les Vénitiens en 1487, et Bonaparte les Autrichiens en 1796.

CALLICRATE, architecte d’Athènes, éleva avec Ictinus, par l’ordre de Périclès (vers 430 av. J.-C.), le Parthénon, dont Phidias dirigea la décoration.

CALLICRATIDAS, général spartiate, remplaça Lysandre dans le commandement de la flotte lacédémonienne, prit Méthymne (406 av. J.-C.) et bloqua Conon dans Mitylène, mais fut la même année vaincu près des îles Arginuses, par une flotte athénienne, et périt dans le combat.

CALLIMACHUS EXPERIENS. V. BUONACCORSI.

CALLIMAQUE, Callimachus, architecte de Corinthe, florissait au Ve ou au VIe s. av. J.-C. On lui attribue l’invention du Chapiteau corinthien.

CALLIMAQUE, poëte et littérateur grec, né à Cyrène vers 300 av. J.-C., florissait vers 270. Il enseigna d’abord les belles-lettres à Éleusis près d’Athènes ; puis fut appelé à Alexandrie par Ptolémée Philadelphie, et donna des leçons de poésie dans le Musée : Apollonius de Rhodes se forma à son école. Il avait rédigé des ouvrages d’histoire, de grammaire et de littérature et avait composé des poëmes dans presque tous les genres. Il excellait surtout dans l’élégie. De tous ses écrits il ne nous est parvenu que quelques Hymnes composés pour les fêtes des dieux, des épigrammes et quelques fragments. On trouve dans ses poésies de l’élégance et de l’érudition plutôt que du génie ; elles sont fort difficiles à entendre. On connaît en outre de lui l’Ibis, poëme dirigé contre Apollonius, son ancien disciple, qui s’était montré ingrat envers lui (ce poëme a été imité par Ovide), et la Chevelure de Bérénice mise en vers latins par Catulle. Les meilleures éditions de Callimaque sont celles de J. Aug. Ernesti, Leyde, 1761, à laquelle il faut joindre les Fragments des Élégies publiés par Walckenaër, Leyde, 1799, de Blomfield, Lond., 1815, et d’O. Schneider, Gotha, 1851. Il a été trad. en français par Laporte-Dutheil, Paris, 1775, et mis en vers latins par Petit-Radel, 1808, en vers français par M. A. de Wailly, 1842.

CALLINICUM, v. de Mésopotamie. V. NICEPHORIUM.

CALLINICUS, architecte grec du VIIe siècle, natif d’Héliopolis en Égypte, inventa, dit-on, le feu grégeois et livra son secret à l’empereur Constantin Pogonat, qui, avec ce secours, brûla dans Cyzique la flotte des Sarrasins (673). Le secret de Callinicus s’est perdu ; depuis il avait été retrouvé par un Français, mais Louis XV, à qui il fut offert, l’acheta pour l’ensevelir dans l’oubli (1756). — Sur la composition probable de ce feu, V. FEU GRÉGEOIS, dans notre Dict. univ. des Sciences.

CALLINICUS (SELEUCUS). V. SELEUCUS.

CALLINUS, poëte grec, natif d’Éphèse, qui vivait vers la fin du VIIIe s. av. J.-C., est le plus ancien des poëtes élégiaques connus. On a de lui un fort beau fragment dans lequel il exhorte les Éphésiens à repousser les Magnésiens. Ce qui reste de Callinus a été publié avec les fragments de Tyrtée par Bach, Leipsick, 1831, et mis en vers par F. Didot.

CALLIOPE, muse de la poésie héroïque et de l’éloquence, était fille de Jupiter et de Mnémosyne. Les poëtes la disent mère de Linus et d’Orphée, des Sirènes et Corybantes. On la représente sous la figure d’une jeune fille d’un air majestueux, le front ceint d’une couronne d’or ou de lauriers ; d’une main elle tient une trompette, et de l’autre un poëme épique.

CALLIPOLIS, c.-à-d. Belle ville, nom de deux v. anc., l’une en Thrace, l’autre dans le roy. de Naples, toutes deux nommées auj. Gallipoli.

CALLIRHOÉ, Beau cours, nom fort commun dans la Fable. On connaît surtout sous ce nom une fille du fleuve Achéloüs, qui avait épousé Alcméon, et qui devint la cause involontaire de sa mort en lui demandant le fatal collier d’Ériphyle. V. ÉRIPHYLE.

CALLISTHÈNE, philosophe grec, disciple et petit-neveu d’Aristote, né à Olynthe, vers 365 av. J.-C., suivit Alexandre dans ses expéditions, et envoya à Aristote des observations astronomiques trouvées à Babylone et remontant à plus de deux mille ans, De mœurs sévères, il blâma les excès auxquels se livrait Alexandre, refusa de reconnaître sa divinité, et même eut le malheur de lui déplaire par quelques railleries. Il se vit bientôt après impliqué dans la conspiration d’Hermolaüs, fut, dit-on, enfermé dans une cage de fer, puis mis à mort à Cariate en Bactriane, 328 av. J.-C. Avant son départ pour l’Asie il avait composé une Histoire grecque et une Histoire de la Guerre sacrée dont il ne reste rien. Il avait commencé en Asie une Histoire d’Alexandre dont on a quelques fragments (dans la collection Didot, à la suite d’Arrien). Il existe sous son nom une espèce de roman de la vie d’Alexandre qui n’est pas de lui (imprimé également dans la collection Didot).

CALLOT (Jacques), peintre, dessinateur et graveur du 1er ordre, né à Nancy en 1593, mort en 1635, était fils d’un gentilhomme, héraut d’armes du duché de Lorraine. Entraîné vers les arts par une passion que sa famille contrariait, il s’échappa, pour la satisfaire, de la maison paternelle, suivit une troupe de bohémiens en Italie, et se forma à Rome sous Jules Parigi et Philippe Thomassin. Il se fixa ensuite à Florence, et revint en 1620 en Lorraine, où le duc Henri lui fit une pension, et où il finit ses jours. Après la prise de Nancy, sa patrie, par Louis XIII (1633), il refusa de consacrer par son burin le souvenir de cette conquête. Son œuvre contient près de 1600 pièces : les plus remarquables sont les Foires, les Hideux, les Supplices, les Misères de la guerre, les deux Tentations de S. Antoine, les Gueux contrefaits ; on lui doit aussi plusieurs batailles, le Siége de Bréda, le Siége de La Rochelle. Callot s’est acquis une réputation populaire par le talent avec lequel il a traité les sujets grotesques et a caricaturé les vices et les ridicules de l’humanité. Il y a deux belles collections de dessins de Callot, l’une à la Bibliothèque impériale et l’autre à la Bibliothèque Ste-Geneviève de Paris. On doit à M. C. Meaume des Recherches sur la vie et les œuvres de Callot, Nancy, 1854 et 1860.

CALMAR, v. et port de Suède (Gothie), ch.-l. du gouvt de Calmar, dans une petite île, à 440 k. S. O. de Stockholm ; 6000 h. Évêché, magnifique cathédrale, chantiers de construction. C’est à Calmar que fut proclamée, en 1397, la réunion des 3 couronnes de Suède, de Norwége et de Danemarck sur la tête de Marguerite de Waldemar, réunion connue sous le nom d’Union de Calmar. Brisée dès 1448, cette union fut renouvelée en 1454, 1467 et 1520 ; elle fut définitivement détruite en 1527.

CALMET (dom Augustin), bénédictin de la congrégation de St-Maur, né en 1672, au Mesnil-la-Horgne, près de Commercy, mort à Paris en 1757, fut chargé d’expliquer les saintes Écritures dans l’abbaye de Moyen-Moutier et à Munster (1704), et devint abbé de St-Léopold de Nancy (1718), puis de Sénones (1728). Ses principaux ouvrages sont : La Bible en latin et en français, avec un Commentaire littéral et critique, Paris, 1707-1716, 23 vol. in-4 (le commentaire a été reproduit à part sous le titre de Trésor d’antiquités sacrées et profanes, 9 v., 1722 et ann. suiv.) ; Dictionnaire historique et critique de la Bible, Paris, 1722-28, 2 vol. m-fol. Ces deux ouvrages capitaux ont été plusieurs fois réimprimés, et ont reçu des augmentations considérables. On a encore de Calmet : Histoire de l’Ancien et du Nouveau Testament ; Histoire universelle sacrée et profane ; Histoire ecclésiastique et civile de la Lorraine ; Traité sur l’apparition des esprits, vampires, etc. ; mais ces ouvrages sont moins estimés. On ne peut refuser à Calmet une érudition immense ; mais son style est lourd, diffus, incorrect, et l’auteur manque souvent de critique et de méthode.

CALOJEAN, roi bulgare. V. JOANICE.

CALONNE (Ch. Alex, de), ministre, né à Douay en 1734, mort en 1802, était fils du 1er président au parlement de sa ville natale. Après avoir rempli diverses fonctions dans l’administration, il fut nommé en 1783 contrôleur général des finances par Louis XVI. Il se concilia la faveur de la cour, surtout de la reine, en subvenant complaisamment à toutes les dépenses, et augmenta ainsi le déficit qu’avait laissé Louis XV. Pour réparer le mal, il proposa de convoquer une Assemblée des notables et d’établir une égale répartition des impôts (1787). Forcé enfin de révéler le déficit qu’il s’était efforcé jusque-là de dissimuler, il fut disgracié, et exilé en Lorraine. Il se retira en Angleterre, où il fut fort bien accueilli et où il écrivit de nombreux mémoires justificatifs. Il rentra en France sous le consulat, et mourut ignoré. Ce ministre ne fut coupable que de légèreté et de faiblesse : car il se retira pauvre des affaires.

CALORE, Calor, riv. du roy. d’Italie (Princip. Ultérieure), naît à 3 k. S. O. de Montella, traverse le territoire de Bénévent, et tombe dans le Volturno, à 9 k. E. de Cajazzo. Les Romains y remportèrent une victoire sur le Carthaginois Hannon en 214 av. J.-C.

CALOYERS (du grec kalos ghérôn, beau vieillard), moines grecs de l’ordre de St-Basile, vivent, soit dans des couvents, comme au mont Athos, en Morée, à Patmos, soit isolément dans des ermitages, s’adonnant à l’agriculture ou à la prière ; tous se soumettent à de cruelles macérations. Les caloyers de l’Athos et de Patmos se livrent à l’étude ; on choisit parmi eux les évêques et les patriarches.

CALPÉ, v. et mont. d’Hispanie, dans la Bétique, sur le détroit de Gadès et en face d’Abyla en Afrique. On a prétendu la retrouver dans l’anc. Carteia (Gibraltar selon les uns, Algeziras suivant les autres). Calpé formait avec Abyla les Colonnes d’Hercule.

CALPURNIA, famille romaine dont la principale branche, était celle des Pisons. V. CALPURNIUS et PISON. — Femme de César et fille de Calpurnius Pison, avertit, mais en vain, son époux, aux ides de mars, du danger qui le menaçait. Elle envoya ses trésors à Antoine pour l’aider à punir les assassins.

CALPURNIUS FLAMMA (M.), tribun militaire. Le consul Attilius Calatinus ayant engagé l’armée dans un défilé dangereux près de Camarme en Sicile, Calpurnius se dévoua avec 300 hommes pour la sauver (258 av. J.-C). Il échappa seul, par miracle, à une mort qui paraissait inévitable. — C. BESTIA (L.), consul en 110 av. J.-C. Chargé de la guerre contre Jugurtha, il se laissa corrompre et fit un traité honteux. Il fut condamné à un exil perpétuel.

CALPURNIUS (Titus Julius), poëte latin, que quelques-uns placent au IIIe s., sous Carin, et Numérien, et les autres au Ier, sous Néron, était natif de Sicile. On a de lui 7 églogues dans lesquelles il a tenté assez heureusement d’imiter Virgile ; on les trouve généralement avec les poésies de Némésien, et dans les Poetæ latini minores de Wernsdorff, 1780-99. Elles ont été trad. avec celles de Némésien par Mairault, Bruxelles, 1744, et par Cabaret-Dupaty (dans la Bibliothèque latine-française de Panckoucke).

CALTA…. V. CALATA….

CALUIRE et CUIRE, communes voisines de Lyon, dont elles sont comme un faubourg, sur la r. g. de la Saône, comptent ensemble 6000 h.

CALVADOS, chaîne de rochers, dans la Manche, à l’E. et à l’O. de l’embouchure de l’Orne, s’élève très-peu au-dessus des flots, ou reste même un peu au-dessous ; elle fut ainsi appelée d’un vaisseau espagnol de l’invincible Armada qui y échoua en 1588. Elle a donné son nom à un département.

CALVADOS (dép. du), sur la Manche, entré ceux de l’Eure à l’E., de la Manche à l’O., de l’Orne au S. ; 5704 k. carr. ; 480 992 h. Ch.-l., Caen. Il était compris jadis dans la B.-Normandie. Sol plat, un peu plus élevé vers le S. Rivières nombreuses : Touques, Dives, Dromme, Aure, Odon. Houille, marbre, granit, argile, marnes, tourbières, sources minérales. Quelques forêts à l’E., au N. et à l’O. Excellents pâturages ; grains, chanvre, lin, colza, pastel ; culture en grand de fruits à cidre, de pruniers, etc. Beaux chevaux, bétail de belle race. Beurre fin, miel ; moutons et huîtres renommées. Toiles, bonneteries, tissus de laine et autres, coutellerie, chapellerie, etc. Grand commerce avec l’extérieur. Ce département fournit à Paris un grand nombre de maçons et de tailleurs de pierre. — La dép. est divisé en 6 arr. (Caen, Bayeux, Falaise, Lisieux, Pont-l’Évêque, Vire), 37 cantons et 784 comm. Il appartient à la 2e division militaire ; il a un évêché à Bayeux, et une cour impériale à Caen.

CALVAERT ou CALVART (Denis), peintre, connu aussi sous le nom de Denis le Flamand, né à Anvers en 1565, alla en Italie, ouvrit à Bologne une école, d’où sortirent, entre autres peintres célèbres, le Guide, l’Albane et le Dominiquin, et mourut dans cette ville en 1619. Ses ouvrages les plus remarquables se voient à Bologne, à Rome, à Reggio : on admire surtout son S. Michel et un Purgatoire (à Bologne). Ses tableaux sont moins estimés pour le caractère et la disposition des figures que pour le coloris ; ils ont été gravés par Gil. Sadeler et A. Carrache. Calvaert exerça l’influence la plus heureuse sur le développement de l’école lombarde et prépara celle des Carrache.

CALVAIRE, en hébreu Golgoltha, c.-à-d. crâne, mont voisin de Jérusalem. au N. de Sion, faisait partie de la chaîne qui limite à l’O. le bassin du Jourdain et de la mer Morte. On y crucifiait les criminels : c’est là que le Sauveur fut mis à mort. Adrien enferma le Calvaire dans Jérusalem. Ste Hélène y fit bâtir une belle église, qui auj. est une chapelle souterraine rattachée à l’église du Saint-Sépulcre. — On a depuis donné le nom de Calvaire à un grand nombre de montagnes où l’on a reproduit les différents événements de la Passion, notamment au mont Valérien, à 6 k. O. de Paris, près de Nanterre, et au mont Bétharam, dans les Pyrénées.

CALVAIRE (les Filles du), ordre, religieux fondé par Antoinette d’Orléans, sous la direction du P. Joseph.

CALVAIRE (les Prêtres du), congrégation fondée par le P. Charpentier, en 1634, sur le mont Valérien, près de St-Cloud. On faisait à la chapelle de la congrégation, dans la nuit du jeudi au vendredi saint, un pèlerinage très-fréquenté, que des désordres graves firent interdire en 1697. La congrégation fut supprimée avec toutes les autres en 1791.

CALVERT (George), né en 1582 dans le comté d'York, mort en 1632, occupa de hauts emplois sous Jacques I et devint membre du conseil privé, puis ministre d'État (1619). Ayant embrassé le Catholicisme, il se démit de ses charges (1624), et alla former un établissement à Terre-Neuve sous Jacques I. Obligé de l'abandonner à cause des incursions des Français, il obtint de Charles I la concession de terres situées au N. de la Virginie, qui forment auj. le Maryland. — Son fils, Léonard Calvert, alla en 1634 prendre possession de ces terres, à la tête d'une troupe de catholiques, y fonda une colonie qui bientôt devint florissante, et fut fait baron, puis comte de Baltimore. Les colons donnèrent en reconnaissance le nom de Baltimore à une ville qui est auj. une des plus importantes de l'Amérique anglaise. — Les descendants des Calvert conservèrent le gouvt du Maryland jusqu'à l'époque de l'indépendance.

CALVET (François), médecin et antiquaire, correspondant de l'Académie des inscriptions, né en 1728, m. en 1810, a légué à Avignon, sa ville natale, une riche bibliothèque, une collection d'histoire naturelle et un beau cabinet d'antiquités, avec les fonds nécessaires pour les entretenir.

CALVI, ch.-l. d'arr. (Corse), à 75 k. N. d'Ajaccio, dans une presqu'île du golfe de Calvi; 1512 h. Place forte, port. Trib., collége. Vins, huile. — Fondé au XIIIe siècle, Calvi fut pris par les Anglais en 1794 et repris par les Français l'année suivante.

CALVI, v. du roy. d'Italie (Terre de Labour), à 20 kil. N. O. de Caserte. Évêché uni de Calvi-et-Teano. Vict. des Français sur les Napolitains, 1798.

CALVIN (Jean), le second chef de la Réforme, né en 1509 à Noyon en Picardie, m. en 1564 à Genève, était fils d'un tonnelier nommé Cauvin. Il fut élevé dans la religion catholique et fut d'abord destiné à l'église; mais il quitta cette carrière pour la jurisprudence, et alla étudier à Orléans, puis à Bourges sous Alciat. S'étant lié avec plusieurs partisans de Luther, il embrassa bientôt les principes de la Réforme et commença dès 1532 à les propager dans Paris. — Menacé de la prison, il se réfugia d'abord à Angoulême, puis à Nérac auprès de Marguerite de Navarre, qui favorisait les Protestants, et enfin à Bâle. Il publia dans cette dernière ville, en 1535, sous le titre d’Institutio religionis christianæ, un exposé de la doctrine des novateurs, qu'il traduisit lui-même en français et qui devint comme le catéchisme des Réformés de France. En 1536 il fut nommé professeur de théologie à Genève, où la Réforme venait d'être adoptée. Deux ans après, il fut banni de cette ville pour avoir déployé un rigorisme excessif; il se retira à Strasbourg, où il propagea les nouvelles doctrines. Il fut rappelé à Genève en 1541. Depuis cette époque, il devint tout-puissant dans cette ville : aussi l'appelait-on le pape de Genève. Il fit adopter par le conseil ses articles de foi, ainsi que ses ordonnances sur la discipline ecclésiastique; prétendit réformer les mœurs aussi bien que les croyances, et, poussant l'ardeur jusqu'à l'intolérance, fit brûler l'Italien Gentili et le malheureux Servet pour avoir attaqué le mystère de la Trinité (1553). Calvin se distinguait de Luther par une révolution plus radicale, proscrivant tout culte extérieur et toute hiérarchie, ne reconnaissant pas plus le caractère d'évêque et de prêtre que celui de pape, rejetant la messe, le dogme de la présence réelle, l'invocation des saints, etc.; il enseignait la prédestination absolue des élus et des damnés, détruisant ainsi le libre arbitre. Bossuet a tracé un admirable parallèle entre les deux chefs de la Réforme. Calvin a laissé un grand nombre d'ouvrages, écrits en français; on trouve dans tous une érudition remarquable, un ton grave, un style souvent entraînant. Les principaux sont : l’Institution chrétienne, 1535, dont il a donné lui-même plusieurs éditions; un Traité de la Cène, 1540; des Commentaires sur l'Écriture sainte, un écrit singulier sur le Sommeil des âmes. Il a paru plusieurs éditions de ses œuvres; la meilleure est celle d'Amsterdam, 1667. Sa Vie a été écrite par Théod. de Bèze, et depuis par Audin, Paris, 1841; par Henry, Hambourg, 1844, et par Bungener, Par., 1864. Ses Lettres latines ont été publ. par Th. de Bèze, 1586 (trad. par Teissier, 1702); ses Lettres françaises, par J. Bonnet, 1854.

CALVINISTES, partisans des doctrines de Calvin (Pour ces doctrines, V. CALVIN). Le Calvinisme prit naissance vers 1536 à Genève, où depuis il n'a pas cessé de dominer. Il se répandit bientôt dans plusieurs cantons de la Suisse, en France, en Hollande, en Angleterre, en Écosse, aux États-Unis, etc. En France, les Calvinistes reçurent le nom injurieux de Huguenots. Ils luttèrent longtemps pour obtenir le libre exercice de leur culte. Réprimés sous François I, Henri II et François II, ils formèrent sous ce dernier, avec d'autres mécontents, la conjuration d'Amboise, qui échoua. Le colloque de Poissy, en 1561, leur faisait espérer un édit de tolérance, lorsque le massacre des Huguenots à Vassy devint le signal des guerres civiles. Bien que fort affaiblis par les défaites de Dreux (1562), St-Denis (1567), Jarnac et Moncontour (1569), les Calvinistes avaient obtenu d'importantes concessions par les traités d'Amboise (1563), de Lonjumeau (1568) et de St-Germain (1570) : c'est à ce moment que Charles IX et Catherine de Médicis cherchèrent à les exterminer dans la funeste nuit de la St-Barthélemy (24 août 1572); mais ce massacre, qui devait leur porter le dernier coup, ne fit que soulever une nouvelle guerre, qui dura jusqu'à l'avènement de Henri IV au trône. Ce prince rendit en 1598 un édit connu sous le titre d’Édit de Nantes, qui assurait la liberté de conscience aux Calvinistes et leur abandonnait plusieurs villes comme garanties (V. ÉDIT DE NANTES). Ils se soulevèrent encore sous Louis XIII, mais Richelieu les dompte par la prise de La Rochelle (1626). Louis XIV prononça en 1685 la révocation de l'édit de Nantes; cette mesure impolitique suscita bientôt après plusieurs révoltes, notamment celle des Camisards, dans les Cévennes, en 1706, et détermina l'émigration d'un grand nombre de Calvinistes, qui allèrent porter à l'étranger leur capitaux et leur industrie. Sous Louis XVI, en 1787, les Calvinistes obtinrent un nouvel édit de tolérance. Bientôt après, la Révolution de 1789 leur assura une liberté complète. Auj. le culte calviniste est rétribué par l’État comme le culte catholique. L'organisation des églises est fondée sur la division territoriale; 6000 âmes de population forment une église consistoriale; la réunion de cinq églises constitue un synode. — Le Calvinisme se modifia et reçut des noms différents selon les pays : on le nomme souvent en France religion réformée; en Écosse, Presbytérianisme; en Hollande, Gomarisme. En Prusse et dans plusieurs États de l'Allemagne, les cultes calviniste et luthérien se sont depuis peu réunis (V. ÉVANGÉLIQUE).

CALYCADNUS, auj. le Selef, riv. de Cilicie, se jetait dans la mer au-dessous de Séleucie. C'est dans cette riv. que se noya l'empereur Frédéric I.

CALYDON, capit. de l'Étolie anc., sur l'Événus, à 8 k. de la mer. Célèbre par l'énorme sanglier que Diane envoya dans ses campagnes et que tua Méléagre.

CALYPSO, fille d'Atlas ou de l'Océan et de Téthys, habitait, suivant Homère, l'île d'Ogygie, où elle reçut Ulysse, que la tempête y avait jeté. Elle aima le héros et le retint longtemps dans son île; cependant, après sept ans, Ulysse la quitta, sur l'ordre de Jupiter, pour aller rejoindre Pénélope.

CAM (Diego), navigateur portugais du XVe siècle, fut chargé en 1484 par Alphonse V d'un voyage de découverte aux côtes d'Afrique, découvrit le fleuve Zaïre, explora le Congo et poussa jusqu'à 22° de lat. S.

CAMALDOLI, vge de Toscane, dans une vallée de l'Apennin, à 40 k. E. de Florence. Fameux monastère, chef d'ordre des Camaldules.

CAMALDULES, ordre religieux qui se consacrait à la vie purement contemplative, est ainsi appelé du monastère de Camaldoli, situé près de Florence. Il fut fondé par S. Romuald en 1012 et confirmé en 1072 par Alexandre III. Cet ordre a presque entièrement disparu dans le dernier siècle. Cependant, il y avait encore en France avant 1789 une abbaye de Camaldules à Grosbois (Seine-et-Oise).

CAMALODUNUM, v. de la Bretagne ancienne, que l'on croit être auj. Colchester ou Malden.

CAMARÈS ou PONT DE CAMARÈS, ch.-l. de cant. (Aveyron), sur le Dourdon, à 19 kil. S. de Ste-Affrique; 1656 h. Eaux ferrugineuses aux environs.

CAMARET, petit port du Finistère, dans la presqu'île de Crozon située entre la rade de Brest et la baie de Douarnenez; 700 hab. Monument celtique de Toull-Inguet. Pêche de la sardine.

CAMARGO (Marie Anne CUPPI, dite), célèbre danseuse, née à Bruxelles en 1710, morte en 1770, sortait d'une famille noble originaire d'Espagne. Elle parut avec le plus grand succès sur le théâtre de l'Opéra depuis 1734 jusqu'en 1751. Sa danse était pleine de noblesse et même de retenue. Voltaire a célébré la Camargo dans une charmante pièce de vers.

CAMARGUE (la), delta formé, dans le départ. des Bouches-du-Rhône (cantons d'Arles et Stes-Maries), par les deux principales branches du Rhône près de son embouch., un peu au-dessous d'Arles; chacun des côtés a près de 30 k. de longueur. La branche occid. se nomme le Petit-Rhône. Dans l'intérieur de l'île est une 3e branche, mais très-petite, dite le Vieux-Rhône; c'est l'ancien lit, qui s'est ensablé presque entièrement. Un cinquième de l'île est cultivé; le reste consiste en terres vagues, marais ou étangs, dont le plus considérable est celui de Valcarès. On y respire un air malsain (aria cattiva), résultant d'exhalaisons semblables a celles des marais Pontins; mais les effets en sont en partie neutralisés par le vent du mistral. On y nourrit beaucoup de bestiaux. On dérive le nom de Camargue de Caii Marii ager, parce qu'on suppose que Marius y campa.

CAMARINE, auj. Torre di Camarina, v. de la Sicile ancienne, sur la côte S. O., à l'embouch. du Gela. Fondée par les Syracusains en 599 av. J.-C.

CAMBACÉRÈS (J. J. RÉGIS de), profond jurisconsulte, né en 1753 à Montpellier, mort en 1824, succéda en 1771 à son père dans la charge de conseiller à la cour des aides; fut, en 1792, député à la Convention; vota pour le sursis dans le procès de Louis XVI; fut chargé en 1793, avec Merlin, de la classification des lois et de leur réunion en un seul corps; devint en 1794 président de l'assemblée, puis présida le Comité de salut public; eut en cette qualité une grande part au gouvernement et se signala par sa sagesse et sa modération. Il fut nommé ministre de la justice sous le Directoire; Bonaparte, élevé au Consulat, le choisit pour 2e consul (1799); devenu empereur, il le nomma archi-chancelier, le créa prince de l'Empire et duc de Parme. Cambacérès eut la part principale dans la rédaction du Code civil : il sut mettre à profit les travaux des grands jurisconsultes des siècles précédents, surtout ceux de Pothier; c'est lui qui est l'auteur du Discours préliminaire du Projet de code civil. Exilé par les Bourbons, il se retira en Belgique; il fut rappelé en 1818, mais ne joua plus aucun rôle politique. Il a laissé des Mémoires. — Son frère, Étienne Hubert de C., 1756-1818, fut nommé archevêque de Rouen en 1802, cardinal en 1803, sénateur en 1805. — Son neveu, le duc de Cambacérès, né en 1798, m. en 1870, a été pair de France sous Louis-Philippe, puis sénateur et grand maître des cérémonies sous Napoléon III.

CAMBALU. V. CAMELFORD et PÉKIN.

CAMBAYE, v. et port de l'Inde anglaise (Bombay), par 22° 21' lat. N., 70° 28' long. E., sur le golfe de Cambaye, à 130 kil. N. O. de Surate; 8 k. de tour; 30 000 h. Cette v., autrefois très-florissante par son commerce, compta jusqu'à 150 000 hab.; auj. elle est fort déchue par suite de l'encombrement de son port. Les Mahrattes en furent chassés par les Anglais en 1780. — Le golfe de Cambaye, Barygazenus sinus, partie de la mer d'Oman, est à l'E. de Guzzerat.

CAMBERIACUM, Chambéry en latin moderne.

CAMBERT (Robert), surintendant de la musique de la reine Anne d'Autriche, né à Paris vers 1628, mort en 1677, obtint avec l'abbé Perrin le privilége de l'Académie royale de musique, créée en 1669, et fit représenter, en 1671, le 1er opéra français régulier, Pomone. Dépossédé de son privilège par Lulli, il en mourut de chagrin..

CAMBODJE (Roy. de), contrée d'Asie, dans le roy. d'Annam, par 101° 14'-105° 45' long. E., 8° 47'-15° lat. N., entre le Laos au N., la Cochinchine proprement dite et le Tsiampa à l'E., le roy. de Siam à l'O., et la mer au S. O.; 700 kil. sur 400; environ 1 000 000 d'hab. Capit., jadis Cambodje, puis Panomping et Saïgong. Le pays est arrosé par le fleuve Mé-Kiang ou Cambodje. Pierres fines, or pur, étain; sandal, bois de fer, arbres produisant la laque et la gomme gutte, beaucoup de riz; buffles et animaux féroces, panthères, tigres, rhinocéros. Le Bouddhisme est la religion dominante. — Le Cambodje, indépendant jadis, est devenu, vers le milieu du XVIIIe s., une province de l'empire d'Annam. En 1809, à la suite d'une longue guerre, il fut partagé entre les Siamois et les Annamites. En 1858, ce pays secoua le joug à la faveur de l'expédition des Français contre l'empire d'Annam. Les Jésuites portugais y eurent des misions au XVIIe siècle.

CAMBODJE, anc. capit. du Cambodje, dans une île du fleuve de même nom. Grand palais, pagodes. Les Hollandais y ont eu un comptoir jusqu'en 1643.

CAMBODJE ou MÉ-KIANG, riv. d'Asie. V. MÉ-KIANG.

CAMBOLECTRI, peuple de Gaule. V. AGESINATES.

CAMBON (Joseph), conventionnel, né à Montpellier en 1756, mort à Bruxelles en 1820, fut membre de l'Assemblée législative, puis de la Convention, et vota la mort de Louis XVI. Il présida plusieurs fois la Convention, fit partie du Comité de salut public et de celui des finances, rédigea en 1793 sur l'administration des finances un rapport remarquable qui contribua puissamment à rétablir l'ordre, et fit créer le Grand-Livre de la Dette publique (24 août 1793). Il participa à la chute de Robespierre; néanmoins, lors de la réaction qui suivit, il fut décrété d'arrestation. Il échappa par la fuite et vécut caché à Montpellier. Envoyé en 1815 à la Chambre des représentants, il ne prit de part active qu'aux discussions sur le budget. Il fut exilé en 1816. On a de lui un grand nombre de Discours et de Rapports sur des matières politiques.

CAMBORITUM, v. de la Grande-Bretagne anc., chez les Icènes, est auj. Cambridge.

CAMBRAY, Cameracum, v. du dép. du Nord, ch.-l. d'arr., sur l'Escaut, à 26 kil. S. E. de Douai, à 168 k. N. de Paris par la route, 223 par chemin de fer; 18 083 h. Archevêché; trib., collége, bibliothèque. Forte citadelle; cathédrale, hôtel de ville. Toiles renommées, batiste, mousseline, bonneterie; filatures de coton, fabriques de sucre. Cambray eut, de 1559 à 1789, des archevêques, parmi lesquels Fénelon; de 1801 à 1842 elle n'eut plus qu'un évêché; l'archevêché a été rétabli en 1842. Patrie de Monstrelet, de Dumouriez, etc. — Connue sous les premiers Mérovingiens, Cambray fut prise par les Normands en 880 et 882. Elle fut assiégée inutilement par Édouard III en 1339, occupée, par Louis XI en 1477, prise par Louis XIV en 1677. Cette v. est célèbre par la Ligue de Cambray, formés en 1508 par l'empereur Maximilien I, le roi de France Louis XII, le roi d'Aragon, Ferdinand le Catholique, et le pape Jules II, contre la république de Venise; et par la Paix de Cambray, connue aussi sous le nom de Paix des Dames (1529), parce qu'elle fut négociée par Marguerite d'Autriche, tante de Charles-Quint, et Louise de Savoie, mère de François I; cette paix, peu avantageuse à la France, fut rompue en 1536.

CAMBREMER, ch. de cant. (Calvados), à 18 k. S. O. de Pont-l'Évêque; 412 h.

CAMBRÉSIS, petite prov. de France, qui faisait partie du pays occupé jadis par les Nervii, était bornée au N. et à l'E. par la Flandre et le Hainaut, au S. par la Picardie, à l'O. par l'Artois. Villes principales : Cambray, Cateau-Cambrésis, Crèvecœur, Vaucelles. Originairement habité par les Nervii, ce pays passa, au Ve siècle, de la domination des Romains à celle des Francs. Il fut gouverné dès le Xe siècle par des comtes, et fit partie du roy. de Lorraine jusqu'à l'avénement de Henri II, empereur d'Allemagne, qui, en 1007, donna le comté à l'évêque de Cambray. Philippe de Valois l'acquit en 1340, et ses successeurs le conservèrent jusqu'en 1435, époque où Charles VII l'engagea à Philippe le Bon, duc de Bourgogne. Louis XI le reprit en 1477; mais Charles-Quint le confisqua et rendit à l'évêque tous ses droits en 1543. En 1581 les Français prirent le Cambrésis; les Espagnols le leur enlevèrent en 1593; repris en 1677, il fut définitivement assuré à la France en 1678, par le traité de Nimègue.

CAMBRIA, nom latin du pays de Galles.

CAMBRIDGE, Camboritum, Cantabrigia, v. d'Angleterre, ch.-l. du comté de Cambridge, sur la Cam (d'où le nom de la ville, pont sur la Cam), et sur le chemin de fer de l'E., à 76 kil. N. E. de Londres; 28 000 hab. Université célèbre, fondée en 1229, ou même selon quelques-uns en 631, par Sigebert, roi d'Est-Anglie, organisée en 1571 : on y cultive surtout les mathématiques. Elle possède 17 colléges, dont les principaux sont ceux de Peterhouse, fondé en 1257; King's college, 1441; Christ's college, 1505; Trinity-college, 1546, etc. Bibliothèque de 140 000 v. ; musée d'antiquités; jardin botanique; observatoire. — Le comté de Cambridge est situé entre ceux de Lincoln, Norfolk, Suffolk, Essex, Hertford, Bedford, Huntingdon, et la mer; il a 80 k. sur 40 ; 143 500 h. Grande fertilité, inondations au S. et S. O.; bonnes terres, coupées de pâturages et de bruyères; élève considérable de bestiaux et de chevaux, excellents beurres, excellents fromages.

Le nom de Cambridge est commun à plusieurs villes des États-Unis, dont la principale est dans l'État de Massachussets, à 4 k. N. O. de Boston, avec lequel elle communique par un pont jeté sur le Charles-River; env. 15 000 h. Université, fondée en 1636 par Harvard, ministre anglican; c'est la 1re qui ait été fondée aux États-Unis : on y enseigne outre les études classiques, la théologie, le droit, la médecine; bibliothèque de 30 000 vol.; jardin botanique, cabinet d'histoire naturelle, observatoire.

CAMBRIENS, nom donné par les Romains aux Galls, qui habitaient le S. O. de la Grande-Bretagne.

CAMBRIN, ch.-l. de cant. (Pas-de-Calais), à 7 k. E. de Béthune; 308 h.

CAMBRONNE (P. J., baron de), général français,né en 1770, à St-Sébastien près de Nantes, mort en 1842, s'enrôla en 1792, fit avec distinction les campagnes de la République et de l'Empire, mérita d'être proclamé, après la mort de La Tour d'Auvergne, Premier grenadier de France, fut fait général en 1813, après le combat d'Hanau, devint major de la garde impériale en 1814, accompagna Napoléon à l'île d'Elbe, revint avec lui en 1815, commanda l'avant-garde de sa petite armée, et prit une grande part à la bat. de Waterloo, où il commandait une division de la vieille garde. Quoique sa division fût presque entièrement détruite, il refusa opiniâtrement de se rendre, en faisant, dit-on, cette réponse célèbre : La garde meurt et ne se rend pas; il tomba néanmoins aux mains des Anglais, après avoir été laissé pour mort sur le champ de bataille. Traduit en 1816 devant un conseil de guerre, il fut absous à l'unanimité. Nantes lui a érigé une statue, inaugurée en 1848. — On a contesté la réponse qui a illustré Cambronne : s'il ne la prononça pas textuellement, il en dit le sens dans le langage énergique du soldat.

CAMBUNIENS (monts), Cambunii montes, chaîne de montagnes de la Grèce anc., se détachait de l'Olympe, et séparait la Thessalie de la Macédoine : l'Ossa et le Pélion appartenaient à cette chaîne.

CAMBYSE, prince perse de la famille royale des Achéménides, épousa Mandane, fille d'Astyage, roi des Mèdes, et fut père du célèbre Cyrus. Ce prince était tributaire des Mèdes. Il vivait vers 595 av. J.-C.

CAMBYSE, roi de Perse, 530-522 av. J.-C., fils et successeur du grand Cyrus, porta la guerre en Égypte. Ne pouvant se rendre maître de Péluse, il plaça, dans un dernier assaut, au premier rang de son armée, des chiens, des brebis et autres animaux que les Égyptiens regardaient comme sacrés; les assiégés rendirent la place plutôt que de s'exposer à blesser ces animaux. Vainqueur de l’Égypte (525), il mit à mort le roi du pays; puis, tournant ses armes contre la Libye, il détacha 50 000 hommes de son armée pour aller piller et détruire le fameux temple de Jupiter Ammon; mais tous furent ensevelis dans les sables de la Libye. En Éthiopie, il ne fut pas plus heureux; une horrible famine réduisit ses soldats à se dévorer mutuellement. A son retour en Égypte, il tua, dans sa fureur, le bœuf Apis, détruisit le tombeau d'Osymandias et commit mille cruautés. Il allait retourner en Perse, où un faux Smerdis s'était fait proclamer roi, lorsqu'il mourut d'une blessure qu'il se fit à la cuisse en montant à cheval. Ce prince est représenté par les historiens comme un tyran furieux; il fit périr son frère Smerdis, ainsi que Méroé sa sœur et son épouse.

CAMDEN (Will.), antiquaire, surnommé le Pausanias et le Strabon anglais, né à Londres en 1551, mort en 1623, fut de 1577 à 1597 maître ou directeur de l'école de Westminster et devint en 1597 roi d'armes de Clarence, fonction qui était parfaitement en rapport avec ses goûts. On lui doit un grand ouvrage sur les antiquités de son pays : Britanniæ descriptio, qui parut pour la 1re fois en 1586, et qu'il ne cessa depuis de perfectionner (la meilleure édition est celle de Londres, 1607, in-fol.); une histoire du règne d’Élisabeth : Annales rerum anglicarum regnante Elizabetha, dont la 1re partie parut en 1615, et la 2e après sa mort, en 1625 (le tout a été réuni en 3 vol. in-8, Oxford, 1717, et avait été trad. en français dès 1627, par Belligent); une Collection des anciens historiens anglais, écossais, danois, 1603, in-f.; une Description des monuments de l'abbaye de Westminster; une Grammaire grecque, etc. Ces ouvrages réunissent à la fidélité l'ordre et la clarté.

CAMELFORD, autrefois Cambalu, v. d'Angleterre (Cornouailles), sur le Camel, affluent du canal de Bristol, à 35 kil. N. O. de Callington; 1000 hab. On y fait naître le roi Arthur; on y place aussi le combat entre Arthur et son neveu Modred, en 543.

CAMEN, v. des États prussiens (Westphalie), à 15 kil. S. O. de Hamm; 2000 hab. Patrie de Buxtorf.

CAMENTZ ou CAMENZ, Camentia, v. du roy. de Saxe, sur l'Elster Noir, à 27 kil. N. O. de Bautzen; 5000 hab. Draps, lainages, etc. Patrie de Lessing. Incendiée en 1842. — Ville de Prusse (Silésie), sur la Neiss, à 19 kil. S. E. de Frankenstein. Anc. abbaye de Cîteaux, fondée en 1094, supprimée en 1811.

CAMERACUM, nom latin de CAMBRAY.

CAMERARIUS (Joachim), savant, né à Bamherg en 1500, mort en 1574, était issu d'une famille dont le premier nom était Liebhard, et qui avait reçu la surnom de Camerarius, parce que plusieurs de ses membres avaient été chambellans. Il se fit de bonne heure connaître par des ouvrages pleins d'érudition, enseigna le grec et le latin à Nuremberg (1526), et réorganisa les universités de Tubingue (1550) et de Leipsick ( 1552). Il joua aussi un grand rôle dans les affaires politiques et religieuses, embrassa un des premiers la réforme, se lia étroitement avec Mélanchthon, l'aida à rédiger la Confession d'Augsbourg, fut chargé par le sénat de Nuremberg de plusieurs missions importantes, et jouit d'un grand crédit auprès des empereurs Charles-Quint et Maximilien, ainsi que des ducs de Saxe Henri et Maurice. On lui doit des traductions latines estimées d'un grand nombre d'auteurs grecs, tels qu’Homère, Hérodote, Xénophon, Aristote, Sophocle, Thucydide, Démosthène, etc.; des éditions, avec commentaires, de Plaute, Térence, Quintilien, Cicéron, Virgile; des Commentarii linguæ græcæ et latinæ; des Éléments de Rhétorique, une Vie de Mélanchthon, des Lettres, des Fables. — D'autres membres de la même famille se sont fait connaître avantageusement dans les sciences et dans les lettres, entre autres :

CAMERARIUS (Joachim), son fils, dit Cam. junior, savant médecin, 1534-98, auteur de : Hortus medicus, 1588; Symbola et emblemata ex herbis et animalibus, 1590-7; Commentaires sur Matthiole, etc.

CAMERARIUS (Rodolphe Jacques), né à Tubingue en 1665; il publia en 1694 une lettre De Sexu plantarum, où il établit la distinction des sexes, sur laquelle Linnée a plus tard établi sa classification.

CAMERINO, Camerinum, v. du roy. d'Italie, anc. ch.-l. de délégation des Étais romains, à 145 k. N. E. de Rome; 7000 h. Archevêché, université. Cathédrale et palais archiépiscopal. Soieries. — Camerinum était jadis dans l'Ombrie; cette ville, avec son territoire, devint au moyen âge une des Marches du duché de Spolète. — La délégation de C., entre celles de Macerata au N., de Fermo à l'E., de Spolète au S. et de Pérouse à l'O., comptait env. 33 000 h.

CAMERLINGUE, en italien camerlengo, chambellan; nom que porte à la cour de Rome le cardinal qui administre la justice et les finances; il préside la chambre apostolique. Lorsque le Saint-Siége est vacant, c'est le cardinal camerlingue qui gouverne. Dans l'ancien empire d'Allemagne, le trésorier de l'empereur portait le même nom.

CAMÉRON (Jean), théologien protestant, né en 1580 à Glascow, mort en 1626, combattit la doctrine calviniste de la prédestination. Il vint en France, enseigna à Bergerac, à Sedan, à Saumur et à Montauban, et publia entre autres écrits de polémique : Theses de gratia et libero arbitrio, Saumur, 1618. Il se rapprochait par sa doctrine des Arminiens de Hollande. Ses partisans furent appelés Caméroniens. — Un autre CAMÉRON, Archibald, également Écossais, né vers 1620 à Falkland, mort en 1680, fut un ardent presbytérien. Il refusa de reconnaître la supériorité du roi en matière de religion, et souleva ses compatriotes contre Charles II (1666); ses partisans, dits aussi Caméroniens, proclamèrent la république, assassinèrent l'archevêque de St-Andrews et battirent d'abord les troupes royales. Mais ils furent peu après taillés en pièces par le duc de Monmouth : Caméron périt dans le combat.

CAMILLE, Camilla, femme guerrière, fille de Métabus, roi des Volsques, joue un rôle dans l’Énéide. Occupée, dès son enfance, des exercices de la chasse et de la guerre, elle se distingua surtout par sa légèreté à la course et son habileté à tirer de l'arc. Venue au secours de Turnus contre Énée, elle fut tuée en trahison par Aruns. Virg., Én., VII et XI.

CAMILLE, sœur des Horaces, fiancée à l'un des Curiaces, ne put contenir sa douleur après le triomphe de son frère et la mort de son amant, et fut tuée par le héros, irrité de ses imprécations, 667 av. J.-C.

CAMILLE, M. Furius Camillus, général romain. Créé dictateur l'an 396 av. J.-C., il s'empara de Véïes, dont la siége durait depuis 10 ans, triompha des Volsques et fit la guerre contre les Falisques. Dans cette dernière guerre, un maître d'école des Falisques étant venu pour lui livrer la jeunesse qui lui était confiée, Camille fit dépouiller le traître de ses vêtements, et ordonna à ses élèves de le ramener à coups de verges; les Falisques, touchés de cette noble action, se soumirent à la République. Camille, de retour à Rome, fut accusé d'avoir détourné une partie du butin de Veïes, et, pour ne pas être jugé, il s'exila volontairement. Peu après, les Gaulois s'étant emparés de Rome, le sénat le rappela et le nomma de nouveau dictateur (389). Camille, survenant à l'improviste avec les Romains échappés au fer des barbares, rompit le traité par lequel Rome achetait la paix (V. BRENNUS), chassa les Gaulois de l'Italie, et rentra en triomphe dans sa patrie. Il détourna la peuple d'aller s'établir à Veïes, et le détermina à relever la ville détruite par les Gaulois, ce qui lui valut le surnom de Romulus et de second fondateur de Rome. Il fut encore deux fois dictateur : la 1re, il battit les Volsques, les Herniques, les Étrusques et les Latins; la 2e, il extermina, à Albanum, en 367, les Gaulois qui avaient de nouveau envahi l'Italie, et débarrassa pour jamais les Romains de ces formidables ennemis. Il mourut, dit-on, de la peste, l'an 365 av. J.-C. Plutarque a écrit sa Vie.

L'Église honore le 3 mars une Ste Camille, vierge d'Auxerre, née dans le Paganisme, que S. Gervais convertit et qui mourut en 437; — et le 4 juillet un S. Camille, né dans l'Abruzze, qui fonda en 1584 une congrégation de Clercs réguliers pour le service des malades et donna l'exemple du dévouement au milieu d'épidémies meurtrières. Il mourut en 1614.

CAMIRE, Camirus, v. de l'île de Rhodes, à l'O.

CAMISARDS. Ce nom fut donné aux Protestants des Cévennes et de la Lozère qui prirent les armes après la révocation de l'édit de Nantes (1685), réclamant la liberté de conscience et l'abolition des impôts qui les écrasaient. Il paraît dérivé du mot camisade, attaque nocturne (V. ce mot dans notre Dict. des Sciences). On envoya contre les Camisards, en 1702, le maréchal de Montrevel, qui ne put les réduire, et en 1704 le maréchal de Villars, qui ne les soumit qu'en détachant de leur parti un de leurs principaux chefs, Jean Cavalier. La plupart périrent dans les supplices. L’Histoire des Camisards a été rédigée par le ministre Court, père du célèbre Court de Gébelin, 1760.

CAMMA, femme galate d'une grande beauté, avait épousé le tétrarque Sinatus. Sinorix, prince de Galatie, ayant fait périr Sinatus par trahison pour épouser sa veuve, dont il était épris, Camma feignit de se rendre à ses désirs et le conduisit dans le temple de Diane comme pour célébrer leur union : là, elle partagea avec lui une coupe qu'elle avait empoisonnée. Elle expira aussitôt au pied de l'autel, heureuse de le faire périr avec elle. Cet événement tragique, raconté par Plutarque et Polyen, a été plusieurs fois mis sur la scène, notamment par Corneille.

CAMOENÆ. V. MUSES.

CAMOËNS (Luis de), dit le Camoëns, célèbre poëte portugais, né à Lisbonne en 1517 ou 1525, d'une famille noble, mais pauvre. Il conçut dans sa première jeunesse une vive passion pour une grande dame de la cour, Catherine d'Ataïde, ce qui le fit exiler à Santarem; dans son désespoir, il se fit soldat et alla combattre en Afrique; il perdit un œil d'un coup de feu devant Ceuta. Ne recevant aucune récompense ni aucun encouragement dans sa patrie, il partit en 1553 pour les Indes, resta quelque temps à Goa, puis fut exilé à Macao, pour avoir censuré le vice-roi dans une satire. Dans cet exil, il composa le poëme qui l'a immortalisé, les Lusiades (os Lusiadas), où il chante la gloire des Portugais (en latin Lusitani), les exploits et les découvertes de Vasco de Gama. Au bout de cinq ans, il fut rappelé de son exil : assailli par une tempête, il fit naufrage sur les côtes de la Cochinchine en retournant à Goa. On raconte qu'il se sauva à la nage, tenant dans sa main hors de l'eau le manuscrit de son poëme. Se voyant en butte à de nouvelles persécutions, il quitta l'Asie et revint à Lisbonne en 1569. Il y publia son poëme; mais il n'obtint aucune des faveurs qu'il devait espérer, et languit dans la misère : un esclave javanais allait, dit-on, pendant la nuit, recueillir pour lui des aumônes dans les rues de Lisbonne; on croit qu'il mourut à l'hôpital, en 1579. Outre les Lusiades, le Camoëns a composé des odes, des élégies, des sonnets, des satires et quelques tragédies. Les éditions les plus estimées des Lusiades sont celles de Souza-Botello, Paris, 1817 et 1819, et de Freyre de Carvalho, Lisbonne, 1843. Ce poëme a été plusieurs fois trad. en français, notamment en prose par M. Millié, Paris, 1825, 2 vol. in-8, et par MM. O. Fournier et Desaules, 1841, in-12; en vers, par M. Ragon, 1842, in-8. Camoëns est le héros d'une épopée d'Almeida de Garett, 1825, et d'une nouvelle de Tieck. Un monument lui a été érigé à Lisbonne en 1856.

CAMONICA (Val), vallée de Lombardie formée par une ramification des Alpes Rhétiques, est arrosée par l'Oglio. Elle a 60 kil. de long et fait communiquer l'Italie avec le Tyrol; 40 000 hab. Mines de fer.

CAMP DU DRAP-D'OR. V. CHAMP DU DRAP-D'OR.

CAMPAGNA, v. du roy. d'Italie (Princip. Citérieure), à 31 k. E. de Salerne, 6750 hab. Évêché.

CAMPAGNAC, ch.-l. de c. (Aveyron), à 57 k. E de Rhodez; 692 hab.

CAMPAGNE-LEZ-HESDIN, ch.-l. de c. (Pas-de-Calais), à 10 kil. S. E. de Montreuil; 992 hab.

CAMPAGNE DE ROME, contrée de l'Italie qui correspond à l'ancien Latium et à une partie de l’Étrurie, est située presque tout entière au S. du Tibre, entre la mer et les Apennins. Elle fait auj. partie des États du Pape et forme la comarque de Rome et la délégation de Frosinone : on y remarque, outre Rome et Frosinone, Tivoli, Castel-Gandolfo, Genzano. Sous l'empire français elle formait une grande partie du dép. de Rome. Cette contrée, jadis si peuplée et si florissante, est auj. mal cultivée et presque déserte, à cause du mauvais air (malaria), qui y règne et qui engendre des fièvres mortelles et des maladies endémiques. Elle n'est guère habitée que par des pâtres misérables qui y font paître des troupeaux de buffles. Dans la partie S. O., le long de la mer, s'étendent les Marais-Pontins, qui répandent des exhalaisons méphitiques.

CAMPAN, ch.-l. de c. (H.-Pyrénées), sur l'Adour, à 7 kil. S. E. de Bagnères; 3137 hab. Très-belle vallée : on y visite l'abbaye de Médons, le vge de l'Esponne, le prieuré de St-Paul et le mont Aigu. Marbres, cristal de roche.

CAMPAN (Henriette GENEST, dame), née à Paris en 1752, morte en 1822, fut d'abord lectrice des tantes de Louis XVI, puis fut attachée à la personne de la reine Marie-Antoinette, et lui donna dans son malheur des preuves de dévouement. Après la Révolution, elle fonda dans la vallée de Chevreuse un pensionnat qui devint bientôt florissant et où fut élevée Hortense Beauharnais. Elle y fut remarquée du premier consul, Bonaparte, qui, parvenu à l'Empire, la plaça à la tête de la maison impériale d'Écouen (1805), où devaient être élevées les filles des officiers de la Légion d'honneur. Elle perdit cette position à la Restauration et se retira à Mantes. Cette femme distinguée s'attachait surtout, dans l'éducation des femmes, à former des mères de famille. On a d'elle des Mémoires sur Marie-Antoinette, 1822; un Traité de l'Éducation des femmes, 1823, un Journal anecdotique, 1824, et une Correspondance avec la reine Hortense, 1835.

CAMPANELLA (Thomas), philosophe, né en 1568, à Stillo, en Calabre, mort à Paris en 1639, entra de bonne heure dans l'ordre des Dominicains. Il attaqua la scolastique, et, par la hardiesse de ses opinions, se fit beaucoup d'ennemis. Accusé d'avoir conspiré contre les Espagnols, qui étaient alors maîtres de sa patrie, il se vit condamné à une détention perpétuelle (1599), et ne put sortir de prison qu'au bout de 27 ans, grâce à l'intervention du pape Urbain VIII, et après avoir subi plusieurs fois la torture. Il se réfugia en France, où Richelieu lui accorda une pension. Campanella avait conçu, vers le même temps que Bacon, le projet de reformer la philosophie et de la ramener à l'étude de la nature, qu'il appelait le Manuscrit de Dieu; mais trop faible pour une si vaste entreprise, il ne fit que substituer un nouveau système aux systèmes déjà connus. Il dérivait toutes nos connaissances de la sensation, et regardait toutes les parties du monde comme douées de sentiment. Ses principaux ouvrages sont : Philosophia sensibus demonstrata, Naples, 1591 : il y défend les dogmes de Télésio ; Prodromus philosophiæ instaurandæ, Francfort, 1617; Philosophia realis, Francfort, 1620 et 1623 (comprenant la physique, la morale, l'économie et la politique) ; Philosophia rationalis, Paris, 1638 (comprenant la grammaire, la dialectique, la rhétorique, la poésie, l'histoire) ; Universalis philosophia, traité de métaphysique; Atheismus triumphatus, où il combat l’athéisme, mais assez faiblement; Civitas solis, sorte d'utopie dans le genre de la République de Platon, qui forme l'appendice de sa Philosophia realis (elle a été trad. par Rosset et par Villegardelle, 1841). Il a aussi publié une Apologie de Galilée, 1622, et a écrit sur la magie et l'astrologie, auxquelles il donna trop de crédit. Il a laissé des Lettres et des Poésies (trad. par Mme Colet, 1844). Baldacchini a donné : Vie et philosophie de Campanella (en ital.), Naples, 1840, et M. Dareste, Th. Morus et Campanella, Paris, 1843.

CAMPANIE, Campania, auj. Terre de Labour, prov. de l'anc. Italie, sur la mer Inférieure, s'étendait du Liris au Silare, entre le Latium et la Lucanie, et confinait du côté de l'E. au Samnium. Villes principales, Capoue, Baies, Nole, Sora, Calatie, Neapolis, Veseris, Picentie, Saticule. Pays de plaines (campi), d'où son nom; un volcan (le Vésuve); sol fertile; beaucoup de jardins et lieux de plaisance, ce qui faisait appeler ce pays le Jardin de l'Italie. — La Campanie appartint d'abord aux Opiques, peuple de race sicule ou pélasgique; les Étrusques les chassèrent vers 600 avant J.-C., et fondèrent une confédération de 12 cités dont Vulturne (depuis Capoue) fut la plus remarquable; ceux-ci furent soumis à leur tour (420) par des Samnites qui prirent le nom de Campaniens, et qui formèrent un État ou une ligue indépendante du Samnium; enfin les Romains se rendirent maître du pays de 343 à 314 av. J.-C. Les riches couvrirent la Campanie de magnifiques villas; mais, quand le système des latifundia y eut été introduit, cette province, jadis si florissante, devint inculte et se dépeupla.

CAMPASPE, maîtresse d'Alexandre. V. APELLES.

CAMPBELL (les), célèbre clan d’Écosse, dans le comté d'Argile, pays où une ville porte encore le nom de Campbellstown, commença à jouer un rôle important au XIIIe siècle. Les Campbell combattirent vaillamment pour le roi d’Écosse Alexandre III, contre les Norvégiens, défendirent l'indépendance écossaise avec W. Wallace et Robert Bruce, prirent parti, sous Charles I, pour les Indépendants, signèrent en 1637 le covenant et figurèrent parmi les plus fermes soutiens du presbytérianisme : deux de leurs chefs payèrent de leur vie leur opposition aux Stuarts. V. ARGYLE (comtes d').

CAMPBELL (John), écrivain écossais, né à Édimbourg en 1708, mort en 1775, s'établit de bonne heure à Londres et y publia un grand nombre d'écrits historiques qui eurent du succès : Histoire militaire du prince Eugène et de Marlborough, 1736,; Vies des amiraux anglais, 1742-44; Tableau politique de la Grande-Bretagne, 1744. Il eut aussi une grande part à l’Histoire universelle, publiée à Londres en 60 vol., ainsi qu'à la Biographia Britannica, et édita plusieurs voyages, entre autres ceux d’Édouard Browne, 1739. Il occupa depuis 1765 le poste d'agent du roi pour la Géorgie (Amérique du Nord).

CAMPBELL (le docteur George), né à Aberdeen en 1719, mort en 1796, fut professeur de théologie à Aberdeen, puis directeur du collège Mareschal dans la même ville. On a de lui une Dissertation sur les miracles (1763), contre Hume, et la Philosophie de la Rhétorique, 1776, ouvrage fort estimé.

CAMPBELL (Thomas), poëte, né à Glasgow en 1777, mort en 1844, se fit connaître dès l'âge de 21 ans par un poëme didactique, les Plaisirs de l'Espérance (imité par Albert de Montémont, 1824); prit un rang élevé dans le genre lyrique en composant la Bataille de Hohenlinden, les Marins anglais, les Combats de la Baltique, le Dernier homme, et mit le sceau à sa réputation par son poëme de Gertrude de Wyoming (1809), qui brille à la fois par le pathétique des situations, par la vigueur, l'élégance et l'harmonie du style. On a aussi de lui les Annales de l'Angleterre, de l'avénement de George III à la paix d'Amiens, 1808. Th. Campbell dirigea le New Monthly Magazine de 1821 à 1831, organisa en 1825 l'Université de Londres, devint en 1827 recteur de l'Université d’Édimbourg, et reçut en 1843 le titre de poëte lauréat.

CAMPBELLTOWN, v. et port d’Écosse (Argyle), à 90 k. S. O. d'Inverary, sur la côte S. E. de la presqu'île de Cantyre ; 7000 h. Pêche du hareng. Fabriques de toiles ; distilleries d'eau-de-vie de grains.

CAMPE (J. Henri), le Berquin allemand, né en 1746 à Deensen (Brunswick), mort en 1818. Il fut quelque temps aumônier d'un régiment, mais, ne pouvant supporter le spectacle des horreurs de la guerre, il quitta cette carrière et se voua à l'éducation. Il dirigea à Dessau le célèbre philanthropinum, puis exerça à Hambourg ; devint ensuite chanoine et conseiller des écoles à Brunswick, et se retira en 1805 pour s'occuper seulement de travaux littéraires. Il fonda à Brunswick une librairie d'éducation qui eut beaucoup de succès, et obtint ainsi une grande aisance. Il a écrit pour l'enfance et la jeunesse une foule de petits ouvrages pleins d'intérêt. Les principaux sont : Robinson Crusoé en dialogues, qui eut plus de 40 éditions, la Découverte de l'Amérique, la Petite Bibliothèque des enfants ; Théophron ou le Guide des jeunes gens ; on les a réunis en une seule collection formant 37 petits vol., 1829-32. La plupart ont été trad. en français. On doit aussi à Campe d'utiles travaux sur la langue allemande.

CAMPÊCHE, v. du Mexique (Yucatan), sur le Rio-San-Francisco, près de son emb. dans la baie de Campêche, par 93° long. O., 19° 50' lat. N.; 15 000 h. Fortifications, bon port, consulat français. Commerce de cire. Cette ville fut longtemps l'unique entrepôt du bois de teinture dit bois de Campêche. — Elle a été assiégée et prise en 1659 par les Anglais, en 1678 par le corsaire Louis Scot, et en 1685 par les flibustiers des Antilles.

CAMPENON (Vincent), né à la Guadeloupe en 1772, mort en 1843, était neveu du poëte Léonard. Il s'annonça par des poésies fugitives, donna en 1809 la Maison des champs, poëme didactique, en 1811 l’Enfant prodigue, poëme élégiaque, qui firent sa réputation, fut admis à l'Académie en 1813, et devint chef de division, puis inspecteur de l'Université, et enfin secrétaire du cabinet du roi. On lui doit une traduction estimable d'Horace en vers, des traductions de l'anglais, des éditions de Léonard, Marot, Delille et d'intéressants Mémoires sur Delille, publiés en 1824. Ses Poëmes et Opuscules ont été réunis en 2 vol. in-18, 1823, et 1 vol. in-12, 1844.

CAMPER (Pierre), médecin et naturaliste hollandais, né à Leyde en 1722, mort en 1789, fit ses études sous Boerhaave, fut professeur de philosophie, de médecine et de chirurgie à Franeker, de là se rendit à Amsterdam et ensuite à Groningue, où il professa la médecine, l'anatomie et la botanique. Il parcourut presque toute l'Europe, et se lia avec les savants les plus distingués. Il joua aussi un rôle politique et fut membre du conseil d'État des Provinces-Unies. Camper découvrit la présence de l'air dans les cavités intérieures du squelette des oiseaux, et fut un des premiers à s'occuper d'anatomie comparée et de paléontologie. Il est surtout connu pour avoir essayé de mesurer le degré d'intelligence par le plus ou le moins d'ouverture de l’angle facial. Il a composé un grand nombre de traités et de mémoires sur la médecine, la chirurgie, la physiologie. Les principaux sont : Demonstrationes anatomicæ-pathologicæ, Amster., 1760-62; Dissertation sur les différences des traits du visage ; Discours sur l'art de juger les passions de l'homme par les traits de son visage ; Dissertation sur les variétés naturelles de l'espèce humaine. Jansen a publié une traduction de ses Œuvres sur l'histoire naturelle, la physiologie et l'anatomie comparée, 1803, 3 v. in-8. Camper était associé de l'Académie des sciences de Paris ; Condorcet et Vicq d'Azyr ont composé son Éloge.

CAMPERDUYN ou CAMPERDOWN. V. CAMPRED0N.

CAMPI LAPIDEI, auj. La Crau.

CAMPI PHLEGRÆI. V. PHLÉGRÉENS (Champs).

CAMPI RAUDII, plaine située près de Verceil, où Marius défit les Cimbres et les Teutons, 102 av. J.-C.

CAMPILE, ch.-l. de cant. (Corse), à 26 k. S. O de Bastia ; 907 h.

CAMPINE (de campus, plaine), vaste plaine qui s'étend en Belgique et en Hollande, à l'E. d'Anvers, entre les embouch. de l'Escaut et de la Meuse, n'est guère qu'une lande couverte de sable et de bruyère, et est fort peu peuplée ; on y remarque cependant Hoogstræten, Turnnout, Lierre, Gheel. On l'a récemment canalisée pour la mettre en valeur (1856).

CAMPISTRON (J. GALBERT de), poëte dramatique, né à Toulouse en 1656, mort en 1723, vint fort jeune à Paris, y connut Racine qui lui donna des conseils, obtint par sa protection la place de secrétaire du duc de Vendôme, suivit ce prince dans toutes ses guerres et se fit remarquer par sa bravoure. Il a fait un assez grand nombre de tragédies : il donna successivement, à dater de 1683 : Virginie, Arminius, Andronic, Alcibiade ; il a aussi composé des opéras, dont le meilleur est Acis et Galatée (musique de Lulli); une assez bonne comédie, le Jaloux désabusé, qui contribua à le faire admettre à l'Académie française en 1701. Campistron voulut imiter Racine ; mais, quoique sage dans ses compositions, il n'eut ni le talent de concevoir un plan ou une situation, ni la force poétique, et n'approcha jamais de son modèle : on l'a surnommé le singe de Racine. Ses œuvres ont été souvent imprimées, notamment en 1750, 3 vol. in-12.

CAMPITELLO, ch.-l. de canton (Corse), à 22 k. S. O. de Bastia ; 280 hab.

CAMPOBASSO, v. de l'anc. roy. de Naples, ch.-l. de la province de Sannio, à 84 kil. N. E. de Naples ; 8000 hab. Collége royal. Armes et coutellerie.

CAMPOBASSO (le comte de), condottiere napolitain, issu de la maison française de Montfort, se mit d'abord au service de Charles le Téméraire, duc de Bourgogne, mais abandonna ce prince à la suite d'un affront qu'il en avait reçu : au siége de Nancy, 1477, il passa du côté de René, duc de Lorraine, et contribua au gain de la bataille où périt Charles.

CAMPOFORMIO, v. de Vénétie (Frioul), à 7 kil. S. O. d'Udine ; 1800 hab. Célèbre par le traité de paix entre la France et l'Autriche, qu'y signa Bonaparte, le 17 octobre 1797 : l'Autriche cédait les Pays-Bas autrichiens, ainsi que les pays d'Empire jusqu'au Rhin, et reconnaissait la République cisalpine ; la France lui accordait en échange Venise et les possessions vénitiennes.

CAMPOMANÈS (D. Pedro Rodriguez de), ministre espagnol, né dans les Asturies en 1710, mort vers 1800, fut nommé en 1765 par Charles III fiscal du conseil de Castille ; devint en 1788, sous Charles IV, président de ce conseil et ministre, et s'efforça, pendant son administration, de relever Je commerce et l'industrie ; mais les intrigues de Florida Blanca, favori de Charles IV, le firent disgracier en 1788. Campomanès a publié plusieurs ouvrages sur l'économie politique et sur l'administration de l'Espagne, ainsi que des Recherches sur Carthage, avec une trad. du Périple d'Hannon, 1756.

CAMPO-SANTO, c.-à-d. champ sacré. On nomme ainsi tout cimetière en Italie, mais plus spécialement certaines sépultures consacrées à des hommes distingués et entourées de portiques dont les murailles sont peintes à fresque. On connaît surtout ceux de Pise, de Naples et de Bologne.

CAMPO-SANTO, v. de l'anc. duché de Modène, sur le Panaro, à 22 kil. N. O. de Modène. Victoire des Espagnols sur les Autrichiens, 1743.

CAMPRA, compositeur français, né en 1660 à Aix, mort en 1744, s'exerça d'abord dans la musique sacrée et se fit une réputation par ses motets, puis travailla pour le théâtre. Il débuta par l’Europe galante, ballet qui eut un grand succès, et donna une foule d'autres pièces, opéras et ballets : Hésione, Iphigénie en Tauride, Idoménée, le Carnaval de Venise, etc. Il donna aux chœurs un grand développement. Campra se place entre Lulli et Rameau.

CAMPREDON, v. forte de Catalogne, sur le Ter, à 60 kil. N. O. de Girone. Prise par les Français en 1689 et 1794.

CAMPREDON, en holl. Camperdwyn, cap et bourg des Pays-Bas (Hollande septentr.), au S. du Texel. L'amiral anglais Duncan y battit l'amiral hollandais De Winter, 1797, ce qui lui valut le titre de vicomte de Campredon.

CAMULOGÈNE, général gaulois, chef des Parisii, défendit Lutèce contre les troupes de Labienus, lieutenant de César, et périt en 51 av. J.-C. dans une bataille livrée près de cette ville, sur le terrain qui forme aujourd'hui la plaine de Vaugirard (Voy. les Commentaires de César, liv. VII).

CAMUS, famille noble et ancienne de Bourgogne, a formé deux branches principales, celles de Marcilly (près d'Auxonne) et de Pontcarré (en Brie), et a produit plusieurs hommes remarquables :

Perrenot Camus de Marcilly (1470-1550), maire et capitaine d'Auxonne, défendit vaillamment cette ville contre Lannoy, général de Charles-Quint, et le força de lever le siége (1526). — Geoffroy Camus de Pontcarré (1539-1626), conseiller au parlement, accompagna Henri III aux États de Blois, s'efforça de le dissuader du meurtre de Guise, tenta dès 1585 de rapprocher Henri III et le roi de Navarre, pacifia la Provence agitée par la rivalité de La Valette et d'Épernon, et fut en récompense nommé par Henri IV 1er président du parlement de Provence. — J. Pierre Camus (1582-1652), évêque de Belley, ami de S. François de Sales, député du clergé aux États généraux de 1614, tenta de réformer les abus du clergé et des couvents, et attaqua avec véhémence, soit en chaire, soit dans ses écrits, les désordres des moines mendiants. Ne se voyant pas soutenu par Richelieu, il quitta son diocèse et se retira dans son abbaye d'Aunay (près de Caen). On a de lui un nombre prodigieux d'écrits, où l'on trouve plus de zèle que de goût, mais qui tous prouvent de l'esprit. On remarque dans le nombre les romans spirituels qu'il opposa aux romans d'amour alors en vogue (on connaît surtout Palombe ou la Femme honorable); un traité de l’Avoisinement des Protestants de l'Église romaine (1640), qui fraya la voie à l’Exposition de la foi de Bossuet; l’Esprit de S. François de Sales, 1641, 6 vol. in-8, plusieurs fois réimprimé. — Nic. Pierre C. de Pontcarré, 1er président du parlement de Normandie, en 1703, concourut puissamment à prévenir la disette, maintint l'ordre au milieu des circonstances les plus critiques, et sauva au péril de ses jours l'intendant de Courson, poursuivi par le peuple comme accapareur. — Geoffroy Macé C. de Pontcarré, son fils, le remplaça comme 1er président de Normandie (1726), fit de grands sacrifices pour soulager les pauvres dans la famine de 1741, et mérita le surnom de Père du peuple. Il fut un des fondateurs de l'Académie de Rouen.

CAMUS (Ch. Ét. Louis), mathématicien, né en 1699 à Cressy en Brie, mort en 1768, membre de l'Acad. des sciences de Paris, de la Société royale de Londres, examinateur des ingénieurs et du corps royal de l'artillerie de France, professeur et secrétaire particulier de l'Académie d'architecture, est auteur d'un Cours de mathématiques, Paris, 1766, en 4 vol. in-8, qui a eu longtemps la vogue. Il fut envoyé dans le Nord en 1736 pour y déterminer la mesure de la terre.

CAMUS (Armand Gaston), jurisconsulte, né à Paris en 1740, mort en 1804, fut d'abord avocat du clergé au parlement, puis fut député par les électeurs de Paris à l'Assemblée constituante et à la Convention. Fervent janséniste, il fut un des hommes les plus honnêtes de la Révolution. Il se distingua par son caractère stoïque et par ses efforts pour porter l'économie dans toutes les parties de l'administration. Il fut un des commissaires envoyés en Belgique par la Convention pour arrêter le général Dumouriez; mais celui-ci les prévint et les livra aux Autrichiens. Il fut échangé en 1795 contre la fille de Louis XVI. En 1796, il entra au conseil des Cinq-Cents. Il avait été nommé en 1792 archiviste national et bibliothécaire du Corps législatif; il conserva ces fonctions jusqu'à sa mort. Il a publié : Lettres sur la Profession d'avocat, 1772, qu'il compléta en 1777 par sa Bibliothèque de droit, et qui ont été reproduites par M. Dupin sous le titre de Manuel de l'avocat, et beaucoup d'écrits sur les matières ecclésiastiques. Camus cultivait aussi avec succès la littérature grecque : on lui doit des trad. de l’Histoire des animaux d'Aristote, Paris, 1783 (c'est la 1re qui ait été publiée en français); du Manuel d'Épictète et du Tableau de Cébès, 1796 (ce dernier travail fut fait pendant qu'il était dans les prisons de l'Autriche). Ces travaux le firent admettre de bonne heure à l'Académie des inscriptions et belles-lettres.

CANA, v. de Galilée (Zabulon), à 44 k. S. E. d'Acre, porte encore le même nom. Jésus, invité à une noce dans cette ville, y fit son 1er miracle en changeant l'eau en vin. Ce miracle est le sujet d'un beau tableau de Paul Véronèse (au Musée du Louvre).

CANADA, vaste contrée de l'Amérique du Nord (possessions anglaises), située entre 42°-51° lat. N. et 61°-95° long. O., a pour bornes au N. le Labrador, la mer Hudson et la Nouv. Galles mérid., à l'O. de vastes solitudes, au S. les États-Unis, à l'E. le Nouv.-Brunswick, le golfe St-Laurent et l'Océan Atlantique; 2200 k. sur 900; env. 2 600 000 h., la plupart d'origine française. Il est arrosé par le St-Laurent, l'Ottawa, la Niagara, etc. Il se divise en deux parties : Haut-Canada ou occidental, au S. O., et Bas-Canada ou oriental, au N. E.

Le Haut-Canada est borné au N. et à l'O. par la Nouv.-Galles mérid., au S. par l'État de New-York, dont il est séparé par le golfe de St-Laurent et la chaîne des grands lacs, au N. E. et à l'E. par le Bas-Canada. Sa population, qui, en 1783, n'était que de 10 000 individus, peut être évaluée auj. à 1 400 000 hab. Ch.-l., York ou Toronto; villes principales : Ottawa, Kingston, Niagara, Brockville, Chippeway. Le Ht-Canada renferme une moitié des grands lacs Ontario, Érié, St-Clair, Huron, Supérieur, lac des Bois. On y compte un grand nombre de canaux dont le principal est le Rideau.

Le Bas-Canada est borné à l'E. par le Maine et le golfe de St-Laurent; au S. O. et à l'O. par le Haut Canada; population, 70 000 en 1763, auj. 1 225 000 Ch.-l., Québec; villes principales : Montréal, trois-Rivières, William-Henry, New-Carlisle, St-John's.

Le Canada est encore couvert dans sa plus grande partie dévastes forêts vierges; on y exploite entre autres essences le pin balsamique, dont on tire un vernis dit Baume du Canada. Le sol est très-fertile en grains et en fruits; il renferme de riches mines de fer, de plomb et de mercure. Le climat est assez froid. Le commerce y prend de grands accroissements; l'instruction publique y est très-développée.

Le Vénitien Cabot, au service de l'Angleterre, découvrit le Canada en 1497; le Français J. Denys, de Harfleur, et le Vénitien Verazzani, au service de François Ier, visitèrent le golfe St-Laurent en 1506 et 1523; ils furent suivis par les Espagnols qui, n'ayant trouvé sur les côtes aucune trace de mines d'or ou d'argent, se retirèrent en répétant, dit-on, le mot acanada (ici rien); ce mot, répété plus tard par les indigènes aux Français, aurait été pris par ceux-ci pour le nom de la contrée. On fait aussi dériver Canada d'un mot iroquois qui signifie réunion de cabanes. Quoi qu'il en soit, Jacques Cartier remonta le St-Laurent en 1534, prit possession de tout le pays au nom de François I et l'appela Nouvelle-France. La Roque de Roberval, nommé vice-roi en 1542, fonda non loin de l'endroit où depuis fut bâti Québec le fort de Charlebourg. En 1608, Samuel Champlain jeta les fondements de Québec. Une compagnie française se forma en 1617 pour exploiter la colonie. Les Anglais avaient déjà tenté plusieurs fois (1629, 1711), mais inutilement, de s'en emparer, lorsque la guerre éclata avec la France en 1754. Après de nombreux combats, dans l'un desquels succomba le brave Moncalm, les Anglais finirent par conquérir tout le Canada, en 1759 et 1760; il leur fut définitivement cédé en 1763 par le traité de Paris. Au commencement de la guerre de l'indépendance, les Américains envahirent le Canada (1775), mais sans succès. Le Bas-Canada fut, en 1812, le théâtre de longues hostilités entre les Anglais et les Américains. — Dès 1791, un arrêt du parlement anglais proclama la séparation du Haut et du Bas-Canada. Ce dernier est régi en grande partie par l'anc. coutume de Paris, et les habitants ont encore conservé les mœurs françaises; le Catholicisme y domine. Les habitants du Haut-Canada sont plus Anglais, et professent en grande partie la religion de la métropole. Des restrictions apportées au commerce et à la liberté ayant excite de grands mécontentements, surtout dans la population française, il éclata au Canada en 1838 et 1839 de violentes insurrections : l'Angleterre est parvenue à les comprimer; néanmoins, il y subsiste encore un parti puissant qui aspire à l'indépendance et qui veut l'annexion du pays aux États-Unis. Les deux Canadas ont été réunis en 1840. Le siége du gouvernement commun, établi d'abord à Kingston, puis à Montréal, a été récemment fixé à Ottawa (1859), après une vive opposition. M. F. X. Garneau a donné une bonne Histoire du Canada, Québec, 1849-1852, 3 vol. in-8.

CANADIENNE (riv.), riv. de l'Amérique sept., sort des monts Rocheux, traverse le désert qui occupe le N. E. du Mexique, arrose l'O. de l'État d'Arkansas, puis tombe dans l'Arkansas par 97° 20' long. O., 35° lat. N., après un cours de 1000 kil.

CANAL de.... V. le nom qui suit CANAL.

CANALETTO (Ant.), peintre vénitien, 1697-1768, réussit d'abord dans des décorations de théâtre, puis peignit des Vues de Venise qui sont très-recherchées; il se servait avec avantage de la chambre obscure pour les lignes de ses tableaux. Il se distingue par la justesse de ses effets, par la transparence des fonds et des ciels. On admire surtout ses vues du palais ducal de Venise et de la place St-Marc. Ses Vues ont été gravées, Venise, 1742, in-fol.

CANANOR, v. de l'Inde anglaise (Madras), sur la mer d'Oman, au fond de la petite baie de Cananor; 10 500 hab. Commerce assez actif avec l'Arabie, Sumatra et tout l'Hindoustan. Petit fort, bâti par les Portugais en 1501. Cananor fut autrefois le ch.-l. d'un petit État qui était gouverné par des femmes. Elle fut prise en 1664 par les Hollandais, qui en furent chassés par Tippoo-Saëb; les Anglais la prirent en 1790 et y établirent leur principale station militaire du Malabar.

CANARIE (la Grande), île de l'archipel des Canaries, la plus grande après Ténériffe, par 17° 43'-18° 11' long. O., et 27° 45'-28° 14' de lat. N.; 45 kil. de diamètre; 55 000 bab. Ch.-l., Palmas. Côtes inaccessibles, si ce n'est du côté d'Isleta, presqu'île située au N. E. La baie de Palmas est une rade excellente.

CANARIES (îles), Insulæ Fortunatæ, groupe d'îles de l'Océan Atlantique, appartenant à l'Espagne, à 150 kil. de la côte N. O. de l'Afrique, entre 15° 40' et 20° 30' long. O., 27° 39' et 29° 30' lat. N. On en compte 7 principales : Ténériffe, Portaventura, Canarie, Palma, Lancerote, Gomera, et l'île de Fer ; env. 260 000 h. Ces îles, de formation volcanique, offrent des côtes escarpées, des montagnes très-hautes, entra autres le pic du Ténériffe, qu'on voit à près de 200 k. en mer. Le climat des Canaries, supportable au N. et à l'O., est d'une chaleur accablante et mortelle au S. et au S. E. Le sol y est d'une fertilité extrême; on élève dans toutes ces îles une grande quantité de bétail; on y exploite avec grand profit la cochenille. Vins exquis; serins renommés. — Les Phéniciens et les Carthaginois ont eu jadis des comptoirs aux îles Canaries; mais après la ruine de Carthage, ces îles furent perdues de vue, et le nom seul d’îles Fortunées resta dans le souvenir des navigateurs. Retrouvées en 1330 par des Français, elles furent visitées peu après par des navigateurs espagnols qui en prirent possession pour le roi de Castille. En 1345, elles formèrent un petit royaume pour un des infants de La Cerda. En 1402, les îles Fortaventura, Gomera et de Fer furent soumises, pour le roi de Castille, par Jean de Béthencourt, gentilhomme cauchois; la soumission des Canaries ne fut complète qu'en 1512, après l'extermination des Guanches, peuple indigène qui parait être d'origine berbère, et qui avait atteint un degré assez élevé de civilisation. Les Africains de la côte N. O. firent jusqu'en 1749 de fréquentes tentatives pour s'emparer des Canaries. — Le premier méridien passait jadis par l'île de Fer.

CANARIS. V. KANNARIS.

CANAYE (Philippe), sieur de Fresne, né à Paris en 1551, mort en 1610, fut conseiller d'État sous Henri III, puis ambassadeur en Angleterre, en Allemagne et à Venise sous Henri IV. Il avait été élevé dans le Calvinisme et s'était converti au Catholicisme. Il a laissé une relation de ses ambassades et des Mémoires, 3 vol. in-fol., 1635; on lui doit aussi une trad. française ou plutôt une analyse de l’Organon d'Aristote, In-fol., 1589. — Jean Canaye, jésuite, 1594-1670, a célébré la prise de La Rochelle dans un gros livre : Ludovici XIII triumphus de Rupella capta, 1628. in-fol. On a sous le titre de Conversation du maréchal d'Hocquincourt et du P. Canaye, un écrit satirique attribué à Charleval, où la subtilité des Jésuites est ridiculisée. — Étienne Canaye, 1694-1782, membre de l'Académie des inscriptions, ami de Fontenelle et de d'Alembert, a donné de bons Mémoires sur Thalès, Anaximandre, etc.

CANCALE, ch.-l. de c. (Ille-et-Vilaine), à 13 kil. N. E. de St-Malo, sur la côte O. de la baie de Cancale; 3115 h. On y distingue la ville, située sur une hauteur, et le port nommé La Houle. Les rochers de Cancale fournissent d'excellentes huîtres.

CANCHE (la), riv. de France (Pas-de-Calais), naît près d'Estrées, baigne Hesdin, Montreuil, Étaples, et se jette dans la Manche. Cours, 80 kil.

CANCLAUX (J. B. Camille, comte de), général français, né à Paris en 1740, m. en 1817, servit la cause républicaine, eut deux fois le commandement en chef de l'armée de l'Ouest, et sauva Nantes attaqué par 60 000 Vendéens. Il fut envoyé à Naples en 1797 en qualité d'ambassadeur et fut fait sénateur en 1804.

CANCON, ch.-l. de c. (Lot-et-Garonne), à 15 kil. N. O. de Villeneuve-d'Agen; 551 hab.

CANCRIN (le comte George), ministre en Russie, né en 1774 à Hanau, m. en 1845 à St-Pétersbourg, était fils de Louis Cancrin (1738-1816), Hessois, à qui l'on doit un bon Traité des mines et salines. Intendant général de l'armée en 1812, G. Cancrin devint en 1823 ministre des finances. Pendant 20 ans qu'il occupa ce poste, il augmenta le revenu public par une habile administration; il fonda des écoles de commerce, de navigation, des eaux et forêts, et mérita d'être surnommé le Colbert de la Russie. On lui doit un ouvrage estimé sur l’Économie militaire, 1823, en all.

CANDACE, reine d’Éthiopie au temps d'Auguste, fit une irruption en Égypte l'an 20 av. J.-C. et pilla toutes les villes sur son passage jusqu'à Éléphantine. Battue enfin par les troupes romaines, elle demanda la paix et rentra dans ses États. — Il y eut plusieurs autres reines du même nom en Éthiopie. Les Actes des Apôtres, VIII, 27-39, mentionnent une d'entre elles, dont un ministre fut converti et baptisé par S. Philippe. — On a pensé que le mot Candace pouvait signifier reine chez les Éthiopiens, comme Pharaon signifiait roi chez les Égyptiens.

CANDAHAR. V. KANDAHAR.

CANDAULE, roi de Lydie, 735-708 av. J.-C. On raconte que ce prince était si vain de la beauté de sa femme, qu'il voulut la faire voir à son favori Gygès pendant qu'elle était dans le bain : celle-ci l'ayant su s'indigna d'un tel affront, força Gygès à tuer Candaule, puis l'épousa et le fit asseoir sur le trône. Avec Candaule finit la dynastie des Héraclides.

CANDÉ, ch.-l. de cant. (Maine-et-Loire), sur l'Erdre, à 39 k. N. d'Angers, et à 89 S. O. de Segré; 1826 h. Mines de fer aux environs.

CANDEICH, v. de l'Inde anglaise. V. KANDEICH.

CANDEILLE (P. Joseph), compositeur, né en 1744 à Estaires (Nord), mort en 1827, d'abord chef de chant au grand opéra, quitta le théâtre pour s'adonner à la composition et devint professeur à l'École de chant. On a de lui, outre des motets, la musique de plusieurs opéras : Castor et Pollux, dont les paroles étaient de Gentil Bernard, est celui qui eut le plus de succès (1791). Sans être créateur, cet artiste avait de la force dramatique et le sentiment de la scène. — Julie Candeille, sa fille, née à Paris en 1767, morte en 1834, se distingua comme comédienne et comme auteur. Elle fit représenter au Théâtre-Français, en 1792, Catherine ou la Belle fermière, comédie en 3 actes et en prose, qui eut une vogue prodigieuse; elle fut moins heureuse dans la Bayadère, comédie en 5 actes et en vers.

CANDELARIA, pet. v. de la Plata (Corrientes), à 250 k. E. de Corrientes, sur la r. g. du Parana. Belle église. Ch.-l. de mission sous les Jésuites.

CANDIAC (MONTCALM de). V. MONTCALM.

CANDIANO, famille vénitienne qui a donné cinq doges à la république de Venise dans les IXe et Xe s. Le premier, Pierre Candiano, fut élu en 887, et périt 5 mois après dans un combat naval contre les Narentins (en Dalmatie) et les Esclavons. — Son fils, Pierre II, doge en 932, fit la guerre avec succès aux Narentins, et mourut en 939. — Pierre III, 3e fils du préc., fut élu en 942. Pendant son gouvernement, des pirates de Trieste ayant enlevé, dans l'église même de Castello, 12 jeunes Vénitiennes qu'on allait marier, il les poursuivit avec toutes les galères de Venise, et leur enleva leur proie après un combat acharné. Une fête annuelle fut instituée en commémoration. — Pierre IV, fils de Pierre III, succéda à son père en 959. Il déploya des talents pour la guerre et l'administration; mais son faste et son orgueil lui suscitèrent de puissants ennemis : une révolte, dirigée par Urséolo, éclata en 976, et Pierre Candiano fut massacré avec son fils. — Son frère, Vital Candiano, fut élu en 978. Après 14 mois de règne. il revêtit l'habit de moine dans le couvent de St-Hilaire, où il mourut 4 jours après.

CANDIDUM PROMONTORIUM, nom lat. du cap BLANC.

CANDIE (île de), Crète, grande île de la Méditerranée, au S. E. de la Morée et au S. O. de l'Anatolie; env. 250 000 h., Grecs pour la plupart; ch.-l. Candie. On la divise en 3 livahs, Candie, la Canée et Retimo. Île montagneuse, dont le principal sommet est le Psiloriti (Ida); marbre, albâtre; sol fertile en grains, coton, fruits, miel, huile; vins estimés, surtout les vins dits de Malvoisie. — Cette île changea son nom de Crète (V. ce mot) en celui de Candie après avoir été conquise par les Arabes, qui y fondèrent en 823 la ville de Candie (en arabe Kandah, retranchement). Nicéphore Phocas la reprit en 961. Venise l'acquit après la prise de Constantinople par les Croisés en 1204. Les Turcs la lui enlevèrent en 1669, après une longue guerre. Elle fut cédée en 1833 par le sultan au pacha d’Égypte, qui la lui rendit en 1841. Elle s'est depuis insurgée plusieurs fois contre les Turcs, mais sans succès.

CANDIE, Heraclæa, capit. de l'île de Candie, sur la côte N.; 15 000 h. Archevêché grec Château, port pour les barques; les gros bâtiments mouillent à l'île Dia, qui est vis-à-vis. — Elle fut fondée par les Arabes en 823; commerçante sous les Vénitiens, elle est auj. bien déchue. Les Turcs la prirent après un siége célèbre, qui dura de 1645 à 1669. Ruinée en 1856 par un tremblement de terre.

CANDOLLE (Aug. Pyrame de), botaniste, né à Genève en 1778, mort en 1841, était issu d'une famille calviniste de Provence qui s'expatria. Venu à Paris pour étudier la médecine, il prit le goût de la botanique au cours de Desfontaines, donna dès 1799 une Histoire des plantes grasses, publia bientôt après un Essai sur les propriétés médicales des plantes, aida Lamarck à refondre la Flore française, reçut en 1806 la mission de parcourir tout l'Empire pour reconnaître l'état de l'agriculture; publia à son retour trois beaux rapports sur ce sujet (dans les Mémoires de la Société d'agriculture, 1807-1813), obtint en 1808 la chaire de botanique à la Faculté de Médecine de Montpellier, et donna en 1813 la Théorie élémentaire de la botanique, son chef-d'œuvre : il y enseignait les rapports naturels qu'ont entre elles les diverses parties de la plante et analysait la valeur de chacune de ces parties. Persécuté en 1815 comme pour avoir accepté pendant les Cent-Jours les fonctions de recteur de l'Académie de Montpellier, il se retira à Genève, où fut créée pour lui une chaire d'histoire naturelle, avec un jardin botanique, et fut élu membre du conseil souverain. Il entreprit en 1818 de donner la description de toutes les plantes connues, et publia les deux premières parties de ce grand travail (Regni vegetabilis systema naturale, 1818-1821); mais cette publication, conçue sur de trop vastes proportions, n'ayant pu se continuer, il la reprit dans un ouvrage plus abrégé, Prodromus regni vegetabilis, continué après sa mort par son fils (14 vol. in-8, 1824-1862). On lui doit encore l’Organographie (2 vol. in-8, 1827) et la Physiologie végétale (3 vol. in-8, 1832), qui, avec la Théorie élémentaire, forment un corps de science complet. Outre ces divers ouvrages, De Candolle a donné un grand nombre de mémoires et d'articles détachés, parmi lesquels on remarque ses Expériences relatives à l'influence de la lumière sur les végétaux et sa Géographie botanique. De Candolle est le seul qui, depuis Linné, ait embrassé toutes les parties de la science des végétaux avec un génie égal. S'attachant à découvrir les lois intimes, il suivit les organes des plantes dans toutes leurs transformations, et expliqua les anomalies apparentes; il fit triompher définitivement la méthode naturelle, et poussa aussi loin que possible la classification : il portait à la fin de sa carrière le nombre des espèces connues à 80 000. De Candolle était associé étranger de l'Institut. M. Flourens a prononcé son Éloge à l'Académie des sciences, 1842. Il a laissé lui-même des Mémoires sur sa vie. — Son fils, Alphonse de Candolle, associé de l'Institut, lui succéda dans sa chaire à Genève, et continua ses publications.

CANDY, v. de l'île de Ceylan, dans l'intérieur, se compose d'une rue unique de 3 kil. de long.; 3000 h. Nombreux temples de Bouddha. Candy a été plusieurs fois brûlée par les Européens. C'était jadis la capit. d'un petit État situé au centre de l'île. Les Anglais s'en sont rendus maîtres en 1815.

CANÉE (LA), Cydonia, v. de l'île de Candie, sur la côte N.; 12 300 h. Citadelle, port avec phare. Consulats français, anglais, russe. C'est la ville la plus commerçante de l'île. Elle appartient aux Turcs depuis 1645.

CANÉPHORES, c.-à-d. en grec porteuses de corbeilles. On nommait ainsi à Athènes de jeunes filles de distinction attachées au service de Minerve, qui portaient sur leur tête, à la procession des Panathénées, des corbeilles entourées de guirlandes de fleurs et remplies d'objets consacrés au culte. CANFRANC, bourg d'Espagne (Huesca), à 16 k. N. de Jaca. Près de là est le col de Canfranc, passage très-fréquenté d'Espagne en France.

CANIGOU, haute mont. des Pyrénées, dans le dép. des Pyrén. orientales, à 10 kil. S. de Prades; 2785m.

CANINA (L.), architecte et antiquaire piémontais, né en 1795 à Casal, mort en 1856, se fixa de bonne heure à Rome où il s'occupa de recherches archéologiques, devint architecte du prince Borghèse, et fut chargé par Pie IX de diriger les fouilles de la voie Appia. Il a publié en italien un grand nombre d'ouvrages sur la Topographie de Rome, sur la Campagne romaine; l’Étrurie, la Voie Appienne, et a beaucoup ajouté aux connaissances qu'on possédait.

CANINÉFATES, tribu batave, occupait l'O. de l'île des Bataves, sur les bords de la mer de Germanie.

CANINO, ville de l’État ecclésiastique, à 26 kil. N. O. de Viterbe. Palais donné à Lucien Bonaparte par Pie VII avec le titre de prince du Canino.

CANISIUS (P.), jésuite de Nimègue dont le nom hollandais était De Hondt (le Chien), né en 1524, mort en 1597, enseigna dans plusieurs colléges de son ordre, fonda ceux de Prague, d'Augsbourg, de Fribourg en Suisse, et rédigea pour l'enseignement de la religion un excellent précis : Summa doctrinæ christianæ, 1554, connu sous le nom de Grand Catéchisme, et traduit en plusieurs langues, notamment en français par l'abbé Peltier, 1857. Il donna lui-même de cet ouvrage un abrégé, le Petit Catéchisme, qui devint populaire. — Henri Canisius, son neveu, professeur de droit canon à Ingolstadt, mort en 1610, a donné Antiquæ lectionæ ad historiæ mediæ ætatis, recueil précieux, quoique indigeste; de pièces relatives à l'histoire ecclésiastique.

CANISY, ch.-l. de cant. (Manche), à 8 kil. S. O. de St-Lô; 235 hab. Draps, coutils, beau château.

CANNAY, une des Hébrides, à 17 kil. S. O. de Sky; 500 hab. Mont dit de la Boussole, où l'aiguille aimantée varie d'un quart de cercle à l'O.

CANNES, Cannæ, vge d'Italie, dans l'anc. Apulie (Capitanate), sur l'Aufide, à 11 kil. S. O. de la ville actuelle de Barletta. Annibal y tailla en pièces, l'an 116 av. J.-C, l'armée des Romains, commandée par Varron et par Paulus Æmilius, qui y périt avec 50 000 des siens.

CANNES, Ægitna ou ad Horrea, v. et port de France, ch.-l. de cant. (Alpes marit.), à 17 kil. S. E. de Grasse, sur le golfe de Napoule; 7357 hab. Site enchanteur, air très-doux. Vins, huiles, savons, parfumerie. Napoléon y débarqua à son retour de l'île d'Elbe, le 1er mars 1815.

CANNIBALES, nom donné vulgairement aux Caraïbes (V. CARAÏBES), est devenu synonyme d'anthropophages, à cause de l'usage où étaient les Caraïbes de dévorer leurs prisonniers.

CANNING (Georges), ministre anglais, né à Londres en 1770, mort en 1827, publia, dès l'âge de 16 ans, le Microcosme, journal littéraire plein de goût et de fine raillerie, entra en 1793 à la Chambre des Communes, où il se fit bientôt remarquer par son éloquence; prit parti pour Pitt, qui le fit nommer sous-secrétaire d'État en 1796, et devint ministre des affaires étrangères en 1807 : il souilla son administration par l'inique bombardement de Copenhague. Il se retira en 1809, à la suite d'un duel avec son collègue Castlereagh, et resta quelque temps éloigné du gouvernement ; mais il fut rappelé en 1822, comme ministre des affaires étrangères, et devint premier ministre en 1827. Il se montra plus favorable qu'auparavant aux idées libérales, s'unit aux whigs, appuya l'émancipation des catholiques d'Irlande, détacha son pays de la Sainte-Alliance, et prépara l'indépendance de la Grèce. Il mourut au milieu de ses travaux. Il avait cultivé la poésie avec succès dans sa jeunesse; son poëme de l’Esclavage de la Grèce révèle une imagination brillante en même temps qu'un vif amour de la liberté.

CANO (Diego), marin portugais. V. CAM (Diégo).

CANO (Sébastien DEL), navigateur espagnol, né vers 1460 à Guetaria près de St-Sébastien, fit partie de l'escadre de Magellan, reçut en 1521, après les désastres arrivés à ce célèbre navigateur, le commandement du vaisseau la Victoire; reconnut les îles d'Amboine, de Solor et de Timor, 1522, doubla avec beaucoup de peine le cap de Bonne-Espérance, et revint dans sa patrie en 1522, avec la gloire d'avoir le premier fait le tour du monde. Il mourut en 1526 dans un 2e voyage aux Indes orientales.

CANO (Alonzo), sculpteur, peintre et architecte, né à Grenade en 1601, mort en 1667, mérita d'être appelé le Michel-Ange de l'Espagne. Il obtint la faveur du duc d'Olivarez, qui le fit nommer en 1638 maître des œuvres royales et peintre de la chambre. Comme sculpteur, il se fit connaître par trois statues de grandeur naturelle, représentant la Vierge avec l'enfant Jésus, S. Pierre et S. Paul; comme architecte, il érigea un arc de triomphe à Madrid lors de l'entrée solennelle de Marie-Anne d'Autriche, 2e femme de Philippe IV; comme peintre, il fit un grand nombre de tableaux estimés qui ornent la plupart des grandes églises de l'Espagne, notamment une Conception de la Vierge, une Madeleine en pleurs, le Miracle del Poso de San-Isidoro et le Christ sur le Calvaire. Des malheurs domestiques, suite d'une vie désordonnée, le déterminèrent à chercher la retraite : il finit ses jours dans un couvent de Grenade. Les qualités qui le distinguent comme peintre sont un pinceau suave et gracieux, un dessin pur, naïf et en même temps majestueux, un coloris savant, une composition sage et pleine de goût, une exécution soignée jusque dans les mains et les pieds.

CANONGATE. V. ÉDIMBOURG.

CANOPE, dieu des eaux chez les Égyptiens. Il est représenté sous la forme d'un vase surmonté d'une tête d'homme ou d'animal. Ce ne fut probablement dans l'origine qu'un vase destiné à filtrer les eaux limoneuses du Nil ou un vase gradué, contenant différentes mesures d'eau et faisant connaître la crue plus ou moins abondante du fleuve; les figures dont il est surmonté indiquaient les signes du zodiaque auxquels cette crue correspondait. — On donnait aussi le nom de canopes à des vases où l'on gardait l'eau du Nil pour la boire, ainsi qu'à des espèces d'urnes où l'on renfermait le corps d'animaux sacrés ou qu'on plaçait auprès des momies.

CANOPE, Canopus, auj. Aboukir? anc. ville de la Basse-Égypte, entre Bouto et Alexandrie, à l'embouchure d'une branche du Nil dite Canopique. Célèbres temples de Sérapis et du dieu Canope. Les Grecs disaient que la ville devait son nom à un Grec, pilote de Ménélas qui y périt.

CANOSA, Canusium, v. d'Italie (Terre de Bari), à 68 kil. O. de Bari : 8000 hab. Fondée, dit-on, par Diomède, et fort importante jadis. C'est là que les débris de l'armée romaine se réfugièrent après la défaite de Cannes. Ruines antiques, restes de tombeaux taillés dans le roc. La ville a beaucoup souffert du tremblement de terre de 1694.

CANOSSA, bourg de l'anc. duché de Modène, à 18 k. S. O. de Reggio, sur une montagne; 1200 hab. Anc. château qui appartint à la grande-comtesse Mathilde, et où l'empereur Henri IV vint s'humilier devant le pape Grégoire VII.

CANOURGUE (LA) V. LA CANOURGUE.

CANOVA (Antoine), sculpteur italien, né en 1757 à Possagno, dans l’État vénitien, mort à Venise en 1822, fut appelé à Rome en 1779, après avoir remporté plusieurs prix à l'Académie des beaux-arts de Venise. Il y donna successivement plusieurs ouvrages qui le mirent bientôt au premier rang des sculpteurs modernes, et dans lesquels il sut allier l'imitation de la nature avec les beautés idéales de l'antique. Ses principaux ouvrages sont : Thésée assis sur le Minotaure vaincu; le mausolée de Clément XII, dans la basilique de Saint-Pierre, le mausolée de Clément XIV, en marbre, dans l'église des Saints-Apôtres; Psyché enfant, debout, tenant par les ailes un papillon posé dans sa main; le mausolée d’Alfieri, dans l'église de Santa-Croce à Florence; Washington, pour le sénat de la Caroline, la Madeleine, Orphée et Eurydice, Dédale et Icare, Adonis et Vénus, Endymion, Vénus victorieuse (Pauline Bonaparte), Polymnie (Élisa Bonaparte),etc. Il cultiva aussi la peinture avec succès. Canova avait été appelé plusieurs fois à Paris par Bonaparte : il revint en 1815, chargé par le pape de présider à la reconnaissance et à la translation des monuments enlevés à l'Italie et que réclamait le gouvernement pontifical. Cet artiste se distingue par la pureté des contours, l'élégance des formes, la sagesse de la composition, l'expression des physionomies, l'habileté à donner au marbre le poli et le moelleux de la nature vivante ; quelques-uns lui refusent la vigueur et l'originalité. Il était associé étranger de l'Institut. Son Œuvre a été publiée en 1824 par Réveil et Delatouche. Quatremère de Quincy a donné une étude sur Canova et ses ouvrages, et le comte de Cicognara sa Biographie, Venise, 1825.

CANPOUR, Cawnpour, v. de l'Inde anglaise (Calcutta), ch.-l. de district, sur la r. dr. du Gange, à 160 k. N. O. d'Allahabad; 12 000 h. Ville ancienne, grande, commerçante; importante comme poste militaire. Chaleur intolérable en été. Insurgée contre les Anglais en 1857 et réduite avec une vive résistance.

CANTABRES, Cantabri, peuple de l'Hispanie (Tarraconaise), vers les sources de l'Èbre, à l'E. des Astures, entre les Pyrénées asturiques et la mer : leur pays répond aux Asturies, au Guipuscoa et à la Biscaye proprement dite. Ils furent soumis sous Auguste, par Agrippa, l'an 25 av. J.-C., et succombèrent les derniers des Espagnols. Les Basques se disent descendants des Cantabres. — On nomme souvent Monts Cantabres la chaîne asturique, qui n'est que le prolongement occidental des Pyrénées, et Océan Cantabrique la portion de l'Océan qui baigne le N. de l'Espagne, auj. Golfe de Biscaye.

CANTABRIGIA, auj. Cambridge.

CANTACUZÈNE, noble famille grecque, a fourni deux empereurs à Constantinople, Jean Cantacuzène, 1347-55, et Mathieu, son fils, 1355-56 (V. ces noms). Elle s'est conservée jusqu'à ces derniers temps, et a donné plusieurs princes à la Moldavie et à la Valachie aux XVIIe et XVIIIe siècles. — L'un d'eux, Démétrius Cantacuzène, hospodar de Moldavie au XVIIe siècle, se fit détester par sa tyrannie. Il accusa d'intelligence avec les Russes le général moldave Constantin Cantemir afin de se défaire de lui : mais sa fraude ayant été découverte, il fut expulsé et remplacé par Cantemir lui-même, 1685.

CANTAL (monts), petite chaîne de mont. de France, se lie par le S. E. aux monts de la Margeride, par le K. aux monts Dore, et sépare le bassin de l'Allier de celui du Lot. Le mont Cantal proprement dit, ou Plomb du Cantal, a 130 kil. de circuit à sa base, et 1858m de haut. Il donne son nom à toute la chaîne et à un département. Ce groupe était jadis rempli de volcans : le centré est occupé par un cratère éteint de 9 kil. de diamètre.

CANTAL (dép. du), borné par ceux du Puy-de-Dôme au N., de l'Aveyron au S., de la Lozère et de la H.-Loire à l'E., de la Corrèze et du Lot à l'O., 5829 kil. carrés; 240 523 h.; ch.-l., Aurillac. Il est formé d'une partie de l'Auvergne et du Vélay. Hautes montagnes, dont quelques-unes couvertes de neige pendant 6 mois; riv. nombreuses, houille, grès, gypse, marne, eaux thermales; peu de froment, mais quantité d'orge, de seigle, de pommes de terre, de lin, de chanvre, de châtaignes, etc. Beaux pâturages, bons fromages dits d'Auvergne. Industrie et commerce bornés. Les habitants pauvres émigrent annuellement en grande partie. — Le département se divise en 4 arr. (Aurillac, Mauriac, Murat, St-Flour), 23 cant., 259 comm. Il appartient à la 20e division militaire, dépend de la cour impériale de Riom et de l'évêché de St-Flour.

CANTARINI, peintre. V. PÉSARÈSE (le).

CANTA-VIEJA, Carthago Vetus, bourg d'Espagne (Téruel), à 50 k. N. E. de Téruel, sur une montagne ; 1800 h. Pris et repris en 1836 et 1837 par les Carlistes et par les troupes de la reine.

CANTELEU, bourg et côte de la Seine-Inférieure, à 4 kil. S. O. de Rouen, sur la r. dr. de la Seine; 3284 h. Belle vue. Château, maisons de campagne; fabriques d'indiennes.

CANTEMIR (Constantin), né en Moldavie vers 1630, servit dans l'armée turque lors de l'expédition de Mahomet IV contre la Pologne; se distingua à la bataille de Choczim (1674), et fut chargé de la défense des frontières entre le Dniestr et le Pruth. Cantemir occupait ce poste lorsque Démétrius Cantacuzène, gouverneur de la Moldavie, jaloux de lui, le dénonça comme traître au séraskier Soliman-Pacha. Constantin se justifia et obtint la principauté de son accusateur, qui en fut chassé (1685). Il gouverna la Moldavie jusqu'à 1693, époque de sa mort. — Démétrius C., fils du précédent, né en 1673 dans la Moldavie, mort en 1723, fut nommé hospodar de la Moldavie, en souvenir des services rendus par son père. Cependant, mécontent de la cour ottomane, il accepta en 1710 les offres que lui faisait le czar Pierre le Grand, alors en guerre avec la Turquie, et joignit ses troupes aux siennes : d'après le traité, la Moldavie devait être érigée en principauté héréditaire pour la famille Cantemir, sous la protection de la Russie. Les événements de la guerre empêchèrent l'exécution de ce traité; mais, en dédommagement, Démétrius, qui s'était réfugié en Russie, obtint le titre de prince de l'empire russe, avec des domaines considérables en Ukraine, Cantemir possédait onze langues, tant anciennes que modernes. Ce prince a laissé une Histoire de l'agrandissement et de la décadence de l'empire ottoman, en latin, trad. en anglais par Nic. Tyndal, Lond., 1734, et en franç., sur la version anglaise, par de Jonquières, Paris, 1743; Système de la religion mahométane, St-Pétersbourg, 1722, en allemand; Histoire ancienne et moderne de la Dacie, Jassy, 1836; Histoire des maisons Brancovan et Cantacuzène, 1795. — Son fils, Antiochus Cantemir, né en 1709, mort en 1744, à Paris, cultiva aussi les lettres et écrivit en langue russe; on a de lui un poëme sur le czar Pierre, des satires, des trad. d’Anacréon, d’Horace, etc.

CANTER (Guillaume), habile critique, né à Utrecht en 1542, mort en 1575, était fils d'un sénateur d'Utrecht. On a de lui : Novæ Lectiones, 1564 (l'édit. la plus complète est celle d'Anvers, 1571, suivie d'un Syntagma de ratione emendandi græcos auctores); Aristidis orationes avec trad. lat., Bâle, 1566 ; la Cassandra de Lycophron 1569; Euripides 1571, Sophocles, 1579; Æchylus, 1580, etc. Un des premiers, il donna l'exemple de restaurer les textes d'après des règles scientifiques. — Son frère Théodore C, 1545-1617, s'est aussi distingué comme critique : on estime ses notes sur Arnobe, Anvers, 1582.

CANTIN (cap), Atlas minor, sur la côte O. du Maroc, par 11° 35' long. O., 32° 34' lat. N.

CANTIUM, région de la Bretagne romaine, à l'angle E., comprenait le comté de Kent et pays voisins.

CANTON, Kouang-tcheou-fou grande v. et port de Chine, capit. du Kouangtoung, sur le Pé-Kiang, à quelques kil. de son embouch.; 700 000 hab. Elle se divise en ville chinoise et ville tartare, qui est la plus belle. Le quartier des Européens est dit Chisan-hang ou les Treize-Comptoirs. Assez beaux temples. Quantité de barques, qui forment comme une ville sur le Tchu-Kiang. Industrie et commerce immenses : exportation de thé, alun, anis, borax, soieries, musc, camphre, ouvrages en laque, porcelaines, etc; on y importe l'opium, des tissus de laine et de coton, et des métaux. — Le port de Canton fut jusqu'en 1842 le seul ouvert aux Européens : le monopole du commerce était entre les mains de 14 marchands chinois (Hongs). Les Portugais y avaient été admis dès 1517 ; les Anglais en 1634. Momentanément occupée en 1841 par les Anglais, cette v. fut bombardée par eux en 1856. Elle fut prise d’assaut en 1857 par les flottes combinées de l’Angleterre et de la France, à la suite d’attaques des Chinois contre des navires marchands anglais.

CANTORBÉRY, Durovernum et Cantuaria en latin, Canterbury en anglais, v. d’Angleterre, ch.-l. du comté de Kent, jadis capit. du roy. de Kent, sur le Stour, à 80 kil. S. E. de Londres ; 16 000 hab. Archevêché, le plus ancien de l’Angleterre, établi en 597, pendant la mission de S. Augustin, et dont le titulaire est primat de toute l’Angleterre et premier pair du roy. Parmi les monuments, on remarque la cathédrale, datant de 1184, qui renferme le tombeau de S. Thomas Becket, assassiné en ce lieu, en 1170, et ceux du prince Noir, de Henri IV et du cardinal Pole ; l’hôtel de ville, le théâtre, les casernes, 4 rues principales disposées en croix. Houblon, charcuterie renommée. Étoffes de soie et mousselines dites de Cantorbéry. Eaux thermales.

CANTUARIA, nom latinisé de CANTORBÉRY.

CANTWELL (Michel), traducteur, né en 1744, m. en 1802, était fils d’André Cantwell, médecin irlandais établi en France et auteur lui-même de quelques écrits. Après avoir servi dans l’armée française, il fut nommé bibliothécaire des Invalides. Il a traduit en français un grand nombre d’ouvrages anglais, entre autres l’Histoire de Gibbon, 1777-95 ; la Rhétorique de Blair ; le Voyage du commodore Byron à la mer du Sud. Ses traductions, quoique peu estimées, ont cependant rendu service.

CANTYRE, presqu’île de la côte occid. d’Écosse, forme la partie mérid. du comté d’Argyle.

CANUBIN, Cœnobium, couvent d’Hospitaliers en Syrie, à 44 kil. E. de Tripoli ; ch.-l. des Maronites.

CANUEL (le général), né en 1767 dans le Poitou, mort en 1841. D’abord fougueux républicain, il se déclara en 1814 chaud partisan des Bourbons, alla en 1815 combattre dans les rangs des Vendéens, qu’il avait lui-même combattus en 1793, et se montra impitoyable dans la répression d’un mouvement insurrectionnel à Lyon en 1817, ce qui lui attira de vifs démêlés avec le colonel Fabvier et le rendit fort impopulaire. En compensation, il obtint les faveurs de la Restauration. On a de lui des Mémoires sur la guerre de Vendée en 1815, et une Réponse au colonel Favier sur les événements de Lyon, 1818.

CANULEIUS (Cn.), tribun du peuple, fit décréter, l’an 444 av. J.-C., une loi qui permettait les mariages entre patriciens et plébéiens ; mais il ne put obtenir qu’un des deux consuls serait plébéien.

CANUSIUM, auj. Canosa, v. d’Apulie. V. CANOSA.

CANUT ou KNUT I, roi de Danemark, fils aîné de Gorm le Vieux. On croit qu’il régna avec son père de 863 à 873, et mourut avant lui. C’est à tort qu’on le compte au nombre des rois titulaires.

CANUT II (I en Angleterre), dit le Grand, monta sur le trône de Danemark en 1014, et, la même année, vint revendiquer, les armes à la main, le roy. d’Angleterre, que son père Suénon avait conquis. Edmond, fils d’Ethelred, le lui disputa avec tant de courage que Canut dut consentir pour le moment à un partage : un traité assura à Edmond le midi de l’Angleterre ; mais ce prince ayant été assassiné par Edric, son beau-frère, Canut resta seul maître du pays (1017). Pour se concilier les Anglais, il épousa la veuve d’Ethelred. Les deux nations danoise et anglaise, suivant cet exemple, s’unirent par de nombreux mariages, et, en 1028, Canut put, sans craindre une insurrection de ses nouveaux sujets, s’absenter d’Angleterre. Après un pèlerinage à Rome, 1024, il vainquit les Suédois, conquit la Norwége sur Olaf le Saint, 1028-1031, et soumit l’Écosse, 1034. Ce roi donna des lois sages (publiées à Copenhague en 1826), bâtit beaucoup d’églises et de monastères, fit battre la 1re monnaie danoise, et institua une noblesse héréditaire. Il mourut en 1036, à Shaftesbury.

CANUT III (II en Angleterre), le Hardi ou Hardi-Canut, et par corruption Hardeknut, fils du préc., n’avait, par testament, que le trône de Danemark, celui d’Angleterre étant donné à Harold, son frère consanguin ; mais les Anglais, craignant une guerre civile entre les deux frères, réglèrent que Harold serait maître du pays au N. de la Tamise, et Canut de la partie méridionale. Harold, mécontent de ce partage, ne tarda pas à s’emparer du tout ; Canut venait, les armes à la main, revendiquer sa part, lorsque Harold mourut ; il resta par cet événement seul roi d’Angleterre (1039). IL devint bientôt aussi avide que cruel, et accabla le peuple d’impôts. Il mourut en 1041, d’une apoplexie foudroyante. C’est le dernier prince de la dynastie danoise en Angleterre.

CANUT IV, le Saint, roi de Danemark, fils de Suénon II, succéda, en 1080, à son frère Harold, fit régner l’ordre dans ses États, repoussa les Prussiens, extermina les pirates et conquit la Courlande. En 1086, une révolte éclata à l’occasion d’un tribut qu’il avait imposé en exécution de lois ecclésiastiques, et il fut tué dans l’église d’Odensée, où il s’était réfugié. Il fut canonisé ; on l’honore le 19 janvier.

CANUT V, roi de Danemark, fils d’Eric le Bon, frère de Canut IV, succéda à son père en 1147. La couronne lui fut longtemps disputée par Suénon, prince du sang royal, qui finit par l’assassiner dans un festin donné à l’occasion de la paix qui venait d’être conclue entre eux (1156).

CANUT VI, roi de Danemark, fils de Waldemar I, lui succéda en 1182. Peu de temps après son avénement, il soumit les Scaniens qui s’étaient révoltés sous la conduite d’Harold, fils de Canut V ; conquit le Mecklembourg, pays des anciens Vandales, la Livonie (1196),le Holstein, et mourut en 1202. Son règne fut pour le Danemark une époque de puissance et de prospérité. À la suite de ses conquêtes, il prit le titre de roi des Vandales, que les rois de Danemark ont conservé depuis.

CANUT, dit Ericson, roi de Suède, fils d’Éric IX, monta sur le trône de Suède en 1168, en tuant celui qui l’occupait, Charles, de la race de Swerker. Après avoir vaincu quelques prétendants, il régna paisiblement, encourageant l’agriculture et fondant des monastères. D’une piété ardente, ce prince se fit recevoir dans l’ordre de Cîteaux, et mourut en 1199 avec l’habit religieux. Repentant du meurtre de Charles, il avait nommé pour successeur le fils de ce prince.

CANY, ch.-l. de c. (Seine-Inf.), sur le Durdent, à 20 k. N. O. d’Yvetot, 1302 h. Commerce de grains, lin, huile de navette ; marché aux toiles.

CANZ (Israël Gottlieb), né près de Tubingue en 1690, mort en 1753, professa successivement l’éloquence, la poésie, la philosophie et la théologie dans sa ville natale ; adopta les principes de Leibnitz et de Wolf et tâcha de les introduire dans la. théologie. On a de lui : Philosophiæ leibnizianæ et wolfianæ usus in theologia, en 4 parties, Francfort et Leipsick, 1728-1379 ; Grammaticæ universalis tenuia rudimenta, 1737-1779 ; Ontologia polemica, 1741 ; Meditationes philosophicæ, 1750.

CAORSINS. V. LOMBARDS.

CAP (le). On désigne spécialement sous ce nom le cap de Bonne-Espérance, situé à la pointe S. de l’Afrique. Il fut vu pour la 1re fois en 1486 par Barthélémy Diaz, et doublé par Vasco de Gama en 1497. On l’avait d’abord nommé Cap des Tempêtes ; Jean II, roi de Portugal, changea ce nom en celui de Cap de Bonne-Espérance.

CAP (LE), ou la VILLE DU CAP, Cape-Town, v. de l’Afrique mérid., ch.-l. de la colonie anglaise du Cap, à 40 kil. N. du cap de Bonne-Espérance, d’où elle tire son nom, par 16° 3′ long. E., 34° lat. S., au fond de la baie de la Table ; env. 30 000 hab. Évêché anglican. Vaste château fort, batteries ; rues droites, canaux, maisons en briques ou en granit rougeâtre; beau jardin de la Compagnie des Indes, superbe hôtel de ville, bibliothèque, collége, observatoire, jardin botanique, etc. Entrepôt de tout le commerce du pays et de la métropole. — La ville du Cap a été fondée par le Hollandais Van Riebeck en 1652; elle appartint longtemps aux Hollandais; auj. elle est aux Anglais (V. l'art. suiv.).

CAP (Colonie du), contrée de l'Afrique mérid., bornée par le pays des Hottentots au N., la Cafrerie à l'E. et l'Océan à l'O. et au S., comprend toute la pointe que termine le cap de Bonne-Espérance; env. 250 000 hab., Hottentots, Boschimens, Cafres et Européens (surtout Anglais et Hollandais). Ch.-l., Le Cap. Aspect varié, montagnes courant de l'E. à l'O., plaines cultivées et déserts immenses; beaucoup de rivières; eaux minérales et thermales; végétation originale, plantes tropicales et du S. de l'Europe, vins exquis connus sous le nom de vins de Constance, café, dattes, arbre à pain; mines de cuivre, fer, sel et plomb, etc. Climat agréable, mais avec des inondations et des sécheresses extrêmes. — La colonie fut fondée en 1650 par le Hollandais Jean Van Riebeck. Elle fut occupée par les Anglais en 1795, rendue à la Hollande en 1803, reprise par les Anglais en 1808, et leur a été laissée en 1815. Elle est devenue pour eux de la plus grande importance comme station militaire et entrepôt de leur commerce avec leurs possessions indiennes.

CAP BRETON, petit port de France (Landes), à 32 kil. O. de Dax; 1000 hab. Autrefois important, mais fermé par les dunes. Récemment réparé.

CAP BRETON (île du), île de l'Amérique anglaise du N., dans le golfe Saint-Laurent, entre 45° 30' et 47° 15' lat. N. 62° 15' et 63° 47' long. O., fait partie de la Nouv.-Écosse; elle a 120 kil. sur 180 et compte 58 000 h. Villes princip., Louisbourg et Sidney. Le cap qui lui donne son nom est à la pointe E. — Découverte par Cabot en 1497; colonisée par les Français en 1714; prise par les Anglais en 1745, rendue par eux en 1748 et reprise définitivement en 1758.

CAP (LE) HAÏTIEN, jadis LE CAP FRANÇAIS, anc. capit. d'Haïti, sur la côte N., à 130 kil. N. de Port-au-Prince, ch.-lieu du dép. du Nord; env. 8000 hab. Bon port; archevêché, consulat français, université; académies de peinture, de musique. Grand commerce. Fondée en 1670, brûlée en 1793, lors de la révolte des Noirs; elle fut réparée par H. Christophe qui en fit sa capitale. Ruinée par un tremblement de terre en 1842, elle s'est relevée depuis.

CAP BLANC, BOJADOR, VERT, etc. V. BLANC, etc.

CAPACCIO, Caput Aqueum, v. de l'anc roy. de Naples (Principauté Citer.), à 35 kil. S. E. de Salerne; 2000 hab. Évêché, suffragant de Salerne.

CAPANÉE, un des sept chefs argiens qui vinrent avec Polynice mettre le siége devant Thèbes, fut tué devant cette ville d'un coup de foudre par Jupiter, irrité de son mépris pour les dieux. Eschyle, dans les Sept chefs, a peint admirablement son orgueil.

CAPDENAC, Uxellodunum? bourg du dép. du Lot, sur un roc, à 5 kil. S. O. de Figeac; 1300 hab. Sully s'y retira en 1614. Beau tunnel, destiné à abréger la navigation du Lot.

CAPÈCE (Scipion), poëte latin du XVIe siècle, mort vers 1562, était fils d'un savant jurisconsulte napolitain, et fut lui-même professeur de droit à Naples. Il livra le premier à l'impression les Commentaires de Donat sur Virgile (Naples, 1535), et composa, entre autres poésies latines, deux poëmes didactiques: De divo Joanne Baptista, De Principiis rerum. Dans le dernier, il imite Lucrèce, mais en employant une tout autre physique. Ces écrits ont été recueillis à Naples, 1594, et à Venise, 1754.

CAPEL (Arthur), seigneur anglais, fit partie du Long-Parlement en 1640, et embrassa la cause de Charles Ier après lui avoir été un instant opposé. Il forma dans la principauté de Galles et dans les provinces voisines une petite armée qui donna quelque embarras aux troupes du Parlement, et défendit contre elles la ville de Colchester. Contraint de se rendre, il eut la tête tranchée en 1649. — Son fils, nommé aussi Arthur, fut créé comte d'Essex par Charles II en 1661, et vice-roi d'Irlande en 1672. Rappelé de son gouvernement en 1677, il entra dans l'opposition. Accusé de complicité dans le complot de Rye-House, il fut enfermé à la Tour, et on l'y trouva égorgé quelques jours après, 1683. On crut généralement qu'il avait été assassiné.

CAPELL (Edward), critique anglais, né en 1713, mort en 1781, a consumé sa vie à épurer le texte de Shakespeare et a donné une édition fort estimée de cet auteur, Londres, 1783, 3 vol. in-4. Il avait publié en 1760, sous le titre de Prolusiones, un recueil d'anc. poésies anglaises devenues rares.

CAPELLA (Marcien), Marcianus Capella, écrivain latin du Ve siècle, était né à Madaure ou à Carthage et florissait vers 470. Il est auteur d'une petite encyclopédie intitulée Satiricon : cet ouvrage se compose de 9 livres, dont les deux premiers, intitulés Des noces de la Philologie et de Mercure, sont une espèce de roman philosophique servant d'introduction, et dont les sept autres traitent des sept arts libéraux, grammaire, dialectique, rhétorique, géométrie, arithmétique, astronomie, musique. Cet ouvrage, écrit d'un style rude et souvent obscur, jouit d'un grand crédit au moyen âge. Il fut imprimé pour la 1re fois à Vicence, 1499. Grotius en donna une éd. à Leyde, 1599, n'étant encore âgé que de 15 ans; la plus estimée est celle de Kopp, Francf., 1836, in-4. Il n'est pas trad. en français.

CAPELLO (Bianca), dame vénitienne née vers 1542, d'un patricien de Venise, inspira une vive passion au duc François de Médicis, qui l'attacha à sa cour, et qui devenu veuf finit par l'épouser, après lui avoir fait décerner par les Vénitiens le titre honorifique de Fille de la république, 1579. Elle mourut presque en même temps que lui en 1587, après une courte maladie, chez Ferdinand, frère et héritier du duc; on accusa ce prince de les avoir empoisonnés. Elle avait, dit-on, trompé son amant en feignant une grossesse et en présentant au prince comme un fils né de lui un enfant supposé.

CAPELUCHE, bourreau de Paris, se rendit fameux, sous le règne de Charles VI, par ses crimes et par ses excès contre les Armagnacs. Il était le chef de la populace, ordonnait les exécutions, et faisait la loi dans Paris. Il se fit livrer les prisonniers de Vincennes, promit de les conduire au Châtelet, et les fit égorger sous ses yeux. Le duc de Bourgogne, forcé d'accepter son concours, le ménagea d'abord, mais, dès que son pouvoir fut affermi, il le fit décapiter, 1418.

CAPENDU, ch.-l. de c. (Aude), à 17 kil. E. de Carcassonne, près de l'Aude; 685 hab. Station.

CAPÈNE, Capena, v. d'Étrurie, sur le Tibre, au N. E. de Rome, chez les Véiens, est auj. Civitella. Nécropole étrusque fouillée en 1858.

On appelait Porte Capène, la porte la plus mérid. de Rome, auj. porte St-Sébastien.

CAPESTANG, ch.-l. de c. (Hérault), à 13 kil. O. de Béziers, près d'un étang de même nom dont on a entrepris le dessèchement en 1854; 2093 hab.

CAPESTERRE (la), v. de l'île Marie-Galante, à l'E. — Bourg de la Guadeloupe, dit aussi le Marigot, à l'angle S. E., à 15 kil. N. E. de la Basse-Terre; 5000 hab. Sucreries.

CAPET, surnom de Hugues, 1er roi de la 3e race des rois de France, qui a pris de lui le nom de race capétienne. On donne à ce surnom plusieurs étymologies : selon Pasquier, il serait une corruption de Caput et voudrait dire chef; selon Ducange, Capetus signifiait railleur; d'autres font dériver Capet de capito, grosse tête, ou de chappet (chappotus, qui porte une chappe d'abbé), parce que Hugues Capet et ses descendants portaient le titra d’abbés, comme propriétaires de plusieurs abbayes, notamment de St-Martin-lès-Tours.

CAPÉTIENS, 3e race des rois de France, a reçu son nom de Hugues Capet, qui en est le chef. Elle a succédé à celle des Carlovingiens. Les Capétiens se subdivisent en trois branches : Capétiens proprement dits, depuis Hugues Capet jusqu’à Philippe VI (987-1328); branche des Valois, depuis Philippe VI jusqu’à la mort de Henri III (1328-1589); branche des Bourbons, depuis Henri IV jusqu’à l’abdication de Louis-Philippe d’Orléans en 1848. Les Capétiens proprement dits sont Hugues Capet, Robert, Henri I, Philippe I, Louis le Gros, Louis VII, Philippe-Auguste, Louis VIII, S. Louis, Philippe le Hardi, Philippe le Bel, Louis le Hutin, Jean I, Philippe le Long, Charles le Bel. — Pour les branches des Valois et des Bourbons, V. ces noms et l’art. FRANCE.

CAPHARÉE (cap), Capharæum prom., auj. Cabo dell’Oro ou Xylophagos, sur la côte S. E. de l’île d’Eubée. Une tempête dispersa près de là la flotte des Grecs au retour de Troie.

CAPHARNAÜM, Tell-Houm, v. de Palestine sur le bord occid. de la mer de Tibériade, aux confins de la Galilée, dans l’anc. tribu de Nephtali, est célèbre par le séjour presque continuel qu’y fit Jésus pendant les trois ans de sa prédication, et par la guérison du centenier. Patrie des apôtres S. Pierre et S. André.

CAPHYES, Caphyæ, v. d’Arcadie, au N. d’Orchomène. Aratus y fut battu par les Étoliens, 221 av. J.-C.

CAPIDJYS, portiers ou huissiers du sérail, ainsi nommés d’un mot turc qui signifie gardien de la porte. Ils sont 400, commandés par 4 capitaines et un chef qui porte le nom de capidjyler-ketkhoudassy (maître d’hôtel). Ils forment la garde du divan. — Les capidjy-baschis sont les chambellans du sultan. Ils ont la charge d’introduire les ambassadeurs, d’annoncer aux pachas, aux vizirs, et autres personnages, les volontés du sultan, de les conduire en exil et autrefois de leur présenter le fatal cordon.

CAPISTRAN (Jean de), franciscain, né dans l’Abruzze en 1385, prêcha avec éclat dans les principales villes d’Italie, d’Allemagne, de Pologne et de Hongrie; fut employé successivement par les papes Martin V, Eugène IV et Nicolas V dans les affaires les plus importantes de l’Église; combattit avec succès les Hussites, et leur enleva plus de 4000 sectaires. En 1456, il s’enferma avec Huniade dans Belgrade assiégée par les Turcs, et contribua puissamment par ses exhortations à la délivrance de la ville. Il mourut trois mois après. Il fut canonisé en 1724 par Benoît XIII. On a de lui un grand nombre d’écrits théologiques, entre autres, De papæ et concilii sive Ecclesiæ auctoritate, Venise, 1580, ouvrage dirigé contre le concile de Bâle.

CAPITAINERIE GÉNÉRALE, nom donné en Espagne à certaines circonscriptions territoriales, qui correspondent à nos divisions militaires, et qui sont gouvernées par un capitaine général. Il ne faut pas confondre ces chefs avec les intendants ou gouverneurs civils des provinces. L’Espagne est depuis 1833 divisée en 12 capitaineries générales, savoir : Nouvelle et Vieille Castille, Galice, Estramadure, Andalousie, Grenade, Valence, Catalogne, Aragon, Navarre, Guipuscoa et Majorque, qui sont elles-mêmes subdivisées en provinces.

CAPITAN-PACHA, grand amiral de l’empire ottoman. Il est à la fois le commandant suprême de la flotte, le surintendant général de la marine, et beglerbeg ou gouverneur de toutes les côtes et îles de l’empire, tant en Europe qu’en Asie. Sa charge est la seconde de l’État; il n’a au-dessus de lui que le grand vizir; il ne rend compte qu’au Grand Seigneur.

CAPITAN-PACHA (Gouvt du). V. ÎLES (pachalik des).

CAPITANATE, Apulie, prov. du roy. d’Italie, entre l’Adriatique et les prov. de Sannio, Terre de Bari, Basilicate et Principauté Ultérieure; 88 kil. sur 80; 330 000 h. Ch.-l., Foggia. Vastes plaines que domine le mont Gargano : pâturages, câpres at champignons; huile d’olive, résine, goudron, térébenthine, salsepareille, noix de galle, etc. Grandes salines royales. La Capitanate forme l’éperon de la botte à laquelle on compare vulgairement l’Italie,

CAPITOLE, temple et citadelle de Rome, élevés sur le mont Capitolin, et dédiés à Jupiter, étaient ainsi nommés, dit-on, d’une tête sanglante (à capite) qu’on y trouva en creusant les fondements. Commencé par Tarquin l’Ancien, le Capitole fut achevé par Tarquin le Superbe, et consacré par le consul Horatius (507 av. J.-C.). Des trésors immenses y étaient enfermés. Le Capitole fut assiégé par les Gaulois en 390 av. J.-C. et sauvé par Manlius. Brûlé trois fois, pendant les troubles de Marius, sous Vitellius et enfin sous Vespasien, il fut reconstruit à grands frais par Domitien. Au moyen âge, on couronnait au Capitole les poëtes vainqueurs. Tout près de l’ancien Capitole a été construit, d’après les plans de Michel-Ange, ce qu’on nomme auj. le Campidoglio ou Capitole moderne, qui comprend les palais des sénateurs de Rome et des magistrats municipaux, et le musée. Le palais Caffarelli occupe à peu près l’emplacement de l’ancienne forteresse. - Plusieurs villes anciennes et modernes, Milan, Ravenne, Vérone, Trêves, Cologne, Nîmes, Narbonne, Washington, ont eu ou même ont encore leur Capitole.

CAPITOLIN (mont), Capitolinus mons, une des 7 collines primitives de l’anc. Rome, et la moins élevée, au N. O. du mont Palatin, vis-à-vis de l’île du Tibre, était très-abrupte. C’est là qu’était bâti le Capitole; outre le temple de Jupiter, on y voyait ceux de Minerve et de Junon. La roche Tarpéienne en faisait partie; aussi l’appelait-on souvent mont Tarpéien.

CAPITOLINS (Jeux). Ils furent institués l’an 387 av. J.-C. en l’honneur de Jupiter-Capitolin, pour le remercier d’avoir sauvé le Capitole assiégé par les Gaulois. - Domitien fonda d’autres jeux sous le même nom, ou ne fit que renouveler les anciens.

CAPITOLINS (Marbres). V. FASTES.

CAPITOLINUS (Julius), l’un des auteurs de la collection dite Histoire Auguste, a laissé les vies de l’empereur Antonin et de ses successeurs jusqu’à Balbin; il était contemporain de Dioclétien et de Constantin et leur a dédié ses écrits. Il paraît avoir pris Hérodien pour guide. On trouve Capitolinus à la suite de Spartien. Il a été trad. par Valton, Paris, 1844, dans la Biblioth. latine-franç. de Panckouke. - V. MANLIUS CAPITOLINUS et QUINCTIUS CAPITOLIN.

CAPITON (Ateius), célèbre jurisconsulte romain, contemporain et rival d’Antistius Labéon, vécut sous Auguste et sous Tibère, et fut élevé au consulat. Il flétrit sa réputation sous Tibère, par sa servilité.

CAPITON (Wolfgang Fabrice), docteur en théologie, né vers 1478 à Haguenau, mort à Strasbourg en 1541, embrassa la Réforme, devint ministre à Strasbourg, se lia étroitement avec Œcolampade et Bucer, et prit part à presque toutes les diètes et conférences convoquées pour pacifier les différends de religion. Ses liaisons avec Martin Cellarius le firent soupçonner d’Arianisme. Capiton a laissé, entre autres ouvrages, une Vie d’Œcolampade, écrite avec Grynæus, Strasbourg, 1617, in-8.

CAPITOULS, nom que portaient avant 1789 les premiers officiers municipaux de la ville de Toulouse. Ils étaient ainsi appelés, soit du lieu où se tenaient leurs réunions, et qu’on nommait Capitole; soit du Capitulum, conseil civil des comtes de Toulouse, dont ils étaient membres, soit du chaperon (capitulum), de couleur rouge, qu’ils portaient comme insigne. Dans l’origine, les capitouls se qualifiaient chefs des nobles et gouverneurs de la ville de Toulouse. L’établissement du parlement de Toulouse au XIVe s. réduisit de beaucoup leur autorité.

CAPITULAIRES, recueils de lois et ordonnances rendues par nos anciens rois, surtout par ceux des deux premières races, étaient ainsi nommés parce qu’ils étaient divisés en chapitres (capitula). Les plus connus sont ceux de Charlemagne; mais il existe aussi des capitulaires de Clotaire I, de Dagobert, de Pepin le Bref, de Louis le Débonnaire et de ses successeurs. A la mort de Charles le Simple (929), on cessa de donner ce nom aux actes de l'autorité royale. Les meilleurs recueils des Capitulaires sont dus à Baluze (Paris, 1677) et à Pertz (Hanov., 1826-29).

CAPITULATION D'EMPIRE, acte par lequel l'empereur d'Allemagne, à son avénement, s'engageait à respecter les droits et privilèges du corps germanique. Cet usage fut introduit en 1519, lors de l'élection de Charles-Quint; la dernière capitulation fut jurée par François II en 1792.

CAPO D'ISTRIA, Ægida, puis Justinopolis, v. des États autrichiens (Illyrie), qui fut longtemps capit. de l'Istrie, d'où son nom; dans une petite île jointe au continent par une chaussée, à 15 k. S. de Trieste; 5000 h. Port sur le golfe de Trieste; murs, citadelle. Ëvêehé. Riches salines. — Prise en 982 par les Vénitiens.

CAPO D'ISTRIA (Jean, comte de), homme d'État, né en 1776 à Corfou, d'une famille originaire de Capo d'Istria, entra jeune au service de la Russie, fut chargé par l'empereur Alexandre d'organiser l'administration des îles Ioniennes, et fut ministre de cette république de 1802 à 1807, fut plénipotentiaire de la Russie au 2me traité de Paris en 1815, et ministre des affaires étrangères de 1816 à 1822. Il se montra chaud partisan de la cause des Grecs lors de leur insurrection contre la Turquie, et fut élu président par la nation grecque dès qu'elle put se constituer (1827). Il employa tout son pouvoir à rétablir l'ordre et la prospérité; mais, au milieu de ses efforts, il fut assassiné en 1831 par deux fanatiques, Georges et Constantin Mavromichali, qui voulaient ainsi venger Petro Mavromichali, leur père et leur frère, que Capo d'Istria avait emprisonnés. Du reste, on accusait le présid. de n'être que l'instrument de la Russie.

CAPOTS. V. CAGOTS.

CAPOUE, Vulturnum, puis Capua, v. de l'anc. roy. de Naples (Terre de Labour), sur le Volturno, à 28 k. N. de Naples; 8000 hab. Archevêché; citadelle, cathédrale, belle église dell' Annunziata; beau pont. A 4 k. S. E. de cette ville, sont les ruines de l'anc. Capoue, dont l'emplacement est occupé auj. par le bourg de Ste-Marie de Capoue. — L'anc. Capoue, une des principales villes de la Campanie, fut primitivement occupée par les Étrusques, qui la nommèrent Vulturnum à cause de sa position sur le Volturno. Vers 424 av. J.-C., des Samnites s'en emparèrent et lui donnèrent le nom de Capua. En 343, d'autres Samnites ayant voulu la conquérir, les habitants implorèrent le secours des Romains et ils finirent par se donner à eux. Pyrrhus fit vainement le siége de Capoue; en 215 Annibal la prit après la bataille de Cannes; et il y passa l'hiver: on a prétendu que les délices de cette ville énervèrent son armée et causèrent sa ruine. Les Romains reprirent Capoue en 211 et y exercèrent de sanglantes vengeances. C'est à Capoue que prit naissance la révolte de Spartacus. Cette v. fut dévastée au Ve s. par Genséric, puis par les Lombards. Assiégée en 1860 par Garibaldi, elle ne tarda pas à capituler.

CAPPADOCE, Cappadocia, région de l'Asie-Mineure, correspondant auj. à une partie des pachaliks de Sivas, de Marasch et de Caramanie, était bornée au N. par le Pont, à l'O. par la Galatie et la Phrygie, au S. par la Cilicie et à l'E. par l'Euphrate, qui la séparait de l'Arménie; elle avait pour capit. Mazaca ou Césarée. La Cappadoce contenait, entre autres prov., la Sargarausène, la Garzauritide, la Tyanitide, la Cataonie; avant Alexandre, le Pont en faisait partie, sous le nom de Cappadoce du Pont-Euxin. Elle était sillonnée du S. O. au N. E. par l'Anti-Taurus et arrosée par l’Halys et l’Iris. Les Cappadociens passaient pour lourds, bornés et superstitieux. Leur religion tenait du Sabéisme : c'est chez eux qu'était le temple de Comana, où le feu était adoré. Ils élevaient beaucoup de troupeaux et des chevaux fort estimés. — La Cappadoce, gouvernée d'abord par des princes à peu près indépendants, fit successivement partie de l'empire perse et de celui d'Alexandre, de la satrapie d'Eumène, du roy, d'Antigone, mais elle recouvra son indépendance vers 312 av. J.-C. On y compte 10 rois du nom d'Ariarathe (370-92 av. J.-C.); puis 3 Ariobarzane (92-34). Ariarathe VIII ayant été dépouillé par Mithridate, la chute de ce dernier entraîna la soumission de la Cappadoce aux Romains; cependant elle continua longtemps d'exister comme royaume, sous le protectorat romain, et ne fut réduite en prov. romaine que sous Tibère, après la mort du roi Archélaus (17 de J.-C.). Par la suite, on en fit trois prov. : la Cappadoce 1re, au N. O. (ch.-l., Sébaste); la Cappadoce 2e, au S. O. (ch.-l., Mazaca); l'Arménie 2e, au S. E. (ch.-l., Mélitène); la partie située au N. E. fut comprise dans l'Arménie 1re. La Cappadoce passa en 1071 sous le joug des Turcs seldjoucides, et en 1300 sous celui des Turcs ottomans, qui la possèdent encore.

CAPPEL, bourg de Suisse (Zurich), au S. O. de Zurich, au pied de l'Albis. Anc. abbaye de Cîteaux. Patrie de Léonard Meister. — On nomme Guerres de Cappel les guerres civiles et religieuses auxquelles la réforme de Zwingle donna lieu en 1529 et en 1531. Les Réformés furent vaincus à Cappel par les Catholiques en 1531; Zwingle périt dans le combat.

CAPPEL, famille protestante française, qui a fourni des ministres distingués et de savants hébraïsants. Le plus connu est Louis Cappel, né à Sedan en 1585, mort en 1658, qui fut professeur d'hébreu et de théologie à l'université protestante de Saumur, et qui présenta au roi en 1560 la confession de foi de ses coreligionnaires. Secouant le joug de la Massore, il établit un nouveau système de critique sacrée et soutint contre Buxtorf que les points voyelles, qui, selon ce savant, seraient aussi anciens que la langue hébraïque, ne remontent pas au delà du VIe siècle de notre ère. Ses principaux ouvrages sont Arcanum punctuationis revelatum, Leydé, 1624; Critica sacra, 1650. — Son fils, Jacq. Louis Cappel, lui succéda dans sa chaire, continua sa dispute avec les Buxtorf, et publia quelques-uns de ses ouvrages.

CAPPERONNIER (Claude), philologue, né à Montdidier en 1671, mort à Paris en 1744, était fils d'un tanneur. Il reçut les ordres, enseigna le grec à Abbeville, puis vint à Paris, où il vécut du produit de leçons particulières, et fut nommé en 1722 professeur de grec au collége de France. Ses principaux ouvrages sont des éditions estimées de Quintilien, Paris, 1725, in-fol., et des Rhetores antiqui, Strasb., 1756, in-4. — Son neveu, Jean Capperonnier, 1716-1775, lui succéda dans sa chaire du collége de France, fut nommé en 1742 conservateur de la Bibliothèque du Roi, et en 1749 membre de l'Académie des inscriptions. Il a publié des éd. estimées de César, 1754; de Plaute, 1759; de Justin, 1770, et de Sophocle, 1781.

CAPPONI, famille illustre de Florence, balança quelque temps le crédit des Médicis. Le personnage le plus connu de cette famille est Gino C., décemvir de la guerre en 1405, qui contribua puissamment à la prise de Pise, 1406, et fut nommé gouverneur de cette ville. — Son petit-fils, Petro C., repoussa courageusement les prétentions de Charles VIII, qui, reçu dans Florence comme allié, voulait se faire reconnaître comme souverain, 1494.

CAPRAIS (S.), ermite, né à Agen, fut martyrisé sous Dioclétien vers 287. Une église d'Agen est sous son invocation. On le fête le 20 oct.

CAPRAJA, Capraria, Ægilon, île de l'Italie septentr. à 30 kil. N. E. de la Corse. Elle a 18 kil. de tour et 2500 h. On y trouve une petite v. de même nom. Sol volcanique. Nombreuses chèvres sauvages.

CAPRARA (J. B.), cardinal, évêque d'Iési, né à Bologne en 1733, mort à Paris en 1810, remplit avec succès plusieurs missions importantes sous Benoît XIV et Clément XIII, fut nommé en 1801 par Pie VII légat à latere près le gouvt français; conclut en cette qualité avec le premier consul le Concordat de 1801, qui rétablit en France le culte catholique; fut fait ensuite archevêque de Milan, et sacra dans cette ville Napoléon roi d'Italie, 1805.

CAPRARIA. V. CAPRAJA et CABRERA.

CAPRAROLA, vge du territoire romain, sur le mont Cimino, à 12 kil. S. E. de Viterbe. Magnifique château des Farnèse, chef-d'œuvre de Vignole.

CAPRÉE, Capreæ, auj. Capri, île de la Méditerranée, à l'extrémité S. du golfe de Naples. Elle a env. 15 kil. de tour, avec 3000 h., et contient deux villages, Capri et Anacapri. Île montagneuse, d'un accès difficile ; intérieur délicieux, vin blanc excellent connu sous le nom de vin de Capri. Près de l'île est une grotte à magnifiques effets de lumière dite la grotte d'Azur. — Auguste se retira souvent à Caprée. Tibère y passa les onze dernières années de sa vie livré à d'infâmes débauches ; on y voit de nombreuses ruines des douze palais qu'il y avait fait élever. Lamarque prit l'île et le fort en 1808.

CAPSA, v. de Numidie, auj. Cafza. V. ce nom.

CAPSALI, ch.-l. de l'île de Cérigo. V. ce nom.

CAPSIR, petit pays du Roussillon propre, primitivement dans la Cerdagae française, fait auj. partie du cant. de Montlouis, dans le dép. des Pyrénées orientales ; lieu principal, Puy-Val-d'Or.

CAPTAL, de capitalis, chef ou seigneur. Ce nom, qui distinguait jadis les seigneurs de l'Aquitaine, n'est resté en usage que pour le captal de Buch et le captal de Trame. On connaît surtout sous le premier de ces deux titres Jean de Grailly, général au service de Charles le Mauvais, roi de Navarre. Il fut deux fois vaincu et pris par du Gueslin : la 1re fois à Cocherel en Normandie, l'an 1364; la 2e en 1372, près du château de Soubise. Il mourut en 1377 à la prison du Temple à Paris. Charles V avait inutilement tenté de l'attacher à son service.

CAPTIEUX, ch.-l. de c. (Gironde), à 17 k. S. de Bazas, sur la grande route de Bayonne ; 434 h.

CAPUCHONS (Confrérie des), formée en 1183 dans le midi, pour exterminer les bandes de mercenaires dits Routiers et Brabançons qui désolaient la France ; ils tiraient leur nom des capuchons qu'ils portaient et sur lesquels était une image de la Vierge.

CAPUCINES, religieuses, dites aussi Filles de la Passion, suivaient la même règle et portaient à peu près le même costume que les Capucins. Elles furent établies en 1538 à Naples, et introduites en France en 1602. Leur principal couvent était situé à Paris, entre la rue Neuve-des-Petits-Champs et le boulevart, dans l'emplacement sur lequel on a depuis formé la rue des Capucines.

CAPUCINS, religieux mendiants, de l'ordre des Franciscains, ainsi nommés du capuce ou capuchon dont ils couvraient leur tête. Ils furent établis en 1525 par Matthieu de Baschi, moine franciscain de Montefiascone, qui voulut réformer son ordre, et furent approuvés par Paul III en 1536. Introduits en France en 1572 sous Catherine de Médicis et Charles IX, ils s'y multiplièrent rapidement. Aboli en France en 1790, l'ordre se maintint à l'étranger. Il a reparu en France depuis 1851. Les Capucins portent une robe d'étoffe brune, un manteau, un capuchon pointu, une longue barbe, et marchent les pieds nus ; ils font vœu de pauvreté et vivent d'aumônes. Cet ordre a produit en France quelques hommes distingués, entre autres le P. Ange de Joyeuse et le P. Joseph du Tremblay.

CAPULETS, famille gibeline de Vérone, célèbre par son inimitié avec les Montaigus, et par l'aventure tragique de Roméo et de Juliette. Les uns admettent cette histoire comme authentique et placent vers l'an 1303 la rivalité des deux familles, dont Dante fait en effet mention (Purgatoire, VI); les autres la regardent comme purement fabuleuse. Quoi qu'il en soit, l'histoire de Roméo et Juliette, racontée sous forme de nouvelle par Bandello en 1554, mise en vers par le poëte anglais Arthur Brooke en 1662, a été transportée avec un grand succès sur la scène par Shakspeare et Lope de Véga.

CAQUEUX. V. CAGOTS.

CARA, c.-à-d. Noir en turc. V. KARA.

CARABORO, bourg et colline du Vénézuela, à 15 k. S. O. de Valencia. Bolivar y remporta le 24 juin 1821 une victoire décisive sur les généraux espagnols. — Ce bourg donne son nom à une prov. située entre celles de Barquisimeto à l'O. et de Caracas à l'E.; environ 100 000 ; ch.-l., Valencia.

CARACA (la), île située sur la côte S. d'Espagne, à 9 k. S. E. de Cadix, au fond d'une baie de même nom ; 5000 h. Arsenaux et chantiers de la marine.

CARACALLA, M. Aurelius Antonimus Bassianus, empereur romain, né à Lyon l'an 188 de J.-C., fils de Septime-Sévère et de Julia Domna, fut proclamé empereur en 211, conjointement avec son frère Géta. On le soupçonne d'avoir avancé la mort de son père. A peine monté sur le trône, il se souilla de crimes : il poignarda son frère Géta dans les bras de sa propre mère, fit périr tous ceux qui avaient été attachés à ce frère, et n'épargna pas le célèbre jurisconsulte Papinien. La ville d'Alexandrie fut mise au pillage par ses ordres, pour quelques plaisanteries que des habitants s'étaient permises contre lui. Admirateur d'Alexandre, il voulait l'imiter en tout ; il lui fallut un Éphestion : il fit empoisonner Festus, un de ses favoris, afin de pouvoir le pleurer comme le vainqueur de Darius avait pleuré son ami. Aussi vain que cruel, il prit les surnoms de Germanique et de Parthique pour avoir fait la guerre aux Germains et aux Parthes, quoique cette guerre n'eût tourné qu'à sa honte. Ce monstre périt enfin en 217, sous les coups de Macrin, préfet du prétoire. Sous son règne, avaient été élevés à Rome quelques beaux monuments, entre autres les Thermes dits de Caracalla. — Il tirait son surnom d'un long manteau gaulois nommé caracalla, qu'il aimait à porter.

CARACAS, nommée aussi SANTIAGO-DE-LÉON-DE-CARACAS, capit. de Vénézuela, par 69° 25' long. O., 10° 30' lat. N.; 60 000 hab. Archevêché, université, consulats. Grand commerce par le port de la Guayra. Exportation de café et surtout de cacao renommé, dit caraque. — Fondée en 1367, ravagée en 1679 par les Français, Caracas fut détruite, le 26 mars 1812, par un tremblement de terre ; elle s'est relevée de ses ruines. C'est la patrie de Bolivar. — La prov. de Caracas s'étend le long de la côte septentrionale, de l'embouch. de l'Unare à celle de Tocuyo ; 250 000 h. Elle formait avec le Vénézuela propre le noyau de la capitainerie générale espagnole de Vénézuela-et-Caracas, qui comprenait de plus Cumana, etc.

CARACATES, peuple de la Germanie 1re, au N. des Vangiones; ch.-l., Mogontiacum (Mayence).

CARACCIOLI, famille du roy. de Naples, d'origine grecque, a fourni un grand nombre d'hommes qui se sont distingués dans la politique ou les lettres.

CARACCIOLI (Jean), gentilhomme napolitain, secrétaire et favori de la reine Jeanne II, fit arrêter en 1416 Jacques de La Marche, mari de la reine, et le força à fuir ; triompha aussi d'un rival dangereux, Sforza de Cotignola, et se fit nommer grand sénéchal, duc de Vénuse et comte d'Avellino. Il exigeait encore de nouvelles faveurs, lorsque Jeanne, lasse de subir son joug, donna l'ordre de l'arrêter : les émissaires, sous prétexte de résistance, le tuèrent dans sa chambre (1432). — Un autre Jean C., 1480-1550, prince de Melfi, s'attacha aux Français pendant l'occupation de Naples par Charles VIII, reçut de François I les terres de Romorantin, Nogent-le-Rotrou et Brie-Comte-Robert, défendit avec succès, en 1543, la place de Luxembourg contre les Impériaux et fut fait maréchal de France en 1544.

CARACCIOLI (Ant.), né à Melfi dans le roy. de Naples, était fils du préc. Après avoir été abbé de St-Victor à Paris (1543) et avoir été sacré évêque de Troyes (1551), il embrassa ouvertement le Luthéranisme ; mais il fut bientôt forcé à une abjuration publique. Ayant sollicité en vain le chapeau de cardinal, il se jeta de nouveau dans la Réforme en 1557 et se maria; il perdit son évêché, et se retira à Châteauneuf-sur-Loire, où il mourut en 1569.

CARACCIOLI (Domin., marquis de), homme d'État, né à Naples en 1715, mort en 1789, fut ambassadeur du roi de Naples en Angleterre (1763) et en France (1770), puis ministre des affaires étrangères, enfin vice-roi de Sicile. Caraccioli se fit une grande réputation par son esprit, se lia en France avec les littérateurs les plus distingués, tels que d'Alembert, Diderot, Helvétius, et chercha à appliquer leurs idées dans le roy. de Naples; il abolit la torture en Sicile. Dorat publia sous le titre d’Esprit de Caraccioli un ouvrage qui ne peut faire connaître qu'imparfaitement cet homme remarquable.

CARACCIOLI (le prince Franç.), amiral napolitain, né à Naples en 1748. Mécontent de la cour, il prit parti pour la république parthénopéenne, proclamée à Naples, et s'opposa au débarquement de la flotte anglo-sicilienne. Après la prise de Naples par Ruffo, il fut arrêté par ordre de l'amiral Nelson, au mépris de la capitulation, et pendu au grand mât de sa frégate, 1799.

CARACCIOLI (Louis Ant.), écrivain, né à Paris en 1721, mort en 1803, était issu d'une branche cadette de la maison napolitaine. Il entra chez les Oratoriens en 1739, séjourna quelque temps en Pologne, où il fit l'éducation du prince Rzewusky, puis revint à Paris, où il se livra tout entier aux lettres et vécut du produit de sa plume. Ruiné par la Révolution, il reçut de la Convention, en 1795, une pension de 2000 fr. Ses principaux écrits sont : Caractère de l'amitié; Conversation avec soi-même; Jouissance de soi-même; De la Grandeur d'âme; Tableau de la mort; De la gaieté; Langage de la raison; Langage de la religion; Religion de l'honnête homme; Le Chrétien du temps; Diogène à Paris; Le Livre à la mode; Vraie manière d'élever les princes; Dictionnaire pittoresque et sententieux; Vie de Clément XIV; Lettres intéressantes du pape Clément XIV, prétendues trad. de l'italien et du latin, 4 vol. in-12, Paris, 1777. Ces Lettres, qui étaient fabriquées, furent lues avec avidité et trompèrent toute l'Europe; elles sont écrites avec goût et respirent une morale pure, une philosophie douce.

CARACORUM. V. KARACORUM.

CARACTACUS, roi des Silures, peuple breton (dans le Pays de Galles), résista 9 ans aux troupes romaines, fut en 51 vaincu et pris par le propréteur P. Ostorius, et conduit à Rome pour orner le triomphe du vainqueur. Sa noble fierté devant l'empereur Claude le sauva, et il fut rendu à ses sujets, qu'il gouverna encore pendant deux ans (54-56 de J.-C.).

CARAFFA, illustre famille napolitaine. Les plus célèbres de ses membres sont : Jean Pierre Caraffa, pape sous le nom de Paul IV (V. ce nom); — Charles, Jean et Antoine Caraffa, neveux du pape Paul IV, et fils de Jean Alphonse Caraffa, comte de Montorio. Paul IV les combla d'honneurs et de biens : il dépouilla pour les enrichir les familles Colonne et Guidi; il soutint même à cause d'eux une guerre contre Naples et l'Espagne; mais en 1559, peu avant sa mort, les plaintes que soulevaient de tous côtés leur rapacité et leurs injustices le forcèrent à les exiler de Rome et à les priver de leurs dignités. Son successeur, Pie IV, ennemi personnel des Caraffa, poussa plus loin le châtiment : en 1560, le cardinal Charles Caraffa fut condamné à mort et étranglé dans sa prison; son frère, Jean, soupçonné d'avoir fait assassiner sa femme, eut la tête tranchée; le cardinal Alphonse Caraffa, fils d'Antoine, fut soumis à une amende de 100 000 écus; enfin le sénat romain abolit par un décret la mémoire des Caraffa; mais en 1566 Pie V fit revoir leurs procès et les réintégra dans leurs titres et honneurs. — Un autre Antoine Caraffa, mort en 1693, entra en 1665 au service de l'Autriche, devint feld-maréchal, combattit les Turcs en Hongrie, et prit sur eux Munkacz et Belgrade en 1688. — Hector Caraffa, né à Naples en 1767, adopta avec ardeur les idées libérales, se déclara en 1799 pour la république parthénopéenne, et prit plusieurs villes sur le parti royaliste; mais il tomba entre les mains des ennemis, qui, au mépris d'une capitulation, le firent monter sur l'échafaud, 1799.

CARAÏBES, peuple indigène de l'Amérique, habitait, lors de la découverte du Nouveau-Monde, dans les Petites-Antilles et sur la côte de la Terre-Ferme, depuis le cap de Véla jusqu'à l'embouchure du Surinam. Ils étaient grands, braves, actifs, assez adroits. Ils dévoraient leurs prisonniers et pratiquaient la polygamie. Il paraît qu'ils venaient d'un pays situé au N. de la Floride. Il n'en reste auj. que quelques débris qu'on trouve dans l'E. de la prov. de Caracas, où ils vivent soumis à des chefs électifs, ou à la Guadeloupe, à la Dominique et à Ste-Lucie. Les Caraïbes ont le teint cuivré comme tous les indigènes de l'Amérique; quelques-uns se sont mêlés aux nègres et se nomment Caraïbes noirs.

On appelle quelquefois îles Caraïbes les Petites-Antilles, et mer des Caraïbes, la mer des Antilles.

CARAÏTES, c.-à-d. en hébreu partisans du texte, secte de Juifs, opposée à celle des Talmudistes, s'attache exclusivement à la lettre de la Bible et rejette les interprétations arbitraires des rabbins. Cette secte est surtout répandue en Égypte, en Syrie, à Constantinople, en Russie, en Pologne, en Galicie. Elle paraît s'être formée vers le VIIIe siècle de J.-C. et avoir eu pour chef un certain Anan ben-David.

CARALIS, nom latin de Cagliari.

CARAMAN, ch.-l. de cant. (H.-Gar.), à 18 kil. N. de Villefranche; 1297 hab.

CARAMAN, v. de Caramanie. V. ce nom.

CARAMAN (Pierre Paul RIQUET, comte de), lieutenant général, né en 1644, mort en 1730, était le 2e fils de P. P. Riquet, créateur du canal du Languedoc. Il sauva l'armée française à Wange près de Louvain en 1705, service qui lui valut la grand croix de Saint-Louis avant d'avoir passé par les grades intermédiaires. — François Joseph de Caraman, petit-neveu du préc., 1771-1843, marié en 1805 à Mlle Cabarrus (Mme Tallien), est devenu prince de Chimay (V. CHIMAY). — L. Ch. Victor, duc de Caraman, son frère aîné, 1762-1839, fut sous les Bourbons pair et ambassadeur à Berlin, puis à Vienne.

CARAMANIE, la Pisidie et partie de la Galatie et de la Cappadoce des anciens, eyalet de la Turquie d'Asie, au centre de l'Asie-Mineure, à l'E. de l'Anatolie propre, a pour ch.-l. Konieh et pour autre v. Caraman (à 75 kil. S. E. de Konieh) et Kaisarieh. Pays montueux; vins, opium; salines. — La Caramanie tire son nom de Caraman, sultan seldjoucide de Roum, qui conquit ce pays vers 1300 et s'y forma une principauté; elle passa en 1464 entre les mains des Turcs ottomans : Mahomet II, qui la conquit, lui laissa le titre de principauté et la donna à un de ses fils.

CARAMUEL (Jean), prélat espagnol, né à Madrid en 1606, mort en 1682, appartenait à l'ordre de Cîteaux. Envoyé par le roi d'Espagne en qualité d'agent auprès de l'empereur Ferdinand III, il réussit tellement à plaire à ce souverain qu'il lui donna deux abbayes, l'une à Vienne, l'autre à Prague. Se trouvant dans cette dernière ville en 1648, lorsque les Suédois l'assiégeaient, Caramuel se mit à la tête d'une compagnie d'ecclésiastiques, et contribua à repousser l'ennemi. Il reçut en récompense l'évêché de Kœniggrætz. Il devint en 1673 évêque de Vigevano. Il a composé une foule d'ouvrages pour la plupart médiocres, parmi lesquels quelques-uns bizarres : Grammaire cabalistique, Grammaire audacieuse, Subtilissimus : dans ce dernier, il tente de lever les difficultés de la théologie et de la métaphysique. En morale, il adopta le probabilisme, ce qui l'exposa à de vives critiques.

CARANITIDE, prov. d'Arménie, bornée au N. par les monts Moschici, et traversée par le haut Euphrate.

CARANTONUS, riv. de Gaule, auj. la Charente. CARANUS, de la race des Héraclides, quitta Corinthe à la tête d’une colonie, alla fonder, vers 796 av. J.-C., le royaume de Macédoine et régna 28 ans. On lui attribue la fondation d’Édesse.

CARAQUE. V. CARACAS. — CARA-SOU. V. KARA-SOU.

CARAUSIUS (Marcus Aurelius Valerius), capitaine romain, né chez les Ménapiens, dans la Gaule Belgique, fut chargé par l’empereur Maximien d’aller défendre les côtes de l’Atlantique contre les Saxons et les Francs ; mais, prévoyant une disgrâce, il débarqua dans la Grande-Bretagne et s’y fit proclamer empereur par les légions (287). Il sut se maintenir six ans dans cette province ; au bout de ce temps, il fut assassiné par Allectus, un de ses officiers.

CARAVAGE, nom de deux peintres célèbres, ainsi surnommés du bourg de Caravaggio dans le Milanais, où ils étaient nés. Le plus ancien, Polidoro Caldara, né en 1495, mort en 1543, servit d’abord comme manœuvre dans l’atelier de Raphaël ; il conçut du goût pour la peinture en voyant travailler ce grand maître, et fut admis au nombre de ses élèves. Son domestique l’assassina, afin de lui voler une somme d’argent qu’il venait de recevoir. Il excellait dans la pratique du clair-obscur, et avait beaucoup de goût, de noblesse et d’élégance. Il a travaillé principalement à fresque et a imité avec beaucoup de succès en camaïeu les bas-reliefs antiques. Le meilleur de ses tableaux est un Christ conduit au Calvaire, à Messine. — Le second et le plus célèbre, Michel-Ange Amerighi, né en 1569, commença comme le précédent par préparer la chaux et le mortier pour les peintres à fresque, et se forma sans maître. Il était d’un caractère difficile : s’étant un jour pris de querelle avec le Joseppin, il voulut se battre en duel avec lui ; comme celui-ci refusait son cartel parce qu’il n’était pas chevalier, il alla se faire recevoir chevalier servant à Malte, et revint en toute hâte pour satisfaire sa vengeance ; mais il fut attaqué en route d’une fièvre violente et en mourut (1609). Ce peintre réussissait parfaitement à imiter la nature et à faire illusion à l’œil en donnant à ses peintures la saillie qu’ont les objets réels ; mais il ne savait pas unir l’idéal au réel. Il traita de préférence les meurtres, les aventures nocturnes, et se plut à peindre les haillons, les cadavres. Le Louvre a de lui une Bohémienne, la Mort de la Vierge, etc.

CARAVAGGIO, bourg du Milanais, à 22 k. S. de Bergame : 4600 h. Patrie des deux Caravage. Franç. Sforze y battit les Vénitiens, 1448.

CARBON (cap), sur la côte de l’Algérie, par 36° 49′ lat. N. et 2° 49′ long. E., à 30 k. N. O. de Bougie.

CARBON-BLANG (le), ch.-l. de c. (Gironde), à 11 k. N. E. de Bordeaux ; 418 h. Ancien château.

CARBON, C. Papirius Carbo, ami des Gracques, et ennemi de Scipion, fut élu tribun du peuple env. 131 av. J.-C., devint consul en 120 et fit adopter le scrutin secret dans les comices. Accusé de péculat, et désespérant de se justifier, il se donna la mort, 119. Cicéron vante son éloquence. — Cnéius Papirius Carbo, un des plus chauds partisans de Marius, assiégea Rome, fut vaincu et mis à mort par Pompée qui envoya sa tête à Sylla, 82 avant J.-C. Il avait été 3 fois consul. Étant préteur, il rendit l’Édit Carbonien : cet édit, relatif aux mineurs à qui l’on contestait la qualité de fils légitime et le droit d’hériter, leur assurait la possession sous caution et ajournait la décision après l’âge de majorité.

CARBONARI, c.-à-d. charbonniers, société politique et secrète qui paraît s’être formée en Italie au commencement du XIXe siècle, après la chute des nouvelles républiques italiennes, avait pour but l’expulsion de l’étranger et l’établissement d’un gouvernement démocratique ; elle provoqua dans le roy. de Naples, en 1820, une insurrection qui fut bientôt réprimée. Elle se répandit en France vers 1818, y compta bientôt un grand nombre d’affiliés et devint redoutable au gouvernement de la Restauration, dont elle prépara la chute ; on lui attribue les mouvements insurrectionnels qui eurent lieu de 1819 à 1822. Les Carbonari se divisaient en petites compagnies de 20 membres, nommées ventes, qui envoyaient des députés à une assemblée centrale, nommée vente suprême. — Le nom de Carbonari paraît avoir été appliqué primitivement en Italie à des conspirateurs Guelfes, qui, pour tromper la surveillance des Gibelins, maîtres du pays, se réunissaient au fond des bois dans des cabanes de charbonniers.

CARBONNE, ch.-l. de c. (Hte-Garonne), à 20 k. S. O. de Muret ; 1724h. Huiles, laines.

CARCASO, v. de la Narbonnaise, auj. Carcassonne.

CARCASSEZ, la partie du Languedoc qui avait pour ch.-l. Carcassonne, s’étendait entre la chaîne Cévenno-Pyrénéenne à l’O. et les diocèses de Narbonne, de Béziers et d’Agde, à l’E. Aujourd’hui, partie du dép. de l’Aude

CARCASSONNE, Carcaso, ch.-l. du dép. de l’Aude, sur l’Aude et sur un embranch. du canal du Midi, à 784 k. S. de Paris ; 20 644 h. Évêché, trib., lycée, bibliothèque. On y distingue la ville haute ou cité, ville du moyen âge auj. abandonnée, et la villa basse, bien bâtie, entourée de belles promenades. Cathédrale, église St-Nazaire, du XIe s., contenant le tombeau de Simon de Montfort ; porte narbonnaise et autres restes d’antiquités ; colonne en l’honneur de Riquet. Manufact. de draps pour le Levant ; couvertures de laine, molletons ; eaux-de-vies, fruits, etc. Patrie de Fabre-d’Églantine. — Carcassonne était le ch.-l. des Atacini. Elle fut successivement prise par les Visigoths, par les Sarrasins et par Charles-Martel, eut des comtes particuliers dès le XIe siècle et souffrit beaucoup dans la guerre des Albigeois. Prise par Louis VIII en 1226, puis par Raimond de Trincavel, qui céda ses droits à Louis IX, 1247.

CARCHÉDON, nom grec de Carthage,

CARCINITE (golfe), Carcinites sinus, auj. golfe de Negropoli, dans le Pont-Euxin, à l’O. de la presqu’île Taurique, avait sur ses bords, une v. de Carcine.

CARDAILLAC (Jean de), d’une ancienne famille du Quercy, professa le droit à Toulouse, fut nommé en 1351 évêque de Caldas d’Orense en Galice, en 1360 évêque de Braga en Portugal, et enfin administrateur perpétuel de l’archevêché de Toulouse, 1376. Il donna des preuves éclatantes de son dévouement dans les guerres de Charles V contre les Anglais, encouragea les habitants de la Guyenne à secouer le joug de l’étranger, et facilita les conquêtes de Duguesclin.

CARDAN (Jérôme), savant du XVIe siècle, né en 1501 à Pavie, mort en 1576, professa les mathématiques, puis la médecine à Milan et à Bologne ; voyagea en Écosse, en Angleterre, en France, opérant des cures merveilleuses, et termina sa vie à Rome, où le pape lui fit une pension. On lui attribue quelques découvertes en physique, en chimie et en mathématiques, entre autres une méthode pour résoudre les équations cubiques, qui porte encore le nom de formule de Cardan. Avec de profondes connaissances, il avait un esprit incohérent et une imagination déréglée ; il croyait à l’astrologie, prétendait avoir un démon ou génie familier, se disait doué d’une clairvoyance surnaturelle, et débitait de telles extravagances qu’on croit qu’il avait des accès de folie. On l’a aussi accusé d’athéisme. On prétend qu’ayant prédit l’époque de sa mort, il se laissa mourir de faim pour justifier sa prédiction. Parmi ses nombreux écrits, on remarque : Ars magna, seu de regulis algebræ, Nuremberg, 1545 ; De subtilitate, 1550 (trad. par Rich. Leblanc, 1556) ; De rerum varietate, 1557 ; De sanitate tuenda, 1580 ; De vita propria, 1643, ouvrage posthume, qui renferme la confession la plus franche ou plutôt la plus impudente de ses vices. Ses œuvres ont été réunies par Spon, 10 vol. in-fol., Lyon, 1663 ; la plupart sont à l’Index à Rome. M. Franck a lu en 1844 à l’Académie des sciences morales une Notice sur Cardan.

CARDIE, Cardia, auj. Karidia, v. de la Chersonèse de Thrace, sur le golfe Mélas à l’embouch. du fleuve Mélas. Patrie d'Eumène. Bâtie avant l'arrivée des colonies Athéniennes, qui l'agrandirent. Philippe, roi de Macédoine y battit l'Athénien Diopithe (343). Peu après, Cardie fut détruite.

CARDIFF, v. d'Angleterre, dans le pays de Galles (Glamorgan), à 250 k. O. de Londres, sur la mer; 12 000 h. Port, agrandi en 1834. Église, belle tour; canal qui met la ville en communication avec les usines de Merthyr-Tydvil; grande exploitation de houille. École d'arts et métiers. — Cardiff a été fondée en 1079. Robert, duc de Normandie, frère de Henri I, fut enfermé pendant 26 ans dans le château de cette ville après sa défaite à Tinchebray.

CARDIGAN, v. d'Angleterre, dans le pays de Galles, ch.-l. du comté de Cardigan, à 3 kil. du canal St-Georges, à 35 k. N. O. de Caermarthen ; 3000 h. Église gothique, hôtel de ville, château en ruines. Commerce de cabotage. Les Anglais y furent défaits par les Gallois en 1136. — Le comté de Cardigan, entre ceux de Merioneth, Montgomery, Radnor, Brecknock, Caermarthen et la mer, a 71 k. sur 35 et 70 000 h. Plomb, cuivre, argent, ardoises.

CARDINAUX, grands dignitaires de l'église romaine, ainsi nommés du mot latin cardinalis, c.-à-d. principal, sont les conseillers et les assesseurs du pape, et forment le sacré collége. Réunis sous le nom de conclave, ils procèdent à l'élection des papes. Déjà, dans l'empire romain depuis Théodose, le titre de cardinalis était donné à des officiers de la couronne, à des généraux d'armée, au préfet du prétoire en Asie et en Afrique, parce qu'ils remplissaient les principales charges de l'empire. Dans le clergé, on appelait ainsi dans l'origine les curés des principales paroisses, spécialement à Rome : les cardinaux étaient alors inférieurs aux évêques, et ils restèrent dans cet état jusqu'au XIe siècle. Mais en 1181 les cardinaux prêtres de Rome étant devenus maîtres d'élire seuls le pape, à l'exclusion du clergé et du peuple de Rome, ils obtinrent par là la prééminence sur les évêques. Sixte-Quint, par une bulle de 1586, fixa à 70 le nombre des cardinaux. Ils sont divisés en 3 ordres : cardinaux de l'ordre des évêques, cardinaux de l'ordre des prêtres, cardinaux de l'ordre des diacres. Les cardinaux portent un chapeau, une barrette et une calotte rouges, une robe de même couleur, vulgairement dite de pourpre, et un rochet. Ils sont choisis par le pape dans tous les États de la chrétienté; mais la grande majorité appartient à l'Italie.

CARDONA, v. d'Espagne (Barcelone), sur le Cardone, à 80 kil. de Barcelone, au pied d'une mont. de sel gemme qui a env. 160m de haut et 4 kil. de tour.

CARDONE (Raymond I de), général aragonais, fut mis, en 1332, par le pape Jean XXII, à la tête des armées guelfes. Il prit Tortone et Alexandrie en 1323, mais depuis il n'éprouva guère que des revers. Vaincu en 1322 par Marco Visconti à Bassignano, en 1324 par Galeas Visconti à Varrio, et en 1325 à Altopascio, à la tête d'une armée florentine, il tomba entre les mains de Castruccio, général ennemi.

CARDONE (Raymond II de), vice roi de Naples pour Ferdinand le Catholique, commanda les armées du pape et des Vénitiens contre celles de l'empereur Maximilien et contre les Français, qui avaient à leur tête Gaston de Foix, et perdit la fameuse bataille de Ravenne, où Gaston fut tué (1512). Profitant de cette mort, Cardone porta ses armes contre les Florentins et les Vénitiens, que Ferdinand avait trahis, leur enleva Pescniera et Legnago, et défit Alviano près de Vicence en 1513. Il ternit ses succès par des actes de barbarie qui firent abhorrer les Espagnols en Italie. A la paix de 1515, il rentra dans sa vice-royauté de Naples. Il mourut vers 1525.

CARDONE (Vinc.), poëte italien, d'Atessa (Abruzze citérieure), mort à 25 ans vers 1620, était dominicain. Il eut la bizarre idée de faire plusieurs poëmes de chacun desquels était exclue une des lettres de l'alphabet. Le 1re parut à Naples en 1614 sous le titre de : la R sbandita (l’r bannie).

CARDONNE (Denis Dominique), savant orientaliste, né à Paris en 1720, mort en 1783, se rendit fort jeune en Orient, où pendant un séjour de 20 ans, il apprit les langues orientales; à son retour, il fut nommé professeur des langues turque et persane, puis secrétaire-interprète du roi pour les langues orientales. Ce savant a laissé entre autres écrits : une Histoire de l'Afrique et de l'Espagne sous la domination des Arabes, 1765, des Mélanges de littérature orientale, 1770, et a continué des Contes et Fables indiennes de Galland, 1778.

CARDUQUES, Carduchi, peuple de l'Assyrie sept., habitait la Gordyène. Ce sont les Kourdes actuels.

CAREL DE SAINTE-GARDE (Jacques), mauvais poëte du XVIIe s., né à Rouen, en 1620, mort en 1684, était aumônier et conseiller du roi. Il publia en 1666 un poëme épique intitulé : les Sarrasins chassés de France, dont le héros était Childebrand. C'est de lui que Boileau a dit :

O le plaisant projet d'un poëte ignorant,
Qui de tant de héros va choisir Childebrand!

CARÉLIE. On appelait ainsi d'abord toute la partie mérid. du grand duché de Finlande, qui avait pour places principales : Kexholm, Viborg, Kuopio. Auj. on n'appelle plus de ce nom que les environs de Kexholm, dans le gouvt de Viborg. — La Carélie appartint d'abord aux Russes; elle fut presque toute conquise par les Suédois au XVIIe siècle; mais le traité de Nystadt, 1721, l'a rendue à la Russie.

CARÊME (du latin quadragesimus, quarantième), temps d'abstinence et de jeûne observé chez les Chrétiens, dure 40 jours, en souvenir des 40 jours que J.-C. passa dans le désert sans boire ni manger, lorsqu'il fut tenté par le démon. Le carême commence le mercredi des Cendres et se termine le jour de Pâques (les dimanches ne sont pas compris dans les 40 j. de jeûne). — D'autres religions ont des jeûnes analogues à notre carême (le ramadan des musulmans n'est rien autre chose), et presque toutes le placent au renouvellement du printemps, époque où la chair des animaux contient des principes qui peuvent être dangereux pour la santé.

CARÊME (Marie Ant.), célèbre cuisinier, né à Paris en 1784, mort en 1833. Abandonné de ses parents encore enfant, il remplit d'abord les fonctions les plus infimes dans les cuisines du plus bas étage; mais, à force d'étude et de travail, il parvint à élever l'art culinaire presque au rang d'une science et se fit une grande renommée dans toutes les cours de l'Europe. Unissant le talent d'architecte à l'art culinaire, il dessinait lui-même ses pâtisseries avec beaucoup de goût et d'après les meilleurs modèles, qu'il empruntait à Vignole ou Palladio. Il a laissé plusieurs ouvrages sur son art : Le Pâtissier royal parisien, 1810; Le Cuisinier parisien, le Pâtissier pittoresque, 1815; le Maître d'hôtel français et l'Art de la cuisine au XIXe siècle, souvent réimprimés.

CARENNAC, bourg, du d. du Lot, arr. et à 52 k. N. E. de Gourdon, sur la r. g. de la Dordogne; 1000 h. Anc. abbaye de l'ordre de Cluny, fondée au XIe s.

CARENTAN, Carento, ch.-l. de c (Manche) à 27 k. N. O. de St-Lô; 2743 hab. Port sur la Douve. Dentelles, étoffes de coton. Commerce de cabotage. Ancienne place de guerre démantelée en 1853.

CAREY (Harry), poëte et musicien anglais, fils naturel de Savile, marquis d'Halifax, né à une époque incertaine, mort en 1743, fit les paroles et la musique d'un grand nombre de chansons et de ballades qui eurent une grande vogue et qui furent réunies sous le titre de The musical Century, 1740. Il a aussi composé des pièces de théâtre fort gaies; cependant il se pendit dans un accès de mélancolie. On lui attribue l'air national God save the King.

CAREY (Jean), philologue, né en Irlande en 1756, mort en 1829, a donné un grand nombre d'ouvrages d'éducation, et a publié 50 vol. de la collection des Classiques de Valpy. Il donna aussi des édit. de la trad. de Virgile de Dryden et du Dictionnaire d'Ainsworth.

CAREY (William), orientaliste anglais, né en 1762, mort à Sérampour en 1834, fut envoyé en 1793 dans le Bengale pour y répandre l'Évangile; apprit plusieurs des dialectes de l'Inde, surtout le sanscrit et le bengali; fut professeur de sanscrit à Calcutta depuis 1801, et publia plusieurs grammaires et dictionnaires qui ont beaucoup avancé l'étude des langues orientales. Il entreprit avec Marshmann la publication et la traduction du Ramayana, et en donna plusieurs vol. (1806-10), mais il ne put l'achever.

CAREZ (Joseph), imprimeur de Toul, né en 1753, mort en 1801, est l'inventeur du clichage. Il donna dès 1785 plusieurs éditions remarquables où il employait ce procédé ; il les appelait éditions homotypes, pour exprimer la réunion en un seul corps de plusieurs caractères. Député de la Meurthe à l'Assemblée législative, il fut quelque temps sous-préfet à Toul. Il mourut dans cette ville en 1801.

CARHAIX, Vorganium, ch.-l. de c. (Finistère), sur l'Hière, à 57 k. N. E. de Quimper; 1808 h. C'est une des plus anc. villes de l'Armorique. Patrie de Latour-d'Auvergne, le Premier grenadier de France, à qui une statue a été élevée dans cette ville en 1841. Carhaix fut prise par Duguesclin en 1363.

CARIATH. Ce mot qui précède un grand nombre de noms de villes de la Palestine, veut dire ville. V. le nom qui suit.

CARIATI, Paternum, ville d'Italie (Calabre Citér.), sur le golfe de Tarente, à 45 k. N. de San-Severino; 2300 h. Évêché. Mûriers, manne.

CARIBERT I, l'aîné des fils de Clotaire I, eut en partage le roy. de Paris, avec certaines parties du Quercy, de l'Albigeois et de la Provence, et régna de 561 à 567. Il se distingua par ses goûts pacifiques et se piqua même d'être savant en jurisprudence, mais il s'abandonna à la luxure et fut pour ce motif excommunié par son évêque. Il ne laissa que des filles, et ses États furent partagés entre ses frères.

CARIBERT II. V. ARIBERT.

CARIE, Caria, auj. livah de Mentech, anc. contrée de l'Asie-Mineure, dans l'angle S. O. de la péninsule, était bornée à l'O et au S. O. par la mer, au N. par la Lydie, à l'E. par la Pisidie et la Lycie; v. principales : Halicamasse, Milet, Cnide, Caune, Alabanda, Alinde. Les Grecs, dès le temps d'Homère, traitaient les Cariens de barbares, et employaient comme synonymes les mots de Carien et d'esclave. — De bonne heure les Phéniciens fondèrent en Carie des colonies, qui devinrent des puissances maritimes. Ensuite cette contrée reçut des colonies grecques, soit ioniennes, soit doriennes. Cyrus conquit ce pays. Néanmoins il conserva quelques souverains particuliers, notamment Mausole et la reine Artémise (V. ces noms). Alexandre ne soumit que nominalement la Carie; après sa mort elle appartint successivement à Cassandre, à Antigone, à Lysimaque, aux Rhodiens et enfin aux Romains. Sous Constantin elle fit partie du diocèse d'Asie. Elle tomba ensuite au pouvoir des Arabes, des Turcs Seldjoucides, et enfin des Ottomans, en 1336.

CARIGNAN, Carignano, v. du Piémont, à 20 k. S. de Turin, sur la r. g. du Pô; 7250 h. Belle place, murailles anciennes. Filature de soie; confitures d'écorce de citron. — Carignan a donné son nom à une branche de la maison de Savoie qui règne auj. (V. ci-après); le fils aîné du roi porte toujours le titre de prince de Carignan. Cette ville a été prise plusieurs fois, notamment en 1544.

CARIGNAN, ch.-l. de c. (Ardennes), à 17 k. S. E. de Sedan, sur le Chiers; 1644 h. Fer-blanc, lainages, grains. Cette ville se nommait d'abord Yvoy; elle reçut le nom de Carignan lorsque Louis XIV l'eut érigée en duché-pairie en faveur d'une branche cadette de Savoie-Carignan, dont le chef s'était établi en France et avait épousé Marie de Bourbon, comtesse de Soissons. V. l'art. savant.

CARIGNAN (Thomas François DE SAVOIE, prince de), 5e fils de Charles-Emmanuel I, due de Savoie, et chef de la maison de Carignan, naquit en 1596. Il commanda en 1635 les Espagnols contre la France, et perdit la bataillé d'Avein contre les maréchaux de Châtillon et de Brézé; mais en 1638, il battit le maréchal de La Force, et lui fit lever le siége de St-Omer. Il passa quelques années après au service de la France (1642), fut nommé généralissime des armées de France et de Savoie en Italie, fit la guerre avec succès, et reçut en récompense la charge de grand maître de France. Il mourut à Turin en 1656, dans une expédition entreprise pour secourir le duc de Modène, attaqué par les Espagnols. Après avoir tenté, mais inutilement, d'enlever à sa belle-sœur Christine la tutelle de ses enfants, il s'était réconcilié avec elle. Il avait épousé en 1625 Marie de Bourbon, comtesse de Soissons, dont il eut Eugène Maurice, comte de Soissons (V. SOISSONS), père du célèbre prince Eugène. — La maison de Carignan règne auj. en Sardaigne. Elle monta sur le trône en 1831, en la personne de Charles-Albert, après l'extinction de la branche aînée.

CARILLO D'ACUNHA. V. ACUNHA et ALBORNOS.

CARIN, M. Aurelius Carinus, empereur romain, succéda à son père Carus en 283, conjointement avec Numérien, son jeune frère, et eut en partage l'Italie, l'Illyrie, les Gaules, l'Espagne et l'Afrique. Sa vie fut souillée par les débauches et la cruauté ; il montra cependant quelque courage pour défendre l'empire : il battit près de Vérone l'usurpateur Julianus qui avait pris la pourpre en Pannonie, et repoussa d'abord avec quelque succès Dioclétien, prétendant plus redoutable; mais il fut enfin vaincu par ce dernier en Mésie, et, après sa défaite, assassiné par un de ses tribuns (285).

CARINI, v. de Sicile (Palerme), à 17 kil. N. O. de Palerme ; 7000 hab. Château. Beaucoup de manne aux env. Pres de là, ruines d’Hyccara, patrie de Laïs. — Insurgée en 1860 contrôle roi de Naples, elle fut aussitôt bombardée et presque détruite.

CARINTHIE, anc. prov. des États autrichiens (Illyrie), avait à l'E. et au N. la Styrie, au S. la Carniole, à l'O. le Tyrol; 88 kil. sur 58; 350 000 hab., Slaves pour la plupart; ch.-l., Klagenfurth. La Carinthie est auj. divisée en 2 cercles : celui de Klagenfurth ou Carinthie inf., et celui de Villach ou Carinthie sup. Elle est traversée par les Alpes Carniques et Noriques; l'air en est froid, le sol peu fertile, mais elle contient de grandes richesses métalliques, surtout en plomb. Industrie : fabrication d'une espèce d'acier dit brescia, tôle, blanc de plomb, sel de plomb, armes à feu. — La Carinthie, habitée d'abord par les Carentani, faisait partie du Norique et de la Carnie. Elle appartint successivement à l'empire romain, aux Hérules, aux Ostrogoths, aux Avares, à Charlemagne, qui en fit un margraviat dépendant du duché de Frioul. Arnoul fut fait duc de Carinthie en 880, et réunit son duché à la Bavière en 887; Othon II l'en sépara en 977. En 1058, la maison de Zæhringen l'obtint avec la marche de Vérone; elle passa ensuite aux maisons de Murzthal (1073), d'Ortenbourg (1127), de Bohême (1269), de Gœrz (1282), aux comtes du Tyrol (1286), et finalement à la maison d'Autriche (1336). La France a possédé de 1809 à 1814 le cercle de Villach.

CARIS, riv. de Gaule, auj. le Cher,

CARISBROOKE, vge de l'île de Wight, à 1 kil. S. O. de Newport; 4500 hab. Vieux fort, construit par les Bretons, ou selon d'autres par les Romains, et reconstruit sous Élisabeth. Charles I y fut gardé comme prisonnier en 1647, et, après sa mort, ses enfants y furent détenus.

CARISSIMI (J. J.), grand compositeur italien, né à Padoue vers 1582, mort v. 1672, fut le réformateur de la musique moderne en Italie. Choisi pour maître de la chapelle pontificale en 1649, il introduisit dans les églises l'accompagnement de la musique instrumentale, et fut le premier qui employer la cantate pour des sujets religieux. On a de lui de Messes, des Oratorios, des Motets et des Cantates. On remarque surtout ses cantates le Sacrifice de Jephté et le Jugement de Salomon, son motet Tur babuntur impii.

CARISTIE (Aug. Nic.), architecte français, né à Avallon (Yonne) en 1783, m. en 1862; étudia l'architecture sous Percier; publia en 1821 le Plan et la coupe d'une partie du forum et de la voie sacrée; fut chargé de restaurer l'arc de Marius à Orange, dont il donna les Dessins en 1839; a en outre exécuté pour l'Institut, dont il devint membre, les Dessins du Temple de Sérapis à Pouzzoles.

CARISTO, Carystus, v. de Grèce, dans l'île de Négrepont, au S. E., près du cap de l'Oro; 3000 hab. Évêché grec. Jadis célèbres carrières de marbre.

CARITENA, Gortys, v. de la Grèce actuelle (Arcadie), à 22 kil. O. de Tripolitza, sur la r. dr. de l'anc. Alphée; 2500 hab.

CARLADÈS, petit pays de la H.-Auvergne, sur les confins du Rouergue, formé des territoires de Carlat et de Vic. Il eut dès l'an 1000 des comtes particuliers; fut réuni aux comtés de Rouergue et de Provence, aux domaines des maisons d'Armagnac, d'Albret et de Bourbon, enfin (1531) à la couronne. Louis XIII, en 1642, en fit un duché-pairie.

CARLAT, vge du dép. du Cantal, ch.-l. de l'anc. Carladès, à 15 kil. S. E. d'Aurillac; 950 hab.

CARLAT-DE-ROQUEFORT (LE), vge de l'Ariége, à 13 k. E. de Foix; 430 hab. Patrie de Bayle.

CARLE (pour CHARLES) MARATTE, VANLOO, VERNET. V. MARATTI, VANLOO, etc.

CARLENTINI, v. de Sicile (Noto), à 30 kil. N. O. de Syracuse; 3000 hab. Fondée par Charles-Quint.

CARLIN, acteur célèbre. V. BERTINAZZI.

CARLISLE, Luguvallum, v. d'Angleterre, ch.-l. du comté de Cumberland, au confluent de l'Eden et du Caldew, à 133 kil. N. O. d'York; 36 800 hab. Évêché anglican. Belle cathédrale, demi-gothique, demi-saxonne; vieux château construit par Guillaume Ier, où Marie Stuart fut emprisonnée en 1568. Établissements d'instruction; industrie active : fonderies, brasseries, étoffes de laine, cordages, cuirs, etc. ; grand commerce. — Carlisle fut un des principaux postes militaires des Romains. Le mur d'Adrien y aboutissait. Elle appartenait à l’Écosse sous David I; elle fut plusieurs fois assiégée, incendiée et prise, notamment en 900 par les Danois, en 1644 par les Parlementaires, en 1745 par les Jacobites. Le titre de comte de Carliste fut donné en 1661 par Charles II à une des branches de la famille Howard. — Il y a plusieurs villes de ce nom aux États-Unis, notamment une en Pensylvanie, à 150 k. O. de Philadelphie; 5000 h. Collége méthodiste.

CARLISTES, dénomination de parti donnée en France aux partisans de Charles X après la révolution de 1830, et en Espagne aux partisans de don Carlos, prétendant au trône après la mort de Ferdinand VII, 1833, et à ses héritiers. (V. CARLOS, MONTEMOLIN.)

CARLOMAN, fils aîné de Charles-Martel et frère de Pepin le Bref, reçut en 741 l'Austrasie, la Souabe et la Thuringe, qu'il gouverna en souverain, mais sans prendre le titre de roi. Il eut sans cesse à combattre les Allemands, les peuples d'Aquitaine, les Bavarois et les Saxons et les défit partout; mais enfin, las de tant de combats, il renonça aux grandeurs et se retira chez les religieux du Mont-Cassin (747), laissant Pepin seul maître. Envoyé en France en 753 pour une mission de paix, il mourut à Vienne en Dauphiné en 756. Ses restes furent transportés au Mont-Cassin, où ils reposent encore.

CARLOMAN, fils de Pepin le Bref, et frère de Charlemagne, né en 751, régna de 768 à 771 sur l'Austrasie, la Bourgogne et une partie de l'Aquitaine, et mourut à 21 ans. Charlemagne recueillit tout l'héritage.

CARLOMAN, 2e fils de Louis le Bègue et frère de Louis III, fut sacré en 879 roi d'Aquitaine et d'une partie de la Bourgogne, et devint en 882, par la mort de son frère, seul roi de France. Il combattit avec succès Hugues le Bâtard, qui revendiquait la Lorraine, Boson, qui s'était fait un royaume dans le midi de la France, et les Normands, qui ravageaient toutes les provinces. Il mourut en 884, blessé à la chasse d'une flèche lancée par un de ses officiers contre un sanglier.

CARLOMAN, fils de Louis le Germanique, partagea les États de son père avec ses frères Louis et Charles en 876, reçut la Bavière et fut un moment roi d'Italie. Il mourut en 880, ne laissant qu'un enfant bâtard, Arnoul, qui fut reconnu roi d'Allemagne en 887.

CARLOPAGO, v. des États autrichiens (Croatie militaire), sur l'Adriatique, à 37 kil. N. de Nona; 2000 h. Grand et bon port, creusé en 1782 par ordre de Joseph II. Ville jadis commerçante, auj. déchue.

CARLOS (don), infant de Navarre, prince de Viane, né en 1420 de Jean, prince d'Aragon, et de Blanche, reine de Navarre, devait en 1441, à la mort de sa mère, hériter de la couronne de Navarre; mais cet héritage lui fut enlevé par son père. Don Carlos prit les armes pour défendre ses droits; il fut vaincu à Aibar (1452), fait prisonnier, et ne sortit de prison qu'au prix d'une renonciation. La guerre se ralluma néanmoins en 1455; don Carlos, de nouveau vaincu, alla chercher un refuge à Naples, près de son oncle, Alphonse le Magnanime; mais la mort de ce prince le laissa sans appui, et, en 1460, il fut perfidement arrêté par l'ordre de son père, que Jeanne, sa 2e femme, poussait à ces actes odieux. A la nouvelle de cette arrestation, plusieurs provinces se révoltèrent, et Jean fut contraint de reconnaître don Carlos pour son héritier, et de consentir au mariage de ce prince avec Isabelle de Castille, que la reine Jeanne destinait à son propre fils. Cette marâtre prévint leur union par un crime : don Carlos fut empoisonné en 1461. Ce prince joignait à de brillantes qualités le goût des lettres; il a laissé, entre autres écrits, une traduction de la Morale d'Aristote, et en manuscrit une Chronique des rois de Navarre.

CARLOS (don), fils de Philippe II et de Marie de Portugal, né en 1545, annonça dès son bas âge un caractère violent et vindicatif, que les circonstances vinrent encore aigrir. Il devait épouser Élisabeth de France, fille de Henri II; mais son père, alors veuf de Marie d'Angleterre, le supplanta dans ce mariage (1560). Plus tard, en 1565, on lui fit espérer la main de l'archiduchesse Anne, fille de l'empereur Maximilien; mais son père s'opposa encore à cette union. En 1564, Philippe II avait fait venir en Espagne les archiducs Rodolphe et Ernest, ses neveux, afin de leur assurer la succession de ses États, au détriment de son fils qu'il disait incapable de gouverner. Irrité de cette conduite, don Carlos osa traiter, en 1567, avec les Pays-Bas révoltés contre son père, et promettre aux rebelles de se mettre à leur tête. Philippe parut croire que don Carlos avait conspiré contre sa vie et le fit arrêter : il fut condamné par l'inquisition; quelques mois après, il mourut dans sa prison, selon les uns, de consomption, selon d'autres, empoisonné (1568). Sa mort a fourni un sujet de tragédies à Campistron, Chénier, Otway, Schiller, Alfieri, etc. St-Réal a fait le récit de sa conspiration.

CARLOS (don) DE BOURBON, 2e fils de Charles IV et frère de Ferdinand VII, né en 1788, mort en 1855, fut contraint d'abdiquer à Bayonne entre les mains de Napoléon, avec son père et son frère (1808), et fut comme eux détenu à Valençay pendant l'occupation de l'Espagne. Il rentra à Madrid en 1814 et devint bientôt l'appui du parti rétrograde. Son frère Ferdinand VII n'ayant pas eu d'enfants de trois mariages, don Carlos semblait destiné à régner; mais le roi, ayant épousé en 4e noces Marie-Christine, en eut deux filles, dont l'une, par une disposition spéciale, fut appelée à lui succéder sous le nom d'Isabelle II (1830). Don Carlos protesta contre le décret qui abolissait la loi salique et fut exilé. Après la mort de Ferdinand, il prit le titre de roi sous le nom de Charles V, rentra en Espagne les armes à la main (1834). Les Carlistes, ses partisans, ayant été vaincus en 1839, il se réfugia en France, fut interné à Bourges, et mourut à Trieste en 1847. — Ses prétentions ont été reprises par son fils, le Cte de Montemolin (V. ce nom), et par son petit-fils, Charles de Bourbon (1848-1909), Don Carlos, qui, sous le nom de Charles VII, les renouvela sous le roi Amédée (juill. 1872) et sous la république de 1873, et s'empara de plusieurs villes du N. de l'Espagne.

CARLOSTADT (André BODESTEIN, dit), ami de Luther, ainsi nommé de la ville de Carlstadt, en Franconie, où il était né, était professeur de théologie et doyen de l'Université à Wittemberg en 1512. Il fut un des premiers à embrasser la Réforme et à se marier; mais il ne tarda pas à se séparer de Luther au sujet de l'Eucharistie, et combattit la présence réelle (V. SACRAMENTAIRES). Mort à Bâle en 1541.

CARLOTTA (LA), v. d'Espagne, une des colonies étrangères de la Sierra-Morena établies en 1767 par Olavidès, à 25 kil. S. O. de Cordoue; 4000 hab., en grande partie Français et Savoyards.

CARLOVINGIENS, illustre famille qui a donné un grand nombre de souverains à la France, à l'Allemagne et à l'Italie pendant les IXe et Xe siècles. Elle doit son nom à Charles-Martel, maire du palais, fils de Pepin d'Héristal, et père de Pepin le Bref. Voici la liste des souverains de cette famille :

Rois de France. Charles-Martel, 715-741; Pepin le Bref, 752-768; Charlemagne, 768-814; Louis le Débonnaire, 814-840; Charles le Chauve, 840-877; Louis le Bègue, 877-879; Louis III et Carloman, 879-884; Charles le Gros, 884-887; Charles le Simple, 893-923; Louis d'Outremer, 936-954; Lothaire, 954-986; Louis V, le Fainéant, 986-987.

Empereurs. Charlemagne, 800-814; Louis le Débonnaire. 814-840; Lothaire, 817-855; Louis II, fils de Lothaire, 850-876; Charles le Chauve, 876-877; Charles le Gros, 880-887 ; Guy de Spolète, 891-894; Lambert, 894-896; Arnoul de Carinthie, 896-899; Louis, fils de Boson, 901-902; Bérenger, 906-924.

Rois d'Allemagne ou de Germanie. Charlemagne, 800-814; Louis le Débonnaire, 814-840; Louis II, le Germanique, 840-876; Louis le Jeune ou de Saxe, 876-882; Charles le Gros, 882-887; Arnoul de Carinthie, 887-899 ; Louis l'Enfant, 899-911.

Rois d'Italie. Charlemagne, 774-781; Pépin, 781-812; Bernard, 812-818; Louis le Débonnaire, 818-820; Lothaire, 820-855; Louis II, 855-875; Charles le Chauve, 875-876; Charles le Gros, 879-881 ; Guy, 881-888; Bérenger, 888-894, 905-924; Lambert, 894-900; Louis, fils de Boson, 900-905; Hugues de Provence, 926-947; Lothaire, 945-9150; Bérenger II et Adalbert, 950-961.

En France, la mort de Louis V, le Fainéant (987), amena sur le trône Hugues Capet, qui fut reconnu roi à l'exclusion de Charles de Lorraine, 2e fils de Louis d'Outremer. En Allemagne, les Carlovingiens s'éteignirent en la personne de Louis IV, l'Enfant (911), et furent remplacés par les maisons de Saxe et de Franconie. En Italie, après la mort d'Adalbert, dernier roi carlovingien (961), Othon le Grand réunit ce royaume à l'empire.

CARLOW, v. d'Irlande (Leinster), ch.-l. d'un comté de même nom, sur le Barrow, à 67 k. S. O. de Dublin; 10 000 hab. Ancien château fort anglo-normand, anc. abbaye, temple protestant, hospice d'aliénés. Un peu de commerce. — Le comté est situé entre ceux de Kilkenny, Kildare, la Reine, Wicklow et Wexford; 88 980 hectares, 86 228 hab.

CARLOWITZ, v. des États autrichiens (Esclavonie militaire), sur le Danube qui souvent l'inonde, à 10 kil. S. E. de Peterwaradin; 5600 h. Archevêché grec; école illyrienne, école catholique. Vin estimé, vermouth. — Il y fut signé en 1699 un traité de paix, par lequel la Turquie cédait : à l'Autriche toute la Hongrie turque (moins Temeswar et Belgrade) et ses prétentions à la suzeraineté de la Transylvanie; à la Pologne, Kaminiec, la Podolie et l'Ukraine en deçà du Dniepr: à Venise, la Morée, l'île d'Égine et plusieurs places en Dalmatie; à la Russie, Azov.

CARLSBAD, v. de Bohême (Elnbogen), sur la Toppel, à 11 k. N. E. d'Elnbogen; 3000 h. permanents. Couteaux, aiguilles, etc. Eaux thermales découvertes par l'empereur Charles IV dans une partie de chasse en 1358, d'où le nom de Carlsbad (c.-à-d. bain de Charles); sel de Carlsbad (sulfate de soude). — Il s'y tint en 1819 un congrès des souverains d'Allemagne pour établir une police plus rigoureuse contre les étudiants et contre l'esprit de libéralisme.

CARLSBOURG, Apulum chez les anciens, Alba Julia, Alba Carolina en latin moderne, Weissenbourg en allemand (alb, weiss, signifient blanc), v. de Transylvanie, ch.-l. du comitat de Weissembourg, sur le Maros; 6500 h. Ville petite, mais importante comme place forte; siége de l'évêché catholique de Transylvanie; anc. résidence des princes de Transylvanie; cathédrale où se trouve le tombeau de J. Huniade. Aux environs, riches mines d'or.

CARLSCRONA, v. de Suède, à 400 kil. S. O. de Stockholm, sur la mer Baltique, est en grande partie construite sur de petites îles qui touchent à la côte ; 15 000 hab. Port militaire, le premier du roy.; forts, bassins, chantiers et autres établissements pour la marine. — Fondée par Charles IX, augmentée par Charles XI en 1679, détruite en partie par un incendie en 1790.

CARLSHAFEN, v. de Hesse-Cassel, à 32 kil. N. de Cassel, sur le Weser et la Dimel ; 2000 hab. Canal, port. La v. est bâtie à l'italienne. Hôpital d'invalides fondé en 1704. — Syburg était le 1er nom de cette ville; le landgrave Charles, qui la rebâtit en 1699, lui donna en 1717 celui qu'elle porte auj.

CARLSRUHE, capit. du grand-duché de Bade, à 7 kil. de la r. dr. du Rhin, à 67 kil. N. E de Strasbourg; 25 000 hab. Très-jolie ville; beau château; monuments divers, églises, caserne, théâtre, porte d'Ettlingen, etc. Académie, biblioth., beaucoup d'établissements d'instruction. Industrie : soieries, bijouterie, carrosserie, meubles, amidon, etc. Un chemin de fer l'unit à Heidelberg par Manheim et à Bâle par Rastadt. — Cette v. fut fondée en 1715 par Charles-Guillaume, margrave de Bade-Dourlach, qui en fit sa résidence et lui donna le nom de Carlsruhe, c.-à-d. repos de Charles : ce n'était auparavant qu'un simple rendez-vous de châsse.

CARLSTAD, v. de Suède, sur le lac Wener, ch.-l. du gouvt de Carlstad, à 255 kil. O. de Stockholm; 2000 hab. Cathédrale. Commerce assez actif. — Fondée en 1584 par Charles duc de Sudermanie (Ch. IX). — Dans le gouvt de Carlstad sont de riches mines de fer qui donnent 300 000 quintaux par an.

CARLSTADT, v. forte des États autrichiens (Trieste), à 164 kil. E. de Trieste; 6000 hab. Évêché grec orthodoxe. Château, chantiers de construction. — V. de Bavière (Basse-Franconie), à 54 kil. N. O. de Wurtzbourg; 3000 hab. Patrie de Carlostad.

CARLSTADT-VARASDIN (Généralat de), gouvt des États autrichiens qui, réuni au banat de Croatie, forme une des 4 divisions du gouvt des Confins militaires.

CARLUX, ch.-l. de cant. (Dordogne), sur la Dordogne, à 11 kil. E. de Sarlat; 360 hab. Ruines d'une forteresse.

CARMAGNOLE, v. du roy. d'Italie, dans le Piémont, à 24 kil. S. E. de Turin; 12 000 hab. Belle place. Patrie de François Bussone, dit Carmagnole. Prise en 1691 par Catinat et en 1796. — Pendant la Révolution, on donna le nom de Carmagnole à une chanson républicaine injurieuse à la cour, puis au costume négligé qu'adoptèrent les Jacobins en 1793. On croit que l'air de la Carmagnole, bien antérieur à la Révolution, fut d'abord fait pour une chanson populaire dans laquelle était célébrée une grande victoire remportée sur les Suisses par le général François Carmagnole (qui suit).

CARMAGNOLE (François BUSSONE, dit), général italien, né à Carmagnole en Piémont, en 1390, de parents obscurs, fut d’abord gardeur de pourceaux, puis valet d’armée. Entré comme simple soldat en 1412 dans les troupes de Philippe Marie Visconti, duc de Milan, il se distingua sous les yeux de ce prince, fut bientôt élevé par lui au commandement de toutes ses armées, et fut le libérateur du Milanais. Il finit par devenir odieux à Visconti, qui craignait sa puissance, et s’enfuit à Venise en 1424. Les Vénitiens lui confièrent la direction de leurs forces. Il vainquit à Macalo, en 1427, les quatre généraux les plus habiles de l’Italie, François Sforza, Piccinino, Ange de la Pergola et Guido Torello ; mais sa générosité envers les prisonniers le rendit suspect au conseil des Dix. Quelques revers, et notamment une défaite éprouvée par la flotte en 1431, ayant paru confirmer les soupçons, il fut rappelé à Venise en 1432 ; il y fit une entrée triomphale, mais le lendemain de son retour il fut jeté dans les fers, et bientôt il périt sur l’échafaud. Cette catastrophe a fourni à Manzoni le sujet d’une tragédie.

CARMANIE, Carmania, auj. Kerman, Laristan, et partie S. O. du Kaboul ; prov. de l’anc. Perse, entre le golfe Persique au S., la Parthie au N., la Perside à l’O., l’Arie, la Gédrosie, la Drangiane à l’E., se divisait en Carmanie maritime, au S. ; ch.-l., Carmana ; et Carmanie intérieure ou déserte, au N. Cette dernière offre d’immenses plaines de sable, incultes, salées, presque solitaires ; cependant l’on y élevait des moutons renommés.

CARMARTHEN, V. CAERMARTHEN.

CARMATH, CARMATHES. V. KARMATH, etc.

CARMAUX ou CRAMAUX, bourg du dép. du Tarn, à 16 k. N. d’Albi ; 3743 h. Riche houillère.

CARMEL (mont), Carmelus, montagne de Syrie (Acre), entre la mer à l’O. et le Cison à l’E., s’étend depuis Césarée au S. jusqu’à la baie d’Acre au N., où il forme un cap, par 32° 51' lat. N., 32° 39' long. E. Ce mont, haut de 1000m, passe pour avoir été la demeure du prophète Élie. Un célèbre couvent de Carmes y fut construit au XIIe siècle : démoli en 1821 par Abdallah, pacha de St-Jean-d’Acre, il a été reconstruit depuis 1828 avec le produit des quêtes faites dans toute la chrétienté : on y exerce l’hospitalité.

CARMEL (religieux du MONT-), ermites institués en 400 sur le mont Carmel, par Jean, patriarche de Jérusalem, en l’honneur du prophète Élie ; ce sont eux qui ont donné naissance à l’ordre des Carmes.

CARMÉLITES, congrégation de religieuses qui suivaient la règle des Carmes. Cette congrégation, introduite en France dès 1452, fut réformée par Ste Thérèse en 1562 : le cardinal de Bérulle et Mme Acarie firent adopter cette réforme en France. C’est dans un couvent de Carmélites de Paris (rue d’Enfer) que se retira Mlle de La Vallière.

CARMENTA, prophétesse d’Arcadie qui rendait ses oracles en vers (carmen), eut de Mercure Évandre, avec lequel elle passa en Italie. Après sa mort, les Romains lui élevèrent un autel entre le Tibre et le mont Capitolin près d’une des portes de la ville qu’on nomma en son honneur Porte Carmentale et qui fut appelée plus tard Porte Scélérate.

CARMENTALE (porte). V. CARMENTA.

CARMES, ordre religieux, originaire du mont Carmel en Syrie, d’où il tire son nom, fut formé au commencement du XIIe siècle, reçut, en 1209, une règle d’Albert, patriarche de Jérusalem et fut confirmé en 1227 par le pape Honorius ; il fut introduit en Europe par S. Louis en 1238. Les Carmes vivaient cloîtrés, observaient le silence et se livraient au jeûne et à la prière. Ils portaient une robe brune et une chape blanche avec des barres de couleur brune, d’où le nom de Barrés qu’on leur donnait aussi.

CARMES MITIGÉS, religieux institués en 1432, suivaient la règle des Carmes, adoucie par Eugène IV.

CARMES DÉCHAUSSÉS, congrégation religieuse établie dans le XVIe siècle, n’était qu’une réforme des Carmes. Cette réforme fut d’abord appliquée à des couvents de femmes par Ste Thérèse, 1562 V. CARMÉLITES) ; puis cette sainte, aidée de S. Jean d« la Croix, l’introduisit dans les couvents d’hommes. Ces Carmes marchaient pieds nus (d’où leur nom).

CARMONA, v. d’Espagne (Séville), à 30 kil. E. de Séville, sur le Carbonès ; 20 700 hab. Château en ruines. Prise en 712 par Mousa, elle devint très-florissante sous les Maures ; elle leur fut enlevée en 1247.

CARMONTELLE (N.), auteur dramatique, né à Paris en 1717, mort en 1806, fut lecteur du duc d’Orléans. Il est le créateur de ces petites comédies connues sous le nom de Proverbes dramatiques, et réussit fort bien dans ce genre léger. Il publia un premier recueil de ces pièces de 1768 à 1781, en 8 v. in-8 ; on a publié après sa mort, en 1811 et 1825, plusieurs de ses proverbes qui étaient restés inédits.

CARNAC, vge du dép. du Morbihan, à 10 k. S. E. d’Auray ; 541. On voit aux environs d’immenses ruines de monuments celtiques : 1200 pierres placées en quinconce dans une vaste lande forment des espèces de rues tirées au cordeau.

CARNAK, v. d’Égypte. V. KARNAK et THÈBES.

CARNARVON, v. d’Angleterre. V. CAERNARVON.

CARNATIC, prov. de l’Inde. V. KARNATIC.

CARNAVAL, temps de fêtes et de divertissements qui précède le Carême, commence le 6 janvier, jour de l’Épiphanie, et finit le mardi, veille du mercredi des Cendres. On fait dériver le mot Carnaval de carn (pour caro, chair) et avaler, parce que l’on mange beaucoup de chair pendant le Carnaval pour se dédommager de l’abstinence imposée pendant le carême ; d’autres, avec plus de raison, font venir ce mot de caro vale, c’est-à-dire, adieu la chair. Les travestissements de tous genres, les bals nocturnes et masqués, les promenades du Dimanche-Gras et du Mardi-Gras sont les principaux amusements auxquels on se livre pendant le Carnaval. Le Carnaval de Venise et en général ceux des pays méridionaux sont les plus célèbres et les plus brillants. Cet usage semble être un reste des fêtes populaires des anciens et de celles de nos pères, telles que les Bacchanales, les Lupercale, les Saturnales, la fête des Fous, de l’Âne, etc.

CARNÉADE, philosophe grec, fondateur de la 3e Académie, né à Cyrène vers 215 avant J.-C., enseigna dans Athènes, et vécut 90 ans. Il professait une espèce de scepticisme mitigé : il ne disait pas, comme Arcésilas, que la vérité n’existe pas, mais que l’homme ne peut la connaître, et qu’il est réduit en tout à la vraisemblance ou à la probabilité. Pour lui, la loi morale aurait consisté, au dire de Cicéron (Acad. II, 42), dans la satisfaction des premiers besoins de la nature. Il combattit les Stoïciens avec acharnement ; il disait lui-même que s’il n’y avait pas eu de Chrysippe, il n’y aurait pas eu de Carnéade. Député par les Athéniens, avec Critolaüs et Diogène de Babylonie, auprès du Sénat de Rome pour faire une réclamation (155), il fit briller son éloquence aux yeux des jeunes Romains ; mais à la suite d’une séance où il avait successivement parlé pour et contre la justice, Caton proposa de renvoyer au plus tôt un sophiste si dangereux.

CARNERO, golfe de l’Adriatique. V. QUARNERO.

CARNI, peuple de la Vénétie. Ils occupaient la Carniole et le Frioul, et avaient pour ch.-l. Julium Carnicum (auj. Zuglio).

CARNIÈRES, ch.-l. de c. (Nord), arr. et à 8 k. E. de Cambray ; 1606 h. Sucre de betterave, genièvre, distilleries. — V. de Belgique (Hainaut), sur la Haine, à 16 k. O. de Charleroy ; 2000 h. Houille ; fer-blanc. Henri l’Aveugle, comte de Namur, y battit en 1170 Godefroy, duc de Brabant, et Baudoin IV, comte de Hainaut.

CARNIOLE, en all. Krain, anc. prov. des États autrichiens, roy. d’Illyrie, bornée au N. par la Carinthie, à l’E. par la Croatie, au S. par la Dalmatie et l’Adriatique ; 525 000 h. Elle forme auj. les trois cercles de Laybach, Neustædtl, Adelsberg. Au N. sont les Alpes Carniques et Juliennes ; on y trouve des lacs, des grottes fameuses; elle est arrosée par la Save et ses affluents. Riches mines de fer, d'argent, de plomb et surtout de mercure (à Idria). Salines sur les côtes. — La Carniole doit son nom à ses anciens habitants, les Carni; elle appartint successivement aux Romains, aux Hérules, aux Ostrogoths, aux Lombards, aux Venèdes, à Charlemagne; elle faisait, sous ce dernier, partie du duché de Frioul et du roy. d'Italie. Othon le Grand l'annexa à l'Allemagne et en fit une Marche du duché de Carinthie. Plus tard, les 4 maisons de Gœrz, de Méranie, de Carinthie et d'Autriche se la partagèrent; mais dès 1336 l'Autriche était devenue maîtresse de la Carniole tout entière. En 1809, cette puissance fut forcée de la céder à la France, mais elle la recouvra en 1814.

CARNIQUES (ALPES). V. ALPES.

CARNOT (Lazare Nicolas Marguerite), né à Nolay (Côte-D'or), en 1753, mort en 1823, était capitaine du génie lorsqu'éclata la Révolution, lien adopta les principes, fut en 1791 député à l'Assemblée législative, et en 1792 à la Convention. Membre du comité militaire, il fit décréter l'armement d'une nombreuse garde nationale et le licenciement de la garde du roi. En 1793, envoyé comme inspecteur à l'armée du Nord, il destitua le général Gratien, accusé d'avoir reculé sur le champ de bataille, se mit lui-même à la tête des colonnes françaises, et contribua puissamment à la victoire de Wattignies, gagnée par Jourdan. Élu, la même année, membre du Comité de salut public, il s'y occupa exclusivement des opérations militaires et eut la plus grande part aux succès de nos armes; il mérita qu'on dît de lui qu’il avait organisé la victoire. En 1795, il fut l'un des Directeurs; mais il se trouva bientôt en opposition avec Barras, fut proscrit et se retira en Allemagne. Rappelé par le premier Consul après le 18 brumaire, il reçut le portefeuille de la guerre, qu'il conserva jusqu'à la conclusion de la paix, après les batailles de Marengo et de Hohenlinden. Élu tribun en 1802, il vota contre le consulat à vie, puis contre la création de l'Empire. Il resta sans emploi jusqu'après la campagne de Russie : à cette époque malheureuse, il offrit généreusement son épée à Napoléon. La défense d'Anvers lui fut confiée : il s'y maintint longtemps, et ne consentit à remettre la place que sur les ordres du comte d'Artois. Pendant les Cent-Jours il fut ministre de l'intérieur, et après la 2e abdication de Napoléon, fit partie du gouvt provisoire. Exilé à la Restauration, il se retira à Varsovie, puis à Magdebourg, où il consacra le reste de ses jours à l'étude. On lui doit, entre autres écrits, un Éloge de Vauban, couronné par l'Académie de Dijon, 1784; Essai sur les machines, 1786; Métaphysique du calcul infinitésimal, 1797; Géométrie de position, 1803; De la défense des places fortes, 1809. On a aussi de lui un célèbre Mémoire adressé au roi en juillet 1814, où il censurait la marche suivie par le ministère. Carnot était de l'Institut depuis sa fondation; Arago a lu devant cette compagnie sa Notice historique en 1850. Anvers lui a érigé une statue (1857). Des Mémoires sur Carnot ont été publ. par son fils en 1862.

CARNOT (Joseph), frère aîné du préc., né à Nolay (CÔte-d'Or) en 1752, mort à Paris en 1835, se distingua comme jurisconsulte et fut appelé à la Cour de cassation dès sa création. On a de lui des Commentaires sur le Code d'instruction criminelle, 1812 et 1830, et sur le Code pénal, 1823 et 1826. Nommé en 1831 membre d'une commission chargée de reviser notre code criminel, il put y faire admettre une partie des idées qu'il avait constamment défendues. Il fit partie de l'Académie des sciences morales dès son rétablissement (1832). M. Bérenger a prononcé son Éloge devant cette compagnie en 1835.

CARNUTES, peuple de la Gaule (Lyonnaise 4e), entre les Aureliani, les Senones, les Parisii et les Cenomani; ch.-l., Autricum ou Carnutes (Chartres).

CARO (Annibal), littérateur italien, né en 1507 à Citta-Nova, dans la Marche d'Ancône, mort à Rome en 1566, fut secrétaire de P. L. Farnèse, duc de Parme et de Plaisance, puis des cardinaux Ranuccio et Alexandre, frères du duc, qui le comblèrent de bienfaits, et lui procurèrent une commanderie de l'ordre de St-Jean de Jérusalem. On lui doit une trad. en vers blancs de l’Énéide, regardée comme un chef-d'œuvre, Venise, 1581; un Recueil de poésies, 1569, 1572; des trad. de la Rhétorique d'Aristote, de la Pastorale de Longus, etc. Ses Œuvres ont été réunies à Venise, 1757, 6 vol. in-8, et à Milan, 1806 et 1829,-8 vol. in-8. Ses Lettres ont été publiées postérieurement.

CAROLINA (LA), v. d'Espagne (Jaen), ch.-l. des colonies établies en 1767 par Olavidès dans la Sierra-Morena, à 35 kil. N. E. d'Andujar; 3000 hab.

CAROLINA (LEX), loi de l'empire germanique rendue en 1532, sous Charles-Quint, dont elle reçut le nom, réglait la procédure criminelle dans toute l'Allemagne et mettait un ferme à l'arbitraire qui régnait dans cette partie de l'administration. Entre autres dispositions, elle prescrivait la publicité des débats et la publication des jugements.

CAROLINE, contrée de l'Amérique sept., entre la Virginie au N. et la Géorgie au S., se divise en 2 parties, dont chacune forme un des États de l'Union.

CAROLINE SEPTENTRIONALE (North-Carolina), sur l'Océan Atlantique, au S. de la Virginie, par 77° 50'-86° 15' long. O.; 700 kil. sur 220; env. 990 000 h. dont 320 000 esclaves. Elle comprend 68 comtés, et a pour ch.-l. Raleigh. Sol bas et marécageux sur les côtes; montagnes et plaines sablonneuses à l'O. Riz, maïs et grains divers, chanvre, énormes forêts de pins. Climat malsain.

CAROLINE MÉRIDIONALE (South-Carolina), sur l'Atlantique, entre la Caroline septentrionale au N. et la Géorgie au S. O., par 80° 55'-85° 35' long. O., 32° 2'-35° 10' lat. N. : 415 kil. sur 260; 700 000 hab., dont 400 000 esclaves. Elle comprend 30 comtés, Colombia est le siége du gouvt; mais la ville la plus importante est Charleston. Plusieurs chemins de fer. Marais, forêts de pins à résine; sol très-fertile, surtout en coton, en riz, maïs, tabac, indigo, etc.: le riz et le coton de la Caroline sont des plus estimés.

La Caroline du N., longtemps connue sous le nom d’Albemarle, fut découverte en 1512 par l'Espagnol Ponce de Léon; ce pays fut concédé en 1584 par Élisabeth à W. Raleigh, qui tenta, mais sans succès, d'y former un établissement. En 1562, le Français Jean de Ribault, envoyé par Charles IX, s'établit dans la Caroline du Sud, et donna au pays le nom de Caroline, en l'honneur de ce roi; mais en 1565 les Espagnols surprirent la colonie française et la massacrèrent. Quelque temps après, Dominique de Gourgues fut envoyé avec trois vaisseaux pour venger sur les Espagnols le massacre des Français, mais il n'essaya pas de relever la colonie. En 1663, quelques Anglais s'y établirent et y formèrent des établissements privés; en 1729 ils en cédèrent la propriété au gouvt anglais qui divisa tout le pays en deux États, et qui le posséda jusqu'à la déclaration d'indépendance, 1775. Locke avait donné en 1670 une constitution à la Caroline; mais cette constitution ne put être appliquée. Celle qui régit auj. ce pays date de 1790. Les deux Carolines se sont séparées de l'Union en 1861.

CAROLINE DE BRUNSWICK (Amélie Élisabeth), reine d'Angleterre, fille de Ch. Guill. Ferdinand, duc de Brunswick, née à Brunswick en 1768, morte en 1821, fut mariée en 1795 à George Fréd. Auguste, alors prince de Galles (depuis roi sous le nom de George IV), et eut de cette union, l'année suivante, la princesse Charlotte. Peu après la célébration du mariage, les deux époux se séparèrent d'un commun accord. La conduite de Caroline après cette séparation donna lieu à de graves soupçons et par suite à des débats scandaleux. Deux fois son mari lui intenta une accusation publique d'adultère (1806 et 1820); et lorsqu'il fut monté sur le trône, 1820, il ne permit point qu'elle partageât son titre ni qu'elle assistât au couronnement qui eut lieu l'année suiv. Elle mourut peu après ce dernier affront.

CAROLINE BONAPARTE. V. BONAPARTE.

CAROLINES (les) ou NOUVELLES-PHILIPPINES, vaste archipel de la Polynésie, à l'O. des îles Mulgrave, entre 135°-169° long. E. et 6°-12° lat. N., se compose d'env. 500 petites îles qui ne comptent guère que 10 000 hab., tous de race malaise. Les principaux groupes qui le composent sont ceux de Roug, Yap, Seniavine, Oualan, Oulouty, Ouleaï, Nougouor, Pelelap, Duperrey et Monteverde. L'île d'Yap est la plus grande de toutes. Ces îles sont basses et très-fertiles. Le climat est agréable, mais troublé par des ouragans terribles. La langue des indigènes est un dialecte de celle des Philippines. — Vues par Villalobos en 1543, mais oubliées jusqu'en 1689, et négligées encore auj. Les Espagnols en sont les maîtres nominalement.

CARON (Aug. Jos.), lieutenant-colonel sous l'Empire, fut sous la Restauration accusé d'avoir pris part à la conspiration de 1820 (août); défendu par M. Barthe, il fut acquitté, et retourna à Colmar. Une nouvelle conspiration avait été découverte à Béfort (1821), et les accusés passaient aux assises, lorsque Caron proposa à des sous-officiers de la garnison de Colmar de délivrer les prisonniers. Ceux-ci feignirent d'entrer dans ses projets, et quand Caron se fut compromis ouvertement, ils le ramenèrent eux-mêmes enchaîné à Colmar. Traduit devant un conseil de guerre, quoiqu'il ne fût plus militaire, il fut condamné à mort, le 1er oct. 1822. La Cour de cassation n'avait pas encore rejeté son pourvoi qu'il était déjà exécuté. — V. CARRON.

CAROUGE, Caroggio, v. de Suisse (Genève), sur l'Arve, à 2 kil. S. de Genève; 4400 hab. Horlogerie, tanneries, faïence. — Carouge n'était qu'un village lorsqu'en 1786 le roi de Sardaigne l'érigea en ch.-l. de prov. et voulut en faire la rivale de Genève. Les traités de 1815 ont donné cette ville au cant. de Genève; néanmoins, il y eut encore dans les États sardes une intendance de Carouge (ch.-l. St-Julien). Cette dénomination a été supprimée en 1837.

CARPATHES (monts). V. KRAPACS.

CARPATHOS, auj. Scarpanto, petite île de la Méditerranée, entre celles de Rhodes et de Crète. On donnait le nom de mer Carpathienne à la mer voisine.

CARPENITZA, Œchalie ou Callium, v. de la Grèce moderne (Eurytania), sur le Carpenizion, affluent de l'Aspro-Potamo. Marco Botzaris y périt, 1823.

CARPENTARIE (Golfe de), sur la côte N. de l'Australie, entre 133° 20'-140° long. E. et 10° 40'-17° 40' lat. S. — On nomme Terre de Carpentarie le pays qui s'étend sur les bords de ce golfe, entre la Terre d'Arnheim à l'O. et la Nouv.-Galles mérid. à l'E. Cette Terre a 1700 k. de développement. Connue dès 1616, elle reçut son nom en l'honneur de P. Carpenter, gouverneur général des Indes hollandaises.

CARPENTIER (P.), bénédictin, prieur de Donchery, né à Charleville en 1697, mort en 1767, a donné un Supplément au Glossaire de Ducange, sous le titre de Glossarium novum, Paris, 1766, 4 v. in-f.

CARPENTIER DE MARIGNY. V. MARIGNY.

CARPENTRAS, Carpentoracte, ch.-l. d'arr. du dép. de Vaucluse, au pied du mont Ventoux, sur l'Auzon, à 24 kil. N. E. d'Avignon; 8332 hab., dont env. 2000 israélites. Cour d'assises, trib. de 1re instance, collége, bibliothèque (qui provient de Peiresc). Cathédrale ornée de colonnes tirées d'un anc. temple de Diane; murailles anciennes, aqueduc; huile d'olive dite d'Aix, savon, essences, fruits, soie, safran, truffes. — Carpentras, v. des Cavares, était, avant Forum Neronis, la capit. des Memini; elle était comprise dans la Narbonnaise 2e. Plus tard, elle fut le ch.-l. du Comtat Venaissin. Elle servit de résidence à Clément V en 1313; elle fut réunie à la France en 1791. Elle eut dès le IIIe siècle un évêché, qui fut supprimé par le concordat de 1801.

CARPETANI, peuple de l'Hispanie (Tarraconaise), vers le centre de la péninsule, dans la Sierra di Guadalupe, habitait sur les 2 rives du haut Tage, à l'E. et à l'O. de la Jarama actuelle, entre les Arevaci au N., les Celtiberi à l'E., les Vettones à l'O., les Oretani au S. Ch.-l., Toletum (Tolède).

CARPI, v. de l'anc. duché de Modène, à 22 kil. S. O. de la Mirandole; 6000 hab. Évêché. Château, filature de soie. — Village de Vénétie, sur l'Adige, à 10 k. S. E. de Vérone; 1200 h. Le prince Eugène y battit Catinat en 1701.

CARPI (Hugo de), peintre et graveur en bois, né à Rome vers 1486, fut l'un des premiers à appliquer la gravure à trois planches; la 1re servait pour le portrait, la 2e pour les demi-teintes, et la 3e pour les ombres. Parmi ses divers ouvrages, on distingue : David coupant la tête de Goliath, le Massacre des Innocents, Ananie puni de mort, Énée sauvant son père Anchise, etc.

CARPI (Jérôme de), né à Ferrare en 1511, mort en 1556, imita le Corrége et orna de ses ouvrages le palais des ducs de Ferrare. Il était aussi habile architecte et il enrichit ses tableaux de dessins d'architecture.

CARPIN (Jean DUPLAN de), frère mineur de Saint-François, et archevêque d'Antivari, né en Italie à la fin du XIIe s., fut envoyé par Innocent IV, en 1245, dans le Kaptchak, auprès de Batou, khan des Tartares, pour le presser de cesser de ravager les pays chrétiens. De retour de ce périlleux voyage, que personne n'avait fait avant lui, il fut nommé provincial d'Allemagne, et prêcha l’Évangile en Bohême, en Hongrie, en Norvège et en Danemark. La Relation de ses voyages (pendant les années 1245-1247) a été publiée d'abord à La Haye en 1729, avec ceux de Benjamin de Tudèle et de Rubruquis; et d'une manière plus complète, d'après les manuscrits de Leyde, par M. d'Avezac, Paris, 1838, in-4,

CARPOCRATE, hérétique du IIe s., natif d'Alexandrie, niait la divinité de J.-C., croyait à la magie et professait les doctrines des Gnostiques, regardant les actes corporels comme indifférents et autorisant ainsi les plaisirs les plus honteux.

CARPZOV, Carpzovius, famille allemande, qui a fourni un grand nombre de savants jurisconsultes, théologiens et philologues. Le chef de cette famille est Benoît Carpzov, né dans le Brandebourg en 1565, mort en 1624, qui professa le droit à Wittemberg, et laissa 5 enfants, tous connus, notamment Jean Gottlob C., à qui l'on doit une Dissertation sur les opinions des philosophes touchant la nature de Dieu, Leipsick, 1699; Critica sacra, 1708; — J. Benoît C., auteur des Dissertations sur Mencius, philosophe chinois, sur Autolycus de Pitane, sur Paléphate, Musée, Ach. Tatius, Leipsick, 1743; sur Saxon le Grammairien, 1762, etc.

CARQUEFOU, ch.-l. de c. (Loire-Inférieure), à 11 k. N. E. de Nantes; 391 h.

CARR (Robert). V. SOMERSET.

CARRA (J. L.), né en 1743 à Pont-de-Veyle, avait été avant la Révolution secrétaire d'un hospodar de Valachie, puis du cardinal de Rohan. Il publia dès 1789 avec Mercier les Annales patriotiques, journal démocratique qui eut une grande popularité, provoqua l'établissement de la Commune et de la garde bourgeoise et fut un des meneurs de l'insurrection du 10 août. Élu député à la Convention, il s'attacha au parti de Brissot, fut proscrit au 31 mai 1793, et mis à mort le 31 oct. avec les Girondins. On a de lui une Histoire de Moldavie et de Valachie, 1778; une traduction de l’Histoire grecque de Gillies, 1787, des Considérations sur les États généraux, 1789, et des Mémoires sur la Bastille, 1790.

CARRACHE (Louis), en italien Carracci, peintre, né à Bologne en 1554, mort en 1619, fut élève du Tintoret et maître d'Augustin et d'Annibal Carrache, ses deux cousins. Il créa un genre éclectique en quelque sorte, s'attachant à détruire les exagérations et le mauvais goût des diverses écoles de son temps. Il fonda à Bologne, de concert avec ses deux cousins, une académie de peinture, dite des Incamminati (acheminés, progressifs), qui avait pour principe d'allier l'observation de la nature à l'imitation des meilleurs maîtres. Bientôt il appliqua lui-même ce principe dans un magnifique tableau : la Prédication de S. Jean-Baptiste. Les plus beaux tableaux de Louis sont à Bologne. Le Musée du Louvre possède l'Apparition de la Vierge et de l'enfant Jésus à S. Hyacinthe, l'Annonciation, la Nativité, la Vierge et l'enfant Jésus, et Jésus mort sur les genoux de sa mère. L. Carracne excelle par l'élévation et le grandiose, mais laisse à désirer relativement à la couleur et au dessin. — Augustin C., né à Bologne en 1558, mort à Parme en 1601, s'est surtout illustré par un tableau de la Communion de S. Jérôme (au Louvre), regardé comme un chef-d'œuvre. Augustin aida son frère Annibal dans une partie des travaux de la galerie Farnèse. Il est également célèbre comme graveur; enfin, il composa pour l'Académie de Bologne un Traité de perspective et d'architecture. — Annibal C., frère du préc., né à Bologne en 1560, mort à Rome en 1609, est regardé comme le plus grand peintre de sa famille. Ses principaux ouvrages sont : S. Roch distribuant ses richesses aux pauvres (à Dresde), les peintures du palais Farnèse, le tableau du Silence, l'Apparition de la Vierge à S. Luc, la Résurrection, le Martyre de S. Étienne. Le style d'Annibal est surtout remarquable par le grandiose, l'élévation et la noblesse. — Antoine C., fils d'Augustin, eut aussi de la réputation : le Louvre possède de lui un bon tableau du Déluge.

CARRARA ou CARRARE, ville forte de l'anc. duché de Modène, gouvernement de Massa, à 5 k. N. O. de Massa, sur l'Avenza; 6000 h. Célèbre par ses magnifiques carrières de marbre blanc. On y voit une grotte à stalactites très-curieuse.

CARRARA (principauté de MASSA-ET-). V. MASSA.

CARRARE, Carrara en italien, famille guelfe, qui exerça pendant plus d'un siècle le pouvoir souverain à Padoue. En 1318, Jacques C. fut déclaré chef de la république de Padoue; mais il fut forcé pendant tout son règne de combattre pour maintenir sa souveraineté. Il fut même obligé de la partager avec Frédéric, duc d'Autriche, pour obtenir de lui des secours contre Cane della Scala, seigneur de Vérone. — Son neveu et successeur, Marsilio C., attaqué par un de ses oncles, transféra entièrement à Cane della Scala la seigneurie de Padoue, en ne conservant dans la ville qu'un pouvoir administratif (1328). Il parvint cependant, en 1337, avec l'aide des républiques de Florence et de Venise, à recouvrer sa souveraineté. Il mourut en 1338. — Il eut pour successeur son neveu Ubertino, qui fut confirmé dans sa souveraineté par la famille della Scala, et régna en paix jusqu'à l'an 1345. — Marsilietto C., parent éloigné d'Ubertino, fut désigné par ce prince pour lui succéder; mais à peine avait-il été reconnu seigneur de Padoue, qu'il fut assassiné par Jacques II, neveu de Jacques I. — Jacques II fut reconnu par le peuple, gouverna avec assez de sagesse, mais périt bientôt lui-même assassiné par un bâtard d'un de ses oncles (1350). — Giacomino C., frère du préc., fut proclamé seigneur de Padoue, conjointement avec son neveu François, fils de Jacques II. Pendant cinq ans ils maintinrent entre eux la meilleure harmonie, et l'État prospéra par leurs soins réunis; mais au bout de ce temps, François, informé que son oncle avait formé le projet de le faire assassiner, le prévint en l'arrêtant lui-même (1355), et en le renfermant dans une forteresse où il mourut en 1372. François fit la guerre aux Vénitiens : d'abord battu et forcé de payer tribut (1372), il eut plus de succès en 1378; il faillit alors causer la ruine de Venise, et se fit relever de toutes les conditions onéreuses qui lui avaient été imposées par le précédent traité. Cependant, en 1388, il fut vaincu par Galéas Visconti, et contraint de lui livrer Padoue et Trévise. Il fut lui-même enfermé dans un château fort, et y mourut en 1393. — Son fils, François II, parvint en 1390, avec l'aide des Vénitiens et des Florentins, à rentrer dans Padoue; mais attaqué peu après et vaincu par ces mêmes Vénitiens, il fut conduit à Venise, et étranglé dans sa prison, avec deux de ses fils (1406). — Il laissa deux autres enfants dont le dernier, après avoir servi contre les Vénitiens, fut aussi fait prisonnier et eut la tête tranchée en 1435. En lui finit la maison de Carrare.

CARRÉ DE MONTGERON. V. MONTGERON.

CARREL (Armand), écrivain politique, né à Rouen en 1800, d'une famille de commerçants, servit quelque temps comme sous-lieutenant, passa en Espagne en 1823, et s'enrôla dans un bataillon français qui combattait pour les Cortès; fut pris et traduit devant un conseil de guerre, et n'échappa qu'avec peine à une condamnation capitale (1824); fonda au commencement de 1830, avec MM. Thiers et Mignet, le National, feuille qui dès son apparition exerça une grande influence sur l'opinion; devint après la révolution de Juillet le rédacteur en chef de ce journal, et y professa ouvertement les doctrines républicaines. Il eut par suite à soutenir plusieurs procès de presse, dont un en 1834, devant la Cour des Pairs : il se défendit lui-même et montra une grande hardiesse. Il périt de la manière la plus malheureuse en 1836, tué dans un duel politique. Carrel exerçait un grand empire sur son parti : seul peut-être il eût pu le discipliner; il a mérité l'estime de ses adversaires mêmes par la loyauté de son caractère. Outre ses articles de journaux, on a de lui : Résumé de l'histoire des Grecs modernes, 1823 ; Histoire de la contre-révolution en Angleterre, 1827; Essai sur la vie et les écrits de Paul Louis Courier (en tête des Œuvres de cet écrivain). MM. Littré et Paulin ont publié en 1857-58 ses Œuvres politiques et littéraires, avec une Notice biographique.

CARREY, compositeur anglais. V. CAREY (H.).

CARRHES, Carrhæ en latin, Haran et Charan dans la Bible, auj. Harran, v. de Mésopotamie, au S. d'Édesse, célèbre par le séjour d'Abraham, par la défaite de Crassus (53 av. J.-C.) et de Galère, 296.

CARRICK, anc. division de l’Écosse, dans le comté d'Ayr, au S., sur le golfe de la Clyde; 53 k. sur 35; 21 500 hab. Villes principales, Maybole et Girvan. Mines de fer et de houille : carrières de blind-coal, bois fossile. Les fils aînés des rois d’Écosse portaient le titre de comtes de Carrick.

CARRICK, v. d'Irlande, dans le comté de Tipperary, sur le Suir, à 22 kil. N. O. de Waterford; 11 000 h.. Aux environs, magnifique château de Curraghmore, au marquis de Waterford. — V. d'Irlande (Connaught), sur le Shannon, ch.-l. du comté de Leitrim; 2000 h. — CARRICK-FERGUS, v. d'Irlande (Antrim), à 26 k. E. d'Antrim, sur la baie de Carrick-Fergus; 8700 h. Château fort et prison. C'était jadis la ville maritime la plus considérable de l'Irlande sept. Industrie assez active; pêche. Prise en 1315 par Robert Bruce, en 1760 par le Français Thurot.

CARRIER (J. B.), l'un des hommes les plus sanguinaires de la Révolution, né en 1756 près d'Aurillac, était procureur avant 1789. Il fut en 1792 nommé député à la Convention, et fut en 1793 envoyé en mission dans l'Ouest, où la guerre civile était dans toute sa fureur. Carrier rappela par ses cruautés les temps de Néron : il fit construire des bateaux à soupape qui noyaient cent personnes à la fois ; il inventa ces horribles exécutions, qu'il nommait mariages républicains, et qui consistaient à garrotter ensemble un homme et une femme qu'on précipitait dans la Loire; on évalue ses victimes à 12 000. Ce monstre fut traduit devant le tribunal révolutionnaire, condamné à mort et exécuté le 16 décembre 1794.

CARRIÈRES (Le P. Louis de), prêtre de l'Oratoire, né près d'Angers en 1662, m. en 1717, avait d'abord été militaire. On lui doit une traduction estimée de la Bible, avec un Commentaire littéral, Paris, 1701-16, 24 vol. in-12; 1750, 6 vol. in-4; et 1788, 10 vol. in-12. Elle a été reproduite dans la Bible de Vence.

CARRION DE CALATRAVA, v. d'Espagne (Manche), près de la Guadiana et de Calatrava-Vieja, à 41. N. E. de Ciudad-Réal ; 3000 h. Mines d'argent aux env. — CARRION-DE-LOS-CONDES, v. d'Espagne (Toro), sur la riv. de Carrion, à 32 k. N. O. de Palencia; 3000 h. Célèbre bataille entre Ferdinand dit le Grand et Bermude III, en 1037. Ce dernier y périt, et avec lui finit la dynastie de Léon.

CARRION (Henri de), marquis de Nisas, lieutenant général, né vers 1660 dans le Languedoc, m. en 1754, se distingua au siége de Barcelone, 1697, et à la bataille de Luzzara, 1702; défendit Toulon contre les Impériaux, 1707, et fut nommé lieutenant du roi en Languedoc. On lui doit l'établissement des cantonniers sur les grandes routes et plusieurs écrits.

CARRION-NISAS (le baron Henri de), militaire et homme de lettres, de la même famille que le préc., né à Pézenas en 1767, m. en 1841, était officier de cavalerie en 1789. Il s'attacha à Bonaparte après le 18 brumaire, entra au Tribunat, où il appuya l'établissement de l'Empire, fut néanmoins disgracié un moment pour avoir combattu quelques dispositions relatives à l'hérédité, rentra en grâce en 1806, fut fait colonel et rendit des services signalés, surtout dans les campagnes d'Espagne et de Portugal, d'Allemagne et de France; remplit sous la 1re Restauration les fonctions de secrétaire général du ministre de la guerre, mais se rallia à Napoléon en 1815, rédigea l'adresse lue au Champ de mai au nom du peuple français, et défendit vigoureusement les ponts de St-Cloud et de Sèvres, ce qui lui valut de la part du gouvernement provisoire le grade de général de brigade. Il quitta définitivement le service après le triomphe de l'ennemi. On a de lui : Organisation de la force armée, 1817; Histoire de l'art militaire, 1823; Campagne d'Allemagne en 1800, publiée en 1829. Il avait aussi composé des tragédies qui eurent eu de succès. — Son fils, Antoine de Carrion-Nizas, né en 1794, d'abord attaché aux bureaux de la guerre, élu représentant du peuple en 1848, s'est fait connaître par des écrits politiques et historiques, parmi lesquels on remarque : les Peuples et les Armées, 1820; Bonaparte et Napoléon, parallèle; Des idées républicaines, 1821. Le père et le fils ont travaillé au recueil intitulé : Victoires et conquêtes des Français.

CARRON, v. d’Écosse (Stirling), sur une riv. de même nom, à 15 kil. S. E. de Stirling. Forges considérables, immenses fonderies établies en 1760 et qui emploient 2000 ouvriers. — C'est de là que sont sorties en 1774 les premières caronades (V. ce mot dans notre Dict. univ. des Sciences).

CARRON (Guy Toussaint Julien), prêtre, né à Rennes en 1760, mort en 1820, fonda dans sa ville natale en 1789 une manufacture de toiles où 2000 pauvres étaient employés, et ouvrit un asile pour les filles arrachées au vice. Déporté à Jersey en 1792, il y fonda des écoles, une bibliothèque et une pharmacie pour les émigrés; puis il se rendit à Londres, où il fonda plusieurs écoles gratuites. Rentré en France au retour des Bourbons, il fut mis à la tête de l’Institut de Marie-Thérèse, fondé pour les jeunes personnes dont les familles avaient perdu leur fortune pendant la Révolution. Ce pieux ecclésiastique a laissé un grand nombre d'ouvrages de piété devenus populaires : les Écoliers vertueux, le Trésor de la jeunesse, le Modèle des prêtres, Vies des justes, etc.

CARROUGES, ch.-l. de c. (Orne), à 29 k. N. O. d'Alençon; 812 hab. Vaste château du XIVe siècle. Forges, mines de fer. Foire célèbre, connue sous le nom de Petit Guibray.

CARROUSEL, espèce de jeu militaire, se compose d'une suite d'exercices à cheval exécutés par des quadrilles de seigneurs richement vêtus, et entremêlés de représentations allégoriques tirées de la fable ou de l'histoire. Les carrousels, dont l'origine ne remonte pas en France au-delà de Henri IV, furent importés d'Italie et remplacèrent les tournois. Le 1er carrousel en France eut lieu en 1605 dans l'hôtel de Bourgogne. Louis XIII et Louis XIV en donnèrent de très-brillants. On remarqua notamment ceux donnés en 1662 à Paris, devant les Tuileries, sur la place appelée depuis place du Carrousel, et en 1664 à Versailles, tous deux en l'honneur de Mlle de La Vallière. Ces divertissements cessèrent d'être de mode au XVIIIe siècle.

CARS ou KARS, v. forte de Turquie d'Asie (Arménie), ch.-l. d'un pachalik de même nom, sur la frontière de Perse, par 40° 25' lat. N., 41" 10' long. E.; 12 300 hab. Prise par les Russes en 1828 et en 1855 et rendue à la paix. — Le pachalik est entre ceux d'Erzeroum et de Van, et compte 130 000 h.

CARSTENS (Asmus Jacob), peintre danois, né près de Sleswig en 1754, m. en 1798, était fils d'un meunier et eut sa mère pour premier maître de dessin. Il se rendit à Berlin vers 1789, y fut nommé professeur de dessin, alla se fixer à Rome en 1798 et mourut dans cette ville. Le genre allégorique et les sujets héroïques de la mythologie convenaient surtout à son talent. Parmi ses dessins on remarquera la Mort d'Achille; la Chute des Anges; la Visite des Argonautes au centaure Chiron, et le Mégaponte, dont l'idée est empruntée de Lucien.

CARTEAUX (Jean François), général des armées françaises, né dans la Franche-Comté en 1751, mort en 1813, entra au service comme soldat, et parvint de grade en grade jusqu'à celui de général de brigade. Il réduisit en 1793 les Marseillais insurgés contre l'autorité de la Convention, commença le siége de Toulon, qu'acheva Dugommier, et défendit la Convention au 13 vendémiaire. Il commanda en 1804 la principauté de Piombino. Ce général cultivait la peinture avec succès.

CARTEIA, auj. Algésiras, selon les uns, Gibraltar ou Rocadillo selon d'autres, v. de Bétique, au S. O., chez les Bastuli Pœni, sur la Méditerranée. On croit que c'est l'ancienne Calpé ou même Tartesse. Elle fut fondée par les Carthaginois et reçut une colonie romaine en 171 av. J.-C. C'est à Carteia que fut tué Cn. Pompée le fils, après la perte de la bataille de Munda, 45 av. J.-C.

CARTELLIER (Pierre), sculpteur, membre de l'Académie des beaux-arts, professeur à l'École des beaux-arts, né à Paris, en 1757, de parents pauvres, mort en 1831, a produit un grand nombre d'ouvrages-remarquables. Les principaux sont les statues de la Pudeur (pour la Malmaison), de la Victoire (au Luxembourg), de Vergniaud, du prince Louis Bonaparte, d’Aristide; le bas-relief de la Gloire, sur la façade du Louvre, et celui des Jeunes filles de Sparte dansant devant un autel de Diane, au Musée des Antiques, la Capitulation d'Ulm, sur l'arc de triomphe du Carrousel. Quatremère de Quincy a donné une Notice sur sa vie et ses ouvrages.

CARTENNA, v. d'Afrique (Mauritanie Césarienne), auj. Tenez, reçut une colonie romaine sous Auguste.

CARTERET (Philippe), navigateur anglais, fit, de 1766 à 1769, partie de l'expédition commandée par le capitaine Wallis pour découvrir de nouvelles terres dans l'hémisphère austral; reconnut plusieurs îles au S. des îles de la Société et l'archipel de Santa-Cruz de Mendana, qu'il appela îles de la Reine-Charlotte; découvrit en 1767 les îles qu'il nomma Gower et Carteret (par 158° 28' long. E., 8° 50' lat. S.), et revint en Angleterre en 1769. La relation de son voyage a été publiée avec celle du 1er voyage de Cook par Hawkesworth, et trad. en français par Suard.

CARTÉSIENS, partisans de Descartes. V. ce nom.

CARTHAGE, Carthago en latin, Carchédon en grec, célèbre ville de l'Afrique ancienne, sur la côte N. E. de la Barbarie actuelle, au fond d'un petit golfe dit golfe de Carthage (auj. g. de Tunis). On y distinguait 3 quartiers : Megara, Byrsa ou la citadelle, et le quartier des deux ports (le port marchand et le port militaire appelé Cothôn). Chantiers, arsenaux, magasins immenses, beaux palais, etc. — Les Carthaginois (Carthaginienses et Pœni) sont célèbres par leur activité commerciale, leur puissance maritime, leurs richesses et leur astuce, qui souvent dégénérait en perfidie (foi punique). Ils ont eu de grands hommes, entre autres le navigateur Hannon, les généraux Amilcar Barca, Asdrubal et Annibal. Quant à leur gouvt, c’était une république oligarchique : deux magistrats suprêmes, appelés suffètes, espèce de consuls, exerçaient le pouvoir exécutif et dirigeaient les affaires de la république, de concert avec un sénat composé de plus de 300 membres, tous de race noble ; le concours du peuple n’était employé que dans des circonstances extraordinaires, ou en cas de dissentiment entre les suffètes et le sénat. Carthage, à cause de ses richesses et du petit nombre de ses citoyens, ne composait son armée que de troupes mercenaires. Les lettres et les arts paraissent avoir été cultivés à Carthage ; mais quelques médailles, un petit nombre d’inscriptions, et de rares fragments épars dans les auteurs grecs et latins, sont tout ce qui nous reste. Les Carthaginois suivaient les coutumes, les mœurs, la religion des Phéniciens, dont ils tiraient leur origine. Ils adoraient, entre autres dieux, Moloch (leur Saturne), à qui on immolait des enfants dans les temps de calamité ; Melkarth, l’Hercule tyrien, Astarté ou Vénus. — Carthage fut, à ce qu’on croit, fondée, ou du moins agrandie par la Tyrienne Didon vers 860 ou 880 av. J.-C. ; elle s’enrichit de bonne heure par le commerce ; ses hardis navigateurs pénétrèrent dans l’Océan par delà les Colonnes d’Hercule, et visitèrent au S. les Iles Fortunées (Canaries), au N. les îles Cassitérides (Sorlingues) et Thulé (les Orcades ou le Jutland). En Afrique, Carthage conquit un vaste territoire, au N. et à l’E., dans les États actuels de Tunis et de Tripoli, et étendit sa domination à l’O. jusqu’aux Colonnes d’Hercule. Elle y joignit les îles Baléares, une grande partie de l’Espagne, de la Sardaigne, de la Corse et de la Sicile. La possession de la Sicile mit Carthage en contact avec Rome et devint l’occasion d’une longue lutte entre les deux républiques, lutte qui est connue sous le nom de Guerres puniques (V. ce mot) ; on en compte trois : la 1re , de 264 à 242 av J.-C., enleva la Sicile à Carthage ; la 2e, de 219 à 202, lui fit perdre l’Espagne, malgré l’audacieuse expédition d’Annibal en Italie et les succès de ce guerrier ; la 3e, qui eut lieu dans l’Afrique même, de 149 à 146, anéantit Carthage. Dans l’intervalle des deux premières guerres puniques, la République avait eu à soutenir une guerre terrible contre ses troupes mercenaires, qui s’étaient révoltées parce qu’on ne pouvait plus payer leur solde ; ce qui précipita sa ruine. Carthage, prise par Scipion Émilien en 146, fut pillée et livrée aux flammes ; son territoire fut divisé entre la Numidie et la Prov. romaine, qui prit le nom d’Afrique. L’an 121 av. J.-C., C. Gracchus y conduisit une colonie ; plus tard, César releva la ville, mais non sur le même emplacement. La nouvelle Carthage s’accrut promptement et devint bientôt la v. la plus importante de l’Afrique romaine. Les lettres et le Christianisme y firent de rapides progrès : c’est des écoles de Carthage que sont sortis Apulée, Arnobe, Tertullien, S. Cyprien et S. Augustin. En 439, les Vandales s’emparèrent de cette ville ; mais Bélisaire la recouvra sous Justinien (534). Les Arabes enfin la prirent d’assaut en 698 et la ruinèrent pour jamais. On n’en voit plus que quelques ruines à 16 k. N. O. de Tunis, sur la partie haute de l’anc. Carthage. Dans un emplacement de cette partie haute, concédé à la France, a été élevée en 1841 une chapelle dédiée à S. Louis, mort en ce lieu. On doit à Dureau-Delamalie de savantes Recherches sur la topographie de Carthage. M. Beulé en a exploré les ruines en 1859.

CARTHAGÈNE, Carthago Nova, v. d’Espagne (Murcie), à 44 kil. S. E. de Murcie ; sur la Méditerranée ; 38 000 hab. Évêché. Consulats étrangers. Port très-avantageux, chantiers, arsenaux, écoles de marine, observatoire, etc. — Carthagène fut fondée par Asdrubal en 227 av. J.-C., pour l’exploitation des mines d’argent que renfermait son territoire ; elle était le ch.-l. des établissements carthaginois en Espagne. Scipion Émilien s’en empara après un siége meurtrier (210). Elle s’insurgea en 1844 ; se déclara indépendante, en 1873, et ne fut réduite qu’après un siége de plus de cinq mois et un bombardement.

CARTHAGÈNE, Carthagena de las Indias, v. et port de la Nouv.-Grenade (prov. de Magdalena), à 590 k. N. de Bogota, par 77° 54′ long. O., 10° 24′ lat. N., sur un îlot de la mer des Antilles ; 20 000 hab. Évêché, université. Bonne baie, plusieurs forts, beaux couvents. Climat peu salubre ; la fièvre jaune y sévit. — Fondée en 1533 par l’Espagnol Pedro de Heredia ; prise par les Français en 1544, occupée par l’amiral Drake en 1583, par Pointis en 1697.

CARTHEUSER (Jean Fréd.), médecin, né en 1704 à Hayn (Prusse), m. en 1777, était professeur de chimie et de pathologie à Francfort-sur-l’Oder. Il réforma la pharmacie par ses savantes recherches sur la matière médicale. Ses principaux outrages sont : Elementa chemiæ medicæ, Halle, 1736 ; Rudimenta materiæ medicæ, Francf., 1741 et 1749, traduits en français par Dessessarts, Paris, 1769.

CARTIER (Jacques), navigateur français, né en 1494 à St-Malo, mort vers 1554, partit de St-Malo en 1534 avec deux navires, pour reconnaître les terres de l’Amérique septentrionale, découvrit les îles de la Madeleine, parcourut les côtes du golfe St-Laurent, visita la baie des Chaleurs, et, dans un second voyage, entrepris l’année suiv., compléta l’exploration du fleuve et du golfe St-Laurent. On lui doit aussi la découverte de la plus grande partie du Canada. Il fit, en 1541, un 3e voyage dans ces contrées, mais qui n’eut pas autant de résultats. On trouve le journal des deux premiers voyages dans l’Histoire de la Nouvelle-France de Marc Lescarbot, Paris, 1612, et le Précis du 3e voyage, dans le 111e vol. de la collect. d’Hakluyt, ainsi que dans un recueil publié à Québec en 1843.

CARTIS-MANDUA, reine des Brigantes, dans la Bretagne ancienne, sous Claude, embrassa le parti des Romains et leur livra Caractacus, à qui elle avait promis un asile (43 de J.-C.). Dans la suite, une sédition s’étant élevée parmi ses sujets, les Romains s’emparèrent de ses États sous prétexte de la défendre.

CARTOUCHE (Louis Dominique), fameux voleur, né à Paris en 1693, était fils d’un marchand de vins de la Courtille, et avait commencé quelques études dans un collége, d’où il se fit chasser. Après avoir servi quelque temps, il se mit à la tête d’une troupe de bandits qui commettaient journellement des vols et des assassinats dans la capitale. Il échappa avec tant d’adresse à toutes les recherches, que l’on proposa une récompense à ceux qui le mettraient entre les mains de la justice. Il fut enfin arrêté en 1721, et rompu vif. On a reproduit son histoire sous mille formes et on l’a plusieurs fois mis sur la scène. Grandval publia en 1725 un poëme intitulé : Cartouche ou le Vice puni.

CARTULAIRES, recueil de Chartes. V. ce mot au Dict. univ. des Sciences, des Lettres et des Arts.

CARTWRIGHT (Edmond), mécanicien anglais, né en 1743 à Marsham (Nottingham), mort en 1824, est l’inventeur d’une machine à tisser et d’une machine à carder la laine, pour lesquelles le Parlement lui accorda une gratification de 10 000 liv. sterl. Il cultiva aussi les lettres avec succès et publia des poésies.

CARUS (Marcus Aurelius), empereur romain, né à Narbonne, suivant Eutrope, avait été préfet du prétoire sous Probus, et fut, après la mort de ce prince, élu par l’armée, l’an 282. Il défit les Sarmates en Illyrie, s’empara de la Mésopotamie, des villes de Séleucie et de Ctésiphon, et mourut dans cette dernière ville en 282, selon les uns, frappé de la foudre, selon les autres, assassiné par le préfet Aper. Ses fils, Carin et Numérien, qu’ils avait créés césars, régnèrent après lui.

CARUS (Fréd. Aug.), théologien réformé, né en 1770 à Bautzen, mort en 1807, professa la philosophie à Leipsick. Parmi ses œuvres, publiées à Leipsick de 1808 à 1810, en 7 vol. in-8, on remarque une Psychologie; une Histoire de la Psychologie; des Réflexions sur l'histoire de la philosophie; la Psychologie des Hébreux; Considérations sur l'histoire de l'espèce humaine; des Essais de morale et de philosophie religieuse. Ses écrits sont tous en allemand, excepté une Histoire des sentiments de l'Église grecque et un Commentaire sur la cosmothéologie d'Anaxagore, qui sont écrits en latin.

CARVAJAL, famille espagnole, a produit plusieurs hommes célèbres, entre autres : Jean de C., né à Truxillo (Estramadure) en 1399, mort en 1469, fait cardinal par Eugène IV en 1446; il fut chargé de plusieurs missions en Allemagne, combattit les erreurs des Hussites, et contribua au gain d'une bat. livrée aux Turcs en 1456, sous les murs de Belgrade. — Bernardin de C., 1456-1523, neveu du précédent, fut créé cardinal en 1493 par Alexandre VI. Ambassadeur d'Espagne à Rome, il prit parti pour Louis XII et l'empereur Maximilien contre le pape Jules II, et fut pour ce fait excommunié et dépouillé de la pourpre; mais, sous Léon X, ayant reconnu ses torts, il fut rétabli dans ses dignités (1513). — François de C., capitaine espagnol, contribua à la victoire qu'obtint le gouverneur du Pérou, Vaca de Castro, sur le jeune Almagro; embrassa le parti de Pizarre, fut pris avec lui en 1548, et pendu comme traître, à Cusco. — Louis Firmin de C., comte de la Union, général espagnol, né en 1752 à Lima, commanda en 1794 l'armée du Roussillon contre la France, mais échoua et périt peu après.

CARVALHO-MELHO. V. POMBAL.

CARVIN-EPINOY, ch.-l. de cant. (Pas-de-Calais), à 30 kil. de Béthune; 4200 hab. Fabriques d'amidon, de sucre de betteraves; tanneries.

CARYANDE, v. de Carie, sur le golfe Iassique, entre Mynde et Bargylie. Patrie du géographe Scylax.

CARYATIDES, figures de femmes vêtues de longues tuniques que l'on place en guise de colonnes, de piliers ou de pilastres. Ce nom, qui veut dire habitants de Caryes (v. de Laconie), vient, dit-on, de ce que, cette ville s'étant alliée aux Perses lors de l'invasion, ses habitants furent exterminés par les autres Grecs et leurs femmes réduites en esclavage, et condamnées à porter les plus lourds fardeaux.

CASA (Jean DELLA), prélat et littérateur italien, né en 1503 à Mugello, près de Florence, fut nommé en 1544 à l'archevêché de Bénévent et devint secrétaire d'État sous Paul IV. On a de lui plusieurs ouvrages écrits avec élégance, tels que : Galatée ou la manière de vivre dans le monde, traduit par Belleforest; De officiis inter potentiores et tenuiores amicos, trad. en italien par l'auteur même; des Poésies lyriques italiennes, que Ménage a commentées. L'édition la plus complète de ses œuvres est celle de Venise, 1752, 3 vol. in-4.

CASA-BIANCA (Lucien), capitaine de vaisseau français, né en 1755 à Bastia (Corse), se distingua dans la marine royale, fut député de la Corse à la Convention, puis devint membre du conseil des Cinq-Cents. Commandant le vaisseau l'Orient dans l'expédition d’Égypte, il fut mortellement blessé au combat naval d'Aboukir, 1798, et y périt avec son jeune fils qui, voyant le vaisseau prêt à sauter, ne voulut point se séparer de lui. — Son frère Raphaël de Casa-Bianca, 1738-1825, général français, concourut sous Louis XV à la conquête de la Corse, et défendit glorieusement Calvi contre les Anglais. Il fut membre de l'Assemblée constituante, et devint sous l'Empire sénateur et comte.

CASAL, Casale en italien, Bodincomagus en latin, v. forte des États sardes, ch.-l. d'intendance sur la r. dr. du Pô, à 60 kil. E. N. E. de Turin, et à 25 kil. N. O. d'Alexandrie: 20 000 h. Évêché, vieux château fort, église, collége, théâtre, etc. Peu de commerce. Autrefois capitale du Montferrat (une de ses églises renferme les tombeaux des anciens souverains de Montferrat). Plusieurs fois prise et reprise par les Autrichiens et par les Français. Ceux-ci y vainquirent les Espagnols en 1640 et la possédèrent de 1681 à 1706.

CASAL-NUOVO, v. de l'Italie mérid. (Calabre Ultérieure 1re), à 22 k. E. de Palmi; 8000 h. Presque détruite en 1783 par un tremblement de terre.

CASAL-PUSTERLENGO, v. de Lombardie, à 17 kil. S. E. de Lodi; 4750 h. Les Français y battirent les Autrichiens en 1796.

CASAMANCE, riv. de la Sénégambie, au S. de la Gambie, dont elle n'est qu'un bras, se dirige à l'O. et se jette dans l'Atlantique. Ses deux rives, depuis le fort Sedhiou, ont été acquises à la France en 1836.

CASANOVA (Fr.), peintre de batailles, né à Londres en 1727, de parents vénitiens, vint se former à Paris sous Charles Parrocel, et y fut reçu en 1763 membre de l'Académie de peinture, puis séjourna à Dresde, à Vienne, et mourut à Brühl près de Vienne, en 1805. Ses principaux tableaux sont ceux dans lesquels il représenta les batailles gagnées par le prince de Condé, et ceux qu'il exécuta pour l'impératrice Catherine, représentant les victoires remportées par les Russes sur les Turcs.

CASANOVA DE SEINTGALT (J. J.), aventurier, frère du préc., naquit à Venise en 1725, parcourut l'Europe, faisant toutes sortes de métiers et s'insinuant partout auprès des grands; fut successivement séminariste, militaire, musicien, alchimiste, écrivain, personnage politique; fut emprisonné pour raison d'État en 1755 à Venise, d'où il s'échappa, et mourut à Vienne en 1803. Il a laissé, entre autres ouvrages, une Histoire de sa captivité, Prague, 1788, et des Mémoires fort licencieux, rédigés en français et publiés à Leipsick, 1826-32, 10 vol. in-8. Ces Mémoires ont été mis à l’Index à Rome.

CASAUBAH ou CASBA. V. KASBA.

CASAUBON (Isaac), érudit, né à Genève en 1559, mort en 1614, enseigna le grec à Genève (1582), à Montpellier, puis à Paris, où Henri IV le fit venir (1598), et fut nommé bibliothécaire du roi. Après la mort de Henri IV, il passa en Angleterre, et obtint de Jacques I une pension et de riches bénéfices. Il mourut à Londres. Casaubon était protestant; il joua un rôle important dans son parti et assista à la conférence de Fontainebleau entre le cardinal Duperron et Duplessis-Mornay. Ce savant a composé un nombre prodigieux d'ouvrages : des Commentaires sur Diogène Laërce (1583), sur Polyen (1589), sur Strabon, Théocrite, Athénée; des éditions d’Aristote, Théophraste, Polybe, Perse, Suétone, avec des notes estimées; un Traité de la Satire chez les Grecs et les Romains (1605); une Réfutation des erreurs de Baronius, et des Lettres, Rotterdam, 1709. Il a laissé sous le titre d’Éphémérides un journal qui a été publié à Oxford, 1850, par J. Russel, et qui renferme de précieux renseignements sur la politique de son temps. — Son fils, Méric Casaubon, 1599-1671, avait passé avec lui en Angleterre. On lui doit aussi plusieurs ouvr. d'érudition (Épictète, Hiéroclès, etc.) et un Traité de la crédulité, livre singulier où il veut établir la réalité des esprits et des sorciers, Londres, 1668.

CASCAR, v. de Mésopotamie, sur les front de l'Arabie. Colloque entre Manès et l'évêque Archélaüs.

CASERTE, v. de l'Italie mérid., chef-lieu de la Terre de Labour, au pied du mont Caserta, à 24 k. N. E. de Naples ; 20 000 h. Beau palais royal, bâti en 1752, vaste parc, bel aqueduc. Fruits et vins exquis. Caserte doit son nom à un vieux château, appelé dans la langue du pays Casa erta (maison escarpée), à cause de son élévation. — A 4 k. N. E., est Caserta-Vecchia. Place de guerre, évêché, b. cathédrale.

CASES NOIRES, Cellæ Nigræ, v. d'Afrique, sur les confins de la Numidie et de l'Afriq. proconsulaire, eut pour évêq. Donat, l'aut. du schisme des Donatistes.

CASHELL, Iernis, v. d'Irlande (Tipperary), à 138 kil S. O. de Dublin et 50 kil. N. O. de Waterford; 7000 h. Archevêché anglican. Patrie de Swift. Ruines de l’anc. cathédrale, attribuée à S. Patrice. Ancienne résidence des rois du Munster.

CASILINUM, anc. v. de Campanie, sur le Volturno, vis-à-vis de Capoue. C’est aux environs de cette ville qu’Annibal, enfermé par Fabius dans un défilé, se tira de ce mauvais pas en chassant devant lui des bœufs dont la tête était chargée de sarments enflammés (216 ans avant J.-C.) et qui portèrent le désordre dans les rangs ennemis. Il prit ensuite Casilinum. Narsès y battit les Germains en 554.

CASIMIR I, dit le Pacifique, roi de Pologne, fils de Miécislas II, succéda à son père en 1037, sous la régence de sa mère, Richense. Ses sujets s’étant révoltés, il passa en France et se fit diacre dans l’ordre de Cluny, en 1042 ; mais les Polonais, en proie depuis son départ aux dissensions intestines, obtinrent du pape Benoît IX que leur roi remonterait sur le trône et pourrait se marier. De retour en Pologne, Casimir épousa une fille du grand-duc de Russie, Iaroslaw. Il conquit la Silésie, réduisit à l’obéissance la Prusse et la Poméranie et fit goûter à ses peuples les bienfaits d’une sage administration. Il m. en 1058. — C. II, le Juste, fils de Boleslas III, né en 1117, mort en 1194, fut élu en 1177, à la place de son frère Miécislas III, qui venait d’être déposé par ses sujets. Il se fit aimer de ses peuples et respecter de ses voisins. — C. III, le Grand, né en 1309, mort en 1370, succéda en 1333 à son père Wladislas Loketek, défit le roi de Bohême et conquit une partie de la Russie. Ce prince réforma la législation polonaise, fonda des hôpitaux, des colléges, créa l’université de Cracovie, et accorda aux Juifs des privilèges, dont ils jouissent encore auj. : c’est à la prière d’une Juive nommée Esther, qu’il aimait, que fut faite cette concession. En lui finit la dynastie des Piast. — C. IV, fils de Wladislas V, était grand-duc de Lithuanie lorsqu’il fut appelé au trône, en 1445. Il enleva aux chevaliers de l’Ordre Teutonique une partie des possessions qu’ils avaient en Prusse, et fit la guerre avec des chances variées au roi de Hongrie et aux Tartares. Mais il ne sut pas se faire aimer de ses sujets, qui plusieurs fois se révoltèrent. Il mourut en 1492. Il avait ordonné l’usage de la langue latine dans ses États. — C. V., Jean, fils de Sigismond III, né en 1609, avait été Jésuite et cardinal. Élu en 1648, il obtint une dispense pour épouser la veuve de son frère Wladislas VII, auquel il succédait. D’abord défait par Charles-Gustave (Ch. X), roi de Suède, à Varsovie, 1656, il le repoussa ensuite et conclut le traité d’Oliva, 1660. Ses armées, commandées par Sobieski, vainquirent les Tartares en 1661. Cependant, ayant perdu son épouse en 1667, il se dégoûta du gouvernement et abdiqua. Il se retira en France, dans l’abbaye de St-Germain-des-Prés, et en devint abbé, ainsi que de St-Martin de Nevers. Il mourut à Nevers en 1672.

CASIMIR (S.), grand duc de Lithuanie, un des fils de Casimir IV, né en 1458, disputa la couronne de Hongrie à Mathias Corvin : ayant échoué, il se retira au château de Dobsky, où il se livra aux exercices de la piété la plus austère. Il mourut à Wilna en 1483. Il fut canonisé en 1521. On le fête le 5 mars.

CASIRI (Michel), savant orientaliste, né en 1710 à Tripoli en Syrie, mort à Madrid en 1791, était un religieux syro-maronite. Il reçut les ordres à Rome, enseigna les langues orientales dans cette ville, passa en Espagne où il fut attaché à la bibliothèque royale de Madrid (1748), devint membre de l’Académie d’histoire de cette ville, interprète du roi, et bibliothécaire en chef de l’Escurial (1763). On a de ce laborieux savant un ouvrage indispensable pour l’étude de la littérature orientale : Bibliotheca arabico-hispana Escurialensis, Madrid, 1760-70, 2 vol. in-f. C’est un catalogue qui renferme tous les manuscrits arabes de l’Escurial avec des explications et d’amples extraits.

CASIUS MONS, chaîne de mont. de Syrie, commence près de la Méditerranée, un peu au S. de l’embouchure de l’Oronte, et se lie aux monts Bélus, liés eux-mêmes à l’Antiliban. — Montagne de la Basse-Égypte, à l’E. du lac Sirbonis, formait dans la Méditerranée le cap dit auj. Ras-Kazaroun.

CASLON (Will.), fondeur de caractères anglais, né en 1692, mort en 1766, perfectionna son art et affranchit l’Angleterre de l’obligation de tirer ses caractères des fontes de la Hollande. Il fondit en 1700 les types arabes du Nouveau-Testament et des Psaumes à l’usage des églises d’Orient, et en 1722 les beaux caractères anglais qui servirent à l’impression des œuvres de Selden.

CASMILLUS. V. CABIRES.

CASPE, v. d’Aragon, à 80 kil. E. S. E. de Saragosse, près du confluent de l’Èbre et de Guadalupe ; 8000 hab. C’est là qu’eut lieu en 1412 le Compromis par lequel la couronne d’Aragon fut adjugée à Ferdinand, fils aîné de Jean I, roi de Castille.

CASPIENNE (mer), Caspium mare, Hyrcanum mare, immense lac salé, sur les confins de l’Europe et de l’Asie, a 1200 kil. du S. au N. et 300 de l’E. à l’O. : les côtes O. et N. appartiennent à la Russie, la côte S. à la Perse, la côte E. au Turkestan indépendant. Le niveau de cette mer est plus bas que celui de la mer Noire, mais cette différence de niveau, longtemps exagérée, paraît n’être que de 30m. Sa plus grande profondeur est de 140m. La navigation y est dangereuse ; elle est auj. desservie par de nombreux bateaux à vapeur. Cette mer reçoit de très-grands fleuves : le Volga, l’Oural, le Kour, le Térek. Il paraît qu’autrefois elle était beaucoup plus étendue ; elle décroît tous les jours.

CASPIENNES (portes), Caspiæ Pylæ, auj. le Pas de Khaouar, défilé très-difficile qui conduisait de l’Hyrcanie dans la Parthie (du Mazendéran actuel dans l’Irak-Adjémi), vers la source du Ziobéris.

CASPIRE, ville de l’Inde ancienne, au N. O., vers les sources de l’Hydaspe, paraît être Cachemire.

CASSAGNE ou CASSAIGNE (Jacques), abbé, né à Nîmes en 1636, mort en 1679, eut quelque réputation comme poëte et comme prédicateur, remplaça en 1662 St-Amant à l’Académie française, et fut garde de la Bibliothèque du roi. Il est surtout connu, ainsi que Cotin, par les sarcasmes de Boileau. On lui doit une traduction de Salluste, 1675, ainsi que du Dialogue de l’Orateur de Cicéron, 1673.

CASSAGNES-BEGONHEZ, ch.-l. de cant. (Aveyron), à 20 kil. S. de Rhodez ; 1500 hab.

CASSANDRE, Cassandra, dite aussi Alexandra, fille de Priam et d’Hécube. Apollon, amoureux de cette princesse, lui avait permis de lui demander tout ce qu’elle voudrait pour prix de sa complaisance : elle le pria de lui accorder le don de prophétie ; mais lorsqu’Apollon eut rempli sa promesse, elle refusa de tenir sa parole, et le dieu, ne pouvant lui ôter le don de prédire, empêcha que ses prédictions fussent jamais crues. Aussi s’opposa-t-elle sans succès à l’entrée du cheval de bois dans Troie. La nuit de la prise de cette ville, elle se réfugia dans le temple de Pallas, où Ajax, fille d’Oïlée, lui fit le plus sanglant des outrages. Agamemnon, à qui elle était échue en partage comme esclave, l’emmena en Grèce. En vain prévint-elle ce prince du sort qui lui était réservé ; sa prédiction eut le sort accoutumé. Clytemnestre la fit massacrer avec Agamemnon. Lycophron a fait un poëme célèbre par son obscurité dont Cassandre est l’héroïne.

CASSANDRE, Cassander, fils d’Antipater, né en 354 av. J.-C., s’empara de la souveraine autorité en Macédoine à la mort de son père, 319 ; mit à mort la mère d’Alexandre, Olympias, puis Roxane et son fils, le jeune Alexandre, épousa Thessalonice, sœur du conquérant, et se fit proclamer roi l’an 311 av. J.-C. Il s’unit à Ptolémée et à Lysimaque contre Antigone, et tous trois remportèrent sur lui, en 301, la bataille d’Ipsus : il obtint en partage, outre la Macédoine, la plus grande partie de la Grèce. Il m. en 298.

CASSANDRE (François), écrivain du XVIIe siècle, mort en 1695. On lui doit, entre autres écrits, une traduction française estimée de la Rhétorique d'Aristote,1654 et 1675. Il vécut dans l'indigence; Boileau, qui l'aimait, vint souvent à son secours. C'est lui que ce poëte a peint dans sa 1re satire.

CASSANDRIA, auparavant POTIDÉE. V. POTIDÉE.

CASSANDRIA, nom moderne de la presqu'île de Palène, entre les golfes de Cassandrie et de Salonique.

CASSANO, Cassanum ou Cassianum, v. de Lombardie, à 25 kil. N. E. de Milan, sur l'Adda; 1860 h. Pont sur l'Adda. Eccelin le Féroce, chef des Gibelins, y fut vaincu en 1259. Les Français y battirent en 1705 le prince Eugène; ils y furent battus en 1799 par Souwarow. – V. du roy. de Naples (Calabre Citér.), à 10 kil. S. E. de Castrovillari; 6000 hab. Évêché. Eaux thermales sulfureuses.

CASSARD (Jacq.), intrépide marin, né à Nantes en 1672, mort en 1740, fit avec de grands succès la course contre les Anglais dans la Manche, sous Louis XIV, protégea plusieurs convois de blé pendant la disette de 1709, et s'éleva par sa seule valeur au grade de capitaine de vaisseau. Duguay-Trouin le regardait comme le premier de nos marins. Néanmoins, ses services furent méconnus, et il fut emprisonné au fort de Ham pour s'être plaint vivement d'une injustice. Un vaisseau porte son nom.

CASSAY, État jadis indépendant, auj. prov. de l'Inde Transgangétique anglaise, entre l'Arakan, l'Assam et le Bengale; ch.-l., Mounipour. — Soumis par les Birmans en 1774, le Cassay recouvra son indépendance en 1826. Il fait partie des prov. récemment acquises par les Anglais.

CASSEL, Castellum Cattorum, chef-lieu du district de Cassel (Prusse),sur la Fulde, à 750 kil. N. E. de Paris; 32 616 hab. Elle se partage en 3 quartiers: Altstadt, Unterneustadt, Oberneustadt, dit aussi Franzœsische-Neustadt, parce qu'il a été bâti par des Français réfugiés lors de la révocation de l'édit de Nantes. Chemins de fer; belles places, arsenal, casernes; sociétés savantes, académie des beaux-arts, lycée dit Collegium Carolinum, nombreux établissements d'instruction. Industrie active : étoffes de soie, de coton; passementerie, chapeaux, couleurs, bougies, etc. — Cassel est connue dès le Xe s.; elle fut fortifiée en 1526; elle fut occupée par les Français de 1756 à 1763; ses fortifications furent rasées en 1767. Elle a servi de capit. au roy. de Westphalie de 1806 à 1813. — 1Il ne faut pas la confondre avec CASSEL sur le Rhin, Castellum Trajani : celle-ci est dans le duché de Hesse-Darmstadt, vis-à-vis de Mayence, dont elle est comme un faubourg; 2800 h.

CASSEL, Castellum Morinorum, v. de France, ch.-l. de cant. (Nord), à 10 kil. N. O. d'Hazebrouk, 4495 h. Collége. Huiles végétales, dentelles, chapeaux. Vue magnifique d'où l'on découvre 32 villes et la mer du Nord. Patrie du général Vandamne. — Cassel était la capit. des Morini. Les Romains y élevèrent un château fort autour duquel se bâtit la ville. Robert le Frison y battit Philippe I en 1071; Philippe de Valois, les Flamands en 1328; et Philippe, duc d'Orléans, le prince d'Orange en 1677; ce dernier céda Cassel à la France.

CASSIANUS BASSUS, écrivain grec, né en Numidie dans le IIIe ou IVe siècle de notre ère. On a sous son nom un livre grec intitulé Géoponiques, publié pour la première fois en 1539, et qui contient d'intéressants détails sur l'agriculture chez les anciens. La meilleure édition de cet ouvrage est celle de Niclas, grec-lat., Leipsick, 1781; il a été traduit en français dès 1543 par Ant. Pierre de Narbonne, et en 1812 par Caffarelli.

CASSIEN (Jean), Cassianus, écrivain ascétique du IVe s., né probablement en Provence, entra jeune dans un monastère de Bethléem en Judée, visita les solitaires de la Thébaïde, se lia à Constantinople avec S. Jean-Chrysostôme qui l'attacha à son église, vint vers 415 se fixer à Marseille, fonda dans cette ville le monastère de St-Victor, et y mourut vers 440. Il professa un semi-pélagianisme qui fut combattu par S. Augustin. On a de lui : les Institutions monastiques (De institutione monachorum), 420 ; des Conférences des Pères du Désert, d'où Arnauld d'Andilly a tiré presque tous les matériaux de sa Vie des Pères du Désert, et un Traité de l'Incarnation, dirigé contre Nestorius. La meilleure édit. de Cassien est celle de Leipsick, 1722, in-fol.

CASSIN (mont), M. Cassino, mont. d'Italie, dans l'anc. roy. de Naples (Terre de Labour), à 80 kil. N. O. de Naples, est célèbre par une abbaye qu'y fonda S. Benoît en 529, et qui est le berceau de l'ordre des Bénédictins. Ce monastère, qui subsiste encore, a servi de retraite à des souverains et à des pontifes, notamment à Carloman et à S. Grégoire. Il renferme d'immenses richesses, une précieuse bibliothèque, avec une galerie de tableaux. On voit près de cette abbaye l'Albanette, retraite de S. Ignace de Loyola, qui y composa en 1538 la règle des Jésuites. L’Histoire du Mont-Cassin a été écrite par Gattola, en latin, et par le P. Tosti, archiviste du couvent, en italien.

CASSINI (J. Dominique), célèbre astronome, né dans le comté de Nice en 1625, remplaça, dès 1650, Cavalieri, professeur d'astronomie à Bologne, et obtint bientôt une telle réputation que le sénat de Bologne et le pape le chargèrent à l'envi de plusieurs missions scientifiques et même politiques. Colbert l'attira en France (1669); il s'y fit naturaliser, fut reçu membre de l'Académie des sciences, et mourut à Paris en 1712, à 87 ans. Cassini découvrit plusieurs des satellites de Jupiter et de Saturne, 1684, détermina la rotation de Jupiter, de Mars et de Vénus; publia de 1668 à 1693 les Éphémérides des satellites de Jupiter, admirables pour leur exactitude, et travailla à la mesure du méridien de Paris. On a de lui un grand nombre de mémoires, dont une partie a été réunie sous le titre d’Opera astronomico, Rome, 1666. Son Éloge a été prononcé par Fontenelle.

CASSINI (Jacques), fils du préc., né à Paris en 1677, m. en 1756, était maître des comptes. Il hérita des talents de son père, obtint sa place à l'Académie des sciences, 1694, et devint en 1696 membre de la Société royale de Londres. Il décrivit une perpendiculaire à la méridienne de France, et fournit plusieurs Mémoires à l'Académie, entre autres un grand travail sur l'inclinaison des satellites et de l'anneau de Saturne. On a de lui : Éléments d'astronomie, 1740; De la grandeur et figure de la terre, 1720, etc.

CASSINI DE THURY (César François), fils du préc., né à Paris en 1714, mort en 1784, montra dès l'enfance de grandes dispositions pour l'astronomie, fut reçu à l'Académie des sciences dès l'âge de 22 ans corrigea la méridienne qui passe par l'Observatoire, et fut chargé de la description géométrique de la France. Le fruit de ses travaux fut cette belle Carte de la France, composée de 180 feuilles, qui fut publiée au nom de l'Académie des sciences de 1744 à 1793, et qui offrait la représentation la plus fidèle du pays, sur une échelle d'une ligne pour 100 toises. — César Cassini n'ayant pu achever cette vaste entreprise, son fils, Jacq. Dominique C. (1748-1845), directeur de l'Observatoire de Paris et membre de l'Académie des sciences, fut chargé de la terminer. Il en fit hommage à l'Assemblée nationale en 1789. Capitaine, Alexis Donnet et plus récemment Hyacinthe Langlois ont publié des réductions de la grande carte de Cassini. — Gabriel C., fils de J. Dominique, 1784-1832, s'est distingué à la fois comme magistrat et comme botaniste. On lui doit de savants mémoires, réunis sous le titre de : Opuscules phytologiques (1826), qui le firent admettre à l'Académie des sciences.

CASSIODORE (Aurélius), écrivain latin et homme d'État, né à Squillace en 468 ou 480, servit d'abord Odoacre, roi des Hérules; puis fut recherché par Théodoric, roi des Goths; devint premier ministre et consul sous ce prince, établit l'ordre et fit fleurir la justice dans ses États; resta fidèle, après la mort du roi, à sa fille Amalasonte, et se retira à la fin de sa vie dans un monastère de la Calabre où il s’occupa à composer d’utiles ouvrages, à rassembler et à faire copier par les moines les précieux manuscrits de l’antiquité. Il mourut vers 562 ou 575, ayant vécu près de 100 ans. On a de lui un Traité de l'âme, trad. en français par Amaury Bouchard ; quatre livres des Arts libéraux, intit. De institutione divinarum litterarum (arithmétique, astronomie, géométrie, musique) ; des traités du Discours, de l’Orthographe, 12 livres de Lettres, des Commentaires sur les Psaumes, etc. Il avait composé une Histoire des Goths, dont on n’a qu’un extrait par Jornandès ; on a sous son nom une Histoire tripartite, abrégée de Socrate, Sozomène et Théodoret, et dont le véritable auteur est Épiphane le Scolastique. L’édition la plus estimée de ses œuvres est celle de dom Garet, 2 vol. in-fol., Rouen, 1679, et de Venise, 1729. Denis Ste-Marthe a écrit sa Vie. M. Olleris a publié en 1841 une thèse sur Cassiodore, conservateur des livres latins.

CASSIOPÉE, femme de Céphée, roi d’Éthiopie, et mère d’Andromède, voulut disputer aux Néréides le prix de la beauté. Neptune, irrité de son audace, fit ravager ses États par un monstre marin, et l’obligea à exposer sa fille Andromède à la fureur de ce monstre. Cassiopée fut, après sa mort, placée au nombre des constellations (dans la voie lactée).

CASSIQUIARE, riv. de l’Amérique du S., n’est qu’un bras de l’Orénoque qui, après avoir traversé la Nouv.-Grenade et le Venezuela, va se jeter dans le Rio-Negro. Il roule au travers de vastes forêts et de lieux humides ; ses bords sont infestés de mosquites.

CASSIS, Carsici ? et port des Bouches-du-Rhône, à 17 kil. S. E. de Marseille ; 2000 hab. Cabotage ; pêche du corail. Figues, grenades ; vin muscat. Patrie de Barthélemy, l’auteur du Voyage d’Anacharsis.

CASSITÉRIDES (îles), groupe d'îles, ainsi nommées par les Grecs parce qu’elles fournissent beaucoup d’étain (cassitéros en grec), furent exploitées successivement par les Phéniciens, les Carthaginois et les Romains. On croit que ce sont les îles Sorlingues, au S. O. de la Grande-Bretagne. Cependant on ne trouve plus d’étain dans ces îles.

CASSIUS (Spurius) Viscellinus. Après avoir été 3 fois consul et avoir battu les Herniques, il proposa, quoique patricien, de partager entre les plébéiens les terres conquises qui avaient été usurpées par les patriciens (ce fut la 1re loi agraire) ; le sénat irrité l’accusa d’aspirer à la tyrannie, et il fut précipité de la roche Tarpéienne, l’an 486 av. J.-C.

CASSIUS (C.) Longinus, général romain, l’un des meurtriers de César, s’était signalé, après la défaite de Crassus par les Parthes à Carrhes, en couvrant la Syrie. Pendant les guerres civiles de Pompée et de César, il suivit les drapeaux du premier ; il fut néanmoins épargné par le vainqueur. De retour à Rome, il épousa Junie, sœur de Brutus, et forma, de concert avec celui-ci, la conspiration dont César fut victime, l’an 44 av. J.-C. Cassius se rendit ensuite en Afrique ; mais ne pouvant se maintenir dans cette province, il passa en Orient, y leva des troupes nombreuses, et se joignit à Brutus en Macédoine. Là, Antoine et Octave vinrent leur livrer bataille dans les plaines de Philippes (42) : Cassius, qui commandait l’aile gauche de l’armée, et qui avait Antoine en tête, ne tarda pas à plier, et croyant Brutus battu aussi de son côté, il se perça de son épée. On le surnomma le Dernier Romain.

CASSIUS (Avidius), général romain. Placé par Marc-Aurèle à la tête des légions de Syrie, il battit les Parthes (163). Enflé de ses succès, il crut pouvoir aspirer à l’empire, et se fit proclamer par ses légions (175), mais il périt trois mois après dans une révolte de ses propres soldats.

CASSIUS (André), médecin et chimiste, né à Sleswig vers 1650, exerça son art à Hambourg. On lui doit la découverte du précipité d’or qui porte le nom de Pourpre de Cassius, ainsi que l’essence de bézoard.

CASSIVELLANUS, chef breton qui occupait les bords de la Tamise, s’opposa à l’invasion de César, fut deux fois vaincu et se soumit, 54 av. J.-C.

CASSOVIE ou COSSOVA (Champ de), appelé aussi Champ des Merles, plaine de Servie, arrosée par le Drino, s’étend entre Skopia et Kopanick. Il s’y livra deux batailles décisives : la 1re en 1389, entre les Serbes qui y furent défaits et le sultan Amurath I, qui périt au milieu de son triomphe (le résultat de la bataille fut l’assujettissement des tribus esclavonnes) ; la 2e en 1448 : les Hongrois, les Bohèmes, les Allemands et les Valaques, conduits par J. Huniade, furent taillés en pièces par Amurath II.

CASSOVIE, ville de Hongrie. V. KACHAU.

CASTAGNO (André del), peintre, né en 1406, au village de Castagno, en Toscane, mort en 1480. Il obtint, dit-on, de Dominique de Venise le secret de peindre à l’huile, et l’assassina ensuite pour s’approprier cet art : son crime ne fut connu qu’après sa mort. Chargé par la république de Florence de faire le tableau où était représentée l’Exécution des Pazzi, qui avaient conspiré contre les Médicis, il le fit avec une si effrayante vérité, que le peuple ne l’appela plus depuis qu’André des Pendus.

CASTAGNOS (don Francisco Xavier de), duc de Baylen, général espagnol, né en 1758 dans la Biscaye, mort à Madrid en 1852, servit avec distinction en 1793 dans l’armée de Navarre contre les troupes républicaines de la France ; devint en 1798 lieutenant général, mais se fit bannir peu après pour s’être opposé au système de paix à tout prix suivi par son gouvernement ; fut rappelé lors de l’invasion des Français et investi du commandement d’un corps d’armée sur les frontières de l’Andalousie ; surprit le général Dupont, qui voulait pénétrer dans cette province, le battit à Baylen (19 juillet 1808), et le contraignit à signer une déplorable capitulation ; fut à son tour battu par le général Lannes à Tudela, au mois de nov. de la même année ; unit alors ses forces à celles de Beresford et de Wellington, eut la plus grande part à la bat. de Vittoria, gagnée par ce dernier le 21 juin 1813 ; n’en fut pas moins destitué par la régence par suite de dénonciations ; fut réintégré par Ferdinand VII, nommé capitaine général de la Catalogne, puis président du Conseil de Castille (1825), mais fut écarté en 1833 pour s’être opposé aux modifications apportées dans le droit de succession au trône. Il rentra aux affaires, malgré son grand âge, après la chute d’Espartero (1843), remplaça Arguelles comme tuteur de la jeune reine, et fut comblé d’honneurs jusqu’à la fin de sa longue vie. Il avait été fait par Ferdinand duc de Baylen et grand d’Espagne.

CASTALIE, fontaine de Phocide, au pied du Parnasse, était consacrée aux Muses, qui prenaient de là le nom de Castalides : elle donnait l’inspiration poétique à ceux qui buvaient de ses eaux.

CASTANET, ch.-l. de cant. (H.-Garonne), à 12 kil. S. E. de Toulouse ; 1300 hab.

CASTEGGIO, v. du Piémont, à 10 kil. E. de Voghera et près de Montebello ; 2000 hab. Il s’y livra en 1800 et en 1859 deux combats qui sont plus connus sous le nom de Montebello. V. ce nom.

CASTEL (le P. Louis Bertrand), savant jésuite, né à Montpellier en 1688, mort à Paris en 1757, vint à Paris vers 1720, et se fit connaître par des vues originales. Il publia en 1724 un Traité de la pesanteur universelle, où il expliquait tous les phénomènes de l’univers par deux principes : la gravité des corps, qui faisait tout tendre au repos, et l’activité des esprits, qui créait incessamment le mouvement. Il donna en 1740 l’Optique des couleurs. Il s’occupa toute sa vie de construire un clavecin oculaire, dont il avait donné la description en 1735, et au moyen duquel il prétendait affecter l’œil par la succession des couleurs, comme le clavecin affecte l’oreille par la succession des sons ; mais, après avoir fait de grandes dépenses, il ne put réussir.

CASTEL (René Richard), poëte et naturaliste, né en 1758 à Vire, m. en 1832; fut député du Calvados à l'Assemblée législative, puis se livra aux lettres; a publié en 1797 Les Plantes, poëme didactique.

CASTEL, de Castellum, château, nom d'un grand nombre de lieux remarquables par des châteaux. (Cherchez à CHÂTEAU les mots qui ne seraient pas ici).

CASTEL-A-MARE, v. et port de Sicile (Trapani), sur la côte N., à 10 k. N. O. d'Alcamo; 6000 h. Huile, vins, fruits. C'est l'anc. Emporium Egestæ, p. de Ségeste.

CASTEL-A-MARE-DELLA-BRUCCA, l'anc. Élée, v. marit. de l'Italie mérid. (Princip. Citer.), à 11 kil. de Vallo.

CASTEL-A-MARE-DI-STABIA ou CASTELLAMARE, Stabiæ, ville maritime de l'Italie mérid. (prov. de Naples), à 26 kil. S. E. de Naples; 15 000 hab. Évêché. Chemin de fer. Eaux thermales, coton herbacé. — L'anc. Stabiæ, déjà ravagée par Sylla, fut engloutie l'an 79 de J.-C. par une éruption du Vésuve.

CASTEL-ARAGONESE. V. CASTEL-SARDO.

CASTEL-CICALA (RUFFO, comte de). V. RUFFO.

CASTELFIDARDO, bourg d'Italie, dans la Marche d'Ancône et à 12 k. S. de cette ville. Les troupes pontificales, commandées par le général Lamoricière, y furent battues le 18 sept. 1860 par les troupes sardes, que commandait le général Cialdini.

CASTEL-FRANCO, v. de Vénétie, à 24 kil. O. de Trévise; 4000 h. Patrie du peintre Giorgione. Les Français y battirent les Autrichiens en 1805.

CASTEL-GONDOLFO, vge du territ. romain, à 17 kil. S. E. de Rome, sur le lac d'Albano. Climat salubre; maison de plaisance des papes, construite par Urbain VIII, belle église élevée par Bernin; villa Barberini, dans les jardins de laquelle on voit les ruines d'un palais de Domitien.

CASTEL-JALOUX, ch.-l. de c. (Lot-et-Garonne), à 28 kil. N. O. de Nérac; 1800 hab. Verrerie, martinets à cuivre, tanneries; eaux ferrugineuses. Vieux château des seigneurs d'Albret.

CASTELLAMARE, V. CASTEL-A-MARE.

CASTELLAN, titre que portaient dans l'ancien roy. de Pologne les sénateurs revêtus des premières dignités après les Palatins : ils avaient à gouverner certaines places, ainsi que le territoire qui en dépendait, et qu'on nommait Castellanie. Le castellan de Cracovie avait la prééminence sur tous les autres.

CASTELLAN (P.), prélat, V. DUCHATEL.

CASTELLANE, Salinæ, ch.-l. d'arr. (B.-Alpes), sur le Verdon, à 30 k. S. E. de Digne; 2106 h. Étoffes communes, draps. Commerce de fruits secs et confits, surtout de pruneaux. Aux env., source salée abondante. — Anc. baronnie, réunie à la Provence en 1257. Castellane donna son nom à une des principales familles nobles de la Provence, à laquelle appartiennent le marquis d'Entrecasteaux, les comtes d'Adhémar et de Grignan, et le maréch. de ce nom.

CASTELLANE (Victor, comte de), maréchal de France, né à Paris en 1788, mort en 1862, s'enrôla en 1804; fit avec distinction, dans la cavalerie, les campagnes de l'Empire, et devint colonel; fut envoyé en Espagne sous la Restauration (1823), et se fit rappeler pour n'avoir pas voulu s'associer aux vengeances ultra-royalistes de Ferdinand VII; prit part au siége d'Anvers (1832); y fut fait lieutenant-général et devint pair de France en 1837; comprima avec énergie le soulèvement de Rouen (1848); fut appelé au commandement de Lyon (1851), sut contenir la population dans les jours de crise les plus menaçants; et fut nommé sénateur et maréchal de France (1852).

CASTELLI (Benoît), savant mathématicien, né à Brescia en 1577, mort à Rome en 1644, fut disciple de Galilée, professa les mathématiques à Pise, puis à Rome, et forma Torricelli et Cavalieri. Il s'occupa surtout de l'hydraulique, et composa un Traité de la mesure des eaux courantes, Rome, 1628; trad. en 1664.

CASTELLO-BRANCO, Castrum Album, ville de Portugal (Beira), sur la Liria, à 80 k. E. S. E. de Coïmbre; 6000 h. Évêché suffragant de Lisbonne.

CASTELLON-DE-LA-PLANA, v. forte d'Espagne, ch.-l. de la prov. de même nom, à 60 k. N. E. de Valence, à 7 K. delà Méditerranée; 16 000 h. Près de là, sur une colline, on voit les ruines de l'ancienne Castalia. Jacques I, roi d'Aragon, ayant pris cette dernière ville sur les Maures, en 1233, la détruisit, et de ses débris fit construire Castellon, dans la plaine. — La province de Castellon, formée de la partie N. E. de l'anc. roy. de Valence, compte 250 000 h.

CASTELLONNE, ville d'Italie (Terre de Labour), sur le golfe et à 6 kil. N. de Gaëte; 4000 hab. On y montre l'emplacement de l'anc. Formianum, villa de Cicéron, près de laquelle il fut tué.

CASTELLUM CATTORUM, auj. Cassel (Hesse).

CASTELLUM DRUSI ET GERMANICI, auj. Alt-Kœnigstein (Nassau), sur le mont Taunus, chez les Mattiaci.

CASTELLUM MENAPIORUM, v. de Gaule (Germanie 2e), chez les Menapii, sur la Mosa (Meuse), auj. Kessel.

CASTELLUM MORINORUM, v. de Gaule (Belgique 2e), est auj. Cassel (dép. du Nord).

CASTELLUM NOVUM ARIANORUM, auj. Castelnaudary.

CASTELLUM TRAJANI, auj. Cassel, v. de Germanie, sur le Rhin, r. dr., vis-à-vis de Mayence.

CASTEL-MORON, ch.-l. de c. (Lot-et-Garonne), sur la r. dr. du Lot, à 31 k. S. E. de Marmande; 1000 h. Église consistoriale calviniste.

CASTEL-MORON-D'ALBRET, petite v. du dép. de la Gironde, à 10 k. N. de La Réole; 210 h. Anc. ch.-l. du comté d'Albret.

CASTELNAU, ch.-l. de c. (Lot), à 22 k. S. O. de Cahors: 4196 h. — C.-Magnoac, ch. de cant. (H.-Pyrénées), à 35 k. N. E. de Bagnères de Bigorre; 1200 h. Commerce de grains. — C. de Médoc, Noviomagus, ch.-l. de c. (Gironde), à 32 k. N. O. de Bordeaux, dans l'anc. Médoc; 1000 h. Bons vins. — C.-Montmiral, ch.-l. de c. (Tarn), à 9 k. N.O. de Gaillac; 3080 h. — C.-Rivière-Basse, ch.-l. de c. (Htes-Pyrénées), sur le Louet, à 44k. N. de Tarbes; 603 h.

CASTELNAU (Pierre de), religieux de Cîteaux et archidiacre de Maguelone, fut envoyé par Innocent III dans le midi de la France, avec la qualité de légat extraordinaire, pour rechercher les hérétiques albigeois et les livrer au bras séculier, et eut pour collègue Rainier, moine de Cîteaux. Ils étaient accompagnés entre autres de Dominique, fondateur de l'ordre des Frères Prêcheurs. Ces inquisiteurs rencontrèrent une vive résistance, et Castelnau finit par être massacré sur les terres de Raymond VI, comte de Toulouse (1208), au moment où il venait d'enjoindre à ce prince d'abandonner la cause des Albigeois; ce meurtre fit excommunier Raymond et amena la guerre des Albigeois.

CASTELNAU (Michel de), né près de Tours en 1520, mort en 1592, fut employé à d'importantes négociations sous Charles IX et Henri III, et fut cinq fois ambassadeur en Angleterre. Il se signala également comme guerrier et prit part aux batailles de Jarnac et de Moncontour. lia laissé des Mémoires qui vont de 1559 à 1570 et qui sont la meilleure source pour cette époque de notre histoire. Ils ont été publiés pour la 1re fois à Paris, 1621, in-4; réimprimés avec des additions de Le Laboureur, en 1659, 2 vol. in-fol., et à Bruxelles en 1731, 3 volumes in-folio, avec de nouvelles additions par J. Godefroy. — Son petit-fils, Jacques de Castelnau, marquis de Castelnau, né en 1620, se distingua aux siéges de Corbie, de La Capelle, aux batailles de Fribourg et de Nordlingue, et surtout à la bataille des Dunes (1658), où il commandait l'aile gauche. Il mourut la même année de ses blessures après avoir reçu le bâton de maréchal.

CASTELNAUDARY, Sostomagus, ch.-l. d'arr. (Aude), à 36 k. N. O. de Carcassonne, sur le canal de Languedoc; 8000 h. Trib., collége. Draps, toiles peintes, commerce de grains et de melons. Patrie d'Alex. Soumet. — Détruite par les Goths ariens au Ve siècle, elle fut rebâtie sous le nom de Castellum Novum Arianorum, d'où dérive, par corruption, son nom moderne. Elle devint ensuite capitale du comté de Lauraguais et fut possédée par les comtes de Toulouse. En 1229, S. Louis fit raser ses fortifications; en 1355, elle fut prise et brûlée par le prince de Galles. Le maréchal de Schomberg y battit et y prit Montmorency, qui commandait les troupes de Gaston d'Orléans, 1632.

CASTELREAGH (lord). V. CASTLEREAGH.

CASTEL-SARDO, v. de l'île de Sardaigne, à 31 k. N. E. de Sassari, sur un roc escarpé qui s'avance dans la mer; 2000 h. Évêché. Place forte et petit port. Fondée en 1200 par les Génois qui l'appelèrent Castel-Genovese; sous les Espagnols elle reçut le nom de Castel-Aragonese, qu'elle porta jusqu'en 1767.

CASTEL-SARRASIN, ch.-l. d'arr. (Tarn-et-Garonne), sur la Garonne, à 21 k. O. de Montauban; 7408 h. Trib., collége. Commerce d'huile et de safran. La v. fut fondée, dit-on, par les Sarrasins lors de leur invasion en France au VIIIe siècle. Selon d'autres, Sarrasin n'est qu'une corruption de Cerrutium, anc. nom de la ville.

CASTEL-VETERE, Caulonia, v. d'Italie, dans l'anc. roy. de Naples (Calabre Ult. 1re), a 20 k. N. E. de Gérace; 3400 h. Vins et soie. L'anc. Caulonia, bâtie par les Achéens, fut détruite par Denys le Tyran.

CASTEL-VETRANO, v. de Sicile, à 17 k. E. de Mazzara; 13 000 h. Bons vins blancs; fabrication d'objets d'albâtre; pêche du corail.

CASTETS, ch.-l. de c. (Landes), à 22 k. N. O. de Dax; 1100 h. Usines. — C.-EN-DORTHE, petit port sur la Garonne (dép. de la Gironde), à 23 k. N. de Bazas; 1343 h. Anc. château fort, assiégé en 1586 par Matignon, et dont Henri (IV) fit lever le siége.

CASTI (l'abbé J. B.), poëte italien, né en 1721 à Prato, m. en 1804, fut d'abord professeur dans sa patrie, puis fut appelé à Vienne par son ami, le duc de Rosenberg, gouverneur du grand-duc (depuis empereur Joseph II) et y obtint le titre de poëte de l'empereur. Il visita les cours de Russie, de Prusse, et vint passer ses derniers jours à Paris (1798). Il était doué d'un esprit vif et gai, qu'il conserva jusqu'à la fin de sa vie. Ses deux principales productions sont les Nouvelles galantes, en vers, Londres (Paris), 1793, contes dans le genre de Boccace, et les Animaux parlants, poëme héroï-comique en 26 chants (Paris, 1802), où les personnages d'Ésope forment une épopée régulière. Ces ouvrages sont écrits avec un talent qui a fait placer l'auteur au rang des meilleurs poëtes de sa nation; mais il y règne, dans le premier surtout, une coupable licence qui les a fait condamner à Rome. Les Animaux parlants ont été trad. par Paganel, Liége, 1813, et mis en vers par Mareschal, Paris, 1819.

CASTIFAO, ch.-l. de cant. (Corse), à 22 k. N. de Corte; 600 h.

CASTIGLIONE, v. de Lombardie, à 26 k. S. E. de Brescia; 5000 h. Les Autrichiens y furent battus par le général Bonaparte le 29 juin 1796 : c'est en mémoire de cette victoire qu'Augereau, qui avait le plus contribué à la victoire, reçut le titre de duc de Castiglione.

CASTIGLIONE FIORENTINO ou ARETINO, Arrtium Fidens, v. de Toscane, à 15 k. S. d'Arezzo: 6000 h. Séminaire épiscopal. Patrie de J. Fr. Castillon.

CASTIGLIONE (Balthasar), écrivain italien, né en 1478 dans le duché de Mantoue, fut successivement ambassadeur du duc d'Urbin auprès de Henri VIII, roi d'Angleterre, et du pape Clément VII auprès de Charles-Quint, fut comblé de faveurs par ce dernier prince, fut fait évêque d'Avila, et mourut à Tolède en 1629. Il a laissé plusieurs écrits où l'on trouve du goût et un style élégant; les plus remarquables sont le Courtisan, trad. par J. Chaperon, 1537, et l'Art de réussir à la cour. Il a aussi laissé des poésies italiennes et latines qui sont estimées, et des Lettres, qui n'ont paru qu'en 1769-71.

CASTIGLIONE, peintre italien. V. BENEDETTE.

CASTILHON (Jean), né à Toulouse en 1718, m. en 1799, fonda le lycée de Toulouse, fut l'un des rédacteurs du Journal Encyclopédique et du Journal de Trévoux. Il a écrit : Amusements philosophiques et littéraires de deux amis (avec le comte de Turpin), Bibliothèque bleue; Anecdotes chinoises et japonaises, etc.; le Spectateur français; Précis de la vie de Marie-Thérèse. — Son frère, Jean Louis, composa aussi quelques ouvrages de littérature, entre autres : Essai sur les erreurs et les superstitions, 1765 ; Hist. des dogmes philosophiques, 1769. — V. CASTILLON.

CASTILLE, contrée d'Espagne, située entre les Asturies et la Biscaye au N., les roy. d'Aragon et de Valence à l'E., les roy. de Murcie et l'Andalousie au S., l'Estramadure et le roy. de Léon à l'O. Elle se divise en deux parties, la Vieille-Castille au N., et la Nouv.-Castille au S.

VIEILLE-CASTILLE. Sa plus grande longueur du N. au S. est de 420 k.; sa plus grande largeur de l'E. à l'O. est de 200; 1 400 000 h.; ch-l., Burgos. Elle est traversée dans sa partie sentent, par la chaîne des monts Cantabres. Le Duero, l'Èbre, le Pisuerga, etc., y prennent leur source. En général l'air y est sain et le sol fertile, mais mal cultivé. La Vieille-Castille fait partie de la capitainerie générale de Vieille-Castille-et-Léon, et forme les 7 intend. de Burgos, Soria, Ségovie, Avila, Logrono, Palencia, Santander.

NOUVELLE-CASTILLE, au centre de l'Espagne, a env. 370 k. sur 350; 1 000 000 hab.; ch.-l., Madrid. Parmi les chaînes de montagnes qui la traversent, on distingue la Sierra-de-Guadarrama au N., et la Sierra-Morena au S. O., renfermant toutes deux des mines riches et nombreuses. Elle est arrosée par le Tage supérieur, le Xucar, le Mançanarès, la Guadiana. Son sol fertile pourrait produire du vin, du froment, des fruits, de l'huile en abondance; mais on en tire à peine parti. De vastes et beaux pâturages y nourrissent un grand nombre de moutons mérinos. La Nouv.-Castille forme une capitainerie générale et se subdivise en 5 intendances civiles (Madrid, Tolède, Guadalaxara, Cuença et Ciudadréal ou la Manche).

Le pays qui a formé la Castille avait jadis pour habitants les Arevaci, les Carpetani, une partie des Oretani et des Celtiberi. Le nom de Castille ne date que des premières invasions arabes; il prit naissance au IXe siècle, lorsque toute cette contrée était hérissée de châteaux forts (castella), construits par les seigneurs chrétiens pour se défendre contre les courses des Infidèles. Au commencement du XIe s., Sanche le Grand, roi de Navarre, profitant des dissensions qui s'étaient élevées entre les seigneurs de ces châteaux, soumit tout le nord de la contrée, et l'érigea en roy. sous le nom de Castille, en faveur de son fils Ferdinand I (1034). Une guerre heureuse contre Bermude III, roi de Léon-et-Asturies et de Galice, joignit ce nouveau roy. à la Vieille-Castille en 1037; en 1085, toute la Nouv.-Castille était soumise. Le trône de Castille était occupé par la maison de Navarre depuis près d'un siècle, lorsque le mariage de l'héritière Urraque avec Raymond de Bourgogne donna naissance à une nouvelle dynastie (1126). Après plusieurs partages temporaires qui retardèrent l'accroissement de la puissance castillane, les couronnes de Castille et Léon se trouvèrent de nouveau réunies sur la tête de Ferdinand III (1230). Les brillantes conquêtes de ce prince et de ses successeurs acquirent à la Castille l'Estramadure et l'Andalousie, 1250-1300, et resserrèrent les Maures dans le roy. de Grenade. Mais les dissensions qui s'élevèrent entre les grands vassaux sous le règne d'Alphonse XI (1312), puis la tyrannie de Pierre le Cruel (1350), plongèrent le royaume dans une funeste anarchie dont il ne sortit qu'à l'avénement de Henri II de Transtamare (1369), chef de la 3e dynastie des rois de Castille. Les règnes de Jean I, Henri III, Jean II, furent orageux; enfin Henri IV se vit déposer par ses vassaux turbulents, qui mirent à sa place Isabelle, sa sœur et son héritière (1465). Le mariage d'Isabelle avec Ferdinand, roi d'Aragon (1469), et la conquête du roy. ne Grenade, qui fit sortir les Maures de l'Espagne (1492), soumirent toute la Péninsule au même sceptre. Ici finit l'histoire séparée de la Castille qui depuis se confond avec celle du roy. d'Espagne. (V. ESPAGNE.)

Souverains de Castille.
Maison de Navarre. Sanche IV, 1284
Ferdinand I, fils de Sanche le Grand, roi de Navarre, 1034 Ferdinand IV, 1295
Sanche II, 1065 Alphonse XI, 1312
Alph. VI de Léon, 1072 Pierre le Cruel, 1350
Urraque et Alph. (VII) d'Aragon, 1109 Maison de Transtamare.
Maison de Bourgogne. Henri II, 1369
Alphonse VIII, fils d'Urraque et de Raymond de Bourgogne, 1126 Jean I, 1379
Sanche III et Ferdinand II, 1157 Henri III, 1390
Alphonse IX, 1158 Jean II, 1406
Henri I, 1214 Henri IV, 1453
Ferdinand III, 1217 Isabelle I et Ferdinand le Catholique, 1474-1516.
Alphonse X, 1252

CASTILLON, ch.-l. de cant. (Gironde), sur la Dordogne, à 18 kil. S. E. de Libourne, 2960 hab. Petit port. Charles VII y remporta sur les Anglais en 1453 une victoire qui les chassa définitivement de la Guyenne ; Talbot y périt. — Ch.-l. de cant. (Ariége), à 12 kil. S. O. de St-Girons; 850 hab.

CASTILLON (J. Fr. SALVEMINI de), savant italien, né en 1709 à Castiglione en Toscane (d'où son nom), mort en 1791, enseigna la philosophie et les mathématiques à Utrecht (1751), puis fut appelé en Prusse par Frédéric II, fut nommé professeur de mathématiques à l'école d'artillerie de Berlin; devint membre de l'Académie de cette ville, et succéda à Lagrange dans la place de directeur de la classe mathématiques de cette compagnie. Parmi ses ouvrages on distingue : Discours sur l'origine de l'inégalité des conditions parmi les hommes (contre le Discours de J. J. Rousseau), 1756; Vie d'Apollonius de Tyane, par Philostrate, trad. de l'anglais, 1774; les Académiques de Cicéron, trad. en français avec des notes et les commentaires de Valentia, 1779, 2 vol. in-8. — Il ne faut pas le confondre avec J. Castilhon ni avec B. Castiglione.

CASTILLONNÈS, ch.-l. de cant. (Lot-et-Garonne), à 10 kil. N. E. de Lauzun; 1700 hab.

CASTLEBAR, v. d'Irlande (Connaught), ch.-l. du comté de Mayo, à 65 kil. N. de Galway; 6000 hab. Les Français opérèrent un débarquement sur ce point en 1798; mais furent obligés de s'éloigner.

CASTLEREAGH (Robert STEWART, marquis de Londonderry, vicomte), ministre d'État, né en Irlande en 1769, entra de bonne heure au parlement et y soutint la politique de Pitt. Nommé gouverneur de l'Irlande, sa terre natale, il y exerça la plus odieuse dictature; devenu ministre en 1811, il enleva à l'Irlande toute existence politique. Dans les années 1813 et 1814, il contribua puissamment à soulever l'Europe contre la France, et lorsque Napoléon eut succombé, il fut envoyé en qualité d'amassadeur auprès des puissances alliées pour traiter de la paix générale : au congrès de Vienne, il sacrifia la Pologne, la Saxe, la Belgique et Gênes. Après cette époque Castlereagh fut rappelé au ministère; il y soutint le parti de la cour et se montra l'ennemi déclaré des idées libérales. Il se rendit par là odieux et souleva les plus vives oppositions. En 1822 il mit fin à ses jours, soit par l'effet d'un dérangement du cerveau, soit par suite du chagrin que lui causait le fâcheux état des affaires. Il avait eu pour principal adversaire politique lord Canning, qui le remplaça au pouvoir. On a publié à Londres en 1853 ses Lettres, papiers et dépêches.

CASTLETON, v. d'Angleterre (Lancastre), à 1 kil. S. de Rochdale; 8000 hab. Très-commerçante. — Il y a beaucoup d'autres lieux du même nom dans la Grande-Bretagne et aux États-Unis, entre autres un village du comté de Derby, situé au pied d'un rocher de plus de 300m de haut, sur la pointe duquel est un château nommé Peak-Castle, que l'on croit bâti par W. Peveril, dit Peveril du Pic, fils de Guillaume le Conquérant. On y voit aussi une immense grotte dite la Caverne du Diable.

CASTLETOWN, v. de l'île de Man, dont elle est le ch.-l., sur la côte; 3000 hab. Château fort.

CASTOR, héros grec, fils de Léda et de Tyndare, et frère jumeau de Pollux. La fable raconte que Jupiter, amoureux de Léda, s'étant transformé en cygne pour la séduire, cette princesse eut deux œufs, dont l'un, de son mari Tyndare, produisit Castor et Clytemnestre, tous deux mortels; l'autre, de Jupiter, produisit Hélène et Pollux, qui tenaient l'immortalité de leur céleste origine. Castor était adroit à dompter les chevaux et Pollux habile au pugilat. Tous deux firent partie de l'expédition des Argonautes. Castor fut tué par Lyncée dans une querelle. Pollux, affligé de la mort de son frère, pria Jupiter de le rendre immortel. L'immortalité fut partagée entre eux, de sorte qu'ils vivaient et mouraient alternativement. Ils furent métamorphosés en astres et transportés au ciel, où ils forment la constellation des Gémeaux. On les regardait comme des divinités favorables aux athlètes et aux navigateurs, et on les invoquait sous le nom de Dioscures, c.-à-d. enfants de Jupiter.

CASTRA, c.-à-d. camp, nom commun à un grand nombre de villes anciennes, qui sans doute s'étaient formées autour de camps romains.

CASTRA, v. de Gaule, auj. Castres.

CASTRA ALATA, v. de Calédonie, auj. Édimbourg.

CASTRA CÆCILIA, v. d'Hispanie, auj. Cacérès.

CASTRA CORNELIA, v. d'Afrique, à l'embouch. du Bagradas, vis-à-vis d'Utique, devait son nom à un camp de Cornélius Scipion, dit l'Africain.

CASTRA RAPIDA, v. de Mauritanie, auj. Coléah.

CASTRES, Castra, ch.-l. d'arr. (Tarn), sur l'Agout, à 32 kil. S. d'Alby; 17 602 hab. Tribunal de 1re inst. et de commerce, collége. La v. est mal bâtie, mais a de belles promenades, dites les Lices. C'est à Castres qu'a été fabriquée pour la 1re fois l'étoffe dite de là castorine. — Castres n'était jadis qu'une station romaine. La v. actuelle date de l'an 647 après J.-C. Au XVIe s., elle embrassa le Calvinisme. Elle servit longtemps de résidence à Henri de Navarre (H. IV), joua un rôle dans nos guerres religieuses, et finit par être prise et démantelée sous Louis XIII (1619). Elle eut dès 1317 un évêché, auj. supprimé. Rapin Thoyras, A. Dacier, l'abbé Sabatier, sont nés à Castres.

CASTRI, vge de la Grèce actuelle, sur l'emplacement de l'anc. Delphes. V. DELPHES.

CASTRICUM, v. de Hollande, au S. et près d'Alkmaër. Prise en 1799 par les Anglo-Russes, et reprise aussitôt par Brune.

CASTRIES, ch.-l. de c. (Hérault), à 11 k. N. E. de Montpellier; 800 h. Château gothique; aqueduc.

CASTRIES (Ch. Eug. Gabriel DE LA CROIX, marquis de), maréchal de France, né en 1727, servit avec gloire pendant la guerre de Sept ans en qualité de lieutenant général et de mestre de camp général de la cavalerie. Peu après la paix de 1763, il fut nommé gouverneur général de la Flandre et du Hainaut, puis appelé au ministère de la marine, 1780. Il reçut en 1783 le bâton de maréchal de France, et fut député en 1787 à l'Assemblée des notables. Il désapprouva les changements qui se projetaient, et quitta la France en 1790. En 1792, lors de l'invasion des Prussiens en Champagne, il commanda une colonne d'émigrés. Il mourut en 1801 à Wolfenbuttel.

CASTRIOT (George). V. SCANDERBEG.

CASTRO, v. du roy. d'Italie (Terre d'Otrante), sur l'Adriatique, à 42 k. S. E. de Gallipoli; 7850 h. Souvent pillée par les pirates de la Barbarie.

CASTRO, Castremonium, vge du territoire romain, à 39 k. N. O. de Viterbe. Jadis évêché et ch.-l. de duché. Cette ville, importante autrefois, fut rasée en 1648 par l'ordre du pape Innocent X, pour punir les habitants d'avoir tué leur évêque : le duché de Castro fut réuni aux États de l’Église.

CASTRO (Juan de), vice-roi des Indes portugaises, né à Lisbonne en 1500, mort à Goa en 1548, était allié à la famille royale de Portugal. En 1545, il fut chargé du gouvt de l'Inde, et remporta sur les indigènes plusieurs victoires signalées. Il fut nommé vice-roi peu avant sa mort. Aussi probe que brave, il mourut pauvre, et fut enterré aux dépens du public. On dit qu'ayant eu besoin de faire un emprunt au commerce de Goa, il offrit ses moustaches en gage; les négociants se contentèrent de sa parole.

CASTRO (VACA de), prêtre et juge royal de Valladolid, fut envoyé par Charles-Quint au Pérou en 1540, pour y comprimer les factions et régler le régime intérieur de la colonie. A son arrivée, il apprit l'assassinat de Pizarre et l'usurpation d'Almagro. Il marcha avec une armée contre ce dernier, le défit et lui fit trancher la tête ainsi qu'à tous ses complices. Il s'occupait d'adoucir le sort des Indiens par de sages règlements, lorsqu'il fut disgracié en 1544, à cause de cette modération même. Il mourut en 1558.

CASTRO (Guilhem de), auteur dramatique espagnol, né à Valence en 1569, m. en 1631, fut contemporain de Lope de Véga, qui fait son éloge dans son Laurier d'Apollon. La plus célèbre des pièces de Castro est la Jeunesse du Cid, à laquelle Corneille a fait des emprunts. Les pièces de cet auteur ont été publiées à Valence, en 1621 et 1625, 2 vol. in-4, sous le titre de Las Comedias : on y remarque 2 pièces tirées de l’Histoire de don Quichotte.

CASTRO-GIOVANNI, Enna, v. de Sicile, au centre de l'île, à 24 kil. N. E. de Caltanisetta, sur une montagne escarpée; 12 000 h. Soufrières. Env. fertiles.

CASTRO-REALE, v. de Sicile, à 40 kil. S. O. de Messine, était la résidence favorite de Frédéric II, d'où son. nom de reale (royal); 11 000 hab. Vins, huiles, source thermale.

CASTRO-VERDE, plaine du Portugal, voisine d'Ourique. V. ce mot.

CASTRUCCIO-CASTRUCCI ou CASTRACANI, gentilhomme lucquois, d'une famille attachée au parti gibelin, s'exila avec son père vers l'an 1300, lorsque la faction guelfe l'emporta. Après avoir servi successivement en France, en Angleterre et en Lombardie, il rentra dans Lucques, où les Gibelins le prirent pour leur chef. Il eut longtemps à combattre le parti guelfe, et fut même arrêté et jeté dans les fers; mais il finit par triompher de tous ses ennemis, et en 1320 l'empereur Louis de Bavière le reconnut duc de Lucques; il conquit une partie de la Toscane. Il mourut en 1328. Machiavel a écrit sa Vie.

CASTULO, v. de la Tarraconaise. auj. Cazorla.

CASUENTUS, riv. de Lucanie, auj. le Basiento.

CASUISTES, théologiens dont les études ont pour objet de résoudre les cas de conscience, c'est-à-dire de décider si telle action est bonne ou mauvaise. Ces fonctions difficiles ont été l'occasion de quelques abus, plusieurs théologiens ayant avancé des opinions fort relâchées en morale, entre autres Escobar, Molina, Busenbaum : Pascal a combattu ces excès dans ses Provinciales.

CAT, une des Antilles anglaises. V. LUCAYES.

CATABATHME (GRAND), Catabathmus magnus, c.-à-d. grande descente, auj. Djebel-Kebir, c.-à-d. grande montagne, chaîne de mont. qui séparait la Libye maritime, la Cyrénaïque et la Marmarique d'avec l’Égypte. Les anciens y placèrent longtemps la séparation de l'Afrique et de l'Asie. On appelait Petit-Catabathme, Catabathmus minor, auj. El-Soug-haïer, une chaîne de mont. située à l'E. de la précédente et qui en était le contre-fort.

CATACOMBES (de cata, en bas, et cumbos, cavité), excavations souterraines où les anciens plaçaient dans des tombes les corps qu'ils ne brûlaient pas. La plupart de ces catacombes n'étaient dans l'origine que d'anciennes carrières abandonnées. Les plus fameuses sont celles de Rome, principalement celle de St-Sébastien; celles de Naples, qui, d'abord employées à la sépulture des païens, furent au IVe siècle uniquement réservées aux Chrétiens (on y a construit un grand nombre d'églises et de chapelles); celles de Syracuse, les célèbres Latomies de Denys le Tyran; celles de Catane, d'Agrigente et de Palerme. Souvent les Catacombes servirent de refuge aux Chrétiens des premiers siècles : dans les temps de persécution, ils s'y réunissaient pour célébrer en secret les mystères de leur religion. Les Catacombes de Rome ont été décrites par A. Bosio, par Bottari et par L. Perret, Paris, 1853-1857. Les Catacombes qui s'étendent sous presque toute la ville de Paris furent primitivement des carrières comme les précédentes. On y a recueilli depuis 1786 les débris des cimetières répandus autrefois au sein de la ville, ainsi que les restes que renfermaient les églises, et on en a formé d'immenses ossuaires.

CATALANI (Angelica), célèbre cantatrice, née à Sinigaglia en 1779, morte à Paris en 1849, était fille d'un bijoutier. Elle quitta, non sans résistance, le couvent pour le théâtre, débuta à Venise en 1795, passa en Portugal, où elle fit partie de la chapelle du roi, contracta en 1806 un engagement avantageux à Londres, et, en se rendant dans cette ville, passa par Paris, où elle obtint un succès prodigieux. Elle revint en France en 1814, et reçut de Louis XVIII le privilège du théâtre italien; mais elle éprouva dans cette gestion des pertes qui la déterminèrent à y renoncer, parcourut l'Allemagne, l'Italie, la Suède, la Russie, et fut partout applaudie avec enthousiasme. Ayant amassé une immense fortune, elle se retira en 1823 à Florence, où elle fonda une école gratuite de chant, qu'elle dirigeait elle-même. Elle avait épousé en 1800, à Lisbonne, un officier français, M. de Valabrègue. Catalani avait une magnifique voix de soprano, mais elle n'était ni actrice, ni même grande musicienne; elle dut presque tout à la nature, qui lui avait donné un admirable instrument. Elle brillait surtout dans les concerts, où ses vocalisations surprenantes la laissèrent sans rivale.

CATALANS, hab. de la Catalogne. V. CATALOGNE.

CATALANS. On nomma ainsi des soldats mercenaires, Aragonais aussi bien que Catalans, que Pierre III d'Aragon mena en Sicile contre Charles d'Anjou, et qui ensuite, sous la conduite du Catalan Roger de Flor, entrèrent au service des Grecs contre les Turcs (1304-05). S'étant brouillés avec les Grecs, ils formèrent une république militaire dans la Thrace, qu'ils conquirent (1307). Ils dévastèrent la Thessalie (1308), où ils se firent la guerre entre eux; s'emparèrent des États du duc d'Athènes, Gauthier de Brienne (1312), après lui avoir offert leurs services, et se donnèrent pour roi d'abord Roger-Deslau (ex-ambassadeur de Gauthier), puis un fils du roi de Sicile, Frédéric II, 1326. Les plus célèbres de leurs chefs, après Roger de Flor, furent Arenos, Roccafort et Entença. Moncada et Ramon Montaner ont écrit leur histoire.

CATALAUNI, v.de Gaule, auj. Chalons-sur-Marne.

CATALAUNIENS (Champs), vaste plaine qui entoure Châlons-sur-Marne, et où l'immense armée d'Attila fut détruite en 451 par Aétius avec les forces combinées des Francs, des Bourguignons et des Goths.

CATALOGNE, Tarraconensis chez les Romains, Catalaunia en latin moderne, grande prov. de l'Espagne, située au N. E. de la Péninsule, est bornée au N. par les Pyrénées, qui la séparent de la France, à l'E. par la Méditerranée, à l'O. par l'Aragon, et au S. par le roy. de Valence; 300 k. de long sur 210 de large; 1 200 000 h.: capit., Barcelone. Elle forme une capitainerie gén. qui comprend 4 intend., Barcelone, Tarragone, Girone, Lerida. La partie septentrionale offre beaucoup de mont. qui sont des ramifications des Pyrénées, entre autres le mont Serrat, dont le couvent célèbre est situé a une hauteur de 1238m. L'Èbre, la Sègre, la Fluvia, le Ter, le Llobregat, arrosent la Catalogne. Le climat est varié, mais en général chaud et humide; le sol fertile: il produit des céréales, du riz, du vin; on y cultive avec succès l'olivier, l'oranger, le citronnier et surtout l'arbre à liège. Les richesses minéralogiques consistent en sel, plomb, antimoine, marbres, jaspes, etc. Industrie florissante; grand commerce; ports nombreux. — Les anciens habitants de cette contrée furent les Ceretani, les Indigètes, les Ausetani, etc. Soumis les premiers par les Romains, ils furent compris d'abord dans l'Hispanie Citérieure, ensuite dans la Tarraconaise. Au Ve s., Barcelone fut le 1er siège de la monarchie des Visigoths. Enlevée à ces derniers par les Maures (712), la Catalogne ne tarda point à être réunie au vaste empire de Charlemagne. Sous les successeurs de ce prince, elle se divisa en fiefs indépendants, parmi lesquels se distinguait le comté de Barcelone, qui finit par absorber les autres. En 1137, Raimond-Bérenger, comte de Barcelone, obtint la couronne d'Aragon en épousant l'héritière de ce royaume; c'est à cette époque que le nom de Catalogne, qui date sans doute de la domination des Goths, et qui semble être une corruption de Gothalania, commença à remplacer officiellement celui de comté de Barcelone. Devenue à la fin du XVe siècle partie intégrante de la monarchie espagnole, la Catalogne conserva néanmoins ses lois et ses privilèges (fueros); en 1641, elle se révolta contre Philippe IV, qui avait voulu les lui enlever, et se donna à Louis XIII; rendue en 1659, elle fut encore occupée par les Français de 1694 à 1697. En 1713, elle résista un an à Philippe V, et en 1808, à l'invasion française. En 1812 elle fut presque organisée en départements français. En 1823 elle s'insurgea et, sous la conduite de Mina, résista longtemps aux troupes de Ferdinand VII. Les Catalans ont un idiome particulier, très-rapproché de l'ancienne langue d'Oc ou provençale, qui s'est répandue dans le roy. de Valence, dans les Baléares et dans le Roussillon, et qui a eu du XIe au XVIIe siècle sa littérature à part.

CATAMARCA, un des États de la Confédération Argentine, au N. O., borné à l'E. par le Tucuman, au S. par le Rioja, à l'O. par le Chili, et au N. par la Bolivie; 105 000 h. Ch.-l. San-Fernando-do-Catamarca. Pays très-fertile, arrosé par la Catamarca.

CATANE, Catana ou Catina, v. de Sicile, ch.-l. de l'intend. de Catane, à 160k. E. S. E. de Palerme, à 38 k. S. de Messine, sur la côte orient. de l'île, à l'extrémité S. de l'Etna; env. 60 000 h. Évêché, université. Ville bien bâtie et pavée en dalles de lave; belle cathédrale, couvents remarquables, bibliothèques, musées. Soieries, savons, huiles, cuirs, laines, grains, soufre, etc. Port peu fréquenté, quoiqu'un des plus grands de la Sicile. Belles ruines romaines. — Fondée vers 746 ou 704 av. J.-C, par une colonie naxienne ou chalcidienne, Catane a été plusieurs fois ruinée par des tremblements de terre et les éruptions de l'Etna (1669, 1693, 1783, 1818); en 1669, il y périt 18 000 h. L'anc. Catane est la patrie du législateur Charondas. — L'intend. est située entre celle de Messine au N. et de Syracuse au S., sur la côte orient. de l'île; 410 000 h. Territoire très-fertile, qu'on appelle le Grenier de l'Italie.

CATANZARO, v. de l'Italie mérid., ch.-l. de la Calabre Ult. 2e, à 280 k. S. E. de Naples; 14 500 h. Évêché. Draps, soieries, velours. Elle a beaucoup souffert du tremblement de terre de 1783.

CATAONIE, région de l'Asie-Mineure, sur la frontière de la Cilicie, d'abord comprise dans le roy. de Cappadoce, puis dans la prov. de Cappadoce 2e, avait pour capitale Comana de Cappadoce.

CATAPAN (du grec kata pan, sur tout, c.-à-d. préposé général), nom donné sous le Bas-Empire, du IXe au XIe siècle, à des gouverneurs généraux qui administraient la Pouille et la Calabre pour les empereurs grecs. Ils résidaient à Bari.

CATARACTES. Les plus célèbres sont celles du Nil et du Sénégal en Afrique; du Niagara, du Mississipi, du Missouri, de la Magdalena, en Amérique; celles de Schaffouse, de Staubach, en Suisse; d'Orco, en Piémont.

CATAWBA (GRANDE-), riv. de la Caroline septentr. sort des montagnes Bleues et tombe dans le Congarée, après un cours de 355 k. Elle reçoit la Petite-Catawba. Ces deux riv. tirent leur nom de la tribu indigène des Catawbas, qui en habitaient les bords.

CATAY ou CATHAY, nom donné dans le moyen âge à la partie sept. de la Chine, qui avait pour capit. Cambalu (Pékin).

CATEAU-CAMBRÉSIS ou LE CATEAU, ch.-l. de c. (Nord), à 24 k. S. E. de Cambray; 6015 h. Collége. Mérinos, calicots, percales, etc. Patrie du maréchal Mortier, à qui la ville a érigé une statue. Il y fut signé en 1559, après la bataille de St-Quentin, un traité entre Henri II, roi de France, et Philippe II, roi d'Espagne, par lequel ce dernier recouvra Thionville, Montmédy, Damvilliers, etc.; la France recouvrait St-Quentin et Ham; la possession de Calais, reprise l'année précédente, lui était assurée.

CATEL (Guill.), conseiller au parlement de Toulouse, 1560-1626, débrouilla le premier l'histoire de son pays : on lui doit une Histoire des comtes de Toulouse (de 710 à 1270), 1623, et des Mémoires sur l'hist. du Languedoc, publiés après sa mort, 1635.

CATEL (Ch. Simon), compositeur, membre de l'Institut, né à L'Aigle en 1770, mort en 1830, était élève de Gossec. Il composa avec ce maître de beaux morceaux de musique militaire pour les cérémonies de la République, entre autres l’Hymne à la Victoire (paroles de Lebrun) et le Chant du départ (paroles de Chénier), et fut nommé professeur d'harmonie au Conservatoire dès la création, mais il fut destitué en 1814. On a de lui un Traité d'harmonie (1802), plusieurs compositions dramatiques : au Grand-Opéra, Sémiramis, les Bayadères; à l'Opéra-Comique, les Artistes par occasion, l’Auberge de Bagnères (1807), Wallace (1817); des Symphonies, des Quatuor, etc. Catel posa les principes de la science des accords tels qu'on les comprend auj. Ses mélodies se distinguent par une élégante et gracieuse pureté.

CATELET (Le), ch.-l. de c. (Aisne), sur l'Escaut, à 19 k. N. de St-Quentin; 250 h. Bonne pierre de taille. Forteresse bâtie par François I en 1520. Prise par les Impériaux en 1557, et reprise en 1638.

CATESBY (Marc), naturaliste anglais, né en 1680, mort en 1750, visita la Virginie, la Caroline, la Floride et les îles Bahama. De retour en Angleterre, il publia l’Histoire naturelle de ces contrées, en 2 magnifiques vol. in-fol. Il était membre de la Société royale de Londres. — Un autre Catesby (Robert) est connu comme l'instigateur de la conspiration des Poudres (V. POUDRES). Il périt les armes à la main, en se défendant après la découverte du complot.

CATHAY. V. CATAY et CASSAY.

CATHARES, c.-à-d. purs. V. ALBIGEOIS.

CATHELINEAU (Jacques), chef de Vendéens, né en 1758, exerçait la profession de tisserand au Pin-en-Mauges (Maine-et-Loire), lorsqu'en 1793 une insurrection éclata parmi les jeunes gens de St-Florent appelés à tirer au sort. Cathelineau, quoique exempt de service comme marié, se mit à la tête des insurgés, attaqua hardiment, et toujours avec succès, plusieurs postes républicains, et fut au bout de quelques mois nommé général en chef des armées vendéennes. Il ne craignit pas d'attaquer Nantes (29 juin 1793), mais il fut repoussé et blessé mortellement.

CATHERINE (Ste), vierge et martyre, vivait, à ce qu'on croit, à Alexandrie, au commencement du IVe s., et subit le martyre sous Maximin Daïa, vers 312. Elle avait une instruction au-dessus de son sexe et de son âge : à 18 ans, elle convertit plusieurs philosophes qui avaient été chargés par l'empereur de la faire renoncer à sa foi. Elle est la patronne des écoles de filles; longtemps aussi les élèves de philosophie l'ont prise pour patronne. On croit que cette sainte s'appelait Dorothée, et que le nom de Catherine (du mot syriaque kéthar, couronne) lui fut donné parce qu'elle remporta, dit S. Jérôme, la triple couronne du martyre, de la virginité et de la science. On la représente appuyée sur une roue à demi rompue et teinte de sang. On la fête le 25 nov. CATHERINE (Ste), dite C. de Sienne, né à Sienne en 1347, était fille d’un teinturier. À l'âge de 20 ans elle entra dans l’institution des sœurs de St-Dominique ; elle y eut des révélations qui lui donnèrent bientôt une grande célébrité, et y composa des écrits mystiques qui furent très-recherchés. Catherine joua un rôle important dans le schisme qui éclata en 1378, à l’occasion de la concurrence d’Urbain VI et de Clément VII : elle s’était déclarée pour le parti d’Urbain. Elle mourut en 1380, exténuée par les austérités. On la fête le 30 avril. On a d’elle des traités de dévotion, des lettres et des poésies remarquables par l’élégance et la pureté du style. L’édition la plus exacte et la plus complète de ses œuvres est celle de Jérôme Gigli, sous ce titre : Opere della serafica santa Catarina, Sienne et Lucques, 1707-1713, 4 vol. in-4. On y remarque un Dialogue entre le Père éternel et Ste Catherine, qu’elle dicta en 1378 étant ravie en extase. Une légende exploitée par les peintres d’Italie fait de cette sainte la fiancée du Christ. Chavin de Malan a écrit sa Vie, 1850. — Il y eut encore à Bologne et à Gênes deux saintes du même nom, qui se rendirent également célèbres par leur piété et leurs écrits mystiques : la 1re vécut de 1413 à 1463 (on l’hon. le 9 mars) ; la 2e, de 1448 à 1510 (on l’hon. le 14 septembre). — On honore aussi en Suède une Ste Catherine, fille de Ste Brigitte, qui accompagna sa mère à Rome et se signala par sa piété. Sa fête est célébrée le 22 mars.

CATHERINE DE FRANCE, fille de Charles VI et d’Isabeau de Bavière, née en 1401, morte en 1438, épousa Henri V, roi d’Angleterre, en exécution du honteux traité de Troyes, en 1420. Elle devint veuve en 1422, et peu après elle épousa secrètement Owen Tudor, gentilhomme gallois, que le duc de Glocester fit périr peu d’années après. Elle en avait eu trois fils, dont l’aîné, le comte de Richmond, fut père de Henri de Richmond, qui devint roi sous le nom de Henri VII.

CATHERINE D’ARAGON, fille de Ferdinand V, roi d’Aragon, et d’Isabelle, reine de Castille, épousa en 1501 Arthur, fils aîné de Henri VII, roi d’Angleterre. Devenue veuve, elle fut en 1509 mariée, avec dispense du pape Jules II, au frère de son 1er époux, qui régna sous le nom de Henri VIII, et eut de ce prince une fille qui fut reine sous le nom de Marie. Après 18 ans d’une union parfaite, Henri VIII, épris d’Anne Boulen, demanda la dissolution de son mariage. Le pape ne voulut point y consentir ; Catherine résista plusieurs années, mais elle n’en finit pas moins par être répudiée (1533). Le divorce fut prononcé par Cranmer, archevêque de Cantorbéry, et Catherine se vit confinée dans le château de Kimbolton, où elle mourut en 1536. On sait que c’est ce divorce qui fut l’origine du schisme en Angleterre.

CATHERINE DE MÉDICIS, reine de France, fille de Laurent II de Médicis, duc d’Urbin, née à Florence en 1519, morte en 1589, épousa en 1533 le 2e fils de François I, depuis Henri II. Après la mort de son époux et celle de son fils aîné, François II, elle s’empara de la régence du royaume pendant la minorité de son second fils, Charles IX. La ruse et la dissimulation furent ses principaux moyens de gouvernement. Elle excita la guerre civile entre les Catholiques et les Réformés, résolut la perte de ces derniers après avoir feint un instant de les favoriser, et fut la principale instigatrice de l’horrible massacre de la St-Barthélemy (1572). Elle se brouilla ensuite avec Charles IX, et fut sans influence sous le règne de Henri III. Catherine avait apporté de l’Italie le goût des arts : c’est par ses ordres qu’ont été construits le palais des Tuileries, le château de Monceaux ; elle continua le Louvre. Cette princesse croyait fort à l’astrologie (V. RUGGIERI). — Sa Vie, par E. Albéri (Florence, 1838), a été trad. par Mlle Sala. 1844.

CATHERINE DE BRAGANCE, fille de Jean IV, roi de Portugal, née en 1638, épousa en 1661 Charles II, roi d’Angleterre, qui lui fit éprouver toutes sortes de mépris et de chagrins ; elle supporta son sort avec résignation. Après la mort du roi elle retourna en Portugal, et fut en 1704 et 1705 régente de ce roy. pendant la maladie de son frère don Pedro.

CATHERINE I, impératrice de Russie, née en 1682 en Livonie, de parents pauvres, morte en 1727. Elle venait d’épouser un simple soldat suédois lorsqu’elle fut réduite en captivité après la prise de Marienbourg (17Q2). D’une beauté remarquable, elle plut au prince Menzikoff, et bientôt après à Pierre le Grand lui-même. En 1711 elle accompagna le czar dans sa campagne contre les Turcs, et lui rendit le plus important service en traitant avec les ennemis qui le tenaient enfermé sur les bords du Pruth : elle acheta au prix de ses pierreries la retraite du grand vizir. Le czar, après en avoir eu plusieurs enfants, la déclara son épouse ; en 1724 il la fit couronner solennellement impératrice. Après la mort du czar (1725), elle fut reconnue souveraine de toutes les Russies. Elle continua l’œuvre de civilisation commencée par son époux ; mais elle s’abandonna à de coupables dérèglements, et laissa une trop grande part du pouvoir à son favori Menzikoff.

CATHERINE II, impératrice de Russie, fille du prince d’Anhalt-Zerbst, née à Stettin en 1729, épousa forcément en 1745 le duc de Holstein-Gottorp, que l’impératrice Élisabeth avait désigné pour son successeur, et qui régna sous le nom de Pierre III. Menacée du divorce et de l’emprisonnement, Catherine, qui possédait l’affection des Russes, réussit à faire déposer son époux, qui fut étranglé peu de jours après (1762), puis elle se fit sacrer à Moscou avec la plus grande pompe. En 1764 elle plaça sur le trône de Pologne Stanislas Poniatowski, qui avait été son amant. Bientôt après elle enleva aux Turcs la Crimée et les forteresses d’Azof, de Taganrog, de Kinburn et d’Ismaël. En 1772 elle conclut avec la Prusse et l’Autriche un traité qui démembrait la Pologne et donnait à la Russie les gouvernements de Polotsk et de Mohilev ; le traité de Kainardji, conclu en 1774 avec la Turquie, lui assura plusieurs provinces méridionales et lui ouvrit la mer Noire. En même temps qu’elle reculait ainsi les limites de son empire, Catherine imprimait une activité nouvelle à l’agriculture et à l’industrie, encourageait les lettres et les arts, était en correspondance avec Voltaire, d’Alembert, et recevait Diderot à sa cour. En 1793 et 1795, elle acheva, par de nouveaux partages, d’anéantir la Pologne, en joignant à ses États ce qui restait au dernier souverain de ce malheureux pays. Elle projetait de nouvelles conquêtes lorsqu’elle mourut en 1796, d’une apoplexie foudroyante. On a d’elle quelques écrits, des comédies, un drame d’Oleg, et une Correspondance avec Voltaire, Grimm, etc. et des Mémoires, (1859). C. fut une grande princesse et mérita d’être surnommée la Sémiramis du Nord ; mais on lui reproche une vie dissolue (V. PONIATOWSKY, ORLOF, POTEMKIN). E. Jauffret a donné en 1860 Catherine II et son règne.

CATHERINE (ordre de STE-), ordre russe spécialement affecté au sexe féminin, fut fondé par Pierre le Grand en 1714, en mémoire du dévouement que Catherine, sa femme, lui avait montré lors de son désastre sur le Pruth (V. CATHERINE I). La décoration consiste en une plaque qui porte sur la face une croix d’argent avec l’image de la sainte, et sur le revers un nid d’aiglons et deux aigles qui dévorent des serpents, avec cette devise : Æquat munia comparis. Le prince Menzikoff est le seul homme qui en ait été décoré.

CATHOLICOS (Jean), patriarche d’Arménie sous le nom de Jean VI, mort en 925, est auteur d’une histoire de son pays depuis Haïg, ouvrage estimé qui a été trad. par St-Martin et publié par Lajard, 1841.

CATHOLIQUES, c.-à-d. Universels, nom sous lequel on réunit tous les Chrétiens qui reconnaissent l’autorité du pape. V. ÉGLISE CATHOLIQUE.

CATILINA (L. Sergius), d’une famille illustre de Rome, se déshonora dès sa jeunesse par ses vices et par ses crimes, et se fit l'agent de Sylla dans les proscriptions. N'ayant pu réussir à se faire nommer consul, il tenta de faire assassiner les consuls Manlius Torquatus et Aurelius Cotta, qui avaient été ses concurrents (65 av. J.-C.). Ayant encore échoué dans sa demande l'année suiv., il forma une grande conspiration, tendant à faire périr les consuls, le sénat et à détruire Rome par le fer et le feu (63). La conspiration fut découverte par Cicéron, alors consul, qui le foudroya de son éloquence en plein sénat et le força à se démasquer. Catilina sortit aussitôt de Rome et alla en Étrurie se mettre à la tête d'une armée de ses partisans. Se voyant vaincu, il se fit tuer à Pistoria dans un dernier combat que lui livra Pétréius, lieutenant d'Antonius, collègue de Cicéron (62). L'histoire de cette conjuration a été écrite par Salluste et, de nos jours, par M. Mérimée (1844). Les Catilinaires de Cicéron y ajoutent de saisissants détails. Crébillon, dans Catilina, Voltaire, dans Rome sauvée, ont mis sur la scène la conspiration et la fin tragique de Catilina.

CATINAT (Nicolas), maréchal de France, né à Paris en 1637, m. en 1712. Il quitta dans sa jeunesse le barreau pour les armes, se forma sous Turenne, devint lieutenant général en 1688, vainquit le duc de Savoie en 1690 à Staffarde, en 1693 à Marsaille, et s'empara de la plus grande partie de ses États. Le bâton de maréchal fut le prix de ces exploits. Placé une 2e fois à la tête des troupes en Italie, il eut à combattre le prince Eugène; mais le mauvais état de l'armée, le manque d'argent et de subsistances paralysèrent ses efforts, et il éprouva quelques échecs, notamment à Carpi, ce qui le fit disgracier, 1701. Il subit en philosophe cet injuste traitement, et vécut depuis dans sa retraite de St-Gratien (près Montmorency), fuyant la cour et pratiquant toutes les vertus. Catinat avait écrit des Mémoires qui ont été publiés à Paris en 1819, 3 vol. in-8. Son Éloge a été écrit par La Harpe, 1775. Une statue lui a été érigée à St-Gratien en 1860.

CATMANDOU, v. de l'Inde, capit. du Népaul, par 27° 42' lat. N., 82° 34' long. E.; env. 38 000 h. Remarquable par le nombre de ses temples et par ses manufactures. Les Anglais y ont un représentant.

CATON (M. Porcius), surnommé l’Ancien ou le Censeur, Romain célèbre par ses vertus, né à Tusculum, l'an 234 av. J.-C., d'une famille obscure; servit d'abord sous Fabius Maximus pendant la 2e guerre punique. Nommé préteur en Sardaigne, il acheva de soumettre ce pays. Envoyé avec le titre de consul en Espagne et en Grèce (195), il mérita, par sa valeur et sa prudence, les honneurs du triomphe. Censeur huit ans après, il exerça ses fonctions avec une sévérité qui passa en proverbe, et il mérita qu'on lui élevât une statue avec cette inscription : A Caton, qui a corrigé les mœurs. Dans ses dernières années, craignant pour Rome la rivalité de Carthage, il terminait tous ses discours en disant qu'il fallait détruire cette ville : Delenda Carthago. Il mourut l'an 149 ans av. J.-C., à 85 ans. Caton s'appliqua aux sciences et aux lettres; il excellait dans la jurisprudence aussi bien que dans l'agriculture; il étudia jusque dans sa vieillesse et apprit, dit-on, le grec à 80 ans. Cependant il regardait comme dangereux certains arts de la Grèce, et il en empêcha l'introduction à Rome. (V. CARNÉADE). On reproche à ce sage païen son goût pour le vin et son avarice. Caton laissa en mourant un grand nombre de lettres, des harangues, un ouvrage intitulé : Origines romaines, et quelques écrits secondaires. Il ne reste de lui qu'un petit traité intitulé De re rustica, trad. par Saboureux de La Bonneterie, 1771, et dans la collection Nisard, et quelques fragments, réunis par Lion, Gœtt., 1826, et par H. Jordan, Leipsick, 1859. Cornélius Nepos et Plutarque ont écrit sa Vie.

CATON (M. Porcius), surnommé d'Utique, arrière petits-fils du préc., né en 93 av. J.-C., montra de bonne heure une âme ferme et courageuse. Amené à 14 ans au palais de Sylla, et apercevant les têtes sanglantes des proscrits, il demanda un poignard, afin, dit-il, d’affranchir Rome de son tyran. Lors de la conjuration de Catilina, il appuya les mesures de rigueur proposées par Cicéron. Tout en se défiant de Pompée, il s'opposa de tout son pouvoir à l'ambition de César, et vota contre la mesure qui donnait à ce dernier le commandement des Gaules pour cinq ans, disant aux sénateurs qu'ils se décrétaient un tyran pour l'avenir. Pendant la guerre civile, il se prononça pour Pompée, et remporta quelques avantages sur les troupes de César à Dyrrachium. A la nouvelle de la défaite de Pharsale, et peu après l'assassinat de Pompée, il rassembla les débris de l'armée républicaine et se rendit en Afrique, où Q. Métellus Scipion, à la tête de quelques troupes, sa préparait à résister à César; mais Métellus ayant été battu à Thapse, Caton ne voulut pas survivre à la liberté : il s'enferma dans Utique et s'y perça de son épée. On dit qu'avant de se frapper il lut et médita le Phédon, dialogue où Platon traite de l'immortalité de l'âme. Caton était attaché à la doctrine du stoïcisme, qui s'accordait bien avec l'austérité de son caractère. Plutarque a écrit sa Vie. Addison a pris la Mort de Caton pour sujet d'une tragédie célèbre.

CATON (Valérius), poëte latin, qui vivait au temps de Sylla, fut dépouillé de son patrimoine sous ce dictateur et composa à ce sujet, sous le titre de Diræ (Imprécations), un poëme où il maudit les ravisseurs, et qui a été quelquefois attribué à Virgile. Ce poëme se trouve dans les Poetæ minores de Wernsdorf, et a été trad. par M. Cabaret, 1842.

CATON (Dionysius), auteur latin, qui vivait vers le IIIe siècle de notre ère, a laissé 4 livres de Distiques moraux qui ont obtenu beaucoup de vogue au moyen âge. Ils ont eu un grand nombre d'éditions et ont été traduits dans toutes les langues de l'Europe. Les éditions les plus estimées des Distiques sont celles d'Othon Arntzénius, cum notis variorum, Amsterdam, 1754, et de Zarnke, Leips., 1852. Ils ont été traduits en 1533 sous ce titre : Les Mots et sentences dorés de maître de sagesse Caton, et réimprimés en 1798 par M. Boulard. M. J. Chenu les a traduits de nouveau en 1843, dans la collection Panckoucke. M. J. Travers les a mis envers, Caen, 1837.

CATORCE, la plus riche mine d'argent du Mexique, à 170 k. N. de San-Luis-Potosi; longtemps elle a produit par an près de 20 000 000 de francs.

CATROU (le P.), jésuite, né à Paris en 1659. mort en 1737, s'est fait un nom comme critique. Il fonda en 1701 le Journal de Trévoux, où il rendait compte des ouvrages nouveaux, et en fut pendant douze ans le principal rédacteur. On a de lui : Histoire du Mogol, 1705; Histoire du fanatisme protestant, 1733; Histoire romaine, en 21 vol. in-4, 1725-37. Ces histoires ne sont guère que des gazettes. Catrou a aussi traduit Virgile, mais sans plus de succès.

CATTARO, v. et port des États autrichiens (Dalmatie), ch.-l. de cercle, à 60 k. S. E. de Raguse; 3000 hab. Beau port sur le golfe de Cattaro; rade sûre ; château sur le roc inaccessible de la Pella. Évêché. Commerce actif. Cattaro est entouré de montagnes si hautes qu'en hiver à peine voit-on le soleil dans cette ville. — Fondée au VIe siècle, souvent ruinée par les tremblements de terre, notamment en 1563 et 1667. Longtemps république indépendante, elle se soumit à Venise en 1420; elle passa entre les mains de l'Autriche en 1797; elle appartint à la France de 1805 à 1814, époque à laquelle elle retourna à l'Autriche. — Le cercle de Cattaro, entre la Turquie d'Europe et l'Adriatique, a 88 k. sur 22; 40 000 h., du rit grec. Ce cercle est coupé en deux par les bouches du Cattaro. Il est montueux, boisé, et très-fertile; il produit des vins excellents.

CATTARO (golfe et bouches du), petit golfe de l'Adriatique, sur la côte mérid. de la Dalmatie, a 130 k. de tour; deux écueils le divisent en trois parties ou entrées qu'on nomme bouches; le fond du golfe en arrière des bouches est dit canal de Cattaro.

CATTÉGAT, c.-à-d. Trou du chat, bras de mer qui unit la mer du Nord à la Baltique par le détroit du Sund et les deux Belt, entre le Jutland à l'O. et la Suède à l'E. ; 220 k. sur 110. Navig. dangereuse.

CATTENOM, bourg d'Alsace-Lorraine, à 9 k. N. E. de Thionville ; 1000 h. Autrefois fortifié.

CATTES, Catti, peuple de la Germanie, au S. des Chérusques, au N. E. des Mattiaci, habitait la Hesse électorale actuelle, ainsi qu'une partie du duché de Nassau et de la Westphalie, et avait pour ville principale Castellum Cattorum (Cassel). Très-belliqueux, ils furent, battus, mais non soumis par les Romains. Au IIIe siècle ils s'absorbèrent dans la confédération des Francs.

CATTOLICA, v. de Sicile, à 25 k. N. O. de Girgenti ; 7000 hab. Aux env. vastes soufrières. — Bourg d'Italie (Forli), sur l'Adriatique, à 15 kil. S. E. de Rimini, donna asile en 339 aux prélats catholiques qui s'étaient séparés des Ariens, au concile de Rimini.

CATULLE, C. Valérius Calullus, poëte latin, né l'an 87 av. J.-C, à Vérone ou à Sirmio (auj. Sermione), sur le lac Benacus, réussit surtout dans l'épigramme et dans le genre érotique. On a aussi de lui quelques morceaux d'un genre plus sérieux, entre autres, l'épisode des Noces de Thélis et de Pelée, qui prouvent qu'il pouvait s'élever à la hauteur de l'épopée. Ce poëte fut lié avec les hommes les plus distingués de son temps ; il ne craignit pas d'attaquer César dans ses vers, mais le dictateur, au lieu de s'en irriter, sut gagner son amitié. Il mourut jeune, à 30 ans selon les uns, à 40 ans selon d'autres. Ses poésies, longtemps perdues, n'ont été retrouvées qu'au XIVe s. Parmi les nombreuses éditions qui en ont paru, on remarque celles d'Isaac Vossius, Londres, 1684, in-4, enrichie d'un précieux commentaire; de Doëring, Leipsick, 2 vol. in-8, 1788-92, et de Naudet, dans la Bibliothèque lat. de Lemaire. Catulle a été traduit par Pezay, 1771; par Noël, 1803; par L. Th. Paulinier, 1840, par Héguin de Guesle (coll. Panckoucke) et par Collet (coll. Nisard). Ginguené a mis en vers les Noces de Thétis et de Pélée.

CATULUS. V. LUTATIUS.

CATURIGES, peuple de la Gaule Cisalpine, dans les Alpes Graiæ, faisait, du temps d'Auguste, partie des États du roi Cottius, et avait pour ch.-l. Caturiges (auj. Chorges). Leur territoire répond aux vallées de Chorges et d'Embrun (Htes-Alpes).

CATUS, ch.-l. de c. (Lot), à 14 k. N. O. de Cahors ; 1300 h. Ancien château fort.

CATZ (Jacob VAN), poëte hollandais, né dans la Zélande, en 1577, mort en 1660, fut un des créateurs de la langue et de la poésie hollandaise. Il remplit dans sa patrie les premières fonctions administratives et diplomatiques, fut ambassadeur en Angleterre (1627), grand pensionnaire de Hollande (1636-1651), et consacra ses loisirs aux lettres. Ses poésies se composent d'emblèmes, d'allégories, de fables, d'idylles et d'odes. Ses Fables l'ont fait surnommer le La Fontaine de la Hollande. Ses œuvres ont été réunies à Amst. en 1712, 1790 et 1828.

CAUCA, v. d'Hispanie (Tarraconaise), chez les Vaccéens, à 70 k. S. O. de Clunia. Patrie de Théodose.

CAUCA, riv. de Colombie, a sa source dans les Andes, sort du mont Paramo de Guanacas, forme plusieurs bras qui se réunissent, coule du S. au N., arrose Antioquia, et tombe dans la Magdalena, à 150 k. S. E. de Carthagène, après un cours de 320 k. — Elle a donné son nom à l’État de Cauca, dans la Nouv.-Grenade; 300 000 h.; ch.-l., Popayan.

CAUCASE, Caucasus, nom général sous lequel on comprend un grand système de mont. qui sépare l'Europe de l'Asie, et qui s'étend entre la mer Noire et la mer Caspienne, au N. du Kour et du Rioni, par 40°-45° lat. N. et 35°-47° long. E. La chaîne princip., le Caucase proprement dit, va du S. E. au N. O., depuis la péninsule d'Apchéron jusqu'à la forteresse d'Anapa, sur une longueur d'env. 1000 k. Beaucoup de chaînes se détachent à droite et à gauche de la chaîne principale : à l'O., l'Elbrouz (Ceraunii montes) ; au N. O., les collines qui bordent la mer Noire (Caraxici montes); au S. O., le Caucase se rattache à l'extrémité orientale du Taurus, qui couvre toute l'Asie-Mineure. Les principales rames du groupe caucasien sont le mont Elbrouz, qui a 5646m; le Mquinwari ou Kazbek, 4800m, et le Chat-Elbrouz, sur les confins du Daghestan, 4000m. Un grand nombre de fleuves prennent leur source dans le Caucase : le Kouban au N. O., le Térek au N. E., le Rioni (Phasis) au S. O., l'Alazan au S. E. Les diverses chaînes du Caucase offrent plusieurs défilés dont quelques-uns célèbres : les Portes Caucasiennes, auj. défilé de Dariel, sur la route de Mosdok à Tiflis; les Portes Albaniennes ou Sarmatiques, le long des côtes du Daghestan; les Portes Caspiennes, près de Téhéran ; les Portes Ibériennes, auj. Schaourapé. — Le Caucase fut connu dès la plus haute antiquité; il joue un rôle important dans la mythologie des Grecs; c'est sur ses cimes que ces derniers plaçaient le supplice de Prométhée. Les nombreuses peuplades qui habitent ces mont., et qui sont auj. connues sous les noms de Tcherkesses, Nogaïs, Abazes, Ossètes, etc., furent presque toujours indépendantes. Chez les anciens, Mithridate seul sut pendant quelque temps leur faire reconnaître son autorité; chez les modernes, la domination des Turcs sur les montagnards du Caucase était purement nominale. Les Russes ont commencé en 1722 à faire la guerre aux habitants du Caucase et ce n'est qu'en 1859 qu'ils ont réussi à les réduire complètement; de 1839 à cette époque, Schamyl les tint en échec en Circassie. — Les savants ont regardé comme sortie du Caucase la race blanche qui couvre toute l'Europe et une grande partie de l'Asie, et ils lui ont donné par ce motif le nom de race caucasienne.

CAUCASE (gouvt du), vaste contrée de la Russie, comprenant la prov. du Caucase ou Ciscaucasie, la Transcaucasie et en général toutes les parties du Caucase qui sont soumises à l'empire. Elle contient près de 4 000 000 d'hab. et a pour ch.-l. Tiflis. – La prov. du Caucase ou Ciscaucasie est située sur le versant N. du Caucase, entre l'Astrakhan au N., les Cosaques de la mer Noire à l'O., la Circassie et le Daghestan au S., la mer Caspienne à l'E., a 880 kil. sur 360, et 1 100 000 hab. (Mahométans, Arméniens, Juifs, etc.). Ch.-l., Stavropol. Autres villes : Georgievsk, Kisilar, Mozdok.

CAUCASIENNES (PORTES), Caucasiæ pylæ, auj. défilé de DARIEL. V. DARIEL.

CAUCHON (P.), évêque de Beauvais, se vendit aux Anglais qui avaient envahi la France, réclama le droit de juger la malheureuse Jeanne d'Arc qui avait été prise dans son évêché, fut le plus acharné de ses juges, et réussit, par des ruses infâmes, à faire prononcer contre elle la peine de mort. Il fut chassé de son siége par les habitants de Beauvais indignés, et mourut tourmenté de remords, en 1443. Le pape Calixte III l'avait excommunié.

CAUCHY (Aug. Louis), mathématicien, né à Paris en 1789, mort à Sceaux en 1857, était fils de L. Franç. Cauchy, archiviste de la Chambre des Pairs. Admis à seize ans à l’École polytechnique, il se voua à l'enseignement, professa à l’École polytechnique et à la Faculté des sciences, et fut en 1816 nommé membre de l'Institut. Royaliste dévoué, il suivit Charles X en exil et fit l'éducation scientifique du duc de Bordeaux. Il refusa le serment en 1852, mais n'en fut pas moins maintenu dans ses fonctions. Ce savant infatigable a composé une foule de Mémoires, parmi lesquels on remarque sa Théorie des ondes, couronnée en 1815 par l'Institut; ses Mémoires sur la polarisation de la lumière et sur la Théorie des nombres. En outre, il a publié : Cours d'analyse, 1821; Leçons sur les applications du calcul infinitésimal à la géométrie, 1826; Exercices de mathématiques, 1827. Cauchy ne se distinguait pas moins par sa piété que par sa science.

CAUDEBEC, Caledunum, ch.-l. de cant. (Seine-Inf.), sur la r. dr. de la Seine, à l'embouchure du Caudebec, à 11 kil. S. d'Yvetot; 5295 hab. Église gothique. Caudebec était autrefois la capit. de tout le pays de Caux. Son industrie fut jadis très-florissante; on y faisait surtout un grand commerce des chapeaux dits caudebecs. Elle souffrit beaucoup pendant les guerres religieuses du XVIe et du XVIIe siècle.

CAUDÉRAN, bourg de la Gironde, à 3 k. O. de Bordeaux; 3057 hab. Hôpital militaire.

CAUDINES (FOURCHES). V. CAUDIUM.

CAUDIUM, auj. Airola ou Arienzo, v. du Samnium, à 28 kil. S. E. de Capoue, entre Bénévent et Calatie, sur les frontières de la Campanie. Aux env. se trouve un défilé célèbre par l'échec que les Romains y éprouvèrent sous le consulat de T. Veturius Calvinus et de Sp. Posthumius Albinus : ils s'y laissèrent enfermer par Pontius Hérennius, général des Samnites, et furent obligés de passer sous le joug (321 av. J.-C.); de là le nom de Fourches Caudines donné au défilé. Plus tard, les Romains défirent à leur tour les Samnites aux env. de Caudium.

CAULAINCOURT, bourg du dép. de l'Aisne, à 14 kil. O. de St-Quentin; 500 hab. Anc. seigneurie, érigée en marquisat en 1714.

CAULAINCOURT (Aug. Louis de), duc de Vicence, né en 1773 à Caulaincourt (Aisne), mort en 1827, prit part à presque toutes les guerres de la Révolution, et se fit remarquer de Bonaparte, qui le nomma grand écuyer à son avénement, puis général de division et duc de Vicence. Envoyé en 1807 comme ambassadeur en Russie, il sut se concilier l'estime de l'empereur Alexandre et fit tous ses efforts pour prévenir une rupture. N'ayant pu y réussir, il rentra en France en 1811 et prit part à la campagne de Moscou. Il tint depuis 1813 le portefeuille des relations extérieures, et fut chargé, à la suite de nos revers, de différentes missions auprès des princes alliés : il défendit toujours, notamment au congrès de Châtillon (1814), les intérêts du fils de l'empereur. On a publié de 1837 à 1840, sous le titre de Souvenirs du duc de Vicence, d'intéressants mémoires sur l'empire. — Son fils aîné a été sénateur sous Napoléon III.

CAULON ou CAULONIA, plus tard Castrum Veterum, auj. Castel-Vetere, v. d'Italie (Brutium), au S. E. de Térine, près de la mer.

CAUMARTIN (Lefebvre de), honorable famille de robe, aujourd'hui éteinte, originaire du Ponthieu. Louis G. (1552-1623), fut successivement intendant de province, ambassadeur, président du grand conseil sous Henri IV et Louis XIII, enfin garde des sceaux; il est auteur de Mémoires conservés manuscrits à la Bibliothèque impériale. — Louis François (1624-1687), son petit-fils, intendant de Champagne, fut l'ami et l'agent du cardinal de Retz. — Louis Urbain, fils du préc. (1653-1720), élève de Fléchier, conseiller au parlement de Paris, puis conseiller d'État et intendant des finances, était un magistrat plein de droiture. Boileau a dit de lui (sat. IX) :

Chacun de l'équité ne fait pas son flambeau;
Tout n'est pas Caumartin, Bignon ni d'Aguesseau.

Il fut dans ses dernières années un des protecteurs de Voltaire, qui puisa dans ses entretiens l'amour de Henri IV et l'idée de la Henriade. On lui doit la conservation des Mémoires du cardinal de Retz, et de ceux de Joly. — L'abbé François, frère d'Urbain, (1668-1733), évêque de Vannes, puis de Blois, connu par son esprit précoce, fut admis à l'Académie dès 1694, à 26 ans. — Ant. Louis, marquis de St-Ange, prévôt des marchands à Paris de 1778 à 1784. Cette ville lui doit de nombreuses améliorations; une rue de Paris porte encore son nom.

CAUMARTIN (Jacq. Étienne), industriel et orateur, né en 1769, m. en 1825, était un riche propriétaire de forges. Député de la Côte-d'Or en 1815, il fut sous la Restauration un des plus fermes et des plus éloquents soutiens de la cause libérale.

CAUMONT, ch.-l. de c. (Calvados), à 22 k. S. O. de Bayeux; 2150 h. Volailles; fer aux env. — Bourg du dép. de Lot-et-Garonne, à 8 kil. de Marmande; 1800 h. Jadis place forte : les Huguenots s'en emparèrent en 1629; elle fut bientôt reprise par le duc de Mayenne. Berceau de la famille des Caumont.

CAUMONT (Famille de), illustre maison du midi de la France, se distingua dès le temps des croisades et dans les guerres contre les Anglais en Guyenne et s'allia aux maisons souveraines de Bretagne et d'Albret. Les deux branches principales sont celles de La Force, qui existe encore, et de Lauzun, qui s'éteignit vers 1723. V. ces noms.

CAUNES (LES), Bufentis, v. de France (Aude), à 21 kil. N. E. de Carcassonne; 2258 hab. Eau-de-vie, etc. Aux env., beaux marbres de couleur variée. Ancienne abbaye de Bénédictins.

CAUNUS, auj. Quingi? v. de Carie, sur la côte S., vis-à-vis de Rhodes. Patrie de Protogène.

CAUS (Salomon de), ingénieur français, né en Normandie vers 1576, mort vers 1626, fut successivement employé comme ingénieur en Angleterre par le prince de Galles, en Allemagne par le prince Palatin, et finit sa carrière en France, avec le titre d'ingénieur et architecte du roi (Louis XIII). Habile surtout dans l'hydraulique, il fit plusieurs inventions remarquables et soupçonna la puissance de la vapeur. Le marquis Worcester, à qui les Anglais attribuent cette découverte, n'a fait que la lui emprunter. On a dit que Richelieu, importuné des instances de l'inventeur, l'avait fait enfermer à Bicêtre comme fou; mais c'est là un conte fait à plaisir. On a de S. de Caus, entre autres ouvrages, un Traité des forces mouvantes (Francfort, 1605, et Paris, 1624), où il est traité de la force de la vapeur.

CAUSSADE, ch.-l. de cant. (Tarn-et-Garonne), à 22 k. N. E. de Montauban; 4540 h. Fabrique d'étamines, de toiles. Safran, grains et truffes.

CAUSSIN (Nicolas), jésuite, né à Troyes en 1583, mort en 1651, se fit une réputation comme prédicateur, et devint confesseur de Louis XIII; il fut exilé pour avoir pris parti pour la reine mère. Il a écrit : la Cour sainte; De Eloquentia sacra et humana; Tragœdiæ sacræ, et une Apologie des Jésuites, 1644.

CAUSSIN DE PERCEVAL (J. J.), orientaliste, né à Montdidier en 1759, mort en 1835, remplaça Deshauterayes, dont il était l'élève, dans la chaire d'arabe au Collége de France, 1783; fut nommé en 1787 garde des manuscrits de la Bibliothèque royale, et entra en 1809 à l'Institut (Académie des inscriptions). Il a trad. du grec l’Argonautique de Valerius Flaccus, 1796, et de l'arabe, la Suite des Mille et une Nuits, 1806, l’Histoire de la Sicile sous les Musulmans, 1802; les Séances de Harriri, les Tables astronomiques d'El-Younis, etc. — Son fils, Armand Pierre, né en 1795, professeur d'arabe à l'École des langues orientales, a donné, entre autres ouvrages, une Grammaire arabe, un Essai sur l'histoire des Arabes avant l'Islamisme, 1847, une Hist. de la littérature hindoue, etc.

CAUTERETS, vge des H.-Pyrénées, à 16 kil. S. d'Argelès; 850 h. Eaux thermales sulfureuses très-renommées. Beaux sites.

CAUX (pays de), Caleti, partie de la H.-Normandie, au N. de la Seine; 70 kil. sur 60. Lieux principaux : Caudebec, Lillebonne, Yvetot, St-Valery-en-Caux, Bolbec, Arques, Dieppe, Eu, le Tréport. Il fait auj. partie du dép. de la Seine-Inf. Les Cauchoises sont célèbres par leur beauté, par leur grande taille et par la singularité de leur haute coiffure.

CAVA, v. du roy. d'Italie (Principauté Citer.), à 4 k. N. O. de Salerne; 12 000 h. Évêché. Fabriques d'étoffes de soie, de coton et de toiles. Anc. abbaye des Bénédictins de la Trinité. CAVADONGA, v. des Asturies, à 48 k. S. E. d’Ovidéo. Pélage y remporta, en 718, une éclatante victoire sur les Maures, à la suite de laquelle il fut proclamé roi par les habitants des Asturies et par les Goths réfugiés.

CAVAIGNAC (Eugène), général français, issu d’une famille du Quercy, né à Paris en 1802, était fils du conventionnel J. B. Cavaignac, anc. avocat au parlement de Toulouse, m. en exil, à Bruxelles, en 1829, et frère de Godefroy, l’un des chefs du parti républicain sous Louis-Philippe, rédacteur de la Réforme et président de la Société des Droits de l’Homme (mort en 1845). Élève de l’École polytechnique, il entra dans le génie et fit la campagne de Morée. Après la révolution de 1830, il manifesta hautement ses tendances républicaines ; ce qui le fit mettre temporairement en disponibilité, fut envoyé en 1832 à l’armée d’Afrique ; se signala dans plusieurs expéditions périlleuses, résista pendant quinze mois dans le méchouar de Tlemcen à tous les efforts d’Abd-el-Kader (1836-37), défendit également avec un courage héroïque la place de Cherchell et y fut blessé (1840), eut part à la victoire d’Isly, où il commanda l’avant-garde (1844), et fut, en récompense, élevé au grade de général de brigade. Lorsque la révolution de Février 1848 eut éclaté, il fut nommé général de division et gouverneur général de l’Algérie ; il fut peu après élu représentant du peuple par les départ. de la Seine et du Lot, et appelé au ministère de la guerre à la suite de l’attentat du 15 mai contre l’Assemblée nationale. Peu de jours après, il eut à réprimer la terrible insurrection de juin, suscitée par les partisans de la République démocratique et sociale, et reçut à cet effet le titre de chef du pouvoir exécutif : il montra d’abord quelque hésitation sur les mesures à prendre, mais il déploya bientôt la plus grande énergie et parvint, après quatre jours d’une lutte acharnée (23, 24, 25 et 26 juin), à se rendre maître du mouvement : le bâton de maréchal de France lui fut offert en récompense, mais il ne crut pas devoir l’accepter. Investi d’un pouvoir dictatorial, il dut, pour prévenir le retour du désordre, ordonner la mise en état de siége, la suspension des journaux hostiles, la transportation des insurgés. En même temps il refusait son concours à la propagande révolutionnaire, offrait un asile au pape, chassé de ses États, et envoyait des troupes en Italie pour protéger sa retraite. Après la promulgation de la nouvelle constitution, il se porta candidat à la présidence de la République, mais il ne put guère réunir que le cinquième des suffrages : il résigna le pouvoir avec une simplicité digne. Élu député en 1852, il refusa le serment à la nouvelle constitution et alla vivre dans la retraite. Il mourut subitement en octobre 1857, à son château d’Ourne (Sarthe). E. Cavaignac a mérité le respect de ses adversaires mêmes ; comme homme politique, il s’est montré droit et sincèrement dévoué à la cause républicaine. Il était de caractère irrésolu : les Arabes l’appelaient un roseau peint en fer. M. Hipp. Castille a donné sa Biographie ; M. de La Guéronnière a tracé son portrait (dans ses Études et portraits politiques).

CAVAILLON, Cabellio, ch.-l. de cant. (Vaucluse), sur la Durance, à 25 kil. S. E. d’Avignon ; 7041 hab. Anc. évêché, remontant au IVe siècle, supprimé à la Révolution. Restes d’un arc de triomphe. Mûriers, melons d’hiver renommés, grand commerce de fruits. Patrie de César de Bus. — Cavaillon, jadis une des villes principales des Cavares, dans la Viennaise, était le séjour dun corps d’utriculaires, bateliers pour le passage de la Durance.

CAVALE (LA), Neapolis, v. et port de Turquie (Roumélie), sur le golfe de la Cavale, à 128 kil. N. E. de Salonique ; 3000 hab. Patrie de Méhémet-Ali.

CAVALIER (Jean), chef redoutable des Camisards, né au village de Ribaute, près d’Anduze (Gard), en 1679. De garçon boulanger qu’il était, il se fit prédicant dans les Cévennes, et, à la tête d’une multitude d’enthousiastes, il résista longtemps aux troupes de Louis XIV. Le maréchal de Villars négocia avec lui, et lui fit déposer les armés en lui assurant une pension et un brevet de colonel (1704). Observé en France, il passa en Angleterre, y servit avec distinction, et devint gouverneur de l'île de Jersey. Il mourut en 1740.

CAVALIERI (Bonaventure), célèbre géomètre, né à Milan en 1598, mort en 1647, se lia avec Galilée et obtint par sa recommandation une chaire de mathématiques à Bologne. Il passa la plus grande partie de sa vie dans les souffrances de la goutte. Cavalieri a créé la géométrie des indivisibles, dont Roberval lui disputa cependant l’invention : il concevait les lignes comme formées d’un nombre infini de points ; les surfaces, d’une infinité de lignes, et les solides, d’une infinité de surfaces, et il réussit, à la faveur de cette méthode si simple, à résoudre un grand nombre de problèmes. Ses principaux ouvrages sont : Geometria indivisibilium, 1635 ; Trigonometria plana, 1636 ; Exercitationes geometricæ, 1647.

CAVALIERS, faction aristocratique anglaise, opposée à celle des Têtes rondes. V. ce mot.

CAVALLO (Tiberius), physicien, né à Naples en 1749, mort à Londres en 1809, a inventé le micromètre qui porte son nom, un électromètre, un directeur pour diriger le fluide électrique, et a publié un Traité complet d’électricité (trad. par l’abbé Silvestre, Paris, 1785). On a encore de lui : Essai sur la théorie et la pratique da l’électricité médicale, 1780 ; Traité sur la nature et les propriétés de l’air, 1781 ; Traité sur le magnétisme, 1787.

CAVAN, v. d’Irlande (Ulster), à 96 kil. N. O. de Dublin ; 6000 hab. Ch.-l. d’un comté de même nom, situé entre ceux de Monaghan et de Leitrim ; 84 kil. sur 40 ; 245 000hab.

CAVARES, peuple de la Gaule, dans la Viennaise, le long de la Méditerranée et du Rhône, s’étendait depuis les bouches de ce fleuve jusqu’au dessus de l’emb. de l’Ardèche. Villes principales : Avenio, Cabellio, Arelate, Vasio, Arausio. Marseille fut comprise dans leur pays à la fin de l’Empire. Leur territoire répond aux dép. de Vaucluse et des Bouches-du-Rhône (moins quelques cant. orientaux et l'île de la Camargue).

CAVAZZI (J. Antoine), missionnaire de l’ordre des Capucins, né à Montecuccolo près dé Modène, fut envoyé deux fois au Congo (1654 et 1670), y fit plusieurs conversions, et acquit une connaissance profonde de la langue et des mœurs du pays. Il rédigea à son retour une relation publiée en 1687 par Alamandini (trad. par le P. Labat, 1732).

CAVENDISH, famille anglaise à laquelle appartiennent les comtes, puis ducs de Devonshire, et les ducs de Newcastle, a pour chef sir William Cavendish, né en 1505, mort en 1557, qui était d’abord simple huissier du cardinal Wolsey ; il obtint la faveur de Henri VIII et de ses successeurs, qui l’élevèrent aux honneurs. — Son petit-fils, William Cavendish, duc de Newcastle, né en 1592, mort en 1676, fut en grande faveur auprès de Jacques I et Charles I ; sacrifia toute sa fortune pour défendre la cause royale ; prolongea la guerre de 1639 à 1644, fut défait à Marston-Moor, s’exila après cet échec et ne revint qu’à la Restauration ; il fut alors nommé chef de la justice des comtés au nord du Trent. Il avait été créé comte de Newcastle par Charles I ; Charles II l’éleva à la dignité de duc. On a de lui, entre autres ouvrages : Méthode nouvelle pour dresser les chevaux, 1667. — Un autre de ses descendants, Will. Cavendish, comte, puis duc de Devonshire, né en 1640, mort en 1707, se fit remarquer sous Jacques II par une vive opposition ; il fut un des plus actifs promoteurs de la révolution qui renversa ce prince et qui plaça sur le trône Guillaume d’Orange ; il fut en récompense créé duc, et nommé intendant. Il fut sous Anne un des commissaires chargés d’effectuer la réunion de l’Écosse à l’Angleterre. CAVENDISH (Henry), physicien et chimiste, né à Nice en 1731, m. en 1810, était fils d’un cadet de la famille des ducs de Devonshire ; se livra aux sciences ; fut admis en 1760 à la Société royale de Londres et nommé en 1803 associé de l’Institut de France. On lui doit, entre autres découvertes, celle du gaz hydrogène(1766), l’analyse exacte de l’air, de l’eau et de l’acide nitrique ; il a déterminé la densité moyenne du globe, rendu sensible l’attraction de la terre, etc. Ses écrits se trouvent dans les Transactions philosophiques.

CAVENDISH (W.-H.), lord Bentinck, V. BENTINCK.

CAVERY, fleuve de l’Inde. V. KAVERY.

CAVINO (J.), le Padouan, habile graveur du XVIe siècle, s’exerça à contrefaire les médailles anciennes pour s’enrichir aux dépens des antiquaires. Ses coins sont au Cabinet impérial de Paris.

CAVOUR, v. murée du Piémont, à 15 kil. S. E. de Pignerol ; 5700 hab. Soieries, toiles, tanneries. Abbaye de Bénédictins fondée en 1010.

CAVOUR (Camille Benso, comte de), le régénérateur de l’Italie, né à Turin en 1810, m. en 1861 ; fut d’abord soldat, puis journaliste ; fonda le Risorgimento (1847) ; devint député (1849), ministre du commerce et bientôt concurremment des finances (1850), enfin président du conseil (1852-1861) ; inaugura une politique libérale et ferme à l’intérieur, hardie et entreprenante à l’extérieur, qui amena la guerre avec l’Autriche, l’alliance avec la France et l’érection du royaume de Sardaigne en royaume d’Italie. Il mourut au moment où il essayait de donner Rome pour capitale à l’Italie, voulant établir, comme il disait lui-même, l’Église libre dans l’État libre. Sa Vie a été publiée par J. Devey (1861), ses Discours traduits par Artom et A. Blanc (1862).

CAVOYE (Louis D’OGER, marquis de), né en 1640, m. en 1716, fut élevé avec Louis XIV, conserva la faveur de ce prince toute sa vie, et la mérita par son courage. Il était grand maréchal des logis de la maison du roi.

CAXAMARCA, v. du Pérou, ch.-l. de prov., à 130 kil. N. de Truxillo ; 8000 hab. Anc. résidence des Incas : c’est là que fut mis à mort, par les Espagnols, en 1533, Atahualpa, le dernier de cette race royale. — La prov. de C., entre celles de Chacapoyas et du Maranon à l’E., de Chota au N., de Lambayèque à l’O. et de Truxillo au S., a 100 000 h. Mines d’or et d’argent ; culture du coton.

CAXTON, bourg d’Angleterre, à 15 kil. O. de Cambridge ; 500 hab. Patrie de Mathieu Pâris.

CAXTON (Guillaume), imprimeur anglais, né vers 1410 dans le comté de Kent, mort en 1491. Après avoir séjourné quelque temps en Hollande, et y avoir fait le commerce avec succès, il y apprit l’art d’imprimer, et l’introduisit en Angleterre vers 1472 ; il publia en 1474 son premier livre, le Jeu d’échecs moralisé (en angl.) ; il donna en 1481 le Miroir du Monde, avec gravures. Ses éditions sont fort recherchées des bibliophiles.

CAYAMBÉ, riv. du Brésil, affluent de l’Amazone, où elle tombe à 31 kil. S. E. d’Ega, après un cours de 245 kil. - Montagne de l’Amérique du S., l’un des plus hauts sommets des Andes (6140m) ; il est situé sous la ligne équinoxiale, à 65 kil. N. E. de Quito.

CAYAPONIA, grand district de la prov. de Goyas au Brésil ; 660 k. sur 220. Bornes : à l’E. le Parana, au S. O. le Pardo. Les Cayapos, habitants de ce district, sont encore barbares. Bois de construction.

CAYENNE, v. de l’Amérique méridionale, capit. de la Guyane française, dans l’île de Cayenne, à l’emb. de la riv. de même nom ; 5220 hab. Port peu profond, château fort. Cour imp., trib. de 1re inst., collége, jardin botanique ; grand entrepôt commercial. La chaleur y est très-élevée (30° à l’ombre) ; le climat, longtemps insalubre, a été assaini par le défrichement des marais environnants. - Le 1er établissement français date de 1626 ; il s’agrandit en 1635, mais il fut abandonné en 1654 ; à cette époque les Anglais s’en emparèrent, mais ils ne le gardèrent que dix ans (1654-1664). Cayenne fut occupée par les Hollandais en 1676 ; d’Estrées la reprit en 1677 ; les Portugais s’en emparèrent en 1809 ; elle fut rendue à la France en 1814. — L’île de Cayenne, comprise entre la riv. Cayenne, la riv. Ouya, et l’Océan Atlantique, a 44 kil. sur 31. Six mois de pluie, autant de chaleur et de sécheresse extrêmes ; de là un climat très-malsain ; le sol est d’une fertilité prodigieuse ; on y recueille le plus beau coton de l’Amérique. C’est auj. un lieu de déportation.

CAYENNE, riv. de la Guyane française, coule pendant 65 kil. du S. O. au N. E., et tombe dans l’Océan Atlantique par 4° 56′ lat. N., 54° 35′ long. O.

CAYES (les), v. et port d’Haïti, à 155 kil. S. O. de Port-au-Prince, ch.-l. du dép. du Sud. Consulat français. On y comptait jadis de 12 à 15 000 hab. ; auj. elle n’en a plus que la moitié. Environs marécageux. — Les Cayes-Jacmel sont dans le dép. de l’Ouest, à 18 kil. E. de Jacmel.

CAYET (P. Vict. PALMA), historien et controversiste, né en 1525 à Montrichard en Touraine, mort en 1610, étudia sous Ramus, embrassa comme lui le Calvinisme, devint ministre protestant, et s’attacha à Catherine de Bourbon, sœur de Henri IV. Il fut ramené au Catholicisme par le cardinal Duperron, abjura en 1595, se fit ordonner prêtre en 1600, et fut nommé professeur d’hébreu au collége de Navarre, à Paris. On a de lui, outre des œuvres de controverse, auj. oubliées, une histoire de la Navarre intitulée : Heptaméron de la Navarride, trad. de l’espagnol en vers français, Paris, 1602 ; Histoire prodigieuse du docteur Faust, trad. de l’allemand, 1603, ouvrage qui l’a fait accuser d’être adonné à la magie ; Chronologie novennaire, histoire des guerres de Henri IV de 1589 à 1598, Paris, 1606 ; Chronologie septennaire (1598-1604), Paris, 1609. Ces deux derniers ouvrages, précieux pour l’histoire, ont été réimprimés dans les collections des Mémoires relatifs à l’hist. de France.

CAYEUX, v. et port du dép. de la Somme, à 30 k. O. d’Abbeville, sur la Manche ; 2400 hab. Phare.

CAYLAR (le), ch.-l. de cant. (Hérault), à 15 kil. N. de Lodève ; 650 hab. Ancienne baronnie.

CAYLUS, ch.-l. de cant. (Tarn-et-Gar.), à 41 k. N. E. de Montauban ; 5424 hab. Anc. château fort.

CAYLUS (Marguerite DE VILLETTE, marquise de), née dans le Poitou en 1673, morte en 1729, était cousine de Mme de Maintenon. Elle épousa à 13 ans J. Anne de Tubières, marquis de Caylus, et se fit remarquer à la cour de Louis XIV par ses grâces et son esprit. Elle a laissé, sous le titre de Souvenirs de Mme de Caylus, d’intéressants mémoires sur son temps, qui furent publiés par Voltaire, Genève, 1770. Ils ont été réimprimés en 1804 par Auger, et en 1860 par Asselineau.

CAYLUS (Phil., comte de), archéologue, fils de la préc., né à Paris en 1692, mort en 1765, suivit d’abord avec distinction la carrière militaire, puis quitta le service afin de se livrer tout entier à son goût pour les arts ; accompagna l’ambassadeur de France à Constantinople ; visita la Turquie, l’Asie-Mineure, et revint en 1717 avec de riches matériaux, qu’il légua en mourant au Cabinet du Roi. Il publia depuis cette époque d’importants ouvrages sur les arts et les antiquités, ce qui le fit recevoir à l’Académie de peinture en 1731, et à celle des inscriptions, en 1742. Il aida les artistes de ses conseils et de sa fortune, et fit lui-même d’utiles recherches sur les moyens employés par les anciens pour peindre à l’encaustique, sur la manière d’incorporer la peinture dans le marbre, etc. Il s’occupa aussi, soit comme amateur, soit comme artiste, de peinture et de gravure, mais le fit avec moins de succès. Ce fut en même temps un écrivain spirituel. On a de lui : Recueil d’antiquités égyptiennes, étrusques, grecques, gauloises, 7 vol. in-4, 1752-67 ; Nouveaux sujets de peinture et de sculpture, 1755 ; Vies de Mignard, Lemoine, Bouchardon, Watteau ; et des Œuvres badines (contes, féeries, etc.), recueillies en 1787, 12 vol. in-8. Caylus eut pour ami l'abbé Barthélémy, qui l'aida dans plusieurs de ses travaux.

CAYOR, État de Nigritie, le plus puissant des États Giolofs, s'étend le long de la côte de l'Océan Atlantique, depuis l'embouchure du Sénégal jusqu'au delà du cap Vert; env. 200 000 h. Le roi du pays prend le titre de Damel.

CAYRES, ch.-l. de c. (Hte-Loire), à 13 k. S. O. du Puy; 750 h. Sol granitique et volcanique.

CAYSTRE, Cayster ou Caystros, auj. Kitchek-Meinder, c.-à-d. Petit-Méandre, riv. de Lydie, naît près de Sébaste, et se jette dans la mer Égée près d’Éphèse. Elle est célèbre par les cygnes qu'on voyait jadis en grand nombre sur ses bords.

CAZALÈS (Jacques de), célèbre orateur, né en 1752 à Grenade (Hte-Garonne), d'un conseiller au parlement de Toulouse, mort en 1805, était en 1789 capitaine de dragons. Élu député de la noblesse aux États généraux en 1789, il se montra le défenseur ardent de la monarchie, déploya à la tribune de grands talents oratoires, et lutta souvent avec succès contre Mirabeau et Barnave. Il donna sa démission de député après l'arrestation de Louis XVI à Varennes, émigra et fit avec les princes de la maison de Bourbon la campagne de 1792. Il rentra en France en 1803. Ses Discours et opinions ont été recueillis en 1 v. in-8, Paris, 1821.

CAZALS, ch.-l. de cant. (Lot), à 27 k. N. O. de Cahors; 1000 h.

CAZAMANCE. V. CASAMANCE.

CAZAUBON, ch.-l. de c. (Gers), à 25 k. S. de Roquefort, sur la Douze; 2300 h. — V. CASAUBON.

CAZÈRES, Calagorris, ch.-l. de c. (H.-Garonne), sur la r. g. de la Garonne, à 38 k. S. O. de Muret; 2000 h. Chapelleries, tanneries, teintureries.

CAZES (P. Jacques), peintre, né à Paris en 1676, mort en 1754, fut reçu en 1704 à l'Acad. de peinture et devint directeur, puis chancelier de cette compagnie. Il traita surtout des sujets religieux: les églises de Notre-Dame, St-Gervais, St-Germain-des-Prés sont ornées de ses tableaux. Il se distingue par une composition grande, un dessin correct et gracieux, une couleur vraie et brillante.

CAZIN (Hubert), imprimeur et éditeur, né à Reims, a publié au XVIIIe s. une collection d'auteurs français dans le format petit in-12, format qui a gardé son nom. Ses éditions sont recherchées pour le soin et surtout pour l'élégance de la typographie.

CAZORLA, Castulo, v. d'Espagne, à 55 k. N. E. de Jaen; 7000 h. Elle est entourée d'une chaîne de montagnes qui portent le même nom.

CAZOTTE (J.), écrivain du XVIIIe siècle, né à Dijon en 1720, fut d'abord employé dans l'administration de la marine, et envoyé en 1747 à la Martinique comme contrôleur des îles du Vent. Il quitta d'assez bonne heure les affaires et se retira dans une campagne qu'il possédait à Pierry près d’Épernay, pour s'y livrer à ses goûts littéraires. A la fin de sa vie, il entra dans une secte d'illuminés, et se fit dès lors remarquer par une piété exaltée. Il prit parti contre la Révolution et fut arrêté après le 10 août 1792; il allait être égorgé aux funestes journées de septembre, lorsque sa fille, qui s'était enfermée avec lui dans sa prison, lui sauva les jours en le couvrant de son corps. Il sortit alors de prison; mais, repris quelques jours après, il périt sur l'échafaud (25 septembre); il supporta la mort avec un courage héroïque. La Harpe attribue à Cazotte une prédiction sur la Révolution qui est une pure fiction, inventée pour l'effet. Cazotte a composé, entre autres ouvrages, Olivier, poëme en prose, qui obtint un grand succès, 1763; le Diable amoureux, 1772; des Contes arabes, faisant suite aux Mille et une Nuits; des fables, des nouvelles, etc. Tous ces ouvrages montrent une imagination riche. Il écrivait en vers avec une étonnante facilité; on attribua même à Voltaire quelques-unes de ses productions. L'édition la plus complète de ses œuvres est celle de Bastien, publ. sous le titre d’Œuvres badines et morales, 4 vol. in-8, Paris, 1816.

CEA, riv. d'Espagne, prend sa source à 58 k. N.E. de Léon, coule au S., et tombe dans l'Esla à 7 k. N. E. de Benavente, après un cours de 125 k. — Elle donne son nom à une v. située sur ses bords, à 40 k. E. S. E. de Léon; 1200 h.

CEARA, prov. du Brésil, entre celles de Rio-Grande, Parahiba, Piauhy, Pernambouc et la mer; 440k. sur 400; 390 000 h.; ch.-l., Céara, dite aussi Fortalezza et N.-D.-de-l'Assomption; 12 000 h. On y cultive le maïs, l'ananas, le tabac, etc.

CEBENNA MONS, nom ancien des Cévennes.

CÉBÈS, philosophe de Thèbes, disciple de Socrate; il est un des interlocuteurs du Phédon de Platon. Cébès avait composé plusieurs traités : un seul nous est parvenu sous son nom; il est intitulé Pinax ou Tableau : l'auteur se suppose placé devant un tableau qui représente toutes les scènes de la vie humaine et il en donne la description. On attribue généralement cet écrit à un philosophe stoïcien du temps de Marc-Aurèle. Le Tableau de Cébès se trouve d'ordinaire à la suite d’Épictète. Il a été publié à part par Gronovius, Amsterdam, 1689; par J. Schweighæuser, Leipsick, 1798, et trad. en français par Gilles Boileau, 1653, par Camus, 1796, et par Thurot, 1826.

CECCO D'ASCOLI (Francesco STABILI, dit), auteur d'un poëme didactique italien intitulé l’Acerbo (d’acervus, tas, recueil), espèce d'encyclopédie où il traite de la physique et de l'astrologie, naquit à Ascoli vers 1257, et enseigna l'astrologie à Bologne (1322-25). Accusé d'avoir mal parlé de la religion, il fut brûlé par l'inquisition de Florence, en 1327. L’Acerbo a été imprimé pour la 1re fois à Venise en 1476, et a été plusieurs fois réimprimé depuis.

CÉCIL (William), baron de Burleigh, secrétaire d'État sous Édouard VI et Élisabeth, grand trésorier d'Angleterre, né en 1520 dans le comté de Lincoln, mort en 1598, fut élu deux fois membre du parlement, se fit remarquer par la fermeté et l'indépendance de ses opinions, fut nommé secrétaire d'État par Élisabeth en 1558, assembla un parlement où l'on traita d'un plan de réforme dans la religion, et eut la plus grande part à l'établissement des 39 articles qui forment la base de cette réforme. En 1588, il conclut un traité avantageux pour l'Angleterre, entre Élisabeth et les États de Hollande. Élisabeth, pour le récompenser de ses services, le créa baron de Burleigh. — Son fils, Robert Cécil, 1563-1612, ministre sous Élisabeth et Jacques I, fut envoyé auprès de Henri IV, roi de France, pour traiter de la paix avec l'Espagne. Il contribua beaucoup à la condamnation du comte d'Essex. Il fut comblé de faveurs par Jacques I, et fait comte de Salisbury.

CÉCILE (Ste), vierge et martyre, vivait en Sicile, selon Fortunat de Poitiers, et mourut pour la foi à Rome à une époque incertaine (176 ou 230). Les actes de son martyre n'ont rien d'authentique. Les musiciens ont choisi cette sainte pour leur patronne, parce qu'en chantant les louanges de Dieu elle s'accompagnait d'un instrument de musique. On la fête le 22 nov. Raphaël, le Dominiquin, Carlo Dolce, nous ont laissé d'admirables tableaux de Ste Cécile. Dryden a composé en son honneur une ode célèbre.

CÉCINA. V. CÆCINA.

CÉCROPS, fondateur d'Athènes, était originaire de Saïs en Égypte. Il aborda avec une colonie dans l'Attique vers 1643 av. J.-C., et fonda une partie des douze bourgades dont Athènes devint plus tard la capitale. Il établit le tribunal de l'aréopage, répandit le culte de Minerve et de Jupiter, enseigna aux habitants de l'Attique l'agriculture et le commerce, et introduisit parmi eux le mariage et les sépultures. Il mourut vers l'an 1594. D'autres le placent un siècle plus tard. Le nom de Cécropie a été donné en son honneur, tantôt à Athènes, tantôt à l'Attique. CÉCUBE, Cæcubus mons, coteau d'Italie, dans le Latium, entre Terracine et Gaète, produisait jadis des vins exquis. On le place près d’Itri actuel.

CÉDAR, v. de l'Arabie Déserte, voisine de la Palestine, doit son nom à Cédar, fils d'Ismaël, son fondateur. On nomme quelquefois dans la Bible Pays de Cédar toute l'Arabie Déserte.

CEDMON, poëte anglo-saxon du VIIe siècle, né dans la Northumbrie, mort en 680, a mis en vers anglo-saxons la Genèse et les plus beaux passages de la Bible. Ce qui reste de ses poésies, monument précieux de la langue saxonne, a été publié par Fr. Junius à Amsterdam, 1655, et à Londres par Benj. Thorpe, avec commentaires, 1832.

CÉDRÉNUS (George), moine grec du XIe siècle, est auteur d'une chronique qui s'étend depuis Adam jusqu'à Isaac Comnène (1057), et qu'on trouve dans la Byzantine. C'est une compilation sans critique.

CÉDRON, torrent de Judée, à l'E. de Jérusalem, qu'il séparait du mont des Oliviers, coulait dans une vallée profonde et tombait dans le lac Asphaltite.

CÉÉLATHA, 19e campement des Israélites dans le désert. C'est là que périrent Coré, Dathan et Abiron.

CEFALU, Cephalœdis, v. de Sicile, sur la côte N., à 62 k. E. S. E. de Palerme; 9000 hab. Évêché.

CEILLIER (dom Rémi), savant bénédictin, né en 1688 à Bar-le-Duc, m. en 1761 à l'abbaye de Flavigny, dont il était prieur, est auteur d'une Histoire générale des auteurs sacrés et ecclésiastiques, Paris, 1729-63, en 23 vol. in-4, ouvrage savant et précieux, qui rivalise avec celui de Dupin sur le même sujet, et qui contient des analyses étendues de chaque auteur. Un 24e vol., publié en 1782, contient les tables. Il a paru en 1858 chez Vivès une édit. compacte de tout l'ouvrage, en 8 vol. in-8.

CELANO, v. de l'Italie mérid. (Abruzze Ultérieure 2e), à 33 kil. S. E. d'Aquila; 4000 hab. — Au S. est le lac de Celano, Fucinus lacus, qui a 16 k. sur 22, et qui se décharge dans le Liris par un beau canal dit Canal émissaire. On a récemment entrepris de dessécher ce lac. V. FUCIN.

CÉLÈBES, île du Grand Océan Équinoxial, entre 117° et 123° long. E., 1° 30' lat. N. et 5° 50' lat. S. ; env. 800 kil. de long sur 240 kil. de large ; elle est découpée par de fortes échancrures qui la divisent en 4 grandes péninsules: env. 3 000 000 d'hab. Le sol est de la plus grande fertilité; il produit en abondance toutes les plantes tropicales et les épices. Une grande partie de l'île est couverte de forêts immenses, riches en bois précieux, mais qui servent de retraite à une foule d'animaux sauvages et féroces et de reptiles dangereux. Les naturels, que l'on croit d'origine malaise, ont le teint cuivré; ils pratiquent la polygamie ; ils ont embrassé le mahométisme depuis le XVIe siècle. — Célèbes fut découverte et occupée partiellement d'abord par les Portugais (1512); elle leur fut enlevée de 1660 à 1667, par les Hollandais, qui la possèdent auj. Leurs possessions se divisent 1° en possessions immédiates, dites gouvernement de Macassar, et contenant le district de Macassar et les résidences de Bonthain, Maros, Manado, la plus importante de toutes (elle relève immédiatement du gouverneur des Moluques); 2° en possessions médiates, comprenant la plus grande partie de l'île, et subdivisées en une foule de petits États protégés ou vassaux, dont les principaux sont : Boni, Ouajou, Louhou, Macassar, Mandhar, etc. — Célèbes donne son nom à un groupe d'îles dont les principales sont, après Célèbes, Sangir, Banca, Bouton, Xoulla, Salayer.

CELENDERIS, Kelendereh, v. de la Cilicie Trachéotide, sur la mer, entre les promontoires Anemurium et Sarpedonium, était, à ce qu'on croit, d'origine samienne. — Une autre Celenderis était en Argolide, à 17 kil. S. E. de Trézène.

CÉLÈNES, Celænæ, v. de Phrygie, jadis capit. de ce roy., sur le Marsyas et près du Méandre, était, selon la Fable, la résidence des rois de Phrygie et la patrie de Marsyas. Cette v. fut réduite sous Antiochus Soter et ses habitants transportés à Apamée.

CÉLÉNO, une des Harpies. V. HARPIES.

CÉLÈRES (du latin celer, prompt), corps de cavalerie d'élite, institué par Romulus pour lui servir de garde, se composait de 300 hommes (portés à 600 par Tarquin I). Ce fut le noyau de l'ordre équestre.

CÉLESTE (Empire), nom emphatique de l'empire chinois. — MONTS CÉLESTES. V. THIAN-CHAN.

CÉLESTIN I (S.), pape de 422 à 432, fit condamner les doctrines de Nestorius par le concile d'Éphèse en 430, envoya des missionnaires en Irlande et introduisit l'usage de chanter les psaumes de David. On a de lui des Lettres dans la Collection des Lettres des papes de Coustant. On le fête le 6 avril.

CÉLESTIN II, né à Citta di Castello (Toscane), ce qui l'avait fait nommer Gui du Chastel avant son exaltation, succéda à Innocent II en 1143, rétablit le calme dans Rome, troublée par Arnaud de Brescia, mais mourut dès l'année suivante.

CÉLESTIN III, romain, connu d'abord sous le nom de cardinal Hyacinthe, pape de 1191 à 1198, fut élu à 85 ans. Il sacra l'empereur Henri VI, avec l'impératrice Constance, ce qui ne l'empêcha pas d'excommunier ce prince en 1194, parce qu'il retenait prisonnier Richard au retour de la croisade. Il condamna le divorce de Philippe-Auguste, donna la Sicile à Frédéric, fils de Henri, à condition qu'il payerait tribut au St-Siége, fit prêcher des croisades, et encouragea de tout son pouvoir ces saintes entreprises. Il reste de lui 17 Lettres dans le recueil de Coustant.

CÉLESTIN IV, Geoffroy de Castiglione, élu en 1241, mourut 18 jours après son élection.

CÉLESTIN V (S.), nommé d'abord Pierre de Moron, né dans la Pouille, fut élu en 1294 à 79 ans. Il appartenait à l'ordre des Bénédictins et y avait introduit la réforme qui porte son nom (V. CÉLESTINS). Il vivait dans une cellule, livré aux plus dures austérités, lorsqu'on alla lui porter la tiare. Inexpérimenté dans les affaires de ce monde, il sentit bientôt lui-même son insuffisance, et abdiqua cinq mois après son élection. Boniface VIII, son successeur, le détint au château de Fumone en Campanie, où il mourut saintement deux ans après. Clément V le canonisa. On l'hon. le 19 mai.

CÉLESTIN, antipape, élu en 1124, ne garda le St-Siége que 24 heures, et le céda à Honorius II.

CÉLESTINS, ordre religieux fondé en 1254 par Pierre de Moron, depuis pape sous le nom de Célestin V, suivait avec de légères différences la règle de St-Benoît. Son premier monastère fut établi au mont Magelle, dans l'Abruzze. Les Célestins furent introduits en France par Philippe le Bel en 1300. Cet ordre a été supprimé en 1778, à cause de la corruption qui s'y était introduite. Leur principale maison à Paris était derrière l'Arsenal, sur le quai qui porte encore nom de Quai des Célestins.

CÉLESTIUS, hérésiarque, né dans la Campanie au IVe siècle, niait le péché originel et enseignait sur la liberté des doctrines semblables à celles que Pélage propagea depuis. Il fut condamné, avec Nestorius, par le concile d'Éphèse en 430.

CELÉSYRIE, Cœlesyria, c.-à-d. Syrie creuse, nom donné primitivement à la profonde vallée comprise entre le Liban et l'Antiliban et que traverse le Léonte; dans la suite, ce nom s'étendit aux parages voisins. En 112 av. J.-C., la Célésyrie forma, en faveur d'Antiochus le Cyzique, un État particulier qui avait pour ch.-l. Damas. La Célésyrie fait auj. partie des pachaliks de Tripoli et de Damas.

CELLÆ NIGRÆ. V. CASES NOIRES.

CELLAMARE (Ant. GIUDICE, duc de Giovenazzo, prince de), né à Naples en 1657, mort à Séville en 1733, fut nommé en 1715 ambassadeur d'Espagne à la cour de France. Instrument des projets hostiles d'Albéroni, il devint l’âme d'une conspiration formée à Paris en 1718 contre Philippe d'Orléans, régent du royaume, et dont le but était de transférer la régence de France au roi d'Espagne Philippe V. Mais ce dessein fut découvert, et le prince de Cellamare se vit obligé de quitter la France. On peut consulter sur cette conspiration les Mémoires de la Régence, Amst., 1749, et l’Histoire de la conspiration de Cellamare de Vatout, 1832.

CELLARIUS. Ce nom, qui n'est que le nom allemand Keller latinisé, a été porté par un assez grand nombre de savants allemands. Le plus célèbre est Christophorus Cellarius, philologue et érudit, né en 1638 à Smalkalde, mort en 1707. Il enseigna la philosophie et les langues orientales à Weissenfels, devint successivement recteur des colléges de Weimar, Zeitz, Mersebourg, et enfin professeur d'éloquence et d'histoire à Halle. Outre un grand nombre d'éditions d'auteurs latins, on lui doit : Orthographia latina; Antibarbarus, 1695; Breviarium antiquitatum romanarum; Notitia orbis antiqui, Leipsick, 1701, ouvrage important, mais qui a été surpassé depuis par les travaux de Delisle et de d'Anville. Il a été réimprimé en 1773, avec des additions de Schwartz. On en a publié un Appendix, qui contient 18 nouvelles cartes, Leipsick, 1776.

CELLES, ch.-l. de c. (Deux-Sèvres), à 9 kil. N. O. de Melle; 1100 h. — V. de Hanovre. V. ZELL.

CELLINI (Benvenuto), orfèvre et sculpteur florentin, né en 1500, mort dans sa patrie en 1571. Il signala sa bravoure, pendant le siége de Rome (1527), en défendant le château St-Ange, assiégé par le connétable de Bourbon, qu'il tua, dit-on, lui-même d'un coup d'arquebuse. François I l'attira en France, le fit travailler pour le château de Fontainebleau et le combla de bienfaits. Cellini exécuta en marbre plusieurs figures et en jeta quelques-unes en fonte. Parmi ces dernières on remarque un groupe de Persée qui coupe la tête de Méduse; et parmi les premières, un Christ pour la chapelle du palais Pitti. Mais il est surtout célèbre pour ses œuvres d'orfèvrerie et de ciselure, qui sont devenues fort rares et qui sont sans prix. On a de lui un Traité sur la sculpture et la manière de travailler l'or, Florence, 1568 (trad. en français par E. Piot, 1843), et de curieux Mémoires sur sa vie, qui ont été trad. en franç. par St-Marcel, 1822, et par M. Leclanché. 1846.

CELS (J. Martin), horticulteur, né à Versailles en 1743, mort en 1806, était receveur aux barrières de Paris. Ruiné à la Révolution par la suppression de son emploi, il forma un jardin botanique dans lequel il cultiva les plantes étrangères pour en faire le commerce, et contribua à répandre le goût des fleurs exotiques. Il fut nommé membre de la section d'agriculture de l'Institut dès sa création, et de la Société d'agriculture, et publia sur les diverses branches de cette science d'utiles instructions.

CELSE, A Cornélius Celsus, surnommé l'Hippocrate latin et le Cicéron de la médecine, né à Rome ou à Vérone, d'une famille distinguée, vécut dans le Ier siècle de notre ère. On ne sait rien sur sa vie; on croit qu'il exerça la médecine. Il avait embrassé toutes les sciences, et avait rédigé une sorte d'encyclopédie dans laquelle, au jugement de Quintilien (XII, c. II), il traitait avec un égal succès de l'agriculture, de l'art militaire et de la médecine. Il ne nous reste de lui qu'un traité de médecine, De re medica, en 8 livres, l'ouvrage le plus précieux en ce genre que nous aient légué les Romains : il n'est pas moins remarquable par le style que par le fond des choses. Celse a surtout suivi Hippocrate et Asclépiade; il paraît appartenir à la secte des Éclectiques. Son ouvrage a eu plus de 60 éditions. Les plus estimées sont celles de Léonard Targa, Padoue, 1769, avec de bonnes notes; réimprimée par Ruhnkenius, cum notis variorum, Leyde, 1785; et d'Ed. Milligan, Londres, 1826. Celse a été trad. en franç. par H. Ninnin, 1753, par Fouquier et Ratier, 1824, et par Des Étangs, 1846 (dans la collect. Nisard).

CELSE, philosopha épicurien, qui vivait au IIe s., sous Trajan et ses successeurs, avait composé, sous le titre de Discours véritable, un ouvrage où il attaquait le Christianisme naissant par les armes du raisonnement et par celles du ridicule, et qu'Origène crut devoir réfuter. Cet ouvrage était écrit en grec; il ne nous est pas parvenu, mais on en trouve des morceaux étendus dans la Réfutation qu'en a faite Origène. Ce philosophe était lié avec Lucien, qui lui dédia son Faux Prophète.

CELSIUS (Olaüs), botaniste, théologien et orientaliste suédois, membre de l'Académie de Stockholm, né en 1670, mort en 1756. Charles IX lui fit faire plusieurs voyages dans les principaux États de l'Europe, pour déterminer les diverses plantes citées dans la Bible. On a de lui 17 Dissertations, réunies sous le titre : Hierobotanicon, Upsal, 1745 et 1747, le Catalogue des plantes des env. d'Upsal, 1732 et 1740, et plusieurs Dissertations sur la théologie, l'histoire et les antiquités. Celsius fut le premier maître et le protecteur de Linné, qui en reconnaissance a donné à un genre de plantes le nom de Celsia. — Son neveu, André C., professeur d'astronomie à Upsal, né en 1701, mort en 1744, accompagna Maupertuis, Clairaut et Lemonnier dans leur voyage à Tornéo; il fit élever à ses frais un observatoire à Upsal. On a de lui : Dissertatio de novo methodo dimetiendi distantiam solis a terra, 1730; un Recueil de 316 observations d'aurores boréales, faites de 1716 à 1732; Observationes pro figura telluris determinanda in Gallia habitæ, 1738,: Celsius eut le premier l'idée de diviser le thermomètre en 100 degrés.

CELTES, Celtæ, grand peuple de la Gaule, qu'on croit issu de la race indo-germanique, et qui, à une époque fort reculée, semble s'être répandu, de l'E. à l'O., dans la partie centrale de l'Europe, et avoir laissé sur sa route diverses tribus, entre autres les Cimmériens dans la Tauride, les Cimbres dans le Jutland, et diverses peuplades de l'Illyrie ancienne, avant de se fixer en masses plus grandes dans la Gaule. Selon les uns, le nom de Celtes est synonyme de Gaulois et désigne tous les peuples habitant la Gaule; suivant l'opinion la plus commune, il désigne seulement la population indigène primitive avec laquelle les Kymris (V. ce mot) vinrent postérieurement partager le pays. De la Gaule, des bandes de Gallo-Celtes (Celtes et Galls réunis) émigrèrent en Germanie, où ils occupèrent la Bohême, puis la Bavière; en Italie, dont presque toute la partie sept. prit le nom de Gaule Cisalpine, et où ils laissèrent les Ligurs (Ligurie), les Isombra (Insubrie) et les Ombra (Ombrie); en Hispanie, où l'on trouve des Gaels purs, tels que les Callaïques (Galice et Portugal) et les Celtiques, et des Gaels mêlés aux indigènes, les Celtibères; dans la Grande-Bretagne, le pays de Galles, la Calédonie et l'Hibernie; quelques-uns pénétrèrent même en Grèce et en Asie-Mineure (Galates). On trouve des restes de la langue celtique dans le bas-breton et dans la langue gaélique parlée encore auj. dans le pays de Galles, en Irlande, en Écosse.

CELTÈS (Conrad PICKEL, dit), poëte latin allemand, né en 1459 près de Wurtzbourg, mort en 1508, parcourut pour s'instruire l'Allemagne et l'Italie, reçut à son retour la couronne poétique des mains de l'empereur Frédéric III (1491), et fut nommé par Maximilien I professeur d'éloquence à l'Université de Vienne et bibliothécaire. Celtès fonda la plus anc. société littéraire de l'Allemagne, Societas Rhenana, à Heidelberg, contribua puissamment à répandre dans son pays le goût des lettres, découvrit les Fables de Phèdre et la Table de Peutinger, et laissa de nombreux écrits parmi lesquels on remarque: Ars versificandi, Nuremberg, 1487; Amorum lib. IV (où règne une licence excessive), Nuremb., 1502; Odarum lib. IV, Strasb., 1513. On lui doit aussi la publication des œuvres de Hroswita.

CELTIBÈRES, Celtiberi, peuple de l'Hispanie (Tarraconaise), à l'E. des Carpetani, à l'O., des Edetani, occupait les sources de l’Anas (Guadiana) et du Tage et tous les lieux environnants. Bilbilis, Numance, Segobriga, étaient leurs places principales. Ils étaient, comme l'indique leur nom, de race mixte et composés de Celtes et d'Ibères. Soumise par les Carthaginois, puis par les Romains, après une lutte opiniâtre, la Celtibérie fut comprise dans la Tarraconaise.

CELTIQUE, Celtica. Ce nom, donné d'abord vaguement à tout le pays habité par les Celtes, c.-à-d. à toute la Gaule Transalpine, désigna, au temps de César, la Gaule proprement dite, comprise entre le Rhône, la Garonne, l'Océan, la Seine, la Marne et la partie inférieure du Rhin. Au temps d'Auguste, on donna le nom de Gaule Celtique à l'ensemble des quatre Lyonnaises. Pour les divisions de la Celtique, V. GAULE et LYONNAISE.

CELTIQUES, Celtici, peuple de l'Hispanie occid. (Lusitanie), celte d'origine, entre l'emb. du Tagus (Tage) et une partie du cours inférieur de l’Anas (Guadiana). Leur pays répond à peu près à l'Alentéjo, plus une portion de l'Estramadure et de l'Andalousie. On y trouvait Ebora et Pax Julia (Béja).

CÉLY, vge du dép. de Seine-et-Marne, à 13 kil. S. O. de Melun; 520 hab. Aux env., château bâti par Jacques Cœur en 1400.

CENCHRÉES, Cenchreæ, v. du Péloponèse, sur le golfe Saronique, était un des 2 ports de Corinthe.

CENCI, famille romaine célèbre par ses richesses, ses crimes et ses malheurs, se prétendait issue du consul Crescence : un de ses membres, fils d'un préfet de Rome, et préfet lui-même, suscita en 1075 une émeute contre le pape Grégoire VII et le retint captif.

Le personnage le plus fameux de cette famille est Francesco Cenci, qui vivait à la fin du XVIe siècle. Ses mœurs étaient fort corrompues; il fut accusé plusieurs fois d'un vice infâme, et acheta ses juges à prix d'or. Il avait quatre fils et une fille, Béatrix Cenci; il les maltraitait cruellement ou les faisait servir à ses plaisirs brutaux; on l'accuse même d'avoir fait assassiner les deux aînés. Révoltée de tant d'horreurs, Béatrix, sa fille, de concert avec deux de ses frères et Lucrèce, leur mère, fit assassiner Francesco Cenci. Accusés de parricide, ils périrent tous quatre sur l'échafaud par la sentence de Clément VIII (1605). Ce triste événement fit une impression profonde sur le peuple de Rome, et pendant plusieurs siècles le nom de Béatrix Cenci s'est conservé dans les chants populaires. Il a aussi été mis plusieurs fois sur la scène. Le supplice de la Cenci a été reproduit par plusieurs peintres, notamment par Paul Delaroche. On voit auj. à Rome, dans le palais Colonna, son portrait par Guido Reni.

CENDRES (MERCREDI DES), le lendemain du Mardi gras, est le 1er jour du Carême. Chez les premiers Chrétiens, ce jour était celui où se faisaient les pénitences publiques; les pénitents se présentaient en signe d'affliction la tête couverte de cendres. Auj., il n'y a plus de semblables pénitences, mais les fidèles se rendent à l'église, où le prêtre leur fait une croix sur le front avec de la cendre, en prononçant ce verset de la Genèse (III, 19): Memento homo quia pulvis es, et in pulverem reverteris. « Homme souviens-toi que tu es poussière et que tu retourneras en poussière. » Cette cérémonie fut instituée par Grégoire I.

CÈNE (du latin cœna, souper). Ce nom a été donné spécialement au dernier souper que J.-C. fit avec ses apôtres rassemblés la veille de sa mort : après y avoir mangé la Pâque avec eux, il institua l'Eucharistie en disant : Ceci est mon corps, ceci est mon sang. L'Église en célèbre la mémoire le jeudi saint. Comme, après la Cène, J.-C. lava les pieds aux 12 apôtres, il est d'usage dans chaque église de laver les pieds ce jour-là à 12 pauvres. Nos rois anciennement accomplissaient eux-mêmes cette touchante cérémonie. — Léonard de Vinci et le Poussin ont représenté la Cène dans d'admirables tableaux. Ils ont tous deux choisi le moment où Jésus déclare à ses apôtres qu'un d'entre eux le trahira.

CENEDA, Ceneta, v. forte de Vénétie, à 58 k. N. de Venise; 5000 hab. Évêché. Sources sulfureuses.

CENEROTH, v. de Judée (tribu de Nephtali), donna son nom au lac qui est plus connu sous les noms de lac de Genesareth ou de Tibériade.

CENIS (mont), Cenisius mons, montagne des Alpes, entre la Savoie et le Piémont, à 50 kil. E. de St-Jean de Maurienne, à 17 kil. N. O. de Suse, forme le nœud des Alpes Cottiennes et des Alpes grecques. Ses cimes les plus hautes atteignent 3500m. Le mont Cenis est un des passages des Alpes les plus fréquentés : ce passage jusqu'en 1802 ne s'effectuait qu'à dos de mulet; Napoléon I y a fait construire une superbe route qui mène de Lans-le-Bourg à Suse. Il a aussi considérablement augmenté l'hospice du mont Cenis, fondé jadis par Louis le Débonnaire. Un tunnel de 12 500m a été percé (1860-71) tout près du mont Cenis pour le passage d'un chemin de fer.

CÉNOBITE (de cœnos, commun, et bios, vie), religieux qui, tout en occupant des cellules isolées, se réunissent pour certains exercices communs. On les nomme ainsi par opposition aux anachorètes, qui vivaient entièrement séparés les uns des autres. S. Pacôme est considéré comme l'instituteur de la vie cénobitique.

CÉNOMANS, Cenomani, peuple de la. Gaule, dans la 3e Lyonnaise, faisait partie de la confédération des Aulerques et occupait le pays qui forma plus tard le Maine oriental. Il avait pour capit. Suindinum ou Cenomani (auj. Le Mans). — Vers le VIe s. av. J.-C., la plus grande partie des Cénomans fit une invasion en Italie, où ils déplacèrent les Euganei, et s'établirent au N. du Pô, entre l'Adige et l'Adda, dans le territoire de Mantoue, de Crémone et de Brescia.

CENSEURS, magistrats romains dont les fonctions ne consistèrent d'abord qu'à faire le cens ou le dénombrement des citoyens, à évaluer leur fortune et à administrer la fortune publique; mais dont le pouvoir acquit dans la suite une plus grande importance : ils furent chargés de surveiller les mœurs, d'infliger des notes de flétrissure aux chevaliers et aux sénateurs, et même d'exclure ces derniers des assemblées du sénat. Les premiers censeurs furent créés l'an 444 av. J.-C.; il y en avait deux, et leurs fonctions devaient durer 5 ans; mais bientôt, dans la crainte qu'ils n'abusassent de leur autorité, on en limita la durée à un an et demi. Cette magistrature fut d'abord réservée aux patriciens; elle devint accessible aux plébéiens l'an 339 av. J.-C., en vertu d'une loi proposée par Publilius Philo. La censure, temporairement supprimée par Sylla, fut abolie sous Auguste; toutefois les empereurs en exercèrent eux-mêmes les fonctions jusqu'à Vespasien. Après la mort de ce prince on voit disparaître toute trace de cette magistrature. L'empereur Dèce voulut la rétablir, mais cette tentative n'eut pas de suite. Parmi ceux qui se distinguèrent dans cette magistrature, on connaît surtout Caton surnommé le Censeur.

CENSORINUS, grammairien latin du IIIe siècle, vivait sous Alexandre-Sévère et ses successeurs. De ses divers ouvrages, il ne nous reste qu'un traité De die natali, qu'il composa à l'occasion de l'anniversaire de la naissance d'un de ses amis. Ce livre traite de la naissance et de la vie de l'homme, des jours, des mois, des années, des rites religieux; il est fort précieux pour les usages de l'antiquité. Les meilleures éditions sont celles d'Havercamp, Leyde, 1743, avec d'amples commentaires, et de Gruber, Nuremberg, 1805. Il a été trad. par J. Mangeart, 1843 (dans la Biblioth. lat. franç. de Panckoucke).

CENSORINUS (App. Claud.), prit la pourpre sous Claude II en 269, et fut tué sept jours après par ses propres soldats à cause de sa rigueur extrême.

CENT ANS (Guerre de). On donne ce nom à cette longue et sanglante rivalité qui divisa la France et l'Angleterre pendant plus d'un siècle, de 1337 à 1453, sous les règnes de Philippe VI, de Valois, de Jean II, de Charles V, de Charles VI et de Charles VII en France; d’Édouard III, de Richard II, de Henri IV, de Henri V et de Henri VI en Angleterre. V. FRANCE (partie historique), et GALLES (prince de), BEDFORD, DUNOIS, JEANNE D'ARC; CRÉCY, POITIERS, etc.

CENTAURES, monstres demi-hommes et demi-chevaux, nés, suivant l'opinion commune, d'Ixion et d'une Nue que Jupiter avait substituée à Junon (V. IXION). Ils habitaient en Thessalie aux environs des monts Ossa et Pélion. Ayant voulu, aux noces du Lapithe Pirithoüs avec Hippodamie, enlever cette princesse, ils furent repoussés et battus par les Lapithes, qui les forcèrent à quitter le pays et à se disperser; Hercule et Thésée eurent aussi à les combattre. Les Centaures les plus célèbres sont : Nessus, Chiron, Eurytus, Amycus, Pholus.

CENT-JOURS. On appela ainsi sous la Restauration la dernière période du règne de Napoléon, qui commença le 20 mars 1815, date de l'arrivée de l'Empereur aux Tuileries, et finit le 28 juin de la même année, date de la 2e restauration des Bourbons. Cet intervalle fut marqué par l'Acte additionnel aux constitutions de l'Empire (22 avril), la coalition étrangère, le champ de mai (1er juin) et la bat. de Waterloo (18 juin), à la suite de laquelle Napoléon abdiqua pour la 2e fois.

CENTLIVRE (Suzanne FREEMAN, mistriss), femme célèbre par ses aventures et son talent dramatique, née en 1667 dans le Lincolnshire, morte en 1723, resta orpheline à 12 ans; se vit forcée, par les mauvais traitements, à fuir de la maison où elle était élevée; passa quelque temps à l'université de Cambridge, sous des habits d'homme, en compagnie d'un jeune étudiant, devint deux fois veuve en 4 ans, se fit alors auteur pour vivre, puis monta sur la scène. Elle n'eut pas un grand succès comme actrice, mais sa beauté fut remarquée de Centlivre, maître d'hôtel de la reine Anne, qui l'épousa (1706) et la mit en relation avec plusieurs hommes de lettres, Steele, Rowe, Farquhar, etc. On a d'elle plusieurs comédies dont quelques unes eurent de la vogue; les meilleures sont : The Busy-Body (l'Homme affairé); A bold stroke for a wife (Un coup hardi pour une femme), et The Wonder (la Merveille), jouée en 1714.

CENTORBI, Centuripa, v. de Sicile (Catane), à 28 k. N. O. de Catane; 3000 h. Ruines antiques.

CENTRE (canal du), dans le dép. de Saône-et-Loire, unit la Loire à la Saône en passant par Paray, Palinges, St-Léger, Chagny. Il débouche dans la Loire à Digoin et dans la Saône à Châlon; le bief de partage est à Montchanain. Sa longueur totale est de 125 k. Projeté par François I, il ne put être exécuté que sous Louis XVI (1784-93). On l'appela d'abord canal du Charolais, de l'anc. nom du pays qu'il traverse.

CENTRONES et mieux CEUTRONES, peuple de la Gaule Cisalpine (Alpes Grecques), eut pour ch.-l. Forum Claudii ou Ceutrones (Centron), puis Darantasia (Moutiers). Leur pays répond à la Tarantaise.

CENT-SUISSES, compagnie d'élite, recrutée en Suisse, était affectée à la garde du roi. Supprimés en 1830. Leur institution remonte à Louis XI.

CENTULE (abbaye de). V. SAINT-RIQUIER.

CENTUMCELLÆ, v. du Latium, auj. Civita-Vecchia.

CENTUMVIRS, magistrats subordonnés au préteur urbain, étaient chargés de rendre la justice dans Rome conjointement avec le préteur. Ils furent institués en 233 av. J.-C. Ils étaient originairement au nombre de 105; ils furent portés sous Trajan à 180. On les divisa alors en 4 conseils ou tribunaux que l'on réunissait dans les causes importantes.

CENTURIE, compagnie de 100 hommes d'armes, formant le 6e de la cohorte et le 60e de la légion. Servais Tullius transporta cette division militaire dans l'organisation civile, et distribua le peuple romain en 6 classes, qu'il subdivisa ensuite en centuries. La 1re classe, composée des citoyens qui possédaient plus de 100 000 as, contenait 98 centuries; les 3 suivantes, dont les membres avaient 75 000, 50 000 ou 25 000 as, formaient chacun 20 centuries; la 5e, où l'on était admis avec 10 000 as, avait 30 centuries; la 6e enfin, composée de tous les prolétaires, ne formait, malgré leur nombre, qu'une seule centurie. Il y avait donc dans les 6 classes 189 centuries, auxquelles il faut joindre quelques centuries supplémentaires composées d'ouvriers, ce qui portait le nombre total à 193. Quand on votait par centuries, l'accord des membres de la 1re classe, c.-à-d. des plus riches, entraînait nécessairement la majorité.

CENTURIES DE MAGDEBOURG. V. MAGDEBOURG.

CENTURION, officier romain qui commandait une centurie. Il y en avait 60 dans chaque légion. Celui de la 1re centurie, qui était le premier après les tribuns, s'appelait primipilaire. Les centurions avaient pour marque de leur dignité un cep de vigne.

CENTURIPA, auj. Centorbi, v. de Sicile, au S. O. de l'Etna, l'une des villes qu'avait pillées Verres.

CÉOS, auj. Zéa, une. des Cyclades, au S- E. du cap Sunium en Attique; ch.-l., Iulis. Elle était fertile et peuplée. Patrie de Simonide et de Bacchylide. — Elle forme, dans le nouv. roy. de Grèce, une éparchie du nome des Cyclades.

CÉPHALAS (CONSTANTIN). V. CONSTANTIN.

CÉPHALE, prince thessalien, époux de Procris, princesse athénienne, était d'une beauté remarquable. Il inspira une vive passion à l'Aurore; celle-ci, pour le détacher de Procris, l'engagea à éprouver la fidélité de son épouse. Dans ce but, il s'introduisit près d'elle, caché sous un déguisement : ayant réussi à la séduire, il la chassa de sa présence. Cependant il se réconcilia bientôt avec elle. Dans la suite Céphale, étant à la chasse, perça involontairement d'un javelot sa chère Procris; désespéré de cette mort, il se tua avec le même javelot. Selon une autre version, il fut exilé pour ce meurtre et se retira dans l'île qui prit de lui le nom de Céphalonie.

CÉPHALÉNIE, Cephalenia, auj. Céphalonie.

CEPHALOEDIS, v. de Sicile, auj. Cefalu.

CÉPHALONIE, Cephalenia des anciens, connue aussi sous les noms d’Épire Noire, Melæna, la plus grande des îles Ioniennes, à l'O. d'Ithaque et à l'entrée du golfe de Lépante; 80 kil. sur 50 ; 70 000 h. ; ch.-l., Argostoli (autrefois la ville principale était Samé). Évêché catholique (avec Zante). Beau climat, sol fertile, mais mal cultivé. Beaucoup de raisin dit de Corinthe, vin muscat. — Après avoir appartenu à Ulysse, aux Thébains, aux Athéniens (pendant la guerre du Péloponèse), aux Macédoniens, aux Étoliens, cette île fut soumise par les Romains l'an 189 av. J.-C. Elle appartint longtemps à l'empire d'Orient, fut conquise en 1146 par les Normands, qui l'érigèrent en comté; puis, en 1483, par les Vénitiens, qui la comprirent dans le duché de Corfou. En 1797, elle passa sous la domination de la France avec les autres îles Ioniennes (V. ce mot) ; auj. elle fait partie de la République des îles Ioniennes placées depuis 1815 sous la protection de l'Angleterre.

CÉPHÉE, roi d’Éthiopie, fils de Phénix, époux de Cassiopée et père d'Andromède, eut part à la conquête de la Toison d'or, et fut mis après sa mort au rang des constellations.

CÉPHISE, Cephisus, nom commun à deux riv. de la Grèce anc. : l'une, auj. Mavronero, descendait de l'Œta, arrosait la Phocide et la Béotie, et se jetait dans le lac Copaïs; l'autre, Képhissos, en Attique, descendait du mont Parnès, passait au pied d'Athènes, traversait les murs du Pirée, et tombait dans le golfe Saronique au port de Phalère.

CÉPHISODOTE ou CÉPHISODORE, sculpteur grec, fils de Praxitèle, et frère de la 1re femme de Phocion, florissait 360 ans. av. J.-C. Il fit les statues des courtisanes Anyte et Myro, et plusieurs autres beaux morceaux de sculpture, cités par Pline et par Pausanias. — Orateur athénien, fut un des dix ambassadeurs qu'Athènes envoya à Sparte l'an 368 av. J.-C. Il dirigea, avec une flotte de dix vaisseaux, une expédition dans la Chersonèse : mais ayant conclu un traité qui déplut à ses compatriotes, il fut destitué, mis en jugement, et peu s'en fallut qu'il ne subît la peine capitale.

CÉPION (Q. Servilius). V. SERVILIUS.

CÉPION, historien. V. CIPPICO (Coriolan).

CÉRAM, une des îles Moluques, entre Amboine et la Terre des Papous; 330 kil. sur 65. Montagnes de 2 et 3000m; bois de construction. L'île est gouvernée par plusieurs petits radjahs, vassaux des Hollandais. Les habitants sont adonnés à la piraterie.

CÉRAMIQUE (le), terrain en partie enclavé dans Athènes, était primitivement plein d'établissements de potiers et de tuileries, d'où son nom (Kéramos, tuile). Il s'y éleva ensuite beaucoup de temples, de portiques, de théâtres; ce qui en fit un des plus beaux quartiers d'Athènes. Dans la partie du Céramique qui s'étendait en dehors des murs se trouvaient les jardins d'Académus. V. ACADÉMIE.

CÉRAMIQUE (golfe), auj. golfe de Stanco, dans la mer Égée, sur la côte de Carie, en face de Cos, ainsi nommé d'une ville de Cérame, située sur sa côte S.

CÉRASONTE, Cerasus, puis Pharnacia, auj. Kérésoun ou Kérassonda, v. du Pont, sur le golfe Cotyoræus, à l'O. de Tripolis. C'est de là que Lucullus, après la guerre de Mithridate, rapporta les premiers cerisiers (en latin cerasi). Priseparles Turcs en 1462.

CERBÈRE, chien à trois têtes, était chargé de la garde des Enfers, et veillait jour et nuit. Orphée l'endormit en allant chercher Eurydice, Hercule sut le contenir quand il descendit aux Enfers, Énée mit en défaut sa vigilance avec le gâteau que lui avait donné Déiphobe; mais il dévora Pirithoüs qui venait pour enlever Proserpine.

CERCLES d'ALLEMAGNE. On donnait ce nom à des divisions de l'empire germanique qui ont plusieurs fois varié. En 1387, l'empereur Wenceslas partagea pour la première fois l'Allemagne en quatre grands cercles, comprenant : le Ier, la Haute et Basse-Saxe ; le 2e la prov. Rhénane; le 3e, l'Autriche, la Bavière et la Souabe; le 4e la Thuringe et la Franconie. En 1438, l'emp. Albert II établit six cercles, qui étaient sous le gouvernement de l'électeur de Brandebourg, de l'archevêque de Saltzbourg, du comte de Wurtemberg, de l'évêque de Mayence, de l'électeur de Cologne et de l'électeur de Saxe. Enfin en 1512, sous Maximilien I, tout l'empire fut partagé définitivement en dix cercles, savoir : ceux d'Autriche, de Bavière, de Souabe, de Franconie, de Haute et Basse-Saxe, de Westphalie, de Haut- et Bas-Rhin et de Bourgogne. — Chaque cercle était gouverné par un directeur, président d'une assemblée circulaire, et par des princes convoquants. Cette division a subsisté jusqu'au commencement du XIXe siècle; elle a disparu lors de la formation de la Confédération du Rhin, en 1806.

CERCOPES (c.-à-d. singes à queue). Les anciens donnaient ce nom : 1° aux habitants de l'île de Pithécuse, près de la Sicile, que Jupiter métamorphosa, dit-on, en singes, pour les punir de l'avoir raillé; 2° à une peuplade fabuleuse de l'Asie-Mineure qui vivait près d'Éphèse. Hercule les vainquit et les conduisit enchaînés aux pieds d'Omphale.

CERCYON, brigand fameux, dominait à Éleusis, d'où il ravageait l'Attique. Doué d'une force extraordinaire, il courbait les plus gros arbres, en rapprochait la cime, et attachait aux 2 bouts ceux qu'il avait terrassés, afin que les arbres, en se relevant, déchirassent ses victimes. Thésée le punit du même supplice.

CERDAGNE, Cardania, Ceretania, anc. pays situé sur l'un et l'autre versant des Pyrénées. La partie française était comprise dans le Roussillon (Pyrénées-Orient.), et avait pour ch.-l. Mont-Louis; la partie espagnole était dans la Catalogne, et avait pour ch.-l. Puycerda. La Cerdagne eut des comtes particuliers du IXe au XIIe s. et fut ensuite réunie au comté de Barcelone. La Cerdagne française n'appartient à la France que depuis 1659.

CERDIC, roi saxon, envahit la Grande-Bretagne dans la 1re année du VIe siècle et, après de longues guerres contre Arthur et Aurelius Ambrosius, y fonda en 516 le royaume de Wessex. A sa mort (534), il possédait l'île de Wight et les provinces actuelles de Hamp, Dorset, Wilts et Berks.

CERDON, gnostique syrien du IIe siècle, admettait deux principes indépendants, rejetait la plus grande partie des Écritures, et soutenait que J.-C. n'avait qu'un corps fantastique. Il eut Marcion pour disciple. Le pape Hygin l'excommunia.

CÉRÉALIS (Petilius), général romain, parent de Vespasien, fut chargé par cet empereur de marcher contre Civilis et Classicus, chefs des Gaulois et des Bataves révoltés, les battit (71), et brûla leur camp. Nommé ensuite gouverneur de la Bretagne, il réduisit aussi les Bretons. Dans cette dernière campagne, il eut Agricola sous ses ordres.

CÉRÈS, déesse des blés et des moissons, fille de Saturne et de Rhée ou Cybèle, enseigna l'agriculture aux hommes. Cette déesse avait eu de Jupiter une fille, Proserpine, qui lui fut enlevée par Pluton; elle parcourut toute la terre pour la chercher. Après maintes aventures merveilleuses, elle apprit enfin de la nymphe Aréthuse le sort de sa fille (V. PROSERPINE). Cérès était surtout honorée en Sicile et dans l'Attique. On institua en son honneur à Éleusis des mystères ou fêtes mystérieuses devenues célèbres (V. ÉLEUSIS). On la représente sur un char attelé de dragons, couronnée d'épis et une faucille à la main.

CÉRESTE, Citharista, bourg des Bouches-du-Rhône, à 32 k. S. E. de Marseille et à 5 k. de La Ciotat; 700 h. Remparts. — Bourg des B.-Alpes, à 22 k. E. S. E. de Forcalquier; 1200 h. Restes d'une tour antique. Anc. seigneurie de la maison de Brancas.

CÉRET, Ceretum, ch.-l. d'arr. (Pyr.-Orient.), sur la r. dr. du Tech, à 31 k. S. O. de Perpignan; 3100 h. Pont hardi, d'une seule arche, murailles flanquées de tours. Trib., collége. Huile, liége. Les plénipotentiaires de France et d'Espagne se réunirent en 1660 à Céret pour fixer les limites des deux pays. Les Français y battirent les Espagnols en 1794.

CERETANI, peuple d'Hispanie (Tarraconaise), entre les Indigetes et les Jaccetani, au pied des Pyrénées, occupaient le pays appelé depuis la Cerdagne.

CÉRIGNOLE, v. du roy. de Naples (Capitanate), à 37 k. S. E. de Foggia. Évêché. Gonzalve de Cordoue y battit en 1503 le duc de Nemours, qui y fut tué : cette défaite fit perdre à Louis XII toutes ses possessions dans le roy. de Naples.

CÉRIGO, l'anc. Cythère, une des îles Ioniennes, au S. de la Morée; 28 kil. sur 13; 28 000 hab., très-pauvres; ch.-l., Cérigo, sur la côte O. ; 1200 hab. L'île est montagneuse, aride; elle nourrit beaucoup de chèvres. Ruines nombreuses, entre autres celles d'un magnifique temple de Vénus. Les Vénitiens s'emparèrent de Cérigo au XVe siècle; depuis elle a suivi le sort des autres lies Ioniennes. V. CYTHÈRE.

CERIGOTTO, Ægilia, la plus mérid. des îles Ioniennes, à 30 kil. S. E. de Cérigo, dont elle suivit le sort; 300 hab. Souvent pillée par les pirates.

CERILLY, ch.-l. de c. (Allier), à 40 kil. N. E. de Montluçon; 2450 hab. Papeteries.

CÉRINTHE, gnostique juif du Ier siècle, disciple de Simon le Magicien, vivait à Jérusalem au temps des apôtres. Il reconnaissait J.-C. pour le Messie et il ne contestait pas ses miracles, mais il niait sa divinité, ce qui le fit chasser de l'Église. C'est pour le réfuter que S. Jean écrivit son Évangile.

CERISAY, ch.-l. de c. (Deux-Sèvres), à 15 k. O. de Bressuire; 1000 hab.

CERISIERS, ch.-l. de c. (Yonne), à 20 kil. N. de Joigny; 1200 hab.

CERISOLES, en ital. Ceresole, v. des États sardes (Turin), à 7 k. E. de Carmagnole; 1750 h. Franç. d'Enghien y battit en 1544 le marquis du Guast et les Impériaux, qui y perdirent 15 000 hommes. La prise de Carignan fut le résultat de cette victoire.

CERISY ou CERISY-LA-SALLE, ch.-l. de cant. ( Manche), sur la Soulle, à 11 kil. E. de Coutances; 2400 hab. Calicots, coutils.

CERNAY, v. d'Alsace-Lorraine, sur la Thann et sur le chemin de fer de Thann à Mulhouse, à 3 kil. N. O. de Mulhouse; 3500 hab. Filatures, blanchisseries, draps, calicots; fonderies.

CERNÉ, île décrite par le navigateur Hannon et que les anciens plaçaient à l'extrémité occid. du monde. Les savants modernes ont voulu la reconnaître, les uns dans l'île d’Arguin, sur la côte de Nigritie, les autres dans celle de Gorée ou de Madère.

CERRETANI. V. CERETANI.

CERRETO, Cernetum, v. du roy. d'Italie (Terre de Labour), à 31 kil. N. E. de Caserte; 5000 hab. Évêché (avec Alife). Désolée en 1656 par la peste, et en 1688 par un tremblement de terre.

CERRO-GORDO, défilé du Mexique, situé près de Pérote, sur la route de la Vera-Cruz à Mexico. Le général Américain Scott y battit le 18 avril 1847 les Mexicains commandés par Santa-Anna.

CERTALDO, bourg de Toscane; à 15 kil. S. O. de Florence, sur l'Elza, passe à tort pour la patrie de Boccace, mais fut habité par ce;t écrivain, dont on montre encore la chambre.

CERTOSA, c.-à-d. Chartreuse. On connaît surtout en Italie la Certosa di Firenze, sur le mont Acuto, à 4 k. S. de Florence, ornée de tableaux d'Orgagna; la C. di Pisa, à 9 kil. E. de Pise, et la C. di Pavia, près de Pavie, dont le monastère, bâti en 1396, fut supprimé au dernier siècle par l'emp. Joseph II.

CERULARIUS (Michel), patriarche de Constantinople en 1043, ferma les églises latines en 1054 et consomma ainsi le schisme d'Orient, commencé par Photius. Léon IX l'excommunia,

CÉRUTTI (Jos. Ant. Joachim), jésuite, né à Turin en 1738, mort en 1792, vint se fixer en France et professa avec distinction à Lyon. Il avait rédigé en 1762 une Apologie des Jésuites, mais quand la Société eut été proscrite, il renia les principes qu'on lui attribuait. Il embrassa en 1789 les idées nouvelles, se lia étroitement avec Mirabeau, prononça son oraison funèbre et fut appelé à l'Assemblée législative en 1791. On a de Cérutti, outre plusieurs écrits de circonstance, des apologues et un recueil de pièces diverses en prose et envers, parmi lesquelles on remarque un petit poëme sur les Échecs. On a réuni et publié ses œuvres en 1793. Il était un des rédacteurs de la Feuille villageoise, destinée à l'éducation politique des campagnes.

CERVANTÈS SAAVEDRA (Michel de), le premier écrivain de l'Espagne, né en 1547 à Alcala de Hénarès (Nouv.-Castille), d'une famille noble, mais pauvre, servit d'abord en Italie, prit une part glorieuse à la bat. de Lépante (1571), et y reçut une blessure au bras gauche dont il fut estropié pour toute sa vie ; fut pris par les corsaires en retournant en Espagne (1575) et resta 5 ans esclave à Alger. Racheté par les Pères de la Trinité, il rentra dans sa patrie, s'y maria (1584), et vécut tantôt à Tolède, tantôt à Séville et à Madrid, n'ayant guère d'autre moyen d'existence que sa plume et méconnu de ses compatriotes. Il mourut a Madrid en 1616, accablé d'infirmités et de misère. Cervantes est auj. connu de tous par son roman de Don Quichotte de la Manche (publié à Madrid en deux parties, 1602 et 1615) : il y raille de la manière la plus plaisante le goût des aventures romanesques et chevaleresques qui dominait de son temps. On a aussi de lui Galatée, roman pastoral, 1584; des Nouvelles morales, publ. enl613, et qui l'ont fait surnommer le Boccace espagnol; Persilès et Sigismonde, histoire septentrionale, 1617 ; et quelques pièces de théâtre, qui sont peu estimées. On a donné à Madrid en 1805 une collection de ses œuvres, 16 vol. in-8. Le Don Quichotte a été souvent imprimé : Charles III en fit faire une édition magnifique en 1780, Madrid, 4 vol. in-4; Clémencin en a donné une excellente édition avec commentaire, Madrid, 1833-35, 6 vol. in-4. Il a été plusieurs fois traduit en français : par César Oudin, dès 1616; par Rosset, 1618; Filleau de St-Martin, 1677 ; B. Dubournial, 1808; De l'Aulnaye, 1821 ; Bretonne, 1836; L. Viardot, 1836-38; Damas-Hinard, 1847; Furne, 1858, etc. B. Dubournial a trad. en outre Persilès et Sigismonde, 1809 ; Viardot et Romey, les Nouvelles (1858); Alph. Royer le Théâtre, 1862, Guardia le Voyage au Parnasse, 1864. Florian a imité à sa manière Don Quichotte et Galatée.

CERVARO. Cerbalus, riv. du roy. d'Italie (Capitanate), naît près de Monteleone, passe à Bovino et tombe dans le golfe de Manfredonia après un cours de 90 kil.

CERVERA, v. d'Espagne, à 40 kil. E. de Lérida; 5200 hab. Elle eut une université de 1717 à 1841.

CERVETERI, Agylla, puis Cære. V. CÆRE.

CERVIN (mont), dans les Alpes Pennines, sur les confins de l'Italie septent. et du Valais. Hauteur, 4450m mètres ; aiguille très-aigue; immenses glaciers.

CERVIONE, ch.-l. de cant. (Corse), à 42 kil. S. de Bastia; 1000 hab. Vins estimés.

CERVOLI, Columbaria, îlot de la Méditerranée, entre l'île d'Elbe et la province de Pise.

CERVOLLE (Arnaud de), dit l’Archiprêtre, audacieux partisan français, né dans le Périgord vers 1300, mort en 1366, possédait, quoique séculier, l'archiprêtrise de Vernia, d'où, le surnom par lequel il est connu. Il leva, après la bat. de Poitiers (1356), plusieurs compagnies de Routiers, ravagea la Provence, rançonna le pape à Avignon et pilla la Bourgogne. En 1359, le Dauphin Charles (Ch. V) l'attira à son service; mais après la paix de Brétigny (1360), Cervolle rassembla de nouveau ses Routiers, alla ravager la Bourgogne, et força le comte de Nevers à traiter avec lui. Il revint ensuite combattre pour le roi Charles V, qui lui donna le titre de chambellan : il repoussa les Tard-Venus, puis ravagea la Lorraine, les Vosges et les bords du Rhin. Repoussé par l'empereur et les ducs de Brabant et de Lorraine, il se retira en Provence, où il mourut tranquillement. Selon une autre version, il aurait été tué en 1366 par un de ses serviteurs, à la suite d'un échec éprouvé en Alsace.

CÉSAIRE (S.), frère de S. Grégoire de Nazianze, né en 330, mort en 369, était versé dans toutes les sciences. Médecin de l'empereur Constance, il remplit les mêmes fonctions près de Julien; mais, inquiété par ce prince dans sa foi, il quitta le palais. fl fut rappelé par Jovien et nommé par Valens questeur en Bithynie. S. Grégoire a composé son oraison funèbre. On l'hon. le 25 fév.

CÉSAIRE (S.), né en 470 près de Châlon-sur-Saône, entra au monastère de Lérins, et fut élevé, malgré lui, sur le siége d'Arles, en 501. Il fut honoré du pallium par le pape, qui le fit son vicaire dans les Gaules en 502. Il présida plusieurs conciles, notamment, en 529, celui d'Orange où fut condamnée l’hérésie de Pelage, et mourut en 542. On l'hon. le 27 août. On a de lui des Homélies et des Sermons, dont plusieurs ont été trad. par l'abbé Dujat de Villeneuve, Paris, 1760.

CÉSALPIN (André), philosophe, médecin et naturaliste, né en 1519 à Arezzo, mort à Rome en 1603, enseigna longtemps la médecine et la botanique à Pise, fut appelé à Rome par Clément VIII, qui le choisit pour son premier médecin et le nomma professeur de médecine au collége de la Sapience. Comme philosophe, il se fit remarquer par sa connaissance profonde des écrits d'Aristote, et embrassa la secte des Averrhoïstes, représentant Dieu, non comme la cause, mais comme le fond et la substance de toutes choses, ce qui le fit accuser de panthéisme et même d'athéisme. En médecine, il soupçonna un des premiers la circulation du sang. Comme naturaliste, il reconnut le sexe dans les fleurs et inventa la première méthode de botanique : il fondait sa classification sur la forme de la fleur, du fruit, et sur le nombre des graines. Ses principaux ouvrages sont : Quæstiones peripateticæ, Florence, 1569; Dæmonum investigatio, 1580: il y combat la magie et la sorcellerie ; Ars medica, Rome, 1601 ; De plantis, Florence, 1583 : c'est le plus important de tous; De metallis, 1596, ouvrage qui a moins de valeur. Les doctrines philosophiques de Césalpin furent combattues par Samuel Parker, archevêque de Canterbéry, et par Nicolas Taurel, médecin de Montbéliard, qui le dénoncèrent à l'inquisition.

CÉSAR, C. Julius Cæsar, célèbre général romain, dictateur perpétuel, né à Rome l'an 101 av. J.-C., était par sa mère neveu de Marius. Proscrit dans sa jeunesse par Sylla, il ne dut la vie qu'à de puissantes protections, et se retira à la cour de Nicomède, roi de Bithynie. Il revint à Rome après la mort de Sylla, s'y appliqua à l'éloquence, et sut capter la faveur du peuple en rétablissant le pouvoir des tribuns et en relevant les statues de Marius. Revêtu de la préture urbaine au moment de la conspiration de Catilina (631, il ne fit rien pour la prévenir et fut soupçonné de connivence. Envoyé en Espagne en 60, il y fit quelques conquêtes; à son retour, il fut fait consul (59). Ne laissant à son collègue Bibulus qu'une ombre d'autorité, il s'associa avec Pompée et Crassus, et forma avec eux ce fameux triumvirat qui leur assurait un pouvoir absolu. Il se fit nommer gouverneur de la Gaule pour cinq ans (58), et après ce temps se fit proroger dans son gouvernement pour cinq nouvelles années. Il employa ces dix années à faire la conquête de la Gaule et pénétra jusque dans la Grande-Bretagne. Pompée, jaloux de ses succès, s'opposa à ce qu'il fût de nouveau continué dans son gouvernement et fit rendre un décret qui le forçait à se démettre de son commandement. Irrité de ce refus, César passe les Alpes, franchit le Rubicon, qui formait la limite de sa province, marche sur Rome, d'où Pompée s'enfuit avec le sénat; entre dans la ville sans coup férir (49), et se fait décerner la dictature. Après avoir parcouru l'Italie en vainqueur, il poursuit et bat en Espagne les lieutenants de Pompée, puis il l'atteint lui-même en Thessalie, dans les plaines de Pharsale, remporte sur lui une victoire décisive (48), et le force à s'enfuir en Égypte où il trouve la mort. César, arrivé en Égypte peu de jours après lui, pleura son sort et le vengea en détrônant le jeune Ptolémée qui l'avait fait assassiner et en donnant sa couronne à Cléopâtre. D’Égypte il courut en Asie (47), battit et détrôna en trois jours le roi de Pont, Pharnace, fils de Mithridate, qui s'était révolté (c'est à cette occasion qu'il écrivit au sénat ces mots célèbres : Veni, vidi, vici); puis il passa en Afrique, où il détruisit à Thapse l'armée républicaine que commandaient Métellus Scipion et Caton (46); et de là en Espagne, où il battit le jeune Pompée à Munda et acheva d'anéantir le parti pompéien. Revenu à Rome, il y reçut le triomphe et se fit décerner la dictature pour dix ans (45). Maître enfin du pouvoir absolu, César ne s'en montra pas indigne : il pardonna à ses plus grands ennemis, embellit Rome, fit creuser un port à l'embouchure du Tibre, releva Corinthe et Carthage, réforma les lois, fit adopter un nouveau calendrier, et créa un grand nombre d'établissements utiles. Cependant, les républicains, qui l'accusaient de vouloir se faire roi, formèrent une conspiration contre lui, et ils le tuèrent au milieu du sénat (15 mars de l'an 44 av. J.-C.) : il tomba percé de 23 coups de poignard. Parmi les principaux conjurés était Brutus, qu'il avait comblé de bienfaits. César avait été marié 4 fois : de Cornélie, sa 2e femme, il avait eu une fille Julie, qu'il fit épouser à Pompée. César n'était pas seulement grand guerrier et grand homme d'État; c'était aussi un excellent orateur et un écrivain élégant. Des divers écrits qu'il avait composés, il ne nous reste que ses Commentaires (De Bello gallico libri VIII, De Bello civili libri III), qui sont le modèle du genre des mémoires historiques. On y joint les Guerres d'Alexandrie et d'Afrique, qui ne sont pas de lui : on les attribue à A. Hirtius. Les Commentaires de César ont été très-souvent imprimés : les meilleures éditions sont celles de Gravius, Utrecht, 1697, d'Oberlin, Leips., 1805, de Lemaire (dans les Classiques latins), 1819-22, d'Oudendorp, Stuttgart, 1822, de Christ. Schneider, Hall, 1840-52. Ils ont été traduits en français par Perrot d'Ablaucourt, 1650, Turpin de Crissé, 1785, Ledéist de Botidoux, 1809, Artaud, 1828, Ch. Louandre, 1857. La vie de César a été écrite par Suétone et par Plutarque. On a en outre une Vie de César, attribuée à Julius Celsus, auteur presque contemporain, mais qui est de Pétrarque. Napoléon I a dicté à Ste-Hélène un Précis des guerres de César, Paris, 1836. Napoléon III adonné une nouvelle Vie de César, 1865.

Le nom de César, pris par Octave comme fils adoptif de J. César, devint par la suite un simple titre que portèrent tous les empereurs et les princes romains, quoique étrangers à la famille des Césars. Il était aussi particulièrement affecté aux héritiers présomptifs de l'empire, et cet usage devint une règle à partir de Dioclétien. Depuis cette époque les empereurs prirent le titre d’Auguste, et s'adjoignirent sous le nom de César un prince qui devait leur succéder.

CÉSARS (les douze). On désigne communément sous ce nom Jules César et les onze empereurs qui régnèrent après lui : Auguste, Tibère, Caligula, Claude, Néron, Galba, Othon, Vitellius, Vespasien, Titus et Domitien, quoique les sis derniers de ces princes soient entièrement étrangers à la famille de César. Suétone a écrit la Vie des douze Césars.

CÉSARÉE, Cæsarea, nom commun à diverses villes anciennes ainsi appelées en l'honneur d'empereurs romains qui les fondèrent ou les embellirent.

CÉSARÉE AUGUSTE, Cæsarea Augusta, puis Cæsar Augusta, v. d’Hispanie, auj. Saragosse.

CÉSARÉE DE CAPPADOCE, d'abord Mazaca, puis Cæsarea Eusebia, auj. Kaïsarieh, ch.-l. de la Cappadoce, sur l'Halys, près du mont Argée, reçut de Tibère son nom de Césarée. Patrie de S. Basile. Prise en 1066 par Alp-Arslan.

CÉSARÉE DE CILICIE ou ANAZARBE. V. ANAZARBE.

CÉSARÉE DE MAURITANIE, Julia Cæsarea, aut. Cherchell, sur la côte N. de l'Afrique, capit. de la Mauritanie Césarienne. Patrie de l'empereur Macrin.

CÉSARÉE DE PALESTINE, Kaisarieh, v. de Judée, sur la côte, entre Dor et Apollonie; agrandie par Hérode qui la nomma Césarée en l'honneur de César-Auguste. Elle fut la résidence des gouverneurs romains de Judée et l'une des 3 églises métropolitaines du pays.

CÉSARÉE PANEAS, Cæsarea Philippi, auj. Banias, autre v. de Palestine, au pied du mont Paneus, près la source du Jourdain, reçut son 2e nom de Philippe, un des fils d'Hérode.

CÉSARIENNE (GRANDE), prov. de la Bretagne romaine, dans la partie sept. de l'Angleterre actuelle, entre la Valentie au N. et la Flavie césarienne au S., était habitée par les Brigantes et avait pour ch.-l. Eboracum (York).

CESAROTTI (Melchior), littérateur italien, né à Padoue en 1730, mort en 1808, enseigna d'abord la rhétorique au séminaire de Padoue, fut nommé en 1782 professeur de grec et d'hébreu à l'université de cette ville, et fut pensionné par Napoléon. On lui doit des traductions estimées d’Ossian, de Démosthène, de Plutarque et d’Homère; il traduisit l’Iliade en prose et en vers : dans sa traduction en vers, qu'il intitule la Mort d'Hector, il s'est permis de refondre entièrement le poëme grec. On a encore de lui un Cours de littérature grecque, des Essais sur la philosophie des langues, Sur le goût, Sur le plaisir que cause la tragédie, et quelques poëmes. Ses œuvres ont été réunies en 42 vol. in-8, Pise, 1805-1813. On en a donné un bon choix en 4 vol. in-8, Milan, 1820.

CÉSÈNE, Cesena, v. d'Italie, dans l'ancien État ecclésiastique, à 17 k. S. E. de Forli; 15000 h. Évêché. Patrie de Pie VI et de Pie VII.

CESI (le prince Fréd.), né à Rome en 1585, mort en 1630, protégea les sciences et les cultiva lui-même avec ardeur. Il fonda à Rome, en 1603, l’Académie des Lyncei (des Lynx), ainsi nommée par allusion à la pénétration qu’exige l’étude de la nature : c’est la plus ancienne société scientifique de l’Italie ; elle déclina après sa mort et disparut vers 1651.

CESPÈDES (Paul de), peintre espagnol, né à Cordoue, en 1538, mort en 1608, alla développer son talent en Italie et orna de ses fresques l’église d’Ara-Cœli à Rome. A la peinture et à la sculpture il joignait une grande érudition, la connaissance de plusieurs langues et du talent pour la poésie et l’éloquence. Il enrichit la cathédrale de Cordoue, dont il était chanoine, de plusieurs tableaux, parmi lesquels on cite une Cène. Il a écrit sur les antiquités de Cordoue, sur la perspective, et a composé un poëme sur la peinture. L’éparpillement de ses travaux l’empêcha d’atteindre la supériorité.

CÉTHÉGUS (famille des), une des plus illustres et des plus anc. familles de Rome, était une branche des Cornélius qui affectait de porter un costume particulier. Elle avait été longtemps célèbre par l’austérité de ses mœurs. On compte parmi ses membres plusieurs personnages marquants : M. Cornélius Céthégus, successivement grand pontife, préteur en Sicile, et nommé censeur avant même d’avoir été consul. Consul en 206 av. J.-C., il eut le commandement de l’Étrurie, où il défit Magon. C’était, au jugement de Cicéron, le meilleur orateur de son temps. — C. Corn. Céthégus dégénéra de la vertu de ses ancêtres : il embrassa successivement les partis de Marius, de Sylla, de Pompée et d’Antoine, et finit par prendre part à la conspiration de Catilina. Arrêté par l’ordre de Cicéron, il fut étranglé dans la prison avec les autres conjurés, 63 av. J.-C.

CETHIM, nom de la Macédoine dans la Bible.

CÉTHURA, femme d’Abraham. V. ABRAHAM.

CETOBRIGA, v. de la Lusitanie, sur l’Océan, à l’embouch. du Sadao, au S. d’Olisippo et à 90 kil. O. d’Ebora, aux env. de la v. actuelle de Sétubal.

CETTE, Sitium, v. maritime de France (Hérault), ch.-l. de c, à 28 k. S. O. de Montpellier, sur le canal de Cette, entre l’étang de Thau et la mer ; 22 438 h. Port avec phare, citadelle, chemin de fer. Collége, école de pilotes. Pêche active. Grand commerce d’exportation et d’importation. Distilleries, eaux-de-vie, vins blancs du Roussillon, vins préparés dits de Madère, eaux de senteur, cendres gravelées, bouchons, etc. Belles salines. Chemin de fer pour Bordeaux et Montpellier ; paquebots pour Marseille, Alger, Oran, etc. Le port de Cette n’a été commencé qu’en 1666.

CETTIGNE, capit. du Monténégro, à 60 k. N. O. de Scutari, à 31 k. N. E. de Cattaro. Résidence du Vladika ou prince-évêque du Monténégro.

CETTINA, riv. de Dalmatie, coule d’abord du N. O. au S. E., puis à l’O. et se jette dans l’Adriatique sous les murs d’Almissa, après avoir formé plusieurs cascades ; cours, env. 100 kil.

CEUTA, jadis Septa, v. du Maroc, vis-à-vis de Gibraltar, appartient à l’Espagne ; 10 000 hab. C’est le plus important des présides. Place forte. Évêché. — Septa, fondée sans doute par les Carthaginois, reçut une colonie romaine, devint la métropole de la Mauritanie Tingitane, passa aux Vandales, puis aux Arabes et fut prise par les Portugais en 1415 ; les Espagnols s’en emparèrent en 1580 ainsi que de toutes les possessions portugaises. — Près de là s’élève la montagne de Ceuta, autrefois Abyla, qui, avec Calpé en Espagne, formait les colonnes d’Hercule.

CEVA, Ceba, ville du Piémont, sur le Tanaro et la Cevetta, à 14 kil. S. E. de Mondovi ; 4000 hab. Fromages. Prise par les Français en 1796 et 1800.

CÉVENNES, Cebenna mons, chaîne de montagnes de France, s’étend du S. O. au N. E., lie les Pyrénées aux Vosges et se rattache aux monts d’Auvergne par les monts Margeride ; elle sépare les bassins de la Garonne et de la Loire de ceux du Rhône et de la Saône. On distingue les Cévennes mérid., du col de Narouze au mont Lozère, et les Cévennes septent., du mont Lozère à l’étang de Longpendu. On les nomme : monts de la Côte-d’Or dans le départ. de la Côte-d’Or ; monts du Mâconnais et du Charolais dans celui de Saône-et-Loire ; monts du Lyonnais, dans le dép. du Rhône ; monts du Vivarais, dans l’Ardèche ; monts du Gévaudan ou Cévennes proprement dites, dans la Lozère ; monts de Garrigues dans l’Aveyron et le Gard ; monts de l’Espinous entre les dép. du Tarn, de l’Aveyron, de l’Hérault ; montagnes Noires dans l’Hérault et l’Aude. Les points culminants sont le mont Lozère (1528m), le mont Gerbier des Joncs, 1710, le Mezen, 1766.

CÉVENNES (guerre des). Après la révocation de l’édit de Nantes, 1685, les Protestants des Cévennes, exaspérés par les dragonnades, prirent les armes ; guidés par des chefs intrépides, parmi lesquels on remarque J. Cavalier, Roland, ils résistèrent longtemps aux forces de Louis XIV ; exaltés par le fanatisme, ils se croyaient inspirés et couraient à la mort comme au martyre : on vit s’élever parmi eux une foule de prétendus prophètes et prophétesses. Ils se portèrent aux plus violents excès, brûlèrent les églises, tuèrent les prêtres. Le maréchal de Montrevel, envoyé contre eux, en fit périr par la roua ou sur la potence plusieurs milliers, sans pouvoir les réduire. Enfin, Louis XIV chargea de cette guerre, en 1704, le célèbre Villars, qui réussit autant par la persuasion et la clémence que par la force des armes à étouffer la rébellion. V. CAMISARDS.

CEYLAN, Singhala en langue indigène, Lanka dans les écrits de l’Inde, la Taprobane des anciens, grande île de l’Inde anglaise, près et au S. E. de la pointe méridionale de l’Inde en deçà du Gange, est séparée de la côte de Coromandel par le golfe de Manaar et le détroit de Palk ; 420 kil. sur 265 ; env. 2 000 000 d’hab. ; ch.-l., Colombo. Autres grandes villes : Candy, Negombo, Trinquemali, Manaar, qui sont les chefs-lieux d’autant de petits États. Côtes plates au N. et au N. O. : une chaîne de récifs et de bancs de sable, formant le Pont d’Adam, les unit à la terre ferme ; côtes escarpées ailleurs ; montagnes boisées qui divisent l’île en deux parties différant de climat et de saison (le point culminant est le Hamalel ou pic d’Adam, qui a 2000m). Le sol est d’une admirable fertilité au S. O. (cannelle, muscade, cardamome, plantes équinoxiales). Beaucoup d’animaux divers : buffles, éléphants, tigres de petite espèce, hyènes, élans, gazelles, multitude de singes, d’oiseaux, de serpents. Fer, manganèse et nombreuses pierreries (diamants, rubis, améthystes, topazes, hyacinthes, tourmalines, saphirs, etc.). Pêcheries de perles. Les habitants sont : 1o  des indigènes divisés en Chingalais et Oueddas ou Bedlias ; 2o  des Malabars ; 3o  des Musulmans venus de diverses contrées d’Afrique ; 4o  des Européens, au nombre de 8 à 10 000. - Cette île est considérée comme le berceau du Bouddhisme. Elle fut découverte en 1507 par Lorenzo, fils d’Almeyda. Les Portugais y formèrent quelques établissements dès 1518, mais ils furent chassés par les naturels et remplacés en 1656 par les Hollandais. Les Anglais s’emparèrent en 1795 des établissements hollandais, qui leur furent définitivement cédés par la paix d Amiens, 1802. Depuis 1815, ils ont fait la conquête de toute l’île. Le gouverneur de Ceylan est nommé directement par le souverain de l’Angleterre.

CEYZERIAT, ch.-l. de cant. (Ain), à 9 kil. S. E. de Bourg ; 1100 hab. Aux env., eau thermale dite la Fontaine-Rouge.

CHABANAIS, ch.-l. de cant. (Charente), sur la Vienne, à 16 kil. de Confolens ; 1875 hab. Anc. seigneurie, qui appartint à Colbert.

CHABANNES, anc. famille du Bourbonnais, issue des comtes d’Angoulême et par conséquent alliée à la famille royale, a fourni plusieurs grands capitaines entre autres Ant. de Chabannes (qui suit), et Jacq. de Chabannes, plus connu sous le nom de La Palice. CHABANNES (Ant. de), comte de Dammartin, se distingua au siége d'Orléans en 1428, et partagea les exploits de Jeanne d'Arc. Il se mit ensuite à la tête des bandes connues sous le nom d’Écorcheurs, et ravagea avec elles la Bourgogne, la Champagne et la Lorraine. Il les quitta en 1430 pour s'attachera Charles VII, qui lui donna la charge de grand maître de France : il lui rendit, quelques années après, un important service en lui révélant une conspiration du Dauphin (Louis XI). A l'avènement de ce dernier, en 1461, Chabannes fut enfermé à la Bastille, mais il s'échappa en 1465; il rentra en grâce en 1468, devint même le confident du prince qui l'avait fait jeter dans les fers et le servit toujours depuis avec courage et fidélité. Il mourut en 1488 gouverneur de Paris pour Charles VIII.

CHABANON (A. D. de), littérateur, né en 1730 à St-Domingue, mort en 1792, membre de l'Académie des inscriptions (1760) et de l'Académie française (1780), a traduit en prose Pindare (1771), Théocrite (1775). Horace (1773); a fait des vers, des éloges, des pièces de théâtre, entre autres une tragédie d’Éponine. Il cultivait aussi la musique avec succès et a écrit un traité De la musique (1785), qui est son meilleur ouvrage. Ses trad. sont peu fidèles, mais ne manquent pas d'élégance et de facilité.

CHABERT (Jos. Bernard, marquis de), marin et astronome, né en 1724 à Toulon, mort en 1805, se signala comme chef d'escadre dans la guerre d'Amérique, fut promu vice-amiral en 1792 et n'en émigra pas moins. C'est surtout par ses travaux scientifiques qu'il est connu : il rectifia les cartes marines des côtes orientales de l'Amérique ainsi que celles de la Méditerranée et prépara la plus grande partie du Neptune français. Il avait été admis en 1758 à l'Académie des sciences et fut attaché en 1803 au Bureau des Longitudes. — (Philibert), savant vétérinaire, né à Lyon en 1737, mort en 1814, professeur à Alfort, puis inspecteur des écoles vétérinaires, a donné d'utiles travaux sur les maladies des animaux (charbon, gale, dartre, morve, etc.).

CHABEUIL, Cerebelliaca, ch.-l. de cant. (Drôme), à 10 kil. S. E. de Valence; 4295 hab. Anc. château. Papeteries, filatures de soie.

CHABLAIS, Caballica provincia, anc. prov. des États sardes (Savoie), bornée au N. par le lac Léman, à l'E. par la Suisse, à l'O. et au S. par les prov. de Carouge et de Faucigny; 52 000 hab.; ch.-l., Thonon. — Les Romains entretenaient des haras dans ce pays, d'où le nom de Caballica provincia, dont Chablais n'est qu'une corruption. Le Chablais fit partie du roy. de Bourgogne; il fut donné par l'empereur Conrad à Humbert, comte de Savoie, dont les héritiers prirent dans la suite le titre de comtes de Chablais. Sous l'Empire, ce pays fut compris dans le dép. du Léman. En 1814, il a été rendu à la Savoie; en 1860 il a été cédé à la France : il forme un arrondissement du dép. de Haute-Savoie. Le Chablais participe à la neutralité de la Suisse.

CHABLIS, Cabliacum, ch.-l. de c. (Yonne), sur le Serain, à 21 kil. E. d'Auxerre; 2456 hab. Vins blancs renommés, surtout ceux des clos de Valmur, Vaudesir, Bouquereau.

CHABORAS, riv. de Mésopotamie, auj. le Khabour.

CHABOT, illustre maison du Poitou, connue dès le XIe s., a formé les branches de Retz, Brion, La Grève, Jarnac, Mirebeau et s'est alliée aux Rohan.

CHABOT (Philippe), seigneur de Brion, amiral de France, gouverneur de Bourgogne et de Normandie sous François Ier, fut fait prisonnier à la bataille de Pavie en 1525 avec le roi, dont il était le favori. Envoyé en Piémont à la tête d'une armée en 1535, il y fit de rapides conquêtes; mais Montmorency et le cardinal de Lorraine, jaloux de son crédit, l'accusèrent de malversation : il fut livré à une commission présidée par le chancelier Poyet, destitué de sa charge en 1541 et condamné à une forte amende qu'il ne put acquitter. Après plus de deux ans de détention, il obtint, par les instances de la duchesse d’Étampes, la révision de son procès, fut élargi, et même rentra en grâce; mais il mourut peu après, en 1543. On a de lui des cartes maritimes, dressées avant l'invention de la gravure. — Léonor de Chabot, son fils, gouverneur de la Bourgogne, refusa d'exécuter les ordres sanguinaires de Charles IX lors de la St-Barthélemy.

CHABOT (François), né en 1759 à St-Geniez, dans le Rouergue, était capucin à Rhodez lorsque éclata la Révolution. Il en exagéra les principes, jeta le froc, se maria, et fut successivement nommé député à l'Assemblée législative et à la Convention nationale. Il vota toutes les mesures violentes et sanguinaires qui furent prises à cette époque, et devint l'un des membres les plus redoutés du club des Jacobins : c'est lui qui créa la dénomination de sans-culottes. En 1794, il fut accusé de malversation par Robespierre, qui immolait alors tous ses rivaux, et fut décapité le 5 avril. Il avait été un des principaux rédacteurs du Catéch. des sans-Culottes, journal populaire.

CHABOT-ROHAN. V. ROHAN.

CHABRIAS, général athénien, excellait surtout dans les combats sur mer. Il défit en plusieurs rencontres les Lacédémoniens commandés par Agésilas, battit leur flotte à Naxos en 376 av. J.-C., et rétablit sur son trône le roi d’Égypte Nectanébus. Il périt dans un combat naval, en attaquant l'île de Chios, 358 av. J.-C. : il coula bas son navire plutôt que de se laisser prendre. Démosthène a fait de ce général un grand éloge; Cornélius Népos a écrit sa Vie.

CHABROL, noble et ancienne famille d'Auvergne, comptait déjà avant 1789 plusieurs membres distingués dans la magistrature et la science, entre autres Arnauld et Sirmond. Elle s'est divisée en plusieurs branches, dont les principales sont celles de Tournoël, de Chaméane, de Crousol, de Volvic. A cette famille appartenait le comte Chabrol de Crousol, 1771-1850, préfet sous l'Empire, ministre de la marine sous Charles X; et Chabrol de Volvic, 1773-1843, préfet de Montenotte en 1806, auteur de la magnifique route de la Corniche, préfet de la Seine de 1812 à 1830, qui a laissé les meilleurs souvenirs.

CHACAPOYAS. V. SAN-JUAN-DE-LA-FRONTERA.

CHACO (GRAN-), vaste territoire de la Confédération de la Plata, est situé entre la Bolivie au N., le Paraguay à l'E. ; 840 kil. sur 620. Montagnes hautes et très-froides, plaines très-chaudes; forêts immenses. Rivières : le Pilcomayo, le Vérmejo et autres grands affluents du Paraguay. Sol très-fertile. Les habitants sont des Indiens indépendants : Abipons, Lenguas, Tobas, Mocobis, etc.

CHACON, en latin Ciacconius. V. ce nom.

CHACTAS ou TÊTES-PLATES, peuplade indigène de l'Amérique du Nord, habite, au nombre d'environ 25 000, de gros villages dans les États du Mississipi et de l'Alabama. Ils sont assez civilisés, se livrent à l'agriculture et ont des lois écrites. Les missionnaires en ont converti un grand nombre.

CHAGNY, ch.-l. de c. (Saône-et-Loire), sur la Dheune, à 16 k. N. O. de Chalon-sur-Saône; 2400 h. Station. Vin excellent, pierre de taille.

CHAGOS (îles), groupe d'îlots de la mer des Indes, par 68° 53'-70° 20'long. E., 4° 30'-7° 27' lat. S. La principale, dite aussi Chagos ou Diego Garcia, a 58 k. de tour. Elles dépendent de l'île Maurice.

CHAGRES, v. maritime de l'Amérique du Sud (Nouv.-Grenade), à 70 k. N. O. de Panama, sur la mer des Antilles, à l'emb. d'un fleuve nommé aussi Chagres; 1500 h. Ch. de fer conduisant à Panama.

CHAH ou SHAH, nom qui signifie roi ou empereur, et que prennent les rois de Perse en l'ajoutant à leur nom propre. V. le nom propre.

CHAH-AALEM, dernier souverain de la dynastie de Tamerlan dans l'Inde, né en 1723, monta sur le trône en 1759, et fut tour à tour le jouet des Anglais et des Mahrattes, dont sa faiblesse et son irrésolution accrurent de plus en plus l'audace. Un de ses vassaux, Ghôlam, tenta de le détrôner, et, après s'être emparé de sa personne, lui creva les yeux, 1788; mais il subit bientôt le châtiment de son crime, et Chah-Aalem fut remis en possession de sa couronne. L'infortuné souverain régna encore 18 ans, et mourut en 1806. Il occupait ses longs ennuis par la culture des lettres.

CHAH-DJIHAN, souverain de l'Indostan, fils de Djihan-Ghir (Géangir), monta sur le trône de Lahore en 1628, après avoir fait périr trois de ses frères qui lui disputaient l'empire. Il repoussa les Usbeks, comprima une insurrection du Décan et enleva Hougly aux Portugais. Il fut détrôné par son fils Aureng-Zeyb, qui le renferma en 1656 dans le palais d'Agra, où il mourut au bout de 10 ans de captivité.

CHAH-POUR, souverains de la Perse. V. SAPOR.

CHAH-POUR, v. de Perse (Fars), sur le Chah-pour, affluent de la Zirra, à 100 k. O. de Chiraz. Elle devait son nom à Sapor I (Chah-pour), qui en fit la capit. de ses États. Auj. ruinée. Antiquités.

CHAILLAND, ch.-l. de c. (Mayenne), sur l'Ernée, à 18 k. N. O. de Laval ; 2300 hab.

CHAILLÉ-LES-MARAIS, ch.-l. de c. (Vendée), à 22 k. S. O. de Fontenay-le-Comte; 2454 h. — Près de là est Chaillé-les-Ormeaux, bourg de 1300 h.

CHAILLOT, ancien vge aux portes de Paris, à l'O., est depuis 1659 compris dans Paris, à l'extrémité des Champs-Élysées. Maison de vieillards (Ste-Périne), transférée à Auteuil en 1860; pompe à feu.

CHAISE CURULE, siége d'ivoire réservé chez les Romains aux grandes magistratures. V. CURULE dans notre Dictionnaire des Sciences.

CHAISE-DIEU (La). V. LACHAISE.

CHAKYA-MOUNI. V. BOUDDHA-GAOUTAMA.

CHALABRE, ch.-l. de c. (Aude), à 18 kil. S. O. de Limoux; 3529 h. Vieux château. Draps, castorines.

CHALAIS, ch.-l. de c. (Charente), à 30 kil. S. E. de Barbezieux. Station. — V. LA ROCHE-CHALAIS.

CHALAIS (Henri DE TALLEYRAND, comte de), mis à mort par le cardinal de Richelieu. V. TALLEYRAND.

CHALAMONT, ch.-l. de c. (Ain), à 41 kil. E. de Trévoux; 1470 hab.

CHALCÉDOINE, Chaldedon, auj. Kadi-Keui, v. de Bithynie, sur le Bosphore de Thrace, vis-à-vis de Byzance. Patrie de Xénocrate. Fondée vers 685 av. J.-C. par les Mégariens et longtemps florissante. Elle resta indépendante sous l'empire romain. Elle fut détruite par les Scythes sous Gallien, au IIIe s., et relevée par Justinien au VIe s. On y tint le concile œcuménique qui condamna Eutycnès (451).

CHALCIDIQUE, Chalcidice, presqu'île de Macédoine, entre les golfes Thermaïque à l'O. et Strynionique à l'E., est découpée au S. E. par deux golfes secondaires, le Toronaïque et le Singitique, qui la partagent en trois péninsules, dites Pallène, Sithonie, et presqu'île du mont Athos. Olynthe, Potidée, en étaient les villes principales, et Chalcis le ch.-l. — Il y avait en Grèce et en Asie plusieurs autres Chalcidiques, tirant également leur nom de villes de Chalcis. V. ce nom.

CHALCIDIUS, philosophe éclectique du IIIe s., est auteur d'un Commentaire sur le Timée de Platon, imprimé avec traduction latine, par Meursius, Leyde, 1617, in-4. On ne sait s'il était chrétien.

CHALCIS, auj. Egripos, capit. de l'Eubée, au milieu de la côte O., vis-à-vis de la côte de Béotie, dont la séparait l'Euripe. On y fabriquait des armes d’airain (Chalcos en grec), d'où son nom. Aristote y mourut. Elle fonda des colonies, qui gardèrent son nom. — Ch.-l. de la Chalcidique en Macédoine, était une colonie de Chalcis en Eubée. — V. de Syrie, au S. O. d'Antioche, fit donner au pays voisin le nom de Chalcidique; évêché.

CHALCONDYLAS (Démétrius), un de Grecs qui contribuèrent le plus à répandre en Europe la connaissance et le goût des lettres grecques, était né à Athènes vers 1424. Élève de Théodore Gaza, il enseigna la rhétorique dans sa patrie jusqu'à la prise de Constantinople par les Turcs. Il se réfugia an Italie, fut appelé à Florence par Laurent de Médicis, et enseigna le grec dans cette ville, puis à Milan. Il mourut vers 1512. On lui doit une Grammaire grecque, Milan, 1423, un recueil intit. Cornucopia, 1499, et les 1res éditions d'Homère, Florence, 1488, d'Isocrate, Milan, 1493, et de Suidas, Milan, 1499.

CHALCONDYLAS (Laonic ou Nicolas), historien grec, d'Athènes, vivait au XVe s. Il est auteur d'une Histoire des Turcs et de la chute de l'empire grec de 1298 à 1462, qui fait partie de la Byzantine, Paris, 1650. Cet ouvrage, mal écrit, n'est pas toujours un guide sûr. Il a été trad. en français par Blaise de Vigenère, Paris, 1577, in-4, et réimprimé avec des continuations d'A. Thomas et de Mézeray. M. Hamaker, professeur à Leyde, a publié Chalcondylas dans l'édition de la Byzantine donnée à Bonn.

CHALDÉE. Ce nom qui proprement désigne la partie S. O. de la Babylonie, entre la rive dr. de l'Euphrate et le désert d'Arabie, est le plus souvent employé comme synonyme de Babylonie. V. CHALDÉENS et BABYLONIE.

CHALDÉENNE (Église). V. NESTORIANISME et CHRÉTIENS DE ST-THOMAS. — CHALDÉENNE (langue). V. ARAM.

CHALDÉENS, Chaldæi, peuple de l'anc. Babylonie, entre l'Euphrate (après sa réunion au Tigre), l'Arabie et le golfe Persique; ville principale, Térédon. On les confond souvent avec les Babyloniens; néanmoins, ils semblent avoir toujours fait un peuple à part; on croit les retrouver auj. parmi les peuplades kourdes répandues dans les mont. qui séparent l'Asie-Mineure de la H.-Asie. D'après les recherches les plus récentes, ils seraient d'origine scythique. Les Chaldéens ont été célèbres de toute antiquité par leurs connaissances mathématiques et astronomiques : ils fixaient la durée de l'année à 365 j. 6 h., 11 m. et connaissaient le zodiaque; Callisthène trouva chez eux une suite d'observations remontant à 1900 ans. A l'astronomie ils joignaient les études astrologiques; les astrologues de Chaldée étaient très-recherchés à Rome dans les derniers temps de l'empire. — Quant à leur histoire politique, les Chaldéens subirent toutes les révolutions qu'éprouvèrent la Babylonie et l'Assyrie. V. ces deux noms.

CHALEURS (baie des), formée par le golfe St-Laurent, entre le Nouv.-Brunswick et le B.-Canada. Explorée en 1534 par Jacques Cartier. Une flotte française y fut détruite par les Anglais en 1760.

CHALGRIN (Jean Franç.), architecte, un des restaurateurs de l'art au dernier siècle, né à Paris en 1739, mort en 1811, jouit de la faveur des ducs de Choiseul et de La Vrillière, fut architecte de Monsieur (Louis XVIII) et membre de l'Académie des beaux-arts. On lui doit la restauration du Collége de France, une des Tours de St-Sulpice, St-Philippe du Roule, et l’Arc de triomphe de l'Étoile, œuvre qu'il ne put achever (V. HUYOT). Il se distingue par le grandiose des conceptions plus que par la précision des détails.

CHALIER (Marie Joseph), démagogue , né à Beaulard, près de Suse (Piémont), en 1747, était négociant à Lyon lorsque éclata la Révolution française. Il en adopta les principes avec délire, prit Marat pour modèle, créa un club et un tribunal révolutionnaire à Lyon et s'en fit le chef. Heureusement ses sanguinaires projets furent bientôt arrêtés : la population se souleva le 29 mai 1793; il fut condamné à mort et exécuté à Lyon le 16 juillet suivant.

CHALLANS, ch.-l. de cant. (Vendée), à 40 kil. N. des Sables-d'Olonne; 3640 hab.

CHALLON. V. CHÂLON-SUR-SAÔNE.

CHALMERS (George), publiciste, né en 1742, dans le comté de Murray en Écosse, mort en 1825, exerça la profession d'avocat en Amérique, revint en Angleterre lorsque éclata la guerre de l'indépendance; publia les Annales politiques des Colonies-unies, les Traités entre l'Angleterre et les autres nations, et la Calédonie, ouvrage précieux pour l'étude des antiquités de l’Écosse. Il était agent colonial des îles Bahama et membre de la Société royale.

CHALMERS (Alexandre), né à Aberdeen en 1759, mort en 1834, membre de la Société royale de Londres, est auteur d'un célèbre dictionnaire biographique : General biographical Dictionary, publié de 1812 à 1817, en 32 vol. in-8. Il a aussi donné un Dictionnaire de la langue anglaise, des éditions de Shakespeare, Fielding, Johnson, Bolingbroke, et une collection des Poëtes anglais.

CHALMERS (le Dr Thomas), théologien écossais (1770-1847), d'abord pasteur à Glascow, puis professeur de philosophie à l'Université de St-André, fut l'ornement de l'église presbytérienne et consomma la séparation de l'Église et de l'État (1843). Excellent prédicateur, il brillait à la fois par la profondeur des idées et l'élégance du style. Ses Sermons ont été traduits en français par E. Diodati, 1825. Il a aussi laissé des traités théologiques : Preuves et autorité de la religion chrétienne, traduit par Vincent, 1819; La révélation en harmonie avec l'astronomie moderne, traduit en 1827; Institutes de théologie, ouvrage posthume; et des ouvrages d'économie sociale : Économie civile et chrétienne, 1821; Économie politique considérée par rapport à l'état moral de la société, 1825. Ses Œuvres, recueillies après sa mort par son fils, forment 34 vol. in-8. Th. Chalmers était correspondant de l'Institut.

CHÂLON, CHALLON, CHÂLON-SUR-SAÔNE, Caballinum, Cabillonum, ch.-l. d'arr. (Saône-et-Loire), sur la Saône, à l'emb. du canal du Centre, à 343 kil. S. E. de Paris, 383 par ch. de fer, à 58 kil. N. de Mâcon; 19 709 hab. Ville jolie : cathédrale gothique de St-Vincent, beau quai, 3 promenades. Trib. de 1re inst. et de commerce, collége, biblioth. Fonderies de fer. Grand commerce, surtout en vins, vinaigres et moutarde. Patrie de Denon. — Cité importante des Éduens au temps des Gaulois, fortifiée par les Romains après la conquête. Convertie au Christianisme par S. Marcel et S. Valérien au IIe s., elle eut de bonne heure un évêché, qui ne fut supprimé qu'à la Révolution. Enlevée aux Romains par les Bourguignons dans le Ve siècle, puis détruite par Attila, cette ville se releva sous les premiers rois burgundes. Sous les Carlovingiens elle devint le chef-lieu d'un comté héréditaire, qui depuis 968 releva comme fief du duché de Bourgogne. Ce comté, après avoir passé dans plusieurs maisons, entra dans celle d'Auxonne en la personne de Jean le Sage, tige de la célèbre maison de Châlon, d'où sortirent les comtes d'Auxerre et de Tonnerre, les seigneurs de Salins, plusieurs princes d'Orange, etc. Le comté fut réuni au duché de Bourgogne en 1267, après la mort de Jean le Sage, et tous deux rentrèrent en même temps dans le domaine de la couronne (1477).

CHALONNAIS. On donnait ce nom : 1° à une portion du grand gouvt de Champagne-et-Brie, dans la Champagne proprement dite : ville principale, Châlons-sur-Marne; 2° à une portion du duché de Bourgogne divisée en Châlonnais propre (ch.-l., Châlon-sur-Saône), et Bresse Châlonnaise (ch.-l., St-Laurent-lès-Châlon).

CHALONNE, ch.-l. de cant. (Maine-et-Loire), à 23 kil. S. O. d'Angers; station; 4888 hab. Siamoises, serges, distilleries, etc. Puits houiller creusé en 1839.

CHÂLONS-SUR-MARNE, Catalauni, Duro-Catalaunum, ch.-l. du dép. de la Marne, sur la r. g. de la Marne, à 156 kil. E. de Paris (171 kil. par Épernay) ; 16 675 h. Évêché, trib. de 1re inst. et de commerce. Collége; école d'arts et métiers ; soc. d'agriculture, sciences et arts. Belle cathédrale, bel hôtel de ville, bibliothèque, cabinet d'hist. naturelle, jardin botanique, belle promenade du Jard, beau pont de pierre. Bonneterie, filatures de coton, etc. Grand commerce de vins de Champagne. Patrie de Perrot d'Ablancourt, de Claude d'Espence, etc. Il s'y tint plusieurs conciles. S. Bernard y prêcha la croisade en 1147. Les env. furent le théâtre de deux célèbres batailles : dans l'une, Aurélien battit Tétricus (273); dans l'autre, Attila fut battu par Aétius et par les Goths, les Francs et les Burgundes réunis (451). V. CHÂLON,

CHALOSSE, Calossia, anc. pays de France, dans la Basse-Guyenne, auj. dans le dép. des Landes, ch.-l., St-Sever ; v. principales : Arsac, Toulouzette.

CHALUS, ch.-l. de c. (Hte-Vienne), à 21 k. N. O. de St-Yrieix; 1260 hab. Foire pour chevaux et mulets. Anc. château fort, dont il reste des ruines. En 1199, Richard Cœur de Lion reçut une blessure mortelle au siége de ce château.

CHALYBES, peuple de Paphlagonie, entre les Tibarènes à l'O. et les Mosynèces à l'E., possédait Amisus et Sinope. Leur pays produisait beaucoup de fer, et on y fabriquait beaucoup d'acier, d'où le nom de chalybs donné par les Grecs à l'acier.

CHALYBON ou BÉRÉE, auj. Alep, v. de la Syrie euphratésienne, ch.-l. de la Chalybonitide, ainsi nommée de l'acier, chalybs, qui faisait l'objet de son principal commerce.

CHAM, 2e fils de Noé, eut 4 fils, Chus, Mesraïm, Phut et Chanaan, dont les descendants peuplèrent le S. O. de l'Asie et l'Afrique. Ayant rencontré son père nu et dans un état d'ivresse, il se rit de lui, tandis que ses frères couvrirent sa nudité : pour le punir, Noé le maudit ainsi que son fils Chanaan.

CHAM, nom de l’Égypte dans les livres saints.

CHAMAKIE (VIEILLE-), v. de la Russie d'Asie (Chirvan), à 130 k. S. E. de Derbend. Détruite par Nadir-Châh, à la fin du dernier siècle. — A 20 kil. S. O. a été bâtie la Nouv.-Chamakie; 6000 hab. Résidence du commandant russe.

CHAMALARY, un des pics les plus élevés de l'Himalaya, sur la limite du Thibet et du Boutan, par 28° 4' lat. N., 87° 3' long. E., a de 8 à 9000m.

CHAMANISME, faux culte répandu chez les Samoyèdes, les Bouriates, les peuples de la Sibérie orientale et les insulaires de l'Océan Pacifique. Leur Dieu est un être suprême qui habite le soleil; il a sous ses ordres une foule de divinités inférieures ou de génies, les uns bienfaisants, les autres malfaisants, dont le plus puissant est Chaïtan (Satan?). Ses prêtres, les chamanes, portent une queue de cheval et sont armés d'un tambourin pour chasser les mauvais esprits; ils prédisent l'avenir et se livrent à toutes sortes de jongleries. La femme chez ce peuple est un être immonde, qui n'a point d'âme. Les sectateurs de ce culte grossier diminuent de jour en jour.

CHAMAVES, Chamavi, peuple de la Germanie, habitèrent, avec les Angrivariens et après les Bructères, sur la rive droite du Rhin et à l'O. de l'Yssel; ils firent partie de la ligue francique.

CHAMBELLAN, charge de cour. V. cet article dans notre Dict. univ. des Sciences, des Lettres et des Arts.

CHAMBERS (Ephraïm), écrivain anglais, né à Milton (Westmoreland), mort en 1740, publia à Londres en 1728, sous le titre d’Encyclopédie ou Dictionnaire des arts et des sciences, en 2 vol. in-fol., un ouvrage qui obtint un plein succès, et qui le fit admettre à la Société royale de Londres. Cet ouvrage, qui donna l'idée de l’Encyclopédie française, a eu un grand nombre d'éditions. Une des plus estimées est celle de Rees. 1788-91, Londres, 5 vol. in-fol.

CHAMBERS (Guill.), architecte, né à Stockholm en 1726, mort à Londres en 1796, fut envoyé jeune dans l'Inde, séjourna quelque temps en Chine et y étudia l'architecture chinoise; étant venu ensuite se fixer à Londres, il y répandit le goût de ce genre d'architecture, et fut chargé de construire plusieurs maisons et de distribuer des jardins dans ce goût. On a de lui : Dessins des édifices.... chinois, 1757; Dissertation sur le jardinage chinois; Traité d'Architecture civile, 1779.

CHAMBERTIN, célèbre vignoble de la Côte-d'Or, commune de Gevrey, à 18 k. N. E. de Beaune, à 3 k. N. de Nuyts. Vins rouges fort recherchés.

CHAMBÉRY, Camberium ou Camberiacum en latin mod., v. de France, ch.-l. du dép. de Savoie, sur la Leysse et l'Albane, à 600 k. S. E. de Paris ; 19 953 h. Archevêché, cour d'appel, académie, écoles secondaires de droit et de médecine, société académique, soc. d'agriculture, musée, biblioth. Beau théâtre, belles casernes, hôpitaux, belle rue à portiques, beau palais de justice. A 1 kil. de Chambéry sont les Charmettes, célébrées par Rousseau. Patrie de Vaugelas, St-Réal, des deux De Maistre, du général Boigne. — Chambéry est une v. moderne. Elle fut, du Xe au XIIIe siècle, le ch.-l. d'une seigneurie particulière, puis fut cédée en 1232 à Thomas I, comte de Savoie. L'armée franco-espagnole s'empara de Chambéry en 1742. De 1792 à 1815, cette ville appartint à la France et fut le ch.-l. du dép. du Mont-Blanc. Elle a été recouvrée en 1860.

CHAMBIGE (Jean), architecte français du XVIe s., qu'on a cru à tort Italien, continua l'aile du Louvre qui longe la Seine et qu'avait commencée Bullant. Il n'est connu que par la mention qu'en fait Sauval. Sa statue est une de celles qui décorent la façade des nouveaux bâtiments du Louvre donnant sur le Carrousel.

CHAMBLY, une des branches de la famille La Tour du Pin. V. LA TOUR.

CHAMBON, ch.-l. de cant. (Creuse), à 23 kil. S. E. de Boussac; 1550 hab. Trib. de 1re inst.

CHAMBON (LE), ch.-l. de cant. (Loire), à 9 kil. S. O. de St-Étienne; 4013 hab. Forges, clouteries, coutellerie; fabrique de rubans; mine de houille.

CHAMBORD, village du dép. de Loir-et-Cher, à 2 k. E. de Blois, est entouré d'une vaste forêt; 470 hab. Superbe château construit sous François I par Pierre Nepveu (1533) et décoré par Cousin, Bontemps, J. Goujon et Pilon. Possédé par le roi Stanislas, par le maréchal de Saxe, par la famille Polignac, par le maréchal Berthier, il fut acheté par souscription en 1821 et offert au duc de Bordeaux, qui a pris de là le titre de comte de Chambord.

CHAMBRE ARDENTE, nom donné à plusieurs cours de justice investies d'un pouvoir extraordinaire pour juger des faits d'exception; elles étaient tendues de noir et éclairées, même de jour, par des flambeaux. Telles furent : la commission érigée dans chaque parlement par François I, en 1525, pour punir les hérétiques; la commission extraordinaire nommée en 1680 par Louis XIV, pour juger la Brinvilliers, la Voisin, la Vigoureux, l'Italien Exili, et qui fut aussi appelée Cour des poisons; la chambre qui, sous la Régence, en 1716, vérifia les comptes des fermiers généraux : cette dernière fut aussi nommée Chambre du visa.

CHAMBRE DES COMMUNES (House of Commons), une des deux chambres dont se compose le Parlement anglais, répond à ce que nous nommons Chambre des Députés. La Chambre des Communes est élective; la durée d'un Parlement ne peut dépasser sept années. Le président porte le nom d'orateur (speaker).

CHAMBRE DES DÉPUTÉS, un des trois pouvoirs de l’État en France, fut constituée en 1814 par la charte de Louis XVIII, et remplaça le Corps législatif, qui existait sous l'Empire. Elle était chargée de discuter les lois et plus spécialement de voter l'impôt. D'après la charte de 1814, les députés, élus pour cinq ans, se renouvelaient chaque année par cinquième; ils devaient être âgés de 40 ans et payer 1000 fr. de contributions directes. Depuis 1830, ils furent élus pour cinq années consécutives; il suffisait d'avoir 30 ans et de payer 500 fr. de contributions. Le roi convoquait chaque année la Chambre; il pouvait la proroger ou la dissoudre; mais, dans ce dernier cas, il devait en convoquer une nouvelle dans l'espace de trois mois. La Chambre des Députés a repris depuis 1852 le nom de Corps législatif.

CHAMBRE DES LORDS (House of Lords), l'une des deux chambres du Parlement anglais, se compose des pairs héréditaires ou nommés par le roi. En 1820, le nombre des pairs était de 291 pairs anglais, de 16 pairs écossais et de 32 pairs irlandais; ce qui faisait 339 lords. L'introduction des pairs catholiques en 1829 en a porté le nombre à 400. La Chambre des Lords admet dans son sein des pairs ecclésiastiques.

CHAMBRE DES PAIRS. V. PAIRS.

CHAMBRE ÉTOILÉE, haute cour de justice en Angleterre , qui apparaît pour la 1re fois sous Henri VII, en 1485. Elle était composée des conseillers du roi, qui se réunissaient dans une salle ornée d’étoiles d'or; d'où lui vint son nom. Ce tribunal jugeait sans le concours d'un jury et sur le témoignage d'un seul témoin : aussi devint-il un instrument terrible entre les mains de Henri VIII et d’Élisabeth. Il fut aboli en 1641 par le Long-Parlement.

CHAMBRE INTROUVABLE, sobriquet donné à la Chambre des Députés convoquée le 7 octobre 1815. Cette chambre réactionnaire se signala par son ultra-royalisme, par son zèle excessif en faveur de l'aristocratie et du clergé, et tenta de rétablir l'ancien régime. Elle vota l'établissement des cours prévôtales et prononça le bannissement de tous les Conventionnels qui avaient voté la mort de Louis XVI. Louis XVIII se vit obligé de la dissoudre (5 septembre 1816).

CHAMBRES DE RÉUNION, commissions formées par Louis XIV en 1679 pour rechercher les anciennes dépendances des pays concédés à la France par les traités de Westphalie, d'Aix-la-Chapelle et de Nimègue, afin de prononcer la réunion de ces dépendances à la couronne. Louis XIV se fit ainsi adjuger le comté de Vaudemont, Saarbourg, Saarbruck, Salm, une partie du Luxembourg, Hombourg, Deux-Ponts, Montbéliard, Wissembourg, Strasbourg, avec une partie de l'Alsace inférieure. La paix de Ryswyk, 1697, l'obligea de restituer une partie de ces acquisitions, mais il garda l'Alsace.

CHAMBROIS, ch.-l. de cant. V. BROGLIE.

CHAMFORT (Sébastien Roch NICOLAS, dit), poëte et littérateur, né en 1741 en Auvergne, d'un père inconnu, fit ses études comme boursier au collége des Grassins à Paris, et remporta les premiers prix de l'Université. Il prit en entrant dans le monde le nom de Chamfort, à la place, du simple nom de Nicolas qu'il avait porté jusque-là, se fit de bonne heure connaître par des prix de poésie remportés à l'Académie, donna au Théâtre-Français quelques comédies qui réussirent, et s'attacha pour vivre à diverses entreprises littéraires. Sa réputation le fit choisir par le prince de Condé pour être secrétaire de ses commandements; il devint ensuite lecteur de Mme Élisabeth, sœur du roi. Néanmoins, à la Révolution, il embrassa avec ardeur les idées nouvelles; il se démit de son emploi, et se lia avec Mirabeau. Roland le nomma en 1792 conservateur de la Bibliothèque nationale. Ayant osé, sous la Terreur, blâmer les fautes et les violences du parti révolutionnaire, il fut arrêté et jeté en prison; il essaya inutilement de se tuer. On le relâcha bientôt, mais il mourut au bout de quelques semaines, des suites des blessures qu'il s'était faites (avril 1794). Il avait été reçu à l'Académie en 1781. Ses écrits les plus estimés sont : Éloge de Molière, couronné (1769); Éloge de La Fontaine (1774); La jeune Indienne, le Marchand de Smyrne, comédies; Mustapha et Zéangir, tragédie. Plusieurs de ses ouvrages se sont perdus, entre autres un Commentaire sur La Fontaine (il n'en a paru qu'une partie dans les Trois Fabulistes, 1796). Ses œuvres ont été rassemblées par Ginguené, 1795, 4 vol. in-8, et par M. Auguis, 1824, 5 vol. in-8. Chamfort brillait surtout par l'esprit : on a fait sous le titre de Chamfortiana un recueil de ses bons mots, 1800.

CHAMILLARD (Michel de), ministre de Louis XIV, né en 1651, m. en 1721, fut d'abord conseiller au parlement de Paris. Une grande adresse au billard, jeu qu'aimait Louis XIV, fut, dit-on, la cause principale de son rapide avancement. En 1699, il fut nommé contrôleur général des finances, et en 1701 ministre de la guerre. Il se servit de moyens odieux pour remplir le trésor, et les cris du public l'obligèrent à se démettre de ses deux emplois (1709). Du reste, il était estimé et aimé de ceux qui le connaissaient personnellement, à cause de son intégrité et de l'aménité de son caractère.

CHAMILLY (Noël BOUTON, marquis de), maréchal de France, né à Chamilly en Bourgogne, en 1636, mort en 1715, se signala en 1675, dans la guerre de Hollande, par la défense de Grave, qui dura 93 jours, et coûta 16 000 hommes au prince d'Orange; il reçut le bâton de maréchal en 1703. Il avait servi en Portugal sous Schomberg, en 1663 : il séduisit dans ce pays une jeune religieuse, et reçut d'elle des lettres passionnées, qu'il ne craignit pas de livrer lui-même à la publicité : ce sont les célèbres Lettres portugaises (1669). Du reste, il parait que, sur les 12 lettres dont le recueil se compose, 7 sont supposées.

CHAMISSO (Adelbert de), écrivain et naturaliste, né en 1781 au château de Boncourt en Champagne, mort à Berlin en 1838, fut emmené par ses parents en émigration, servit quelque temps en Prusse, tout en cultivant les lettres et les sciences naturelles; revint en France après la paix de Tilsitt, et fut nommé professeur à Napoléonville, mais ne tarda pas à retourner à Berlin, et y publia en 1814 un livre original, écrit en allemand, Peter Schlemihl (trad. par N. Martin, 1838), histoire d'un homme qui a perdu son ombre et qui court le monde pour la retrouver; accompagna de 1815 à 1818 Otto de Kotzebue dans son voyage de découvertes, rédigea la partie scientifique de ce voyage, et fut à la fin de sa vie nommé directeur du Jardin des plantes de Berlin. Ses Œuvres, la plupart en allemand, se composent d'écrits des genres les plus divers, botanique, linguistique, romans, poésies; elles ont eu un grand succès en Allemagne. Il règne dans ses poésies un sentiment de tristesse qui semble naître de l'éloignement où il était du sol natal.

CHAMO (désert de), dans l'Asie centrale. V. KOBI.

CHAMONIX ou CHAMOUNY, de Campus munitus? dit aussi le Prieuré, bourg de France (H.-Savoie), à 20 kil. E. de Sallanches, dans une belle vallée; 2300 hab. La vallée, située en vue du Mont-Blanc, au S. E. de Bonneville, est traversée par le haut Arve. Immenses glaciers, formés d'eaux qui descendent du Mont-Blanc : on distingue ceux des Bois, des Bossons et la fameuse Mer de glace, qui a près de 8 k.

CHAMOUSSET (Clément Humbert PIARRON de), philanthrope, né à Paris en 1717, mort en 1773, était maître des comptes. Il consacra sa fortune au service des pauvres et des malades, améliora le régime des hôpitaux et créa à ses frais un hôpital modèle où il supprima l'usage de réunir plusieurs malades dans un même lit. Il fut nommé intendant général des hôpitaux sédentaires de l'armée. On lui doit, en outre, plusieurs établissements d'utilité publique, entre autres celui de la petite poste. Il eut la première idée des associations de secours mutuels.

CHAMOUX, ch.-l. de c. (Savoie), arr. de Chambéry, près du confluent de l'Isère et de l'Arc; 1510 h.

CHAMP D'ASILE, territoire du Texas, sur le golfe du Mexique, entre les riv. del Norte et de la Trinité, à 40 kil. O. de Galveston. Des Français réfugiés y fondèrent en 1817 une colonie sous îa conduite du général Lallemand; mais le vice-roi du Mexique, Apodaca, fit détruire l'établissement, 1819.

CHAMP DE MAI et CHAMP DE MARS, noms que l'on a donnés aux grandes assemblées de guerriers francs depuis la conquête des Gaules au Ve siècle, parce qu'elles se tinrent soit en mars (sous la 1re race) soit en mai (depuis 755). En latin on les appelait placita (plaids); les Francs leur donnaient le nom de mâls. Ces assemblées avaient un double caractère : elles étaient tantôt des revues militaires ou des réunions solennelles dans lesquelles tous les hommes libres venaient rendre hommage au chef suprême des Francs, et lui apporter leurs dons annuels; tantôt des réunions plus actives où le souverain convoquait soit les leudes et les guerriers pour les consulter sur quelque expédition militaire, soit les évêques pour régler leurs différends avec la royauté, ou pour prendre leurs conseils sur la direction des affaires de l'État. Ces assemblées, tenues irrégulièrement sous les Mérovingiens, devinrent beaucoup plus fréquentes sous les premiers Carlovingiens; mais après Charles le Chauve, toute trace de cette institution disparaît. — On a aussi donné le nom de CHAMP DE MAI à une fameuse assemblée tenue en 1815, pendant les Cent-Jours, au Champ de Mars de Paris, à l'imitation des anciens Champs de mai, et dans laquelle l'empereur Napoléon proclama, en présence des députations de tous les colléges électoraux et des corps de l'armée, l'Acte additionnel aux constitutions de l'Empire. Cette assemblée, annoncée pour le 26 mai 1815, ne put avoir lieu que le 1er juin.

CHAMP DE MARS, Campus Martius. On appelait ainsi à Rome une vaste plaine qui originairement s'étendait hors des murs de la ville, et où Romulus avait consacré un temple à Mars; elle était située à l'O. de Rome et sur la r. g. du Tibre. C'est dans cet emplacement que se trouve en grande partie la Rome moderne. Le Champ de Mars servait aux évolutions militaires et à divers autres usages : c'est là qu'on tenait les assemblées du peuple, qu'on élisait les magistrats, et que la jeunesse s'exerçait à la lutte, à lancer le javelot et le disque, à conduire les chars, etc. Dans les derniers temps de la République, on éleva autour du Champ de Mars des portiques, des arcs de triomphe et de magnifiques monuments publics. — Par imitation, on a donné, à Paris, le nom de Champ de Mars à un vaste espace situé à l'extrémité S. O. de la ville, entre l'École militaire et la Seine, qui fut disposé vers 1770 pour servir de champ d'exercice. Ce lieu a été le théâtre de plusieurs grands événements. V. FÉDÉRATION et ci-dessus CHAMP DE MAI.

CHAMP-DENIERS, ch.-l. de c. (deux-Sèvres) à 17 kil. N. de Niort; 1200 hab. Foires pour les bestiaux.

CHAMP DU DRAP D'OR, vaste plaine où se passa une entrevue célèbre entre François Ier, roi de France, et Henri VIII, roi d'Angleterre (1520); elle était située en Flandre, entre les châteaux d'Ardres et de Guines, dont le 1er appartenait à la France, et le 2e à l'Angleterre. Son nom lui fut donné à cause du faste que les deux cours rivales y déployèrent à l'envi. François I, dont le but était de gagner le roi d'Angleterre et de déjouer les intrigues de Charles-Quint, obtint par un traité la confirmation du mariage du Dauphin de France avec Marie d'Angleterre; mais le card. Wolsey, ministre du roi d'Angleterre, acheté par Charles-Quint, prévint les effets de cette entrevue.

CHAMP DU MENSONGE. V. LUGENFELD.

CHAMPAGNAC, ch.-l. de cant. (Dordogne), sur la Dronne, à 16 kil. S. de Nontron; 1050 hab.

CHAMPAGNE, Campania en latin moderne, anc. prov. de France, ainsi nommée de ses vastes plaines (campi), était bornée au N. par la Flandre française, les Pays-Bas autrichiens et la principauté de Sedan; à l'E., par la Lorraine; au S. E., par la Franche-Comté; au S., par la Bourgogne et le Nivernais, et à l'O. par l'Île de France et la Picardie. Superficie, 280 kil. de long sur 200 de large. Chef-lieu, Troyes. Elle forme auj. les dép. de la Marne, de la Hte-Marne, de l'Aube, des Ardennes, et en partie ceux de l'Yonne, de l'Aisne, de Seine-et-Marne et de la Meuse. La Champagne se divisait en 8 parties: Champagne propre, Châlonnais, Rémois, Rethelois, Vallage, Bassigny, Sénonais, Argonne. La Champagne propre se subdivisait elle-même en Hte-Champagne (v. principales : Châtillon-sur-Marne, Épernay, Aï, Vertus, Dormans), et Basse-Champagne (v. principales : Troyes, Arcis-sur-Aube, Méry-sur-Seine, Ramerupt). La partie orientale de la B.-Champagne et le sud du Châlonnais, c.-à-d. le pays compris entre Vitry et Sézanne, porte vulgairement le nom de Champagne pouilleuse, à cause de l'infertilité du sol et de la misère des habitants. La Champagne est arrosée par la Seine, l'Aube, la Marne, l'Yonne, l'Aisne et leurs affluents. On y trouve en abondance la craie, la marne, l'ardoise, etc. Le sol produit beaucoup de grains, de fruits, de légumes; mais ce pays est surtout célèbre par ses vins blancs et rouges, et par ses vins mousseux, dits vins de Champagne, parmi lesquels on cite ceux d'Aï, Sillery, Bouzy, Mareuil, Hautvilliers, Dizy, Epernay, Pierry, Avize. — Les peuples qui habitaient ce pays avant la conquête romaine étaient les Lingones, les Senones, les Tricasses, les Catalauni et les Remi. Sous l'empire romain, il fit partie des Lyonnaises 1re et 4e et de la Belgique 2e. Après l'invasion des Barbares, il fut partagé entre le roy. des Burgundes et celui des Francs, puis entre les deux roy. d'Orléans (Bourgogne francique) et de Metz (Austrasie). In 451, la Champagne fut dévastée par Attila, qui fut défait aux env. de Châlons. Sous les Mérovingiens, elle eut des ducs nommés par les rois. Aux Xe siècle, elle échut à des comtes issus de la maison de Vermandois, dont le 1er fut Herbert, mort en 943. Quand cette dynastie s'éteignit, en 1020, elle devint le partage d'Eudes II, petit-fils de Thibaut le Tricheur (comte de Blois, Chartres, Tours, Beauvais et Meaux, mort en 978) et neveu du dernier comte de la maison de Vermandois. Deux fils du comte Eudes II, Étienne et Eudes, puis son frère, Thibaut, lui succédèrent. Thibaut donna naissance à deux branches de la maison de Champagne : l'aînée posséda d'abord la Champagne et s'éteignit en 1125; la cadette, celle des comtes de Blois, Chartres et Brie, hérita en 1125 du comté de Champagne. Se divisant à son tour en 1152, cette branche produisit deux lignes : la 2e ligne de Blois et la ligne champenoise, qui eut la Champagne et la Brie. Henri I commença cette dernière ligne; Henri II, son fils aîné, devint roi de Chypre, puis de Jérusalem, et mourut en 1197, laissant son comté à Thibaut V, son frère; Thibaut VI le posthume régna après lui et devint roi de Navarre en 1234. Il eut pour successeurs, tant en Champagne qu'en Navarre, Thibaut VII (II en Navarre), Henri III (I), Jeanne I. Celle-ci apporta la Champagne et la Navarre en dot à son époux Philippe le Bel, en 1284. Depuis ce temps la Champagne ne fut plus séparée de la couronne de France. Cependant la réunion officielle ne fut plus prononcée qu'en 1361. Sous l'administration royale, la Champagne formait un des 12 grands gouvernements : elle renfermait 10 bailliages. On doit à M. d'Arbois de Jubainville l’Histoire des comtes de Champagne, 1859-62, 3 vol. 8°.

On avait donné le nom de Champagne à quelques autres pays de France, sans doute aussi à cause des plaines qu'ils contiennent : 1° en Berry, lieux principaux : Lugny, Jussy (Cher), Ménétréol, La Champenoise (Indre); 2° dans le Maine : Loué, Cranne, Montreuil, St-Christophe (Sarthe); 3° en Normandie: Bailly, St-Martin (Seine-Inf.); 4° dans l'Angoumois : ce dernier pays, comprenant les environs de Cognac, est auj. réparti entre les dépts de la Charente et de la Charente-Inf.; il est renommé pour la supériorité de ses eaux-de-vie, dites fine Champagne.

CHAMPAGNE, ch.-l. de c. (Ain), à 15 kil. N.de Belley; 450 hab. Anc. capit. du Valromey.

CHAMPAGNE-MOUTON, ch.-l. de cant. (Charente), à 19 kil. O. de Confolens : 900 hab.

CHAMPAGNE (THIBAUT, comtes de). V. l'art. ci-dessus et THIBAUT.

CHAMPAGNE (Philippe), peintre, né à Bruxelles en 1602, mort en 1674, vint à Paris en 1621 pour s'y perfectionner sous le Poussin, et s'y fixa tout à fait. Ses talents lui méritèrent la place de 1er peintre de la reine et une pension de 1200 liv. Il fut reçu, en 1648, membre de l'Académie de peinture, fut nommé professeur en 1655, et enfin directeur de l'Académie. Son assiduité au travail lui avait donné une facilité surprenante. Il a laissé une multitude de morceaux estimés, qui ornaient les édifices publics, les églises (Val-de-Grâce, Sorbonne, St-Severin, St-Merry) et les maisons particulières. Les plus connus sont : le Vœu de Louis XIII (à Notre-Dame), la Réception des chevaliers du St-Esprit, une Cène, la Madeleine aux pieds de J.-C., les Religieuses. Il excellait aussi dans le portrait. Champagne dessinait fort bien et imitait exactement la nature, sans jamais blesser la décence; mais ses compositions sont plus savantes que poétiques. — Son neveu, J. B. Champagne, s'est aussi distingué dans le même art; il a le plus souvent travaillé avec lui.

CHAMPAGNEY, ch.-l. de c. (H.-Saône), à. 16 kil. N. E. de Lure; 2000 hab. Station. Houille.

CHAMPAGNOLES, ch.-l. de c. (Jura), à 23 kil. S. E. de Coligny; 3146 hab. Tréfilerie, forges.

CHAMPAGNY (J. B. NOMPÈRE de), duc de Cadore, né à Roanne en 1756, mort en 1834, était major de vaisseau à 26 ans. Il fut, en 1789, député de la noblesse aux États généraux, et se distingua par son éloquence et sa modération. Bonaparte l'appela au Conseil d'État en 1800, le nomma en 1801 ambassadeur à Vienne, en 1804 ministre de l'intérieur, en 1807 ministre des relations extérieures; il conclut en cette qualité le traité de Vienne, 1809, et négocia le mariage de l'Empereur avec Marie-Louise. Il rentra dans la vie privée à la Restauration, et fut nommé pair en 1819. Il avait été créé duc de Cadore en 1808.

CHAMPAUBERT, vge de France (Marne), à 22 k. S. O. d'Épernay; 250 hab. Napoléon y battit le général russe Alsuvief, 10 février 1814.

CHAMPCENETZ (le chevalier de), officier aux gardes françaises, connu par son esprit, né en 1759 à Paris, était neveu du gouverneur des Tuileries. Il attaqua la Révolution avec l'arme du ridicule : il travailla avec Rivarol à plusieurs écrits de circonstance et eut la principale part à la rédaction du recueil périodique intitulé : les Actes des Apôtres. Il fut arrêté et mis à mort eh 1794.

CHAMP D'ASILE, DE MAI, etc. V. CHAMP.

CHAMPEAUX, vge de Seine-et-Marne, à 12 kil. N. E. de Melun; 460 hab. Patrie de Guillaume de Champeaux, maître, puis adversaire d'Abélard.

CHAMPEIN (Stanislas), compositeur, membre de l'Institut, né en 1753 à Marseille, mort en 1830, est connu par de spirituelles partitions dont plusieurs sont restées longtemps au répertoire : on remarqua surtout le Soldat français, opéra-comique, 1779 ; la Mélomanie, 1781, charmante parodie de la musique italienne, le Nouveau don Quichotte, que l'auteur fit passer pour un opéra italien, et qui trompa les Italiens eux-mêmes. Champein entra en 1792 dans l'administration : il fut préfet à Mayence.

CHAMPEIX, ch.-l. de c. (Puy-de-Dôme), sur la Couze, à 10 k. N. O. d'Issoire; 1900 hab. Anc. château.

CHAMPIER (Symphorien), né en 1472 à St-Symphorien, près de Lyon, mort vers 1539, était allié à la famille du chevalier Bayard. Il fut 1er médecin du duc de Lorraine, suivit ce prince qui se rendait en Italie avec Louis XII, assista à plusieurs batailles, puis se fixa à Lyon, où il remplit les fonctions d'échevin et contribua à plusieurs fondations utiles, notamment à celle de l’École de médecins de Lyon. Outre de savants traités de médecine, inspirés par l'étude des maîtres grecs et arabes, il a composé un grand nombre d'ouvrages historiques, parmi lesquels on remarque les Chroniques de Savoie, 1516; la Vie de Bayard, 1525.

CHAMPIGNY, vge près de St-Maur (Seine), illustré par trois jours de combats meurtriers pendant le siége de Paris (29 novembre-1er décembre 1870).

CHAMPIONNET (J. Étienne), général français, né à Valence en 1762, mort en 1800, était fils naturel d'un avocat. Il entra fort jeune au service et dut à sa valeur un avancement rapide. Nommé colonel après le combat d'Arlon, général de brigade en 1793, il contribua beaucoup à la victoire de Fleurus, 1794. Envoyé en 1798 en Italie, il chassa de Rome l'armée napolitaine, conquit en peu de jours le roy. de Naples, et y établit la République parthénopéenne; mais au milieu de ses succès, il fut arrêté, par ordre du Directoire, à la suite d'un démêlé qu'il avait eu avec un commissaire du gouvernement, et se vit jeté en prison. Rappelé au commandement de l'armée d'Italie après le 30 prairial an VII, il fut d'abord vainqueur; mais il fut ensuite défait à Genola par les Austro-Russes. Ne pouvant supporter cet échec, il donna sa démission et mourut peu après de chagrin. Sa ville natale lui a élevé une statue (1848). M. A. de St-Albin a laissé : Championnet ou les Campagnes de Rome et de Naples, ouvrage qui a été publ. en 1860 par son fils, M. Hortensius de St-Albin.

CHAMPLAIN (Samuel), armateur de Dieppe, né au Brouage vers 1570, mort en 1635, partit en 1603, avec l'assentiment de Henri IV, pour jeter les bases d'un établissement au Canada, et reconnut une partie du pays. Il établit des relations avec les sauvages, fonda en 1608 la ville de Québec, qui prit bientôt l'aspect d'une véritable colonie, et en fut nommé gouverneur en 1620; mais, attaqué en 1627 par les Anglais, il se vit obligé de capituler. En 1629, le Canada ayant été restitué à la France, Champlain reprit son commandement, qu'il conserva jusqu'à sa mort. Champlain a laissé son nom à un lac de l'Amérique septentr., qu'il avait exploré. On a une relation de ses Voyages, dont la meilleure édit. est de 1640.

CHAMPLAIN (lac), lac des États-Unis, sur les confins du Canada, entre l'État de New-York et celui de Vermont; 170 k. sur 25. Ce lac reçoit le Missisqui, la Moelle et l'Onion, communique avec les lacs Hudson et Érié, et se décharge dans le St-Laurent par le fleuve Richelieu ou Sorelle. Il fut découvert par Champlain en 1608. Les Américains, commandés par Mac-Donough, détruisirent une flotte anglaise sur ce lac en 1814.

CHAMPLATREUX, vge de Seine-et-Oise, à 4 kil. S. de Luzarches; 130 hab. Beau château appartenant à la famille Molé et où le roi Louis-Philippe alla visiter en 1839 M. Molé, alors son 1er ministre.

CHAMPLITTE, ch.-l. de cant. (Haute-Saône), à 19 kil. N. O. de Gray; 3083 hab. Vignoble estimé. Anc. domaine d'une maison illustre pendant les croisades, qui obtint la principauté d'Achaïe, 1205.

CHAMPMESLÉ (Marie DESMARES), célèbre actrice, née à Rouen en 1644, morte en 1698, vint à Paris en 1669, débuta au théâtre du Marais, puis joua sur celui de l'Hôtel-de-Bourgogne, où elle se fit bientôt remarquer dans les rôles tragiques. Elle a créé ceux de Bérénice d'Iphigénie, de Phèdre et de Monime. Elle vécut dans une étroite intimité avec Racine, qui la forma lui-même à la déclamation; avec La Fontaine, qui lui dédia Belphégor, et avec plusieurs grands personnages, notamment le comte de Clermont-Tonnerre. — Son mari, Charles Chevillet, sieur de Champmeslé, mort en 1701, était aussi acteur : il a composé plusieurs comédies assez jolies : les Grisettes, Crispin chevalier, le Florentin, la Coupe enchantée sont les meilleures; il fit ces deux dernières en société avec La Fontaine. Ses Œuvres ont été réunies en 1696.

CHAMPOLLION (Jean François), savant égyptologue, né à Figeac (Lot) en 1790, fut nommé dès 1809 professeur-adjoint d histoire à Grenoble. Ayant puisé dans les conversations de Fourier, membre de Institut d’Égypte, alors préfet de l'Isère, un goût très-vif pour l'étude des antiquités égyptiennes, il conçut le hardi projet d'expliquer les hiéroglyphes. Il communiqua en 1821 et 1822 à l'Académie des inscriptions le fruit de ses recherches, qui fut reçu avec un applaudissement universel. Après avoir visité les musées égyptiens de Turin et de Rome, il fut chargé en 1826 d'en organiser un semblable à Paris, et en fut nommé directeur. En 1828 et 1829 il visita l’Égypte elle-même et y amassa de précieux trésors d'antiquités; mais il en rapporta une maladie dont il mourut peu après son retour, en 1831, au moment où il allait occuper une chaire d'archéologie, créée exprès pour lui. Il avait été reçu à l'Académie en 1830. Son ouvrage le plus important est L’Égypte sous les Pharaons, ou Recherches sur la géographie, la religion, la langue, les écritures et l'histoire de l’Égypte avant l'invasion des Cambyse, 2 vol. in-8, 1814. Champollion a commencé à expliquer les hiéroglyphes, qui étaient restés jusque-là indéchiffrables. Il a distingué d'abord trois sortes d'écritures : l'écriture hiéroglyphique proprement dite ou écriture sacrée; l’hiératique ou sacerdotale; la démotique ou vulgaire; il a reconnu en outre que les caractères hiéroglyphiques étaient employés, tantôt comme signes de choses, tantôt comme simples lettres; il avait commencé à rédiger une Grammaire et un Dictionnaire hiéroglyphique, quand la mort l'enleva. L'État fit l'acquisition de ses manuscrits, qui furent publiés de 1834 à 1848. Sa ville natale lui a élevé une statue. — M. Champollion-Figeac, son frère, aîné, né en 1778, a continué ses travaux et publié ses manuscrits. On lui doit en outre d'importants travaux sur la chronologie, notamment les Annales des Lagides, couronnées en 1819.

CHAMPS ou CHAMPS-DE-BORT, ch.-l. de cant. (Cantal), à 26 kil. N. E. de Mauriac; 1725 hab.

CHAMPS ÉLYSÉES. V. ÉLYSÉES.

CHAMPSAUR, petit pays du Haut-Dauphiné, au, S. du Grésivaudan, fut érigé en duché en 1336. Villes, Saint-Bonnet et Lesdiguières. Il est auj. réparti dans les dép. des Hautes-Alpes et de la Drôme.

CHAMPTERCIER, vge des Basses-Alpes, à 11 k. O. de Digne; 460 hab. Patrie de Gassendi.

CHAMPTOCEAUX, ch.-l. de cant. (Maine-et-Loire), sur la Loire, à 6 kil. S. O. d'Ancenis; 1150 hab. Jadis ville forte, rasée en 1420.

CHANAAN, fils de Cham, fut maudit par Noé en même temps que son père (V. CHAM). Il vint habiter avec ses 11 fils le pays qui prit de lui le nom de Terre de Chanaan, et qui plus tard fut nommé Terre promise, puis Palestine. Les Chananéens, descendants de Chanaan, étaient des peuples souillés de crimes : Dieu ordonna aux Hébreux de les exterminer en entrant dans le pays qu'ils occupaient.

CHANAAN (Terre de). On comprenait jadis sous ce nom la Phénicie, la Judée et une petite partie de la Syrie mérid., pays habités par onze tribus issues des onze fils de Chanaan. Les Hébreux entrèrent dans cette terre, qu'on appelle aussi la Terre promise, sous la conduite de Josué, l'an 1605 av. J.-C.

CHANAC, ch.-l. de cant. (Lozère), à 14 kil. S. S. E. de Marvéjols; 1900 hab. Serges.

CHANCEAUX, bourg de la Côte-d'Or, à 10 kil. de Saint-Seine, près de la source de la Seine; 600 h.

CHANCELIER, cancellarius. A Rome on donnait ce nom aux secrétaires de l'empereur, parce que, lorsque celui-ci rendait la justice, ils se plaçaient derrière les barreaux (cancelli), dans l'enceinte qui séparait l'empereur du public. En France, le titre de chancelier a toujours été commun à plusieurs offices; mais le plus éminent était le chancelier de France, président du Conseil d'État et interprète des volontés du roi près du parlement. A partir de la 2e race, le chancelier eut la garde des sceaux et fut chargé de dresser et de contre-signer les actes donnés par le roi. Cette charge fut supprimée en 1790. Napoléon créa le titre d’archichancelier en faveur de Cambacérès, à qui il donna l'administration de l'état civil de sa maison. La Restauration rétablit le chancelier de France, mais lui ôta la garde des sceaux, qui fut confiée au ministre de la justice, et lui attribua la présidence de la Chambre des Pairs. Il n'y a plus auj. en France d'autre chancelier que le grand chancelier de la Légion d'honneur.

En Angleterre, on appelle lord grand chancelier le 1er officier public, auquel appartient de droit la présidence de la Chambre des Lords, et qui est en même temps le chef de la justice et le président d'une cour particulière appelée court of chancery.

CHANCELIER DE L'ÉCHIQUIER. V. ÉCHIQUIER.

CHANCELLADE, vge de la Dordogne, à 7 kil. de Périgueux ; 1110 hab. Il s’y trouvait une célèbre abbaye de Bénédictins, fondée en 1133.

CHANCELLOR (Richard), navigateur anglais, découvrit en 1553 le port d’Archangel en cherchant un passage en Amérique par le Nord-Est ; il périt en 1556 dans une tempête, en revenant des mêmes parages. Son Voyage se trouve dans les collections d’Hackluyt et de Pinkerton.

CHANDELEUR, fête religieuse qui se célèbre le 2 février en mémoire de la présentation de Jésus-Christ au temple et de la purification de la Vierge. Cette fête fut instituée au VIe siècle (V. PURIFICATION). Son nom vient des chandelles ou cierges qu’on y brûle comme symbole de la lumière que le Christ allait répandre sur les Gentils.

CHANDERNAGOR, comptoir français au Bengale, à 31 kil. N. de Calcutta, sur la r. dr. de l’Hougly ; 32 000 hab. (ville et territoire). Cédée en 1688 à la Compagnie française des Indes et florissante sous Dupleix, la ville a perdu toute importance depuis 1814 et n’a plus de fortifications. On en exporte annuellement 400 caisses d’opium. Les Anglais nous l’ont souvent prise ; ils l’ont rendue après la paix (1816).

CHANDLER (Richard), helléniste et archéologue anglais, né en 1738, mort en 1810, publia en 1763 une magnifique édition des Marbres d’Arundel ou d’Oxford (Marmara Oxoniensia), plus exacte et plus complète que celles qu’en avaient précédemment données Selden, Prideaux et Maittaire. Chargé de faire des recherches sur les monuments antiques, il parcourut de 1764 à 1766 l’Ionie, l’Attique, l’Argolide, l’Élide, et y recueillit une ample moisson de matériaux qu’il apporta en Angleterre et dont il publia la description. On lui doit : Antiquités ioniennes, Londres, 2 vol. in-fol., 1769-1800 ; Inscriptiones antiquæ in Asia Minori et Græcia, præsertim Athenis, collectæ, Oxford, 1774, in-fol. ; Voyages en Asie-Mineure et en Grèce, Oxford, 1775-76, 2 vol. in-4, trad. par Servois et Barbié du Bocage, 1806 ; Histoire de Troie, Londres, 1802.

CHANDOS (Jean), capitaine anglais du XIVe siècle, fut nommé par Édouard III lieutenant général des prov. que l’Angleterre possédait en France et négocia la paix de Bretigny. Il fit prisonnier Duguesclin à la bat. d’Auray en Bretagne, en 1364, et à celle de Navarette en Espagne, 1367, mais il sollicita lui-même sa liberté. Lorsqu’Édouard III érigea l’Aquitaine en principauté en faveur de son fils, le prince de Galles, Chandos devint le connétable de ce dernier. Il fut tué au combat de Lussac, près Poitiers, en 1369. Les Anglais le considéraient comme le plus habile de leurs généraux après le Prince-Noir (Édouard) ; il s’était concilié également l’estime des Français, particulièrement de Duguesclin.

CHANGALLAS, peuple nègre, habite à l’O. de l’Abyssinie et au S. de la Nubie, sur les bords du Bahr-el-Abiad et de ses affluents, jusqu’au Tacazzé. Sa principale occupation est, de toute antiquité, la chasse des éléphants et des autruches : Ptolémée les désigne sous le nom d’Éléphantophages et de Strouthiophages (mangeurs d’Éléphants et d’Autruches).

CHANG-HAI, ville de Chine, dans la province de Kiang-sou et le dép. de Soung-Kiang, sur une des embouchures du fleuve Han-Kiang ou fleuve Bleu ; 300 000.h. Port ouvert aux étrangers depuis 1842, en vertu du traité de Nankin. Commerce immense ; exportation de thé, drogues médicinales, nankin ; importation d’opium, de draps, calicots, sucre, plomb.

CHANLAIRE (Gabriel), géographe, né à Vassy, en 1758, m. en 1817, était attaché au bureau topographique du cadastre. On lui doit plusieurs travaux recommandables de statistique et de géographie : Tableau général de la nouvelle division de la France, Paris, 1802, in-4o ; Description topographique et statistique de la France, 1810, 2 vol. in-4o ; Atlas de la France en départements (en 86 cartes), 1818 ; Atlas de grandes cartes du théâtre de la guerre en Orient, de l’Égypte, du Rhin et de la Belgique, etc.

CHANNING (William ELLERY), né en 1780 à New-Port (Rhode-Island), mort à Boston en 1842, embrassa l’état ecclésiastique, exerça son ministère à Boston, se fit remarquer par son éloquence, sa charité et son esprit de tolérance, et mérita d’être appelé le Fénelon du Nouveau-Monde. Il était un des chefs de l’unitarianisme aux États-Unis. Il fut aussi un des plus ardents promoteurs de l’abolition de l’esclavage. Il s’attacha, dans ses sermons et ses écrits, à prouver la nécessité sociale de la religion, dont il opposa les préceptes aux mauvais conseils de la pauvreté et aux erreurs du socialisme. Ses Œuvres complètes ont été publiées en 1851 par Maclellan (Londres, 2 v. in-8). M. Ed. La Boulaye a donné une traduction de ses Œuvres sociales, ainsi que de son Traité de l’Esclavage, 1855, avec un Essai sur sa vie et ses ouvrages.

CHANOINES (du latin canonicus, soumis à des règles dites canons), prêtres attachés à une église cathédrale ou collégiale, dont ils forment le chapitre et où ils célèbrent en commun le service divin ; ils portent l’aumusse. Le nom de chanoine fut donné dès le IVe siècle aux cénobites, religieux qui vivaient en commun sous une même règle ; mais ce n’est que depuis 763, lorsque Chrodegang, évêque de Metz, eut publié sa règle des chanoines, que cette institution eut une existence régulière. Il y eut d’abord des chanoines laïques ou séculiers ; mais une bulle du pape Alexandre II, en 1063, en créant les chanoines réguliers, exclut les laïques de ces sortes de communautés. Les chanoines peuvent être de simples clercs ; mais, dans l’usage, ils sont tous prêtres et peuvent baptiser, absoudre, et offrir le saint sacrifice. Dans les églises cathédrales, il y a toujours un chapitre de chanoines, dont les membres composent le conseil de l’évêque ; les fonctions curiales de la cathédrale leur appartiennent à tous collectivement, et sont exercées par l’un d’eux au nom du chapitre. Le titre de chanoine est auj. presque toujours conféré à titre de récompense, ou comme retraite.

CHANOINESSES, titre porté par des dames qui faisaient partie de chapitres de femmes. Elles appartenaient à des familles nobles, vivaient dans une maison commune, mais en ayant chacune leur habitation particulière, gardaient le célibat et étaient assujéties à certaines observances ; on leur donnait le titre honorifique de Madame. Il y avait des chanoinesses à Maubeuge, à Remiremont, à Montfleury près de Dijon ; il en existe encore en Allemagne.

CHANONAT, bourg du Puy-de-Dôme, sur l’Auzon, affluent de l’Allier, à 9 k. S. de Clermont-Ferrand ; 1700 h. Source minérale.

CHAN-SI, province de Chine, a pour bornes au N. la grande muraille, à l’O. le Chen-si, à l’E. le Pé-tchi-li, au S. le Ho-nan ; 750 k. sur 300 ; 14 000 000 d’hab. Elle a pour ch.-l. Thaï-youan. Le Hoang-ho ou Fleuve-Jaune la borne à l’O.. et au S., le Fen-ho la traverse. C’est le premier séjour des ancêtres des Chinois, suivant les traditions chinoises.

CHANTAL (Jeanne Françoise FRÉMIOT, dame de), femme célèbre par sa piété, née à Dijon en 1572, d’un président à mortier, morte en 1641, avait épousé Christophe de Rabutin, baron de Chantal. Son mari ayant été tué à la chasse, elle fit vœu, quoique jeune encore, de ne point se remarier, et, après avoir établi ses enfants, elle se consacra tout entière à des œuvres de charité. Elle travailla avec S. François de Sales à l’établissement de l’ordre de la Visitation, dont elle fonda le premier couvent à Annecy en 1610. Clément XI l’a canonisée en 1767. On l’honore le 21 août. Elle a laissé des Lettres, qui ont été publiées en 1660. Sa Vie a été écrite par Daurignac et par Mme de Changy. Mme de Sévigné était petite-fille de Mme de Chantal.

CHANTELLE-LE-CHÂTEAU, ch.-l. de c. (Allier), à 20 k. N. de Gannat ; 1850 h. Ruines d’un ancien château des ducs de Bourbon. CHANTELOUP, beau domaine avec château qu'on voyait à 2 k. d'Amboise, et qui eut pour propriétaires le duc de Choiseul et Chaptal; il est auj. détruit. On établit à Chanteloup la 1re grande fabrique de sucre de betteraves.

CHANTERSIER. V. CHAMPTERCIER.

CHANTILLY, joli bourg du dép. de l'Oise, à 40 k. N. de Paris, sur les bords de la Nonette, affluent de l'Oise; 2416 h. Chemin de fer pour Paris. Vaste pelouse servant aux courses de chevaux. Fabrication de blondes et dentelles noires. Château et parc magnifiques, qui appartenaient aux princes de Condé depuis 1632 (précédemment aux Montmorency). Avant la Révolution on distinguait 2 châteaux, le grand et le petit Chantilly : le 1er a été démoli et on a établi dans le parc des manufactures de porcelaine, des filatures de coton, etc. Quant au domaine de Chantilly, il est devenu par le testament du duc de Bourbon, son dernier possesseur, la propriété du duc d'Aumale (1830). Vendu après 1852, il a été acheté par des banquiers anglais.

CHANTONNAY, ch. de c. (Vendée), à 33 k. E. de Napoléon-Vendée; 1770 h. Houille.

CHAN-TOUNG, prov. de la Chine, à l'E., sur la mer, entre le Pé-tchi-li au N. et le Kiang-sou au S., séparée du Chan-si par le Ho-nan; 660 k. sur 400; 28 000 000 d'hab. Elle a pour ch.-l. Tsi-nan. Elle est très-commerçante. On y cultive beaucoup de mûriers, et on y trouve une espèce de chenille (phalæna serici) qui donne une excellente soie.

CHANTREAU (P. Nic.), laborieux écrivain, né à Paris en 1741, mort en 1808, professa la langue française dans une école militaire d'Espagne pendant 20 ans, puis fut nommé professeur d'histoire à l'école centrale du Gers, et enfin à l'École militaire, alors à Fontainebleau. Il a laissé : Grammaire française à l'usage des Espagnols, Madrid, 1797; Dictionnaire des mots et usages introduits par la Révolution; Voyage dans les trois royaumes d'Angleterre, d’Écosse et d'Irlande; Voyage en Espagne; Tables chronologiques, trad. de l'anglais de Blair, continuées jusqu'en 1795; Table des matières contenues dans les Œuvres de Voltaire (pour le Voltaire de Beaumarchais); Rudiments de l'histoire; la Science de l'Histoire; Histoire de France abrégée, etc.

CHANUT (Pierre), conseiller d'État, né à Riom vers 1600, fut chargé de plusieurs ambassades et résida de 1645 à 1649 à la cour de Suède. Il entretint un commerce de lettres avec la reine Christine depuis l'abdication de cette princesse, et mourut à Paris en 1662, laissant des Mémoires et Négociations, qui furent publiés après sa mort. C'est lui qui fit connaître Descartes à la reine de Suède et qui engagea cette princesse à l'appeler auprès d'elle.

CHAONIE, Chaonia, auj. sandjakat de Delvino, contrée d'Épire, au N. de la Thesprotie, s'étendait le long de la mer, des monts Acrocérauniens à Panormus. Ce pays fut peuplé par des Pélasges. Des colombes y rendaient des oracles dans un bois sacré.

CHAOS, mélange confus de toutes les matières élémentaires avant la formation du monde. Les poëtes le personnifièrent et en firent un dieu, le plus ancien de tous, et père de l'Érèbe et de la Nuit.

CHAOURCE, Catusiacum, ch.-l. de c. (Aube), à 18 kil. S. O. de Bar-sur-Seine ; 1700 hab. Patrie d'Amadis Jamyn, poëte français du XVIe s., traducteur d'Homère, et d'Edmond Richer, controversiste.

CHAPEAUX (les), faction politique en Suède, opposée à celle des Bonnets. V. BONNETS.

CHAPELAIN (J.), poëte français, né à Paris en 1595, mort en 1674, était fils d'un notaire. Il avait de bonne heure acquis de la réputation par quelques poésies et par ses profondes connaissances. Il voulut mettre le sceau à sa gloire par un poëme épique et composa la Pucelle, à laquelle il travailla, dit-on, trente ans ; cette œuvre parut enfin en 1666 : elle eut d'abord un assez grand débit, mais elle fut bientôt jugée; toute la réputation du poëte s'évanouit, et il ne fut plus qu'un type de ridicule. Boileau est un de ceux qui contribuèrent le plus à éclairer le public. Chapelain n'en resta pas moins en crédit à la cour : Richelieu le nomma un des premiers membres de l'Académie, le chargea de rédiger les statuts de la Compagnie et lui donna une pension de mille écus ; Colbert lui laissa le soin de dresser la liste des savants et gens de lettres qui avaient droit aux libéralités de Louis XIV. Chapelain était d'une avarice extrême : il gagna la maladie dont il mourut pour s'être mouillé les jambes un jour d'orage plutôt que de payer une modique rétribution afin de traverser sur une planche un large ruisseau. On a de lui, outre la Pucelle, des Odes, dont quelques-unes ont du mérite, une traduction de Guzman d'Alfarache et des Mélanges. La Pucelle était en 24 chants ; il n'en parut du vivant de l'auteur que 12; on en a publié 8 depuis; les 4 derniers n'ont jamais été imprimés et sont conservés à la Biblioth. impériale. M. Daclin annonce une édition complète des Œuvres de Chapelain (1860).

CHAPEL-HILL, v. des États-Unis (Caroline septentr.), sur le Newhopecreek, à 38 kil. N. O. de Raleigh. Université fondée en 1789.

CHAPELLE. Ce mot, qui désigna d'abord l'oratoire où l'on gardait la chape de S. Denis, fut ensuite étendu à tout endroit où l'on conservait des reliques et devint le nom propre d'un grand nombre de villages bâtis autour de chapelles. V. LA CHAPELLE.

CHAPELLE (Claude Emm. LUILLIER), fils naturel de François Luillier, maître des comptes, naquit en 1621 ou 1626 à La Chapelle-St-Denis près Paris. Il reçut les leçons de Gassendi en même temps que Molière et Bernier. Il se distingua par quelques petites Pièces fugitives en vers et en prose. La délicatesse et la légèreté de son esprit, l'enjouement de son caractère, le firent rechercher des personnes du premier rang et des gens de lettres les plus célèbres. Son Voyage en Provence et en Languedoc (sept. 1656), composé avec Bachaumont, est un des premiers modèles de cette poésie agréable et facile, dictée par le plaisir et l'indolence. Ce spirituel épicurien mourut à 60 ans, à Paris, en 1686. Ses poésies ont été publiées par Lefebvre de St-Marc, 1755, 1 vol. in-12, et par Constant Letellier, 1826, in-8. Son Voyage a été réimprimé par T. de Latour, 1854.

CHAPELIER. V. LE CHAPELIER.

CHAPERONS. On connaît sous ce nom plusieurs factions populaires qui prirent pour signe de ralliement des coiffures ou chaperons de couleur particulière. Le chaperon rouge était couleur de Paris, le chaperon bleu couleur de Navarre. Pendant la captivité du roi Jean, en 1356, les communes de Paris, soulevées contre le Dauphin, qui fut plus tard Charles V, portaient des chaperons mi-partie rouges et bleus. Cette faction s'éteignit en 1358, à la mort du prévôt Marcel, qui en était le chef. — En 1379, les gens des métiers à Gand, qui s'étaient révoltés contre les ducs de Bourgogne, portaient des chaperons blancs. Cette faction se répandit à Paris en 1413, pendant la démence du roi Charles VI; elle était contraire au parti des Armagnacs.

CHAPITRE, le corps des chanoines. V. CHANOINES

CHAPMAN (George), poëte anglais, né en 1557, mort en 1634, était savant dans les langues latine et grecque. Il traduisit en vers anglais l’Iliade (1600) et l’Odyssée (1614). On prétend que Pope a fait de cette traduction un plus grand usage qu'il ne l'a avoué. On a aussi de Chapman 17 pièces dramatiques, qui sont estimées. Ce poëte fut lié avec Shakespeare, Ben-Johnson et Spenser.

CHAPPE D'AUTEROCHE (Jean), de l'Académie des sciences, né à Mauriac en Auvergne en 1722, embrassa l'état ecclésiastique et se consacra à l'astronomie. Il fut envoyé en Sibérie pour observer le passage de Vénus fixé au 6 juin 1761 ; il donna la Relation de son voyage, Paris, 1768, 2 vol. in-4, avec un atlas grand in-fol. Il se rendit ensuite en Californie pour y observer un autre passage de Vénus annoncé pour le 3 juin 1769, et mourut dans ce pays, à San-Lucar, le 1er août suivant. Ses observations furent publiées par Cassini, Paris, 1772, in-4, sous le titre de Voyage de Californie. — Claude Chappe, son neveu, né à Brûlon, dans le Maine, en 1763, mort en 1805, inventa en 1790 le télégraphe aérien, et fut nommé administrateur du nouvel établissement. On lui a contesté le mérite de l’invention (V. AMONTONS) ; il eut du moins celui de l’exécution, et fit en 1793 la 1re application de la télégraphie. — Son frère, Jean Chappe, a donné une Histoire de la Télégraphie, 1824.

CHAPSAL (Charles Pierre), grammairien, né à Paris en 1787, mort en 1858, d’abord employé à l’hôtel de ville, se consacra ensuite à la rédaction d’ouvrages classiques qui ont fait sa réputation et sa fortune. Le principal est une Nouvelle Grammaire française avec Exercices, en collaboration avec Noël, ouvrage plus complet et plus logique que la Grammaire de Lhomond, et qui eut un rapide et légitime succès. Publiée pour la 1re fois en 1823, cette grammaire comptait à la mort de l’auteur plus de 40 éditions. Riche des fruits de son travail, Chapsal se retira au château de Polangis, près de Joinville-le-Pont (Seine), et devint le bienfaiteur de la commune. Il légua en mourant une somme de 80 000 francs pour être distribuée en secours et encouragements aux instituteurs de la banlieue de Paris.

CHAPTAL (Jean Antoine), comte de Chanteloup, né en 1756 à Nogaret (Lozère), mort en 1832, se fit recevoir docteur en médecine à Montpellier ; fut appelé en 1781 à une chaire de chimie qui venait d’être fondée dans cette ville, éleva une fabrique de produits chimiques qui le fit bientôt connaître dans toute l’Europe, et reçut de Louis XVI en 1786 des titres de noblesse. En 1793, il fut appelé à Paris pour diriger la fabrique de poudre de guerre de Grenelle, et déploya dans ces fonctions une incroyable activité. Il professa quelque temps la chimie végétale à l’École polytechnique, fut membre de l’Institut dès la fondation, devint en 1800 ministre de l’intérieur, et signala son administration par un grand nombre de mesures utiles aux progrès de l’agriculture et de l’industrie. Il fut en sortant de charge (1805) nommé sénateur, et devint pair de France sous la Restauration (1819). Chaptal n’a fait aucune découverte du premier ordre, mais il a propagé l’étude de la chimie par ses leçons et ses écrits, et il a fait les plus heureuses applications de la science à l’industrie : on lui doit la fabrication artificielle de l’alun, du salpêtre, de ciments imitant ceux de pouzzolane, le blanchiment à la vapeur, l’art de teindre le coton en rouge d’Andrinople, etc. Il fut un des fondateurs de la Société d’encouragement de l’industrie nationale. Ses principaux ouvrages sont : Éléments de Chimie, 1790 ; Chimie appliquée aux arts, 1806 ; Chimie appliquée à l’agriculture, 1823 ; l’Industrie française, 1819.

CHARAS (Moïse), pharmacien, né à Uzès en 1618, m. en 1698, se fit connaître par des travaux sur la thériaque qui lui valurent le titre de démonstrateur au Jardin du roi, se vit forcé de quitter ce poste comme protestant, alla exercer son art avec un grand succès en Angleterre, en Hollande, en Espagne, mais fut dans ce dernier pays dénoncé à l’inquisition et n’échappa à l’auto-da-fé qu’en abjurant. Il finit ses jours en France, où il fut admis à l’Académie des sciences en 1692. On a de lui : Pharmacopée royale, 1672, ouvrage qui fut traduit dans plusieurs langues ; Traité de la Thériaque, 1668 ; Expériences sur la vipère, 1669. Il recommanda le sel essentiel de vipère (sous carbonate d’ammoniaque) contre la morsure de ce reptile, dont ce sel est en effet resté le meilleur antidote.

CHARAX, auj. Karacaja, cap de la Chersonèse Taurique, au N. E. du Criu-Métopon.

CHARAX PASINI, auj. Karem, v. de la Susiane, près du golfe Persique, sur le Copratès, entre l’Eulæus et le Pasitigris, faisait donner le nom de Characène au pays environnant. Elle fut agrandie par Alexandre, ce qui le fit appeler Alexandria Characenes. Patrie de Denys le Périégète et d’Isidore.

CHARBONNERIE, CHARBONNIERS. V. CARBONARI.

CHARCAS, ville de la Bolivie. V. CHUQUISACA.

CHARDIN (J.), voyageur, né à Paris en 1643, mort près de Londres en 1713, était fils d’un bijoutier protestant. Il fut envoyé jeune en Perse pour y faire le commerce des diamants, en revint en 1670, et y retourna en 1671. Il plut au roi de Perse qui le nomma son marchand, et il profita de son séjour dans ce pays peu connu pour l’étudier avec soin et le faire connaître à ses compatriotes. Voyant à son retour que les Protestants étaient persécutés en France, il se rendit en Angleterre, 1681, et y fut fort bien accueilli par Charles II, qui le nomma son plénipotentiaire en Hollande. Chardin a publié un Voyage en Perse (Londres, 1686 et 1711), fort estimé pour l’intérêt des matières et pour l’exactitude des faits. M. Langlès en a donné une édition plus complète, Paris, 1811, 10 v. in-8. Il paraît que Chardin fut aidé dans la rédaction de son Voyage par Fr. Charpentier, de l’Académie Française.

CHARDIN (J. B. Siméon), peintre de genre, né à Paris en 1699, mort en 1779, était fils d’un menuisier et se forma seul : sa manière, qui procède par empâtements successifs, diffère complètement des traditions de l’Académie. Ses tableaux, un peu dans le goût des Hollandais, reproduisent des scènes d’intérieur et des objets familiers. Ils se distinguent par la vérité, une naïveté charmante, un pinceau léger, un coloris vif et frais, qui donne aux objets un relief surprenant. Son chef-d’œuvre est un Benedicite, qui est au Louvre. Chardin était l’ami de Diderot, qui s’inspirait de ses conseils.

CHARDON (Ordre du), ordre écossais, fondé en 1540 par Jacques V, roi d’Écosse, et renouvelé en Angleterre, après la réunion des deux royaumes, est destiné à la noblesse écossaise et ne compte que 16 membres. Les insignes sont un écusson d’or sur lequel est figuré un S. André portant sa croix, et une plaque représentant un chardon à feuille d’or avec cette devise : Nemo me impune lacesset. — Louis II, duc de Bourbon, avait institué en 1670, à l’occasion de son mariage avec Anne, fille du Dauphin d’Auvergne, un ordre du Chardon qui subsista peu.

CHARDON DE LA ROCHETTE (Simon), philologue et bibliographe, né dans le Gévaudan en 1753, mort à Paris en 1814, fut un des principaux collaborateurs de la Bibliothèque des romans grecs. Il a publié en outre une Histoire de la vie et des ouvrages de La Fontaine, 1811, et des Mélanges de critique et de philologie, 1813 ; a donné une édition abrégée des Racines grecques (1808), et plusieurs éditions d’opuscules rares : Vie de la marquise de Courcelles, 1800 ; le Sémélion, histoire du marquis de Belle-Isle, 1807 ; Histoire secrète du cardinal Richelieu, 1808. Il préparait, quand il mourut, une édition de l’Anthologie, d’après le ms. palatin.

CHARENTE, Carantonus, riv. de France, naît à Chéronnac (Hte-Vienne), arrose les dép. de la Charente et de la Char.-Inf., passe à Ruffec, Angoulême, Jarnac, Cognac, Saintes, Taillebourg, Tonnay-Charente, Rochefort, Soubise ; reçoit la Bonnieure, le Brouage, la Boutonne, et se jette dans l’Océan Atlantique après un cours de 340 kil.

CHARENTE (dép. de la), entre ceux de la Charente-Inf. à l’O., des Deux-Sèvres, de la Vienne, de la Hte-Vienne au N., de la Dordogne au S. ; 5882 kil. carr. ; 379 081 hab. ; ch.-l., Angoulême. Il est formé de l’Angoumois et de petites parties de la Saintonge, du Poitou et de la Marche. Peu de hauteurs, sauf vers Angoulême. Fer en roche et en grains, plomb, bonnes pierres de taille, plâtre ; pâturages ; céréales de toute espèce, colza, chanvre, fruits, marrons, châtaignes, truffes, oranges ; vins propres à la fabrication des eaux-de-vie ; nombreuses brûleries d’eau-de-vie, belles papeteries ; fonderies de fer, de canons, etc. — Ce dép. a 5 arr. (Angoulême, Ruffec, Cognac, Confolens, Barbezieux) : il dépend de la 14e div. militaire, de la cour impériale de Bordeaux et forme le diocèse d’Angoulême.

CHARENTE-INFÉRIEURE (dép. de la), dép. maritime, sur l’Océan, entre ceux de la Vendée au N., de la Gironde au S., de la Charente à l’E. ; 6080 k. carrés (y compris les îles de Ré, Oléron, etc.) ; 481 060 h. ; ch.-l., La Rochelle. Il est formé de la Saintonge propre, de l’Aunis et d’une partie du Poitou. Belles pierres de taille, plâtre, marne fine, tourbe, nombreux marais salants, produisant une grande quantité de sel. Sol plat, sablonneux. Vins, sarrazin, maïs, moutarde, safran, bons légumes, fèves dites de Marennes, etc. Pêche d’huîtres vertes, de sardines ; brûleries d’eau-de-vie, distilleries de liqueurs, raffineries de sucre ; poterie fine, verreries, mégisserie ; grosse draperie, etc. Grand commerce, cabotages, armements pour l’Amérique. - Ce dép. a 6 arrondissements (La Rochelle, Rochefort, Marennes, Saintes, Jonzac, St-Jean-d’Angély) ; il dépend de la 14e division militaire, de la cour impériale de Poitiers et du diocèse de La Rochelle.

CHARENTON, ch.-l. de c. (Cher), à 11 kil. E. de St-Amand ; 1100 hab. Forges.

CHARENTON-LE-PONT, ch.-l. de c. (Seine), à 8 kil. S. E. de Paris, sur la r. dr. de la Marne, vis-à-vis d’Alfort ; 5531 h. Fort (1842) ; 1re station du chemin de Lyon, Anc. château de Gabrielle d’Estrées, auj. détruit. À Charenton-le-Pont est attenant Charenton-St-Maurice, où se trouve la célèbre maison de santé pour les aliénés, fondée en 1741 par Sébastien Leblanc. Les 2 communes réunies ont 5835 h. Au temps de Henri IV, Charenton comptait beaucoup de Protestants : ce prince fit bâtir pour eux un temple célèbre, qui fut détruit en 1685. Charenton a été le théâtre d’un grand nombre de combats pendant les guerres avec l’Angleterre et les guerres de religion. En 1814, ce village fut vaillamment défendu contre les alliés.

CHARÈS, général athénien, fut chargé de plusieurs expéditions contre les Argiens (367 av. J.-C), contre Alexandre, tyran de Phères (359), contre Philippe, roi de Macédoine, et s’allia avec Artabaze, révolté contre le roi de Perse. Remarquable par sa haute taille et sa force, il montra partout une grande bravoure, mais il se fit détester par sa cupidité.

CHARÈS, statuaire grec, natif de Lindos, élève de Lysippe, construisit vers l’an 300 avant J.-C. le fameux colosse de Rhodes.

CHARETTE DE LA CONTRIE (Franç. Athanase), chef vendéen, né à Gouffé, près d’Ancenis, en Bretagne, en 1763, fut d’abord lieutenant de vaisseau. En 1793, lorsque la Vendée se souleva en faveur de la royauté, il se mit à la tête des paysans du canton de Machecoul dans le Poitou, se joignit à Cathelineau, et prit part aux siéges de Nantes et de Luçon, qui furent tous deux fatals à la cause qu’il soutenait. La discorde s’étant mise entre les chefs royalistes, Charette quitta brusquement l’armée avec sa division. Son plus beau fait d’armes, lorsqu’il fut ainsi réduit à combattre seul, est la prise du camp républicain de St-Christophe près de Challans (1794). En 1796, le général Hoche détruisit sa faible armée à Quiberon. Fait lui-même prisonnier, Charette fut aussitôt fusillé à Nantes.

CHARIBERT. V. CARIBERT et ARIBERT.

CHARIDÈME, général grec, chef de mercenaires, natif d’Eubée, se mit successivement au service des Athéniens, du roi de Thrace Cotys et du satrape Artabaze, combattit Philippe de Macédoine et Alexandre, fut excepté, par Alexandre du pardon accordé aux Grecs insurgés, se réfugia auprès de Darius, mais irrita ce prince en lui prédisant sa défaite, et fut mis à mort par son ordre, 333 av. J.-C.

CHARILAUS, roi de Sparte, 898-809 avant J.-C. ? était fils d’Eunome et neveu de Lycurgue. Il n’était pas encore né quand son père mourut. Lycurgue gouverna pendant sa minorité et donna des lois aux Spartiates. Il combattit les Argiens et les Tégéates et fut pris par ces derniers.

CHARISIUS (Flavius Sosipater), grammairien latin, de l’illustre famille Flavia, vivait au IVe s. de J.-C., sous Honorius, et fut préfet de Rome. Il composa un traité complet de grammaire qui ne nous est pas parvenu en entier, et dont les fragments ont été publiés par Fabricius, dans son Recueil des anciens grammairiens, Leipsick, 1563, par Putsche, dans les Grammatici antiqui, Han., 1605, par D. Godefroy, dans les Auctores lat. linguæ, 1632, et H. Keil, dans la collection Teubner, Leipsick, 1857.

CHARITÉ (Frères de la), ordre institué en 1540, par S. Jean-de-Dieu, Portugais, se consacrait au soin des malades. Cet ordre utile, établi d’abord à Grenade en Espagne, se répandit bientôt en Italie ainsi qu’en France, où il pénétra en 1601. Les Frères de la Charité desservaient l’hôpital de la Charité, à Paris, et celui de Charenton. Cet ordre, supprimé en 1790, a été rétabli depuis.

CHARITÉ (Filles ou Sœurs de la), congrégation de religieuses, instituée vers 1617 par S. Vincent de Paul, et introduite à Paris en 1633 par Mme Legras, se consacre au service des malades. Ces Sœurs subsistent encore auj., et desservent plusieurs hôpitaux. On les nomme aussi Sœurs grises, parce qu’elles portaient d’abord un vêtement gris.

CHARITÉ (La), v. de la Nièvre. V. LA CHARITÉ.

CHARITON, écrivain grec du Bas-Empire, dont l’époque est inconnue, natif d’Aphrodisie en Carie, est auteur des Amours de Chæreas et de Callirhoé, roman publié en grec et en latin, avec des notes, par J. Phil. Dorville, Amst., 1750, et dans les Erotici scriptores de la collection Didot ; trad. en français par Larcher, Paris, 1763.

CHARLEMAGNE. V. CHARLES I, roi de France.

CHARLEMONT, v. des Ardennes. V. GIVET.

CHARLEROY, v. forte de Belgique (Hainaut), sur la Sambre, à 72 k. S. de Bruxelles (par ch. de fer) ; 9000 h. Grande exploitation de houille et de marbre. Clouteries, brasseries, fonderies, laminoirs, etc. Fondée sous Charles II roi d’Espagne (1666) ; prise et reprise dans les guerres des Pays-Bas et au temps de la Révolution : elle se rendit à Jourdan en 1794.

CHARLES, Carolus (de l’allemand karl, viril, fort), est un nom commun à un très-grand nombre de personnages historiques que l’on trouvera dans l’ordre suivant : 1o  saints ; 2o  rois de France ; 3o  princes français, ducs de Bourgogne, de Lorraine et rois de Navarre ; 4o  empereurs d’Allemagne ; 5o  rois d’Angleterre ; 6o  rois de Suède ; 7o  rois d’Espagne ; 8o  rois de Naples et des Deux-Siciles ; 9o  ducs de Savoie et rois de Sardaigne ; 10o  personnages divers.

1o  Saints.

CHARLES (S.), dit le Bon, comte de Flandre, fils de S. Canut, roi de Danemark, succéda en 1119 à Baudouin comte de Flandre, qui, pour récompenser ses services dans la Palestine, l’institua son héritier. Ce prince s’unit au roi de France, Louis VI, le Gros, pour repousser l’empereur Henri V (1123) ; réprima dans ses États les meurtres, les violences, garantit le peuple de l’oppression des grands, soulagea les pauvres et se signala par son inépuisable charité. Bertolf Van-der-Straat, prévôt de Bruges, et son neveu, Bouchard, se voyant arrêtés dans leurs déprédations, l’assassinèrent dans l’église de Bruges en 1127. On le fête le 2 mars. - Quelques-uns honorent aussi sous le nom de S. Charles l’empereur Charlemagne. V. CHARLES I, à la série des rois de France.

CHARLES BORROMÉE (S.), cardinal, archevêque de Milan, issu d’une illustre famille de Lombardie, naquit en 1538 à Arona (sur le lac Majeur). Appelé à Rome en 1560 par le pape Pie IV, son oncle, il fut revêtu de la pourpre dès l’âge de 23 ans, fut comblé de dignités et de richesses, et obtint une grande influence dans les affaires de l’Église. Il fut l’âme du concile de Trente, s’attacha dans ce concile à réformer les abus qui s’étaient introduits dans l’Église, et fit rédiger le célèbre catéchisme connu sous le nom de Catéchisme de Trente (1566). Nommé archevêque de Milan, il se démit de toutes ses autres charges pour aller résider dans son diocèse ; il y donna l’exemple de toutes les vertus et rétablit partout la discipline. Un des ordres qu’il voulait réformer, l’ordre des Humiliés, tenta de le faire assassiner, mais il échappa heureusement aux coups de l’assassin. Lors de la peste qui désola Milan en 1576, il accourut dans cette ville du fond de son diocèse, et bravant la contagion, porta partout des secours et des consolations. Il mourut en 1584, à 46 ans, épuisé par les fatigues et les austérités. Il s’opéra des guérisons miraculeuses sur son tombeau. Paul V le canonisa. On l’honore le 4 nov. S. Charles a laissé des traités théologiques qui ont été recueillis en 5 vol. in-fol., Milan, 1747. On y remarque ses Instructions aux Confesseurs, et les Actes de l’église de Milan. Sa Vie a été écrite par Giussani, par Godeau et par le P. Touron, 1761. Une statue colossale lui a été érigée à Arona. — Le cardinal Frédéric Borromée, son cousin, archevêque de Milan de 1595 à 1631, fonda dans cette ville vers 1600 la célèb. biblioth. Ambrosienne.

2o  Rois de France.

CHARLES-MARTEL, duc d’Austrasie, fils naturel de Pépin d’Héristal, et père de Pépin le Bref, né en 689, mort en 741, fut proclamé duc en 714, à la mort de son père, et régna longtemps sur toute la France avec le simple titre de maire du palais. Il défit en différents combats Rainfroi, maire de Neustrie, qui gouvernait au nom de Chilpéric II, roi de France, et substitua à ce prince un enfant du sang royal, Clotaire IV, afin de régner sous son nom. Ce dernier étant mort, Charles se fit livrer Chilpéric II, qu’il avait déjà battu lui-même à Vincy, 717, et à Soissons, 719 ; il lui laissa néanmoins la couronne et se contenta du titre de maire du palais. Charles vainquit les Saxons, les Frisons, soumit la Thuringe et la Bavière et remporta en 732, entre Tours et Poitiers, une victoire complète sur les Sarrasins, qui, sous la conduite d’Abdérame, avaient envahi la France. On prétend qu’on lui donna le surnom de Martel, parce qu’il avait écrasé comme avec un marteau ces formidables ennemis. Il reçut du pape Grégoire III les titres de patrice et de consul. Charles-Martel, en mourant, partagea ses États entre ses trois fils aînés, Carloman, Grifon et Pépin le Bref, mais sans leur donner le titre de roi, qu’il n’avait pas pris lui-même.

CHARLES I, dit Charlemagne, c.-à-d. Charles le Grand, roi de France et empereur d’Occident, fils de Pépin le Bref, naquit en 742. Après la mort de son père, en 768, il partagea d’abord le roy. avec son jeune frère Carloman, et eut pour sa part la Neustrie, l’Aquitaine et la portion occid. de l’Austrasie ; mais il demeura seul possesseur de tout le roy. à la mort de Carloman, en 771. Il avait remporté dès 770 une victoire complète sur les peuples d’Aquitaine, qui voulaient se rendre indépendants. Lorsqu’il se trouva seul maître de la France, il étendit partout ses conquêtes. Il fit, à partir de 772, une guerre acharnée aux Saxons, qui, commandes par Witikind, lui opposèrent une vigoureuse résistance, et il n’acheva de les soumettre qu’en 804 ; il se vit même contraint, pour prévenir leurs révoltes, d’en transplanter les habitants. En 774, il défit Didier, roi des Lombards, qui menaçait le pape, et s’empara de ses États. Il passa en Espagne en 778, et, malgré un échec subi à Roncevaux par son arrière-garde, que commandait Roland, son neveu, il remporta plusieurs victoires sur les Sarrasins et conquit toute la Catalogne. En 788, il réduisit Tassillon, duc de Bavière, qui conspirait contre lui avec les Saxons, et ajouta ses États à son empire. De 791 à 798, il détruisit l’empire des Avares. En 800, Léon III le couronna empereur d’Occident. En 813, il associa son fils Louis à l’empire. Il mourut peu après, en 814. Le vaste empire de Charlemagne était borné à l’O. par l’Océan Atlantique, au S., par l’Èbre, en Espagne, par le Volturno, en Italie ; à l’E. par la Saxe, la Theiss, les monts Krapacks et l’Oder ; au N. par la Baltique, l’Eyder, la mer du Nord et la Manche ; l’empereur résidait le plus souvent à Aix-la-Chapelle. Il faisait visiter chaque année toutes les provinces de son vaste empire par des Missi dominici, hauts commissaires chargés d’en assurer l’unité et de faire respecter partout le pouvoir central. Ce souverain mérita le titre de Grand, non-seulement par ses conquêtes, mais aussi par ses sages institutions. Il fut le restaurateur des lettres ; il attira en France par ses libéralités les savants les plus distingués de l’Europe, fonda dans son palais même la première Académie qu’on eût vue dans les Gaules, l’École palatine, que dirigeait Alcuin, et s’honora d’en être membre lui-même (il y avait pris le nom de David). Il établit des écoles où l’on enseignait la grammaire, l’arithmétique, la théologie et les humanités. C’est à Charlemagne que la France dut ses premiers progrès dans la marine ; il fit creuser plusieurs ports. Il favorisa aussi l’agriculture et s’immortalisa par la sagesse de ses lois, dont le recueil est connu sous le nom de Capitulaires. (V. ce mot). On a de Charlemagne des Lettres ; on lui attribue une grammaire et quelques écrits littéraires et théologiques, que tout au plus il inspira. - Cet empereur fut mis au nombre des saints par l’antipape Pascal III ; sa fête fut fixée au 28 janvier. Il est le patron de l’université de Paris, qui le fête encore annuellement. L’histoire de Charlemagne a été écrite en latin par Éginhard, qui avait été son secrétaire ; en français par Gaillard, 1785, en allemand par Hegewisch, 1791.

CHARLES II, dit le Chauve, roi de France, fils de Louis le Débonnaire et de Judith de Bavière, sa 2e femme, né à Francfort-sur-le-Mein en 823, reçut de son père dès 827 le titre de roi d’Alémanie, en 838 celui de roi d’Aquitaine, et devint roi de France en 840. Les faveurs qui lui avaient été accordées au détriment de ses aînes furent la cause des troubles qui agitèrent la fin du règne de Louis et de la mésintelligence qui exista entre ses frères. Il s’unit à Louis le Germanique pour combattre Lothaire, leur frère aîné, qui voulait les exclure du partage de l’empire, et tous deux remportèrent en 841 la bataille de Fontenay en Bourgogne, dont le résultat fut un partage égal de l’empire entre les trois frères (traité de Verdun, 843) : Charles eut la France. Il y réunit dans la suite, soit par conquête, soit par héritage, plusieurs autres États, notamment la Provence et la Lotharingie, qu’il dut néanmoins partager avec Louis le Germanique (traité de Mersen) ; il se fit couronner empereur en 875 par le pape Jean VIII. Ce prince vit son royaume désolé par les Normands, auxquels il donna de grosses sommes pour les engager à se retirer. La nation, mécontente, le déposa en 856 ; mais il se fit rétablir en 859 par l’appui des évêques. Il eut plusieurs guerres à soutenir pour conserver l’Aquitaine, qu’il détenait au préjudice de son oncle Pépin II. S’étant rendu en Italie pour concerter avec le pape les moyens de repousser les attaques des Sarrasins, il fut forcé de revenir en France pour soutenir une guerre contre ses neveux, fils de Louis le Germanique, qu’il avait dépouillés après la mort de leur père ; il se fit battre à Andernach, 876. Il fut peu après saisi d’une violente maladie, et mourut, en 877 au village de Brios au pied du mont Cenis : on prétendit qu’il avait été empoisonné par son médecin Sédécias. C’est de Charles le Chauve que date la puissance féodale (V. QUIERZY-SUR-OISE) et l’affaiblissement de la race carlovingienne. Il a laissé des capitulaires, qui ont été joints à ceux de Charlemagne.

CHARLES, dit le Gros, régent de France sous Charles le Simple. V. CHARLES III, empereur.

CHARLES III, dit le Simple, fils posthume de Louis le Bègue, né en 879. Après la mort de Louis III et de Carloman, ses frères, auxquels il devait succéder, les seigneurs disposèrent de la couronne en faveur de l’empereur Charles le Gros. Quand celui-ci eut été déposé en 887, Charles le Simple ne fut cependant point appelé au trône, et Eudes, comte de Paris, fut élu roi. Néanmoins, Charles parvint à se faire sacrer à Reims en 893, et partagea quelque temps le trône avec Eudes. À la mort de ce seigneur (898), il resta seul roi. Incapable de résister aux Normands, il se vit contraint, par le traité de St-Clair-sur-Epte, de leur abandonner une partie de la Neustrie (Normandie), et de donner à Rollon, leur chef, la main de sa fille Gisèle, 911. Les seigneurs s’étant révoltés (922-23), à cause de la tyrannie qu’exerçait Haganon, favori du roi, Charles les combattit et tua Robert, frère du roi Eudes, qui s’était mis à leur tête ; mais il fut vaincu à son tour par Hugues le Grand, fils de Robert. Il se sauva auprès d’Herbert, comte de Vermandois ; mais celui-ci le retint prisonnier au château de Péronne, où il resta enfermé jusqu’à sa mort, en 929. Il laissait un fils connu sous le nom de Louis d’Outremer. Sous ce règne, les grands vassaux se rendirent de plus en plus indépendants.

CHARLES IV, dit le Bel, 3e fils de Philippe le Bel, né en 1294, monta sur le trône en 1322, à la mort de son frère Philippe le Long, et ajouta au titre de roi de France celui de roi de Navarre, comme héritier de Jeanne, reine de cet État. Trouvant le trésor royal épuisé par les abus du règne précédent, il punit sévèrement et dépouilla les financiers lombards qui avaient commis toutes sortes d’exactions. Il ne traita pas avec moins de rigueur les mauvais juges et les seigneurs qui s’emparaient du bien des particuliers. Charles le Bel eut avec Édouard II, roi d’Angleterre, de sanglants démêlés au sujet de l’hommage que ce prince lui devait pour la Normandie. Il eut aussi à combattre quelques seigneurs de Gascogne qui, soutenus par les Anglais, avaient fait des incursions sur le domaine de la France (1324) : cette guerre est dite la guerre des Bâtards, parce que les Gascons avaient pour chefs des bâtards de la noblesse. Charles IV n’eut que des filles, et à sa mort (1328), la couronne passa à une branche collatérale dans la personne de Philippe de Valois.

CHARLES V, dit le Sage, fils aîné du roi Jean, né en 1337, gouverna le royaume en qualité de régent pendant la captivité de son père, de 1358 à 1360, lui succéda en 1364, et mourut en 1380. Il fit la guerre avec succès à Édouard III, roi d’Angleterre, qui avait envahi la France, puis à Pierre le Cruel, roi de Castille, et força le roi de Navarre à renoncer à l’alliance d’Édouard. Témoin des malheurs causés par la captivité de son père, il s’était fait une loi de ne point commander ses troupes en personne ; il dirigeait tout du fond de son cabinet. Il eut pour généraux Olivier de Clisson, Bertrand Du Guesclin et Boucicaut, qui l’aidèrent à reconquérir presque tout le royaume. Après la victoire, il sut délivrer le royaume des Grandes Compagnies (V. ce nom), dont il avait dû accepter le secours. Charles V réunit à la couronne le Poitou, la Saintonge, le Rouergue, une portion du Limousin, le comté de Ponthieu et la Guyenne ; mais les Anglais possédaient encore à sa mort Bordeaux, Calais, Cherbourg, Bayonne et plusieurs forteresses. Il fixa la majorité des rois de France à 14 ans (1374), institua l’appel comme d’abus, créa la Chambre du Trésor, supprima des impôts onéreux, et fonda la Bibliothèque royale. Il fit construire la Bastille, établit les armées permanentes et favorisa la marine et le commerce. Sa Vie a été écrite par l’abbé de Choisy ; La Harpe a composé son Éloge.

CHARLES VI, le Bien-Aimé et l’Insensé, fils de Charles V, né en 1368, m. en 1422, reçut le Dauphiné en apanage, et succéda à son père en 1380, âgé de 12 ans, mais il ne régna par lui-même qu’à 20 ans. Il avait été marié dès l’âge de 16 ans à Isabeau de Bavière. Sa minorité fut troublée par les querelles des ducs d’Anjou, de Bourgogne, de Berry et de Bourbon, ses oncles, qui se disputaient le pouvoir ; la ville de Rouen se révolta ; dans Paris, des assassins, connus sous le nom de Maillotins, assommaient les financiers avec des maillets de fer, 1381. En 1382, Charles prit part à la bat. de Rosbecque, où Clisson battit les Flamands révoltés. En 1392, il marcha contre le duc de Bretagne qui donnait asile à l’assassin de Clisson ; mais, en traversant la forêt du Mans par un soleil ardent, il fut effrayé par une apparition subite qui lui fit perdre la raison. Pendant sa démence, on le laissa languir dans l’abandon et la misère et ses oncles reprirent la régence. La guerre civile recommença : le duc d’Orléans, frère du roi, et gendre du duc d’Armagnac, ayant été assassiné par les ordres de Jean sans Peur, duc de Bourgogne (1407), toute la France se divisa en deux partis, les Armagnacs, partisans du duc d’Orléans, et les Bourguignons, partisans du duc de Bourgogne ; quelques années après, le duc de Bourgogne fut assassiné par représailles, 1419. Henri V, roi d’Angleterre, profitant de ces troubles, avait armé contre la France : il remporta la victoire d’Azincourt (1415), et s’empara de la Normandie ; puis s’alliant, par le traité de Troyes (1420), avec le jeune duc de Bourgogne, Philippe le Bon, qui avait à venger le meurtre de son père, et avec la reine Isabeau elle-même, il se fit couronner roi de France (1421), après avoir épousé Catherine, fille de Charles VI. Ce malheureux prince conservait néanmoins le titre de roi : son fils (Charles VII) gouvernait en qualité de régent le peu d’États qui lui restaient.

CHARLES VII, le Victorieux, fils de Charles VI, né en 1403, gouverna quelque temps pendant la démence de son père ; mais, forcé de fuir Paris, où le parti du duc de Bourgogne avait le dessus, il se retira à Bourges (d’où les Anglais le nommèrent par dérision le Roi de Bourges). Il prit le titre de régent, soumit plusieurs villes et établit un parlement. Lorsque le duc de Bourgogne eut été assassiné (1419), Charles fut accusé de complicité dans ce meurtre, et se vit déshérité (1420). À la mort de son père (1422), il ne s’en fit pas moins reconnaître roi. Après quelques années perdues dans les plaisirs et l’oisiveté, il résolut de chasser les Anglais, et il y réussit avec l’aide de braves généraux tels que Dunois, Lahire, Xaintrailles, Barbazan, Richemont, mais surtout avec le secours miraculeux de Jeanne d’Arc. Il parcourut les provinces méridionales, s’empara de plusieurs places et obtint sur la Loire quelques succès contre les Anglais : Jeanne d’Arc les força à lever le siége d’Orléans (1429), et Charles put la même année se faire couronner à Reims. Ce prince enleva ensuite aux Anglais toutes leurs possessions en France, à l’exception de Calais (1448-1453). Paris s’était rendu de lui-même au roi en 1436. Les dernières années de Charles VII furent troublées par l’ambition de son fils (Louis XI) et par la révolte de la Praguerie, à laquelle ce prince eut la plus forte part ; frappé de la crainte d’être empoisonné par ce fils dénaturé, il se laissa mourir de faim (1461). Ce monarque gouverna avec habileté et économie ; il assura la solde et la discipline de l’armée, donna, en 1438, la Pragmatique-Sanction de Bourges, qui avait pour but de fixer les privilèges de l’église de France, réorganisa le parlement de Paris, créa ceux de Grenoble et de Toulouse, et fit réformer l’Université par le cardinal d’Estouteville. On lui reproche son faible pour les femmes : la belle Agnès Sorel posséda longtemps son amour. Jean et Alain Chartier ont écrit la Chronique de Charles VII ; Vallet de Viriville a donné son Histoire, 1863. On doit à M. Dansin des Études sur le gouvt de Ch. VII, 1856.

CHARLES VIII, dit l’Affable, fils de Louis XI, né en 1470, monta sur le trône à 13 ans, n’ayant eu d’autre éducation que la lecture des romans de chevalerie. La tutelle fut confiée à sa sœur, Anne de France, dame de Beaujeu, malgré les prétentions de Louis, duc d'Orléans. Il épousa en 1491 Anne, héritière de Bretagne, et assura ainsi cette importante province à la France. Jeune et ambitieux, il voulut conquérir le royaume de Naples, faisant valoir des droits que les derniers princes de la maison d'Anjou avaient légués à sa famille. Il fit en effet cette conquête avec une étonnante rapidité, et se rendit maître de Naples cinq mois après son départ (1495); mais le pape, l'empereur, les Vénitiens, Sforce, duc de Milan, Ferdinand d'Aragon, Isabelle de Castille, s'étant ligués contre lui, il se vit à son retour attaqué près de Fornoue par 40 000 confédérés : il les battit avec 9000 hommes, et réussit à rentrer dans ses États ; mais les troupes qu'il avait laissées à Naples en furent bientôt chassées, et il perdit sa conquête plus vite encore qu'il ne l'avait faite. Il mourut en 1498. Comme il ne laissait pas d'enfants, le duc d'Orléans, son cousin, lui succéda sous le nom de Louis XII. Godefroy et Philippe de Ségur ont écrit son Histoire.

CHARLES IX, 2e fils de Henri II et de Catherine de Médicis, né en 1550, succéda à son frère François II en 1560. La régence fut confiée à Catherine de Médicis dont les intrigues troublèrent la France. Sous ce règne, le royaume fut déchiré par les guerres des Catholiques et des Protestants : le colloque de Poissy, où l'on tenta de concilier les deux partis (1561), n'ayant produit aucun résultat, les Protestants prirent les armes, ayant à leur tête le prince de Condé; après quelques succès, ils furent battus à Dreux par le duc de Guise (1562), à St-Denis par le connétable de Montmorency (1567), à Jarnac et à Moncontour par le duc d'Anjou, depuis Henri III (1569). Enfin, la paix fut signée à St-Germain (1570), et le mariage de la sœur du roi avec un jeune prince protestant, le roi de Navarre, depuis Henri IV, semblait être le gage d'une réconciliation durable, lorsque dans la nuit de la St-Barthélemy (24 août 1572), et pendant les réjouissances mêmes du mariage, Charles IX, cédant aux instigations de sa mère, ordonna le massacre des Protestants sur tous les points de la France à la fois. Ce roi fanatique encourageait lui-même les meurtriers : on dit même qu'il tira sur les Protestants des fenêtres du Louvre; il insulta aux restes de Coligny. Il mourut en 1574, victime de ses débauches et déchiré de remords. C'est sous son règne que fut rendue, sur la proposition de L'Hôpital, l'ordonnance de Moulins (1566), qui réglait les successions et déclarait le domaine royal inaliénable. Ce prince, qui avait reçu les leçons d'Amyot, était instruit et cultivait les lettres : on a de lui de jolis vers et un traité de la Chasse royale, publié pour la 1re fois en 1625, réimprimé par H. Chevreul, 1858.

CHARLES X. Ce nom fut donné par les Ligueurs au cardinal de Bourbon. V. BOURBON (cardinal de).

CHARLES X (Charles Philippe), roi de France, né en 1757 à Versailles, mort en 1836, à Gœritz, en Illyrie, était le 4e fils du Dauphin, fils de Louis XV, et était frère de Louis XVI et de Louis XVIII; il porta avant son avènement le titre de comte d'Artois. Il émigra des premiers, en 1789, parcourut les diverses cours de l'Europe pour chercher des défenseurs à la cause royale et assista aux conférences de Pilnitz, 1791. Nommé par Monsieur lieutenant général du royaume après la mort de Louis XVII, il voulut opérer, avec le secours des Anglais, un débarquement a l'Ile-Dieu sur les côtes de la Vendée (1795), mais il n'y put réussir. En 1814, il pénétra en Franche-Comté, à la suite des alliés, et fit son entrée à Paris le 12 avril. Au premier moment, il sut se concilier les esprits par l'aménité de ses manières; mais il se perdit bientôt dans l'opinion en signant, avec un empressement que condamna Louis XVIII même, un traité qui enlevait à la France toutes les places conquises depuis 1792. Après le 2e retour de Louis XVIII (1815), il se tint éloigné des affaires et employa tout son temps soit à la chasse qui était pour lui une passion, soit à des pratiques religieuses; néanmoins il était le chef occulte du parti ultra-royaliste. La mort de Louis XVIII l'appela au trône en 1824; il fut sacré à Reims l'année suivante. Il débuta par quelques mesures libérales et abolit la censure des journaux, mais il ne tarda pas à se jeter dans les bras des ultra-royalistes, dont M. de Villèle était le chef, et s'aliéna l'opinion par la loi du sacrilège, la concession d'un milliard d'indemnité aux émigrés, le licenciement de la garde nationale, le rétablissement de la censure (1825-27). Pour calmer les mécontents, il forma en janvier 1828 un ministère modéré, présidé par M. de Martignac. Ce ministère réparateur avait déjà réussi à ramener les esprits, lorsqu'il fut brusquement congédié et remplacé, le 8 août 1829, par le ministère Polignac, qui fit renaître toutes les défiances. En effet, peu de mois après, et malgré le respectueux avertissement donné par l'adresse des 221 députés, parurent des ordonnances qui dissolvaient les chambres, convoquaient les colléges électoraux en changeant de mode d'élection, et suspendaient la liberté de la presse (25 juillet 1830). Ces ordonnances inconstitutionnelles excitèrent immédiatement un soulèvement universel, et en trois jours Charles X fut renversé du trône (27, 28 et 29 juillet 1830). Il abdiqua en faveur de son petit-fils, le duc de Bordeaux, mais cette abdication tardive resta sans effet. Deux événements glorieux se sont accomplis sous le règne de Charles X : l'intervention en faveur des Grecs, qui eut pour résultat la victoire de Navarin (6 juillet 1827) et amena l'affranchissement de la Grèce (1830); l'expédition contre le dey d'Alger, qui avait insulté notre consul, expédition que couronna la prise d'Alger (6 juillet 1830). Le roi déchu se retira d'abord au château d'Holy-Rood, en Écosse, puis à celui de Hradschin près de Prague, et enfin à Gœritz, où il mourut dans sa 80e année. Ce prince avait épousé en 1773 Marie-Thérèse de Savoie, dont il avait eu deux fils, le duc d'Angoulême et le duc de Berry, assassiné en 1820.

Princes français et rois de Navarre.

CHARLES DE FRANCE, dit aussi CHARLES DE LORRAINE, 2e fils de Louis d'Outremer, et frère de Lothaire, n'obtint, à la mort de son père, aucune part dans ses États; il reçut en 977 de l'empereur Othon II le duché de Basse-Lorraine (Brabant), sur lequel il avait des droits par sa mère, et consentit à en faire hommage à l'empereur. Le trône de France étant venu à vaquer en 987, par la mort de son neveu Louis le Fainéant, Charles devait y être appelé comme le plus proche parent mâle, mais Hugues Capet le fit exclure, par la raison qu'il était vassal de l'empire. Charles tenta tardivement de faire valoir son droit par les armes; après avoir obtenu quelques avantages, il fut pris dans la ville de Laon en 991, et renfermé dans la tour d'Orléans, où il mourut en 993. Il laissait deux fils, qui se fixèrent en Allemagne et dont la postérité s'éteignit obscurément au XIIIe s.

CHARLES DE VALOIS, fils de Philippe le Hardi, né en 1270, eut en apanage les comtés de Valois et d'Alençon (1285). Il devint en 1290 comte d'Anjou, du Maine et du Perche, par son mariage avec Marguerite , fille aînée de Charles II d'Anjou, roi nominal de Sicile; par un 2e mariage, contracté avec l'héritière de Baudouin II, dernier roi latin de Constantinople, il avait aussi des prétentions sur ce trône. Il avait été investi en 1283 du titre de roi d'Aragon, auquel le pape Boniface VIII ajouta celui de vicaire du St-Siége. Quelques succès qu'il obtint en Italie contre les ennemis du pape lui valurent en outre le surnom de Défenseur de l'Église. Envoyé en 1324 par le roi de France, Charles le Bel, son neveu, pour enlever la Guyenne et la Flandre au roi d'Angleterre Édouard II, il contribua, par la prise de plusieurs villes, à accélérer là paix, qui fut conclue entre le roi de France et la sœur de ce prince, Isabelle, reine d'Angleterre. Il mourut l'année suivante à Nogent, laissant un fils qui monta sur le trône de France sous le nom de Philippe VI, et commença la branche de Valois. On a dit de Charles qu'il fut fils de roi, frère de roi, oncle de rois, père de roi et jamais roi. — Un autre Charles de Valois, duc d'Angoulême, puis comte d'Auvergne, fils naturel de Charles IX et de Marie Touchet, 1573-1650, fut emprisonné en 1604 comme ayant conspiré contre Henri IV, recouvra sa liberté sous Louis XIII, et combattit vaillamment en Languedoc, en Allemagne et en Flandre. On a de lui des Mémoires sur les règnes de Henri III et Henri IV, Paris, 1662.

CHARLES D'ANJOU, frère de Louis IX, et roi de Naples. V. ci-après la série des Rois de Naples.

CHARLES D'ANJOU, comte du Maine, 3e fils de Louis II d'Anjou, roi de Naples et de Sicile, était le beau-frère et le favori de Charles VII, qu'il accompagna dans diverses expéditions de 1449 à 1452. Lors de l'avénement de Louis XI, il parut s'attacher à ce monarque, qui le chargea de régler ses différends avec le duc de Bretagne ; mais sa négociation n'aboutit qu'à envenimer la haine des deux partis. Il tint une conduite encore plus équivoque pendant la Ligue dite du Bien-Public, soit en Normandie, où il négligea de contenir les Bretons, soit à la bataille de Montlhéry, où il abandonna le roi et prit la fuite. Néanmoins, Charles, dont la lâcheté ou la perfidie paraissait devoir être punie du dernier supplice, ne subit que la disgrâce de Louis XI, intéressé à ménager le roi de Sicile René, frère de Charles. Il mourut en 1472.

CHARLES D'ANJOU, comte du Maine et duc de Calabre, fils du précéd. et dernier rejeton de la maison d'Anjou, fut investi du duché de Provence par le testament de son oncle René, mort en 1480 ; mais il mourut peu après, 1481, par suite de la douleur que lui causa la perte de sa femme. Il avait hérité des prétentions de ses ancêtres sur le trône de Naples, et portait comme roi de Naples le titre de Charles IV. Il légua à Louis XI sa souveraineté de Provence et ses prétentions sur Naples.

CHARLES DE BLOIS ou DE CHÂTILLON, fils de Marguerite, sœur de Philippe de Valois, épousa en 1337 Jeanne de Penthièvre, fille de Gui, et nièce de Jean III, duc de Bretagne. Les conditions du mariage furent que Charles de Blois prendrait le nom et les armes de Bretagne et qu'il succéderait au duc Jean III, qui n'avait pas d'enfants. La plupart des seigneurs et des barons lui prêtèrent foi et hommage, comme à l'héritier présomptif de leur souverain ; mais Jean, comte de Montfort, frère du duc de Bretagne, prétendait hériter de ses États. A la mort du duc (1341), il s'alluma entre les deux compétiteurs une guerre sanglante qui dura 23 ans ; elle se termina en 1364 par la mort de Charles de Blois, qui fut vaincu et tué à la bataille d'Auray. Pendant cette longue lutte, dans laquelle la France soutenait Charles, tandis que l'Angleterre appuyait son rival, on vit briller plusieurs guerriers célèbres, Gautier de Mauni, Beaumanoir, Du Guesclin et Chandos. Charles ayant été pris en 1346, au combat de La Roche-Darrien, et enfermé dans la Tour de Londres, sa femme, Jeanne de Penthièvre, continua la guerre, jusqu'au retour de son mari, contre Jeanne de Flandre, femme du comte de Montfort.

CHARLES DE BOURBON, connétable. V. BOURBON.

CHARLES D'ORLÉANS, DE GUYENNE. V. ORLÉANS, etc.

CHARLES LE TÉMÉRAIRE, duc de Bourgogne, fils de Philippe le Bon, né en 1433, porta d'abord le titre de comte de Charolais et se signala de bonne heure par son courage et sa haine contre Louis XI. Il entra dans la Ligue du Bien-Public formée contre ce prince, et lui livra la bataille de Montlhéry (1465). Devenu duc de Bourgogne en 1467, il punit avec rigueur les Liégeois qui s'étaient révoltés contre leur évêque, son parent et son allié. Ayant appris que Louis XI, qui négociait avec lui à Péronne, excitait de nouveau les Liégeois à la révolte, il attira ce prince dans une conférence à Péronne et le força à l'accompagner contre eux et à l'aider à les soumettre (1468). Tout son règne fut rempli par ses guerres avec le roi de France (dont il était le plus puissant vassal, et contre lequel il chercha à susciter l'empereur et le roi d'Angleterre), et par les efforts qu'il fit pour agrandir ses États aux dépens de ses voisins, surtout de la Suisse et de la Lorraine. Il fut battu par les Suisses en plusieurs rencontres, notamment à Granson, puis à Morat, où son armée fut exterminée (1476), et il trouva peu après la mort sous les murs de la ville de Nancy qu'il disputait au duc de Lorraine (1477). Il laissa une fille, Marie de Bourgogne, qui hérita de ses États et en porta une partie dans la maison d'Autriche, par son mariage avec Maximilien, fils de l'empereur Frédéric III.

CHARLES I (ou II en comptant pour Ier duc Charles de Lorraine), duc de Lorraine, fut élevé à la cour de France sous Charles V, régna de 1391 à 1431, soutint les droits à l'empire de son beau-père Robert contre Wenceslas; combattit dans les rangs de l'armée française à la journée d'Azincourt, et fut fait connétable en 1417.

CHARLES II (ou III), dit le Grand, duc de Lorraine, fils du duc François I et de Christine de Danemark, nièce de Charles-Quint, né à Nancy en 1543, n'avait que 3 ans lorsque son père mourut. Sa mère Christine fut déclarée régente. Ce prince fut le bienfaiteur de son peuple et le législateur de son pays ; il fonda les villes de Clermont en Argonne, Lunéville, Stenay, et arrêta le plan de la ville de Nancy. Il avait épousé Claude, fille du roi de France Henri II, et prétendit au trône en 1589.

CHARLES III (ou IV), fils du précéd., né en 1604, duc de Lorraine en 1624, se mit imprudemment en hostilité avec la France et fut dépouillé de ses États par Louis XIII (1631). Il en recouvra une partie par les traités de St-Germain (1641) et des Pyrénées(1659); mais il en fut chassé de nouveau par Louis XIV pour avoir violé ces traités et être entré dans la coalition contre la France. Il mourut en 1675, après avoir remporté une victoire à Consarbruck sur le maréchal de Créqui. Il n'avait pas d'enfants. Par un testament signé en 1660, il avait institué Louis XIV son héritier.

CHARLES IV (ou V), né à Vienne en 1643, m. en 1690, était neveu du préc., et succéda à ses droits en 1675, malgré l'opposition de Louis XIV. Ne pouvant se mettre en possession de ses États, il prit du service en Autriche. Il fut un des meilleurs généraux de l'empire, battit les Turcs sous les murs de Vienne, leur prit Bude et gagna sur eux la victoire de Mohacz (1687). L'empereur Léopold lui avait donné la main de sa sœur, l'archiduchesse Marie-Éléonore.

CHARLES Ier, roi de Navarre, le même que CHARLES IV, roi de France, roi de Navarre du chef de sa mère.

CHARLES II, dit le Mauvais, né en 1332, était arrière petit-fils de Philippe III, et devint roi de Navarre en 1349, à la mort de sa mère Jeanne de Flandre. Ayant des droits sur la couronne de France en cas d'extinction de la branche de Valois, il ne cessa de fomenter des troubles en France, dans l'espoir d'arriver au trône. Il s'allia dans ce but avec le roi d'Angleterre, éleva des prétentions sur plusieurs provinces, souleva Paris, de concert avec Ét. Marcel, contre le Dauphin (Charles V), tenta même de l'empoisonner (1377), et ne resta tranquille qu'après avoir été battu à Cocherel par Du Guesclin (1364) et quand il vit le roi solidement établi sur le trône. Il se tourna alors vers l'Espagne, et eut de longs démêlés avec Pierre le Cruel et Henri de Transtamare, qui se disputaient la Castille. Trahissant tous les partis à la fois, il se fit tant d'ennemis qu'il fut forcé pour se tirer d'affaire d'abandonner une portion de ses États (1379). Instruit enfin par l'adversité, il passa ses dernières années en paix, ne s'occupant que de l'administration de son royaume. Il mourut en 1387. Il avait épousé une fille du roi Jean.

CHARLES III, dit le Noble, fils du préc., lui succéda en 1387, et s'appliqua à vivre en paix avec ses voisins. Il renonça aux prétentions de son père sur plusieurs provinces de France (1404), et reçut en dédommagement des sommes considérables. Il mourut en 1425 après un règne long et paisible.

4o  Empereurs d’Allemagne.

CHARLES I et CHARLES II. V CHARLEMAGNE et CHARLES-LE-CHAUVE à la série des rois de France.

CHARLES III, dit le Gros ou le Gras, 3e  fils de Louis le Germanique, né en 832, roi d’Alémanie en 876, empereur en 881, réunit en 882 tout le patrimoine de son père par suite de la mort de ses deux frères, Carloman, roi de Bavière, et Louis, roi de Saxe. Des bandes normandes étant venues ravager la Lorraine, il les éloigna en achetant la paix au lieu de les combattre. Nommé régent de la France (884) pendant la minorité de Charles le Simple, et lorsque les Normands envahissaient la Neustrie, il traita encore avec ces barbares, et ne les éloigna qu’en leur payant une somme de 700 liv. d’argent. Il s’attira, par cette lâche conduite, le mépris universel, se vit abandonné par son armée et fut déposé solennellement à la diète de Tribur en 887. Il mourut l’année suivante à l’abbaye de Reichnau, dans un abandon universel.

CHARLES IV, empereur, né en 1316, mort en 1378. fils de Jean de Luxembourg, roi de Bohême, et petit fils de l’empereur Henri VII, fut couronné roi de Bohême en 1346, et empereur l’année suivante. Il publia la fameuse Bulle d’Or (1356), qui jusqu’à nos jours a été la loi fondamentale de l’empire germanique. Charles IV montra une grande condescendance envers le pape et le clergé, établit en faveur du Saint-Siége des impôts onéreux, affranchit le clergé de toute autorité temporelle et s’attira par là de grandes difficultés. C’est contre lui que les villes libres de l’empire formèrent la Ligue de Souabe. Ce prince fonda les universités de Prague et de Vienne.

CHARLES V, dit Charles-Quint, empereur d’Allemagne, roi d’Espagne et des Deux-Siciles, né en 1500 à Gand, était fils de Philippe le Beau, archiduc d’Autriche, et de Jeanne la Folle, fille de Ferdinand et d’Isabelle et héritière de Castille. Déclaré roi d’Espagne en 1516, du vivant de sa mère, il fut élu empereur trois ans après, et succéda à l’empereur Maximilien, son aïeul ; il avait eu pour compétiteur François I, roi de France. Les deux rivaux se firent longtemps la guerre. Après différents succès, Charles l’emporta, et François I, fait prisonnier à la bataille de Pavie (1525), fut conduit en Espagne et contraint de signer à Madrid un traité désastreux. Ce traité ne put être exécuté : de là une nouvelle guerre (1526), que signalèrent la prise de Rome par le connétable de Bourbon (1527), et l’expédition de Lautrec dans le roy. de Naples (1528) ; la paix de Cambray (1529) mit fin à cette guerre. En 1536, Charles Quint reprit les armes, pour secourir son allié, le duc de Savoie, attaqué par François I, et vint assiéger Marseille ; il fut obligé de se retirer, et conclut à Nice en 1538 une trêve de 10 ans. En 1539, il obtint du trop confiant François I la permission de traverser la France pour aller réprimer la révolte des Gantois et fut reçu à Paris avec magnificence. Il n’en recommença pas moins la guerre trois ans après ; mais son armée fut défaite à Cérisoles, ce qui amena la paix de Crespy (1544). En Allemagne, Charles fit tous ses efforts pour s opposer à la Réforme, et défit à Mühlberg les Protestants confédérés (1547) ; il fut contraint néanmoins de signer en 1552 la paix de Passaw, qui assurait aux Réformés la liberté de conscience. La même année, il tourna de nouveau ses armes contre la France, mais il assiégea inutilement Metz, que défendait le duc de Guise (1552). Charles Quint fit aussi plusieurs expéditions en Afrique : il défit Barberousse en 1535 et prit Tunis, mais il échoua contre Alger (1541). Affaibli par la vieillesse et les maladies, aigri par les revers, cet empereur abdiqua en 1556 et céda l’empire à Ferdinand son frère. Déjà depuis plusieurs mois il avait placé la couronne d’Espagne sur la tête de Philippe son fils. Il se retira dans le monastère de St-Just ou Yuste en Estramadure et y mourut en 1558. On a dit, mais à tort, qu’il regretta le pouvoir dont il s’était démis. Ce prince était du caractère le plus dissimulé ; il était ferme, mais impitoyable et sans générosité. On a plusieurs fois écrit sa Vie ; l’ouvrage le plus connu est l’Histoire de Charles V de Robertson, trad. par Suard. M. Mignet a donné l’histoire de son Abdication et de son séjour au monastère de Yuste. Lanz a pub. ses Lettr., Leips., 1845 (en franç.).

CHARLES VI, 2e  fils de l’empereur Léopold, né en 1685, se fit d’abord couronner roi d’Espagne à Vienne en 1703, à la mort de Charles II, et se rendit dans ce royaume en 1704 ; il trouva un redoutable concurrent dans Philippe V, petit-fils de Louis XIV, et ne put réussir à se mettre en possession de cette couronne (V. Guerre de Succession) ; cependant il fut reconnu roi de Naples (1707). A la mort de Joseph I, son frère (1711), il fut nommé empereur d’Allemagne. Par le traité de Rastadt (1714), il renonça à ses prétentions sur l’Espagne et obtint la cession de Naples, des duchés de Milan et de Mantoue, de la Sardaigne et des Pays-Bas. Sous son règne, les troupes impériales, conduites par le prince Eugène, remportèrent sur les Turcs les victoires de Peterwaradin (1716) et de Belgrade (1717), et les forcèrent à signer la paix de Passarowitz (1718). Charles VI entreprit aussitôt après une nouv. guerre contre le roi d’Espagne Philippe V, et entra dans la quadruple alliance formée contre ce prince par la Grande-Bretagne, la France, l’empereur et les États de Hollande (1718) ; mais ces différends furent arrangés par le traité de Vienne en 1725. La guerre se ralluma encore en 1733 à l’occasion de l’élection du roi de Pologne, Frédéric-Auguste, que l’empereur Charles VI avait favorisée, tandis que la France soutenait Stanislas : cette guerre fut terminée en 1735 par un traité qui donnait la Lorraine à Stanislas en dédommagement de sa couronne. Attaqué par les Turcs peu après, Charles VI leur abandonna en 1739 la Valachie, la Servie et Belgrade. Il mourut en 1740. Il avait pour fille aînée Marie-Thérèse : il voulut assurer ses États d’Autriche à cette princesse et publia dans ce but dès 1713 une Pragmatique-Sanction ; néanmoins sa succession fut vivement disputée. Ce prince a laissé des Commentaires sur sa propre vie, qui ont été publ. à Bruxelles en 1862.

CHARLES VII (Charles Albert), fils de Maximilien-Emmanuel, électeur de Bavière, né en 1697, épousa en 1722 une fille de l’empereur Joseph I, et succéda en 1726 à son père dans l’électorat de Bavière. Après la mort de l’empereur Charles VI (1740), il refusa de reconnaître Marie-Thérèse, fille de Charles VI, pour héritière des États d’Autriche, et prétendit avoir droit à la couronne en vertu d’un testament de Ferdinand I. Il fut soutenu par la France, et les troupes de Louis XV parvinrent à le faire couronner duc d’Autriche à Lintz, roi de Bohême à Prague, et enfin empereur à Francfort en 1742. Mais la fortune ne tarda pas à l’abandonner : il perdit en peu de temps toutes ses conquêtes et fut même chassé de ses États héréditaires. Cependant en 1744, le roi de Prusse Frédéric II ayant fait dans la Bohême une diversion qui occupa l’armée impériale, Charles en profita pour recouvrer ses États et rentra enfin dans Munich. Il y mourut en 1745. Il eut pour successeur à l’électorat son fils Maximilien-Joseph, et à l’empire François I, époux de Marie-Thérèse.

5o  Rois d’Angleterre.

CHARLES I, roi d’Angleterre, fils de Jacques I, monta sur le trône en 1625, âgé de 26 ans. Il se laissa gouverner par Buckingham, qui avait été aussi le favori de son père ; tenta contre l’Espagne et la France des expéditions qui eurent l’issue la plus malheureuse : renvoya successivement quatre parlements qui lui refusaient des subsides ou qui lui adressaient de justes réclamations, entre autres la célèbre pétition des droits (1628), et prétendit gouverner seul et sans contrôle. Après avoir mécontenté ses peuples par la violation de leurs privilèges, il les irrita encore en voulant imposer dans tout le royaume une nouvelle liturgie établie par l'archevêque Laud. Les Presbytériens se soulevèrent alors et rédigèrent le fameux Covenant, acte par lequel ils s'engageaient à défendre leur religion jusqu'à la mort (1638). Charles, ne pouvant les réduire, se vit forcé de convoquer un nouveau Parlement (1640), mais cette assemblée, connue sous le nom de Long-Parlement, loin de lui prêter secours, s'érigea en juge de sa conduite, condamna à mort Strafford, son principal ministre, et assembla contre lui-même une armée à la tête de laquelle elle mit Essex et Cromwell. Les troupes royales furent battues en plusieurs rencontres, notamment à Newbury (1643), Marston-Moor (1644), à Naseby (1645), et Charles I, qui s'était réfugié en Écosse, fut livré aux révoltés par les Écossais (1647). Traduit devant le Parlement, il fut condamné à mort comme tyran, et exécuté en 1649 devant le palais de White-Hall : il subit le supplice avec dignité. Ce prince avait épousé Henriette de France, fille de Henri IV et sœur de Louis XIII. Il eut pour fils Charles II et Jacques II.

CHARLES II, fils de Charles I, né en 1630, mort en 1685, était réfugié en Hollande quand son père fut mis à mort (1649). Il prit aussitôt le titre de roi, vint en Écosse où il trouva des partisans et se fit couronner à Scone (1651); mais ayant été battu à Dunbar et à Worcester, il fut obligé de se retirer sur le continent. Il ne put monter sur le trône qu'en 1660, deux ans après la mort du Protecteur; il le dut surtout au dévouement du général Monk. Profitant peu de l'exemple de son père, Charles II cassa comme lui plusieurs parlements, voulut gouverner seul et s'entoura de ministres corrompus (V. CABAL). Avide de plaisirs, il employa toutes sortes de moyens pour se procurer de l'argent, vendit à Louis XIV Dunkerque, et reçut pendant longtemps une pension de ce monarque. Le mécontentement excité par sa conduite donna naissance au parti des whigs, opposé à celui des tories, et à plusieurs conspirations, qui devinrent à leur tour l'occasion d'exécutions sanglantes : on cite dans le nombre la conspiration de Rye-House, suivie du supplice de lord Russell et d'Algernon Sidney. La peste (1665) et l'incendie de Londres (1666) ajoutèrent encore aux malheurs de cette époque. On doit à ce prince la fondation de la Société royale de Londres (1660); son règne est remarquable par les progrès de la littérature, mais plus encore par la dissolution des mœurs qui s'étendit de la cour dans toutes les classes de la société. Charles ne laissa pas d'enfants et eut pour successeur son frère Jacques II.

CHARLES-ÉDOUARD, dit le Prétendant. V. STUART.

6o  Rois de Suède.

La Suède compte 14 rois du nom de Charles : les règnes des six premiers n'offrant aucun fait historique certain, et leur existence même n'étant point authentique, nous les passerons sous silence.

CHARLES VII, fils de Swerker I, succéda à son père comme roi de Gothie en 1151, et devint roi de toute la Suède en 1161. Il fit la guerre aux habitants de l'Ingrie et de l'Esthonie pour les contraindre à embrasser le Christianisme, fonda beaucoup d'églises et de monastères qu'il dota richement, et obtint du pape l'érection du siége épiscopal d'Upsal; cependant le pouvoir du clergé ayant pris des accroissements excessifs, il allait y mettre un terme, lorsqu'il fut assassiné en 1168 par Canut Ericson, fils de son prédécesseur.

CHARLES VIII, fils de Canut Bonde, ce qui le fait souvent désigner sous le nom de Canutson, descendait du roi Eric IX, dit le Saint. L'union des royaumes de Danemark, de Suède et de Norwége, proclamée à Calmar en 1397 par Marguerite de Waldemar, n'ayant été pour la Suède qu'une source de calamités, fut rompue en 1448, et Charles Canutson fut élu roi de Suède. La Norwége le reconnut en cette qualité l'année suivante; mais ce royaume na tarda pas à lui être enlevé par Christian I d'Oldenbourg, qui le força même quelque temps après d'abandonner le trône de Suède (1457). Charles le reprit bientôt, mais pour le perdre de nouveau. Remis une 3e fois en possession de sa couronne (1467), il la conserva jusqu'à sa mort, en 1470.

CHARLES IX, 4e fils de Gustave Wasa, né en 1550, porta d'abord le titre de duc de Sudermanie. A la mort de son frère aîné, Jean III (1592), il profita de l'absence de l'héritier légitime, Sigismond, son neveu, qui avait été élu roi de Pologne, pour se faire décerner l'administration de l'État, et bientôt après, il se fit proclamer roi (1604). Il avait fait décréter en 1595 que le Luthéranisme serait la seule religion tolérée en Suède. Il eut à combattre les Russes, les vainquit et soumit la Finlande; mais il éprouva des revers dans les guerres qu'il fit aux Polonais et aux Danois. Il fonda Gothenbourg en 1607 et mourut en 1611. Il eut pour successeur son fils, Gustave Adolphe.

CHARLES X OU CHARLES-GUSTAVE, né en 1622, fils de Jean Casimir, prince palatin du Rhin, et de Catherine, fille de Charles IX, monta sur le trône en 1654, après l'abdication de Christine, sa cousine. Il tourna d'abord ses armes contre les Polonais (1655), dont le roi, Jean Casimir, protestait contre son avènement, gagna la célèbre bataille de Varsovie, qui dura trois jours (1656), et s'empara de toute la Pologne en moins de trois mois. L'année suivante, il eut à combattre le roi de Danemark : il soumit rapidement le Holstein, le Slesvig et le Jutland, conduisit son armée sur les glaces du petit Belt, traversa à pied la mer d'île en île, et arriva ainsi dans l'île de Seeland. La terreur se répandit aussitôt dans Copenhague, et Charles, par le traité de Rothschild, se fit céder la Scanie et plusieurs autres provinces qui sont restées depuis à la Suède (1658). Prétextant que le traité n'avait pas été exécuté, Charles, qui ambitionnait l'empire du Nord, reparut bientôt devant Copenhague et livra l'assaut; mais il fut repoussé. Il avait converti le siége en blocus et préparait une nouvelle attaque, lorsqu'il mourut subitement, en 1660, à Gothenbourg.

CHARLES XI, fils de Charles X (Gustave), fut reconnu roi en 1660, n'ayant que cinq ans. Le traité d'Oliva, conclu en 1660 par le conseil de régence, termina la guerre entreprise par Charles X, et assura à la Suède une extension considérable de territoire. Charles commença à gouverner par lui-même en 1672; il s'allia avec Louis XIV, battit en plusieurs rencontres Christian V, roi de Danemark, qui lui avait déclaré la guerre, et le força à lui accorder une paix avantageuse (1679). Déclaré souverain absolu par les États assemblés (1680), il ne s'occupa plus que du soin d'améliorer l'administration intérieure de son royaume. Il mourut en 1697. Ce monarque laissa à son fils un royaume florissant, une armée et une flotte respectables, et un trésor tel que n'en avait jamais possédé aucun souverain du Nord. Il encouragea le commerce, et protégea les sciences, les lettres et les arts : on lui doit la fondation du port de Carlscrona et de l'Université de Lund.

CHARLES XII, fils de Charles XI, né en 1682, monta sur le trône en 1697, n'ayant que quinze ans. Frédéric IV, roi de Danemark, Auguste II, roi de Pologne, Pierre I, czar de Moscovie, se coalisèrent contre ce jeune prince. Charles tourna d'abord ses armes contre le Danemark, alla mettre le siége devant Copenhague, et força Frédéric à signer la paix à Travendahl (août 1700). Il marcha aussitôt contre les Russes qui, au nombre de 60 000 hommes, assiégeaient Narwa, et les battit complètement avec 9000 Suédois (nov. 1700). Après cette bataille, Charles court attaquer Auguste, roi de Pologne, remporte une victoire signalée sur les bords de la Duna (1701), se rend maître de toute la Pologne, détrône Auguste, à la place duquel il met Stanislas Leczinsky, poursuit son ennemi jusque dans ses États de Saxe, et le force à signer le traité d’Alt-Ranstadt (1706), par lequel il renonçait à la couronne de Pologne. De la Saxe, Charles XII, à la tête d’une armée de 43 000 hommes, se dirige sur Moscou. Mais éprouvant enfin l’inconstance de la fortune, il fut battu par le czar à Pultawa (1709), et se vit réduit à chercher un asile chez les Turcs. Il se retira à Bender où il séjourna plusieurs années. Pendant son absence, Auguste remonta sur le trône de Pologne, Pierre entra en Livonie, et Frédéric, roi de Danemark, envahit la Scanie. Cependant Charles, en quelque sorte prisonnier des Turcs, suscitait la Porte contre le czar. La paix ayant été conclue entre les deux puissances, on voulut le forcer à quitter sa retraite : il se retrancha dans sa maison, s’y défendit (1713) avec quelques domestiques contre un corps d’armée, et ne se rendit que quand la maison fut en feu. Il partit enfin, et, prenant le costume d’un simple officier allemand, il traversa à cheval les États de l’empereur, et arriva après seize jours et seize nuits de marche à Stralsund (1714). Assiégé dans cette ville par une armée combinée de Danois, de Saxons, de Prussiens et de Russes, il y fit des prodiges de valeur ; mais la place ne pouvant plus tenir, il se retira à Lund en Scanie. Aidé des conseils du baron de Gœrtz, il était parvenu à rétablir ses affaires ; la Norwége était déjà en partie occupée, et la prise de la forteresse de Frédericshald allait le rendre maître du reste du pays, lorsqu’il fut tué devant cette place (1718). On croit que la balle qui le frappa partit d’une main suédoise. La fermeté, la valeur, l’amour de la justice, dominaient dans le caractère de ce prince ; mais il outra ces belles qualités et les rendit souvent funestes à ses peuples et à lui-même. À sa mort, le baron de Gœrtz, son principal ministre, fut décapité. Après lui, son pays disparut du nombre des grandes puissances. Le Dr Norberg a écrit en suédois une histoire de Charles XII qui a été trad. en français par Warmholtz. L’Histoire de Charles XII par Voltaire, bien que moins complète, n’est pas moins exacte et offre plus d’intérêt ; c’est l’un des livres les mieux écrits de notre langue.

CHARLES XIII, né en 1758, mort en 1818, était le 2e fils d’Alphonse-Frédéric. Nommé régent après l’assassinat de Gustave III, son frère (1792), il s’était retiré, à la majorité de Gustave IV, et vivait en simple particulier, lorsqu’en 1809, par suite de la révolution qui renversa le nouveau roi, il fut placé lui-même sur le trône. À son avènement il fit la paix avec la France, la Russie et le Danemark ; cependant, quelques années après, il eut à soutenir une guerre avec le Danemark au sujet de la Norwége ; il conquit cette province et l’annexa définitivement à ses États ; elle lui fut assurée après les événements de 1814. N’ayant pas d’enfants, il avait adopté pour successeur le prince de Holstein-Augustenbourg ; ce jeune prince étant mort (1810), le général français Bernadotte fut choisi pour le remplacer.

CHARLES XIV ou CHARLES-JEAN (J. B. BERNADOTTE, roi sous le nom de), né à Pau en 1764, mort en 1844, était fils d’un avocat. Il s’engagea comme simple soldat, et n’était encore que sergent-major en 1789. Après s’être distingué aux armées du Rhin et de Sambre-et-Meuse, il fut proclamé, par Kléber, général de brigade sur le champ de bataille en 1794, devint peu de mois après général de division, contribua puissamment aux victoires de Fleurus et de Juliers (1794), fit capituler Maestricht et prit Altdorf (1795). Chargé en 1797 de conduire à Bonaparte en Italie 20 000 hommes de l’armée de Sambre-et-Meuse, il rivalisa d’ardeur avec le jeune général, et, quoiqu’il éprouvât peu de sympathie pour lui, soupçonnant ses desseins ambitieux, il le seconda de tout son pouvoir : il eut une part glorieuse au passage du Tagliamento, prit Gradiska, Trieste, Laybach, Idria, et vint après la campagne présenter au Directoire les drapeaux enlevés à l’ennemi. Envoyé en Autriche comme ambassadeur (1798), il y excita une émeute pour avoir arboré le drapeau tricolore, et quitta bientôt Vienne, parce qu’on lui refusait des réparations. Porté au ministère de la guerre par l’influence de Barras après le 30 prairial, il réorganisa en 2 mois (2 juillet-11 sept. 1799) les services qui étaient dans un état déplorable ; déjà il avait rappelé la victoire sous nos drapeaux quand il fut écarté par une intrigue de Sieyès. Après la révolution du 18 brumaire, à laquelle il avait refusé de concourir, il fut envoyé par les consuls dans la Vendée (1800) : il sut par ses habiles dispositions empêcher les Anglais de débarquer à Quiberon et rétablir la tranquillité dans le pays. En 1804, il reçut de Napoléon le bâton de maréchal, avec le gouvernement du Hanovre ; il forma dans ce pays un beau corps d’armée, à la tête duquel il exécuta plusieurs glorieux faits d’armes : ainsi, en 1805, il rétablit dans Munich l’électeur de Bavière, allié de la France, conquit le pays de Salzbourg, et contribua à la victoire d’Austerlitz, après laquelle il reçut la principauté de Ponte-Corvo ; en 1806, il battit les Prussiens devant Halle et à Lubeck, où il fit Blücher prisonnier ; puis, marchant sur la Pologne, passa la Vistule, occupa Elbing, Braunsberg, et défit les Russes à Mohrungen et à Spanden sur la Passarge, où il fut grièvement blessé (1807). Nommé, après sa guérison, gouverneur des villes anséatiques, et chargé d’opérer contre la Suède, il suspendit les hostilités dès qu’il eut appris qu’une révolution avait précipité du trône Gustave IV, seul hostile à la France (13 mars 1808) ; cette conduite loyale lui concilia l’estime et l’affection des Suédois, mais elle paraît avoir excité le mécontentement de Napoléon, dont elle contrariait les projets. En 1809, il commanda le 9e corps, composé en grande partie de Saxons, et contribua puissamment avec eux à la victoire de Wagram ; mais il se retira après la bataille, ne trouvant pas que l’Empereur eût dans ses bulletins rendu justice à ses troupes. Il n’en fut pas moins chargé de repousser les Anglais débarqués à Walcheren (juillet 1809) ; il accomplit en 60 jours cette difficile mission. Malgré ce nouveau succès, il se vit encore une fois privé de son commandement ; il était en disgrâce complète lorsqu’un trône lui fut offert. Élu le 20 août 1810 prince royal de Suède, adopté par le roi Charles XIII, il partit avec l’assentiment de Napoléon. Il consentit d’abord à seconder la politique de l’Empereur et accéda même au blocus continental ; mais au commencement de 1812, les troupes françaises ayant envahi le territoire suédois, il rompit avec Napoléon et entra dans la coalition contre la France. Nommé généralissime de l’armée du Nord, le prince royal débarqua à Stralsund avec 30 000 Suédois, vainquit Oudinot à Gross-Beeren, Ney à Dennevitz, et eut une part décisive à la funeste bataille de Leipsick (1813) ; toutefois, il ne pénétra pas à main armée sur le territoire français, et s’arrêta sur les bords du Rhin ; il tenta même, mais inutilement, de déterminer Napoléon à la paix, et de détourner les alliés de passer le Rhin. À peine de retour en Suède, où il fut reçu avec enthousiasme, il marcha sur la Norvége, dont la possession lui avait été assurée par les alliés, et s’en rendit maître en 15 jours (1814). Reconnu roi de Suède à la mort de Charles XIII, en 1818, Charles-Jean ne s’occupa plus que de faire prospérer ses États ; il cimenta l’union des Suédois et des Norvégiens, tout en laissant à chacun des deux peuples sa constitution propre, développa l’instruction publique, l’agriculture, l’industrie et le commerce, et réunit, par le canal de Gothie, l’Océan et la Baltique (1822). Il avait pris pour devise : L’amour de mon peuple est ma récompense ; il mérita en effet d’être chéri des Suédois. — On a publié sa Correspondance avec Napoléon de 1810 à 1814, Paris, 1819, et un Recueil de ses Lettres, proclamations et discours (Stockholm, 1825). Son Histoire a été écrite par Touchard-Lafosse, 1838, et par Sarrans jeune, 1845. — Bernadotte avait eu d’Eugénie Clary, belle-sœur de Joseph Bonaparte, un fils, qui lui a succédé sous le nom d’Oscar I (1844-1859).

CHARLES XV, successeur d’Oscar I, son père (1859-1872). Son règne fut marqué par deux faits importants : la réforme de la représentation nationale (1866), et l’extension du droit de suffrage (1869).

7o  Rois d’Espagne.

CHARLES I ou Charles-Quint, roi d’Espagne. V. CHARLES V, à la série des empereurs d’Allemagne.

CHARLES II, roi d’Espagne et de Naples, fils de Philippe IV, né en 1661, était d’une complexion si débile qu’il ne put marcher et parler qu’à 5 ans. Il fut proclamé roi en 1665, sous la tutelle de sa mère Anne d’Autriche. La destinée de ce prince faible fut d’être sans cesse gouverné : il le fut d’abord par sa mère, puis par don Juan d’Autriche, son frère naturel ; par sa femme, Louise d’Orléans, et enfin par ses ministres. Ayant eu l’imprudence d’entrer dans la coalition contre Louis XIV, il se vit enlever la Franche-Comté et plusieurs provinces des Pays-Bas (1678). N’ayant pas d’enfants, quoiqu’il eût été marié deux fois, il vit à trois reprises les puissances européennes régler sans lui le partage de ses États (1668, 1698, 1700) : dans son indignation, il fit, en 1700, un testament par lequel il déclarait héritier de toute la monarchie espagnole Philippe de France, duc d’Anjou et petit-fils de Louis XIV ; on sait quelle guerre excita ce testament, contre lequel protesta la maison d’Autriche (V. SUCCESSION). Il mourut peu après, le 1er nov. En lui finit la branche aînée de la maison d’Autriche, qui régnait en Espagne depuis deux siècles. Sous ce règne, l’Espagne, plongée dans un désordre extrême, perdit le reste de considération dont elle jouissait en Europe.

CHARLES III, fils de Philippe V et d’Élisabeth Farnèse, né en 1716, mort en 1788, porta longtemps le nom de don Carlos. Il régna d’abord sur Parme, dont il avait hérité par sa mère en 1731 ; quelques années après (1734), son père lui céda ses droits sur le royaume des Deux-Siciles. Il sut en peu de temps se mettre en possession de cette nouvelle couronne, battit à Bitonto les Impériaux qui la lui disputaient, et fut reconnu par la France en 1735 ; il prit, comme roi de Naples, le nom de Charles VII. Bien secondé par son ministre Tanucci, il gouvernait avec sagesse depuis 28 ans ses États d’Italie, lorsqu’en 1759 il fut appelé au trône d’Espagne par la mort de son frère Ferdinand VI ; il laissa les Deux-Siciles à son 3e fils, Ferdinand, et monta sur le trône d’Espagne sous le nom de Charles III. Il conclut avec Louis XV le Pacte de famille (1761), et se joignit à la France dans les deux guerres qu’elle eut à soutenir contre l’Angleterre en 1762 et 1778 ; il n’éprouva que des revers dans la 1re de ces deux guerres, mais il répara en partie ses pertes dans la 2e, et recouvra Minorque et la Floride, que les Anglais lui avaient enlevées. Il tenta à plusieurs reprises (1775, 1783, 1784) de punir l’insolence des pirates d’Alger ; mais il ne réussit pas dans ces expéditions. Ce prince s’occupa surtout d’améliorer l’état intérieur de l’Espagne. On lui doit des canaux, des grands chemins, l’hôtel des douanes et celui des postes à Madrid, le cabinet d’histoire naturelle, le jardin botanique, les académies de peinture et de dessin ; il créa des écoles militaires et navales, et fit d’importants armements maritimes. Il voulut aussi réformer le costume des Espagnols ; mais ce projet causa un terrible soulèvement à Madrid (1765). Il se montra très-opposé aux Jésuites et les bannit en 1767 de son royaume et de ses colonies. — Ce prince fonda en 1771, à l’occasion de la naissance de l’Infant, l’Ordre de Charles III, destiné à récompenser le mérite. La croix est blanche et bleue, à 8 pointes ; au milieu on voit l’image de la Vierge, avec cette devise : Virtuti et merito. Le ruban est bleu liseré de blanc.

CHARLES IV, roi d’Espagne, fils de Charles III, né à Naples en 1748, mort en 1819, succéda à son père en 1788. Prince faible et incapable, il fut sans cesse dominé par la reine Marie-Louise ainsi que par le favori de cette princesse, Manuel Godoy, prince de la Paix, et fut à la merci de tous les événements. En 1793, après l’exécution de Louis XVI, il déclara la guerre à la France ; mais il se vit bientôt contraint de faire la paix et même de conclure avec la France un traité d’alliance offensive et défensive (Bâle, 1795). En conséquence de ce traité, il dut faire la guerre au Portugal et à l’Angleterre ; cette dernière puissance lui fit éprouver un terrible échec à Trafalgar (1805) et lui enleva ses plus belles colonies. Il devint ensuite le jouet de Napoléon. Accablé du joug que lui imposait l’Empereur, il voulut se retirer en Amérique ; mais la révolte d’Aranjuez, excitée par son fils Ferdinand (18 mars 1808), l’empêcha d’exécuter ce projet, et il se vit contraint d’abdiquer en faveur de ce fils ; deux mois après, Napoléon, que les deux princes avaient invoqué comme arbitre, le forçait, dans l’entrevue de Bayonne, à rétracter cette abdication et à en faire une nouvelle en sa propre faveur (5 mai). Charles IV fut envoyé à Compiègne, puis il alla résider à Marseille (jusqu’en 1811) et enfin à Rome, où il mourut.

8o  Rois de Naples et des Deux-Siciles.

CHARLES I, comte d’Anjou et de Provence, puis roi de Naples, né en 1220, mort en 1285, était fils de Louis VIII et frère de S. Louis. Il suivit son frère en Égypte et fut fait prisonnier comme lui après la bat. de Mansourah (1250). Rendu à la liberté, il vint gouverner la Provence dont il avait hérité par sa femme, Béatrix, fille de Raymond-Béranger. En 1264, le pape Urbain IV l’appela à combattre Mainfroi, roi de Naples et de Sicile, qui avait encouru la disgrâce du Saint-Siége, et lui donna la couronne de ce prince. Il réussit en effet à s’emparer du royaume de Naples en battant Mainfroi à Bénévent (1266) et son neveu Conradin à Tagliacozzo (1268) ; mais il souilla sa victoire par ses cruautés et rendit son gouvernement tellement odieux aux Siciliens, que ceux-ci, guidés par Jean de Procida, conspirèrent contre lui : l’an 1282, tous les Français qui se trouvaient dans Palerme furent massacrés le lundi de Pâques, à l’heure de vêpres, ce qui a fait nommer ce massacre les Vêpres siciliennes. Charles perdit la Sicile par suite de cet événement, mais il resta maître du royaume de Naples. À partir de cette époque, il n’éprouva que des revers.

CHARLES II D’ANJOU, dit le Boiteux, fils du précèdent. Lorsque son père mourut, il était en captivité, ayant été fait prisonnier en 1284 dans un combat qu’il avait livré imprudemment aux Siciliens. Il ne recouvra la liberté qu’en 1289 et se fit couronner roi de Naples. Il s’efforça inutilement de reconquérir la Sicile que son père avait perdue ; mais il gouverna ses peuples avec plus de douceur et de sagesse que lui. Il mourut en 1309, laissant le trône à son fils Robert. Un autre de ses fils, Charles-Martel, disputa à André III le trône de Hongrie, 1290.

CHARLES III, dit Charles de Duras, petit-fils de Jean de Duras, frère du roi Robert, et arrière-petit-fils du préc., fut appelé en 1381 au trône de Naples par le pape Urbain VI, mécontent de la reine Jeanne. Il se mit en possession de la couronne sans coup férir et fit étouffer Jeanne ; mais il eut ensuite à combattre Louis I, duc d’Anjou, à qui cette princesse avait cédé ses droits. Il finit par avoir aussi des démêlés avec le pape qui, l’ayant placé sur le trône, prétendait le dominer. En 1385, il fut appelé au trône de Hongrie, dont il était le seul héritier mâle ; mais au moment où il croyait avoir triomphé de tous les obstacles, il fut assassiné par ordre de la reine de Hongrie, veuve du dernier roi, qui avait feint de renoncer à ses droits (1386). Son fils Ladislas lui succéda sur le trône de Naples. CHARLES IV, comte du Maine, prétendant. V. CHARLES D’ANJOU (parmi les princes français).

CHARLES IV, roi de Naples, le même que CHARLES I (Espagne) et CHARLES V (Allemagne).

CHARLES V, roi de Naples. V. CHARLES II (Espagne).

CHARLES VI. V. CHARLES VI (Allemagne).

CHARLES VII, le même que CHARLES III (Espagne).

CHARLES-MARTEL, roi de Hongrie, 2e fils de Charles II, roi de Naples, et de Marie, reine de Hongrie, fut reconnu roi en 1290, à la mort de Ladislas IV ; mais ne prit jamais possession de son trône et mourut à Naples en 1295, à 23 ans. Il laissa un fils, Charobert, qui régna après lui sur les Hongrois.

CHARLES-ROBERT. V. CHAROBERT.

Rois de Sardaigne (Pour les ducs de Savoie, qui ont précédé, V. SAVOIE).

CHARLES-EMMANUEL I (III comme duc de Savoie), roi de Sardaigne, fils de Victor-Amédée II, naquit en 1701, et monta sur le trône en 1730, après l’abdication de son père. Il s’unit en 1733 à la France et à l’Espagne, qui avaient projeté d’affaiblir la maison d’Autriche : à la tête des troupes confédérées, il fit la conquête du Milanais, vainquit les Impériaux à Guastalla, et obtint en récompense le Novarais et quelques fiefs de l’empire. La promesse d’une augmentation de territoire l’ayant déterminé en 1742 à prendre parti pour la reine de Hongrie, Marie-Thérèse, contre la France et l’Espagne, il s’empara de Modène, puis de la Mirandole, et déploya de grands talents militaires ; mais, après avoir perdu 5000 hommes à Coni (1744), il signa en 1746, à Turin, la paix avec la France. Depuis, il consacra tous ses soins à soulager ses peuples. Il mourut en 1773.

CHARLES-EMMANUEL II, 4e fils de Victor-Amédée III, succéda en 1796 à son père, auquel la France venait d’enlever la plus grande partie de ses États. Associé aux infortunes de la famille des Bourbons, à laquelle il était allié (il avait épousé une petite-fille de Louis XV), Charles-Emmanuel IV fit d’infructueux efforts pour comprimer dans son royaume les ferments de révolution. Il fut forcé de céder à la république française ses États continentaux, et se retira en Sardaigne (1798). Il abdiqua en 1802 en faveur de son frère Victor-Emmanuel, et alla vivre à Rome, où il mourut en 1819, sous l’habit de jésuite.

CHARLES-FÉLIX, né en 1765, devint roi de Sardaigne en 1821 par l’abdication forcée de son frère Victor-Emmanuel, réprima les rebelles, régularisa l’administration et donna un code militaire. Il mourut en 1831, sans enfants, laissant la couronne au duc de Carignan (Charles-Albert).

CHARLES-ALBERT, né en 1798, mort en 1849, était issu de la branche collatérale de Savoie-Carignan. Élevé en France, il y puisa les idées libérales et se passionna pour l’indépendance de l’Italie. Il commandait l’artillerie du roi de Sardaigne lorsque éclata l’insurrection de 1821. Victor-Emmanuel, en abdiquant (13 mars), le nomma régent du roy. jusqu’à l’arrivée du nouveau roi Charles-Félix. Il proclama aussitôt la constitution des Cortès d’Espagne, et institua une junte provisoire ; mais, au bout de peu de jours (21 mars), il fut forcé de se retirer devant l’intervention autrichienne. Exilé en Toscane, il resta longtemps en disgrâce ; cependant il fut nommé en 1829 vice-roi de Sardaigne. Appelé au trône en 1831 à défaut d’héritier direct, il opéra d’utiles réformes, créa un conseil d’État, reconstitua les conseils provinciaux, fit rédiger un code complet de lois civiles et criminelles, réorganisa l’armée, encouragea l’agriculture, l’industrie et les sciences, abolit le système féodal, toutes mesures qui le rendirent agréable au parti national ; mais, dans la suite, dominé sans doute par des influences étrangères, il se montra beaucoup moins favorable à la cause de la liberté. Cependant, en 1848, après la révolution de Février, revenant aux idées de sa jeunesse, il donna à son peuple une constitution libérale, embrassa ouvertement la cause de l’indépendance et de l’unité de l’Italie et appuya de ses armes les peuples insurgés de la Lombardie, de la Vénétie, des duchés de Parme et de Modène. Il obtint d’abord de brillants succès, battit les Autrichiens à Pastrengo (30 avril 1848), à Goito (30 mai), à Rivoli (10 juin), à Somma-Campagna (24 juillet), enleva Pizzighettone, Peschiera ; mais, mal secondé par les troupes lombardes, il fut à son tour battu à San-Donato par le maréchal Radetzky (4 août), se vit forcé d’évacuer précipitamment Milan, où il faillit être pris, et dut solliciter un armistice. Cédant aux exigences du parti démagogique, il recommença imprudemment la guerre à l’expiration de l’armistice ; mais il n’éprouva plus que des revers : il perdit, malgré des prodiges de valeur, la bataille décisive de Novare (23 mars 1849). Il abdiqua le jour même en faveur de son fils Victor-Emmanuel II, s’expatria, et mourut peu de mois après, à Oporto en Portugal, à la suite d’une longue maladie. Ce prince était profondément religieux ; on a dit de lui : « Il s’est battu en héros, a vécu en moine et est mort en martyr. » Il encourageait les lettres et les sciences, et publia à ses frais les Monumenta historiæ patriæ, Turin, 1838, etc. Une statue lui a été élevée à Turin.

Personnages divers.

CHARLES-LOUIS, comte palatin du Rhin, né en 1617, fils de Frédéric V, comte palatin, rentra, après le traité de Westphalie (1648), en possession du Bas-Palatinat, qu’avait perdu son père (V. FRÉDÉRIC V), et obtint, en dédommagement du reste de ses États héréditaires, l’investiture d’un 8e électorat, qui fut créé en sa faveur, ainsi que la charge d’architrésorier de l’empire. En 1673, il entra dans la ligue formée contre la France. L’année suivante, Turenne ayant châtié, par l’incendie de trente bourgs du Palatinat, les excès auxquels les habitants de ce pays s’étaient livrés envers les Français, l’électeur lui fit porter, dit-on, un défit en combat singulier. Il mourut en 1680. — Charles, son fils et successeur, mort en 1685, fut le dernier électeur de la maison de Simmeren.

CHARLES-THÉODORE, électeur palatin, de la maison de Sulzbach, né en 1724, fut investi des duchés de Juliers et de Berg en 1742, à la mort de son frère Charles-Philippe, et prit parti pour la Bavière dans la guerre de la succession d’Autriche. Au rétablissement de la paix en 1748, il ne s’occupa que du bien-être de ses sujets. Il fonda en 1757 à Manheim une académie de dessin et de sculpture, puis en 1763 une académie des sciences et un cabinet d’antiquités. Appelé comme chef de la branche cadette de la maison palatine à la souveraineté des États de l’électeur de Bavière Maximilien-Joseph, qui était mort sans enfants, il fut proclamé duc de Bavière à Munich, en 1777. Il céda une partie de la Bavière à l’Autriche par le traité de Teschen (1779), et mit fin par là à une guerre dont cette succession avait été le prétexte entre le roi de Prusse et la maison d’Autriche. Il mourut sans postérité en 1799, et ses États échurent à la maison de Deux-Ponts.

CHARLES D’AUTRICHE (l’archiduc), général autrichien, fils de l’empereur Léopold II, et frère puîné de François II, né en 1771, mort en 1847, commanda en 1796 les troupes impériales sur le Rhin, obtint quelques avantages sur Jourdan et Moreau, qu’il obligea à repasser le fleuve, prit Kehl en 1797, mais fut moins heureux contre Bonaparte et Masséna, disputa la victoire à Caldiero, à Eckmuhl, à Essling, perdit la bat. décisive de Wagram, où il fut blessé (1809), et se vit forcé de signer l’armistice de Znaïm. Après cet échec, il quitta le service et consacra ses loisirs à l’étude. On a de lui : Principes de stratégie, Vienne, 1814 ; Campagne d’Allemagne et de Suisse en 1799, Vienne, 1819, Favorable aux idées libérales, il fut longtemps, pour ce motif, en défaveur à la cour.

CHARLES (J. Alexandre César), physicien, né en 1746, mort à Paris en 1823, s’est fait un nom par l’habileté avec laquelle il faisait les expériences. Il s'occupa avec succès de l'électricité, perfectionna l'aérostat en y appliquant le gaz hydrogène, et fit à l'aide de ce procédé une ascension des plus hardies. Il devint membre de l'Académie des sciences (1785), et professeur au Conservatoire des arts et métiers.

CHARLES, landgraves de Hesse-Cassel. V. HESSE.

CHARLES DE BADE. V. BADE.

CHARLES-QUINT. V. CHARLES V, empereur.

CHARLESTON, v. forte des États-Unis (Caroline mérid.), entre les riv. Ashley et Cooper, à 10 k. de la mer; 45 000 h., dont env. le tiers d'esclaves. Beau port, quatre forts, palais de l'État, hôtel de ville, douane, théâtres. Évêché catholique, évêché protestant, écoles de médecine et de droit, biblioth., sociétés diverses. Grand commerce, grande exportation de coton et de riz. Plusieurs chemins de fer. — Fondée en 1672 par les Anglais sous Charles II, elle reçut en 1786 une colonie française. Assiégée par les Fédéraux en 1863-64.

CHARLESTOWN, v. de l'État de Massachussets, à 1 kil. N. de Boston; 17 000 h. Arsenal, hospice d'aliénés, chantiers pour la marine. Monument de Bunker-Hill, érigé en mémoire de la 1re victoire remportée en ce lieu par les Américains sur les Anglais.

CHARLET (Nicolas Toussaint), artiste, né en 1792 à Paris, mort en 1845, était fils d'un dragon des armées de la République, et fut élevé à l’École des enfants de la patrie. Il professa sous la Restauration des opinions qui lui firent perdre un petit emploi qu'il occupait dans une mairie. Il se voua dès lors tout entier à l'art, pour lequel il se sentait une puissante vocation : il réussit surtout dans le dessin et la lithographie, et acquit bientôt une vogue immense en traitant avec un talent supérieur les sujets militaires ou des scènes populaires; tout le monde connaît : la Garde meurt et ne se rend pas; Vous ne savez donc pas mourir ? l'Aumône du Soldat, la Résignation. Il excellait dans la charge. Cet artiste infatigable a laissé plus de 800 lithographies, et près de 2000 dessins à la sépia, à l'aquarelle, à la plume. Il s'exerça aussi avec succès dans la peinture : on remarque son Épisode de la campagne de Russie et son Passage du Rhin en 1796.

CHARLEVAL (Ch. FAUCON DE RIS, seigneur de), un des beaux-esprits du XVIIe siècle, né en Normandie en 1612, d'une famille de robe, mort en 1693, cultiva les lettres par plaisir, fut lié avec Voiture, Scarron, Sarrasin, Ninon de Lenclos, et se signala par sa générosité autant que par son goût : il fit don spontanément de 10 000 louis d'or à M. et Mme Dacier, dont il avait appris la gêne. Le recueil manuscrit de ses poésies a été perdu ; ce qui s'en est conservé a été publié par St-Marc. C'est lui qui est l'auteur de la Conversation du maréchal d'Hocquincourt et du P. Canaye (dans les Œuvres de St-Évremond).

CHARLEVILLE, ch.-l. de cant. (Ardennes), sur la r. g. de la Meuse, vis-à-vis de Mézières; 8336 h. Collége. Anc. manufacture d'armes à feu; fonderies. Commerce de houille, fer, marbre, etc. — Fondée en 1609 par le duc de Rethel, Charles de Nevers.

CHARLEVOIX (P. Franç. Xavier de), jésuite, né à St-Quentin en 1682, mort à La Flèche en 1761, fit partie des missions du Canada, navigua sur le fleuve St-Laurent et sur les lacs, visita le pays des Illinois et St-Domingue, et publia à son retour plusieurs ouvrages écrits avec exactitude et intérêt : Histoire et description du Japon, 1715; Histoire de l'île de St-Domingue, 1730; Histoire générale de la Nouvelle-France, 1744; Histoire du Paraguay, 1756.

CHARLIER (Jean). V. GERSON.

CHARLIEU, Carilocus, ch.-l. de c. (Loire), sur l'Ornain, à 20 k. N. E. de Roanne; 3492 h. Tanneries, mégisseries, chamoiseries; cotonnades. Ruines d'une abbaye de Bénédictins, qui remonte au IXe s., hôpital fondé par S. Louis.

CHARLOTTE, reine de Chypre (1458-64), fille de Jean III, épousa Jean de Portugal, duc de Coïmbre, puis Louis, duc de Savoie. A la mort de Jean III, elle fut sacrée à Nicosie reine de Chypre, de Jérusalem et d'Arménie; mais Jacques, bâtard de son père, qui était ecclésiastique, ayant mis dans ses intérêts le soudan d’Égypte, la priva de ses États. Elle mourut à Rome en 1487, après avoir fait donation du roy. de Chypre au duc de Savoie, son neveu.

CHARLOTTE DE SAVOIE, fille de Louis II, duc de Savoie, née en 1445, fut épousée par Louis XI, qui malgré ses vertus la négligea. Elle fut mère de Charles VIII et d'Anne de Beaujeu. Elle mourut en 1483, peu après son mari, dans un grand abandon.

CHARLOTTE-ÉLISABETH DE BAVIÈRE, fille de Charles-Louis, électeur palatin du Rhin, née en 1652, morte en 1722, fut la 2e femme de Monsieur, frère de Louis XIV, et devint mère du duc d'Orléans, qui fut régent de France. Elle avait beaucoup d'esprit et parlait avec une franchise qui la faisait redouter à la cour. On a publié en 1788 des fragments des Lettres originales de Madame, etc., écrites de 1715 à 1720 au duc Ulric de Brunswick et à la princesse de Galles; réimprimés en 1823 sous le titre de Mémoires sur la cour de Louis XIV et de la Régence, extraits de la correspondance de Mme Élisabeth Charlotte, etc. Sa Correspondance complète a été trad. de l'allemand et publ. en 1855 par G. Brunet.

CHARLOTTE D'ANGLETERRE, princesse de Galles, fille de George-Frédéric, prince de Galles (Georges IV), et de Caroline de Brunswick, si fameuse par son divorce, naquit en 1796, et fut mariée en 1816 au prince Léopold de Cobourg. Elle devait hériter de la couronne, mais elle mourut en couches en 1817, après avoir mis au monde un enfant qui ne lui survécut point. Cette princesse aima toujours sa mère malgré les torts qu'on lui imputait.

CHARLOTTENBOURG, ville de Prusse (Brandebourg), sur la Sprée, à 6 k. O. de Berlin; 10 000 h. Maison de plaisance bâtie en 1706 par Sophie-Charlotte, femme de Frédéric I; tombeau de la reine Louise-Amélie, femme de Frédéric-Guillaume III; manufacture de porcelaine. Sources minérales.

CHARLOTTESTOWN, v. de la Nouv.-Bretagne, ch.-l. de l'île du Prince-Édouard; 2000 h. Bon port.

CHARLOTTESVILLE, v. des États-Unis (Virginie), ch.-l. du comté d'Albemarle, à 110 k. N. O. de Richemond; 3000 h. Université fondée en 1819.

CHARLY, ch.-l. de c. (Aisne), à 10 k. S. O. de Château-Thierry et près de la Marne; 1580 hab. Bonneterie, draps, serges; fonderies de cuivre.

CHARMES, ch.-l. de c. (Vosges), sur la Moselle. à 18 k. N. E. de Mirecourt; 2950 h. Station. Beau pont, belle église. Vins, bois, cuirs. Louis XIII y fit signer en 1632 par le duc de Lorraine un traité qui livrait provisoirement Nancy à la France.

CHARMETTES, lieu pittoresque de Savoie, à 1 k. S. O. de Chambéry. J. J. Rousseau, qui y passa 5 ans, l'a célébré dans ses Confessions.

CHARMEY, vge de Suisse (Fribourg), dans la vallée de Bellegarde, à 25 k. S. de Fribourg, près de la Sane, est le centre de la grande fabrication du fromage dit de Gruyère. Près de là, anc. chartreuse.

CHARNY, ch.-l. de c. (Yonne), à 32 k. S. O. de Joigny; 800 h. — Ch.-l. de c. (Meuse), à 8 k. N. de Verdun, sur la Meuse; 500 h.

CHAROBERT ou CHARLES-ROBERT, roi de Hongrie, fils de Charles-Martel, roi de Hongrie, et petit-fils de Charles II d'Anjou, roi de Naples, fut choisi pour souverain par les Hongrois en 1308. En 1314, il vainquit Matthieu, comte palatin, qui s'était révolté contre lui; mais il fut battu en 1330 par le voyvode de Valachie, et se vit obligé d'aller chercher un refuge à Naples. Il revint pourtant dans ses États, défit ses ennemis, et éleva même la Hongrie à un haut degré de splendeur. Il mourut en 1342, laissant la couronne à son fils Louis.

CHAROLAIS, un des quatre comtés dépendant du duché de Bourgogne, est auj. compris dans le dép. de Saône-et-Loire. Villes principales : Charolles (ch.-l.), Paray-le-Monial, Toulon-sur-Arroux. Dans l'origine le Charolais fut une simple châtellenie ; Jean, comte de Châlons, qui le possédait en 1237, le céda à Hugues IV, duc de Bourgogne ; il passa ensuite à Jean, second fils de ce prince; puis à Béatrix, qui en 1272 épousa Robert de France, fils de S. Louis. Le Charolais fut alors érigé en comté. En 1327 ce comté passa par mariage dans la maison d'Armagnac; et celle-ci, en 1390, le vendit à Philippe le Hardi, duc de Bourgogne. Charles le Téméraire, du vivant de son père Philippe le Bon, porta le titre de comte de Charolais. Après sa mort, Marie, sa fille, fit entrer ce comté dans la maison d'Autriche. Il fut réuni à la France par Louis XI, en 1477; mais il fut rendu par Charles VIII à Philippe le Beau, archiduc d'Autriche ; dans la suite il fut souvent disputé entre la France, l'Espagne et l'Autriche. Le traité des Pyrénées l'avait cédé à l'Espagne, 1659; mais Louis II, prince de Condé, le fit saisir et se le fit adjuger par arrêt du parlement de Paris; il devint au XVIIIe siècle l'apanage de Charles de Bourbon, comte de Charolais, prince qui n'est connu que par ses débauches et sa cruauté; il fut réuni à la couronne en 1761, à la mort de ce prince.

CHAROLAIS (canal du). V. CENTRE (canal du).

CHAROLLES, Quadrigellæ, ch.-l. d'arr. (Saône-et-Loire), à 51 kil. N. O. de Mâcon; 3226 hab. Collége, biblioth., soc. d'agriculture: forges. Jadis ch.-l. du Charolais. Patrie de Bayard, auteur comiq.

CHARON, nocher des Enfers, transportait dans sa barque les âmes des morts au delà du Styx et de l'Achéron : il ne recevait que ceux qui avaient eu la sépulture. Une obole était le prix du voyage, et l'on avait coutume pour payer le passage de mettre dans la bouche des morts une pièce de monnaie que l'on appelait le denier de Charon. Ce mythe paraît originaire de l’Égypte, où les habitants payaient en effet pour le transport des corps au delà du lac Mœris.

CHARON de Lampsaque, historien grec qui florissait un peu avant Hérodote, avait composé une Histoire de la Perse et une Histoire de l’Éthiopie, dont il ne reste que peu de fragments réunis par l'abbé Sévin (Académ. des inscript., XIV, p. 56), par Creuzer dans ses Historiæ græcæ fragm., 1806, et par MM. Didot dans leur collection, 1841.

CHARONDAS, législateur de Catane, de Rhégium et de Thurii, vivait vers 600 av. J.-C. et était pythagoricien. Il se perça, dit-on, de son épée, pour se punir d'avoir enfreint, quoique involontairement, une loi qu'il avait portée, et qui défendait de se présenter en armes dans l'assemblée du peuple.

CHARONAS (Loys LE CARON, dit), jurisconsulte français, né en 1536 à Paris, mort en 1617. Il se fit par ses écrits une haute réputation, et fut nommé lieutenant au bailliage de Clermont en Beauvoisis, charge qu'il exerça jusqu'à sa mort. Il a composé : Le grand Coutumier de France, 1593 ; Coutume de Paris avec des commentaires, 1598. Il a aussi écrit sur la philosophie et a laissé des poésies.

CHARONNE, anc. bourg du dép. de la Seine, arr. de St-Denis, à l'E. de Paris et contigu à cette ville, est depuis 1860 englobé en partie dans Paris. Papiers peints, eau de javelle, eau-de-vie de pommes de terre, produits chimiques.

CHAROST, ch.-l. de cant. (Cher), sur l'Arnon, à 25 kil. S. O. de Bourges; 1150 hab. Il a donné son nom à une branche de la maison de Béthune, et a été érigé en duché-pairie en 1672. V. BÉTHUNE.

CHARPENTIER (Jacques), docteur en philosophie et en médecine, né en 1524 à Clermont en Beauvoisis, mort en 1574, professa les mathématiques au Collége de France et la philosophie au Collége de Bourgogne, défendit avec ardeur le Péripatétisme, se signala par son intolérance philosophique et religieuse, et eut de vifs démêlés avec son collégue Ramus : on l'accuse même de sa mort (V. RAMUS). Charles IX le nomma son médecin. Il a publié, entre autres écrits : Orationes contra Ramum, 1566, Comparatio Platonis cum Aristotele, 1573, et un ouvrage de théologie mystique qu'il attribue à Aristote et qu'il prétend avoir traduit de l'arabe (Libri XIV qui Aristotelis esse dicuntur de secretiore parte divinæ Sapientiæ secundum Ægyptios), 1572.

CHARPENTIER (Franç.), littérateur, né à Paris en 1620, mort en 1702, fut admis dès 1651 à l'Académie française et fut placé par Colbert à la tête de l'Académie des inscriptions lors de sa fondation. Dans la querelle sur le mérite des anciens et des modernes, il prit parti pour les modernes et écrivit à cette occasion des pamphlets, qui lui valurent les sarcasmes de Boileau. On lui doit une traduction de la Cyropédie, 1659, et une Vie de Socrate, 1650. Il travailla à la rédaction des Voyages de Chardin.

CHARPENTIER (Franç. Phil.), fécond inventeur, né à Blois en 1734, mort en 1817. On lui doit des machines à scier, à forer les canons de fusil; de nouveaux systèmes de pompe à feu, d'éclairage, de signaux pour phare; mais il est surtout connu pour avoir inventé la manière de graver au lavis sur cuivre, dite manière noire. Comme la plupart des inventeurs, il vécut dans la gêne.

CHARQIEH, prov. de la Basse-Égypte, entre la Méditerranée, le désert (au S. E.) et les provinces de Damiette, Mansourah, Garbieh, Kelyoub; ch.-l., Belbeys.

CHARRA-MONGOLIE. V. MONGOLIE.

CHARRON (Pierre), moraliste, né à Paris en 1541, était fils d'un libraire qui eut 25 enfants. Il exerça d'abord la profession d'avocat, puis reçut les ordres, et se fit bientôt un nom par ses prédications. Plusieurs évêques l'attirèrent auprès d'eux, et il séjourna comme théologal à Bazas, Lectoure, Agen, Cahors, Condom, Bordeaux. Dans cette dernière ville il se lia avec Montaigne et adopta bientôt sa philosophie. En 1595, il fut envoyé à Paris comme député à l'assemblée du clergé et devint secrétaire de cette assemblée. Il mourut à Paris en 1603, d'apoplexie. Charron a composé un Traité de la Sagesse, Bordeaux, 1601, qui est encore un des meilleurs traités de morale que nous ayons; mais on y trouve quelques propositions hasardées qui en firent longtemps défendre l'impression et le firent mettre à l’Index à Rome. L'auteur y reproduit les idées sceptiques de Montaigne; il imite également son style, mais il a moins de grâce et de naïveté. Charron a aussi laissé un Traité des Trois Vérités (existence de Dieu, vérité du Christianisme, vérité du Catholicisme), 1594, fort estimé, et un Abrégé du Traité de la Sagesse. La meilleure édition de la Sagesse est celle qu'a donnée Amaury Duval, 1820, 3 v. in-8.

CHARROUX, ch.-l. de cant. (Vienne), à 10 kil. S. E. de Civray; 1600 hab. Anc. abbaye de Bénédictins. Il s'y tint en 989 un concile particulier où pour la 1re fois on essaya de réprimer les guerres privées par la Paix de Dieu.

CHARRUAS, peuplade indigène de l'Amérique du Sud, erre entre le Parana et l'Uruguay. Cette peuplade est très-belliqueuse : autrefois nombreuse et puissante, elle est auj. presque anéantie.

CHARTE. Deux chartes surtout ont de l'importance dans l'histoire : la Grande Charte d'Angleterre, qui est la base des libertés anglaises : elle fut signée en 1215 par Jean sans Terre et confirmée en 1264 par son fils Henri III ; et la Charte constitutionnelle de France, donnée en 1814 par Louis XVIII, et réformée en 1830 après la déchéance de Charles X.

CHARTE NORMANDE, ordonnance rendue en 1315, par Louis X le Hutin, pour confirmer les droits et priviléges des nobles de Normandie. Cette ordonnance fut confirmée par Philippe de Valois, 1339; Louis XI, 1461; Henri III, 1579. Elle cessa d'être en vigueur à la fin du XVIe siècle, mais continua de figurer dans les ordonnances et les priviléges du roi jusqu'en 1789.

CHARTIER (Alain), écrivain et poëte, né à Bayeux en 1386, se distingua de bonne heure, fut secrétaire de Charles VI et Charles VII, et remplit sous ces deux princes avec succès plusieurs missions diplomatiques. On croit qu'il mourut en 1458. Il jouit en son temps d'une grande réputation et fut surnommé le Père de l'éloquence française. Pasquier rapporte que Marguerite d’Écosse, épouse du Dauphin (depuis Louis XI), le voyant endormi sur une chaise, lui donna un baiser sur la bouche, pour marquer le cas qu'elle faisait de cette bouche d'où étaient sortis tant de beaux discours. A. Chartier a beaucoup contribué à former la langue. Parmi ses ouvrages en prose on remarque le Curial (Courtisan), le Quadrilogue invectif, où il se déchaîne contre les abus; et parmi ses ouvrages en vers le Débat du Réveil-Matin, la Belle Dame sans mary, le Bréviaire des nobles, le Livre des Quatre Dames. On trouve dans tous ses écrits une aimable naïveté. L'édition la plus complète de ses œuvres est celle de Duchesne, Paris, 1617, in-4. — Jean Chartier, son frère, moine de l'abbaye de St-Denis, historiographe de Charles VII, a publié les Grandes Chroniques de France, avec une Histoire de Charles VII, rédigée par lui-même, 1476 et 1493, 3 Vol. in-fol., réimprimée en 1858 par M. Vallet de Viriville.

CHARTIER (René), médecin, né à Vendôme en 1572, mort en 1654, fut professeur à la Faculté de Paris et au Collége de France, et publia une édition complète et très-estimée des œuvres réunies d'Hippocrate et de Galien, gr.-lat., 1639-79, 13 vol. in-fol.

CHARTISTES, nom donné en Angleterre à un parti composé surtout de prolétaires, qui sollicite une Charte du peuple, dans le but d'abolir la constitution aristocratique, d'établir le suffrage universel et d'assurer l'existence des classes ouvrières. Depuis 1817, ce parti a signalé son existence par de pressantes pétitions, couvertes de millions de signatures, et par de terribles insurrections, que le gouvernement anglais a réussi à réprimer. Hunt et Owen en ont été les principaux chefs.

CHARTRAIN (pays), pays dont Chartres est la v. principale, était compris dans la Beauce et l'Orléanais et fait auj. partie du dép. d'Eure-et-Loir.

CHARTRES, Autricum, Carnutes, ch.-l. du dép. d'Eure-et-Loir, à 88 kil. S. O. de Paris (92 par la route de Rambouillet); 19 531 h. Évêché, trib. de 1re inst. et de commerce, collége, soc. d'agr., bibliothèque. Chemin de fer; belle cathédrale ; entrepôt des grains de la Beauce ; pâtés renommés, Patrie du chancelier d'Aligre, du moraliste Nicole, du poëte Régnier, du P. Fr. Lami, de Brissot, Péthion, Marceau, etc. — Autrefois capitale des Carnutes, Chartres fut depuis la ville principale de la Beauce, et eut des comtes particuliers dès le Xe siècle; ces comtes possédaient en outre les comtés de Blois et de Champagne. Elle appartint ensuite à la maison de Châtillon, qui la vendit à Philippe le Bel (1286). Ce prince donna le comté de Chartres à son frère Charles de Valois, dont le fils (Philippe VI) le réunit à la couronne, 1349. François I l'aliéna de nouveau, et Louis XIII la racheta en 1623. Le comté de Chartres fut ensuite érigé par Louis XIV en duché et donné à la maison d'Orléans. Il devint alors l'apanage du fils aîné de cette maison, ce qui dura jusqu'en 1830 (V. ORLÉANS). Chartres fut prise par Dunois en 1432. Les Calvinistes l'assiégèrent vainement en 1568; Henri IV s'en empara en 1591 et y fut sacré en 1593.

CHARTREUSE, Cartusia en lat., Certosa en ital., nom donné à divers monastères de Chartreux, situés soit en France, soit à l'étranger. Le plus célèbre est la Grande Chartreuse, située dans le dép. de l'Isère, à 20 k. N. de Grenoble, au milieu de montagnes arides et de difficile accès, et où réside le général de l'ordre. Bien que la fondation de l'ordre des Chartreux par S. Bruno date de 1084, le couvent ne fut bâti qu'en 1134, près de la cellule qu'avait occupée le saint. Il a été reconstruit en 1678. Les Chartreux, qui en avaient été expulsés en 1790, lors de la suppression des ordres religieux, y sont rentrés en 1816, et ils l'occupent encore; mais leur nombre, qui s'élevait jadis à 300, est aujourd'hui réduit à une trentaine. Ils hébergent les voyageurs et préparent une liqueur stomachique connue sous le nom de Liqueur de la Chartreuse.

CHARTREUX, ordre religieux ainsi appelé du désert de la Grande Chartreuse (V. ce mot), où il prit naissance, fut fondé par S. Bruno qui s'établit dans la désert en 1084 avec six religieux. Cet ordre est un des plus austères : les religieux observent une clôture perpétuelle, un silence presque absolu, de fréquents jeûnes et l'abstinence entière de viande; ils portent une robe de drap blanc, serrée avec une ceinture de cuir, et un capuce du même drap. Ils sont toujours couverts du cilice; une corde appelée lombar entoure leurs reins. Ils se consacrent à la vie contemplative et se livrent en outre à des travaux manuels. — Outre la Grande Chartreuse de France, leur maison mère, ils comptent dans les autres pays catholiques 92 établissements dont les plus importants sont ceux de Florence, de Pise et de Pavie. Ils ont en outre 5 communautés de filles, dont 3 en France. La règle des Chartreux, rédigée en 1228 par Guigues, 5e prieur général, a été imprimée en 1581.

CHARYBDE, Charybdis, célèbre gouffre, situé sur la côte N. E. de la Sicile, au S. O. de celui de Scylla, qui se trouvait sur la côte méridionale de l'Italie. Tous deux sont dans le détroit de Messine. Le danger qu'offrait jadis le passage entre ces deux écueils a donné lieu au proverbe connu : tomber de Charybde en Scylla. Auj. le gouffre porte le nom de Garofalo; le danger n'y est plus le même; cependant on y sent un courant qui porte du N. E. au S. O. et qui remonte et descend à peu près toutes les 6 heures. — Selon la Fable, Charybde était une femme sicilienne, fille de Neptune et de la Terre, qui, ayant volé des bœufs à Hercule, fut foudroyée et changée par Jupiter en un gouffre affreux.

CHASIDIM ou HASIDIM, c.-à-d. Pieux, Piétistes secte juive récente, répandue surtout en Pologne, en Russie et autres pays slaves, se compose d'hommes d'une piété austère, qui vont au delà de ce que prescrit la loi. Cette secte prit naissance en Ukraine vers 1760.

CHASSELAS, bourg du dép. de Saône-et-Loire, à 10 k. S. O. de Mâcon; 370 h. Il a donné son nom à la variété de raisin dite chasselas.

CHASSELOUP-LAUBAT (François, marquis de), né en 1754 à St-Sornin (Charente-Inf.), d'une famille déjà illustrée dans les armes, mort en 1833, était colonel du génie en 1789. Il défendit Montmédy contre les Prussiens, dirigea en 1794 l'attaque principale contre Maëstricht, qui capitula bientôt, commanda en chef les travaux du siége de Mayence, 1795; accompagna Bonaparte en Italie en 1796, eut une grande part aux succès de cette brillante campagne, à la suite de laquelle il fut fait général de division; assiégea, prit, puis fortifia Peschiera, Mantoue, Alexandrie, et appliqua à ces fortifications un système nouveau dont il était l'auteur; fit en 1807 les siéges mémorables de Dantzick et de Stralsund, commanda le génie dans la campagne de Russie, et fut, en récompense de ses services, fait par Napoléon comte de l'Empire et sénateur. Devenu sous la Restauration pair de France et marquis, il n'en compta pas moins parmi les défenseurs des institutions constitutionnelles. Chasseloup a écru des Mémoires sur l'artillerie; son système de fortification est représenté en relief aux Invalides, à côté de ceux de Vauban et Cormontaigne. — Un de ses fils, Prosper de Chass.-Laubat (1805-1873), a été député depuis 1837, ministre de la marine en 1851 et 1860, ministre de l'Algérie en 1859. Comme membre de l'Assemblée nationale de 1871, il a pris une grande part à la nouvelle organisation militaire.

CHASSENEUIL, bourg du dép. de la Charente, à 10 k. N. E. de La Rochefoucauld; 1600 h. Maison ou manse royale au temps des Carlovingiens.

CHASSIRON (Tour de), phare de l'île d'Oléron, à l'extrémité N. O., dans le hameau du même nom; il a 2 feux pour le distinguer de la tour de Cordouan.

CHASSUARII ou ATTUARII, peuple de la Germanie, au S. des Chérusques et à l'E. des Sicambres, habitait vers le confluent de la Fulde et la Werra et le long de l'Eder.

CHASTELAIN, CHASTELET. V. CHATELAIN, etc.

CHASTELARD (P. de BOSCOSEL de), gentilhomme dauphinois, petit-fils de Bayard, conçut une violente passion pour Marie Stuart, épouse de François II, suivit cette princesse en Écosse après la mort de ce monarque, fut surpris caché dans sa chambre, et condamné à perdre la tête.

CHASTELLUX (Claude de BEAUVOIR, seigneur de), né vers la fin du XIVe siècle en Bourgogne, mort en 1453, servit avec le plus grand zèle le duc de Bourgogne, Jean sans Peur, pendant les troubles du règne de Charles VI; surprit Paris en 1418 par la connivence de Perrinet Leclerc, eut une grande part à la victoire de Cravant, 1423, et fut en récompense nommé maréchal par le duc. Il assista aux assemblées tenues à Auxerre pour la paix en 1451. L'aîné de cette famille était de droit premier chanoine d'Auxerre : cet honneur lui avait été décerné en mémoire de ce que Claude de Chastellux, après avoir pris Cravant, avait remis cette place au chapitre d'Auxerre, de qui elle dépendait.

CHASTELLUX (Franç. Jean, marquis de), né à Paris en 1734, mort en 1788, fut colonel d'un régiment qui portait son nom, servit en Allemagne, 1756-63, puis passa comme major général en Amérique, en 1780, et s'y lia avec Washington. Ami de Voltaire et des encyclopédistes, il cultivait la littérature au milieu des camps et fut admis à l'Académie française. On a de lui entre autres écrits : De la félicité publique, 1772, ouvrage exalté par Voltaire ; Éloge d'Helvétius, 1774; Voyages dans l'Amérique septentrionale, 1780-1782, ouvrage plein d'intérêt.

CHASTENET DE PUYSÉGUR. V. PUISÉGUR.

CHAT (lac du), lac de l'Amérique septentrionale, sur la limite du Haut et du Bas-Canada, a environ 31 k. de long sur 4 de large. Il est alimenté par l'Ottawa, qui forme une chute après l'avoir traversé.

CHATAM. V CHATHAM.

CHÂTEAU (LE), ou LE CHÂTEAU-D'OLÉRON, ch.-l. de cant. (Charente-Inf.), à l'extrémité S. E. de l'île d'Oléron, sur la passe de Maumusson; 1406 hab. Petite place de guerre, château fort. Sel, vin.

CHÂTEAUBOURG, ch.-l. de c. (Ille-et-Vilaine), à 15 k. O. de Vitré; 1300 h. Ardoisières.

CHÂTEAUBRIAND (Franç. René, vicomte de), né en 1768 à St-Malo, d'une famille noble et ancienne, passa son enfance dans le manoir patrimonial de Combourg, fit de rapides études aux colléges de Dol et de Rennes, obtint un brevet de sous-lieutenant au régiment de Navarre à 17 ans, fut fait capitaine à 19, vint à Paris en 1788, s'y lia avec La Harpe, André Chénier, Fontanes et autres littérateurs de l'époque, et débuta par des vers pour l'Almanach des Muses. Il s'éloigna de la France à la vue des excès populaires, s'embarqua pour le Nouveau-Monde, parcourut pendant une année les immenses solitudes et les forêts vierges de l'Amérique du Nord, vivant avec les sauvages et ébauchant sur les lieux son poëme des Natchez; revint en Europe en 1792, alla rejoindre à Coblentz l'armée des émigrés, fut blessé au siége de Thionville et transporté mourant à Jersey; vécut quelques années à Londres dans le dénûment, réduit à donner des leçons de français et à faire des traductions pour les libraires; publia en cette ville en 1797 son premier ouvrage, l’Essai sur les révolutions anciennes et modernes dans leur rapport avec la Révolution française, où il exprimait en politique et en religion des idées peu en harmonie avec celles qu'il professa plus tard, mais où se révélait déjà son talent d'écrivain; fut ramené aux idées religieuses par une lettre de sa mère mourante, rentra en France en 1800, rédigea pendant quelques années le Mercure avec Fontanes, et fit paraître dans ce recueil, en 1801, Atala, création originale qui excita une admiration universelle; composa vers la même époque René, œuvre empreinte d'une mélancolie rêveuse, où se trahit le secret de son propre cœur, et donna en 1802 le Génie du Christianisme, qu'il avait en partie rédigé en Angleterre, et dont Atala et René n'étaient que des épisodes : il s'était proposé d'y montrer que le Christianisme, si supérieur au Paganisme par la pureté de la morale, n'est pas moins favorable à l'art et à la poésie que les fictions de l'antiquité; ce livre fit événement et donna le signal d'une sorte de restauration religieuse. L'auteur, remarqué par le Premier Consul, fut choisi en 1803 pour accompagner le cardinal Fesch à Rome comme secrétaire d'ambassade; il venait d'être chargé en 1804 de représenter la France près de la république du Valais lorsqu'il connut l'exécution du duc d'Enghien : il s'empressa de donner sa démission et ne cessa depuis de se montrer hostile à l'Empire. Rendu aux lettres, Chateaubriand conçut le projet d'une épopée chrétienne, où seraient mis en présence le Paganisme expirant et la religion naissante; il voulut visiter par lui-même les lieux où devait être placé le théâtre de l'action, et parcourut dans ce but la Grèce, l'Asie Mineure, la Palestine et l’Égypte (1806). A son retour, il alla s'enfermer dans une modeste retraite, qu'il appelait la Vallée-aux-Loups, à Aunay, près de Sceaux, et y composa les Martyrs, sorte d'épopée en prose, qui ne parut qu'en 1809 : ce beau poëme, qui est son chef-d'œuvre, offre la plus heureuse application des théories du Génie du christianisme. Les notes que l'auteur avait recueillies dans son voyage formèrent la matière de l’Itinéraire de Paris à Jérusalem (1811). La même année, Chateaubriand fut élu membre de l'Académie française, à la place de M.-J. Chénier; mais ayant, dans son projet de discours de réception, sévèrement blâmé certains actes de la Révolution, il ne lui fut pas permis de prendre possession de son siége; il ne put siéger qu'après la Restauration. — Chateaubriand accueillit avec transport le retour des Bourbons : dès le 30 mars 1814, il avait publié contre le souverain déchu un virulent pamphlet, De Buonaparte et des Bourbons, qui fut répandu par milliers, et qui, au dire de Louis XVIII, valut à ce prince une armée. Nommé ambassadeur en Suède, il n'avait pas encore quitté Paris quand Napoléon revint en France (1815). Il accompagna Louis XVIII à Gand, devint un des membres de son cabinet, lui adressa un célèbre Rapport sur l'état de la France, et fut au retour nommé ministre d'État et pair de France; mais ayant, dans La monarchie selon la Charte, attaqué l'ordonnance du 5 septembre 1816 qui dissolvait la Chambre introuvable, il fut disgracié et perdit son poste de ministre d'État. Il se jeta dès lors dans l'opposition ultra-royaliste et devint l'un des principaux rédacteurs du Conservateur, le plus puissant organe de ce parti. Le meurtre du duc de Berry (1820) le rapprocha de la cour : il écrivit à cette occasion d'intéressants Mémoires sur la vie et la mort du duc. Nommé la même année ministre de France à Berlin, puis ambassadeur en Angleterre (1822), il fut l'un des plénipotentiaires au congrès de Vérone, et fit décider la guerre d'Espagne, malgré l'opposition de l'Angleterre. A son retour, il reçut le portefeuille des affaires étrangères; mais, n'ayant pu s'accorder avec M. de Villèle, chef du cabinet, il se vit brutalement congédié (5 juin 1824). Il rentra aussitôt dans l'opposition, mais pour s'unir cette fois au parti libéral, et combattit à outrance le ministère Villèle, soit à la Chambre des Pairs, soit dans le Journal des Débats, où il donna le signal de la défection : il se montra à cette époque le zélé défenseur de la liberté de la presse et de l'indépendance de la Grèce, ce qui lui valut une grande popularité. A la chute de M. de Villèle, il fut nommé ambassadeur à Rome (1828); mais il donna sa démission à l'avénement du ministère Polignac. Après la révolution de 1830, il montra une fidélité chevaleresque à la cause de la légitimité : il se retira des affaires, quitta même la Chambre des Pairs et ne signala plus son existence politique que par des critiques acerbes contre le nouveau gouvernement (De la Restauration et de la Monarchie élective, 1831), par des voyages auprès de la famille déchue, et par la publication d'un Mémoire sur la captivité de la duchesse de Berry (1833), mémoire au sujet duquel il fut poursuivi, mais acquitté. Il avait donné en 1831 des Études historiques (4 vol. in-8), résumé d'histoire universelle où il voulait montrer le Christianisme réformant la société; cet ouvrage devait être le frontispice d'une histoire de France qu'il méditait depuis longtemps, mais qu'il n'a pas exécutée. Ses dernières années furent passées dans une profonde retraite; il ne quittait guère sa demeure que pour aller à l'Abbaye-aux-Bois, chez Mme Récamier, dont il fut l'ami constant et dont le salon réunissait l'élite du monde littéraire. Il avait commencé dès 1811 des mémoires sur sa propre vie; il les reprit et les continua presque jusqu'à ses derniers moments; ces mémoires, qu'il intitula Mémoires d'Outre-Tombe, ne devaient paraître qu'après sa mort; toutefois, pressé par des besoins d'argent, qui l'assiégèrent toute sa vie, il les céda dès 1836 à une société qui lui assura un revenu convenable pour le reste de ses jours. Il mourut en 1848 à Paris; ses restes furent transportés à St-Malo, et déposés, selon son vœu, au rocher du Grand Bé, îlot d'aspect romantique situé dans la rade de sa ville natale; il lui fut fait des obsèques magnifiques.

Chateaubriand est sans contredit le plus grand écrivain du siècle et peut-être le plus grand peintre de la nature qui ait existé : il brille surtout par l'éclat, le coloris et le grandiose des images, empruntées pour la plupart à une nature toute nouvelle; chez lui le sentiment, noble ou tendre, est presque toujours mêlé de mélancolie et d'amertume. On a relevé, surtout dans ses premiers écrits, des traces de mauvais goût, un style ampoulé, des idées bizarres, des alliances de mots forcées; les sages conseils de Fontanes parvinrent peu à peu à faire disparaître ces imperfections. Par ses qualités comme par ses défauts, Chateaubriand peut être considéré comme le père du romantisme en France. Comme homme politique, sa conduite et ses écrits semblent offrir de nombreuses contradictions; cependant, il fut toujours, ou du moins il voulut être à la fois l'ami de la royauté légitime et de la liberté, défendant alternativement celle des deux qui lui semblait être en péril : « Je suis, a-t-il dit lui-même, bourbonien par honneur, monarchiste par raison, républicain par goût et par caractère. » Aux avantages de l'esprit, Chateaubriand joignait ceux de la personne : « Le génie était dans ses yeux, a dit un de ses panégyristes, la grâce dans son sourire; la noblesse et la fermeté de son âme se répandaient sur tous ses traits. » Comme plusieurs hommes célèbres, il avait une vanité excessive, qui éclate dans ses Mémoires.

Outre de nombreuses éditions de chacun des ouvrages séparés de Chateaubriand, il a été fait plusieurs édit. de ses Œuvres complètes; les meilleures sont celles de Ladvocat, en 31 vol. in-8, Paris, 1826-31, revue par l'auteur même, qui y a joint des éclaircissements et des notes critiques, et l'a enrichie de quelques œuvres inédites (les Abencerrages, les Natchez, Moïse, tragédie, des poésies diverses, des discours politiques); et celle de Ch. Gosselin, 25 vol. in-8, 1836-38 (on y trouve en plus le Congrès de Vérone, un Essai sur la littérature anglaise, une traduction du Paradis perdu de Milton). Chateaubriand n'a donné depuis que la Vie de Rancé, 1844. Les Mémoires d'Outre-Tombe, publiés d'abord dans le feuilleton de la Presse, ont été édités en 12 vol. in-8 de 1849 à 1850. — M. de Noailles, son successeur à l'Académie, y a fait son Éloge. MM. Marin et Ancelot ont écrit sa Vie, M. Collombet Châteaubr., sa vie et ses écrits, M. Ste-Beuve Châteaubr. et son groupe liitér.; M. Danilo, Chât. et ses critiques; M. Benoît Étude sur Châteaubr.

CHÂTEAUBRIANT, Brientii castellum, ch.-l. d'arr. (Loire-Inf.), sur la Chère, à 60 kil. N. da Nantes; 3634 hab. Cuirs ; conserves d'angélique. Cette v. tire son nom d'un château construit vers 1515 par Brient, comte de Penthièvre, et a donné son nom aux comtes de Châteaubriant. — Henri II y rendit en 1551 un édit contre les Protestants.

CHÂTEAUBRIANT (Françoise, comtesse de), femme célèbre par sa beauté, née vers 1475, morte en 1537, était fille de Jean de Foix et sœur du vicomte de Lautrec et du maréchal de Foix. Mariée très-jeune à Jean de Laval-Montmorency, seigneur de Châteaubriant, qui l'amena à la cour, elle inspira une vive passion à François I; mais elle fut au bout de peu d'années supplantée par la duchesse d'Étampes et resta en butte à la jalousie de son mari, qu'on accuse d'avoir hâté sa mort. On raconte sur elle des aventures fort romanesques. Cependant quelques-uns contestent même sa liaison avec François I, et attribuent à Louise de Crèvecœur, épouse de Bonnivet, toute l'histoire qu'on raconte d'elle.

CHÂTEAUBRUN (J. B. VIVIEN DE), littérateur, membre de l'Académie française, né à Angoulême en 1686, mort en 1775, fut sous-précepteur, puis maître d'hôtel ordinaire du duc d'Orléans, et composa quelques tragédies : Mahomet II, jouée en 1714; les Troyennes, jouée en 1754, et restée au théâtre; Philoctète, 1755; Astyanax, 1756.

CHÂTEAU-CHALON, bourg de France (Jura) à 12 kil. N. E. de Lons-le-Saulnier; 650 hab. Anc. abbaye de Bénédictins. Vins blancs excellents.

CHÂTEAU-CHINON, Canicum castellum, ch.-l. d'arr. (Nièvre), à 59 kil. N. E. de Nevers; 2775 hab. Trib. de 1re inst., biblioth. Commerce de vins, bois, charbon, bestiaux. Autrefois capit. du Morvan.

CHÂTEAU-DAUPHIN ou CASTEL-DELFINO, bourg des États Sardes, sur la frontière de France, à 30 k. O. S. O. de Saluces, sur le versant S. du mont Viso; 1500 hab. Ancien fort qui appartint longtemps à la France: Charles-Emmanuel, duc de Savoie, s'en empara en 1588, mais le rendit bientôt. La France le céda à la Savoie en 1713.

CHÂTEAU-DU-LOIR, ch.-l. de cant. (Sarthe) à 35 kil. S. O. de St-Calais; 3017 hab. Station. Toile à voiles, filature de coton, tanneries; marrons.

CHÂTEAUDUN, Castellodunum en latin moderne, ch.-l. d'arr. (Eure-et-Loir), près de la r. g. du Loir, à 44 kil. S. O. de Chartres; 6776 hab. Trib. de 1re inst., collége, biblioth. Ancien château des comtes de Dunois. Grains, farine; tanneries, etc. — Bâtie au Xe siècle. — Héroïque résistance contre les troupes allemandes (18 oct. 1870).

CHÂTEAU-GAILLARD, c.-à-d. Château fort, nom donné en France à plusieurs forteresses. La plus célèbre est le Château-Gaillard d'Andely (Eure), sur la r. dr. de la Seine, à la porte des Andelys. Il fut construit en 1197 par Richard Cœur de Lion, pris en 1204 par Philippe-Auguste, servit de prison aux belles-filles de Philippe le Bel (1314) et à Charles le Mauvais (1356); fut pris par les Anglais en 1419, et repris par Charles VII en 1449. Il fut démantelé de 1603 à 1610; il n'en reste que le donjon, avec quelque tours et des souterrains.

CHÂTEAU-GIRON, ch.-l. de c. (Ille-et-Vilaine), à 17 kil. S. E. de Rennes; 2000 hab. Toile à voiles.

CHÂTEAU-GONTHIER, ch. d'arr. (Mayenne), sur la Mayenne, à 29 kil. S. E. de Laval; 8000 hab. — Trib. de 1re inst., collége diocésain, biblioth., curieuse église du Xe siècle. Serges, étamines, toiles; blanchisseries; tanneries. Bois, vin, fer, graine de trèfle, etc. — Cette ville se forma autour d'un château bâti en 1037 par Foulques Néra, comte d'Anjou, et fut érigée par Louis XIV en marquisat.

CHÂTEAU-HAUT-BRION, hameau de la Gironde, arr. de Libourne, cant. de Pujols. Vignoble célèbre, l'un des 4 premiers crus de vins rouges de Bordeaux. CHÂTEAU-LAFFITTE, hameau et vignoble renommé du Haut-Médoc (Gironde), commune de Pauillac, arr. de l’Esparre. C’est un des 4 premiers crus de vins rouges dits de Bordeaux.

CHÂTEAU-LANDON, ch.-l. de cant. (Seine-et-Marne), à 30 kil. S. de Fontainebleau ; 1800 hab. Pierre dure très-estimée, blanc d’Espagne. Anc. capitale du Gâtinais. Prise par les Anglais en 1436, reprise en 1437.

CHÂTEAU-LATOUR, hameau de la Gironde, dans le Haut-Médoc, arr. de Lesparre, canton de Pauillac ; un des 4 premiers crus de vins de Bordeaux.

CHÂTEAU-LA-VALLIÈRE, ch.-l. de cant. (Indre-et-Loire), à 38 kil. N. O. de Tours ; 1200 hab. Sources minérales, forges. Terre érigée en duché en 1667 par Louis XIV pour Mlle de La Vallière.

CHÂTEAULIN, ch.-l. d’arr. (Finistère), sur l’Aulne, à 28 kil. N. de Quimper ; 3000 h. Petit port. Trib. de 1re inst. La ville tire son nom d’un château fondé au Xe siècle par Alain, comte de Cornouailles.

CHÂTEAU-MARGAUX, commune de la Gironde, dans l’anc. Haut-Médoc, à 22 kil. N. O. de Bordeaux. Vignoble célèbre, l’un des 4 premiers crus de vins rouges de Bordeaux.

CHÂTEAU-MEILLANT, ch.-l. de cant. (Cher), à 29 kil. S. O. de St-Amand ; 3062 hab. Vieux château, et tour antique, bâtie, dit-on, par César.

CHÂTEAUNEUF, ch.-l. de cant. (Hte-Vienne), sur la Combade, à 34 kil. S. E. de Limoges ; 1200 h. — Ch.-l. de cant. (Ille-et-Vilaine), sur l’Auzon, à 14 kil. S. E. de St-Malo ; 680 hab. Fort hexagone, élevé en 1777, pour protéger la côte.

CHÂTEAUNEUF (le baron de). V. AUBESPINE.

CHÂTEAUNEUF (Renée de RIEUX, dite la belle de), maîtresse de Henri III, née vers 1550 d’une famille noble de Bretagne. Fille d’honneur de Catherine de Médicis, elle inspira une vive passion au duc d’Anjou (depuis Henri III), qui lui adressa nombre de sonnets galants. Quand ce prince, devenu roi, eut épousé Louise de Vaudemont, elle ne craignit pas de braver la reine et fut exilée. Elle épousa depuis un Florentin, qu’elle poignarda dans un accès de jalousie, puis un capitaine des galères, que le roi fit comte de Castellane.

CHÂTEAUNEUF (Franç. de CHASTAGNER, abbé de), né vers 1645, mort en 1708, était un homme d’esprit, de goût et de savoir, à qui l’on doit d’intéressantes études sur la musique des anciens ; mais il est surtout connu pour avoir été l’ami de Ninon de Lenclos et le parrain de Voltaire. — Son frère aîné, Pierre Antoine de Châteauneuf, marquis de Châteauneuf, 1744-1728, fut ambassadeur en Turquie, en Portugal et en Hollande.

CHÂTEAUNEUF-DE-RANDON, ch.-l. de cant. (Lozère), à 24 kil. N. E. de Mende ; 2200 hab. Jadis place forte. Du Guesclin l’assiégeait lorsqu’il mourut : le gouverneur de la place, qui lui avait promis de se rendre, vint déposer les clefs sur son cercueil (1380).

CHÂTEAUNEUF-DU-FAOU, ch.-l. de c. (Finistère), sur l’Aulne, à 19 kil. E. de Châteaulin : 2000 hab.

CHÂTEAUNEUF-EN-THIMERAY, Castrum Theodomirense, ch.-l. de cant. (Eure-et-Loir), à 21 kil. S. O. de Dreux ; 1250 hab. Mine de fer. Cette ville possédait un château fort, qui fut rasé en 1058.

CHÂTEAUNEUF-SUR-CHARENTE, ch.-l. de c. (Charente), à 27 kil. S. E. de Cognac ; 2200 hab. Commerce de vin, tabac, etc. Anc. place forte.

CHÂTEAUNEUF-SUR-CHER, ch.-l. de c. (Cher), à 22 kil. N. O. de St-Amand ; 1840 hab. Jadis fortifié. Érigé en marquisat pour Colbert.

CHÂTEAUNEUF-SUR-LOIRE, ch.-l. de c. (Loiret), à 26 kil. E. d’Orléans : 3075 hab. Raffinerie de sucre de betteraves, tuilerie ; lainages, vinaigres.

CHÂTEAUNEUF-SUR-SARTHE, ch.-l. de cant. (Maine-et-Loire), à 29 kil. E. de Segré ; 1240 hab. Filatures, tuileries, tanneries. Ville autrefois fortifiée et importante, la 2e de l’Anjou.

CHÂTEAU-PONSAC, ch.-l. de cant. (H.-Vienne), sur la Gartempe, à 13 kil. E. de Bellac ; 3829 hab.

CHÂTEAU-PORCIEN, ch.-l. de cant. (Ardennes), dans une île de l’Aisne, à 9 kil. O. de Réthel ; 2197 hab. Château sur un rocher. Serges, étamines, casimirs ; filatures de laine. Anc. seigneurie, érigée en comté en 1288 et en principauté en 1561.

CHÂTEAU-RENARD, ch.-l. de cant. (Loiret), sur l’Ouanne, à 17 kil. S. E. de Montargis ; 2100 hab. Drap pour la troupe ; commerce de safran et de laine. Jadis place forte appartenant aux Calvinistes, démolie en 1627 par Louis XIII. — Ch.-l. de cant. (Bouches-du-Rhône), près de la Durance, à 25 kil. N. E. d’Arles ; 5500 hab. Ruines d’un château de la reine Jeanne de Naples. Anc. fief de la Provence, concédé en 1380 comme baronnie à Gabriel de Valois.

CHÂTEAU-RENAULT ou REGNAUD, Caramentum, puis Castellum Reginaldi ; ch.-l. de cant. (Indre-et-Loire), à 26 kil. N. E. de Tours, 2000 h. Draps communs, tapis, bonneterie, etc. — Village des Ardennes, à 20 kil. N. E. de Sedan. Château fondé au XIIe siècle. Cette ville avait titre de principauté souveraine ; Louis XIII la racheta.

CHÂTEAU-RENAULT (Fr. L. ROUSSELET, comte de), vice-amiral, maréchal de France, né en 1637, mort en 1716. Chef d’escadre en 1673, il défit Ruyter en 1675, battit les Anglais à Bantry, conduisit un convoi en 1689 en Irlande au secours de Jacques II, et l’année d’après en ramena les troupes françaises avec 18 000 Irlandais. Dans la guerre de la succession d’Espagne, il conduisit les flottes espagnoles d’Amérique en Europe, et mit en sûreté les îles de l’Amérique. H reçut le bâton de maréchal en 1703.

CHÂTEAUROUX, ch.-l. du dép. de l’Indre, sur l’Indre, à 230 kil. S. O. de Paris (253 par la route d’Orléans) ; station ; 16 170 hab. Trib., lycée. Vieux château, fondé en 950 par un certain Raoul de Déols, qui a donné son nom à la ville (Château-Raoul, et par corruption Châteauroux) ; c’est auj. l’hôtel de la préfecture. Chemin de fer. Draps, laines, merceries ; manufact. de tabac. Grains, bestiaux. Patrie de Placide Porcheron, bénédictin, de Guimond Delatouche, du général Bertrand. — Châteauroux devint sous Louis XIII le ch.-l. d’un duché-pairie érigé en faveur d’Henri de Bourbon. Sous Louis XV ce duché fut donné à Marie Anne de Mailly, qui prit de là le titre de duchesse de Châteauroux.

CHÂTEAUROUX (Marie Anne DE MAILLY, duchesse de), de la maison de Nesle, épousa en 1734 le marquis de La Tournelle. Veuve à 23 ans, elle inspira la passion la plus vive à Louis XV, que ses deux sœurs, Mmes de Vintimille et de Mailly, avaient précédemment captivé. Devenue favorite en titre et soutenue par le duc de Richelieu, elle fut quelque temps toute-puissante à Versailles ; mais animée de nobles sentiments, elle sut arracher Louis XV aux délices de la cour et le conduire à la tête de ses armées en Flandre et en Alsace. Renvoyée honteusement à Paris lorsque Louis XV tomba malade à Metz en 1744, elle retrouva tout son crédit après la guérison du roi. La place de surintendante de la maison de la Dauphine lui était promise, lorsqu’une mort imprévue l’enleva (1744) : on la crut empoisonnée ; mais ce fait est dénué de preuves. Elle s’était fait construire à Choisy un magnifique château. On a publié en 1806 2 vol. de lettres qui lui sont attribuées. Mme Sophie Gay a publié sous le titre de La duchesse de Châteauroux, 1835, un roman plein d’intérêt.

CHÂTEAU-SALINS, ch.-l. d’arr. (Meurthe et Moselle), sur la Petite-Seille, à 30 kil. N. E. de Nancy ; 2621 hab. Sources salines qu’on n’exploite plus, soude ; bonneterie. Anc. château, qui appartint aux évêques de Metz, puis aux ducs de Lorraine.

CHÂTEAU-THIERRY, ch.-l. d’arr. (Aisne), sur la Marne, à 73 kil. S. O. de Laon ; 4761 h. Tribunal. collége, biblioth. ; station. Toiles, filatures de coton ; commerce de blé, vin, laines, etc. Patrie de La Fontaine, à qui une statue y a été érigée. — Château-Thierry doit son origine à un château bâti vers 720 pour Thierry IV, et dont on voit encore des ruines. En 927, Herbert II, comte de Vermandois, y amena Charles le Simple, qu'il y retint prisonnier. Charles-Quint s'empara de cette ville en 1544; le duc de Mayenne la prit en 1591; elle se soumit à Henri IV en 1595. Un combat acharné s'y livra le 12 février 1814.

CHÂTEAU-VILLAIN, ch.-l. de cant. (H.-Marne), sur l'Aujon, à 21 kil. S. O. de Chaumont; 1700 h. Forges; chevaux, bestiaux. Anc. comté, érigé en duché-pairie en 1703 pour le comte de Toulouse.

CHÂTEL ou CHÂTEL-SUR-MOSELLE, ch.-l. de c. (Vosges), à 16 kil. N. O. d'Épinal; 1200 hab.

CHÂTEL (Jean), fanatique, tenta en 1594 d'assassiner Henri IV : il s'introduisit dans la chambre du roi, et lui porta un coup de couteau à la lèvre, pendant qu'il se baissait pour relever deux officiers qui étaient à ses genoux. Arrêté sur-le-champ, il fut condamné à être écartelé. Il était fils d'un marchand de draps et n'avait que 19 ans. On accusa les Jésuites, qui furent à cette occasion bannis du royaume, mais bientôt rappelés, faute de preuves. Les Ligueurs inscrivirent J. Châtel dans leur martyrologe, et Jean Boucher écrivit son Apologie.

CHÂTELAIN (George), Castellanus, littérateur flamand, né à Gand en 1404, mort en 1475, visita l'Espagne, la France, l'Italie et l'Angleterre, où il se fit remarquer par son adresse et sa bravoure. Le duc de Bourgogne, Philippe le Bon, l'attacha à sa personne en qualité de panetier, puis d'écuyer, et le fit membre de son conseil privé. Il périt au siége de Neuss, où il accompagnait le prince. On a de lui : Chronique des ducs de Bourgogne (1461-69), publ. en 1827 par Buchon; Récollection des merveilles advenues de mon temps, en prose et en vers, ouvrage fort intéressant, mais en grande partie perdu (ce qu'on en possède fut publié, avec une continuation, par Jean Molinet, Paris, 1531), et la Chronique de Normandie, publ. à Londres, 1850. On lui a attribuée tort l’Histoire du bon chevalier Jacques de Lalain. Le baron Kervyn de Lettenhove a publié à Bruxelles ses Œuvres complètes, 1863 et ann. suiv.

CHAT-EL-ARAB, c.-à-d. riv. des Arabes, fleuve de la Turquie d'Asie, formé par la jonction du Tigre et de l'Euphrate, se jette dans le golfe Persique après un cours d'env. 200 kil., du N. O. au S. E.

CHÂTELARD, ch.-l. de cant. (Savoie), arr. de Chambéry; 1000 hab. Ruines d'un château féodal.

CHÂTELAUDREN, ch.-l. de cant. (Côtes-du-Nord), à 17 kil. O. de St-Brieuc, 900 hab. Plomb, argentifère. Ce lieu tire son nom d'un château bâti au Ve s. par Audren, comte de Bretagne.

CHÂTELDON, ch.-l. de cant. (Puy-de-Dôme), à 18 kil. N. de Thiers; 1600 hab. Eaux acidulés.

CHÂTELET (le), ch.-l. de cant. (Seine-et-Marne), à 10 kil. S. E. de Melun; 1000 hab. — Ch.-l. de c. (Cher), à 49 kil. S. E. de Bourges; 1100 hab.

CHÂTELET (le GRAND et le PETIT). On nommait ainsi deux forts de Paris, situés, l'un sur la r. dr. de la Seine, à l'entrée de la rue St-Denis, du côté du Pont-au-Change, l'autre sur la r. g., à l'extrémité du Petit-Pont, près de l'Hôtel-Dieu. Le 1er bâti, dit-on, par l'empereur Julien, reconstruit par Louis le Gros ou Philippe-Auguste, devint plus tard le siége de la justice prévôtale de Paris; il était en même temps une célèbre prison. Il fut démoli en 1802; son emplacement est devenu la place du Châtelet. Le 2e, construit d'abord en bois, fut renversé par un débordement de la Seine en 1296 et rebâti en pierre par Charles V en 1369 ; il servit alors de prison. Il fut démoli en 1782. — V. DUCHÂTELET.

CHÂTEL-GUYON, bourg du Puy-de-Dôme, à 5 k. de Riom; 2000 hab. Eaux thermales purgatives. Anc. château fort, bâti en 1185 par Guy, comte d'Auvergne, démoli en 1592.

CHÂTELLERAUT, Castellum Heraldi, ch.-l. d'arr. (Vienne), à 29 kil. N. E. de Poitiers, sur la Vienne; 14 210 h. Station. Église gothique de St-Jean, tour de l'église Notre-Dame, beau pont. Trib. de 1re inst. et de commerce, collége, soc. d'agriculture. Coutellerie célèbre, grande manufacture d'armes blanches et à feu; dentelles façon Mâlines. — Cette v. tire son nom d'un de ses principaux seigneurs, Hérauld ou Hérald, qui y construisit un château vers le IXe siècle. Elle fut érigée en duché-pairie en 1514 pour des princes de Bourbon et cédée en 1551 par Henri II au comte d'Arran (V. ce nom). Elle embrassa de bonne heure la Réforme, fut prise par les Catholiques en 1562 et reprise par les Protestants en 1569. C'est de Châtelleraut qu'Henri de Navarre (H. IV) publia le célèbre manifeste par lequel il se portait médiateur entre Henri III et la Ligue.

CHÂTELUS, ch.-l. de cant. (Creuse), à 15 kil. S. O. de Boussac; 1075 hab. — V. CHASTELLUX.

CHÂTENAY, Castanetum, joli vge de la Seine, ainsi nommé de ses bois de Châtaigniers, à 12 kil. S. de Paris et à 2 S. O. de Sceaux; 600 hab. Maisons de campagne. On y fait naître Voltaire. — Hameau de Seine-et-Marne, cant. de Nemours, où Henri III signa en 1576 un traité qui accordait aux Calvinistes le libre exercice de leur religion.

CHÂTENOY, ch.-l. de cant. (Vosges), à 11 kil. S. E. de Neufchâteau; 1150 hab. Fabriques d'orgues.

CHATHAM, v. et port militaire d'Angleterre (Kent), sur la Medway, à 45 kil. S. E. de Londres; 21 000 hab. Elle est contiguë à Rochester, dont on la regarde comme un faubourg. Fortifications admirables : magnifique arsenal, chantiers de construction, bassins, forges, fonderies, corderies; école de génie militaire et principale station de la marine anglaise. — L'arsenal de Chatham fut fondé par Henri VIII, agrandi et fortifié par Élisabeth et Charles II. Ruyter détruisit en partie cette place en 1667. C'est de cette ville que la famille des Pitt a pris le titre de lord Chatham. V. PITT.

CHÂTILLON, ch.-l. de cant. (Drôme), à 10 kil S. E. de Die; 1400 hab. Commerce de chanvre.

CHÂTILLON-DE-MICHAILLE, ch.-l. de cant. (Ain), à 20 kil. E. de Nantua; 1100 hab. Foires.

CHÂTILLON-EN-BAZOIS, ch.-l. de cant. (Nièvre), sur l'Aron, à 26 kil. O. de Château-Chinon; 860 hab.

CHÂTILLON-LÈS-DOMBES ou CHÂTILLON-SUR-CHALARONNE, ch.-l. de cant. (Ain), à 26 kil. N. E. de Trévoux; 2814 hab. Cette ville était près du pays de Dombes, mais n'en faisait pas partie. Patrie de Commerson. S. Vincent de Paul fut curé de Châtillon.

CHÂTILLON-SOUS-BAGNEUX, vge du dép. de la Seine, à 8 kil. S. O. de Paris; 800 hab. 1er combat du siége de Paris (19 sept. 1870). Carrières. Belle vue.

CHÂTILLON-SUR-INDRE, ch.-l. de cant. (Indre), à 47 kil. N. O. de Châteauroux; 3312 hab. Anc. seigneurie, possédée sous Philippe-Auguste par Dreux de Mélo. S. Louis la reprit à ses descendants en 1251. Louis XI la donna à Tanneguy du Châtel en 1472.

CHÂTILLON-SUR-LOING, ch.-l. de cant. (Loiret), à 22 kil. S. E. de Montargis; 2160 hab. Patrie des Coligny, dont le château existe encore.

CHÂTILLON-SUR-LOIRE, ch.-l. de cant. (Loiret), à 16 kil. S. E. de Gien; 1800 hab.

CHÂTILLON-SUR-MARNE, ch.-l. de cant. (Marne) à 30 kil. S. O. de Reims; 1000 hab. Patrie du pape Urbain II. Jadis capitale d'un comté particulier. V. ci-après CHÂTILLON (maison de).

CHÂTILLON-SUR-SEINE, ch.-l. d'arr. (Côte-d'Or), à 84 kil. N. O. de Dijon; 4430 hab. Joli château, collége, biblioth. Draps communs; chapeaux, forges, clouteries; haras. Patrie de Marmont. — Il se tint à Châtillon, en février et mars 1814, entre Napoléon et les alliés qui avaient envahi la France, un congrès célèbre, mais qui n'amena aucun résultat.

CHÂTILLON-SUR-SÈVRE, Mons Leonis, ch.-l. de cant. (Deux-Sèvres), à 25 kil. N. O. de Bressuire; 600 h. Commerce de moutons; fabriques de siamoises, etc. Cette ville a porté le nom de Mauléon jusqu'en 1737, époque où elle fut érigée en duché en faveur d'un comte de Châtillon dont elle prit le nom.

CHÂTILLON (maison de), illustre famille, dont l’origine remonte au IXe siècle, et qui s’éteignit en 1762, tirait son nom d’un comté champenois dont Châtillon-sur-Marne était le chef-lieu, et forma les branches de St-Pol, Blois, Penthièvre, Chartres ; etc. Elle possédait de vastes domaines et était alliée à plusieurs maisons souveraines. Les comtes de Châtillon joignaient à leur titre celui de princes de Porcian. Les principaux membres de cette famille sont : Eudes, qui fut pape sous le nom d’Urbain II ; Renaud de Châtillon, qui prit part à la 2e croisade, administra la principauté d’Antioche et fut pris en 1160 par les Musulmans ; Gaucher de Châtillon, sénéchal de Bourgogne, mort en 1219, qui accompagna Philippe-Auguste à la Terre-Sainte et se distingua au siége d’Acre et à la bat. de Bouvines ; un autre Gaucher de Châtillon, arrière-petit-fils du préc., né en 1250, m. en 1329, connétable de France sous Philippe le Bel et ministre de Louis X ; Charles de Châtillon (1300-1364), dit aussi Charles de Blois, issu d’une branche collatérale qui possédait les comtés de Blois et de Champagne.

Une maison toute différente, celle de Châtillon-sur-Loing, a produit aussi plusieurs hommes célèbres, entre autres les trois frères Coligny, Dandelot et Odet, cardinal de Châtillon. V. COLIGNY, etc.

CHATOU, vge de Seine-et-Oise, à 10 kil. N. de Versailles et à 15 kil. O. de Paris, sur le chemin de fer de Paris à St-Germain, près de la r. dr. de la Seine, qu’on y passe sur un beau pont de pierre ; 1300 hab. Jolies maisons de campagne ; monument érigé dans l’église à la mémoire du duc de Berry.

CHÂTRE (La). V. LACHÂTRE.

CHÂTRES, anc. nom d’Arpajon. V. ce nom.

CHATTERTON (Thomas), poëte anglais, remarquable par sa précocité et ses malheurs, né à Bristol en 1752, était fils d’un pauvre maître d’école. Il composa des satires dès l’âge de 11 ans, fit paraître à 16 ans plusieurs morceaux écrits dans un style antique, qu’il mettait sous le nom d’un vieux poëte nommé Rowley, attira par là quelque attention, et vint à Londres, croyant y faire fortune ; mais n’ayant pas trouvé de moyens suffisants d’existence, il s’empoisonna (1770), après avoir lutté quelques jours contre la faim ; il avait 17 ans et quelques mois. On s’intéressa à lui après sa mort, et l’on recueillit ses œuvres, 1771 et 1803. Elles ont été trad. par Javelin-Pagnon (avec une Vie de Chatterton, par A. Callet), 1840. 2 vol. in-8. M. A. de Vigny a composé un drame de Chatterton.

CHAUCER (Geoffroy), ancien poëte anglais, né à Londres en 1328, mort en 1400, fut page d’Édouard III, obtint l’amitié du duc de Lancastre, fils du roi, et fut chargé de plusieurs missions, particulièrement à Gênes et à Milan, ce qui lui permit de connaître les grands écrivains de l’Italie de cette époque. Ayant embrassé les opinions de Wiclef, il fut persécuté sous Richard II, et forcé pour quelque temps de quitter l’Angleterre ; mais lorsqu’une révolution eut placé sur le trône le fils de son protecteur, Henri de Lancastre (Henri IV), il rentra en faveur (1399). Il avait épousé la sœur de Catherine Swynford, qui devint la femme de son protecteur, et se trouvait ainsi allié à la famille royale. Chaucer est considéré comme le père de la poésie anglaise ; il est auj. difficile à comprendre. Parmi ses poëmes, on remarque la Cour d’Amour ; la Maison de la Renommée, imitée par Pope ; le Testament de l’Amour, imité de la Consolation de Boëce ; Troilus et Cresida, imité du Filostrato de Boccace, enfin les Contes de Cantorbéry, le meilleur de tous, imité du Décameron. On a réuni ses Œuvres à Londres en 1721, in-fol., et 1798, 2 vol. in-4, avec notes par Tyrwnitt. L’éd. la plus complète est celle de R. Bell, 1855.

CHAUCES, Chauci, peuple de la Germanie septentrionale, habitait entre l’Albis (l’Elbe) et le Visurgis (Weser), dans le pays correspondant aux territoires d’Oldenbourg, de Brême et de Hanovre. Ils entrèrent au IIIe s. dans la confédération des Francs.

CHAUDES-AIGUES, Calentes Aquæ, ch.-l. de c. (Cantal), à 33 kil. S. O. de St-Flour ; 2000 hab. Eaux thermales, qui lui ont valu son nom,

CHAUDET (Ant. Denis), sculpteur et peintre, né à Paris en 1763, mort en 1810, remporta à Rome le grand prix en 1784, sur le sujet de Joseph vendu par ses frères, fut admis à l’Académie en 1805 et nommé professeur à l’École des beaux-arts. On lui doit le groupe de l’Émulation de la gloire, pour le péristyle du Panthéon, en 1801 ; Œdipe enfant, un de ses meilleurs ouvrages ; le Papillon et la Rose ; la statue de Dugommier, et celle de Napoléon qui surmontait avant 1814 la colonne de la place Vendôme. Comme peintre, il a traité le tableau d’Énée et Anchise, etc. Il réussissait surtout dans les sujets gracieux.

CHAUDIÈRE, riv. du Bas-Canada, sort du lac Mégartik et se jette dans le St-Laurent, au-dessous de Québec ; elle forme à 4 kil. au-dessus de son emb. une cataracte de 40m. Cours, 130 kil. — Lac situé entre le Haut et le Bas-Canada, est formé par l’Ottawa, au-dessous du lac du Chat, dont le sépare la chute de ce nom ; il a 50 kil. sur 7.

CHAUDON (Dom Louis MAIEUL), biographe, né en Provence en 1737, mort en 1817, entra chez les Bénédictins de Cluny. Il est connu par un Nouveau Dictionnaire historique, qu’il publia en 1766, Avignon, 4 vol. in-8, et qui fut porté à 13 vol. dans une 8e édition, publiée à Lyon en 1804, avec Delandine, et à 21 dans une refonte due à Prudhomme, 1810-12. On a encore de Chaudon un Dictionn. antiphilosophique, où il combat Voltaire. — Son frère, Esprit Chaudon, 1738-1800, a donné la Bibliothèque de l’homme de goût, Avignon, 1772, ouvrage utile, refondu depuis par Desessarts et Barbier.

CHAUFFAILLES, ch.-l. de cant. (Saône-et-Loire), à 29 kil. S. de Charolles ; 3582 h. toiles, calicots.

CHAUFFEPIÉ (J. Georges DE), né à Leuwarden en 1702, mort en 1786, était ministre calviniste, et résida longtemps à Amsterdam. On lui doit un Nouv. Dictionnaire historique et critique pour servir de supplément à celui de Bayle, Amsterdam, 1750-56, 4 vol. in-fol., ouvrage plein de savantes recherches. Il a traduit, plusieurs volumes de l’Histoire universelle anglaise.

CHAUFFEURS, brigands qui, pendant la Révolution, envahissaient les maisons isolées et chauffaient les pieds de leurs victimes jusqu’à ce qu’elles déclarassent l’endroit où elles avaient déposé leur argent. S’étant mêlés aux Chouans, ils affectèrent un caractère politique, ce qui contribua à les rendre plus fameux. Ils disparurent en 1803.

CHAULIAC (Gui DE), médecin, né vers 1320 à Chauliac dans le Gévaudan, exerça son art à Lyon, puis à Avignon où il fut médecin de trois papes, et composa en 1363 un traité qui fut longtemps regardé comme classique, Inventarium sive collectorium chirurgicalis medicinæ, impr. à Bergame dès 1498, in-f., trad. en fr. par L. Joubert, Lyon, 1592. Il se signala par son dévouement dans la peste de 1348.

CHAULIEU (Guill. AMFRYE, abbé de), poëte aimable, né en 1639 à Fontenay dans le Vexin, mort en 1720 à 81 ans, prit le petit collet, obtint par la protection du duc de Vendôme de riches bénéfices, qui lui permirent de se livrer à son goût pour la repos et pour les plaisirs de l’amour et de la table. Il résidait habituellement au Temple, où se réunissait une société choisie, et mérita par l’élégance de sa poésie épicurienne d’être appelé l’Anacréon du Temple. On remarque surtout son Ode contre l’Esprit, ses vers sur la Mort, sur la Retraite, ses stances sur la Goutte et sur la Solitude de Fontenay. Il fut particulièrement lié avec le marquis de la Fare, poëte comme lui. Leurs œuvres ont été plusieurs fois publiées ensemble, notamment en 1750 par St-Marc. Des Lettres inédites de Chaulieu ont été publiées en 1850 par le marquis de Bérenger.

CHAULNES, ch.-l. de cant. (Somme) à 80 kil. S. O. de Péronne ; 1250 hab. Toiles, baptistes ; blanchisseries de toile. Patrie du grammairien Lhomond, à qui une statue y a été érigée en 1860. Titre d'un comté qui en 1619 fut érigé en duché, et qui appartenait à la maison d'Albert.

CHAULNES (Honoré D'ALBERT, duc de), maréchal de France, né vers la fin du XVIe siècle, mort en 1649, était frère de Charles d'Albert de Luynes. Il parut à la cour sous le nom de Cadenet; devint successivement mestre de camp, lieutenant général de Picardie, maréchal de France; fut créé en 1619 duc de Chaulnes, et pair de France en 1621. Il partagea avec le maréchal de La Force le commandement de l'armée de Picardie, 1625, devint gouverneur de cette province en 1633; commanda en Artois et s'empara d'Arras en 1640, avec le maréchal de Châtillon.

CHAULNES (Ferdinand D'ALBERT D'AILLY, duc de), arrière-neveu du préc., pair de France, lieutenant général et gouverneur de Picardie, né en 1714, mort en 1769, cultiva la physique et l'histoire naturelle, et employa son immense fortune au progrès des sciences. En 1743, il devint membre honoraire de l'Acad. des sciences. On a de lui : Nouvelle Méthode pour diviser les instruments mathématiques, suivie d'une Description d'un microscope, Paris, 1768, in-fol., et des Mémoires, dans le recueil de l'Académie des sciences. Il eut le premier l'idée de la fabrication des eaux minérales factices. — Louis d'Albert d'Ailly, duc de Chaulnes, fils du précéd., né en 1741, mort vers 1793, porta jusqu'à la mort de son père le titre de duc de Pecquigny. Il cultiva les sciences avec succès, et fut reçu membre de la Société royale de Londres. Il découvrit les moyens d'extraire et de purifier les sels de l'urine, l'art de faire cristalliser les alcalis, et de secourir les asphyxiés. Il visita l’Égypte et publia un Mémoire sur l'entrée du monument de Sakkara, 1785.

CHAUMERGY, ch.-l. de cant. (Jura), à 27 kil. S. de Dôle; 400 hab.

CHAUMETTE (Pierre Gaspard), né à Nevers en 1763, était fils d'un cordonnier qui lui fit faire quelques études. Il vint à Paris en 1789, travailla à un journal intitulé les Révolutions de Paris, et fut nommé en 1792 procureur syndic de la Commune. Il professa alors les opinions les plus violentes et se mit avec Hébert, son substitut, à la tête d'une faction de démagogues dite des Hébertistes. Orateur de carrefour, il exerça une déplorable influence sur le peuple : il essaya de détruire tous les cultes religieux et provoqua la destruction d'un grand nombre d'œuvres d'art consacrées au culte catholique. Il inventa les fêtes de la Raison, qui se célébraient à Notre-Dame, et dont la déesse était représentée par une actrice de l'Opéra. Robespierre, qui craignait en lui un rival, le fit décapiter en 1794. Chaumette avait pris le nom d’Anaxagoras.

CHAUMONT (en Bassigny), Calvus mons, Calvimontium, ch.-l. du dép. de la Hte-Marne, à 254 k. S. E. de Paris par route (262 par chemin de fer); 6318 hab. Trib. de 1re inst. et de comm., lycée, bibliothèque; société d'agric., sc. et arts. Chemin de fer, avec un admirable viaduc à 3 étages d'arcades. Bas drapés, chapeaux, gants, coutellerie, sucre de betteraves, mégisseries, etc. Patrie de Bouchardon. — Chaumont était jadis le ch.-l. de Bassigny et du comté de Chaumont, comté qui eut des seigneurs particuliers jusqu'à sa réunion au comté de Champagne en 1228. En 1814, après la rupture du congrès de Châtillon, l'Autriche, la Russie, la Prusse, signèrent à Chaumont un acte portant qu'on ne traiterait plus avec Napoléon et que la France serait réduite a ses anciennes limites.

CHAUMONT-EN-VEXIN, ch.-l. de cant. (Oise), à 28 k. S. O. de Beauvais; 1000 hab. Dentelles, éventails.

CHAUMONT-PORCIEN, ch.-l. de cant. (Ardennes), sur l'Aisne, à 22 k. N. O. de Réthel; 1000 h. Toiles.

CHAUMONT-SUR-LOIRE, bourg de Loir-et-Cher, sur la Loire, r. g., à 16 kil. S. O. de Blois; 950 hab. Anc. domaine de la maison d'Amboise : vieux château, où résidait souvent Catherine de Médicis; pont de 700m sur la Loire.

CHAUNY, ch.-l. de cant. (Aisne), sur l'Oise et sur un embranchement du canal de St-Quentin, à 37 k. N. O. de Laon; 4483 hab. Autrefois place forte. Chemin de fer; station. Bonneterie, fabrique de soude, usine hydraulique pour polir les glaces de St-Gobain, etc. Patrie de l'abbé Racine.

CHAUSSARD (J. B. Publicola), littérateur et poëte, né à Paris en 1766, mort en 1823, fut un chaud partisan de la Révolution, se fit nommer secrétaire de la mairie de Paris, puis du Comité du salut public, et devint plus tard un des adeptes de la secte des Théo-philanthropes. Lors du rétablissement de l'Université, il professa les belles-lettres au collége de Rouen, puis la poésie latine à la Faculté de Nîmes. On a de lui : l'Éducation des peuples, 1793; l’Esprit de Mirabeau, 1797; Les Fêtes et les courtisanes de la Grèce, 1801, et Héliogabale, 1803, ouvrage trop souvent licencieux; une traduction des Expéditions d'Alexandre, d'Arrien, 1803; des odes, et une Épître sur les genres dont Boileau n'a pas fait mention dans l'Art poétique, 1811, transformée depuis en un poëme en 4 chants sous le titre de Poétique secondaire, 1819 : c'est son meilleur ouvrage.

CHAUSSÉE-DES-GÉANTS, cap d'Irlande (Antrim), au N., formé d'une immense quantité de colonnes basaltiques qui se prolongent au loin dans la mer.

CHAUSSEY, île de France (Manche), dans la Manche, à 13 kil. N. de Granville; 2500m sur 1300. Beau granit bleu. Phare.

CHAUSSIER (Br.), médecin, né à Dijon en 1746, mort à Paris en 1828, enseigna d'abord l'anatomie à Dijon, fut appelé à Paris en 1794 pour concourir à la réorganisation de l'enseignement de la médecine, occupa une chaire d'anatomie dans la nouvelle école, fut nommé en 1804 médecin de la Maternité, puis médecin en chef de l’École polytechnique. Il créa pour l'anatomie des muscles une nomenclature nouvelle qui malgré son mérite n'a pas été conservée, et rédigea un grand nombre de mémoires intéressants. On estime ses Tables synoptiques d'anatomie, 1799-1816, et ses travaux sur la médecine légale. Il admettait la doctrine du vitalisme organique.

CHAUSSIN, ch.-l. de cant. (Jura), sur la r. g. du Doubs, à 14 kil. S. O. de Dôle; 1100 hab. Près de là, château de Villarceau.

CHAUVEAU-LAGARDE (Claude François), avocat de Paris, né en 1756 à Chartres, mort en 1841, se distingua sous le régime de la Terreur en défendant, au péril de sa vie, un grand nombre d'accusés, notamment la reine Marie-Antoinette, Mme Élisabeth, sœur du roi, et Charlotte Corday. Dénoncé par Hébert et mis en arrestation, il était sur le point d'être traduit devant le tribunal révolutionnaire lorsque le 9 thermidor lui sauva la vie. Sous les divers régimes qui se succédèrent, il continua avec la même indépendance l'exercice de sa profession, et mérita l'estime de tous. En 1806, Napoléon le gratifia d'une des charges d'avocat au Conseil d'État qui furent créées alors. Les Bourbons, à leur retour, lui donnèrent la croix d'honneur avec des titres de noblesse. Il fut nommé en 1828 conseiller à la Cour de cassation. Il a publié une Notice sur le procès de la reine et de Mme Élisabeth (1816), et quelques plaidoyers. Son nom a été donné à une rue de Paris.

CHAUVELIN (Germain Louis de), garde des sceaux et secrétaire d'État aux affaires étrangères, né en 1685, mort en 1762, fut de 1727 à 1737 le second et l'homme de confiance du cardinal Fleury, alors premier ministre; mais ayant été soupçonné par celui-ci de vouloir le supplanter, il fut aussitôt exilé (1737). — Son fils, Franç. Claude, marquis de Chauvelin, mort en 1774, servit en Italie et en Flandre, devint ambassadeur à Gênes et à Turin, et passa ses derniers jours à la cour, dans l'intimité de Louis XV. — Bernard François, marquis de Chauvelin, fils du préc., né en 1766, mort en 1832, adopta les principes de la Révolution de 1789, fut chargé d'une mission diplomatique à Londres en 1792, siégea au Tribunat après le 18 brumaire, et fut nommé intendant de la Catalogne en 1812. Élu en 1816 membre de la Chambre des Députés, il prit place parmi les plus ardents champions de la cause nationale. Sa vie parlementaire ne fut qu'un long combat contre le ministère ultra-royaliste. Il donna sa démission en 1829, désespérant d'une cause qui triompha quelques mois plus tard. Chauvelin brillait surtout à la tribune par son esprit et par son originalité.

CHAUVELIN (Henri Philippe de), chanoine de Notre-Dame et conseiller au parlement de Paris, frère du marquis Franç. Claude, né en 1716, mort en 1770, attaqua avec ardeur les Jésuites et défendit le Jansénisme, ce qui le fit enfermer en 1763 au mont St-Michel. Dès qu'il fut libre, il recommença le combat et publia, en 1761, deux écrits qui firent grand bruit : Discours sur les constitutions des Jésuites; Compte rendu sur la doctrine des Jésuites.

CHAUVIGNY, ch.-l. de cant. (Vienne), sur la Vienne, et à 24 kil. N. O. de Montmorillon; 1600 h. Ville autrefois forte et défendue par 4 châteaux.

CHAUX (La). V. LA CHAUX.

CHAVANGES, ch.-l. de cant. (Aube), à 30 kil. E. d'Arcis; 1100 hab. Cotonnades.

CHAVANNES, v. du dép. de l'Ain, sur le Suran, à 17 kil. N. de Bourg; 1950 hab. Autrefois ville forte. Avant la conquête de la Franche-Comté en 1674, elle était sur l'extrême frontière de la France.

CHAVES, Aquæ Flaviæ, v. de Portugal (Tras-os-Montes), à 70 k. O. de Bragance; 5250 hab. Pont romain de 18 arches sur la Tamega. Eaux thermales.

CHAVES (Silveyra Pinto DE FONSECA, marquis de), comte d'Amarante, général portugais, né vers 1780, mort en 1830, se mit en 1823 à la tête d'un petit corps de troupes afin de soustraire le roi Jean VI au joug des Cortès, s'empara de Chaves, de Villaréal, ramena le roi libre à Lisbonne, et fut en récompense créé marquis de Chaves.

CHEF-BOUTONNE, ch.-l. de cant. (Deux-Sèvres), à 14 kil. S. E. de Melle, près de la source de la Boutonne; 1550 hab. Serges, faïence, bestiaux.

CHEHREZOUR, pachalik de Turquie (Kourdistan), entre ceux de Van au N., de Bagdad au S., de Mossoul et de Diarbékir à l'O., et la Perse à l'E.; 330 k. sur 220. Il a pour v. principales Chehrezour (ch.-l. et évêché grec), Betlis et Kerkouk.

CHEIK, c.-à-d. ancien, nom que donnent à leurs chefs les tribus Arabes. Ce titre est aussi donné aux desservants des mosquées et aux savants.

CHÉLIF, Chinalaph chez les anciens, la plus importante riv. de l'Algérie, sort du Djebel Amour, dans le versant septentrional de l'Atlas, reçoit peu après les 70 Fontaines, et se jette dans la Méditerranée entre Tenez et Arzew, à 13 kil. N. E. de Mostaganem, après avoir coulé au N. E., puis au N. O., dans les prov. d'Alger et d'Oran, pendant un cours de 250 kil. env.

CHELLA ou SEBILAH, Salla ou Mansalla au moyen âge, v. du Maroc, à 140 kil. O. de Fez, est regardée comme une ville sainte par les Maures.

CHELLES, Cellæ, bourg de Seine-et-Marne, à 28 kil. S. O. de Meaux, et à 9 kil. O. de Lagny; 1200 hab. Station. Canal abrégeant la navigation de la Marne. Célèbre abbaye fondée par Bathilde, femme de Clovis II, vers 670, et où furent confinés plusieurs princes mérovingiens. En 1008, il s'y tint un concile. C'est dans un bois des environs de Chelles que Chilpéric I fut assassiné en 584.

CHELM, v. de la Pologne russe, à 60 kil. de Lublin; 2000 hab. Château fort. Jadis ch.-l. d'un palatinat et florissante; c'est encore un évêché. Les Polonais furent vaincus par les Prussiens à Chelm en 1794.

CHELMSFORD, Cæsaromagus, v. d'Angleterre, ch.-l. du comté d'Essex, à 49 kil. N. E. de Londres, sur le Chelmer; 6000 h. Beau pont, théâtre, caserne. Courses annuelles de chevaux.

CHELSEA, v. d'Angleterre (Middlesex), à l'O. et tout près de Londres, sur la Tamise; 32 000 hab. Pont de bois sur la Tamise. Hôtel des Invalides, fondé par Charles II en 1682; maison d'Orphelins militaires, fondée par le duc d'York en 1801. Palais de l'évêque de Winchester; jardin botanique.

CHELTENHAM, v. d'Angleterre (Glocester), à 14k. N. E. de Glocester; 3000 h. en 1801, 42 000 en 1860. Église et théâtre remarquables. Eaux minérales et thermales, découvertes en 1716, et très-fréquentées.

CHEMILLÉ, ch.-l. de cant. (Maine-et-Loire), à 20 kil. E. de Beaupréau; 3888 hab. Fabriques de toile, filatures de coton, blanchisseries, etc.

CHEMIN, ch.-l. de cant. (Jura), à 18 kil. S. O. de Dôle; 250 hab.

CHEMINAIS (le P.), jésuite, né à Paris en 1652, mort en 1689, se livra avec succès à l'enseignement et à la prédication. On a de lui des Sermons estimés, publ. en 1690 par le P. Bretonneau.

CHEMMIS, v. de la Hte-Égypte, auj. Akmym.

CHEMNITZ, v. du roy. de Saxe, ch.-l. de l'Erzgebirge, sur une riv. de même nom, à 62 kil. S. O. de Dresde; 32 000 hab. Fabriques de tissus divers; filatures, teintureries. Patrie de Puffendorf, G. Fabricius, Heyne. Anc. abbaye, fondée en 1125. — Chemnitz est une des plus anc. villes de Saxe; elle fut fondée par les Serbes et fortifiée par Henri l'Oiseleur; elle était ville impériale avant le XIVe siècle.

CHEMNITZ (Martin), Chemnitius, théologien protestant, né en 1522 à Britzen dans le Brandebourg, mort en 1586, a publié : Examen concilii Tridentini, Francfort, 1585, 4 vol. in-fol. ; Traité des indulgences, traduit du latin en français, Genève, 1599; Harmonia evangelica, Francfort-sur-le-Mein, 1600 à 1611; Theologia Jesuitarum, La Rochelle, 1589. — Son petit-fils, Philippe Ch., mort en 1678, connu sous le nom de Hippolytus à Lapide, est auteur de l'ouvrage intitulé De Ratione status in imperio Romano-Germanico, 1640, où il blâme l'abus des droits impériaux.

CHEMNIZER (Ivan), né a St-Pétersbourg en 1744, mort à Smyrne en 1784, servit dans la garde impériale et cultiva en même temps les lettres. Il est regardé comme le La Fontaine des Russes. La meilleure édition de ses fables a paru à St-Pétersbourg en 1799; elle sont été trad. par Masclet, Moscou, 1830.

CHENDI, v. de Nubie, jadis capit. de l’État de Chendi, sur la r. dr. du Nil, à 350 kil. N. de Sennaar, avait de 8 à 900 maisons et comptait 6 à 7000 hab. avant que Méhémet-Ali, pacha d’Égypte, l'eût détruite en 1822, pour venger le meurtre de son fils Ismaïl, qui y avait été tué en 1819. C'était l'entrepôt et le grand marché d'esclaves de la Nubie. Le roi du Chendi, avec celui de l'Halfay, pouvait armer 30 000 cavaliers. L’État de Chendi est auj. tributaire du pacha d’Égypte. C'est dans cet État que se trouve l'île Méroé des anciens.

CHÊNEDOLLÉ (Ch. LIOULT de), poëte, né à Vire en 1769, mort en 1833, passa le temps de la Révolution en Hollande et en Allemagne, revint en France sous l'Empire, fit paraître en 1807 le Génie de l'homme, poëme didactique qui attira l'attention, fut nommé professeur à Rouen, puis inspecteur de l'Académie de Caen (1812), et enfin inspecteur général de l'Université (1830). Outre le Génie de l'Homme, on a de lui l'Invention, poëme dédié à Klopstock, 1795; des Études poétiques, 1820, et l'Esprit de Rivarol, 1808.

CHÊNE-POPULEUX (le). V. CHESNE-POPULEUX.

CHÉNÉRAILLES, ch.-l. de cant. (Creuse), à 18 k. N. d'Aubusson; 950 hab. Jadis place forte. Antiquités.

CHÉNIER (Marie Joseph de), poëte français, né en 1764 à Constantinople où son père était consul, mort à Paris en 1811, suivit d'abord la carrière militaire, mais la quitta au bout de deux ans pour se consacrer aux lettres et cultiva avec succès plusieurs genres, mais surtout le théâtre. Enthousiaste des idées républicaines, il leur dut le plus souvent ses inspirations. Il fit représenter successivement ' Charles IX, en 1789; Henri VIII et la Mort de Calas, 1791; Gracchus, 92, Fénelon, 93; Timoléon, 94. Dans toutes ses pièces, on trouvait exprimés, dans un style pur, noble et énergique, la haine du despotisme et un vif amour de la liberté; aussi eurent-elles pour la plupart un succès prodigieux. Chénier fut de toutes les assemblées politiques qui se succédèrent depuis 1792 jusqu'en 1802; quoique ardent démocrate, il s'efforça d'arrêter les excès révolutionnaires. Il s'était surtout occupé d'instruction publique : aussi fut-il, lors du rétablissement des écoles, nommé inspecteur général des études; mais il fut destitué sous l'Empire. Il était membre de l'Académie française, et fut chargé de faire au nom de ce corps le rapport sur les progrès de la littérature de 1788 à 1808, pour les prix décennaux. Outre ses tragédies, Chénier a composé des poésies lyriques (odes, hymnes, chants imités d'Ossian), dont il publia un recueil en 1797 ; des épîtres, des satires pleines de verve et de sel, parmi lesquelles on remarque l’Épître à Voltaire; quelques ouvrages en prose, dont le plus estimé est son Tableau de la littérature française depuis 1789, ouvrage posthume, Paris, 1815. Il a en outre composé une foule de chants patriotiques pour les fêtes républicaines. La calomnie l'accusa, mais contre toute vérité, de n'avoir rien fait pour soustraire son frère à l'échafaud : il a repoussé cette accusation avec éloquence dans son Épître sur la calomnie (1797). Ses œuvres ont été réunies par Arnault, 1824-26, 8 vol. in-8. Daunou a donné ses Œuvres posthumes, avec une Notice, 1824, 3 v. in-8. On y trouve plusieurs tragédies qui n'avaient pas été représentées, Philippe II, Brutus et Cassius, Œdipe roi, Œdipe à Colone, et Tibère, son chef-d'œuvre.

CHÉNIER (André de), frère aîné du préc., né à Constantinople en 1762, se distingua de bonne heure par son talent poétique; il réussissait surtout dans l’élégie. Révolté par les excès de la Révolution, il osa les blâmer hautement dans des lettres qu'il fit insérer au Journal de Paris; traduit pour ce fait devant le tribunal révolutionnaire, il fut condamné à mort, en 1794. Quelques jours avant l'exécution, il composa sur sa fin prématurée les vers les plus touchants. Ses œuvres, recueillies longtemps après sa mort, ont été publ. en 1819 par H. de La Touche. Une édition plus complète a paru en 1840. Nourri des poëtes grecs, A. Chénier sut comme eux unir aux sentiments les plus élevés un style pur, élégant, harmonieux. Parmi ses poésies, on admire surtout l'Aveugle, la Liberté, le Jeune Malade, le Mendiant, la Jeune Captive. C'est de lui qu'est ce vers qui définit bien son talent :

Sur des pensers nouveaux faisons des vers antiques.

CHENNAB, l’Acesines, fl. de l'Inde. V. TCHENNAB.

CHENONCEAUX, bourg du dép. d'Indre-et-Loire, sur le Cher, à 14 kil. S. d'Amboise. Beau château bâti par François I pour la duchesse d'Étampes, et qu'habita ensuite Catherine de Médicis. Il est auj. possédé par le comte de Villeneuve.

CHEN-SI, prov. septentr. de la Chine, entre celles de Chan-si à l'E., de Kan-sou à l'O.; 845 k. sur 310; 14 800 000 h.; ch.-l. Si-an. Elle se div. en 7 dép.

CHÉOPS, anc. roi d’Égypte, régnait à Memphis, et fit élever la grande pyramide : il accabla son peuple d'impôts et de corvées afin d'exécuter ce travail gigantesque. On plaçait jusqu'ici son règne au XIIe s. av. J.-C. (1178-22); mais, d'après les monuments récemment explorés, il paraît antérieur à Abraham.

CHÉPREM, roi d’Égypte, frère et successeur de Chéops, régna 56 ans au dire d'Hérodote, et construisit une des pyramides, la 2e en grandeur.

CHEPSTOW, v. et port d'Angleterre (Monmouth), à 17 k. S. de Monmouth, à l'emb. de la Wye; 3000 h. Vieux château sur un roc presque perpendiculaire. Pont-tube en fer. Construction de navires.

CHER, Caris, riv. de France, naît près du hameau de Cher (Creuse), baigne Auzance, Montluçon, St-Amand, Châteauneuf, Vierzon, St-Aignan, Montrichard, Bléré, St-Sauveur, reçoit l'Yèvre, l'Arnon, l'Auron, et se jette dans la Loire au Bec-du-Cher (Indre-et-Loire), après un cours de 345 kil., dont 200 de flottage. Elle est peu navigable. — Il y a en Bretagne une petite riv. du nom de Cher, qui se jette dans la Vilaine au-dessus de Redon.

CHER (dép. du), le dép. le plus central, entre ceux du Loiret au N., de la Creuse au S., de l'Allier et de la Nièvre à l'E., de Loir-et-Cher, de l'Indre à l'O.; 7133 kil. carrés; 323 393 hab.; ch.-l., Bourges. Il est formé de la partie orient. du Berry et d'une portion du Bourbonnais. Sol plat, sablonneux. Fer, houille, marbre, grès, pierre de taille, pierre lithographique, argile, etc. Grains, vin, lin, eau chanvre, châtaignes, cire; chevaux, bétail, moutons estimés, quelques mérinos. Forges et fonderies; draps, toiles de chanvre; porcelaine, faïence, papeteries, etc. Commerce de fer, laines, merrain, huile de noix, salin, potasse, salpêtre, etc. — Ce dép. a 3 arr. (Bourges, St-Amand, Sancerre), 29 c., 297 comm.; il appartient à la 13e div. militaire, possède une cour impér. et un archevêché, (à Bourges).

CHERASCO, Clarascum, en français Quérasque, v. murée du Piémont, au confluent de la Stura et du Tanaro, à 35 kil. N. de Mondovi; 9000 hab. Jolie ville. — Ville libre jusqu'au XIIIe siècle, elle appartint depuis aux rois de Naples (1260), aux comtes et ducs de Savoie, aux Français (1796), et enfin aux rois de Sardaigne (1814). C'est auj. un des boulevards du roy. d'Italie. Richelieu y conclut en 1631 un traité qui maintenait le duc de Nevers, Charles I, dans le duché de Mantoue. Le général Bonaparte y signa en 1796 un armistice avec le Piémont.

CHERBOURG, Cæsaris burgus, peut-être le Coriallum des anciens, Carusbur au Xe s., v. et port du dép. de la Manche, ch.-l. du 1er arrond. de marine milit., sur une baie de la Manche, à l'embouch. de la Divette, à 340 k. N. O. de Paris (361 par la route de St-Lô), à 370 k. par chemin de fer; 28 800 h. Superbe port militaire, le seul que nous ayons dans la Manche : il peut contenir 50 vaisseaux de ligne; il est défendu par plusieurs forts construits sur des îlots environnants, dont les principaux sont le fort Impérial et le fort de Querqueville. La rade est fermée par une digue de 3866m, au milieu de laquelle est le Fort central. Outre le port militaire, il y a un port marchand. Trib. de 1re inst., de comm. et de marine. Collége, école préparatoire à la marine, école d'hydrographie. Chemin de fer. Dentelles, bonneterie, raffinerie de soude de varec; chantiers de construction, etc. — Vainement assiégée par Édouard III, roi d'Angleterre, en 1346, elle fut plus tard livrée aux Anglais par la trahison de son gouverneur (1418). Les Français la reprirent en 1450. Les Anglais s'en emparèrent une 2e fois en 1758 et la ravagèrent. La construction de son port actuel date de 1808; la digue, faite de main d'homme, a été commencée par Louis XVI en 1784 et n'a été terminée qu'en 1853. C'est à Cherbourg que s'embarqua Charles X en 1830.

CHERBURY (lord). V. HERBERT.

CHERCHELL, Iol, puis Julia Cæsarea, v. d'Algérie, sur la mer Méditerranée, à 60 k. O. d'Alger; 3050 hab. Cette ville, qui, sous les Romains, donna son nom à la Mauritanie Césarienne, appartint au roi Juba le Jeune, qui l'appela Cæsarea en l'honneur d'Auguste, son protecteur. Dévastée par les Vandales et les Arabes, elle fut reconstruite au XVe s. par les Maures chassés d'Espagne. Elle fut prise en 1531 par André Doria et en 1840 par les Français.

CHÉRÉA (Cassius), tribun d'une cohorte prétorienne, tua de sa main Caligula, et tenta de rétablir la république. Claude le fit mettre à mort dès qu'il fut sur le trône, 41 de J.-C.

CHÉRÉDIN, pour Kaïr-Eddyn. V. BARBEROUSSE.

CHERI'A (EL), l'ancien Jourdain. V. JOURDAIN.

CHÉRIBON, v. de l'île de Java, ch.-l. de la prov. (jadis roy.) de Chéribon, sur une baie de la côte N. ; 8000 h. Palais du sultan et hôtel du résident de la prov. Grand commerce; café, indigo, bois de construction. Aux env., volcan qui fume encore.

CHÉRIF, nom arabe qui signifie noble, est un titre que prennent ceux qui descendent de Mahomet par sa fille Fatime et son gendre Ali. Il est aussi donné spécialement aux chefs de divers États, notamment aux princes qui gouvernent La Mecque, et qu'on nomme grands chérifs, et aux souverains de Fez, de Maroc et de Tafilet. Les chérifs, prétendus descendants de Mahomet, forment des familles assez nombreuses que l'on trouve répandues dans la plupart des États musulmans. Ils se distinguent par un turban vert. — Le mot de chérif s'emploie aussi adjectivement pour dire auguste, comme dans hatti-chérif, firman auguste, signé de la main du sultan.

CHÉRILUS. V. CHOERILUS.

CHÉROKIES, tribu indienne dés États-Unis, habite le nord des États de Géorgie et d'Alabama, et le S. E. du Tennessee. Leur nombre n'est plus guère que de 15 000 indiv. C'est le peuple indigène de l'Amérique sept. le plus civilisé; il a un gouvt représentatif.

CHÉRON (Élisabeth Sophie), fille d'un peintre en émail, née à Paris en 1648, morte en 1711, se distingua dans la peinture, la musique et la poésie, et fut reçue en 1672 à l'Académie de peinture et de sculpture. Ses talents la firent rechercher par Le Hay, ingénieur du roi, qui l'épousa. Élevée dans la religion protestante, elle abjura. On estime surtout son portrait de Mme Deshoulières et sa Descente de Croix, d'après Zumbo. Ses écrits sont : Livre des principes à dessiner, 1706; Psaumes et Cantiques mis en vers, 1694; le Cantique d'Habacuc et le Psaume CIII, trad. en vers, et les Cerises renversées, petit poëme publ. après sa mort, 1717 et mis en vers latins, par Raux, 1797.

CHÉRON (L. Claude), né à Paris en 1758, mort en 1807, membre de l'Assemblée législative, puis préfet de la Vienne (1805), cultiva la littérature avec quelque succès. On a de lui : Caton d'Utique, tragédie imitée d'Addison, le Tartufe de Mœurs, comédie imitée de Sheridan (School for Scandal), des Poésies fugitives, et une trad. de Tom Jones, 1804.

CHÉRONÉE, Cheronea, d'abord Arné, auj. Kapréna, v. de Béotie, au N. O., vers les confins de la Phocide, sur le Céphise, est célèbre par plusieurs victoires: 1° des Béotiens sur les Athéniens, 447 av. J.-C.; 2° de Philippe sur Athènes et Thèbes, 338 av. J.-C.; 3° de Sylla sur Archélaüs, général de Mithridate, 87 av. J.-C. Patrie de Plutarque.

CHÉROY, ch.-l. de c. (Yonne), à 21 k. O. de Sens; 900 h. Bestiaux.

CHERSO, Crepsa, île et v. d'Illyrie (Trieste), dans l'Adriatique. La v. a 3400 h.; bon port. Un pont unit l'île à celle d'Osero.

CHERSON, v. grecque de l'anc. Tauride, sur la côte occ. probablement près de la ville actuelle de Sébastopol, était une colonie de l'Héraclée-du-Pont et fut longtemps puissante. Attaquée par les Barbares, elle se mit sous la protection de Mithridate, puis passa sous le joug des Romains. — C'est en souvenir de cette ville que le nom de Kherson a été donné à une ville de la Russie mérid.

CHERSONÈSE, mot grec qui veut dire presqu'île.

CHERSONÈSE CIMBRIQUE, auj. le Jutland, entre la mer de Germanie et le Codanus sinus (mer Baltique), ainsi appelée des Cimbres qui l'habitaient.

CHERSONÈSE DE THRACE, auj. presqu'île de Gallipoli, au S. E. de la Thrace, entre le golfe de Mélas et l'Hellespont; villes : Sestos, Callipolis, Lysimachie, Cardie. Miltiade la soumit à Athènes, qui la perdit pendant la guerre du Péloponèse.

CHERSONÈSE D'OR, auj. la. presqu'île de Malacca, ou plutôt l'Inde Transgangétique tout entière.

CHERSONÈSE TAURIQUE, auj. la Crimée, entre le Pont-Euxin et le Palus Méotide. Elle doit son nom aux Tauri, peuple inhospitalier qui l'habitait et qui massacrait tous les étrangers qui venaient y aborder. Villes principales : Cherson, Théodosie, Panticapée.

CHÉRUBINI (Salvador), compositeur, né à Florence en 1760, mort à Paris en 1842, était fils d'un maître de musique. Il reçut les leçons de Sarti, composa sa 1re messe à 13 ans et son 1er opéra à 19; donna en 1784, à Londres, la Finta principessa et Giulo Sabino; vint en 1787 se fixer a Paris, où la direction principale de l’Opera-Buffa lui fut confiée; donna en 1788 à Turin Ifigenia in Aulide, qui eut un grand succès, et à Paris Démophon, qui réussit moins bien; fit représenter en 1791 au théâtre Feydeau Lodoïska, qui mit le sceau à sa réputation; donna en 1794 Misa, en 1800 les Deux Journées; composa pour les cérémonies républicaines plusieurs morceaux admirables, parmi lesquels on remarque la marche funèbre pour les obsèques de Hoche; rédigea en 1806, pour le théâtre de Vienne, l'opéra de Faniska, et en 1809, pour le théâtre des Tuileries, Pygmalion, opéra italien qui fut froidement accueilli de Napoléon; fut élu en 1816 membre de l'Académie des beaux-arts; devint la même année surintendant de la musique du roi, fut nommé en 1822 directeur du Conservatoire, où depuis longtemps il était professeur, et rédigea lui-même plusieurs solféges pour l'instruction des élèves. Il reparut au théâtre en 1833, entonnant à l'Opéra Ali-Baba, composition pleine de grâce et de fraîcheur, mais à laquelle nuisit la faiblesse du livret. Il composa encore depuis, malgré son grand âge, plusieurs morceaux des plus remarquables, entre autres un Requiem destiné à ses propres funérailles. Chérubini a réussi dans les genres les plus divers : musique de théâtre, musique d'église, musique de chambre, musique didactique. Au théâtre, il sut concilier le goût français, qui veut la vérité de l'expression, avec le charme séduisant des formes italiennes. Sa musique d'église sera peut-être son principal titre à l'admiration de la postérité. Sa Méthode de contre-point et de fugue (1835) est restée classique. M. Raoul-Rochette a lu à l'Institut en 1843 une Notice sur Chérubini.

CHÉRUSQUES, Cherusci en latin, peuple de la Germanie, habitait entre le Weser et l'Elbe, dans le duché de Brunswick et la prov. de Lunebourg. Soumis par Drusus l'an 12 av. J.-C., les Chérusques se révoltèrent sous la conduite d'Arminius, et taillèrent en pièces les légions de Varus, l'an 9 de J.-C. Ils résistèrent longtemps aux armes de Germanicus, qui finit par les vaincre à Idistavisus, l'an 16. Affaibli par les attaques continuelles des Lombards, ce peuple disparut vers le IIIe siècle en se fondant dans la grande confédération des Francs.

CHERVIN (Nicolas), courageux médecin, né et, 1783 à St-Laurent près de Villefranche (Rhône), mort en 1843, voua toute sa vie à établir la non-contagion de la fièvre jaune. Après avoir étudié le typhus à Mayence en 1814, il alla visiter les lieux où sévit la fièvre jaune, la Nouv.-Orléans, les Antilles, la Havane, Cayenne (1824), Cadix (1828), s'exposant lui-même à tous les dangers de la contagion, revêtant même la chemise des victimes du fléau; de retour en France, il soutint sa thèse avec force dans des Mémoires qui furent combattus vivement par Pariset, mais qui lui valurent un prix de 10 000 fr. décerné par l'Institut et un siége à l'Académie de médecine (1832). Il réussit enfin à faire réformer les lazarets et les quarantaines.

CHESAPEAK (baie de), grande baie formée par l'Océan Atlantique sur la côte des États-Unis, dans les États de Virginie et de Maryland, a 310 k. de long sur 50 de large. Elle renferme beaucoup d'îles et reçoit les eaux de la Susquehannah, du Potomac, du Rappahannoc, etc. Les villes de Baltimore et d'Annapolis sont sur cette baie.

CHESELDEN ( W.), chirurgien anglais, né en 1688 à Burrow (Leicester), mort à Londres en 1752, était chirurgien de l'hôpital de Chelsea. On lui doit des traités estimés sur l'anatomie (1713), sur la Taille de la pierre (1723), sur l’Ostéographie (1732); mais il s'est surtout fait un nom pour avoir le premier fait l'opération de la cataracte sur des aveugles-nés. En 1728, il rendit la vue par ce procédé à un jeune homme de 14 ans, et donna, dans un mémoire inséré dans les Transactions philosophiques, les plus intéressants détails sur les progrès du nouveau sens que ce jeune homme venait d'acquérir.

CHESNE-POPULEUX (le), ch.-l. de cant. (Ardennes) sur le canal des Ardennes, à 14 kil. N. de Vouziers; 1201 h. C'est un des 5 passages de l'Argonne.

CHESTER, Deva ou Cestria, ville d'Angleterre, ch.-l. du comté de Chester, sur la Dee, à 270 kil. N. O. de Londres; 23 000 hab. Évêché anglican, belle cathédrale. Prisons remarquables, château fort, construit par Guillaume le Conquérant. Tabac, plomb à tirer, céruse; chantiers de construction, etc. Grand commerce, 2 grandes foires. — Le comté de Chester est situé sur la mer d'Irlande, au S. du comté de Lancaster, au N. de ceux de Shrop et de Flint; 82 k. sur 48; 334 000 hab. Agriculture florissante. Sel gemme et houille; fromages de Chester renommés. — Ce pays, habité jadis par les Cornavii, fit, sous les Romains, partie de la Flavia Cæsariensis. Guillaume le Conquérant l'érigea en comté palatin en faveur de son neveu Hugues, et lui accorda de grands priviléges, que restreignit Henri VIII. Depuis Édouard III, le fils aîné du roi a toujours porté le titre de comte de Chester.

CHESTERFIELD, v. d'Angleterre (Derby), à 28 k. N. de Derby; 11 000 h. Grande et vieille église, hôtel de ville. Forges, tapis, cotonnades. Titre de comté, appartenant à une branche de la famille Stanhope.

CHESTERFIELD (Philippe DORMER STANHOPE, comte de), connu comme homme d'esprit et comme le modèle du bon ton, né à Londres en 1694, mort en 1773, fut d'abord membre de la Chambre des Communes, entra dans celle des Lords à la mort de son père (1726), et se fit remarquer dans toutes les deux par son éloquence insinuante. Il remplit avec succès les fonctions d'ambassadeur en Hollande (1728), de vice-roi en Irlande, et de secrétaire d'État (1748). Il fut lié avec les hommes les plus distingués de l'Angleterre et de la France, particulièrement avec Voltaire et Montesquieu. On a de lui des discours, des morceaux détachés et des Lettres à son fils (enfant naturel, né d'une Française, mort en 1768, à 36 ans), où il lui donne des conseils sur sa conduite dans le monde, et sur ses études pendant un voyage qu'il faisait sur le continent; ces lettres sont écrites avec une élégance remarquable, mais elles contiennent une morale fort relâchée. Elles ont été trad. en français, avec quelques suppressions, Amsterdam, 1777, et Paris, 1842 (par Am. Renée, 2 vol. in-12). Les Œuvres diverses de Chesterfield ont été publiées à Londres, 1774, 4 vol. in-4, et 1853, 5 vol. in-8.

CHEVAGNES, ch.-l. de cant. (Allier), à 18 kil. E. de Moulins; 900 hab.

CHEVALIERS, ordre du peuple romain qui tenait le milieu entre les patriciens et les plébéiens. On les fait remonter jusqu'à Romulus, sous lequel ils formaient le corps des Celeres, mais ils ne formèrent un ordre constitué qu'au VIe siècle de Rome. Leur nombre était illimité. Pour entrer dans cet ordre il fallait posséder une certaine fortune, constatée par le cens : c'était, sous Servius Tullius, 100 000 as (5250 fr.), sous les empereurs, 400 000 sesterces (107 560 fr.). Les chevaliers avaient le privilège d'avoir un cheval entretenu aux frais de l'État, de porter un anneau d'or, d'occuper dans les jeux publics les 14 premiers siéges. C. Gracchus leur fit donner l'administration de la justice (122 av. J.-C.) ; Sylla la leur ôta.(82); Pompée, qui appartenait à leur ordre, la leur rendit (70), mais en leur associant les sénateurs. Ils eurent aussi la ferme des impôts publics, ce qui les fit appeler publicains. Ils avaient pour marques distinctives l’anneau d'or, l’angusticlave et la trabée.

Au moyen âge le titre de chevalier appartenait de droit et exclusivement aux personnes nobles de nom et d'armes; mais on n'y parvenait qu'après avoir passé par les rangs de varlet ou damoiseau, de page et d’écuyer. La réception d'un chevalier était accompagnée de cérémonies religieuses et militaires destinées à rehausser l'éclat et l'importance de ce titre : après la veillée d'armes et la messe du St-Esprit, le chevalier recevait l'épée bénite et l'accolade. Les chevaliers seuls pouvaient porter bannière, paraître dans les tournois et y disputer les prix, revêtir un collier d'or et une armure dorée, placer une girouette sur le haut de leur manoir; ils portaient dans leurs armoiries un sceau particulier; ils prenaient le titre de messire ou de monseigneur, et leurs femmes celui de madame. En échange de ces prérogatives, ils juraient de combattre partout l'injustice, d'être les défenseurs de la veuve et de l'orphelin, et d'obéir sans réserve aux ordres de leur dame et de leur roi. Le chevalier qui manquait à ses devoirs était déclaré félon et perdait ses privilèges. C'est sous les règnes d'Arthur et de Charlemagne qu'on plaçait les plus brillants exploits des preux chevaliers (V. TABLE BONDE). Le temps des croisades fut l'époque la plus glorieuse de cette institution, qui finit avec le régime féodal. V. l’Hist. de la Chevalerie en France, de Libert, 1856.

Le titre de chevalier était aussi donné aux membres des ordres religieux et militaires (Templiers, Porte-glaive, Hospitaliers, etc.). On a depuis donné par extension le nom de chevalier à toute personne décorée d'un ordre honorifique, tels que ceux de St-Michel, de la Légion d'honneur. Le titre de chevalier désignait le dernier degré de la noblesse, et venait après ceux de comte et de baron.

CHEVALLET (Albin, baron d'Abel de), philologue, né en 1812 à Orpierre (Htes-Alpes), m. en 1858. On lui doit d'importantes recherches sur l’Origine et la formation de la langue française, 1857, 3 vol. 8°.

CHEVERT (François de), général français, né en 1695 à Verdun, m. en 1769, entra au service comme simple soldat. Il était lieutenant colonel lors du siége de Prague par le comte de Saxe, en 1741; on lui dut la prise de cette place. L'année suivante, il défendit cette même place pendant 18 jours, avec 1800 hommes, contre toute l'armée autrichienne,et ne capitula qu'aux conditions les plus honorables.

CHEVERUS (J. LEFÉBURE de), cardinal, né en 1768 à Mayenne, mort en 1836, émigra en 1792, passa en Angleterre, puis aux États-Unis; accomplit de périlleuses missions parmi les sauvages, qu'il convertit en grand nombre; fut sacré évêque de Boston en 1808 et fit bénir son nom dans ce diocèse par ses vertus évangéliques. Il fut depuis évêque de Montauban (1823), archev. de Bordeaux (1826), cardinal (1836). Sa Vie a été écrite par l'abbé Hamon.

CHEVILLON, ch.-l. de cant. (Hte-Marne), à 17 k. N. E. de Vassy; 860 hab. Station.

CHEVILLY, vge auprès d'Orléans. Combats des armées française et allemande (3 et 4 déc. 1870).

CHEVIOT (monts), chaîne de montagnes qui sépare l'Angleterre de l’Écosse, s'étend du N. E. au S. O., depuis les rives du Glen jusqu'à celles du Liddel, sur une longueur de 75 kil. Les plus hautes cimes atteignent 812m. Gras pâturages où l'on élève les moutons dits cheviots dont la laine est fort estimée.

CHEVREAU (Urbain), écrivain, né à Loudun en 1613, mort en 1701, passa presque toute sa vie en voyages, et fit un assez long séjour à la cour de Suède, où il fut secrétaire des commandements de la reine Christine. On a de lui : Scanderbeg, Paris, 1644; Remarques sur les poésies de Malherbe, 1660; plusieurs pièces de théâtre, parmi lesquelles on remarque la Suite et le Mariage du Cid, tragi-comédie, 1638; un recueil intitulé Chevræana, 1700. Ses Œuvres mêlées ont paru à La Haye, 1717.

CHEVREUSE, ch.-l. de c. (Seine-et-Oise), à 13 k. S. O. de Versailles, et à 18 kil. E. N. E. de Rambouillet, sur l'Yvette; 1700 hab. Près de là, beau château et parc de Dampierre (appartenant au duc de Luynes, qui l'a récemment restauré). — Chevreuse fut érigée en duché-pairie pour Claude de Lorraine (1578-1657) et passa ensuite par héritage dans la maison de Luynes.

CHEVREUSE (maison de). La seigneurie de Chevreuse, après avoir appartenu aux Montmorency et à Claude de Lorraine, passa en 1667, faute d'héritiers, à la maison de Luynes, et l'usage s'établit dans cette famille de porter alternativement de mâle en mâle les titres de duc de Luynes et de duc de Chevreuse. Parmi ceux qui portèrent ce dernier titre, on remarque : Charles Honoré d'Albert, mort en 1712, qui épousa la fille aînée de Colbert et fut l'ami de Fénelon et de Racine; il se distinguait par sa sagesse et son instruction; — Charles Louis d'Albert, lieutenant général sous Louis XV, qui se distingua dans la guerre de Sept ans et aida à sauver l'armée après la bataille de Minden, 1759. — Le duc actuel de Luynes, si célèbre par son goût pour les arts, est petit-fils de ce dernier.

CHEVREUSE (Marie de ROHAN-MONTBAZON, duchesse de), femme célèbre par son esprit et sa beauté, née en 1600, d'Hercule de Rohan, duc de Montbazon, morte en 1679, épousa en 1617 Charles d'Albert, duc de Luynes, connétable de France, et en 2es noces, en 1622, Claude de Lorraine, duc de Chevreuse. Son attachement pour la reine Anne d'Autriche lui fit haïr le cardinal de Richelieu, qui l'en punit par l'exil. Anne d'Autriche étant devenue régente, la duchesse de Chevreuse revint à la cour; elle conserva toujours un grand ascendant sur l'esprit de la reine. M. V. Cousin a publié des Études sur Mme de Chevreuse, 1856.

CHEYLARD (le), ch.-l. de c. (Ardèche), sur la Dorne. à 36 k. S. O. de Tournon; 2542 h. Soie.

CHÉZY (Ant. Léon de), orientaliste, né en 1773 à Neuilly, enlevé par le choléra en 1832, était fils d'Ant. Chézy, ingénieur des ponts et chaussées. Il introduisit le premier l'étude du sanscrit en France, publia la traduction de quelques poëmes écrits dans cette langue, tels que la Mort d'Yadjnadatta, Sacontala, Arnarou-Satnaka, ainsi que plusieurs autres ouvrages sur les langues et les littératures sanscrite et persane. On créa pour lui, en 1815, une chaire de langue sanscrite au Collége de France. Il était de l'Académie des inscriptions et fut un des fondateurs de la Société asiatique. — Sa veuve, Wilhelmine Christine de Chézy, connue dans la littérature allemande sous le nom d’Helmina von Chezy, a rédigé les Mémoires de son mari, et a donné des romans qui ont été fort goûtés, et des drames, entre autres Euryanthe, mis en musique par Weber.

CHIABRERA (Gabriel), poëte italien, né en 1552 à Savone, mort en 1637, se distingua dans le genre lyrique et fut surnommé le Pindare de l'Italie. Il étudia avec ardeur les poëtes grecs et latins. Ses poésies lyriques, publiées en 3 parties à Gênes, 1586, 1587, et 1588, ont été souvent réimprimées. Il a aussi composé des tragédies, des comédies, des poëmes épiques, des fables. On a publié en 1796 à Gênes des poésies inédites de Chiabrera.

CHIANA, Clanis, riv. de l'Italie, est formée par divers ruisseaux dont les eaux se partagent sur la limite de la Toscane et de l'État ecclésiastique, et se rendent, au N. dans l'Arno, au S. dans le Tibre, par deux bras dits, l'un Chiana Toscana, l'autre Chiana Pontificia.

CHIAPA (État de), un des États de la Confédération mexicaine, entre ceux de Tabasco au N., d'Yucatan au N. E, d'Oaxaca à l'O., le Guatemala à l'E., le Grand Océan au S. : 150 000 h.; ch.-l., Chiapa-de-los-Espanoles. Sol fertile. Climat varié. Chevaux, porcs, beaucoup de beaux oiseaux. Cet État était jadis une prov. du Guatemala.

CHIAPA-DE-LOS-ESPANOLES ou CIUDAD-DE-LAS-CASAS, v. du Mexique, ch.-l. de l'État de Chiapa, à 400 k. N. O. de Guatemala; 3800 h. Évêché, dont Las Casas a été titulaire.

CHIAPA-DE-LOS-INDIOS, v. du Mexique, dans l’État de Chiapa, sur le Tabasco et l'isthme de Tehuantepec; environ 4000 familles, presque toutes indiennes. Fondée en 1527 et jadis ch.-l. de la prov. espagnole de Chiapa, dans l'anc. vice-royauté du Mexique.

CHIARAMONTI (Barnabé), V. PIE VII.

CHIARENZA, v. de Grèce. V. CLARENCE.

CHIARI, Clarium, v. de Lombardie, à 22 k. O. de Brescia: 7000 h. Soie, bestiaux. Le maréchal de Villeroi y fut défait par le prince Eugène en 1701.

CHIAVARI, ville du Piémont, à 31 kil. S. E. de Gênes; ch.-l. de la prov. du même nom; 10 000 h. Pêche d'anchois. Toiles, dentelles, linge de table. Patrie d'Innocent IV. — La prov. a 100 000 h.

CHIAVENNA, Clavenna des anciens, Klœren en allemand; v. de Lombardie, à 28 kil. N. O. de Sondrio, sur la Maira, au pied des Alpes Rhétiques; 4000 h. Entrepôt du commerce entre l'Allemagne et l'Italie. Grand commerce de vins et de fruits, ustensiles de cuisine, pierres dites lavezzi. — Au XIIe siècle cette v. était soumise à la république de Côme. En 1512, les Grisons s'en emparèrent; ils la conservèrent jusqu'en 1797, époque ou elle fut enclavée dans la république Cisalpine. En 1815, elle a été donnée à l'Autriche.

CHICAGO, v. des États-Unis (Illinois), sur le lac Michigan, au S. O., à. l'emb. de la rivière de Chicago; 5000 h. en 1835; auj. 200 000 hab. Évêché créé par Grégoire XVI. Chemins de fer, bateaux à vapeur.

CHICHESTER, v. d'Angleterre, ch.-l. du comté de Sussex, à 96 k. S. O. de Londres; 8400 h. Évêché anglican. Belle cathédrale, hôtel de ville, théâtre et autres monuments; chemin de fer; petit port, communiquant par un canal avec Portsmouth. Entrepôt du sel d'Ichnor. Jadis station romaine, puis résidence des rois saxons de Sussex. Patrie de Collins.

CHICHIMÈQUES, anc. nation de l'Amérique du N. A une époque incertaine, que quelques-uns fixent vers l'an 50 de J.-C., elle vint du N. O. de l'Amérique s'établir dans le Mexique actuel, dont elle chassa les anciens habitants, appelés Toltèques. Elle fut exterminée par les Espagnols.

CHICLANA, v. d'Espagne (Séville), à 26 kil. S. E. de Cadix; 7000 h. Maisons de campagne; eaux minérales. Un corps de Français fut battu, près de là, à Borosa, par les Anglais et les Espagnols, 1810.

CHICOYNEAU (Franç.), médecin, né à Montpellier en 1672, mort en 1752, occupa dès l'âge de 21 ans une chaire à Montpellier, devint chancelier de l'Université de cette ville, fut nommé en 1731 médecin des enfants de France et associé de l'Académie des sciences en 1732. Lors de la peste de Marseille, il alla donner des soins dévoués aux malades : il ne croyait pas à la contagion.

CHIEM (lac de), Chiemsee, lac de Bavière (Isar); a 15 kil. sur 9, et 160m de profondeur. Très-poissonneux; bords charmants. Ce lac renferme trois îlots, reçoit l'Achen, et donne naissance à l'Alz.

CHIEN (grotte du), fameuse grotte située aux bords du lac d'Agnano, près de Naples, à 8 kil. S. O. de cette ville. Elle est remplie de gaz carbonique qui s'exhale du sol; ce gaz délétère ne pouvant guère s'élever qu'à un mètre, les animaux de petite taille qui y sont plongés y périssent, tandis que l'homme n'y ressent aucun mal. C'est ordinairement sur un chien qu'on en fait l'expérience d'où le nom donné à la grotte.

CHIERI ou QUIERS, Carea ou Carium, v. d'Italie (Piémont), à 10 k. S. E. de Turin ; 12 000 hab. Draps, filatures de coton et de fil. — Cette ville formait au moyen âge une petite république indépendante, qui avait été, dit-on, fondée au VIe siècle par un Romain nommé Balbus. Elle fut gouvernée jusqu'au XIVe siècle par la famille des Balbes, qui prétendait descendre de ce Romain. En 1347, les habitants de Chieri, fatigués de leurs dissensions, reconnurent volontairement la domination d'Amédée VI, comte de Savoie.

CHIERS, riv. qui naît au bourg d'Esch en Belgique, entre en France, baigne Longwy, Longuyon, Montmédy, Carignan, et se perd dans la Meuse a 7 kil. S. E. de Sedan, après un cours de 88 kil.

CHIESE, Clusius, riv. de Lombardie, prend sa source dans le Tyrol, à 37 k. O. de Trente, traverse le lac d'Idro, arrose les prov. de Brescia et de Mantoue, et se perd dans l'Oglio après un cours de 130 kil.

CHIETI, Teate Marrucinorum, v. de l'Italie méridionale, ch.-l. de l'Abruzze Citer., sur la Pescara, à 64 kil. E. d'Aquila; 14 000 h. Archevêché; place de guerre, cour de justice; société d'agriculture, arts et commerce; draps, étoffes diverses, huile, etc. — Cette ville était une des principales des Marrucini; elle devint, après la chute de l'empire romain, la proie des Goths, puis celle des Lombards. Pépin, roi d'Italie, la prit sur ces derniers et la ravagea. Elle fut plus tard relevée par les Normands. Les Français s'en emparèrent en 1802. C'est à Chieti (Teate) que fut fondé l'ordre des Téatins ou Théatins.

CHIÈVRES, Cervia, v. de Belgique (Hainaut), sur le Hunel, à 17 k. N. O. de Mons; 2500 h. Brasseries, distilleries, corroieries, raffinerie de sel.

CHIÈVRES (Guill. DE CROY, seigneur de), né en 1458, d'une anc. maison de Picardie, fit avec distinction les guerres d'Italie sous Charles VIII et sous Louis XII, puis passa au service de l'Autriche et fut nommé gouverneur et tuteur du jeune Charles d'Autriche (Charles-Quint). Quand celui-ci devint empereur, il nomma Chièvres son premier ministre. Son incapacité et ses déprédations excitèrent une révolte à Valladolid, 1520. Il mourut à Worms, empoisonné, en 1521. Sa Vie a été écrite par Varillas, 1684, sous ce titre : La Pratique de l'éducation des Princes, ou l’Histoire de Guillaume de Croy; mais cet ouvrage trop flatteur est peu exact.

CHIFFA, riv. d'Algérie (prov. d'Alger), naît dans le Petit Atlas, près et au N. de Médéah; s'unit à l'Oued-Ger pour former le Mazafran, et se jette dans la mer à 8 kil. de Sidi-Feruch. Il s'est livré sur ses bords plusieurs combats entre les Français et les Arabes. Dans celui du 31 décembre 1839, l'infanterie régulière d'Abd-el-Kader fut écrasée.

CHIFFLET, famille de la Franche-Comté, qui, pendant les XVIe et XVIIe siècles, a fourni un grand nombre d'érudits distingués. Les principaux sont : Claude, né à Besançon en 1541, m. en 1580, professeur de droit à Dôle; il a écrit sur les substitutions, les partages, les fidéicommis, et s'est aussi occupé avec succès de numismatique et d'histoire : on lui doit un ouvrage intit. De Ammiani Marcellini vita et libris, Louvain, 1627, et une savante dissertation De Antiquo numismate. — Jean Jacques, neveu du précéd., médecin et antiquaire, né à Besançon en 1588, mort en 1660 : il visita Paris, Montpellier, voyagea en Italie, en Allemagne; occupa à son retour les premières places dans sa ville natale, et fut choisi pour médecin par le roi d'Espagne Philippe IV. On a de lui : Vesuntio, histoire de Besançon fort estimée, Lyon, 1618; Portus Iccius Julii Cæsaris (il place ce port à Mardick), 1627; le Blason des chevaliers de la Toison d'Or, 1632, et des écrits politiques où il soutient les droits de l'Espagne et de l'Autriche contre la France. — Il eut deux fils : Jules, jurisconsulte et historien, auteur du Breviarium ordinis velleris aurei, Anvers, 1652; et Jean, ecclésiastique, auteur de dissertations historiques fort curieuses, dont une sur la papesse Jeanne, Anvers, 1666. — Pierre François, frère de Jean Jacques, jésuite, né en 1592, m. en 1682, avait enseigné avec distinction dans divers colléges de son ordre, lorsque Colbert l'attira en France, 1675, et lui confia la garde du médaillier du roi. On lui doit Scriptores veteres de fide catholica, Dijon, 1656; Paulinus illustratus, 1622; Victoris Vitensis et Vigilii opera, 1664; des Dissertations sur Denys l'Aréopagite, sur S. Martin, etc. — Philippe, savant ecclésiastique, né à Besançon en 1597, mort vers 1663, chanoine de Besançon, était l'ami du célèbre Henri Dupuis. Il a publié : Concilii Tridentini canones, cum præfatione et notis, Anvers, 1640 , estimé, et a donné une bonne édition ainsi qu'une traduction de l’Imitation de J.-C.Laurent, Jésuite, né en 1598, mort en 1658. Il a écrit de nombreux ouvrages ascétiques, et a composé une Parfaite Grammaire de la langue française, Anvers, 1659, qui eut de la vogue. Il prit part à la rédaction du Calepin en huit langues, 2 vol. in-fol.

CHIGI (Fabio), pape. V. ALEXANDRE VII.

CHIHUAHUA, v. du Mexique, capit. de l'État de même nom, à 1300 kil. N. O. de Mexico; 14 000 h. École militaire. — L'État, situé au centre du Mexique, compte env. 150 000 hab. Une partie de son territoire a été cédée aux États-Unis en 1854.

CHILDEBERT I, 3e fils de Clovis, eut en partage le roy. de Paris, et commença à régner en 511. Il se joignit à ses frères Clodomir et Clotaire I contre Sigismond, roi de Bourgogne, le fit périr avec sa famille (524), puis démembra ses États (534). Il eut part à l'assassinat de ses neveux, fils de Clodomir, qui devaient hériter du roy. d'Orléans, et partagea leur héritage avec Clotaire. Il tourna ensuite ses armes contre les Visigoths d'Espagne pour venger sa sœur Clotilde, maltraitée par leur roi Amalaric, qui l'avait épousée : il prit Pampelune, mais échoua devant Saragosse. Il mourut à Paris en 558, sans enfants mâles, laissant son frère Clotaire seul roi des Francs. C'est lui qui fit bâtir l'église St-Vincent, nommée depuis St-Germain-des-Prés.

CHILDEBERT II, fils de Sigebert et de Brunehaut, succéda à son père dans le roy. d'Austrasie en 575. A la mort de son oncle Gontran, 593, il réunit à l'Austrasie les roy. de Bourgogne, d'Orléans et une partie de celui de Paris. Il mourut en 596, à l'âge de 26 ans, empoisonné, dit-on, par Frédégonde. Il laissait deux fils, Thierry et Théodebert.

CHILDEBERT III, dit le Juste, fils de Thierry III et frère de Clovis III, succéda en 695 à ce dernier, à l'âge de 12 ans, et réunit les roy. d'Austrasie, de Neustrie et de Bourgogne. Il ne régna que nominalement, sous la domination de Pépin le Gros, maire du palais, qui ne lui laissa prendre aucune part au gouvernement. Il mourut en 711.

CHILDEBRAND, fils de Pépin le Gros et frère de Charles Martel, accompagna celui-ci dans ses expéditions contre les Sarrasins et se signala par son courage. Quelques historiens ont nié l'existence de ce prince, d'autres font de lui la tige des Capétiens. Carel de Sainte-Garde a célébré ses exploits imaginaires dans un mauvais poëme intitulé les Sarrasins chassés de France, dont Boileau a fait justice.

CHILDÉRIC I, roi des Francs de 458 à 481, succéda à son père Mérovée. Il fut, dit-on, chassé de ses États (Flandre et Picardie) pour son incontinence, et se réfugia dans la Thuringe, chez le roi de ce pays, dont il séduisit la femme, nommée Basine. Égidius, maître de la milice romaine, gouverna en son absence; mais ce général s'étant bientôt rendu odieux à son tour, Childéric put rentrer dans ses États; il y amena Basine et l'épousa; il en eut Clovis. On croit qu'il mourut à Tournay, où son tombeau a été retrouvé en 1654.

CHILDÉRIC II, 2e fils de Clovis II, eut en partage l'Austrasie, et commença à y régner en 656. A la mort de CIotaire III, son frère aîné (670), il réunit à sa couronne les royaumes de Bourgogne et de Neustrie, malgré Ébroin, maire du palais de Neustrie, qui voulait donner pour successeur à Clotaire III Thierry, 3e fils de Clovis II. Childéric eut pour ministre le vertueux S. Léger, évêque d'Autun, et suivit pendant quelque temps ses sages conseils. Mais bientôt, fatigué de ses remontrances, il le relégua dans le monastère de Luxeuil, et s'abandonna à son caractère violent et cruel. Bodillon, seigneur qu'il avait fait battre de verges, l'assassina en 673. Il laissait un fils, Chilpéric II.

CHILDÉRIC III, dernier roi de France de la 1re race, fils de Chilpéric II, fut tiré du cloître en 742 pour être placé sur le trône par Pépin le Bref, alors maire du palais ; mais celui-ci l’en fit bientôt descendre pour l’enfermer de nouveau dans un cloître et se fit proclamer roi à sa place (752). Childéric mourut en 755, laissant un fils, Thierry, qui vécut obscurément au couvent de Fontenelle.

CHILI, état de l’Amérique méridionale, situé entre 72°-77° long. O. et. 25°-44° lat. S., s’étend le long des côtes du Grand Océan sur une longueur de 2000 kil. env., avec une largeur de 220, et a pour bornes au N. la Bolivie, à l’E. les Provinces-Unies du Rio-de-la-Plata, et au S. la Patagonie ; 1 500 000 h. Capitale, Santiago. Le Chili se divise en 13 prov. : Santiago, Valparaiso, Aconcagua, Coquimbo, Atacama, Colchagua, Talca, Maule, Concepcion, Avanco, Veble, Valdivia, plus l’archipel de Chiloé. Villes principales : Santiago, Valparaiso, San-Felipe, Coquimbo, San-Fernando, Cauquenes, Concepcion, Valdivia et San-Carlos. Le sol s’élève graduellement depuis la côte jusqu’aux Andes, qui séparent le Chili de l’intérieur de l’Amérique méridionale. Ces montagnes renferment un grand nombre de volcans toujours en éruption. Elles recèlent les mines les plus riches d’or, d’argent, de fer, de cuivre, d’étain. Les principales riv. sont le Guasco, le Maypo, le Maule, la Quillota, la Valdivia. Le climat du Chili est très-varié ; la chaleur y est extrême, mais elle est tempérée par les brises de la mer et par des pluies abondantes ; la terre est d’une très-grande fertilité ; d’immenses forêts de cèdres rouges, de cocotiers, de lauriers, de pins du Chili, couvrent les flancs des Andes ; toutes les plantes tropicales et les productions végétales de l’Europe y croissent avec rapidité. La vigogne, le guanaco, espèce de chameau, sont les quadrupèdes particuliers au Chili. On y trouve aussi une grande quantité de perroquets, d’oiseaux-mouches, des autruches, des condors, et des myriades d’insectes et de reptiles ; le guano s’y trouve en abondance. Les indigènes descendent de deux races distinctes, les Araucans ou Araucaniens, qui forment encore aujourd’hui un État indépendant (V. ARAUCANIE), et les Puelches ou Huilliches, qui habitent particulièrement les montagnes et se distinguent par leur taille élevée. — Avant la conquête des Espagnols, le Chili avait été envahi par les Incas et faisait nominalement partie de l’empire du Pérou, mais sans avoir été soumis de fait. En 1536, Almagro, envoyé par Pizarre, pénétra dans ce pays, mais essaya vainement de s’y maintenir. Valdivia, en 1540, tenta une nouvelle expédition ; il fonda les villes de Santiago, de Concepcion et de Valdivia, mais fut défait et mis à mort par les Araucaniens (1550). L’Espagne néanmoins annexa le Chili à la vice-royauté du Pérou, mais des guerres continuelles avec les indigènes en retardèrent la soumission jusqu’en 1773. En 1810 le Chili secoua le joug de sa métropole et proclama son indépendance. Retombé un instant sous la domination espagnole en 1814, il s’insurgea en 1817 sous la conduite du général St-Martin. La victoire de Maypo (avril 1818) assura son indépendance et le Chili s’érigea en république. Toutefois le nouvel État ne fut définitivement constitué qu’en 1826, par les efforts de Ramon-Freire et d’O’Higgins. Son indépendance fut reconnue en 1844 par l’Espagne. Ce pays est un des plus florissants de l’Amérique du Sud ; il est sillonné par plusieurs chemins de fer.

CHILLAMBARAN, v. maritime de l’Inde (Karnatic), sur le golfe de Bengale, à 50 kil. S. de Pondichéry. Fameuses pagodes.

CHILLAN, volcan du Chili, par 73° 55′ long. O., 35° 56′ lat. S., au pied duq. est une v. de même nom.

CHILLINGWORTH (W.), controversiste, né à Oxford en 1602, mort en 1644, fut élevé dans la religion anglicane, se convertit au Catholicisme à 17 ans, puis retourna au Protestantisme, et devint un des adversaires les plus ardents de l’Église romaine. Il l’attaqua avec violence dans un traité intitulé : La Religion protestante, moyen sûr de salut, Oxford, 1637 (trad. en français, Amsterdam, 1730). Il prit parti dans la guerre civile pour Charles I, accompagna ce prince au siége de Glocester, et fut pris par les rebelles ; il mourut entre leurs mains. Locke cite les écrits de Chillingworth comme les plus propres à former à la rigueur du raisonnement. Cependant, à force d’examiner le pour et le contre, ce fameux controversiste était tombé dans un incurable scepticisme.

CHILLON, château fort de Suisse (Vaud), à 6 kil. S. E. de Vevay, sur un rocher isolé dans le lac de Genève, bâti au XIIe s. par un duc de Savoie, servait de prison d’État. Bonnivard, patriote genevois, y fut détenu (1530-36) : ses malheurs ont inspiré à lord Byron un de ses plus beaux poëmes.

CHILOÉ (archipel de), dans l’Océan Pacifique, sur la côte du Chili, dont il forme une prov. ; 62 000 h. Il comprend 47 îles principales, dont la plus grande se nomme Chiloé ; ch.-l. San-Carlos. Commerce actif avec le Chili. Les habitants sont habiles marins. Cet archipel fut découvert par Mendoza en 1558. Il dépend du Chili depuis 1826.

CHILON, de Lacédèmone, un des sept sages de la Grèce, vivait vers l’an 600 av. J.-C. et fut éphore en 566. Il mourut de joie, dit-on, en embrassant son fils couronné aux jeux olympiques.

CHILPÉRIC I, le plus jeune des fils de Clotaire I, reçut en partage le roy. de Soissons l’an 561. Son règne n’est qu’une suite de crimes. Il avait épousé une princesse nommée Audouère ; il la quitta bientôt pour entretenir avec Frédégonde un commerce illégitime. Il éloigna pour quelque temps cette femme criminelle, afin d’épouser Galsuinte, fille d’Athanagilde, roi des Visigoths d’Espagne, et sœur de Brunehaut ; mais il revint bientôt à Frédégonde, après avoir fait étrangler Galsuinte (567). Cet assassinat fut l’origine de la haine que se vouèrent Brunehaut et Frédégonde, haine qui enfanta de nouveaux crimes. En 575, Chilpéric, qui était en guerre avec son frère Sigebert, époux de Brunehaut, fut enfermé dans Tournay et réduit à la dernière extrémité ; pour sortir de ce mauvais pas, il fit, de concert avec Frédégonde, assassiner son ennemi. Il périt lui-même assassiné, à Chelles, en 584 : on accusa de ce meurtre cette même Frédégonde, dont il avait, disent quelques historiens, découvert les intrigues avec un seigneur nommé Landry. Ce prince cruel, qu’on a surnommé le Néron de son temps, s’occupait néanmoins de théologie et de littérature.

CHILPÉRIC II, roi de France (715-720), fils de Childéric II, fut élevé dans un monastère sous le nom de Daniel, et placé sur le trône en 715, par Rainfroi, maire du palais de Neustrie. Ayant eu l’imprudence d’attaquer Charles Martel, maître de l’Austrasie, il fut vaincu, pris, et ne conserva de la royauté que le titre. On le compte parmi les rois Fainéants.

CHIMAY, v. de Belgique (Hainaut), sur la Blanche, à 44 k. S. de Charleroi ; 3000 h. Toiles de coton, chapeaux. Beau château. Aux env. ardoisières, fonderies de fer. — La seigneurie de Chimay appartenait, au XIIIe s., à la maison de Nesle-Soissons ; elle passa ensuite entre les mains des sires de Beaumont, et des Châtillon, comtes de Blois ; puis fut vendue à la maison de Croy. Les membres de cette dernière famille la firent ériger en comté par Charles le Téméraire en 1470, et en principauté par l’empereur d’Allemagne en 1546 ; en 1612, cette principauté échut par héritage à la maison de Ligne-Aremberg, qui la garda jusqu’en 1686. La maison de Hennin la posséda ensuite jusqu’en 1750, époque où elle passa par mariage dans la maison de Caraman qui la possède encore aujourd’hui.

CHIMAY (le prince et la princesse de). V. CARAMAN et Mme TALLIEN.

CHIMBORAÇO, mont. de l’Amérique du Sud, une des plus hautes de la chaîne des Andes, dans la Nouv.-Grenade, atteint 6530m au-dessus du niveau de la mer. Son sommet est couvert de neiges éternelles, quoique situé presque sous l’équateur (1° 47' lat. S.); il offre un aspect majestueux lorsqu'on le contemple de la mer. Visité en 1802 par Humboldt et Bonpland, et en 1831 par M. Boussingault.

CHIMÈNE ou XIMÈNE, épouse du Cid, était fille du comte Lozano de Gormaz, issu des rois de Léon. Après la mort de son époux, elle défendit héroïquement Valence contre les Maures, mais sans pouvoir la sauver. Le rôle que lui prête Corneille dans le Cid est tout entier de l'invention du poëte.

CHIMÈRE (la), Chimæra, monstre fabuleux, né en Lycie, de Typhon et d'Echidna, avait la tête d'un lion, la queue d'un dragon, le corps d'une chèvre, et vomissait des tourbillons de flammes et de feu. Bellérophon combattit ce monstre par l'ordre d'Iobate, roi de Lycie, et le tua. La Chimère était, à ce qu'on croit, une des cimes du Cragus, montagne de la Lycie, au sommet de laquelle était un volcan.

CHINALADAN ou SARAC, dernier roi de Ninive, monta sur le trône en 647 avant J.-C. Nabopolassar, gouverneur de Babylone, allié avec Cyaxare, roi des Mèdes, prit Ninive en 625 av. J.-C., et obligea Chinaladan à se donner la mort.

CHINALAPH, riv. de l'Afrique anc., auj. le Chelif.

CHINCHAS, îles de l'Océan Pacifique, d'où l'on extrait le guano.

CHINCHILLA, Salaria, v. d'Espagne, dans la prov. d'Albacète, à 13 k. de cette v.; 8000 h. Château fort. Commerce de soieries.

CHINE. On entend sous ce nom : 1° toute l'étendue des contrées que comprend l'empire chinois; 2° la Chine proprement dite.

EMPIRE CHINOIS. Cet empire, appelé par les indigènes Tath-ching-koun (le Céleste empire), forme un vaste et puissant État, situé dans l'Asie orientale, entre 69°-141° long E., 18°-51° lat. N. Il est borné au N. par le Turkestan et l'Asie Russe; à l'E. par les mers d'Okhotsk, du Japon, de la Chine; au S. par l'empire d'An-nam, le roy. de Siam, l'empire Birman et le royaume de Népal; à l'O. par la confédération des Seikhs et le Turkestan. Cette immense étendue de pays comprend près de 3500 k. du N. au S. et 8000 de l'E. à l'O. Sa population peut être évaluée à 400 000 000 d'hab. Ch.-l. général, Pékin. Les contrées que comprend l'empire chinois peuvent se partager ainsi : 1° Chine proprement dite; 2° pays soumis : Mandchourie, Mongolie, Thian-chan-pe-lou (ou Dzoungarie et pays des Kirghiz), Thian-chan-nan-lou (ou Petite Boukharie), Khou-khounoor; 3° pays tributaires : Sizzang (ou Thibet), Deb-radjah (ou Boutan), roy. de Corée et roy. des îles de Lieou-kieou.

CHINE proprement dite, en chinois Tien-hia (c.-à-d. ce qui est sous le ciel), Tchong-koue (l'empire du milieu), Tchong-hoa (la fleur du milieu), le Catay du moyen âge, partie principale de l'empire chinois, comprise entre 105°-120° long. E. et 21°- 41° lat. N., a pour bornes : au N. la Mongolie, dont elle est séparée par une grande muraille de 2500 k.; à l'O., le pays du Khoukhounoor et le Thibet; au S. O. le roy. de Siam et l'empire d'An-nam, au S. E. et à l'E. le Grand Océan ; 2800 k. du N. au S, et 2900 de l'E. à l'O; 180 000 000 h. Ch.-l. Pékin. La Chine se divise en 18 prov. qui se partagent en 5 groupes :

Au N., Pé-tchi-li, ch.-l., Pékin.
Chan-si, Thaï-youan.
Chen-si, Si-an.
Kan-sou, Lan-tchéou.
A l'O., Szu-tchouan, Tching-tou.
Youn-nan, Youn-nan.
Au S., Kouang-si. Koueï-lin.
Kouang-toung, Kouang-tchéou (Canton).
A l'E., Fou-kian, Fou-tchéou.
Tche-kiang, Hang-théou.
Kiang-sou, Kiang-ning (Nankin).
Chang-toung. Tsi-nan.
Honan, Khaï-foung.
Au Centre, An-hoéi, An-king.
Houpé, Wou-tchang.
Khiang-si, Nan-tchang.
Hou-nan, Tchang-cha.
Koueï-tchéou, Koueï-yang.

Chaque prov. se subdivise en département (fou), en arrondissements (tchéou) et en districts (hian).

La Chine a de hautes montagnes, surtout à l'O. et au S. Elle est arrosée par un grand nombre de fleuves dont les principaux sont le Hoang-ho (fleuve Jaune) et le Yang-tsé-kiang (fleuve Bleu), qui tous deux coulent de l'O. à l'E. et se jettent dans le Grand Océan. Le climat de la Chine varie suivant les latitudes, mais il est chaud en général; les hivers y sont secs et les étés pluvieux. Le sol, d'une fertilité extraordinaire, produit en abondance toutes les plantes tropicales, principalement, le thé, le riz, le bambou, le coton, la canne à sucre, le poivre, le tabac, le bétel; on cultive dans les prov. mérid. le palmier, le mûrier, le cocotier, le cèdre, l'érable, le cannellier, etc. Cette contrée possède de riches mines d'or, d'argent, de cuivre, de fer, de plomb, de mercure, de houille et de sel; des carrières d'ardoise, de marbre, de lapis-lazuli, de cristal, de jaspe, etc. — Les Chinois sont en général de petite taille. Ils ont le teint jaune, la tête de forme conique, la figure triangulaire et les yeux petits; leurs sourcils sont placés très-haut et presque sur une ligne droite, la racine du nez est large et la lèvre supérieure fait saillie sur l'inférieure. Ils sont sujets à une lèpre contagieuse. Leur naturel est doux et pacifique, mais ils sont rusés et méfiants. Nulle part la famille n'est plus respectée et les liens plus étroits entre le père et les enfants. Cependant on tolère l'exposition des nouveau-nés. L'agriculture est chez eux en honneur ; elle reçoit du gouvernement de grands encouragements. Les arts mécaniques sont assez avancés; néanmoins, quoique les Chinois aient connu longtemps avant les Européens la boussole, l'imprimerie, la poudre à canon, leurs habitudes routinières les ont empêchés de perfectionner ces inventions. Leur architecture est bizarre, mais légère; le tracé de leurs jardins élégant. Quant à leur dessin, c'est une servile représentation de la nature, sans aucune perspective et dépourvue de toute espèce d'art. Les sciences sont fort arriérées; les mathématiques, l'astronomie, l'histoire naturelle sont celles qui ont fait le plus de progrès. La littérature des Chinois est riche, variée, surtout en fait d'histoire, de romans, de pièces de théâtre. Les deux langues principales sont le mandchou et le chinois; l'écriture est comme une langue à part : de même que nos chiffres, elle exprime, non les sons, mais les idées; on n'y compte pas moins de 100 000 caractères : très-peu de personnes les connaissent tous. — L'industrie est très-active chez les Chinois : ils excellent dans la fabrication de la porcelaine, dans les vernis, les papiers de soie et de tenture, l'encre de Chine, les soieries, les nankins et autres tissus. Ils exécutent avec une perfection inimitable les ouvrages de laque, d'ivoire et da bambou, les figurines, les instruments de musique et les fleurs artificielles. Le commerce extérieur est très-restreint; longtemps les ports de Canton et de Macao étaient seuls ouverts aux étrangers; on y a joint en 1842 Fou-tcheou, Amoy, Ning-po, Chang-haï. Le commerce intérieur se fait par les fleuves et canaux, et emploie un nombre infini d'habitants qui vivent sur des barques ou jonques, dont la multitude forme en certaines localités des villes flottantes. — Le gouvernement est monarchique et absolu, mais tempéré par le droit de représentation accordé à certaines classes de magistrats et par l'obligation où est l'empereur de ne choisir ses ministres que dans le corps des lettrés et d'après des règles fixées. Les lettrés, qui sont au nombre de 500 000, forment, avec les officiers militaires, la noblesse de l'Etat. Ils ne reçoivent ce titre de lettré qu'après un examen sévère; eux seuls ont le droit de prétendre aux emplois publics et au titre de mandarins (V. ce mot). Après la classe des lettrés vient celle des agriculteurs, puis en 3e et 4e rang, les industriels et les commerçants. L’empereur est chef de la religion en même temps que de l’État. Il réside d’ordinaire à Pékin. On évalue les forces militaires à 1 300 000 hommes, mais ces troupes sont mal armées et mal exercées ; elles emploient encore l’arc et la flèche. Leur artillerie est lourde, très-mauvaise et leur tactique peu savante. — Trois cultes différents régnent en Chine : 1° celui d’Yu, restauré par Confucius (Koung-fou-tsée), qui est la religion de l’État et des classes les plus élevées ; ce culte reconnaît un Être suprême ; il a des temples, mais point de prêtres (l’empereur seul remplit les devoirs religieux au nom de tout le peuple) ; ce culte recommande surtout la piété filiale, le respect pour la vieillesse et le culte des morts ; 2° celui de Tao-tsé ou de la Raison primitive, culte établi 600 ans av. notre ère par le philosophe Lao-Tseu, mais qui a dégénéré en une sorte de polythéisme : les prêtres de cette religion s’occupent de magie et d’astrologie ; 3° celui de Bouddha, en chinois Fo (V. BOUDDHISME). On trouve aussi dans la Chine des Musulmans, des Juifs et quelques Chrétiens, qui sont pour la plupart des Chinois convertis par les Jésuites. Après avoir été accueillis avec faveur, surtout aux XVIIe et XVIIIe s. (V. AMIOT, DUHALDE, LEGOBIEN, MAILLA, PARENNIN, etc.), les Chrétiens y sont devenus l’objet de cruelles persécutions.

Histoire. Les Chinois se donnent une antiquité merveilleuse ; leurs annales ne comprendraient pas moins de 80 à 100 000 ans. Cependant on peut raisonnablement placer vers le XXXe siècle av. J.-C. l’existence de Fo-hi, leur 1er législateur, et celle de Yen-ti ou Chin-nong, leur 1er agriculteur. C’est à partir de l’an 2637 av. J.-C., sous le règne de Houang-ti, 3e souverain de la Chine, que les Chinois font commencer leur ère historique et qu’ils comptent leurs cycles, dont la durée est 60 ans. L’histoire nomme six successeurs de Houang-ti (parmi lesquels on distingne Yao), jusqu’à l’an 2197, époque de l’avénement de Yu, chef de la dynastie Hia, 1re dynastie impériale. Du Xe au IIIe s. av. J.-C., sous la dynastie des Tchéou-kue, c.-à-d. des rois combattants, la Chine fut morcelée en un nombre infini d’États indépendants, perpétuellement en guerre les uns contre les autres. Enfin l’an 247 av. J.-C., Thsin-chi-hoang-ti, de la dynastie des Thsin, réunit sous son empire toute la Chine (qui prit de lui son nom), repoussa les invasions des Mongols et construisit la grande muraille, qui sépare la Chine de la Mongolie, 214. À la dynastie des Thsin succéda celle des Han (de 202 av. J.-C. à 226 après J.-C.) : elle agrandit l’empire par de vastes conquêtes, encouragea les sciences et les lettres, et fit recueillir les ouvrages de Confucius, mort l’an 479 av. J.-C. Au IIe siècle de notre ère, époque des grandes migrations des nations de l’Asie, la Chine eut à subir plusieurs invasions et finit par se diviser en deux empires : celui du nord, et celui du sud où se succédèrent plusieurs dynasties. Ces deux empires furent enfin réunis sous l’empereur Li-ang (618), fondateur de la dynastie Tang, qui conserva le pouvoir pendant trois siècles. Du IXe au XIIIe s., la Chine fut ravagée par les invasions continuelles des Mongols et des Tartares. En 1225, les Tartares avaient conquis toute la partie septentrionale jusqu’au fleuve Bleu et avaient soumis à un tribut les rois de la dynastie Song, qui occupaient les provinces au S. de ce fleuve. Ceux-ci appelèrent à leur recours les Mongols : Koublaï-Khan, leur chef, repoussa en effet les Tartares (1260), mais il chassa bientôt après les rois Song eux-mêmes, et devint ainsi maître de la Chine entière ; il fonda la dynastie Yen (1279). Les princes de cette dynastie respectèrent les mœurs et les usages du peuple vaincu ; cependant ils ne purent maintenir longtemps leur domination, et, sous le règne de Choun-ti (1368), un Chinois nommé Tchou souleva la population contre les étrangers, expulsa les Mongols et monta sur le trône sous le nom de Taï-tsou. Ses successeurs, appelés Mings, régnèrent jusqu’en 1644, et furent presque tous des princes distingués : c’est sous le règne de l’un d’eux que les Portugais abordèrent à Macao, en 1514, et obtinrent le droit de commercer avec la Chine. Enfin, par une dernière révolution, les Tartares Mandchoux, à qui l’empereur Chin-tsong avait permis, depuis l’an 1573, de s’établir dans les provinces septentrionales, s’emparèrent de Pékin, et détrônèrent le prince régnant, Tchang-ti ; leur chef, Choun-tchi, se fit proclamer empereur de toute la Chine (1644), et commença la dynastie des Tsin, qui règne encore. C’est surtout sous la dynastie mandchoue que l’empire chinois a atteint l’immense étendue qu’il possède actuellement : Kang-hi (1662-1723) soumit toute la Mongolie et l’île Formose ; Kien-long (1735) conquit le Thibet, le Kachgar, la Dzoungarie, et étendit son empire jusqu’à la Boukharie et aux frontières de l’Hindoustan. En 1795, il abdiqua en faveur de son fils Kia-king dont le règne fut troublé par des séditions continuelles. Mian-ning, fils de ce dernier, surnommé Tao-kouang (splendeur de la raison), ne craignit point, en 1840, de déclarer la guerre aux Anglais, qui, malgré ses défenses, avaient importé de l’opium dans ses États : cette guerre s’est, après une faible résistance des Chinois, terminée à l’avantage de l’Angleterre, qui, par le traité de 1842, a obtenu l’ouverture de 5 ports. Peu d’années après, en 1850, éclatait en Chine une vaste insurrection, dirigée par un descendant de la dynastie des Ming, Teen-teh : les insurgés, partis de la prov. de Kwang-si, se sont emparés en 1853 de Nankin ; ils sont maîtres auj. d’une moitié de l’empire. En 1856, à la suite d’insultes faites par des Chinois au pavillon de l’Angleterre, les Anglais, unis cette fois aux Français, déclarèrent de nouveau la guerre à l’empire chinois : Canton fut bombardé et occupé par les alliés (1857), et l’empereur Hien-foung, fut obligé de signer, le 28 juin 1858, le traité de Tien-tsin, qui ouvrait de nouveaux ports et accordait de nouveaux avantages aux Européens. Les Chinois ayant refusé d’exécuter quelques-unes des clauses du traité, les Anglais et les Français réunis forcèrent, le 21 août 1860, après une vive résistance, l’entrée du Peïho, fleuve qui conduit à Pékin ; bientôt après, ils entrèrent en vainqueurs dans Pékin même et l’empereur eut à souscrire à de plus dures conditions.

CHING-KING, prov. de l’empire chinois, dans la Mandchourie, bornée à l’O. par le Pétchi-li, à l’E. par la Corée, au S. par la mer ; 500 kil. sur 300 ; 680 000 hab. Capit., Ching-yang ou Moukden.

CHINIAC DE LA BASTIDE (Pierre), savant magistrat, né en 1741 près de Brives, mort vers 1802, fut successivement avocat au parlement de Paris, lieutenant de sénéchaussée et président du tribunal criminel de la Seine (1796). Il s’est occupé de recherches sur le droit ecclésiastique et les antiquités nationales. On lui doit un Discours sur la religion gauloise, 1769, et une édition de l’Histoire des Celtes de Pelloutier, 1770. — Matthieu, son frère, 1739-1802, entreprit un Abrégé de l’Histoire littéraire de la France (des Bénédictins), 1772, ouvrage qui n’a pas été achevé, et publia une curieuse Dissertation sur les Basques, 1786.

CHINON, ch.-l. d’arr. (Indre-et-Loire), à 44 kil. S. O. de Tours ; 6911 hab. Trib. de 1re instance ; collége. Fabrique de toiles et de lainages. Commerce en grains, vins, fruits, pruneaux de Tours. Patrie de Rabelais. — Chinon était jadis fortifié : il a soutenu plusieurs siéges. Henri II et Richard I, rois d’Angleterre, y moururent. Philippe-Auguste s’en empara en 1205. Charles VII y résidait quand Jeanne d’Arc lui fut présentée.

CHIO. V. CHIOS.

CHIOGGIA ou CHIOZZA, Fossa Claudia, v. ce Vénétie, à 24 kil. S. de Venise, à l'extrémité E. des lagunes; 25 000 hab. Évêché. Port, 2 forts. Belle cathédrale. — Chioggia fut le théâtre de combats nombreux entre Venise et Gênes, notamment de 1378 à 1381 (Guerre de Chioggia) : Venise resta en possession de la ville disputée.

CHION, d'Héraclée (Pont), disciple de Platon, délivra sa patrie du tyran Cléarque (352 av. J.-C.), mais périt lui-même dans cette entreprise. On a sous son nom un Recueil de Lettres, qui ne sont sans doute que l'œuvre d'un néoplatonicien du IVe siècle; il a été publié à Venise en 1499, à Dresde en 1763.

CHIOS ou CHIO, Chius, auj. Scio, île de l'Archipel grec, au S. de Lesbos, à 88 k. O. de Smyrne, près de la côte occidentale de l'Asie-Mineure, dont elle n'est séparée que par un canal étroit. Elle compte auj. 62 000 hab. et a pour capit. Chio, sur la cote E., avec 14 000 h. Archevêché grec. Vins renommés, figues, térébinthe, mastic, qu'on tire du lentisque; c'est de l'île de Chio qu'est venu le céleri. — Cette île fut colonisée primitivement par les Pélasges et les Cariens, puis par des habitants des îles de Crète et d'Eubée. Elle changea plusieurs fois de nom, fut appelée Ophiuse, Pityuse, Æthale, Macris et enfin Chios. Elle se vantait d'avoir donné le jour à Homère; elle est la patrie du poète tragique Ion, de l'historien Théopompe, du philosophe Métrodore, des artistes Bupale, Antherme, etc. Chios eut de bonne heure une marine imposante. Du temps des guerres médiques, elle fut contrainte de fournir des contingents au grand roi; mais après la défaite de Xerxès, elle s'unit à Cimon. Elle resta l'alliée d'Athènes dans la guerre du Péloponnèse; elle subit avec cette cité le joug de Lacédémone, puis des rois de Macédoine. Après la mort d'Alexandre, elle échut aux rois de Pergame; elle devint l'alliée de Rome en se déclarant contre Philippe, roi de Macédoine; mais, ayant plus tard fourni des secours à Mithridate, elle fut réduite en province romaine et perdit dès lors toute son importance. Chios, au temps des croisades, fut prise et reprise par les Génois, par les empereurs grecs et latins, par les Turcs, par les Vénitiens. Les Génois la possédèrent de 1346 à 1566, époque à laquelle les Turcs s'en emparèrent. En 1821, les Chiotes tentèrent, mais en vain, de se rendre indépendants; leurs efforts causèrent la ruine de cette île, qui fut horriblement dévastée en 1822.

CHIOZZA. V. CHIOGGIA.

CHIPPAWAYS, peuplade indigène de l'Amérique sept., de la race des Algonquins, habite entre le lac Michigan et le Mississipi et sur les bords du lac Supérieur, du lac des Bois, de l'Ottawa, du Red-River, et de la riv. de l'Esclave. On porte leur nombre à 30 000. Ils se divisent en plusieurs tribus; les principales sont : les Ottawas, les Crees, les Folle-Avoine, les Sauteurs, etc.

CHIPPENHAM, v. d'Angleterre (Wilts), à 31 kil. E. de Bristol; 6270 hab. Beau pont sur l'Avon, chemin de fer. Jolie église. Draps fins.

CHIQUITOS, peuplade indigène de l'Amérique mérid., dans la partie S. E. de la Bolivie. Ils sont chasseurs et pêcheurs. Les missionnaires ont vainement tenté de les convertir.

CHIRAC (Pierre), médecin, né à Conques en Rouergue (Aveyron), vers 1650, mort en 1732, obtint en 1687 une chaire à Montpellier, fut nommé en 1692 médecin de l'armée de Catalogne, où il guérit une dyssenterie épidémique qui faisait de grands ravages, suivit le duc d'Orléans, depuis régent, en Italie et en Espagne (1707), vint ensuite se fixer à Paris, fut nommé en 1718 surintendant du Jardin des Plantes, et en 1730 1er médecin du roi Louis XV. On a de lui : une Dissertation sur les plaies et des Consultations dans le recueil de Dissertations et Consultations de Chirac et Sylva, 1744.

CHIRAZ, v. de Perse, ch.-l. du Farsistan, à 333 k. S. d'Ispahan, par 50° 17' long. E., 29° 36' lat. N.; 30 000 hab. Murailles en briques, citadelle. Cette v. fut fondée vers 700 par les Musulmans, près des ruines de Persepolis. Elle renfermait jadis de très-beaux mausolées, des médressehs ou colléges, des bazars, des caravanséraïs, des bains; mais elle a été presque entièrement détruite par les tremblements de terre de 1813, 1824 et 1853. Les ouvriers de Chiraz passaient pour habiles armuriers et émailleurs. Patrie des poëtes Saadi et Hâfiz. Les environs de cette ville produisent des vins délicieux.

CHIRON, centaure, né des amours de Saturne métamorphosé en cheval, et de la nymphe Philyre, excella dans la chasse, l'astronomie et la médecine. Il habitait le mont Pélion en Thessalie. Il fut le gouverneur d'Hercule et plus tard d'Achille. Atteint par accident d'une flèche trempée dans le sang de l'Hydre de Lerne, il implora la mort: Jupiter abrégea ses souffrances et le plaça dans le ciel où il forma la constellation du Sagittaire. Selon Pline, il se guérit avec la plante appelée depuis Centaurée.

CHIRVAN, c.-à-d. Marche, gouvt méridional de la Russie, a pour bornes au N. le Daghestan, au S. l'Érivan et le Kour, à l'O. la Géorgie, à l'E. la mes Caspienne; ch.-l. Chamakie, au pied du Caucase; 120 000 hab. On le divise en 4 prov., dont les ch.-l. sont : Vieille-Chamakie, Bakou, Nouchi, Chouchi. Beau climat, sol varié et riche. — Le Chirvan répond à l'anc. Atropatène; réuni au Daghestan, il portait jadis le nom d'Albanie. Il fut longtemps une prov. de la Perse, qui la céda à la Russie, en 1813.

CHISLEHURST, vge d'Angleterre, près de Londres, où Napoléon III s'établit après sa captivité, et où il mourut le 9 janvier 1873.

CHIUSI, Clusium, bourg de Toscane, à 64 k. S. E. de Sienne; 300 h. Air malsain. V. CLUSIUM.

CHIVASSO, en français Chivas, v. jadis forte du Piémont, à 23 kil. N. E. de Turin, sur le Pô ; 8000 h. Haras; grains, bestiaux.

CHIVERNY (Phil. HURAULT, comte de), né en 1528 à Chiverny (Loir-et-Cher), mort en 1599, fut conseiller au parlement de Paris, maître des requêtes (1562), et assista aux bat. de Jarnac et de Moncontour. Henri III le nomma garde des sceaux en 1578, lieutenant général de l'Orléanais et du pays Chartrain en 1582. Après la journée des Barricades, il fut disgracié, à cause de ses liaisons avec les Ligueurs, et s'éloigna de la cour. Henri IV le rappela et lui rendit les sceaux. Il montra une grande habileté pour les affaires. On a de lui des Mémoires de 1567 à 1599.

CHIZÉ, bourg de France (Deux-Sèvres), cant. de Brioux, sur la Boutonne; 640h. Mines de fer. Autrefois place importante, prise par Du Guesclin en 1373.

CHLADNI (Frédéric), physicien, né en 1756 à Wittemberg, mort en 1827 à Breslau, voyagea toute sa vie. Il s'occupa beaucoup d'acoustique, fit plusieurs découvertes intéressantes, inventa un nouvel instrument de musique, l’euphone ou clavicylindre, composé de cylindres en verre, et publia en 1802 un Traité d'acoustique, en allemand, trad. en français, 1809. On lui doit aussi des Dissertations sur les météores et les aérolithes (Vienne, 1819).

CHLOPICKI, général polonais. V. KLOPICKI.

CHLORIS, fille d'Amphion et de Niobé, échappa au massacre de ses frères et de ses sœurs, mis à mort par Diane, et épousa Nélée dont elle eut douze enfants, qui tous, à l'exception de Nestor, furent massacrés par Hercule à la prise de Pylos. Elle s'appelait d'abord Mélibée : le nom de Chloris (pâle) lui fut donné à cause de la pâleur que lui causa la mort tragique de sa famille. — Chloris est aussi le nom de la déesse des fleurs chez les Grecs. V. FLORE.

CHMIELNICKI (Bogdan), hetman des Cosaques, avait d'abord servi avec distinction dans l'armée polonaise, et était devenu le confident du roi Wladislas VII. En 1632 il demanda au nom des Cosaques de l'Ukraine le droit de siéger à la diète d'élection polonaise. Cette demande ayant été rejetée avec mépris, les Cosaques se révoltèrent (1637); mais ils furent battus à Boworwica. Dix ans après, 1647, Chmielnicki organisa une révolte générale, défit et prit à Korsoum le vainqueur de Boworwica, Nicolas Potocki, et, profitant de la mort du roi Wladislas, envahit la Pologne et contraignit la diète à élire roi Jean Casimir (1648). Ce prince reconnut Chmielnicki comme hetman des Cosaques ; toutefois il se déclara bientôt contre lui ; mais il fut défait à Zborow et forcé de recevoir les conditions que lui dicta le vainqueur. Malgré ces victoires, Chmielnicki, craignant de ne pouvoir continuer la lutte avec avantage, signa avec les Russes, en 1654, un traité par lequel les Cosaques de l'Ukraine reconnaissaient la souveraineté de la Russie. Il mourut trois ans après (1657).

CHOA, pays d'Abyssinie, à l'E. du Gondar, compte env. 1 500 000 hab. et a pour v. principales Ankober, Tégoulet, anc. capitale, auj. ruinée, et Choa, résidence d'un négus. V. ANKOBEH.

CHOASPE ou EULÉE, Choaspes, Eulæus, auj. Kara-Sou ou Kerkak, riv. formée de 2 branches, venant, l'une du pays des Uxii (coulant du N. au S.), l'autre de la Parétacène (de l'O. à l'E.), baignait la Susiane et se joignait à une des bouches de l'Euphrate. Eaux limpides. — Fleuve de l'Inde, affluent du Cophès, arrosait le Paropamisus. C'est auj. l’Alischang.

CHOCO, riche prov. de la N.-Grenade, dans le dép. de Cauca, à l'O. de la prov. d'Antioquia, est traversée par le fleuve Atrato. Elle compte env. 30 000 hab. et a pour ch.-l. Quibdo. Mines d'or et de platine.

CHOCZIM ou KHOTIN, v. de la Russie d'Europe (Bessarabie), sur le Dniestr, à 60 k. N. E. de Czernowitz et en face de Kaminiec ; 12 000 h. Bonne citadelle ; position importante. Souvent prise et reprise par les Polonais, les Turcs et les Russes. Les Turcs y furent battus en 1673 par le Polonais Sobiesky, et en 1739 par les Russes.

CHODORLAHOMOR, roi de l'Élymaïde du temps d'Abraham, étendit ses conquêtes jusqu'à la mer Morte, et fit prisonnier Loth qui occupait une partie de la terre de Chanaan. Abraham accourut avec ses serviteurs au secours de son neveu, battit Chodorlahomor, et délivra Loth.

CHOERILUS. On connaît sous ce nom 2 poëtes grecs : un poëte dramatique d'Athènes, contemporain et rival de Phrynicus et d'Eschyle (VIe s. av. J.-C.), qui excella dans la tragédie et le drame satirique. On a de lui quelques fragments (dans la collect. Didot). On lui attribue l'invention des masques ; — un poëte épique du Ve s. av. J.-C., natif de Samos, auteur d'un poëme sur la 2e guerre médique. Les Athéniens lui donnèrent un stater d'or pour chacun de ses vers, et ordonnèrent que son poëme fût chanté publiquement comme ceux d'Homère. Il en reste des fragments, qui ont été publ. par Næke, Leipsick, 1817.

CHOISEUL, bourg de la Hte Marne, à 20 k. N. E. de Langres ; 400 h. Anc. seigneurie d'où prend son nom l'illustre maison de Choiseul.

CHOISEUL, famille illustre de Champagne, issue des comtes de Langres, a pour chef Raynard III, comte de Langres et sire de Choiseul, qui épousa en 1182 Alix de Dreux, petite-fille de Louis le Gros. Elle a formé les branches de Langres, de Clémont, d’Aigremont, de Beaugré, d’Aillecourt, de Francières, de Praslin, du Plessis, etc. Elle a produit plusieurs maréchaux : Charles de Choiseul, comte du Plessis-Praslin (1563-1626), qui servit sous Henri IV et Louis XIII ; César, duc de Choiseul (1598-1675), qui défit Turenne à Réthel (1650), alors que celui-ci commandait l'armée espagnole ; Claude, comte de Choiseul-Francières (1632-1711), qui se distingua au combat de Senef contre les Hollandais et fut fait maréchal en 1693 ; un ministre célèbre, un ambassadeur, etc. V. ci-après.

CHOISEUL (Ét. Franç. de), duc de Choiseul et d'Amboise, connu d'abord sous le nom de comte de Stainville, ministre d'État, né en 1719, mort en 1785, quitta la carrière militaire pour s'adonner à la politique ; sut se concilier la faveur de Mme de Pompadour, et obtint ainsi d'être nommé ambassadeur à Rome, puis à Vienne, et ministre des relations extérieures (1758). A peu d'intervalle de là, il fut créé duc et pair ; il reçut le portefeuille de la guerre en 1761, en remettant celui des affaires étrangères à son cousin le duc de Praslin ; en 1763, il reçut en outre le ministère de la marine. Après la mort de Mme de Pompadour, le dédain qu'il montra pour la nouvelle favorite, la comtesse du Barry, le fit disgracier (1770); il sa retira dans sa terre de Chanteloup, où il reçut les témoignages de l'estime publique. Le duc de Choiseul a été mis au rang de nos plus grands ministres : il réorganisa l'armée, créa l’École militaire, releva la marine, fit prospérer les colonies, signale le Pacte de famille qui réunissait tous les princes de la maison de Bourbon contre l'Angleterre, réunit la Corse à la France (1768), et s'opposa aux projets ambitieux de la Russie sur la Pologne. C'est lui qui provoqua la bannissement des Jésuites (1762). On a publié sous son nom, en 1790, des Mémoires qui ne sont nullement authentiques.

CHOISEUL-GOUFFIER (Marie Gabriel), ambassadeur à Constantinople, né en 1752, mort en 1817, occupait une place distinguée parmi les savants. Dès 1776, il avait fait un voyage en Grèce et avait recueilli des matériaux précieux pour les sciences et les arts. Il les consigna dans son Voyage pittoresque en Grèce, dont deux volumes parurent de son vivant, en 1782 et 1809, et un 3e après sa mort, en 1824. Il fut admis dès 1776 à l'Académie des inscriptions, et en 1784 à l'Académie française. Il était ambassadeur à Constantinople lorsque éclata la Révolution : il se retira en Russie où il resta jusqu'en 1802, époque de sa rentrée en France. Sous la Restauration, il fut ministre d'État et membre du conseil privé. Choiseul fut le protecteur et l'ami de plusieurs savants, entre autres de l'abbé Barthélémy et de Delille. On distingue parmi ses Mémoires une Dissertation sur Homère, un Mémoire sur l'hippodrome d'Olympie, et des Recherches sur l'origine du Bosphore de Thrace. Il a laissé une précieuse collection d'antiquités, acquise par le musée du Louvre.

CHOISEUL (Gabriel, duc de), pair de France, né en 1762, mort en 1839, était neveu du ministre et fut élevé par lui. Colonel de dragons en 1791, il coopéra à la tentative d'évasion de Louis XVI, fut pour ce fait arrêté à Verdun, et ne recouvra la liberté que lors de l'acceptation de la constitution par le roi. Chevalier d'honneur de la reine, il resta auprès d'elle jusqu'à son incarcération au Temple, et n'émigra que quand sa tête eut été mise à prix. Arrêté en 1795 à Calais à la suite d'un naufrage, il échappa au supplice à la faveur de la révolution du 18 brumaire, et en fut quitte pour être déporté. Il rentra dans sa patrie en 1801, fut, à la Restauration, appelé à la Chambre des Pairs, s'y posa en défenseur des institutions constitutionnelles, opina pour un simple exil dans le procès du maréchal Ney, défendit en 1820 le général Merlin impliqué dans une conspiration, se démit, à l'avènement du ministre Villèle, des fonctions de major général de la garde nationale, et devint tellement populaire qu'à la révolution de 1830 son nom fut porté, avec ceux du maréchal Gérard et La Fayette, sur la liste du gouvernement provisoire. Dévoué à la nouvelle monarchie, il lui donna un constant appui. Le duc de Choiseul a laissé des Mémoires, dont il n'a paru que quelques fragments : Départ de Louis XVI le 20 juin 1791, Paris, 1822 ; Procès des naufragés de Calais, 1823.

CHOISY (l'abbé de), prieur de St-Lô et grand doyen de la cathédrale de Bayeux, membre de l'Académie française, né à Paris en 1644, mort en 1724. Son père était chancelier du duc Gaston d'Orléans, et sa mère arrière-petite-fille du chancelier de L'Hospital. Jusqu'à l'âge de 30 ans, bien que pourvu de plusieurs abbayes, il porta l'habit féminin, et, sous le nom de la comtesse de Barres, se livra aux excès les plus scandaleux. En 1676, il se rendit à Rome, et s'y convertit. Il fit partie (1685) de la mission envoyée par Louis XIV près du roi de Siam, et se fit ordonner prêtre à Siam. On a de lui : Journal du voyage de Siam, 1687; Histoire de l'Église; Mémoires pour servir à l'Histoire de Louis XIV.

CHOISY-LE-ROI, bourg du dép. de la Seine, sur la r. g. de la Seine, à 9 kil. S. E. de Paris; 4600 h. Station du chemin de fer d'Orléans. Soude, savon, etc.

CHOLET, ch.-l. d'arr. (Maine-et-Loire), à 50 kil. S. O. d'Angers; 9638 hab. Trib., collége. Toiles de coton, lainages, mouchoirs, teintureries, papeteries, etc. — C'est depuis 1857 seulement que Cholet est ch.-l d'arr.; il a remplacé en cette qualité Beaupréau.

CHOLULA, v. du Mexique (Puebla-de-los-Angeles), à 18 kil. O. de La Puebla; 15 000 hab. Anc. cité sainte des Aztèques : on y voit un des temples mexicains nommés Téocallis; il est construit en forme de pyramide: la base a plus de 410m de côté, et la plate-forme plus de 65.

CHOMEL (Aug. Franç.), médecin, né à Paris en 1788, m. en 1858, était issu d'une ancienne famille de médecins; succéda à Laënnec dans la chaire de clinique de la Faculté de Paris (1827). Il excellait par la sûreté de son diagnostic et la sagesse de sa pratique; il combattit les exagérations de Broussais. On lui doit plusieurs ouvrages devenus classiques : Éléments de pathologie, 1817 et 1840; Des fièvres et des maladies pestilentielles, 1821 ; Traité des dysdepsies, 1856; ses Leçons de clinique, 1834-1840. Il était membre de l'Académie de médecine, où son Éloge a été lu par M. Dubois (d'Amiens).

CHOMMERAC, ch.-l. de cant. (Ardèche), à 6 kil. S. E. de Privas; 1580 hab. Commerce de soie.

CHOMPRÉ (Pierre), instituteur recommandable, né en 1698 à Narcy (Hte-Marne), mort en 1760, tint à Paris une pension qui devint florissante et composa plusieurs ouvrages classiques pour l'usage de ses élèves. Les principaux sont : Dictionnaire abrégé de la Fable, 1727,souvent réimprimé; Dictionnaire abrégé de la Bible, 1755. — Son frère, Étienne Marie, 1701-1784, a donné un Recueil de Fables et des Réflexions sur les attributs de la Fable. — Son fils, Nic. Maurice, 1750-1825, consul de France à Malaga, puis conseiller au conseil des prises, a publié : Éléments d'arithmétique, d'algèbre et de géométrie, 1776; Tables de réduction des mesures et poids; Méthode la plus naturelle pour enseigner à lire, 1813 (sans nom d'auteur), et une trad. du Commentaire sur les lois anglaises de Blackstone, 1823.

CHOPIN (Frédéric), pianiste polonais, né en 1810 près de Varsovie, mort à Paris en 1849, parcourut la Pologne, la Russie, l'Allemagne, et se fit partout admirer par l'originalité de ses productions et de son jeu, qui unissait à la hardiesse la méthode classique. Il passa ses dernières années en France, où il introduisit les Mazurkas. On a de lui un grand nombre de compositions.

CHORASMII, peuple nomade et sauvage de la Haute-Asie, de race scythe, habitait au N. E. de la Parthiène, entre l'Ochus et l'Oxus, sur les bords du lac Chorasmique, auquel il laissa son nom.

CHORASMIQUE (lac). V. ARAL (mer d').

CHORGES, Caturiges, ch.-l. de cant. (Hte-Alpes), à 24 kil. O. d'Embrun; 1600 hab. Ardoises, beau marbre. Ruines antiques.

CHORIER (Nic.), avocat de Vienne en Dauphiné, né en 1609, mort en 1692, a publié plusieurs bons ouvrages d'histoire et de jurisprudence, notamment l’Histoire du Dauphiné, 1661-72, 2 vol. in-fol. Il écrivait en latin avec facilité et élégance; mais il a déshonoré son talent en composant dans cette langue ou publiant des dialogues obscènes sous les faux noms de Meursius et d’Aloisia ou Louise Sigée de Tolède.

CHORON (Alex. Étienne), né à Caen en 1771, mort à Paris en 1834, apprit la musique sans maître. Il avait publié plusieurs ouvrages estimés sur cet art, lorsqu'il fut chargé en 1812 de réorganiser les maîtrises. Nommé en 1815 directeur de l'Opéra, il y eut peu de succès. Il fonda en 1817 une école de musique qui obtint bientôt les encouragements du gouvernement, et qui reçut en 1824 le titre d’Institution ou Conservatoire de musique religieuse. Cet établissement produisit d'heureux résultats; mais ayant perdu en 1832 sa subvention, il déclina rapidement. On a de Choron : Principes de composition des écoles d'Italie, 1808; Dictionnaire des Musiciens (avec Fayolle), 1810; Méthode comparée de musique et de plain-chant, 1811. Parmi ses élèves, on remarque Dupré, Monpou, Mmes Boulanger, Rossi et Stolz.

CHOSROÈS I, dit le Grand, en perse Khosrou, roi de Perse, de la race des Sassanides, succéda, en 531, à son père Cabadès (Cobad); répara les maux causés par la guerre que son père avait entreprise contre les Romains et fit en 533 avec l'empereur Justinien un traité avantageux. Il ne tarda pas cependant à rompre lui-même ce traité; ravagea pendant dix ans la Syrie, le Mésopotamie, la Cappadoce; força, après une longue guerre, Justinien à signer, en 562, un traité honteux, par lequel il abandonnait aux Perses plusieurs provinces et consentait à leur payer pendant 50 ans un tribut de 30 000 pièces d'or. En même temps, il soumit divers princes de l'Inde qui inquiétaient le commerce de la Perse, repoussa les Huns et les Turcs qui ravageaient ses frontières, et agrandit beaucoup ses États du côté de l'orient. Justin, successeur de Justinien, ayant refusé de lui payer le tribut convenu, Chosroès entra de nouveau en campagne, exerça de grands ravages sur le territoire des Romains et contraignit Tibère II, qui avait remplacé Justin, à demander la paix, 579. Le traité allait être conclu lorsque Chosroès mourut. Le règne de ce prince fut troublé par plusieurs révoltes de son fils. Les Perses le surnomment le Juste, le Généreux (Nouschirvan) ; les Chrétiens, qu'il persécuta, le présentent comme un prince cruel, qui n'avait de remarquable que sa bravoure. C'est Chosroès qui fit chercher dans l'Inde et traduire en persan le livre de Kalilah et Dimnah.

CHOSROÈS II, monta sur le trône de Perse l'an 590, à la place de son père Hormisdas III, que le peuple avait jeté en prison. Quelque temps après, il fut lui-même chassé, et alla demander un asile à l'empereur Maurice, qui l'accueillit avec générosité, et parvint à le rétablir dans son royaume. Après l'assassinat de Maurice par Phocas, Chosroès, sous prétexte de venger sa mort, pénétra dans l'empire avec une nombreuse armée (604), ravagea l'Asie-Mineure, et battit les Romains en plusieurs rencontres. Mais enfin il fut lui-même défait par Héraclius en 622, et contraint de regagner ses États. En 628, il fut déposé par son fils Siroès et jeté dans une prison, où il mourut de faim.

CHOSROÈS, roi d'Arménie de 213 à 258, de la dynastie des Arsacides, gagna plusieurs batailles sur Ardaschir Sassan (Artaxerce), qui venait d'usurper en Perse le trône des Arsacides; celui-ci, désespérant de le vaincre, le fit assassiner. C'est Chrosroès qui bâtit la v. de Tauris.

CHOTUSITZ, v. de Bohême, à 4 kil. N. de Czaslau. Le roi de Prusse Frédéric II y battit en 1742 le prince Charles de Lorraine, général autrichien.

CHOUANS, nom donné pendant les guerres de la Vendée aux paysans de la Bretagne et du Bas-Maine qui, sous le prétexte de combattre pour le roi, infestaient les routes, pillaient les bourgs et les villages et commettaient toutes sortes de brigandages; dans la suite, on étendit le nom de Chouans à tous les Vendéens. Les Chouans furent ainsi appelés du nom de leur premier chef, Jean Cottereau, dit le Chouan (c.-à-d. chat-huant), qui avait lui-même reçu ce surnom parce qu'il faisait la contrebande et avait adopté pour signe de ralliement le cri du chat-huant. Cottereau était sabotier près de Laval; il organisa pour la première fois cette guerre de partisans en 1792, à l'occasion d'une levée de recrues ; il fut tué en 1794 dans une rencontre avec les troupes de la République. — En 1814 et 1815, quelques royalistes organisèrent une nouv. chouannerie, que le général Lamarque dissipa promptement.

CHOUCHI, v. et fort de Russie d’Asie (Chirvan), ch.-l. du khanat de Karabagh, à 130 kil. S. O. de la Nouvelle-Chamakie.

CHOUISKI. V. VASILI V. — CHOU-KING. V. KINGS.

CHOUMLA, v. de Turquie (Bulgarie), à 80 kil. O. de Varna, par 24° 26′ long. E., 43° 25′ lat. N. ; 30 000 hab. Archevêché grec. Murailles et château fort. La ville est adossée à une branche septentr. du mont Balkan. Fortifiée par la nature et par l’art, elle est avec Varna le boulevard de l’empire ottoman du côté des Balkans. Il s’y tient en avril une foire importante pour chevaux, peaux d’agneau, etc.

CHOUSTER, v. de Perse, ch.-l. du Khousistan, sur le Kéroun, au pied des monts Bakhtiary, et près de l’anc. Suse ; 20 000 hab. Aqueduc bâti par Sapor.

CHRAMNE, fils de Clotaire I, se révolta contre lui et se ligua avec le comte de Bretagne ; mais Clotaire le vainquit et le brûla, ainsi que toute sa famille, dans une masure où ils était sauvé, en 560.

CHRESTIENS, de Troyes, poëte et romancier du XIIe siècle, mort en 1191, vivait à la cour de Philippe d’Alsace, comte de Flandre, qui fut tué au siége de St-Jean-d’Acre. On a de lui plusieurs romans de chevalerie : Perceval le Gallois, le Chevalier au lion, Guillaume d’Angleterre, Érec et Énide ; Cliget, chevalier de la Table ronde ; Lancelot du Lac ou la Charrette (achevé par Godefroy de Leignies), qui font partie des Mss. de la bibliothèque royale. Quelques-uns ont été récemment imprimés : le Chevalier au lion, par La Villemarqué, 1838 ; le Roman de la Charrette, par le Dr Jonckbloët, 1851, etc.

CHRÉTIENS, ceux qui professent la religion de Jésus-Christ. On peut les classer comme suit :

Catholiques latins ou romains et Catholiques grecs, qui admettent, outre les Écritures, la tradition et l’autorité du pape.

En dehors de l’Église catholique, il existe de nombreuses sectes ; on peut les diviser en :

I. Chrétiens qui reconnaissent, outre l’Écriture, quelque autre autorité :

Église grecque schismatique, dépendant du patriarche schismatique de Constantinople ;

Église russe, ayant pour chef le czar ;

Église chaldéenne, Nestoriens ;

Église monophysite ou eutychéenne : Coptes, Jacobites, Arméniens schismatiques.

II. Chrétiens qui ne reconnaissent point d’autre autorité que celle de l’Écriture :

Unitaires ou Anti-Trinitaires,

Unitaires proprement dits, Ariens, Sociniens.

Trinitaires,

Protestants : Luthériens, Zwingliens, Calvinistes, dits aussi Huguenots, Arminiens ou Remontrants, Presbytériens, Puritains, Évangéliques ;

Anglicans ou Épiscopaux, Non-Conformistes ;

Mystiques ou Enthousiastes : Congrégationalistes, Anabaptistes, Mennonites ou Baptistes, Quakers, Moraves ou Hernhutters, Swedenborgiens, Méthodistes ou Wesleyens, Mormons, etc. (V. pour plus de détails chacun de ces mots en particulier, et pour l’hist. générale, l’article CHRISTIANISME.)

Les Catholiques romains sont répandus sur toutes les parties du globe ; à eux seuls ils comptent environ 150 millions d’âmes. Les sociétés dissidentes, répandues surtout en Europe et dans l’Amérique du Nord, comptent env. 121 millions d’adhérents.

Les rois de France portaient le titre de Roi très-chrétien. Ce titre fut conféré à Charles-Martel par le pape Grégoire II et à Pépin par Zacharie, en reconnaissance de leurs services. François I fut le 1er à le prendre officiellement dans les actes publics.

CHRÉTIENS DE SAINT-JEAN, sectaires qui reconnaissent pour chef S. Jean-Baptiste, et qui renouvellent le baptême tous les ans. Ils nient la divinité de J.-C., attribuent à Dieu un corps, lui donnent pour fils Gabriel, qui aurait créé le monde avec l’aide de 50 000 démons, et croient à la migration des âmes dans diverses sphères. Ces sectaires parurent dès le Ier siècle sur les bords du Jourdain ; on en retrouve encore aux environs de Bassora.

CHRÉTIENS DE SAINT-THOMAS, schismatiques nestoriens, qui habitaient les Indes orientales et étaient soumis au patriarche de Babylone. Ils sont ainsi nommés parce qu’ils prétendaient avoir reçu l’Évangile par l’intermédiaire de S. Thomas. Ils ne reconnaissaient que trois sacrements : le baptême, l’eucharistie et l’ordre, et toléraient le mariage des prêtres. Découverts dans l’Inde par les Portugais à leur arrivée sur la côte de Malabar, ils se sont, pour la plupart, réunis depuis 1599 à l’Église romaine.

CHRIST, mot grec qui traduit l’hébreu messias, veut dire oint, sacré, et se joint au nom de Jésus pour indiquer qu’il est le roi spirituel de ce monde.

CHRIST (ordre du), ordre religieux et militaire institué en 1318, par Denis I, roi de Portugal, pour garantir les frontières des Algarves contre les invasions des Maures. Cet ordre rendit de très-grands services dans les guerres des Chrétiens contre les Infidèles. Ce n’est plus auj. qu’un ordre honorifique.

CHRIST (CHEVALIERS DU). V. PORTE-GLAIVES.

CHRISTIAN I, roi de Danemark, succéda en 1448 à Christophe de Bavière sur le trône de Danemark, se fit élire roi de Norvége en 1449, et roi de Suède en 1450. Mais il n’eut guère dans ce dernier pays qu’un titre sans puissance, et en 1463 il en fut entièrement chassé par Charles Canutson. Rentré dans ses États de Danemark, il se fit bénir par sa douceur et ses libéralités. Il mourut en 1483. Il avait hérité en 1459 du Slesvig et du Holstein par sa mère et avait fondé en 1462 l’ordre de l’Éléphant.

CHRISTIAN II, le Cruel, fils du roi Jean, succéda à son père en 1513 sur le trône de Danemark, et se fit, en 1520, couronner roi de Suède. Les débauches et les cruautés auxquelles il se livra lui aliénèrent tous les esprits, et il fut déposé à la suite d’un soulèvement excité par Gustave Wasa. Presque en même temps, il perdit la couronne de Danemark (1523) : il tenta vainement en 1532 de remonter sur le trône et mourut en prison en 1559.

CHRISTIAN III, roi de 1539 à 1559, fils et successeur de Frédéric I, ne fut reconnu qu’après une guerre sanglante, introduisit le luthéranisme en Danemark, et emprisonna les évêques catholiques. Du reste, il protégea les sc., les lettres, et fit prospérer ses États.

CHRISTIAN IV, né en 1577, succéda en 1588 à son père Frédéric II, et mourut en 1648. Il fit la guerre avec des succès variés aux Suédois, et fut élu en 1625 chef de la ligue des princes protestants ; mais il fut battu par Tilly à Lutter en 1626 et signa une paix humiliante à Lubeck. Malgré ces revers, il emporta la réputation d’un général habile. À l’égard de ses sujets, il montra les qualités d’un grand roi, favorisa le commerce, l’industrie, bâtit de nouvelles villes, entre autres Christiania, Christianstad, Christiansand, et laissa le Danemark paisible et heureux.

CHRISTIAN V, petit-fils du préc., né en 1646, mort en 1699, succéda à son père Frédéric III en 1670, s’allia en 1673 avec les Hollandais contre Louis XIV, déclara la guerre à la Suède et lui enleva la Poméranie, mais la rendit à la paix, en 1679. Au milieu des guerres qu’il eut à soutenir, il donna au Danemark en 1693 le code qui le régit encore aujourd’hui.

CHRISTIAN VI, né en 1699, mort en 1746, succéda à son père Frédéric IV en 1730, fit jouir le pays d’une tranquillité parfaite, et rebâtit Copenhague, détruite en partie par un incendie en 1728.

CHRISTIAN VII, né en 1749, succéda à son père Frédéric V en 1766. Il épousa la même année Caroline-Mathilde, sœur de George III, roi d’Angleterre. Il prit pour ministre, en 1770, son médecin Struensée, qui bientôt le domina ; mais au bout de deux ans, ce ministre, que l’on soupçonnait d’avoir des liaisons criminelles avec la jeune reine Mathilde, fut disgracié et mis à mort, et toute l’autorité passa aux mains de la reine douairière, Julie-Marie de Brunswick. La fin de son règne fut malheureuse : Copenhague fut bombardée et prise par les Anglais (1807), et il se vit forcé de fuir. Il alla mourir à Rendsbourg (Holstein), en 1808. Dans ses dernières années, ce prince était tombé en enfance.

CHRISTIAN VIII, né en 1786, mort en 1848, était fils du prince héréditaire Frédéric, frère consanguin de Christian VII, et gouvernait la Norvége en 1814. Il opposa une courageuse, mais inutile résistance à la décision de la Sainte-Alliance qui enlevait la Norvége au Danemark pour la céder à la Suède (1814), et se vit obligé de se retirer devant les forces supérieures de Bernadotte. Appelé au trône de Danemark en 1839, à la mort de Frédéric VI, son cousin, il fit quelques réformes, favorisa les lettres, les sciences et les arts, et forma de riches collections. À la fin de son règne, s’éleva la question des droits du Danemark sur le Schlesvig et le Holstein, qui donna lieu à une longue guerre.

CHRISTIANIA, capit. de la Norwége, ch.-l. du bailliage d’Aggerhuus, à 425 k. O. S. O. de Stockholm au fond d’une baie ; 32 000 h. Siége du gouvernement norvégien et du Storthing ou diète. Évêché, université fondée en 1811, école militaire, école de commerce, observatoire, bibliothèque. Plusieurs jolis édifices : hôtel de ville, bourse. Port vaste et sûr, mais fermé par les glaces pendant 3 ou 4 mois,etc Tanneries, papeteries, etc. Commerce de bois de construction, fer, cuivre, goudron, poisson sec. — Christiania a été bâtie en 1624 par Christian IV, roi de Danemark, sur l’emplacement de la ville d’Opslo, qui avait été brûlée.

CHRISTIANISME, religion révélée par J.-C., qu’elle reconnaît pour fondateur. Après la mort et la résurrection du Sauveur, l’an 33, ses 12 apôtres prêchèrent l’Évangile aux Juifs et aux Gentils. S. Pierre établit des communautés de Chrétiens à Jérusalem, à Antioche et dans d’autres villes d’Asie ; puis il se rendit à Rome, et y fixa dès lors le siége de la primauté apostolique (le St-Siége). De son côté, S. Paul opéra, surtout parmi les Païens, un grand nombre de conversions, et mérita le titre d’Apôtre des Gentils. Après avoir parcouru l’Asie-Mineure et la Grèce, il vint à Rome, où il subit le martyre sous Néron (67). D’autres apôtres répandirent peu à peu dans les diverses provinces de l’empire romain les doctrines du Christianisme. Les progrès de la nouvelle religion soulevèrent contre elle la haine des Païens, et les fidèles eurent à éprouver de nombreuses persécutions. On en compte 10 : sous Néron (64-68), Domitien (95), Trajan (106), Marc-Aurèle (166-177), Septime-Sévère (199-204), Maximin (235-238), Décius ou Dèce (250-252), Valérien (258-260), Aurélien(275), Dioclétien (303-313) : l’avénement de ce dernier persécuteur a été nommé l’ère des martyrs. Des sophistes et des imposteurs (Simon le Magicien, Apollonius de Tyane, Ménandre, etc.) prétendirent égaler les miracles de la nouvelle religion. De nombreux hérétiques (les Gnostiques au IIe s., Manès et les Sabelliens au IIIe s., Arius, Donat, Pelage, Nestorius, Eutychès et Maron du IVe au VIe s.), essayèrent de corrompre la pureté de la foi. Mais la religion triompha de tous ces obstacles par la constance de ses martyrs et par l’éloquence de ses apologistes et des Pères de l’Église, tels que Lactance, Tertullien, S. Grégoire de Nazianze, S. Basile, S. Jean Chrysostôme, S. Athanase, S. Ambroise, S. Jérôme, S. Augustin, etc. Enfin, l’empereur Constantin, par le célèbre édit de Milan, 313, fit de la religion chrétienne la religion de l’empire, et la foi catholique fut solennellement formulée dans le symbole du concile de Nicée (325). Depuis cette époque, le Christianisme eut 3 grands travaux à accomplir : convertir les barbares, combattre les hérésies, conserver et répandre les lumières de la civilisation. Les Goths, les Bourguignons, les Suèves, les Vandales, les Vla-goths, les Lombards connurent le nom du Christ dès la fin du IVe s., mais ils embrassèrent l’arianisme. Plus tard, les Bourguignons (510), les Suèves (551), les Visigoths (587), les Lombards (602), adoptèrent la foi orthodoxe. Les Francs furent convertis sous Clovis (496), les Irlandais et les Anglo-Saxons à la fin du VIe s., les Allemands au VIIIe s. Les peuples du nord, les Danois, les Suédois, les Polonais, les Russes, ainsi que les Hongrois, les Bulgares, embrassèrent la foi du IXe au XVe s. Le Christianisme fit moins de conquêtes en Asie : il dominait dans l’Arménie, où il subsiste encore ; mais il fut presque anéanti en Perse par la persécution, et les victoires des Mahométans lui ravirent au VIIe s. la plus grande partie des contrées de l’Asie et de l’Afrique, En outre, l’Église fut déchirée au IXe s. par le schisme de Photius, qui en 858 sépara l’Église grecque de l’Église latine. — Les principales hérésies que le Christianisme eut à combattre au moyen âge furent, avec l’Arianisme, celle des Iconoclastes qui troublèrent l’empire d’Orient pendant les VIIIe et IXe s. ; celle des Vaudois et des Albigeois en France au XIIe s. ; celles de l’Anglais Wiclef, de Jérôme de Prague et de Jean Huss au XVe s. En outre, des divisions intérieures, connues sous le nom de Schisme d’Occident ou Grand schisme, troublèrent la paix de l’Église pendant 71 ans (1378-1449), en opposant pontifes à pontifes. Néanmoins, c’est pendant le moyen âge que l’autorité ecclésiastique exerça le plus d’influence ; la puissance spirituelle soutint à cette époque de longues luttes contre la puissance temporelle, et pendant quelque temps même elle eut le dessus (V. INVESTITURE, BULLES). Mais il s’introduisit bientôt des abus que le concile de Constance (1414) et celui de Bâle (1431) essayèrent vainement de réformer. Enfin des ordres monastiques célèbres, les Bénédictins au VIe s., les Bernardins (1098), les Trappistes (1140), les Mathurins (1199), les Carmes (1205), les Franciscains ou Cordeliers (1208), les Dominicains ou Jacobites (1215), les Célestins (1244), les Augustins (1256), etc., exercèrent une puissante influence sur la civilisation en s’occupant soit de former des prédicateurs chargés d’aller convertir les Barbares, soit de défricher les terres incultes, ou d’enseigner les connaissances dont ils étaient seuls dépositaires. D’autres ordres, les Hospitaliers (1100), les Templiers (1118), les chevaliers Teutoniques en Judée (1190), les Porte-Glaives en Livonie (1202), les chevaliers d’Alcantara, de Calatrava, de San-Iago, de l’ordre du Christ, d’Avis, en Espagne et en Portugal, furent établis pour combattre les Infidèles. Dans les temps modernes, la découverte de l’Amérique a étendu sur un nouveau monde l’empire du Christianisme, et le zèle des missionnaires a porté chez tous les peuples barbares les lumières de la foi chrétienne. Mais au XVIe s., le Catholicisme vit s’élever des hérésies puissantes. Luther donna le signal en 1517 : il prêcha la Réforme, qui sépara de l’Église plusieurs des nations chrétiennes. Zwingle en 1519, Calvin en 1536, devinrent les chefs de diverses sectes qui, malgré les efforts de nouveaux ordres institués pour combattre l’hérésie (V. JÉSUITES), se répandirent rapidement, et qui, malgré les sages réformes ordonnées par le concile de Trente (1563), ne voulurent plus reconnaître, en matière de foi, d’autre autorité que celle de la Bible. Après eux, les sectes se sont multipliées presqu’à l’infini. (V. CHRÉTIENS.) Les puissances catholiques, après avoir essayé longtemps de déraciner l’hérésie, soit par la persuasion, soit par la force (V. Guerre de TRENTE ANS, INQUISITION, ST-BARTHÉLEMY, DRAGONNADES, etc.), finirent par accorder la liberté de conscience. Aujourd’hui, les membres des diverses sectes vivent partout en paix à l’abri d’une tolérance plus ou moins étendue.

CHRISTIANSAND, v. et port de Norvège (Sœndenflelds), par 5° 43' long. E., 58° 8' lat. N. ; 8000 h. Ch.-l. de bailliage. Évêché luthérien. Cathédrale remarquable. Toiles à voiles ; chantiers, tanneries ; commerce de bois. — Fondée en 1641 par Christian IV.

CHRISTIANSTAD, v. et port de Suède (Scanie), ch.-l. d'un gouvt de même nom, sur l'Helgea, près de son emb. dans la mer Baltique; 7000 h. Place forte. Quelque industrie. Assez de commerce. — La ville fut fondée en 1614 par Christian IV. Les Suédois l'assiégèrent inutilement en 1644; mais ils la prirent plus tard. Les Danois s'en emparèrent en 1676; Charles XI la reprit l'année suivante.

CHRISTIANSTAD, ch.-l. de l'île Ste-Croix (Antille Danoise), sur la côte N. E.; 5000 hab. Port sûr.

CHRISTIANSUND, v. et port de la Norvége (Nordenfields), ch.-l. du bailliage de Romsdal, à 130 k. S. O. de Drontheim, sur trois petites îles; 3200 h. Pêche abondante. Cette ville fut fondée en 1734 par Christian VI, roi de Danemark.

CHRISTIERN, rois de Danemark. V. CHRISTIAN.

CHRISTINE (Ste), vierge et martyre, était, selon la légende, fille d'un païen nommé Urbain, gouverneur d'une ville de Toscane, et fut mise à mort sous Dioclétien. On la fête le 24 juillet.

CHRISTINE DE FRANCE, fille de Henri IV et de Marie de Médicis, née en 1606, morte en 1663, épousa en 1619 Victor-Amédée, duc de Savoie, resta veuve en 1637, fut régente de Savoie pendant la minorité de son fils Charles-Emmanuel II, gouverna avec beaucoup de prudence et de fermeté, et fit rentrer dans le devoir le prince Thomas, son beau-frère, qui lui disputait la régence.

CHRISTINE, reine de Suède, née en 1626, succéda à son père Gustave-Adolphe, qui avait péri à la bat. de Lutzen, en 1632. Elle se mit à la tête des affaires en 1644, et jusque vers l'année 1649, elle régna avec sagesse et avec quelque éclat, grâce aux conseils d'un ministre habile, le comte d'Oxenstiern. Mais à cette époque elle éloigna ses plus sages ministres, s'entoura d'hommes corrompus, et bientôt de grands embarras se manifestèrent dans l'administration. Lasse de cet état de choses, elle abdiqua en 1654 en faveur de Charles-Gustave, son cousin. Elle voyagea dans diverses parties de l'Europe, abjura le luthéranisme, passa quelque temps en France où elle se souilla du meurtre de Monaldeschi, son écuyer et son amant (1657), puis alla se fixer à Rome, où elle mourut en 1689. Christine avait reçu une éducation brillante, et toute sa vie elle professa pour les sciences, les lettres et les arts une espèce de culte. Pendant son règne, elle avait attiré auprès d'elle des hommes illustres, entre autres Descartes. Elle a laissé quelques écrits, qui ont été pour la plupart recueillis dans les Mémoires d'Archenholz, Amst., 1751-59, 4 vol. in-4. Lacombe a donné la Vie de Christine (accompagnée de lettres fabriquées); d'Alembert, des Réflexions et anecdotes sur cette reine. Elle a été plusieurs fois mise sur la scène : par Brault, Christine en Suède, 1829; Fréd. Soulié, Christine à Fontainebleau; Alex. Dumas, Stockholm, Fontainebleau et Rome, 1830.

CHRISTINE DE PISAN. V. PISAN.

CHRISTMAS, île du Grand Océan équinoxial, par 1° 45' lat. N. et 160° 5' long. E., a 90 kil. de tour. Ainsi nommée par Cook, parce qu'il la vit le jour de Noël (en anglais Christmas) de l'année 1777.

CHRISTOPHE (S.), en grec Christophoros, c.-à-d. Porte-Christ, natif de Syrie ou de Palestine, subit, à ce que l'on croit, le martyre sous Dèce vers 250, dans l'Asie-Mineure. On le fête le 25 juillet. — La Légende fait de ce saint, dont la vie est peu connue, une espèce d'Hercule chrétien : on le représente, sans doute par allusion à son nom, portant le Christ sur ses épaules. On voyait jadis à l'entrée de Ne-Dame de Paris une statue colossale de ce saint, qui fut abattue en 1784. S. Christophe était au moyen âge le héros d'un Mystère célèbre.

CHRISTOPHE, empereur d'Orient, fils de Romain I, fut associé par son père à l'empire en 919, avec ses frères Étienne et Constantin VIII, et mourut en 931, sans avoir rien fait de remarquable.

CHRISTOPHE I, roi de Danemark, fils de Waldemar II, succéda à son frère Abel en 1252. Il fut sans cesse en lutte avec les évêques de son roy., surtout avec l'archevêque de Lunden. Il mourut à Riben en 1259 : on prétendit qu'il avait été empoisonné dans un festin. — II, fils d'Éric VII, succéda en 1320 à son frère Eric VIII, et fut déposé en 1320, après s'être aliéné l'esprit de tous ses sujets par sa perfidie et ses cruautés. Il parvint cependant à reconquérir une partie de ses États; mais il fut excommunié et tomba dans un mépris général. Il mourut en 1334; son fils (Waldemar IV) régna depuis 1340. — III, roi de Danemark et de Suède, fils de Jean de Bavière et neveu d'Éric IX, fut élu roi de Danemark en 1440, de Suède en 1441, et de Norvége en 1442. Il donna au Danemark et à la Suède des lois qui ont été en vigueur jusque vers le milieu du XVIIIe siècle. Il mourut en 1448.

CHRISTOPHE (Henri), roi d'Haïti sous le nom de Henri I, né en 1767, était noir et esclave de naissance. Il se signala dans l'insurrection de St-Domingue en 1790, fut nommé général de brigade par Toussaint, défendit en 1802 le Cap contre les Français, mit à mort Dessalines, de concert avec Pétion, fut proclamé président en 1806; prit en 1811 le titre de roi (Henri I), régna 9 ans sur la partie N. de l'île, malgré l'opposition de Pétion et de Boyer, et gouverna avec fermeté. Mais en 1820, une insurrection ayant éclaté parmi ses sujets, il se donna lui-même la mort pour ne pas la recevoir. Voulant copier les rois de l'Europe, il avait créé une noblesse et des institutions féodales, qui le rendirent ridicule.

CHRUDIM, v. de Bohême, ch.-l. de cercle, sur la Chrudimka, à 97 kil. O. de Prague: 6000 hab. Grand commerce de chevaux. — Le cercle, riche en céréales, a 95 kil. sur 40, et 300 000 hab.

CHRYSÉIS, fille de Chrysès, prêtre d'Apollon, fut prise par Achille lors du sac de Lyrnesse et échut en partage à Agamemnon. Ce prince n'ayant pas voulu la rendre à son père qui était venu le supplier dans son camp, Apollon vengea son prêtre en frappant l'armée des Grecs d'une peste terrible; le fléau ne cessa que quand Agamemnon eut rendu Chryséis. Cet événement est chanté par Homère au début de l’Iliade.

CHRYSIPPE, philosophe stoïcien, né en Cilicie, à Soles ou à Tarse, l'an 280 av. J.-C., mort vers 208, succéda à Cléanthe dans l'enseignement et fut regardé comme la colonne du Portique; il combattit les Épicuriens et les Académiciens, et eut pour principal adversaire Carnéade, Il cultiva la dialectique et poussa quelquefois la subtilité jusqu'à l'excès. On lui attribue l'invention de plusieurs sophismes, entre autres de celui du crocodile. Il ne reste presque rien de ses nombreux ouvrages. Cicéron a imité dans ses Offices un de ses traités de morale. Baguet a donné un travail estimé De Chrysippi vita et reliquiis, Louvain, 1822, et Peterson : Philosophiæ chrysippeæ fundamenta, Hambourg, 1827.

CHRYSOLOGUE (Noël André, dit le P.), capucin, né en 1728 à Gy en Franche-Comté, mort en 1808, se livra avec succès à l'étude de l'astronomie et de la géographie et donna en 1778 les meilleurs planisphères qui eussent paru jusque-là. On estime sa Théorie de la surface de la Terre, 1806.

CHRYSOLORAS (Emmanuel), savant grec du XIVe siècle, fut envoyé en Europe par l'empereur de Constantinople, Jean II Paléologue, pour implorer l'assistance des princes chrétiens contre les Turcs. Il enseigna ensuite à Florence (1394), à Venise, à Pavie et à Rome, et fut un des principaux restaurateurs des lettres en Italie. Il mourut à Constance en 1415, à 47 ans. On a de lui une Grammaire grecque, sous le titre d’Erotemata (Interrogations), Ferrare, 1509, des Lettres, des Discours, etc.

CHRYSOPOLIS, Scutari? v. de Bithynie, sur le Bosphore de Thrace, en face de Byzance. C’est là que s’embarquèrent à leur retour les Dix-mille Grecs conduits par Xénophon. Licinius y fut battu par Constantin en 323.

CHRYSOSTOME. V. DION et JEAN (S.).

CHUCUITO, v. de Bolivie, sur le bord N. du lac de Titicaca, à 250 kil. N. O. de la Paz. Cette v. a eu 30 000 h., mais elle est fort déchue.

CHUQUISACA ou CHARCAS (dite aussi LA PLATA, c.-à-d. l'Argent, à cause de ses mines d’argent), capit. de la Bolivie, ch.-l. du département de Chuquisaca, par 19° 32' lat. S., 67° 30' long. O. ; 30 000 h. Archevêché, université, consulats. Belle cathédrale; monument du général Sucre. L’indépendance de la Bolivie y fut proclamée en 1825; il y fut conclu en 1834 un traité de commerce entre la France et la Bolivie. — Le dép., situé entre le Pérou au N., le Brésil à l'E., le Paraguay et le pays des Chiquitos, au S., les dép. de la Paz et de Potosi à l'O., a 880 k. de long et 180 000 hab. (presque tous Indiens). Très-hautes montagnes; mines d’or et d’argent. Pizarre pénétra dans le pays en 1538 et y fonda la v. Chuquisaca, sur les ruines d’une ville péruvienne.

CHURCHILL (Charles), poëte satirique, né en 1731 à Westminster, mort en 1764, était fils d’un ministre anglican, qu’il remplaça dans une des paroisses de Londres. Il mena une vie fort dissipée et fort misérable, et mourut à trente-trois ans. Ses principaux poëmes sont : la Rosciade, contre les comédiens de son temps; le Revenant, la Prophétie de famine, contre les Écossais; l'Auteur; l’Épître à Hogarth, satire sanglante contre cet artiste. On a publié en 1804 ses œuvres en 2 vol. in-8, avec notes. Les Anglais placent ce poète après Pope.

CHURCHILL (John). V. MARLBOROUGH.

CHUS (Terre de), nom donné dans la Bible à l’Éthiopie, qu’une tradition fait peupler par Chus, fils de Cham et petit-fils de Noé.

CHUSAN ou CHOUSAN, grande île de la Chine, dans la mer Bleue, sur la côte de la prov. de Tché-Kiang, compte env. 250 000 hab. et a pour ch.-l. Ting-haï. Sol fertile et bien cultivé : riz, patates, thé, arbres à suif. Cette île domine à la fois l’embouchure du Yang-tsé-kiang et la route du Japon. Les Anglais la prirent en 1840 et en 1841, et la restituèrent en 1846. Elle fut de nouveau occupée en 1860 par l’armée anglo-française, mais évacuée la même année.

CHYITES, secte musulmane, opposée à celle des Sonnites ou Sunnites, ne reconnaît qu'Ali pour légitime successeur de Mahomet, et que les descendants d'Ali pour imams ou souverains pontifes. Ils rejettent les explications théologiques d'Aboubekr, d'Omar et d'Othman. Le nom de Chyites (factieux, hérétiques) leur est donné par les Sunnites, qui se disent seuls orthodoxes; mais ils s’appellent eux-mêmes Adéliés, partisans de la justice. Les Chyites se subdivisent en plusieurs sectes ; la plupart admettent après Ali douze imams, qui sont les successeurs légitimes du Prophète, et regardent un certain Ismaël comme le dernier; ils croient que cet Ismaël, qui disparut sans qu’on connût son sort, doit tôt ou tard revenir sur la terre, et ils attendent son retour (V. ISMAÉLITES et MAHDI). La secte des Chyites se forma à la suite de l’assassinat d'Ali et de l’usurpation des Ommiades, qui exclurent les descendants d'Ali (659). Les Chyites occupent particulièrement la Perse, les Indes, la Mésopotamie, la Syrie et le N. de l'Arabie, où ils sont connus sous le nom de Wahabites.

CHYPRE, Cypros des anciens, île de la Méditerranée, entre l'Asie-Mineure et la Syrie; 225 k. sur 80; env. 100 000 hab.; ch.-l., Nicosie; autres villes, Larnaka, Baffa (Paphos), Famagouste, Limasol. Elle est traversée par une chaîne de montagnes très-hautes, parmi lesquelles l’ancien Olympe. Le sol, très-fertile, produit du blé, du coton, du tabac, de la garance, de l’huile, des figues et autres fruits du Midi, et surtout des vins excellents, dont les plus estimés sont ceux de la Commanderie. On exploitait jadis dans cette île de riches mines d’or, d’argent et surtout de cuivre (en latin cuprum). — L’île de Chypre fut très-célèbre dans l’antiquité. C’est là que florissaient les villes d'Amathonte, de Paphos, d'Idalie, toutes trois consacrées à Vénus, qui prenait de là le nom de Cypris. Cette île fut soumise successivemt aux Phéniciens (jusqu'en 620 av. J.-C.), aux Égyptiens (550) et aux Perses (depuis Artaxerce Mnémon); cependant elle se gouvernait par ses propres lois; souvent même elle se révolta avec l’appui des Grecs, notamment du temps de Cimon (450). Elle était indépendante au commencement du IVe s. av. J.-C. : et on y comptait alors 9 roy. dont le plus célèbre est celui de Salamine (V. EVAGORAS). Elle fut ensuite comprise dans l’empire d'Alexandre. Sous les successeurs de ce prince, elle fut souvent disputée par les rois d’Égypte et de Syrie, et parfois elle forma un roy. particulier, qui fut possédé par divers princes de la famille des Ptolémées. Caton s’en empara pour les Romains en 58 av. J.-C. Sous les empereurs grecs, Chypre fut prise par les Arabes, et après avoir subi diverses dominations, elle fut conquise par Richard Cœur de Lion (1191). Celui-ci la donna à Guy de Lusignan, seigneur français, qui y fonda le roy. de Chypre (1192), et dont les descendants la possédèrent plusieurs siècles. Enfin, Catherine Cornaro, veuve de Jacques III et héritière des Lusignans, la vendit aux Vénitiens en 1489. Les Turcs s’en emparèrent en 1570; sous leur domination elle a été réduite à un état déplorable. M. Mas-Latrie a écrit l’Histoire de Chypre sous la domination française, 1853. — Les ducs de Savoie, depuis rois de Sardaigne et d'Italie, portent le titre de rois de Chypre et de Jérusalem; ils tiennent ce droit de Charlotte de Lusignan, reine de Chypre (1458), qui avait épousé un prince de Savoie, et qui, bien que dépouillée par le bâtard Jacques, légua en mourant son royaume à son neveu Charles I de Savoie (1487).

Rois de Chypre de la maison de Lusignan.
Guy de Lusignan, 1192. Hugues IV, 1324.
Amaury, 1194. Pierre I, 1361.
Hugues I, 1205. Pierre II, 1369.
Henri I, 1218. Jacques I, 1382.
Hugues II, 1253. Jean II, 1398.
Hugues III, 1267. Jean III, 1432
Jean I, 1284. Charlotte et Louis, 1458.
Henri II, 1285. Jacques II, 1464
Amaury de Lusignan, usurp. 1306-1310. Jacques III, 1473
Catherine, 1475-1489.

CIACCONIUS ou CHACON (P.), savant espagnol, né en 1525 à Tolède, fut chanoine à Séville, puis vint à Rome où il mourut en 1581. Il a laissé des notes estimées sur Salluste, César, Arnobe, Tertullien, etc., ainsi que des traités De Triclinio romano, Rome, 1588; De Ponderibus, mensuris et nummis Græcorum et Romanorum, 1608, et l’explication des bas-reliefs de la colonne Trajane.

CIACCONIUS ou CHACUN (Alph.), religieux espagnol de l’ordre des Prêcheurs, né en 1540 à Baez, mort à Rome en 1590, a composé un grand nombre d’ouvrages en latin sur l’histoire romaine et l’histoire ecclésiastique. Nous citerons sa Bibliotheca scriptorum ad ann. 1583, Paris, 1731, in-fol., rangée par ordre alphabétique, ouvrage précieux, mais inachevé (il s’arrête à la lettre E.) ; Vitæ et gesta Roman. Pontif. et cardin., Rome, 1601, in-fol.

CIANUS SINUS, golfe de Moudania, sur la côte S. E. de la Propontide, à l'O. de Nicée, tirait son nom de Cius ou Cionte qui était sur ses côtes.

CIBALIS, auj. Swilei, v. d'Illyrie, sur la Save, aux confins de la Pannonie. Constantin y battit Licinius en 314. Patrie de Valentinien et de Valens.

CIBAO (monts), situés au centre de l’île d'Haïti, sur une étendue de 90 k. Ils renferment une mine d’or, la 1re qu’on ait trouvée en Amérique. L'Artibonite, le Grand-Yaque et quelques autres riv. y prennent leur source. — Ces monts ont donné leur nom à un dép. de l’État actuel d'Haïti; ch.-l. Santiago. CIBBER (Colley), auteur et acteur, né à Londres en 1671, mort en 1757, était fils d'un sculpteur distingué. Il excellait dans le genre comique et la caricature. Il devint en 1711 un des directeurs du théâtre de Drury-Lane, et fut nommé en 1730 poëte lauréat. Celles de ses comédies qui eurent le plus de succès sont : le Mari insouciant, 1704; le Non-Juror, 1717, imitée du Tartufe. Le recueil de ses œuvres forme 4 vol. in-12, 1760. Cibber se distingua plus par l'esprit et la vivacité du dialogue que par l'invention et l'originalité. — Son fils, Théophile Cibber, mort en 1757, fut aussi auteur et acteur; il arrangea pour le théâtre plusieurs pièces de Shakespeare; on a publ. sous son nom les Vies des poëtes anglais et irlandais, 1753, qui sont de Rob. Shiels.

CIBO, famille génoise. V. CYBO.

CIBYRE, Cibyra, auj. Bourouz, v. de Phrygie, au S. O., sur les confins de la Carie et de la Pisidie. Grande et puissante autrefois; soumise aux Romains l'an 83 av. J.-C.; détruite par un tremblement de terre et relevée par Tibère. Évêché dans les premiers siècles du Christianisme.

CICÉRON, Marcus Tullius Cicero, le plus célèbre des orateurs romains, né près d'Arpinum, l'an 107 av. J.-C., d'une famille de chevaliers peu connue, se forma de bonne heure à l'éloquence en étudiant la rhétorique et la philosophie sous les meilleurs maîtres, et débuta au barreau dès l'âge de 26 ans en défendant Roscius d'Amérie contre un affranchi de Sylla, alors tout-puissant. Après avoir passé quelques années à Athènes pour se perfectionner dans son art, il entra à 30 ans dans la carrière des honneurs, fut nommé questeur en Sicile, et se concilia tellement l'amour de ses administrés, que lorsqu'ils poursuivirent le propréteur Verrès qui les avait indignement pillés, c'est lui qu'ils chargèrent de l'accusation. Il gagna cette cause importante, malgré la puissance et les richesses de son adversaire. Nommé consul l'an 63 av. J.-C., il combattit et fit rejeter une loi agraire présentée par Rullus, découvrit et fit échouer la conspiration de Catilina et fut proclamé par le sénat Père de la Patrie; mais quelques années après (58), les partisans de Catilina, à la tête desquels était Clodius, ayant repris le dessus, il fut banni de Rome, sous le prétexte qu'il avait fait exécuter les conjurés sans jugement. Il fut rappelé au bout de 16 mois; son retour fut un triomphe. Quatre ans après, Milon ayant tué le turbulent Clodius (53), Cicéron se chargea de le défendre, mais il ne put parvenir à le sauver. En 52, il fut chargé du gouvernement de la Cilicie (52), et obtint dans cette province des succès militaires qui lui valurent de la part de ses soldats le titre d’imperator. Pendant la guerre civile il s'attacha au parti de Pompée; mais après la bataille de Pharsale il abandonna quelque temps les affaires et consacra ses loisirs à la composition de ses plus beaux ouvrages de philosophie. Cependant, lorsque César eut rappelé Marcellus, dont Cicéron était l'ami, il rompit le silence pour le remercier de cet acte de générosité; bientôt après, il arracha au dictateur par un discours éloquent le pardon de Ligarius. Après le meurtre de César, auquel il était resté étranger, Cicéron se déclara contre Antoine, l'attaqua avec violence dans ses Philippiques (44), et se rapprocha du jeune Octave, le croyant moins dangereux pour la liberté; mais lorsque celui-ci eut formé avec Antoine et Lépide cette ligue connue sous le nom de Triumvirat, il n'eut pas honte d'abandonner Cicéron à la haine d'Antoine, qui envoya des sicaires pour le mettre à mort. Ils le trouvèrent à Formies : Cicéron leur livra sa tête sans vouloir résister (43); il avait 64 ans. Sa tête et ses mains furent envoyées à Antoine, qui les fit attacher à la tribune aux harangues. — On a reproché à ce grand homme quelque faiblesse de caractère et une vanité excessive; mais on ne peut lui refuser toutes les vertus qui font le bon citoyen. Il eut aussi les plus belles qualités de l'homme privé : père tendre, il ne put jamais se consoler de la perte de sa fille Tullie; excellent ami, il resta toute sa vie étroitement lié avec Atticus. Comme orateur, il n'a point d'égal chez les Romains; son éloquence brille surtout par l'abondance et par le nombre. Cicéron fut aussi un philosophe distingué, et il contribua puissamment à introduire à Rome la philosophie des Grecs; il appartenait à la secte des Académiciens. Cicéron avait prodigieusement écrit; il ne nous est parvenu qu'une partie de ses ouvrages. On les divise en 4 classes : 1° harangues, parmi lesquelles on admire surtout les Verrines, les Catilinaires, le Pro Milone, le Pro Marcello, le Pro Ligario, les Philippiques; 2° livres de rhétorique, dont le plus beau est l’Orateur; 3° Traités des Devoirs, des Biens et des Maux, De la Nature des Dieux, les Tusculanes, la République (qui ne nous est arrivée que mutilée et dont A. Maïa retrouvé en 1822 des fragments dans des palimpsestes); 4° lettres, dont seize livres à Atticus; elles fournissent les matériaux les plus précieux pour l'histoire du temps. Parmi les ouvrages perdus, on regrette surtout l’Hortensius ou De la Philosophie, et le traité de la Gloire. On a donné une foule d'éditions, soit spéciales, soit générales, des œuvres de Cicéron. Les éditions complètes les plus estimées sont celles des Aldes, 1519; des Étiennes, 1528, 1543; de Lambin, 1566; de Gruter, 1618; de Gronovius, 1692; d'Olivet, 9 vol. in-4, 1740; d'Ernesti, cum clave, 1776, 8 vol. in-8; de Schutz, 1814-23, 20 vol. in-12; de la collection des Classiques latins de Lemaire, 1827-32, 19 vol. in-8; d'Orellius, Zurich, 1826-27, 2e édit., 1845, etc. Plusieurs ouvrages ont été traduits séparément par d'Olivet, Auger, Mongault, Bouhier, Castillon, Clément, Barrett, Guéroult, Burnouf, Villemain, Gaillard, etc. On doit à M. J. V. Leclerc une traduction complète de Cicéron, avec le texte en regard et de savantes notes, 1821-1825, 30 vol. in-8; on le trouve également trad. dans les collections Panckoucke et Nisard. Sa Vie a été écrite par Plutarque, par Middleton (trad. par Prévost) et par Morabin.

Q. CICÉRON, frère du préc., prit parti pour Pompée, bien qu'il eût servi sous César dans les Gaules, et fut en 43, comme son frère, victime de la proscription. Il cultivait les lettres : on a de lui un traité De petitione consulatus (avec les œuvres de son frère). — M. Cicéron, fils de l'orateur, commanda un corps de cavalerie à Pharsale, combattit avec Brutus à Philippes, puis se réfugia près de Sextus Pompée. Il se déshonora par sa passion pour le vin.

CICOGNARA (le comte Léopold), né à Ferrare en 1767, mort en 1834, s'est distingué par son amour éclairé pour les arts. Après avoir rempli des fonctions politiques éminentes, il fut nommé membre, puis président de l'Académie des beaux-arts de Venise. Son principal ouvrage est Storia della Scultura, Venise, 1813-18, 3 vol. in-fol., faisant suite à l’Histoire de l'art de Winckelmann.

CICONES, peuple de Thrace, sur l'Hèbre, plus connu dans la mythologie que dans l'histoire; ch.-l., Ismare. C'est chez les Cicones que périt Orphée.

CID (Rodrigue Diaz DE BIVAR, surnommé le), héros castillan, né à Burgos vers l'an 1030, mort à Valence en 1099, se signala par ses exploits sous les règnes de Ferdinand, Sanche II et Alphonse VI, rois de Léon et de Castille. Il s'attacha à Sanche II, roi de Castille, qui était en guerre avec Alphonse, roi de Léon, son frère; Sanche ayant été assassiné et remplacé par Alphonse, le Cid fut disgracié et quitta la cour. Dans sa retraite, il rassembla ses vassaux et ses amis, marcha contre les Maures, les battit en plusieurs rencontres, s'empara de Tolède (1085), de Valence (1094), et par ses exploits força le roi à le rappeler et à lui donner toute sa confiance. Ayant vaincu cinq rois maures, les députés que ces rois lui avaient envoyés le qualifièrent, en le saluant, du titre de seid ou cid, c'est-à-dire seigneur; ce surnom lui resta depuis. On le surnomme aussi Campeador, mot qui paraît signifier le héros des camps. Les romanciers ont brodé l'histoire du Cid; ils ont feint que dans sa jeunesse il fut forcé de se battre en duel avec don Gormaz, père de la belle Chimène qu'il aimait; cette aventure a fourni à Diamante, à Guilhem de Castro et à Corneille le sujet d'admirables tragédies. Parmi les poëmes et les romanceros auxquels les exploits du Cid ont donné sujet, nous citerons: Poema del Cid Campeador, composé vers 1128 en vers alexandrins, publié par Sanchez, 177a; Historia del muy noble y valeroso caballero el Cid Ruy Diaz, Lisbonne, 1615. Robert Southey a recueilli dans sa Chronicle of the Cid, from Spanish (Londres, 1808, in-4), tout ce que les romanceros racontent du héros espagnol. M. Dozy a publié dans ses Recherches sur l'hist. de l'Espagne au moyen âge un précieux fragment d'une Vie du Cid, en arabe, écrite en 1109. M. Creuzé de Lesser a traduit en partie le Roman du Cid; M. A. Rénal en 1842, et M. Damas-Hiuard en 1858, l'ont trad. en entier. Asbach a donné : De Cidi historia, Bonn, 1842.

CIDARITES (HUNS). V. HUNS.

CILICIE, Cilicia, auj. pachaliks de Selefkeh et d'Adana, partie de l'Asie-Mineure, au S. E., bornée au S. par la Méditerranée, au N. par la Cappadoce, à l'O., par la Pamphylie et la Pisidie, à l'E. par la Syrie. On y distinguait : 1° la Cilicie de plaines, Cilicia campestris, à l'E., fertile, riante, très-boisée dans sa partie septentr. ; ch.-l., Tarse; autres villes, Soles, Malle, Issus, Anazarbe; 2° la Cilicie âpre ou Trachéotide, Cilicia aspera, Cilicia Trachea, qui elle-même se subdivisait en Lalaside, Cétide, etc.; contrée montueuse, plus froide; pauvre, mais couverte de superbes forêts; villes principales : Sélinonte, Séleucie-Trachée, Célendéris. Plus tard, ces provinces prirent le nom de Cilicie 1re et Cilicie 2e. La Cilicie était en partie peuplée de Syriens (d'où les noms de Leuco-Syriens, Syriens blancs, donné à ses habitants) : sur la côte étaient des villes grecques. Le cilice adopté par les anachorètes chrétiens était un vêtement des Ciliciens Trachéotes. — La Cilicie, après avoir fait partie de l'empire des Perses et de celui d'Alexandre, fut possédée par les rois de Macédoine, puis par les Séleucides, et appartint pendant un temps aux rois Lagides de l’Égypte, qui en gardèrent quelques villes. Vers l'an 100 av. J.-C., les côtes de Cilicie devinrent l'asile de pirates redoutables qui infestaient la Méditerranée; Pompée les extermina (67) et réduisit le pays en prov. romaine (63). Conquise par les Arabes au VIIe siècle, la Cilicie passa depuis sous la domination des Ottomans.

CILLEY ou CILLY, Claudia Celeia, v. des États autrichiens (Styrie), ch.-l. de district, à 53 kil. N. E. de Laybach ; 1800 h. Commerce de blé et vin. On attribue la fondation de cette ville à l'empereur Claude (l'an 41 de J.-C.). Elle a été la capit. du Norique jusqu'à l'an 400. Jadis principauté.

CILLEY (Barbe de). V. SIGISMOND.

CILLEY (ULRIC de). V. ULRIC.

CIMABUÉ (Giovanni GUALTIERE), peintre et architecte de Florence, né en 1240, mort vers 1310, est considéré comme le restaurateur de la peinture en Italie. Il fut instruit dans son art par des peintres grecs que le sénat de Florence avait appelés, mais il ne tarda pas à surpasser ses maîtres; il assouplit les lignes, fondit harmonieusement les couleurs et donna plus d'expression aux figures. Il reste encore de ce peintre quelques morceaux à fresque et en détrempe, où l'on admire son génie : le mieux conservé est La Vierge et Jésus, à Ste-Marie-Nouvelle (Florence). Il eut le mérite de découvrir la vocation du jeune pâtre Giotto pour la peinture.

CIMAROSA (Dominique), compositeur, né à Aversa en 1754, mort à Venise en 1801, travailla pour le théâtre et se fit de bonne heure une telle réputation que plusieurs souverains d'Allemagne et de Russie l'appelèrent à leur cour. Il a composé plus de 120 opéras, les uns sérieux, parmi lesquels on admire le Sacrifice d'Abraham, Pénélope, les Horaces et les Curiaces; les autres bouffons, dont les meilleurs sont : l'Italienne à Londres, le Directeur dans l'embarras (Impresario in angustie), le Mariage secret. Il excellait surtout dans ce dernier genre.

CIMBÉBASIE, région de l'Afrique mérid., s'étend sur la côte occident., au S. de la Guinée mérid., sur une longueur de 1200 kil., par 16°-20° lat. S. Plage sablonneuse et sans végétation, habitée par les Cimbébas, peuple peu connu.

CIMBRES, Cimbri, peuple teutonique qui occupait primitivement le Jutland et la partie mérid. du Danemark, et qui semble appartenir à la même famille que les Kymris de la Gaule et les Cimmériens des Grecs. Chassés de leur pays par un débordement de la Baltique, ils émigrèrent vers l'an 114 av. J.-C., se joignirent aux Ambrons et aux Teutons septentr., entraînèrent avec eux les Tigurins, et entrèrent en Gaule vers 112. Ils battirent plusieurs généraux romains de 112 à 106, se portèrent jusqu'en Espagne l'an 105, mais en furent repoussés; revinrent tous ensemble en 102 vers l'Italie, mais se séparèrent des Teutons et des Ambrons pour y entrer par le nord, tandis que ceux-ci, passant le Rhône, devaient l'envahir par l'ouest. Arrivés à Verceil, ils trouvèrent devant eux Catulus et Marius qui, déjà vainqueurs des Ambrons et des Teutons, les exterminèrent à leur tour, l'an 101 av. J.-C.

CIMBRIQUE (CHERSONÈSE). V. CHERSONÈSE.

CIMMÉRIEN (BOSPHORE). V. BOSPHORE.

CIMMÉRIENS, Cimmerii, anc. peuple barbare de l'Europe orientale. Ils habitèrent pendant un temps les environs du Palus Méotide (mer d'Azof), entre l'Ister et le Tanaïs. Chassés par les Scythes d'Asie, ils refluèrent le long des côtes orientales de la mer Noire et jusque dans la Chersonèse Taurique qui prit d'eux le nom de Crimée, pénétrèrent dans le Pont, la Cappadoce, conquirent même la Lydie et prirent Sardes, vers 680; Alyatte les en chassa vers 610 av. J.-C. Une partie des Cimmériens, se dirigeant à l'O., avait pénétré, à ce qu'on croit, en Germanie et jusqu'en Gaule et en Angleterre. On croit que les Cimmériens sont de la même famille que les Kymris et que les Cimbres sont issus de ce peuple.

En Mythologie, le pays des Cimmériens passait pour être le séjour du Sommeil : on plaçait ce pays en Campanie, autour du lac Averne. Les habitants vivaient dans des cavernes où la lumière ne pénétrait jamais.

CIMMÉRIENS (monts), en Crimée, dans la partie mérid. Le Kriou-Métropon (auj. cap Karadjé-Bouroun) en est la pointe méridionale.

CIMOLOS, île de la mer Egée, auj. l'île Kimolo ou l'Argentière. V. ARGENTIÈRE (L').

CIMON, général athénien, fils de Miltiade. Il se distingua d'abord à la bataille de Salamine (480), et fut en 471 chargé du commandement de toutes les forces navales de la Grèce contre les Perses. Il se rendit dans l'Asie-Mineure et remporta sur les Perses en un même jour deux victoires, l'une sur mer, l'autre sur terre, à l'embouchure de l'Eurymédon en Pamphylie (470 av. J.-C.). Il fut ensuite mis à la tête des affaires de la république, qu'il administra avec une grande intégrité. Il eut pour rival et pour adversaire Périclès, qui en 461 le fit exiler par l'ostracisme. Rappelé en 456, il ménagea la paix entre Athènes et Sparte et fit en 450 une expédition heureuse contre l'île de Chypre. Il mourut dans cette expédition en assiégeant Citium (449). Il venait d'imposer aux Perses une paix ignominieuse qui rendait la liberté aux villes grecques de l'Asie-Mineure et fermait la mer Égée aux flottes du grand roi. Cimon jouissait à Athènes d'une grande popularité : il s'était fait aimer du peuple par ses libéralités et en ouvrant à tous les citoyens ses magnifiques jardins. Plutarque et Cornélius ont écrit sa Vie.

CINALOA, v. de la confédération mexicaine, dans l’État de Cinaloa, auquel elle donne son nom, a 220 kil. N. O de Culiacan; env. 10 000 hab. Jadis ch.-l. de la prov. de Cinaloa. — L'État, entre ceux de Sonora au N., de Durando à l'E., de Xalisco au S. et le golfe de Californie à l'O., compte 160 000 hab. et a pour ch.-l. Culiacan.

CINCA, riv. d'Espagne, sort des Pyrénées, baigne Puertolas, Ainsa, Barbastro, Fraga; et se joint à la Sègre à 4 kil. au-dessus du confluent de celle-ci avec l'Èbre; cours, 140 kil.

CINCHON (la comtesse de), dame espagnole, femme d'un vice-roi du Pérou, apporta en Europe en 1632 le quinquina, et fit connaître la vertu fébrifuge de cette écorce, à laquelle elle devait elle-même sa guérison. — On a donné en son honneur le nom de cinchona à la plante et celui de cinchonine a une substance que renferme le quinquina gris.

CINCINNATI, v. des États-Unis (Ohio), sur l'Ohio, à 160 kil. S. O. de Columbus; 180 000 hab. Évêchés catholique et méthodiste. Établissements de bienfaisance et d'instruction publique, plusieurs théâtres. Tissus de laine, coton; verreries, chantiers de construction. Cette ville est l'entrepôt des provinces occid. de l'Union; plusieurs chemins de fer y aboutissent. Fondée en 1789, elle s'est accrue avec une prodigieuse rapidité.

CINCINNATUS (L. QUINCTIUS), Romain célèbre par son désintéressement et sa frugalité, fut consul subrogé l'an 460 av. J.-C., lutta contre les tribuns qui soutenaient la loi Térentillus Arsa et chassa le Sabin Herdonius, qui s'était emparé du Capitole. En 458, l'armée romaine s'étant trouvée enfermée par les Éques et les Volsques, il fut tiré de la charrue pour être nommé dictateur : il leva à la hâte quelques troupes, délivra les soldats cernés, tailla en pièces l'ennemi, et obtint le triomphe; puis, abdiquant au bout de 16 jours, il reprit ses travaux rustiques. A l'âge de 80 ans, il fut encore nommé dictateur pour réprimer Sp. Mælius (438 av. J.-C.) : ayant fait tuer ce conspirateur par C. Serv. Ahala, maître de la cavalerie, il se dépouilla, au bout de 21 jours, de la souveraine puissance et refusa toute récompense.

CINCINNATUS (ordre de), société patriotique formée aux États-Unis en 1783, était composée de tous ceux qui s'étaient distingués pendant la guerre de l'indépendance. Ses membres se proposaient pour modèle le vertueux Cincinnatus : ils portaient une médaille où ce grand citoyen était représenté quittant sa charrue pour servir l'État. Cette société, admettant l'hérédité, fut considérée comme incompatible avec l'esprit républicain et supprimée.

CINÉAS, ministre et favori de Pyrrhus, roi d'Épire, conseillait le repos à ce conquérant. Après la bat. d'Héraclée, il fut envoyé à Rome pour proposer la paix (279 av. J.-C), mais ne put l'obtenir. Cinéas avait une mémoire prodigieuse. On a de lui un abrégé d’Énée le tacticien.

CINGALAIS, habitants de Ceylan.

CINNA (L. Cornélius), consul l'an 87 av. J.-C,, partisan de Marius, voulut faire rappeler d'exil ce général, malgré son collègue Octavius; mais le sénat le dépouilla de son titre et le chassa de la ville. Furieux, il ramassa une armée, marcha sur Rome accompagné de Marius, de Carbon et de Sertorius, s'empara de la ville, assembla le peuple, fit prononcer solennellement le rappel de Marius et fut le complice de ses cruautés. Il fut tué trois ans après, dans une sédition, par ses propres soldats. Il avait été consul 4 ans de suite (87-84).

CINNA, fils d'une petite-fille de Pompée, conspira contre Auguste, quoiqu'il eût été comblé de ses bienfaits, et obtint son pardon (4 de J.-C.). Cet acte de clémence, qui est rapporté par Sénèque, mais dont Tacite et Suétone ne parlent pas, a été mis sur la scène par Corneille dans la tragédie de Cinna.

CINNAMOMIFERA REGIO, contrée de l'Ethiopie mérid., ainsi nommée à cause de l'abondance des cinnamomes (cannelles) qui y croissaient.

CINNAMUS, historien grec, né vers 1143, accompagna comme secrétaire l'empereur Manuel Comnène dans la plupart de ses voyages. On a de lui : Histoire des règnes de Jean et Manuel Comnène, imprimée au Louvre en 1070, en grec-latin, avec des notes de Ducange, Cet ouvrage, écrit d'un style clair et élégant, fait partie de la Byzantine.

CINO-DA-PISTOIA, jurisconsulte et poëte italien, né à Pistoia en 1270, publia un Commentaire sur le Code qui le fit connaître si avantageusement que plusieurs universités lui offrirent à la fois des chaires de droit. Il professa avec succès à Trévise, à Pérouse, où il eut Barthole pour élève, puis à Florence, et mourut en 1337. La meilleure édition du Commentaire de Cino est celle de Francfort, 1578. On a aussi de lui un recueil de poésies publiées sous ce titre : Rime di messer Cino da Pistoïa, Rome, 1559. Il est, de tous les poètes italiens qui précédèrent Pétrarque, celui dont les vers ont le plus d'élégance.

CINQ-ARBRES (Jean), en latin Quinquarboreus, professeur de langues hébraïque et syriaque au Collége de France, né à Aurillac dans le XVIe siècle, mort en 1587, est auteur d'une Grammaire hébraïque, 1546, in-4, ainsi que d'une traduction latine du Targum de Jonathanbel-Uziel, Paris, 1549 et 1556.

CINQ-CENTS (Conseil des). V. CONSEIL.

CINQ-ÉGLISES, Fünfkirchen, le Serbinum des anciens? v. de Hongrie, ch.-l. du comitat da Baranya, à 175 k. S. O. de Bude, par 15° 65' long E., 46° 3' lat. N.; 20 000 h. Évêché, académie, gymnase. Beau palais épiscopal. Riches mines de houille aux env.; vins et tabacs renommés. Commerce important. — Cette v. était, dit-on, connue des Romains. Les Turcs la prirent en 1543, et l'occupèrent jusqu'en 1686; les Autrichiens la prirent en 1665.

CINQ-MARS (H. COIFFIER DE RUZÉ, marquis de), favori du roi Louis XIII, né en 1620, tirait son nom d'un domaine de la Touraine (à 20 k. O. de Tours). Protégé par le cardinal de Richelieu, qui l'introduisit à la cour des l'àge de 19 ans, il se concilia bientôt la faveur du roi; mais, irrité de l'obstacle que le cardinal voulait opposer à son mariage avec Marie de Gonzague (depuis reine de Pologne), il essaya de renverser, et même, dit-on, de faire assassiner son ancien protecteur. En outre, il excita Gaston, frère du roi, à la révolte, et contribua au traité que ce prince fit avec les Espagnols contre la France. Richelieu ayant découvert ces complots, Cinq-Mars fut arrêté à Narbonne avec de Thou, son complice, et mis en jugement. Gaston, pour sauver sa tête, fournit des preuves à l'accusation, et Cinq-Mars fut condamné à mort et exécuté avec de Thou à Lyon (1642). Cinq-Mars était connu à la cour sous le nom de M. le Grand, parce qu'il était grand écuyer de France. A. de Vigny a publié en 1826, sous le titre de Cinq-Mars, un roman historique rempli de détails intéressants.

CINQ-PORTS. On connaît sous ce nom commun plusieurs ports de la côte méridionale de l'Angleterre, qui jouissaient de certains privilèges. Primitivement il n'y en avait effectivement que 5; mais leur nombre fut dans la suite porté à 8. Ce sont : 1° dans le comté de Kent, Douvres, Hythe, Romney, Sandwich; 2° dans celui de Sussex, Hastings, Rye, Seaford, Winchelsea. Ils forment une province militaire et administrative à part. Le titre de lord amiral des Cinq-Parts est une des grandes dignités de l'Angleterre.

CINTEGABELLE, ch.-l. de c (Hte-Garonne), sur l'Ariége, à 23 k. S. E. de Muret; 1999 h.

CINTRA, v. de Portugal (Estramadure), à 20 k. N. O. de Lisbonne, au pied des monts de Cintra; 4500 h. Château royal gothique qui servit de prison à Alphonse VI; couvent de Capucins. Le 22 août 1808, Junot signa à Cintra avec les Anglais une convention pour l'évacuation du Portugal.

CINYPHS, Oued-Quaham, riv. de l'Afrique propre, arrosait une plaine fertile, et tombait dans la Méditerranée au cap Cephalæ (auj. Mesurata).

CINYRAS, roi de Chypre, eut commerce avec Myrrha, sa propre fille, sans la connaître, et la rendit mère d'Adonis. On lui attribue la fondation de Paphos et de Smyrne, ainsi que l'invention de l'enclume, du marteau et du levier.

CIONTE, Cius, auj. Ghio, ville de Bithynie, au S. O., sur un petit golfe de la Propontide, qui prend de là le nom de golfe de Cionte.

CIOTAT (la). V. LA CIOTAT.

CIPANGO, île dont parle Marco-Paolo et qu'il place en face du Cathay, est probablement le Japon. Les merveilles qu'on en racontait furent un des motifs qui inspirèrent à Christophe Colomb l'idée de son entreprise.

CIPAYES (de cip, arc), le même nom que Spahis, fantassins indigènes de l'Inde au service des Anglais. Ils se sont pour la plupart révoltés en 1857.

CIPPICO (CORIOLAN), connu sous le nom latin de Cépion, historien vénitien, né en 1425 à Trau en Dalmatie, suivit la profession des armes, se distingua dans la défense de Scutari contre les Turcs (1470-74) et écrivit l'histoire de cette guerre sous le titre : De Bello Asiatico libri III, Venise, 1594. On lui doit aussi : Gesta Petri Mocenici (Mocenigo), 1474.

CIRBIED (Chahan), prêtre arménien, né en 1772, mort en 1834, reçut les ordres à Rome, vint se fixer à Paris en 1792, fut nommé en 1810 professeur d'arménien à la Biblioth. impériale et publia, entre autres ouvrages, un Tableau de l'Arménie, 1813, et une Grammaire arménienne, 1823.

CIRCARS SEPTENTRIONAUX (pays des), anc. prov. de l'Inde, sur la côte occid. du golfe du Bengale, par 15°-20° lat. N., avait pour v. principale Cicacole. Les Anglais possèdent le pays depuis 1788 ; il est compris dans la présidence de Madras.

CIRCASSIE, contrée de la Russie située sur les deux versants du Caucase, entre la mer Noire à l'O. et la mer Caspienne à l'E., le gouvt du Caucase au N., l'Iméréthie, l'Abasie, la Mingrélie, la Géorgie au S.; 880 k. de l'O. à l'E. sur 130 du N. au S. ; env. 600 000 h. Ch.-l. Mozdok. Elle se divise en Circassie occid. ou Grande Kabardah, et Circassie orient, ou Petite Kabardah. Très-hautes mont. au S., vastes plaines, et pâturages au bord du lac Kouban et du fleuve Terek. Les habitants (dits à l'E. Tchetchenzes, à l'O. Tcherkesses) sont encore peu civilisés. Ils sont à la fois guerriers, pasteurs, voleurs, sont très-attachés à leur indépendance, et vivent sous la loi de princes ou chefs dits pchek. Ils professent l'Islamisme ; ils étaient encore chrétiens à la fin du XVe s. Les Circassiens passent avec les Géorgiens pour être les plus beaux hommes de la terre. La beauté des femmes circassiennes les fait extrêmement rechercher par les Turcs. — La Circassie appartint successivement aux rois de Colchide, du Bosphore et de Géorgie, aux khans de Crimée, aux Turcs, à qui les Russes l'enlevèrent au XVIIIe s. (V. CAUCASE). Pendant longtemps, elle ne fut soumise que de nom à la domination de la Russie : elle était en insurrection permanente : ce n'est qu'en 1859 qu'elle a été domptée. Schamyl s'est fait un nom en défendant son indépendance.

CIRCÉ, célèbre magicienne, fille du Soleil et de la nymphe Persa, habitait selon les uns Æa en Colchide, à l'embouchure du Phase, et selon d'autres, l'île d'Æa en Italie, au pied du promontoire Circeii. Elle transforma en pourceaux, par ses breuvages enchantés, les compagnons d'Ulysse qui avait abordé dans son île ; mais le héros échappa à ses enchantements à l'aide d'une herbe que lui avait donnée Minerve. Circé lui inspira une vive passion : il s'oublia près d'elle pendant un an et en eut un fils nommé Télégone. J. B. Rousseau a, dans une admirable cantate, peint la douleur de Circé au moment du départ d'Ulysse.

CIRCEII et CIRCEIUM, auj. Monte Circello, mont. et ville du Latium, sur la côte, paraît avoir été jadis une île, jointe depuis au continent. Selon les traditions mythologiques, c'était la demeure de Circé.

CIRCESIUM, auj. Kerkisia, Carchemis de l’Écriture, v. de la Mésopotamie, au confluent du Chaboras et de l'Euphrate. Néchao, roi d’Égypte, y battit les Babyloniens en 606 av. J.-C., et y fut battu par eux à son tour la même année. Dioclétien fit de cette place un des boulevards de l'empire romain.

CIRCONCISION, usage religieux des Hébreux et autres peuples issus d'Abraham, servait à les distinguer des autres nations et était, dans l'anc. loi, la figure du baptême. Une fête instituée en l'honneur de la circoncision de Jésus est célébrée le 1er janvier.

CIRENCESTER, Corinium, v. d'Angleterre (Glocester), à 26 kil. S. E. de Glocester ; 6000 h. Belle église ; tapis, brasseries, etc. Restes d'antiquités romaines. École d'agriculture.

CIREY, vge du dép. de la Meurthe, à 21 k. S. O. de Sarrebourg ; 2259 hab. Verrerie, glaces. — Village de la Hte-Marne, à 29 k. S. de Vassy ; 652 h. Château de la marquise Du Châtelet.

CIRQUES, espaces de forme circulaire enclos de murs et destinés à la célébration des jeux publics chez les Romains. V. CIRQUE au Dict. univ. des Sciences.

CIRRHA, v. de Phocide, sur la côte, au S. d'Amphissa (Salona) et près de Crissa, dont elle était le port. Elle était consacrée à Apollon.

CIRTA, Constantine, v. de Numidie, sur l'Ampsagas (Rummel), fut la capit. du roy. de Numidie du temps de Masinissa et de Jugurtha, puis, sous les Romains, celle de la Mauritanie Césarienne. Jugurtha vainquit Adherbal aux env., 114 av. J.-C., et la prit après un long siège, 113; il fut lui-même battu par Marius à une 2e bataille de Cirta, en 107. César y envoya une colonie sous la conduite de Sittius, ce qui la fit nommer Cirta Sittianorum. La v. fut en partie détruite vers 311, et rebâtie par Constantin, d'où son dernier nom de Constantine.

CISALPINE (GAULE). V. GAULE.

CISALPINE (République), république formée par le général Bonaparte en 1797, comprenait la Lombardie autrichienne avec Mantoue, les provinces vénitiennes de Bergame, de Brescia-et-Crémone, de Vérone et de Rovigo, le duché de Modène, les principautés de Massa et de Carrara, les trois légations de Bologne, de Ferrare et de la Romagne, et une partie du pays des Grisons, et avait pour capit. Milan. Cette république fut reconnue par l’Autriche, après la paix de Campo-Formio. Dissoute en 1798, elle fut rétablie après la victoire de Marengo, et de nouveau reconnue par l'Autriche en 1802, après la paix de Lunéville ; elle prit alors le nom de République Italienne. En 1805, une députation de cette république offrit à Napoléon le titre de roi d'Italie. Napoléon désigna pour vice-roi son beau-fils Eugène de Beauharnais. Le Roy. d'Italie subsista jusqu'en 1814.

CISPADANE (GAULE). V. GAULE.

CISPADANE (République), république organisée par Bonaparte en 1796, après la victoire de Lodi, comprenait Modène, Reggio, Ferrare, Bologne, et était séparée de la République Transpadane par le Pô (Padus); d'où son nom. Cette république se confondit l'année suivante dans la République Cisalpine.

CISPLATINE (République). V. URUGUAY.

CISTERCIENS et CISTERCIENNES, religieux et religieuses de l'ordre de Cîteaux. V. CÎTEAUX.

CÎTEAUX, Cistercium, hameau de la Côte-d'Or, sur la Vouge, à 22 k. N. E. de Beaune ; 350 h. Anc. abbaye de Bénédictins fondée en 1098 ; colonie agricole de jeunes détenus, depuis 1849. Près de là est le clos Vougeot, si renommé pour ses vins.

CÎTEAUX (ordre de), ordre religieux émané de celui de St-Benoît. En 1098, Robert, abbé de Molesme, et 20 religieux se retirèrent à Cîteaux, pour y observer plus exactement la règle de St-Benoît. Bientôt, grâce aux libéralités du vicomte de Beaune, un monastère y fut élevé : c'est là qu'en 1113 vint S. Bernard, qui donna une nouvelle illustration à l'ordre et lui laissa son nom. Le nombre des Cisterciens s'accrut prodigieusement en peu de temps, ce qui donna lieu à fonder les quatre abbayes de La Ferté, de Pontigny, de Clairvaux (dont S. Bernard fut le premier abbé), et de Morimond, qui furent appelées les quatre premières filles de Cîteaux. De ces quatre filles sortit dans la suite un nombre infini de monastères répandus dans toute l'Europe. Les Bernardins dégénérèrent bientôt et leurs désordres nécessitèrent de fréquentes réformes.

Il y eut aussi des religieuses de Cîteaux; elles furent instituées en 1128, à l'abbaye de Tart, dans le diocèse de Langres, et prirent le nom de Bernardines ou Clairettes. Les monastères du faubourg St-Antoine à Paris et de Port-Royal sont les plus célèbres de ceux qu'elles occupèrent.

CITHÉRON, auj. Elatea, chaîne de mont. de Béotie, s'étendait jusqu'au Parnasse à l'O. et à la Mégaride au S. E. Le mont Cithéron proprement dit était voisin de Thèbes; c'est là qu'Œdipe fut exposé.

CITIUM, auj. Larnaka ou Chiti, v. de l'île de Cypre, sur la côte S., au N. E. d'Amathonte. Cimon mourut en l'assiégeant, 449 av. J.-C. Zénon le stoïque y naquit.

CITTA-DELLE-PIEVE, Civitas plebis, v. d'Italie, dans l'anc. État ecclésiastique, à 52 k. S. O. de Pérouse; 3600 h. Évêché.

CITTA-DI-CASTELLO, Tifernum, v. de l'anc. État ecclésiastique, sur le Tibre, à 41 k. N. O. de Pérouse; 6000 hab. Évêché. Prise par les Français en 1798.

CITTA-VECCHIA, c.-à-d. vieille ville, v. de l'île de Malte, à 10 kil. O. de La Valette. Évêché. Place forte, anc. palais des grands maîtres de l'ordre de Malte. Cathédrale vaste et belle, avec une tour très-haute; au-dessous de cette église est une petite grotte où S. Paul se tint, dit-on, caché pendant trois mois. Citta-Vecchia était avant La Valette la capitale de toute l'île.

CIUDADELA, Jamma ou Iamno, v. de l'île de Minorque, sur la côte O., à 35 kil. N. O. de Mahon; 9500 h. Port; forteresse, deux tours; vieille cathédrale; rues étroites. — Fondée par les Maures et jadis capitale de toute l'île.

CIUDAD-REAL (c.-à-d. ville royale) v. d'Espagne (Nouv.-Castille), ch.-l. de l'intend. de son nom, à 160 kil. S. de Madrid; 10 000 hab. Évêché. Belle place, beaucoup d'églises. Magnifique hôpital de la Miséricorde. Manufactures d’étoffes, tanneries, ganteries. Commerce en vins, fruits, etc. C'est dans cette v. que fut fondée la Ste-Hermandad, en 1245. Le général Sébastiani y battit les Espagnols, 1809. — La prov. de Ciudad-Real, formée de l'anc. prov. de la Manche, compte 300 000 hab.

CIUDAD-RODRIGO, Rodericum en latin moderne, v. d'Espagne (Salamanque), sur l'Aguéda, à 86 kil. S. O. de Salamanque; 11 000 hab. Évêché. Place forte. Pont, faubourg, bonne citadelle. Ganteries, tanneries. — Fondée au XIIIe siècle sur l'emplacement de l'anc. Lancia Transcudana. Prise par les Français en 1808, reprise en 1812 par Wellington (ce qui valut à ce général le titre de duc de Ciudad-Rodrigo), et reprise pendant les guerres de 1808 à 1814 par les Anglais, les Français et les Espagnols.

CIVILIS (Cl.), chef des Bataves, souleva ses compatriotes l'an 70 de J.-C., s'unit à Classicus et à Sabinus, battit plusieurs généraux romains, et ne fut réduit qu'au bout de deux ans. Feignant de prendre parti pour Vespasien, il avait entraîné quelques légions romaines : Cerealis mit fin à cette révolte. Civilis, réfugié dans l'île des Bataves, traita avec les Romains qui l'admirent dans leur alliance.

CIVITA CASTELLANA, Falisca, v. du territoire romain, à 27 kil. S. O. de Viterbe; 4000 hab. Évêché. Citadelle. Pont de 50m de haut, sur le Rio-Maggiore. Macdonald y défit le général autrichien Mack en 1798.

CIVITA-DI-PENNE, Pinna Vestina, v. de l'anc. roy. de Naples (Abruzze Ult. 1re), à 21 kil. N. O. de Chieti, 9000 hab. Évêché. Cathédrale, séminaire. — Détruite par Sylla, elle se releva sous les empereurs. Lors de la conquête du roy. de Naples par les Normands, Roger I y prit le titre de roi et en fit sa capitale. Alexandre de Médicis en fut créé duc.

CIVITA ET AMPURIAS, évêché de Sardaigne, près du cap Sassari, a pour ch.-l. Tempio. V. ce nom.

CIVITA-VECCHIA, Centumcellæ, v. forte et port franc du territoire romain, sur la Méditerranée, à 63 kil. N. O. de Rome; 8000 hab. Évêché, consulats étrangers. Excellent port, construit par Clément XIII en 1761; arsenal, chantiers; bagne. Grains, laine, alun, etc. Chemin de fer conduisant à Rome. — Souvent saccagée: prise par Totila et reprise par Narsès en 553. Occupée de 1849 à 1870 par les Français.

CIVITELLA, ville du roy. d'Italie (Abruzze Citer.), à 14 kil. N. de Teramo, au N. E. et près de Bénévent; 6000 hab. Station. Robert Guiscard y remporta en 1053 une vict. importante sur l'empereur Henri III, le pape Léon IX et les Grecs : Léon IX y fut fait prisonnier.

CIVRAY, ch.-l. d'arr. (Vienne), sur la Charente, à 55 kil. S. de Poitiers (à 52 par chemin de fer); 2113 hab. Ville très-ancienne. Jolie église byzantine. Soc d'agriculture. Châtaignes, truffes.

CIZA, nom latinisé de la v. de Zeiz.

CLACKMANNAN, v. d’Écosse, ch.-l. d'un comté de même nom, à 40 kil. N. O. d’Édimbourg, sur une colline; 8000 hab. Château construit par Robert Bruce. — Le comté, situé entre ceux de Perth et de Stirling, et borné au S. par le Forth, compte environ 20 000 h. Il fournit une grande quantité de houille, du cuivre, du plomb, de la chaux, etc.

CLAGENFURT. V. KLAGENFURTH.

CLAIN, riv. de France, naît à 6 kil S. O. de Confolens (Charente), passe à Vivonne, Poitiers, et se perd dans la Vienne à 4 kil. au S. de Châtellerault, après 115 kil. de cours.

CLAIRAC, bourg du dép. de Lot-et-Garonne, sur le Lot, à 23 kil. S. E. de Marmande; 2311 hab. Église calviniste. Vins blancs, eaux-de-vie, tabac. Dans les guerres de religion, cette ville fut prise et brûlée plusieurs fois, notamment en 1621.

CLAIRAUT (Alexis Claude), géomètre, né à Paris en 1713, mort en 1765, était fils d'un maître de mathématiques, et montra une aptitude précoce pour l'étude des sciences : dès l'âge de 12 ans, il put présenter d'intéressants mémoires à l'Académie des sciences : il fut reçu à 18 ans dans cette compagnie. En 1736, il fut envoyé en Laponie avec Maupertuis pour mesurer un degré du méridien. Il s'établit dans la suite entre d'Alembert et lui une fâcheuse rivalité à l'occasion du Problème des trois corps. Clairaut eut d'illustres disciples, entre autres Mme du Châtelet et Bailly. Ses principaux ouvrages sont : Théorie de la figure de la terre, 1743 ; Théorie de la Lune, 1752; Théorie du mouvement des Comètes, 1760; Éléments de géométrie, 1741; Éléments d'algèbre, 1746. Dans ces deux derniers traités, qui sont des modèles de clarté, il suit la méthode analytique.

CLAIRE (Ste), vierge et abbesse, née en 1193 à Assise, d'une famille distinguée, morte en 1253, renonça à sa fortune et à sa famille pour se vouer à la vie religieuse, et fonda dans sa patrie, en 1212, avec le concours de S. François d'Assise, l'ordre dit de Sainte-Claire ou des Clarisses, dans lequel les religieuses étaient soumises aux plus grandes austérités. Cet ordre se répandit d'Italie en Allemagne et en France : au XVIIIe siècle, il comptait 900 maisons. Il se voue auj. à l'éducation des filles. La fête de Ste Claire se célèbre le 12 août.

CLAIRETTES ou BERNARDINES. V. CÎTEAUX.

CLAIRON (Claire LEYRIS DE LA TUDE, connue sous le nom de Mlle), célèbre actrice, née en 1723 près de Condé (Flandre), morte à Paris en 1803, excella surtout dans la tragédie, et fut la rivale de Mlle Dumesnil. Elle obtint les hommages de tous les poëtes du temps, surtout de Voltaire. Elle débuta à la Comédie-Française en 1743, et quitta le théâtre dès 1765, par suite de querelles de coulisses. Elle se rendit alors en Allemagne et se fixa auprès du margrave d'Anspach, près duquel elle vécut environ 17 ans. Clairon avait plus d'art que de naturel, mais elle avait porté l'art à la perfection. Dorat a dit d'elle :

Tout, jusqu'à l'art, chez elle a de la vérité.

Elle fit paraître en 1799 ses Mémoires.

CLAIRVAUX, Clara Vallis, bourg du dép. de l'Aube, sur l'Aube, dans une vallée près d'une belle forêt, à 12 kil. S. E. de Bar-sur-Aube; 1000 hab. On y voyait jadis une célèbre abbaye de Bénédictins, une des filles de Cîteaux, dont S. Bernard fut le 1er abbé, 1115. Auj. les bâtiments de l'abbaye ont été convertis en maison de détention.

CLAIRVAUX-LES-VAUX-D'AIN, ch.-l. de cant. (Jura), à 23 kil. S. E. de Lons-le-Saulnier; 1200 hab. Papeterie, clouterie, belle forge.

CLAMART, vge du dép. de la Seine, à 8 kil. S. O. de Paris, près du parc de Meudon; 2800 hab. Bois, belles pépinières, fruits et légumes pour Paris; carrières de plâtre.

CLAMECY, ch.-l. d'arr. (Nièvre), sur l'Yonne, à 68 kil. N. E. de Nevers; 5692 hab. Collége, soc. d'agriculture. Grand commerce de bois à brûler et de charbon. Patrie de Marchangy et des Dupin. C'est à Clamecy que fut inventé le flottage des trains de bois, par Rouvet.

CLAN, mot gaélique qui signifie famille, désignait autrefois les tribus de l'Écosse et de l'Irlande qui vivaient sous la conduite d'un chef particulier, appelé chieftain en Irlande et laird en Écosse. Dans ce dernier pays, tous les membres d'un même clan portaient le même nom, précédé du mot mac (c.-à-d. fils) : Mac-Donald, Mac-Gregor, Mac-Intosh, Mac-Kenzie,etc Ces associations ont fini par disparaître à mesure que la civilisation a pénétré chez les Highlanders ou montagnards : le gouvernement anglais a d'ailleurs tout fait pour les détruire après les rébellions de 1715 et 1745.

CLANIS, Chiana, riv. de l'anc. Étrurie. V. CHIANA.

CLANRICARD (ULICK, comte, puis marquis de), né à Londres en 1604, siégea aux parlements de 1639 et 1640, et fut chargé en 1641 du gouvernement d'une partie de l'Irlande. Attaché à l'infortuné Charles I, il combattit jusqu'au dernier moment pour sa cause, ainsi que pour les Catholiques d'Irlande. Quoique Cromwell l'eût mis hors la loi, on le laissa vivre tranquille dans sa terre de Sommer-Hill, où il mourut vers 1657. Il a laissé des Mémoires sur les affaires d'Irlande de 1640 à 1653.

CLAPARÈDE (Michel), général français, né en 1774 à Gignac (Hérault), mort en 1841, s'enrôla en 1792, fit les campagnes d'Italie, du Rhin, de St-Domingue et d'Allemagne, fut fait général de division en 1807, prit une part glorieuse aux batailles d'Ebersberg, d'Essling et de Wagram, commanda en chef un corps de troupes polonaises dans la campagne de Russie, se trouva à la Moskowa et à la Bérézina, fut fait comte par l'Empereur, et devint sous la Restauration inspecteur général et pair de France.

CLAPPERTON (Hugh), voyageur écossais, né en 1788 dans le comté de Dumfries, servit d'abord dans la marine. En 1820, il partit avec le major Denham pour faire un voyage de découvertes dans l'intérieur de l'Afrique. Il pénétra dans l'empire des Fellatahs, et visita le premier les villes de Kanoh, Kachena, Sakatou (1823). Il retourna dans ces contrées en 1825, et mourut en 1827 à Sakatou, de la dyssenterie. Son domestique, Rich. Lander, put rapporter ses papiers en Europe. La relation de ses deux voyages a été imprimée à Londres, 1826 et 1829, et trad. par Eyriès et La Renaudière.

CLARAC, ch.-l. de c. (B.-Pyrénées), sur le gave de Pau, à 18 kil. S. E. de Pau; 316 hab.

CLARAC (le comte de), antiquaire, né à Paris en 1777, mort en 1847, émigra, rentra en France sous le Consulat, après s'être formé par les voyages, cultiva avec succès l'archéologie et les arts du dessin, devint précepteur des enfants du roi de Naples, Joachim Murat, fut chargé par ce prince de diriger les fouilles de Pompéi, fut en 1818 nommé conservateur des antiques au musée du Louvre, et admis en 1838 à l'Académie des beaux-arts comme membre libre. Outre un bon Catalogue du musée du Louvre et un Manuel de l'histoire de l'art, 1847, 3 vol. in-12, on lui doit le Musée de sculpture antique et moderne, 1826-1855, 6 vol. in-8, avec planches in-4, magnifique publication qui absorba sa fortune, et qui ne put être terminée qu'après sa mort.

CLARE, comté d'Irlande (prov. de Munster), situé entre ceux de Gallway, Tipperary, Limerick et l'Océan; 100 kil. sur 55; 287 000 hab.; ch.-l., Ennis. Sol très-fertile dans les vallées, nombreux troupeaux; mines de houille. — On trouve dans ce même comté un bourg de Clare, à 3 kil. S. d'Ennis. Autrefois plus important, il a donné son nom au comté.

CLAREMONT, beau château du comté de Surrey, à 20 kil. S. de Londres. D'abord aux ducs de Clare, puis au duc de Newcastle, à qui il doit ses principaux embellissements; il fut acheté en 1816 pour le prince Léopold de Saxe-Cobourg (auj. roi des Belges), qui venait d'épouser la princesse. Charlotte, et qui, en 1848, le mit à la disposition de Louis-Philippe : c'est là que mourut ce prince.

CLARENCE ou CHIARENZA, Cyllène, v. de Morée (Élide), à 10 kil. N. O. de Gastouni. Duché créé au XIIIe s. pour la maison de Hainaut, transmis par alliance à Lionel, 2e fils d’Édouard III, tige des ducs de Clarence. Il appartint dans la suite aux Vénitiens.

CLARENCE (George, duc de), frère d’Édouard IV, roi d'Angleterre, s'unit à Marguerite d'Anjou et à Henri VI contre son propre frère. Quelques années après, il fut accusé d'avoir sollicité la main de la duchesse Marie de Bourgogne sans le consentement d’Édouard, dans le but de s'affranchir d'une autorité qu'il supportait avec peine, et fut pour ce fait condamné à mort. Le malheureux prince, laissé libre sur le genre du supplice, se noya, dit-on, dans un tonneau de vin de Malvoisie (1478).

CLARENDON, hameau d'Angleterre (Wilts) à 7 kil. E. de Salisbury. Forêt royale. Ruines d'un palais, séjour favori de quelques rois d'Angleterre. Henri II, en 1164, y fit signer par les barons et les prélats les Constitutions de Clarendon, qui restreignaient la juridiction des tribunaux ecclésiastiques. Ces constitutions furent l'occasion d'une vive résistance de la part du clergé, ayant à sa tête Th. Becket.

CLARENDON (Édouard HYDE, comte de), magistrat et historien, né à Dinton (Wilts) en 1608, mort en 1674. Lors de la guerre civile, il servit le parti du roi et fut créé par Charles I chancelier de l'échiquier et membre du conseil privé. Après l'exécution de Charles I, il rejoignit le fils de ce prince (Charles II) et fut chargé par lui à Dunkerque de négociations importantes. En 1657, Charles II le nomma grand chancelier d'Angleterre; à son rétablissement en 1660, il le confirma dans cette dignité et y ajouta les titres de comte de Clarendon et de pair. Le crédit dont il jouissait, son intolérance et quelques mesures impopulaires, comme la vente de Dunkerque à Louis XIV, lui firent beaucoup d'ennemis et ils finirent par le faire disgracier. Quoiqu'il eût toujours administré avec intégrité, le roi, importuné de sa vertu rigide ou des plaintes dont il était l'objet, le dépouilla de toutes ses places, et le parlement le bannit à perpétuité. Il se retira en France et mourut à Rouen. On a de lui : Histoire de la rébellion, depuis 1641 jusqu'au rétablissement de Charles II, publiée en 1702, 3 vol. in-fol., trad. en franç., La Haye, 1704, 6 vol. : cet ouvrage est un des morceaux d'histoire les plus estimés. Il a aussi écrit sa propre biographie (Oxford, 1761). Clarendon se trouvait allié à la famille royale, une de ses filles ayant épousé le duc d'York (Jacques II), et étant devenue mère des princesses Marie et Anne, qui régnèrent.

CLARENS, hameau de Suisse (Vaud), sur le lac de Genève, à 4 kil. S. E. de Vevay. Beaux sites, célébrés par J. J. Rousseau. Tombeau de Vinet. CLARET, ch.-l. de cant. (Hérault), à 28 kil. N. de Montpellier; 800 hab.

CLARISSES, ordre religieux. V. CLAIRE (Ste).

CLARKE (Samuel), théologien anglais, né à Norwich en 1675, mort en 1729, fut douze ans chapelain de l'évêque de Norwich; devint en 1706 chapelain de la reine Anne, et en 1709 recteur de St-James. Il fut lié avec les savants de son temps, particulièrement avec Newton. Clarke est surtout connu par son Traité de l'existence de Dieu et de la religion naturelle et révélée (1704-6), traduit par Ricotier (Amst., 1721, etc.); cet ouvrage se compose de sermons prononcés à St-Paul pour la fondation de Boyle (V. ce nom); l'auteur y combat avec force Spinosa et Hobbes : il veut n'employer que des arguments métaphysiques et des démonstrations à priori. Il publia en 1712 un traité de la Trinité, qui le fit passer pour antitrinitaire et lui attira quelques difficultés. En 1716, il eut avec Dodwell, Collins et Leibnitz des disputes célèbres sur divers points de métaphysique et de religion, défendant en toute occasion les plus saines doctrines, la spiritualité et l'immortalité de l'âme, ainsi que le libre arbitre. On a publié en 1717 sa correspondance avec Leibnitz sur le temps, l'espace, la nécessité et la liberté. Clarke cultiva aussi les sciences et la philologie. On lui doit des traductions latines de la Physique de Rohault (1697), de l’Optique de Newton (1706), et d'excellentes éditions avec commentaires de César (1702), et d’Homère (1729). Ses œuvres ont été réunies en 4 vol. in-fol. Londres, 1742.

CLARKE (Édouard), voyageur anglais, né en 1767, mort en 1821, visita de 1799 à 1802 le Danemark, la Norvége, la Suède, la Laponie, la Finlande, la Russie, la Crimée, la Circassie, l'Asie-Mineure, la Grèce, la Turquie, et publia la relation de ce voyage sous le titre de Travels in various parts of Europe, Londres, 1810-1819, 5 vol. in-4, ouvrage qui obtint un succès mérité, et fut trad. en français. Clarke était professeur de minéralogie à Cambridge; on lui doit de savants écrits sur cette science.

CLARKE (H. Jacq. Guill.), duc de Feltre, maréchal de France et ministre d'État, né en 1765, à Landrecies (Nord), d'une famille originaire d'Irlande, mort en 1818, était en 1793 chef d'état-major de l'armée du Rhin. Il fut à cette époque suspendu comme suspect; mais lors de l'élévation de Napoléon au trône, il rentra en faveur, fut admis dans l'intimité de l'Empereur, et reçut en 1807 le portefeuille de la guerre. Il fit échouer la descente des Anglais à Walcheren, ce qui lui valut le titre de duc de Feltre (1809). Il eut une grande part aux traités de Léoben, de Campo-Formio et de Lunéville. En 1814, il se rallia aux Bourbons, fut appelé par Louis XVIII au ministère de la guerre en 1815, dans les moments les plus difficiles, et eut à instituer les cours prévôtales. Nommé maréchal en 1816, il se retira en 1817. Homme de cabinet plutôt que guerrier, Clarke fut un administrateur habile et intègre, mais sévère.

CLAROS, Zilleh? v. d'Ionie, sur la côte, entre Colophon et Lébédos, était célèbre par un temple et un oracle d'Apollon.

CLARY, ch.-l. de cant. (Nord), à 16 kil. S. E. de Cambrai; 2440 hab. Tissus de coton, gazes.

CLASSICUS, général gaulois. V. CIVILIS et CEREALIS.

CLASTIDIUM, auj. Casteggio, v. de Ligurie, dans la partie N. E. Marcellus, général romain, y tua de sa main Viridomare, chef des Gaulois-Gésates (222 av. J.-C.). Une célèbre mosaïque trouvée à Pompéi représente cet exploit.

CLAUBERG (Jean), Claubergius, savant calviniste, né en 1622 à Solingen en Westphalie, mort en 1665, enseigna la philosophie à Herborn et Duisbourg et adopta les principes de Descartes. On a de lui : Logica vetus et nova. Amst., 1691, ouvrage estimé que l'auteur de la Logique de Port-Royal a mis à contribution, et une Défense de Descartes, en lat., 1652.

CLAUDE, Tib. Claudius Nero Drusus, surn. Germanicus et Britannicus, 4e empereur romain, fils de Drusus, le frère de Tibère, né à Lugdunum (Lyon) 10 ans av. J.-C., fut proclamé par les soldats après le meurtre de Caligula, son neveu, au moment où il se cachait dans la crainte d'être massacré (41 de J.-C.). Son règne commença sous d'heureux auspices; d'assez grands succès furent obtenus à l'extérieur : la Thrace fut réduite en prov. romaine, et l'empereur reçut le titre de Britannicus pour avoir soumis une partie de la Bretagne méridionale; mais il se laissa bientôt gouverner par sa femme Messaline et par ses affranchis, Polybe, Narcisse et Pallas, qui commirent sous son nom toutes sortes de crimes et de déprédations. Après avoir longtemps toléré les débauches de Messaline, il la fit mettre a mort (48). Peu après il épousa Agrippine, sa nièce, qui prit sur lui un empire encore plus grand : elle lui fit adopter Néron, qu'elle avait eu de son premier mari, Domitius Ænobarbus, et le détermina à désigner ce jeune prince pour son successeur au préjudice de Britannicus, son propre fils. Claude mourut l'an de J.-C. 54; on croit qu'il fut empoisonné par Agrippine. Sous son règne la Bretagne fut conquise en partie. Ce prince était d'un caractère extrêmement faible et dans un état voisin de l'imbécillité. Il avait cependant composé dans sa jeunesse des Histoires des Étrusques et des Carthaginois, qui n'étaient pas sans valeur

CLAUDE II, Marc. Aurelius Claudius, surnommé le Gothique, à cause de ses victoires sur les Goths, né vers 215 en Dalmatie, fut proclamé empereur par l'armée, à la mort de Gallien, l'an 268; défit le rebelle Aureolus, abolit plusieurs impôts, rendit aux particuliers les biens que leur avait ravis son prédécesseur, et vainquit les Goths en 269, à Nissa (en Servie). Il fut enlevé par la peste à Sirmium en Pannonie après un règne de 2 ans. Ce prince avait été ajuste titre nommé le Second Trajan, tant à cause de sa valeur que de sa justice et de sa bonté.

CLAUDE (S.), évêque de Besançon au VIIe s., d'une des plus anc. familles de Bourgogne, se distingua par ses vertus et son amour pour les lettres, fut élevé à l'épiscopat en 685, mais se démit dès 692 de son évêché pour s'enfermer au monastère de Condat (auj. St-Claude). On l'hon. le 6 juin. Sa Vie a été écrite par Chifflet et par Boquet, 1609.

CLAUDE DE FRANCE, fille de Louis XII, roi de France, et d'Anne de Bretagne, née en 1499, à Romorantin, morte en 1524, fut fiancée en 1506 au Dauphin François de Valois (depuis François I), quoiqu'elle eût déjà été fiancée à Charles d'Autriche, et l'épousa en 1514. Elle lui apporta en dot le duché de Bretagne, les comtés de Blois, de Coucy, de Montfort, d’Étampes, d'Ast, et des droits sur le duché de Milan. Elle était boiteuse et pas belle, mais spirituelle et pleine de bonté; ses vertus lui méritèrent le surnom de Bonne Reine. C'est en souvenir de cette princesse qu'une des meilleures variétés de prunes a été appelée Reine-Claude.

CLAUDE (Jean), ministre protestant, né en 1619, à La Sauvetat près d'Agen, fut pasteur à Nîmes, à Montauban, et, depuis 1666, à Charenton. Il eut diverses controverses avec Bossuet, Nicole, Arnauld, et devint l'âme de son parti. Il fut forcé de quitter la France lors de la révocation de l'édit de Nantes (1685), et mourut à La Haye en 1687. Il passait pour un savant profond et un fort dialecticien. On a de lui, entre autres ouvrages, une Réponse au traité de la Perpétuité de la Foi d'Arnauld, une Histoire de la Persécution des Protestants sous Louis XIV (publ. seulement en 1858) et une relation d'une conférence qu'il avait eue avec Bossuet en 1678 devant Mlle de Duras et à la suite de laquelle cette demoiselle s'était convertie; dans cet écrit il conteste la relation donnée par Bossuet.

CLAUDE LE LORRAIN, paysagiste. V. LORRAIN (LE).

CLAUDIEN, Claudius Claudianus, poëte latin, né vers l'an 365 à Alexandrie en Égypte, vint de bonne heure en Italie; s'attacha à Stilicon, premier ministre d'Honorius, et fut disgracié avec lui (408). Il jouit auprès de ses contemporains d'une telle réputation qu'ils lui élevèrent une statue à Rome, sur le Forum de Trajan, avec une inscription où il était égalé à Homère et à Virgile. Ce qui nous reste de lui ne justifie pas ces éloges outrés : on y admire une versification harmonieuse, facile, mais monotone; de grandes images, mais de l'enflure, peu d'invention et de génie. Ses poésies se rapportent presque toutes aux évènements de l'époque : ce sont des Éloges de Stilicon, des Invectives contre Rufin et Eutrope, le Consulat d'Honorius. On a aussi de lui un poëme épique, l'Enlèvement de Proserpine; c'est le plus estimé de ses ouvrages. Parmi les éditions de Claudien, on remarque celles de Barthius, Francfort, 1860; de S. M. Gesner, Leipsick, 1759, de Burmann, Amst., 1760, et celle de la Bibliothèque latine de Lemaire, due à M. Artaud, Paris, 1824. Il a été traduit par Delatour, Paris, 1798, 2 vol. in-8, par MM. Héguin-Deguerle et Trognon, dans la collection de Panckoucke, 1830, 2 vol. in-8, et se trouve aussi dans la collection Nisard.

CLAUDIEN-MAMERT. V. MAMERT.

CLAUDIOPOLIS, v. de l'Asie-Mineure, auj. Bastan;V. de Dacie, auj. Kolosvar.

CLAUDIUS (Appius), décemvir, issu d'une famille illustre du pays des Sabins qui s'était établie à Rome sous le consulat de Valérius Publicola, se rendit odieux par son orgueil et sa tyrannie. Nommé décemvir l'an 451 av. J.-C., pour rédiger un code de lois, il conserva le pouvoir sans l'autorisation du peuple, commit toutes sortes d'injustices, fit assassiner le brave Sicinius Dentatus qui réclamait l'accomplissement des lois, et voulut enlever, en la faisant passer pour esclave, la jeune Virginie, que son père se vit contraint de poignarder pour la soustraire à ses violences. Après ce dernier coup, l'armée et le peuple se soulevèrent, abolirent le décemvirat, et Appius Claudius fut jeté en prison. Il s'y donna la mort (449 av. J.-C.).

CLAUDIUS CÆCUS (Appius), censeur l'an 312 av. J.-C., se perpétua 5 ans dans cette dignité. Il fit construire la voie Appienne, dont on admire encore auj. les restes; Rome lui dut aussi un aqueduc. Dans sa vieillesse, il devint aveugle, d'où son surnom de Cæcus. Quand Pyrrhus envoya Cinéas à Rome pour traiter de la paix, 279, il se fit porter au sénat, et par un discours éloquent fit rejeter les propositions du roi d'Épire.

CLAUDIUS PULCHER (Publius), consul l'an 249 av. J.-C., perdit une bat. navale en Sicile contre les Carthaginois, devant Drépane. Adherbal, qui commandait la flotte ennemie, coula à fond plusieurs vaisseaux des Romains, en prit 93, et poursuivit les autres jusqu'auprès de Lilybée. On attribua la défaite de Claudius au mépris qu'il avait montré pour les augures; comme on lui annonçait, au moment de l'action, que les poulets sacrés ne mangeaient pas : « Qu'on les jette à la mer, dit-il, afin qu'ils boivent, s'ils ne veulent pas manger. »

CLAUDIUS (Mathias), poëte allemand, né à Rheinfeld, près de Lubeck, en 1743, mort à Hambourg en 1815, était ami de Klopstock. Il a publié sous le nom d’Asmus, messager de Wandsbeck, un grand nombre de poésies et de chansons devenues populaires en Allemagne. Il est auteur du fameux chant du Vin du Rhin (Rheinweinlied) que l'on chante dans toutes les fêtes bachiques de l'Allemagne.

CLAUSEL (Bertrand), maréchal de France, né à Mirepoix en 1772, mort en 1842, était neveu du conventionnel J. B. Clausel. Enrôlé dès 1791, il s'était déjà distingué aux Pyrénées, à Saint-Domingue, en Italie, en Dalmatie, lorsqu'il fut envoyé en Espagne, sous Junot et Masséna (1810); il assiégea Ciudad-Rodrigo, fut blessé à Salamanque, sauva en 1812, par une mémorable retraite, l'armée de Portugal et la ramena en Espagne, reçut en récompense le commandement en chef de l'armée du Nord de l'Espagne (1813), fut un des derniers à mettre bas les armes en 1814, et un des premiers à se déclarer en faveur de Napoléon aux Cent-Jours, prit à cette époque le commandement de Bordeaux et força la duchesse d'Angoulême à quitter cette ville; fut exilé au retour des Bourbons; fut nommé, à la révolution de 1830, général en chef des troupes de l'Algérie, occupa Blidah, Médéah, après avoir forcé le col de Mouzaïa, et tenta le premier l'œuvre de la colonisation; mais il eut la malheureuse idée de céder les prov. de Constantine et d'Oran à des princes tunisiens et fut écarté pour ce motif; il reçut néanmoins en 1831 le bâton de maréchal. Envoyé de nouveau en Afrique en 1835, avec le titre de gouverneur général, il prit Mascara, mais échoua devant Constantine (1836), et fut définitivement remplacé. Député de Réthel depuis 1827, il soutint constamment les idées libérales et la cause de l'Algérie.

CLAUSENBOURG, v. de Transylvanie. V. KOLOSVAR.

CLAVIER (Étienne), savant helléniste, né à Lyon en 1762, mort à Paris en 1817, occupa plusieurs places dans la magistrature, et se fit remarquer par son indépendance dans le procès de Moreau. Il devint ensuite professeur d'histoire au Collége de France, et entra en 1809 à l'Académie des inscriptions. On a de lui, outre une édition du Plutarque d'Amyot (1802-1806, 25 vol. in-8), des traductions de la Bibliothèque d'Apollodore, 1805, 2 vol. in-8, et de la Description de la Grèce, de Pausanias, avec le texte grec, 1814-1821, 6 vol. in-8, achevée par Coray et Courier, et une Histoire des premiers temps de la Grèce, Paris, 1809, 2 vol. in-8, réimprimée avec d'importantes corrections en 1822, 3 vol. in-8.

CLAVIÈRE (Étienne), né à Genève en 1735, fut d'abord banquier. Chassé de sa ville natale par les discordes civiles, il vint à Paris, écrivit dans les journaux, se lia avec Mirabeau, qu'il seconda dans ses attaques contre Necker, et fut nommé en 1792. ministre des finances. Après le 10 août, il devint membre du conseil exécutif; mais il fut bientôt après arrêté avec les Girondins sur la dénonciation de Robespierre, et décrété d'accusation. Pour se soustraire à l'échafaud, il se donna lui-même la mort (1793). On admirait son intégrité.

CLAVIGERO (François Xaxier), jésuite, né à la Vera-Cruz vers 1720, séjourna 35 ans au Mexique, et y recueillit de précieux renseignements sur l'histoire, les coutumes, les arts, les sciences et la langue de cette contrée avant et depuis l'invasion des Espagnols. Lors de la suppression de sa compagnie, il revint en Europe, se retira à Césène, et y publia le fruit de ses travaux sous le titre de Storia antica del Messico, etc., 1780, 4 v. in-8. Mort en 1793.

CLAVIJO (Ruy Gonzalez de), fut envoyé en 1403 par Henri III, roi de Castille, en ambassade près de Tamerlan, visita Constantinople, Trébizonde, l'Arménie, le Khoraçan, Samarcande, et rédigea en espagnol un journal de son voyage, qui fut imprimé seulement en 1582 à Séville : on y trouve des notions précieuses sur les contrées qu'il parcourut.

CLAVIJO (don Jose), littérateur espagnol, vice-directeur du cabinet d'histoire naturelle de Madrid, traducteur de Buffon et journaliste, eut à Madrid une liaison avec une sœur de Beaumarchais, et s'attira par là avec le frère une affaire d'honneur qui fit beaucoup de bruit. Il mourut en 1806. On a plusieurs fois mis sur la scène l'aventure de Clavijo.

CLAVIUS (Christophe), savant jésuite, surnommé l’Euclide du XVIe siècle, né à Bamberg en 1537, mort à Rome en 1612, fut employé par Grégoire XIII à la correction du calendrier. Il a laissé, outre l’Explication du Calendrier grégorien (Rome, 1603), des Commentaires sur Euclide, 1574, et un Traité de Gnomonique, 1581.

CLAY (Henri), homme d'État américain, né en 1777 en Virginie, mort en 1852, débuta au barreau; fut élu en 1803 membre de la Chambre du Kentucky, en 1806 membre du sénat de Washington; devint ensuite membre de la Chambre des représentants des États-Unis, puis enfin président de ce corps; fit partie en 1814 de la commission envoyée à Gand pour négocier la paix avec la Grande-Bretagne; fut nommé en 1825, par le président J. Q. Adams, secrétaire d'État aux affaires étrangères; partagea en 1828 les voix pour la présidence avec le général Jackson, se mit de nouveau sur les rangs en 1833, 1836 et 1844 sans plus de succès; se retira quelque temps des affaires après ces échecs successifs, mais y rentra dès 1846 comme député du Kentucky au sénat, et y resta jusqu'en 1851, exerçant la plus grande influence. D'un caractère conciliant, H. Clay réussit deux fois, en 1820 et en 1850, en faisant adopter d'heureux compromis, à prévenir un conflit imminent entre les États à esclaves et les États abolitionistes.

CLAYE, ch.-l. de cant. (Seine-et-Marne), à 15 k. O. de Meaux, sur le canal de l'Ourcq; 1666 hab. Toiles peintes, blanchisseries; fours à chaux.

CLAZOMÈNES, Clazomenæ, auj. Vourla, v. de Lydie (Ionie), dans une presqu'île, entre Smyrne et Téos. Patrie d'Anaxagore et d'Hermotime.

CLÉANTHE, philosophe stoïcien, né à Assos en Éolie vers l'an 300 av. J.-C., était disciple de Zénon, fondateur du Portique, et lui succéda dans l'enseignement (264 av. J.-C.). Il vivait avec la plus grande sobriété, et travaillait, dit-on, la nuit à tirer de l'eau pour avoir le loisir de suivre pendant le jour les leçons de Zénon. Arrivé à une extrême vieillesse (80 ans selon les uns, 99 selon les autres), il se laissa mourir de faim. Il ne reste de lui que quelques fragments, et un Hymne à Jupiter, morceau admirable, qui nous a été conservé par Stobée, et qui a été traduit en vers par L. Racine, en prose par Bougainville. Diogène Laërce a écrit sa Vie.

CLÉARQUE, général lacédémonien. Condamné à mort dans sa patrie pour avoir usé tyranniquement du pouvoir à Byzance, où il avait été envoyé comme allié, il se retira en Perse, auprès du jeune Cyrus, et leva pour lui un corps auxiliaire de Grecs, avec lequel il remporta plusieurs avantages sur Artaxerce, roi de Perse. Après la bataille de Cunaxa, où Cyrus périt, Tissapherne, général d'Artaxerce, l'attira par trahison dans son camp et le tua (401 av. J.-C.). Il fut remplacé dans son commandement par Xénophon. — Un autre Cléarque, tyran d'Héraclée dans le Pont, se souilla de toutes sortes de crimes et fut tué, après 12 années de règne, par Chion, philosophe platonicien, 352 av. J.-C.

CLEFMONT, ch.-l. de cant. V. CLÉMONT.

CLÉGUEREC, ch.-l. de cant. (Morbihan), à 11 k. N. O. de Pontivy, 426 hab.

CLÉLIE, jeune héroïne romaine. Livrée en otage à Porsenna, roi des Étrusques, qui assiégeait Rome, elle se sauva en traversant le Tibre à la nage au milieu d'une grêle de javelots, et rentra dans la ville (507 av. J.-C.). Les Romains crurent devoir la renvoyer à Porsenna; mais ce roi, admirant son courage, lui rendit la liberté et lui fit présent d'un cheval richement harnaché. Une statue lui fut érigée à Rome.

CLELLES, ch.-l. de cant. (Isère), à 52 kil. S. de Grenoble; 700 hab.

CLÉMENCE ISAURE. V. ISAURE.

CLÉMENCET (dom Charles), savant bénédictin, né en 1703 à Painblanc, près d'Autun, mort à Paris en 1778. On lui doit l’Art de vérifier les dates (Paris, 1750, in-4), ouvrage qui depuis a été étendu et continué par dom Clément, et une Hist. de Port-Royal, 1755, 10 vol. in-12, etc. Il a aussi travaillé à la Collection des décrétales des papes et à l’Histoire littéraire de France (Xe et XIe volumes), et a donné le 1e vol. de S. Grégoire de Nazianze, 1778, in-fol.

CLÉMENGES (Matth. Nicolas de), écrivain du XIVe siècle, ainsi appelé du nom d'un village de Clémenges ou Clamanges en Champagne, où il naquit vers 1360, embrassa l'état ecclésiastique, et fut élevé en 1393 au poste de recteur de l'Université de Paris. Clémenges fut pendant quelque temps secrétaire de l'antipape Benoît XIII; soupçonné d'avoir rédigé la bulle d'excommunication lancée par ce dernier contre Charles VI, roi de France, qui avait refusé de reconnaître ce faux pontife, il fut forcé de s'expatrier et passa plusieurs années en Toscane, au monastère de Vallombreuse. Cependant il put rentrer en France et y recouvra ses bénéfices. Il mourut vers 1435. Ses œuvres, en latin, publiées à Leyde en 1613, renferment, entre autres écrits, des traités Sur l'état de corruption de l'Église, Sur la simonie, Sur les annates; des Lettres adressées à des prélats, à des cardinaux et à Henri V, roi d'Angleterre.

CLÉMENT D'ALEXANDRIE, illustre docteur de l'Église au IIe siècle, était né dans le paganisme, et fut d'abord philosophe platonicien. Il fut converti par S. Pantène et le remplaça dans les fonctions de catéchiste ou instituteur à l'école chrétienne d'Alexandrie. Forcé en 202 par la persécution de Septime-Sévère d'abandonner son école, il alla prêcher la foi en Cappadoce, à Jérusalem et à Antioche, où il combattit les sophistes; il revint quelques années après à Alexandrie pour y reprendre ses fonctions et y mourut en 217. Il unissait la philosophie à la religion, et faisait servir la première d'introduction à la seconde. Il reste de lui une Exhortation aux Gentils, un livre intitulé Stromates (tapisseries), recueil de pensées chrétiennes et philosophiques; le Pédagogue, traité de morale chrétienne. La meilleure édition de ses Œuvres est celle de J. Potter, gr.-lat., Oxford, 1715, 2 vol. in-8. Elles ont été trad. en français par Genoude, 1837-43, 3 vol. in-8. On l'honore le 4 déc. Cependant son orthodoxie et sa sainteté ont été contestées : depuis Benoît XIV, il ne figure plus dans le martyrologe romain; M. l'abbé Hébert Duperron, en 1855, et M. l'abbé Cognat, en 1859, ont écrit sur Clément d'Alexandrie.

CLÉMENT I (S.), pape, succéda, selon les uns à S. Lin en 67, selon les autres à. S. Anaclet, vers 91, et mourut vers 100. Il était disciple de S. Pierre. On croit qu'il subit le martyre. On a de lui une Épître aux Corinthiens (dans les Epistolæ Patrum de Frey, Bâle, 1742), et 20 homélies. On lui a attribué plusieurs ouvrages reconnus apocryphes, entre autres 20 homélies et les Clémentines ou Récognitions, œuvre de controverse (publ. à part par Tischendorf, 1858). On le fête le 23 nov.

CLÉMENT II, Luidger, Saxon, évêque de Bamberg, fut élu au concile de Sutri, convoqué sous Henri le Noir en 1046, tint un concile à Rome, s'efforça de réprimer la simonie et mourut en 1047.

CLÉMENT III, Paulin Scolaro, Romain, évêque de Préneste, élu en 1187, mourut an 1191, après avoir publié une croisade contre les Sarrasins.

CLÉMENT III, antipape. V. GUIBERT.

CLÉMENT IV, Guy de Foulques, né vers 1200 à St-Gilles sur le Rhône, avait été militaire, ensuite jurisconsulte et secrétaire de S. Louis. Après la mort de sa femme, il embrassa l'état ecclésiastique : il devint évêque du Puy, archevêque de Narbonne, cardinal-évêque de Sabine et légat en Angleterre; enfin on l'élut pape à Pérouse (1265). Il mourut à Viterbe en 1268. Français et chef des Guelfes en Italie, il soutint Charles d'Anjou contre Mainfroi et Conradin. C'est sous son règne on dans l'année qui suivit sa mort qu'on place la Pragmatique-Sanction de S. Louis, qui mit un terme aux différends entre Rome et la France.

CLÉMENT V, Bertrand de Goth, né à Villandraud (Gironde), archevêque de Bordeaux en 1300, fut élu pape à Pérouse en 1305, et mourut en 1314. Il transporta la résidence des papes à Avignon (1309), fut très-favorable à Philippe le Bel qui avait puissamment contribué à le faire élire, modifia en faveur de ce prince les bulles lancées contre lui par Boniface VIII, et convoqua à Vienne en 1310 un concile général qui révoqua la bulle Clericis laicos sur les immunités des clercs et prononça la condamnation des Templiers. On a de Clément V des constitutions, dites ' Clémentines (Mayence, 1460), qui font partie du droit canonique. Ce pape a été accusé, mais à tort, de mœurs licencieuses et de cupidité. M. Rabanis a démontré (1858) la fausseté des prétendues conventions faites entre Philippe le Bel et Clément V avant son élection.

CLÉMENT VI, Pierre Roger, natif du Limousin, docteur de Paris, élu pape en 1342, mort en 1352, avait été bénédictin, puis archevêque de Rouen et de Bordeaux, enfin cardinal. Ce pape résidait à Avignon : il en acheta la propriété en 1348 de la reine Jeanne de Sicile. Il se refusa aux sollicitations des habitants de Rome qui, ayant Rienzi à leur tête, vinrent le prier de revenir à Rome. Il eut de vifs débats avec Édouard II, roi d’Angleterre, au sujet des investitures, et avec l’empereur Louis de Bavière, à la place duquel il fit élire Charles de Luxembourg. I ! réduisit le retour périodique du jubilé de 100 ans à 50. Clément VI était fort savant et avait une mémoire prodigieuse.

CLÉMENT VII, Jules de Médicis, cousin de Léon X, fut élu pape après la mort d’Adrien VI, en 1523, et mourut en 1534. Il se ligua avec François I, les princes d’Italie et le roi d’Angleterre, contre l’empereur Charles-Quint ; mais cette ligue, appelée L. sainte, parce que le pape en était le chef, ne lui attira que des infortunes. Assiégé dans Rome par l’armée de l’empereur que commandait Charles de Bourbon (1527), il fut pris, détenu 7 mois, et ne put se sauver qu’à la faveur d’un déguisement. Charles-Quint lui enleva en 1531 Modène et Reggio, mais il l’aida à rétablir sa famille à Florence. Clément VII excommunia en 1534 Henri VIII, roi d’Angleterre, qui avait répudié Catherine d’Aragon, ce qui donna occasion au schisme qui sépara l’Angleterre de l’Église romaine.

CLÉMENT VII, antipape. V. ROBERT DE GENÈVE.

CLÉMENT VIII, Hippolyte Aldobrandini, né à Fano, en 1536, fut élu en 1592 et mourut en 1605 à 69 ans. Il s’appliqua à faire fleurir la piété et la science dans l’Église, condamna les duels, donna l’absolution au roi de France Henri IV lors de sa conversion, ramena un grand nombre d’hérétiques au sein de l’Église, et contribua beaucoup à la paix de Vervins (1598). Il éleva au cardinalat Baronius, Bellarmin, Tolet, d’Ossat, Du Perron, et plusieurs autres grands hommes. C’est sous son pontificat que commença la fameuse querelle de la grâce, à propos d’un ouvrage de Molina ; mais il ne voulut rien décider sur les points en litige. Il avait conçu, de concert avec Henri IV, le projet d’une alliance de toutes les puissances chrétiennes contre les Turcs.

CLÉMENT VIII, antipape, V. GILLES MUNOZ.

CLÉMENT IX, Jules Rospigliosi, d’une famille de Pistoie en Toscane, né en 1599, élu en 1667, mort en 1669 à 71 ans, gouverna sagement l’Église, et travailla à réunir les princes chrétiens et à procurer des secours aux Vénitiens contre les Turcs, qui assiégeaient Candie ; mais il ne put empêcher la perte de cette importante place. Il termina l’affaire de la signature du Formulaire par un accord qui reçut le nom de paix de l’Église (1668).

CLÉMENT X, Émile Altieri, fut élu en 1670 à 80 ans, après une vacance de plusieurs mois, et mourut en 1676. Son grand âge l’empêcha de rien faire d’important par lui-même ; le gouvernement fut abandonné au cardinal Antoine Paluzzi.

CLÉMENT XI, J. Fr. Albani, né à Pesaro en 1649, élu en 1700, mort en 1721. Il se montra favorable à Louis XIV dans la guerre de la succession d’Espagne ; il eut de vifs démêlés avec Victor-Amédée, devenu roi de Sicile (1713-18). Pour mettre un terme aux troubles de l’Église de France, il confirma la condamnation des cinq fameuses propositions de Jansénius par la bulle Vineam Domini Sabaoth, 1705, et donna la célèbre constitution Unigenitus, 1713, qui condamnait 101 propositions du P. Quesnel.

CLÉMENT XII, Laurent Corsini, élu en 1730, mort en 1740, à 88 ans, diminua les impôts, punit ceux qui avaient prévariqué dans leurs emplois sous le pontificat précéd., et gouverna l’Église avec sagesse.

CLÉMENT XIII, Charles Rezzonico, né à Venise en 1693, fut élu en 1758 et mourut en 1769. Les Jésuites ayant été expulsés du Portugal, de France, d’Espagne et de Naples, il fit de vains efforts pour les soutenir. Il perdit en 1768 le comtat d’Avignon et le duché de Bénévent, par suite de démêlés avec le jeune duc de Parme, de la maison de Bourbon.

CLÉMENT XIV, Laurent Ganganelli, de l’ordre des Franciscains, né en 1705 dans le duché d’Urbin, succéda en 1769 à Clément XIII : la France avait appuyé son élection. D’un caractère conciliant, il vécut en bonne harmonie avec les cours de l’Europe, leva les difficultés qui s’étaient élevées sous son prédécesseur au sujet du duché de Parme, et recouvra Avignon et Bénévent qui avaient été enlevés à Clément XIII. Pressé par plusieurs princes de décider du sort des Jésuites, il rendit en 1773, après plusieurs années de temporisation, le fameux bref qui prononça leur suppression. Il mourut peu après, en 1774 : on prétendit qu’il avait été empoisonné. Caraccioli a donné une Vie de Clément XIV, en français, Paris, 1775, avec de prétendues Lettres de ce pape, qui n’ont aucune authenticité. Sa véritable correspondance a été publiée par Reumont en 1837. Le P. Theiner a fait paraître en 1853 une Histoire estimée du pontificat de Clément XIV, traduite aussitôt par P. de Geslin, Paris, 3 vol. in-8.

CLÉMENT (Jacques), dominicain, né à Serbonnes, près de Sens, assassina Henri III en 1589. Il fut massacré sur-le-champ. Ce fanatique, qui n’avait que 25 ans, était l’instrument des Ligueurs. Quelques insensés le regardèrent comme un martyr, et furent, dit-on, sur le point de demander sa canonisation.

CLÉMENT (dom François), savant bénédictin, né à Bèze près de Dijon en 1714, mort à Paris en 1793, continua l’Histoire littéraire de la France (XIe et XIIe vol.), ainsi que le Recueil des Historiens de France de dom Bouquet (XIIe et XIIIe vol.) ; puis s’occupa de reviser et de compléter l’Art de vérifier les dates après J.-C., qu’avait publié Clémencet en 1750 ; il donna cette nouvelle édition en 1770, 1 seul vol. in-fol. ; mais mécontent de ce travail, il le refondit tout entier et le porta à 3 vol. in-fol., qui parurent en 1783, 84, 87. Cet ouvrage, qui fait autorité en chronologie, est un des plus beaux monuments du XVIIIe siècle. Il a été réimprimé par St-Allais, en 18 vol. in-8, 1818, et continué jusqu’à nos jours par J. de Courcelles et Fortia d’Urban, 15 vol. in-8, 1821-33. Dom Clément rédigeait un travail semblable sur l’Art de vérifier les dates avant J.-C., lorsqu’il fut frappé d’apoplexie. Ce 2e ouvrage a été publié, en 1820, 5 vol. in-8 ; il est moins estimé que le précédent. Dom Clément avait été nommé en 1785 associé de l’Académie des inscriptions.

CLÉMENT (J. Marie Bernard), critique, connu par son âpreté et surnommé par Voltaire l’Inclément, né à Dijon en 1742, mort à Paris en 1812, fut d’abord professeur à Dijon, puis se livra tout entier à la polémique littéraire ; il attaqua sans ménagement Voltaire, qui en revanche l’accabla d’injures. Ayant écrit contre St-Lambert, celui-ci se vengea en le faisant emprisonner à l’aide d’une lettre de cachet. Ses principaux ouvrages sont : Observations sur les Géorgiques de Delille, sur les Saisons de Saint-Lambert, etc., Genève, 1771 ; Lettres à Voltaire, 1773-76 ; De la Tragédie ; Essai sur la manière de traduire les poëtes en vers, 1784 ; Satires, 1786. Il a en outre rédigé, à partir de 1796, le Journal littéraire et quelques autres écrits périodiques. On lui doit aussi des traductions de quelques discours de Cicéron, 1786 ; des Amours de Leucippe et Clitophon d’Achille Tatius, 1800, et une imitation en vers de la Jérusalem délivrée, 1800.

CLÉMENT DE RIS (Dominique, comte), né à Paris en 1750, mort en 1827, exerça d’abord la profession d’avocat, fut nommé en 1792 membre du directoire du départ. d’Indre-et-Loire, fit partie du comité qui réorganisa l'instruction publique en France, et devint sénateur en 1800. Enlevé à cette époque par un parti de Chouans, il ne recouvra la liberté qu'après 19 jours de captivité. Il fut nommé pair en 1814.

CLÉMENT-DESORMES, chimiste, né à Dijon vers 1770, mort en 1842, éleva à Verberie une des premières fabriques d'alun, et enseigna au Conservatoire des arts et métiers la chimie appliquée aux arts. On a de lui d'excellents mémoires sur l’oxyde et le sulfure de carbone, sur l’outremer, sur la fabrication de l'acide sulfurique, la distillation de l'eau de mer, etc.

CLÉMENTINES. V. CLÉMENT I et V.

CLÉMONT ou CLEFMONT, ch.-l. de cant. (Haute-Marne), à 40 kil. E. de Chaumont; 529 hab.

CLÉNART ou KLEINHARTS (Nic.), né en 1495 dans le Brabant, enseigna le grec et l'hébreu à Louvain, puis à Salamanque et à Braga, et mourut à Grenade en 1542. On a de lui, sous le titre d’Institutiones linguæ græcæ, Louvain, 1530, une grammaire grecque qui a longtemps été classique. Clénart savait l'arabe et avait été en Afrique exprès pour l'apprendre.

CLÉOBIS et BITON, frères argiens, fils de Cydippe, prêtresse de Junon. Ils traînèrent un jour au temple de Junon le char de leur mère, parce que les bœufs tardaient à venir; Cydippe, ravie de leur piété, pria la déesse de leur accorder en récompense ce qui leur serait le plus avantageux : en sortant du temple, elle les trouva endormis pour toujours dans les bras l'un de l'autre.

CLÉOBULE, l'un des sept sages de la Grèce, fils d'Évagoras, souverain de Lindos dans l'île de Rhodes, succéda à son père, visita l'Égypte, d'où il rapporta le goût des énigmes, et m. à 70 ans, vers 560 av. J.-C. Ses maximes étaient : « De la mesure en tout. Faites du bien à vos amis pour vous les attacher davantage, et à vos ennemis pour en faire des amis. »

CLÉOMBROTE. On compte trois rois de Sparte de ce nom : le 1er (480-479) ne régna que comme tuteur de son neveu Plistarque, dont le père, Léonidas, avait péri aux Thermopyles. — Le 2e (380-371) fit la guerre aux Thébains et périt à la bataille de Leuctres. — Le 3e (243-239) prit la place de son beau-père, Léonidas II, qu'il avait fait déposer; il fut bientôt détrôné à son tour par ce même Léonidas.

CLÉOMÈDE, écrivain grec que l'on place au Ier siècle avant J.-C., est auteur d'un traité d'astronomie, intitulé : Cyclice theoria, Théorie circulaire des corps célestes, publié en grec à Paris, 1539, in-4, et, avec trad. latine, à Bordeaux, par Rob. Balforeus, 1605; à Leyde, par Bake, 1820; et à Leipsig, par Schmidt, 1832. Il plaçait le soleil au centre du monde.

CLÉOMÈNE, roi de Sparte, 519-491, déposa son collègue Démarate; battit les Argiens près de Tirynthe, aida les Athéniens à chasser le tyran Hippias, puis Clisthène, et fut sans cesse en querelle avec son collègue Démarate. — II, 370-309, eut un règne paisible. — III, 236-219, fils de Léonidas III, opéra une révolution à Sparte dans le but de rétablir les institutions de Lycurgue. Il égorgea les éphores qui s'y opposaient, détruisit le sénat, fit un nouveau partage des terres, abolit les dettes et bannit le luxe. Il fit la guerre aux Achéens, remporta sur eux de grands avantages, leur enleva même Argos et détruisit Mégalopolis; mais Aratus, leur chef, ayant appelé Antigone à son secours, Cléomène fut vaincu à Sellasie, 221. Il alla en Égypte solliciter des secours; le roi Ptolémée Évergète l'accueillit favorablement; mais son successeur, Ptolémée Philopator, qui le craignait, le fit jeter en prison, et il se donna la mort de désespoir, l'an 219. Plutarque a écrit sa Vie.

CLÉOMÈNE, sculpteur athénien qui vivait vers 180 av. J.-C., a produit, entre autres chefs-d'œuvre, la Vénus de Médicis, qu'on admire encore auj. à Florence.

CLÉON, démagogue athénien, était corroyeur de son état. Plein d'audace et doué d'une voix retentissante, il acquit un grand ascendant sur le peuple en le flattant et fut nommé général. Il fit la guerre aux Lacédémoniens, leur enleva Torone, dans la Chalcidique, et remporta quelques autres avantages; mais il fut vaincu par Brasidas et périt devant Amphipolis (422 av. J.-C.). Aristophane le bafoue dans les Chevaliers.

CLÉONES, Cleonæ, v. d'Argolide, au N., entre Argos et Corinthe. C'est aux environs de cette ville qu'Hercule tua le lion de Némée.

CLÉONYME, 2e fils du roi de Sparte Cléomène II, disputa le trône en 309 av. J.-C. à son neveu Aréus, mais échoua. Il se réfugia dans la Grande Grèce, prit Tarente, puis tâcha, avec le secours de Pyrrhus, de s'emparer de Sparte (273), mais il échoua de nouveau.

CLÉOPÂTRE, sœur d'Alexandre le Grand, épousa en 337 av. J.-C. Alexandre, roi d’Épire. Devenue veuve, elle fut recherchée, après la mort de son frère, par plusieurs généraux macédoniens, qui voulaient, en s'unissant à elle, acquérir des droits au trône. Après la mort de Perdiccas, qu'elle avait préféré, elle allait épouser Ptolémée Lagus, roi d'Égypte, quand Antigone la fit mettre à mort (308).

CLÉOPÂTRE, reine de Syrie, fille de Ptolémée Philométor, roi d'Égypte, épousa d'abord l'usurpateur Alexandre Bala (149 av. J.-C.), puis Démétrius Nicanor. Celui-ci ayant été fait prisonnier par les Parthes et ayant épousé pendant sa captivité Rodogune, fille de leur roi, elle offrit sa main et sa couronne à Antiochus Sidétès, frère, de Démétrius. Son 1er mari étant rentré dans ses États, elle feignit de se réconcilier avec lui, mais elle ne tarda pas à s'en défaire pour régner seule. Dans la suite, elle fit poignarder Séleucus, l’aîné des fils qu'elle avait eus de Démétrius, parce que ce prince, devenu majeur, s'était fait proclamer roi sans la consulter. Ce meurtre ayant soulevé le peuple, Cléopâtre l'apaisa en couronnant Antiochus (VIII), son 2e fils. Bientôt elle chercha aussi à se défaire de celui-ci; mais ce prince, qui était en garde contre ses artifices, l'obligea de boire le poison qu'elle avait préparé pour lui (120 av. J.-C.). C'est cette Cléopâtre qui a fourni à Corneille le sujet de sa tragédie de Rodogune.

CLÉOPATRE, reine d'Égypte, célèbre par sa beauté et par ses crimes, était fille de Ptolémée Aulète. Ella épousa Ptolémée Denys, son frère, et régna d'abord avec lui (52 av. J.-C.). Ayant été chassée du trône peu après, elle se fit rétablir (47) par César, épris de ses charmes. Après la mort du dictateur, Antoine la manda à Tarse pour qu'elle eût à répondre à quelques accusations; mais il en devint éperdument amoureux et répudia pour l'épouser Octavie, sœur d'Octave; il lui donna même quelques-unes des provinces romaines d'Orient (33). Cette conduite fit éclater la guerre entre Octave et Antoine. Présente à la bataille d'Actium, elle prit la fuite avec sa flotte et décida par là le sort de la journée. Antoine vaincu ayant été réduit à s'arracher la vie, Cléopâtre, qui avait essayé vainement de séduire le vainqueur, et qui craignait de tomber vivante en son pouvoir, se donna la mort en se faisant piquer au bras par un aspic (30); elle avait 39 ans. Avec elle finit la dynastie des Lagides et l'indépendance de l'Égypte. Cette princesse ne brillait pas moins par son esprit que par sa beauté. La mort de Cléopâtre a été mise sur la scène par E. Jodelle, Mairet, Benserade, Marmontel, Linguet, et par Mme E. de Girardin (1847). La Calprenède a fait un célèbre roman de Cléopâtre. — V. SÉLÈNE.

CLÉOPHAS, frère de S. Joseph, est un des disciples auxquels J.-C. apparut à Emmaüs. On lui donne pour fils S. Jacques le Mineur, S. Siméon et Judas Thadée. On l'hon. le 23 sept.

CLERCS RÉGULIERS, prêtres vivant en communauté. On a désigné sous cette dénomination plusieurs congrégations, notamment celles des Augustins, des Théatins et des Barnabites.

CLÈRES, ch.-l. de c. (Seine-Inf.), à 16 k. N. de Rouen, à 22 par chemin de fer; 393 h.

CLERFAYT (Jos. de CROIX, comte de), feld-maréchal autrichien, né en 1733, mort en 1798, s'était déjà distingué dans la guerre de Sept ans et dans celle contre les Turcs en 1788 et 1789, lorsqu’en 1792 il fut mis à la tête d’un corps de 12 000 Autrichiens pour attaquer la France de concert avec l’armée prussienne. Il entra en Champagne, s’empara de Stenay, et fit une savante retraite après la bat. de Jemmapes. En 1793, il fit lever le siége de Maëstricht, décida le succès de la bat. de Nerwinde et s’empara de Quesnoy, mais en 1794 il fut vaincu par Jourdan à Aldenhoven. En 1795, il força successivement trois armées françaises à se retirer devant lui, et délivra Mayence assiégée par l’une d’elles.

CLERMONT, ch.-l. d’arr. (Oise), sur une hauteur, près de la r. dr. de la Bresche, à 62 k. N. de Paris par la route, 83 par chemin de fer ; 3260 h. Trib., collége. Vieux château qui sert de maison de détention pour les femmes. Fabriques de toiles dites de Hollande et demi-Hollande. Brûlée par les Anglais en 1415 et reprise encore par eux en 1434. — Clermont, dans le Beauvoisis, était la capit. d’un comté qui date de 1054 et qui a eu 4 dynasties de comtes. La 1re s’éteignit en 1191, la 2e en 1218, la 3e en 1250 : celle-ci se composa de Philippe de Hurepel, prince capétien, et de Jeanne sa fille ; la 4e commence avec Robert, 6e fils de S. Louis, et chef de la maison de Bourbon, qui fut investi de ce comté en 1269. La postérité de Robert a joui de ce fief jusqu’au connétable de Bourbon, sur lequel il fut confisqué par François I. Le comté de Clermont fut depuis joint à l’apanage de la branche de Bourbon-Condé.

CLERMONT-EN-ARGONNE, ch.-l. de c. (Meuse), près de l’Aire, à 27 k. S. O. de Verdun ; 1160 h. Commerce de fer, clouterie. Anc. place forte, démantelée après 1648. — Cette ville était avant 1789 ch.-l. du Clermontais, petit pays du Barrois, qui formait jadis un comté relevant de l’empire. Il fut donné à l’église de Verdun par Othon I, puis régi au nom de cette église par des châtelains qui se rendirent indépendants. Thibaut, comte de Bar, et ses descendants, le possédèrent ensuite, d’abord comme fief de l’église de Verdun (1204-1564), puis comme fief immédiat de l’empire (1564-1641). Il fut cédé à la France en 1641.

CLERMONT-EN-DAUPHINÉ, bourg de l’anc. Dauphiné (auj. dans le dép. de l’Isère), domaine de la maison de Clermont-Tonnerre. V. MONESTIER-DE-CLERMONT.

CLERMONT-FERRAND, Nemetum et Augustonemetum des anc., Clarus Mons au moyen âge, ch.-l. du dép. du Puy-de-Dôme, à 382 k. S. de Paris, 447 par ch. de fer ; 37 275 h. Évêché fondé au IIIe s. par S. Austremoine. Tribunal de 1re inst. et de commerce ; académie universitaire, fac. des lett. et des sc., lycée, école secondaire de médecine, école normale primaire, soc. savantes et littéraires, biblioth. Commerce de toiles, filatures de coton et de chanvre, raffineries de salpêtre, tanneries, corroieries ; fromages, confitures sèches, pâtes d’abricot. La ville se compose de deux villes jadis distinctes, Clermont et Mont-Ferrand, qui n’ont été réunies que sous Louis XIII (1633). Belle cathédrale non terminée ; plusieurs belles places, fontaines incrustantes. Patrie de Sidoine Apollinaire, de Pascal, Domat, Thomas, Chamfort, d’Assas, Montlosier, etc. — Clermont fut, après Gergovie, la capit. des Arverni ; elle fut considérablement agrandie par Auguste qui lui donna le nom d’Augustonemetum. Détruite plus tard, ses habitants la rebâtirent et lui donnèrent le nom du château qui la défendait (Clarus Mons) ; elle devint alors la capitale de l’Auvergne. Elle suivit depuis les destinées de ce pays (V. AUVERGNE) et fut réunie à la couronne avec lui par Philippe-Auguste. Il se tint à Clermont un assez grand nombre de conciles (535, 549, 587,1095, 1110, 1124, 1130) ; dans celui de 1095, le pape Urbain II prêcha la 1re croisade. Charles V convoqua à Clermont, en 1374, les États généraux de la langue d’Oc. Louis XIV y tint les Grands jours en 1665.

CLERMONT-LODÈVE, ch.-l. de c. (Hérault), à 14 k. S. E. de Lodève ; 6405 h. Collége. Église St-Paul (du XIIIe s.). Fabriques de draps londrins pour le Levant, vert-de-gris, tanneries ; eaux-de-vie, etc.

CLERMONT (Robert, comte de), 6e fils de S. Louis, né en 1256, mort en 1318, épousa en 1272, Béatrix, héritière de Bourbon, et devint ainsi chef de la maison de Bourbon, qui régna depuis Henri IV.

CLERMONT (Louis de BOURBON-CONDÉ, comte de), fils de Louis III, prince de Condé, né en 1709, mort en 1770. Tonsuré à 9 ans, et doté de plusieurs abbayes, il obtint, en 1733, une dispense qui lui permettait de suivre la carrière des armes sans renoncer à ses bénéfices. Il fut reçu à l’Académie française en 1754 sans aucun titre littéraire : sa nomination donna lieu à une foule d’épigrammes et de plaisanteries. En 1758, ayant remplacé le maréchal de Richelieu à l’armée de Hanovre, il fit les plus grandes fautes, laissa prendre Minden et Dusseldorf, se fit battre à Crevelt, et compromit les succès de la campagne. Il se retira dès lors dans ses domaines, et ne reparut plus à la cour. Il fut un des premiers grands maîtres de la franc-maçonnerie en France.

CLERMONT-TONNERRE (maison de). Les comtes de cette maison remontent à Sibaud, seigneur de Clermont en Dauphiné, qui vivait au commencement du XIIe s. et qui défendit le pape Calixte II contre l’antipape Maurice Bourdin (Grégoire VIII). Ils acquirent le comté de Tonnerre par le mariage de Bernardin de Clermont, vicomte de Tallart, avec Anne de Husson, héritière du comté de Tonnerre, en 1496 ; le comté fut érigé en duché par Charles IX en 1571. Cette maison s’est divisée en plusieurs branches ; celles qui existent encore, outre la branche aînée, sont les Clermont-Tonnerre-Thoury, les Clermont-Montoison et les Clermont-Mont-Saint-Jean. Les principaux personnages qu’elle a produits sont :

CLERMONT-TONNERRE (Gaspard, marquis de), doyen des maréchaux de France, né en 1688, mort en 1781. Il se distingua à l’armée de Bohême en 1741, eut part à la défense de l’Alsace, au siége de Fribourg ; commanda l’aile gauche à la bataille de Fontenoy, et eut sous ses ordres 32 escadrons à celle de Lawfeld. Il fut fait maréchal en 1747 et créé duc et pair à l’avénement de Louis XVI.

CLERMONT-TONNERRE (Stanislas, comte de), petit-fils du préc., né en 1747, fut élu en 1789 député de la noblesse aux États généraux, fonda avec Malouet le club des Amis de la monarchie, rédigea avec Fontanes le Journal des Impartiaux, présida deux fois l’assemblée, et y fit adopter des mesures sages. Il fut massacré par la populace dans la journée du 10 août 1792. Ses Opinions ont été recueillies et imprimées en 1791, 4 vol. in-8.

CLERMONTAIS. V. CLERMONT.

CLERSELLIER (Claude), cartésien, né à Paris en 1614, mort dans cette ville en 1684, a été l’éditeur et le traducteur de plusieurs des ouvrages de Descartes, spécialement de ses Lettres, Paris, 1667, et de ses Principes, 1681. Il eut pour gendre Rohault, dont il publia les Œuvres posthumes, 1682.

CLERVAL, ch.-l. de cant. (Doubs), à 16 kil. E. de Baume-les-Dames ; 1254 hab. Station. Fondée par l’empereur Othon de Souabe en 1195 et réunie au comté de Montbéliard. À la France depuis 1762.

CLÉRY, ch.-l. de cant. (Loiret), à 15 kil. S. O. d’Orléans ; 1025 hab. On y remarque l’église Notre-Dame-de-Cléry, l’une de celles où Louis XI faisait ses dévotions : elle contient le tombeau de ce roi.

CLÉRY, valet de chambre de Louis XVI, montra à son maître au milieu de ses malheurs une inviolable fidélité. Il rejoignit la famille royale en 1794, fut employé par elle dans différentes missions, et mourut à Vienne en 1809. On a de lui un Journal de ce qui s’est passé à la tour du Temple pendant la captivité de Louis XVI, Londres, 1798.

CLET (S.), pape. V. ANACLET.

CLEVELAND, v. des États-Unis (Ohio), sur le lac Érié, à l’embouch. de la Cuyahoga. Fondée en 1796, elle n'avait encore que 6000 hab. en 1840; elle en compte auj. 42 000. Évêché catholique.

CLÈVES, Cliviæ en latin moderne, v. des États prussiens (prov. Rhénane), anc. capit. du duché de son nom, auj. ch.-l. de cercle dans la régence de Dusseldorf et à 75 k. N. O. de cette v.; 8000 h. On remarque le palais du gouverneur, le jardin royal, la tour du Cygne. Un canal la fait communiquer avec le Rhin. École de médecine, synagogue, etc. — Cette ville est très-ancienne; elle fut détruite par les Normands au IXe siècle; rebâtie peu après, elle devint le ch.-l. du comté (depuis duché) de Clèves. Elle appartint à la France de 1794 à 1814, et fut une des sous-préf. du dép. de la Roër.

CLÈVES (duché de), ancien État immédiat de l'empire d'Allemagne, s'étendait le long de la Meuse et du Rhin, entre l'évêché de Munster à l'E., le Brabant à i'O., la Gueldre au N. O. et au N., le duché de Berg au S. Il faisait partie du cercle de Westphalie, et se subdivisait en 3 cercles particuliers, Clèves, Wesel, Emmerich; ch.-l. général, Clèves. — Le pays de Clèves porta d'abord le titre de comté. À la mort de Jean, dernier comte de la 1re maison de Clèves, 1368, sa nièce Marguerite porta le comté à Adolphe II, comte de la Marck, en qui commence une 2e dynastie de comtes de Clèves ou dynastie des Clèves-et-la-Marck. Celle-ci fit ériger Clèves en duché (1417) par l'empereur Sigismond, et y réunit les duchés de Berg et de Juliers, le comté de Ravensberg, les seigneuries de Ravenstein, Winnenthal, Breskesand. Elle s'éteignit en 1609 dans la personne de Jean-Guillaume III, dont la succession est fameuse dans l'histoire sous le nom de succession de Juliers (V. JULIERS). Les traités de Dusseldorf, 1624, et de Dorsten, 1666, donnèrent à Sigismond, électeur de Brandebourg, qui avait épousé la princesse Anne, nièce du dernier duc, presque tout le duché de Clèves, avec La Marck et Ravensberg; le reste échut au comte palatin de Neubourg. En 1794, la France conquit le duché, et le comprit dans le départ. de la Roër. Rendu en 1814 à la maison de Brandebourg, il devint la régence de Clèves, dans la prov. prussienne de Clèves-et-Berg, puis fut adjoint à la régence de Cologne et enfin à celle de Dusseldorf.

CLICHIENS, parti qui désirait le retour de la royauté, avait formé, après le 9 thermidor an II (26 juillet 1794), un club qui s'assemblait rue de Clichy. Ce parti fut renversé par le Directoire au 18 fructidor an V (4 sept. 1797). On y comptait Pichegru, Royer-Collard, Camille Jordan.

CLICHY-LA-GARENNE, commune du dép. de la Seine, arr. de St-Denis, à 6 kil. N. O. de Paris, auj. presque contiguë à la nouvelle enceinte; 17 473 h. Anc. château royal, où se tint un concile en 636, et où le roi Jean institua l'ordre de l'Étoile en 1351 ; église construite en 1612 par S. Vincent de Paul. Produits chimiques; blanchisseries, cristalleries. Le 30 mars 1814, la garde nationale de Paris, commandée par le maréchal Moncey y eut un engagement avec les alliés.

[[w:George Clifford (3e comte de Cumberland)|CLIFFORD (George)]], comte de Cumberland, né dans le Westmoreland en 1558 d'une anc. famille connue dès le XIIe siècle, mort en 1605, fut un des favoris de la reine Élisabeth. Il servit dans la marine anglaise, arma plusieurs bâtiments à ses frais, contribua à la destruction de l’invincible Armada, et fit onze expéditions contre les Espagnols et les Portugais. Il fut l'un des pairs qui condamnèrent à mort Marie Stuart. — Thomas Ciifford, 1630-73, fut sous Charles II un des membres du ministère de la Cabal et poussa le roi à se vendre à Louis XIV.

CLIFFORD (George), jurisconsulte hollandais, s'est fait un nom comme botaniste. Il avait réuni dans sa terre d'Hartecamp la plus belle collection de fleurs qui existât de son temps; il en confia la direction à Linné, dont il fut le constant protecteur. Linné décrivit sa collection sous le nom d’Hortus Cliffortianus et donna son nom à un genre botanique.

CLIFFORD, îles de l'archipel de Corée. V. CORÉE.

CLIFTON, beau village d'Angleterre (Glocester), près de l'Avon, à 7 kil. O. de Bristol ; 12 400 hab. Eaux thermales, sites pittoresques, air salubre et chaud, qui ont valu à ce lieu le nom de Montpellier de l'Angleterre. Évêché catholique, récemment créé.

CLIMAQUE (S. JEAN), docteur de l'Église, né en Palestine vers 525, m. en 605, se consacra à la vie solitaire et passa 59 ans dans les déserts du mont Sinaï. Il a laissé des œuvres spirituelles, imprimées en grec et en latin, Paris, 1653. Son principal ouvrage est le Climax ou Échelle du Ciel, traduit en français par Arnauld d'Andilly, Paris, 1688; c'est de cet ouvrage qu'il a tiré le surnom de Climaque.

CLINTON (sir Henry), général anglais. Après avoir servi dans la guerre d'Amérique (1775), sous Burgoyne et Howe, il commanda en chef. Il entra à New-York, s'empara de Rhode-Island et de Charlestown, mais il éprouva ensuite des revers quoiqu'il eût réussi à corrompre le général américain Arnold, et fut rappelé (1781). Il mourut en 1795, étant gouverneur de Gibraltar. Il a publié en 1784 des Réflexions sur la guerre d'Amérique.

CLINTON (George), vice-président des États-Unis d'Amérique, né en 1739, mort en 1812. Élu membre de l'assemblée coloniale de 1773, il s'opposa aux prétentions du gouvernement anglais, siégea au congrès en 1775, prit les armes, fit avec succès contre Henry Clinton une guerre défensive, et l'empêcha de se réunir à Burgoyne. Nommé en 1777 gouverneur de l'État de New-York, il travailla pendant 30 ans au bien-être de cette province. En 1804 il fut élu vice-présid. des États-Unis et président du sénat.

CLINTON (Henri-Fines), chronologiste, né à Londres en 1781, mort en 1853, se fit recevoir maître es arts à Oxford en 1805, et fut député au Parlement de 1806 à 1826. Il publia de 1827 à 1834 les Fasti Hellenici et les Fasti Romani, ouvrages qui font autorité. On lui doit aussi un Epitome de la chronologie civile et littéraire de la Grèce jusqu'au siècle d'Auguste.

CLIO, une des neuf Muses, préside à l'histoire. Elle a pour attributs une couronne de lauriers, une trompette, qu'elle porte de la main droite, et un rouleau de papier, qu'elle tient de la main gauche.

CLISSA, Andetrium, en allemand Clutz, c.-à-d, clef, v. et forteresse des États autrichiens (Dalmatie), à 9 kil. N. E. de Spalatro : 1300 hab. Souvent prise et reprise par les Turcs et les Vénitiens.

CLISSON, ch.-l. de cant. (Loire-Inf.), sur la Sèvre Nantaise, à 26 kil. S. E. de Nantes; 2251 hab. Tanneries, papeteries. Elle a beaucoup souffert pendant les guerres de la Vendée, Ruines de l'anc. château des seigneurs de Clisson.

CLISSON (Olivier de), connétable de France, né en 1336 en Bretagne, était fils d'Olivier III de Clisson, à qui Philippe de Valois fit trancher la tête, le soupçonnant d'entretenir des intelligences avec Édouard III qui soutenait Jean de Montfort contre Charles de Blois, 1343. Clisson servit d'abord le duc de Bretagne et se signala en 1364 à la bat. d'Auray, où se termina en faveur du comte de Montfort la querelle des maisons de Montfort et de Blois. Il passa ensuite au service de la France, 1368, devint le frère d'armes de Du Guesclin, aida ce héros à détruire les grandes compagnies qui ravageaient le royaume et rejeta les Anglais en Guyenne; fut créé connétable à la mort de Du Guesclin (1380), et contribua puissamment en 1382 à la victoire de Rosebecq gagnée sur les Flamands. Privé de sa charge, en 1392, pendant la démence de Charles VI, et condamné par le Parlement, il se retira en Bretagne, et mourut en 1407 à son château de Josselin. Clisson ternit sa gloire par sa cruauté : on le surnommait le Boucher. Il eut beaucoup d'ennemis, entre autres Pierre de Craon qui tenta de l'assassiner (V. CRAON).

CLISTHÈNE, Athénien, de la famille des Alcméonides, fils de Mégaclès et aïeul de Périclès, se mit à la tête du parti démocratique, chassa Hippias (610), fut lui-même exilé par les intrigues d'Isagoras, chef du parti aristocratique que soutenait Cléomène, roi de Sparte; mais rentra bientôt et devint tout-puissant : il modifia la législation de Solon, créa 10 nouvelles tribus et augmenta le sénat de 100 membres. On lui attribue l'institution de l’ostracisme.

CLITOMAQUE, philosophe carthaginois, vint à Athènes, reçut les leçons de Carnéade et dirigea l'Académie après lui, de 140 à 128 av. J.-C. Parvenu à un âge très-avancé, il se donna la mort.

CLITON. V. GUILLAUME CLITON.

CLITUMNUS, riv. d'Ombrie, tombait dans le Tinias, affluent du Tibre. Ce n'est plus qu'un ruisseau.

CLITUS, général macédonien, frère d'Hellanice, nourrice d'Alexandre le Grand, suivit ce prince dans ses expéditions militaires, et lui sauva la vie au passage du Granique. Dans un festin, Alexandre, échauffé par le vin et irrité de ce que Clitus mettait les exploits de son père Philippe au-dessus des siens, le tua de sa propre main (326). Revenu à lui, il le pleura et lui fit faire des funérailles magnifiques.

CLIVE (Robert, lord), pair d'Irlande, gouverneur du Bengale, né en 1725 dans le comté de Shrop. Il éleva au plus haut degré de prospérité la Compagnie des Indes, s'empara d'Arcot en 1750, de Calcutta en 1755, chassa les Français des ports du Gange, remporta sur les indigènes une victoire décisive à Plassey, 1757, et força tous les nababs du Bahar, du Bengale et l'Orissa à reconnaître la domination anglaise. Malgré ses services, il se vit en 1773, à son retour en Angleterre, accusé de concussion : la Chambre des communes le déclara innocent; néanmoins il fut si vivement affecté d'une telle accusation que dans son désespoir il se donna la mort, 1774.

CLODION, dit le Chevelu, passe pour le 2e roi de France. On le fait succéder à Pharamond vers 427. Parti du château de Disparg en Thuringe, il passa le Rhin, prit, dit-on, Tournay et Cambray, fut défait par Aélius, et néanmoins se rendit maître ensuite de l'Artois et d'Amiens. On ajoute qu'après la prise de cette ville, il envoya un de ses fils assiéger Soissons. Ce jeune prince ayant été tué au siége de cette ville, Clodion en mourut de douleur, 448.

CLODION (Claude), sculpteur, né à Nancy vers 1745, mort en 1814, a excellé dans le genre gracieux, et a exécuté en terre cuite des groupes dans le style Louis XV qui sont encore très-recherchés. Il a aussi exécuté des œuvres de grande proportion, notamment l’Hercule en repos, le Fleuve Scamandre, le Déluge, un buste de Tronchet, etc.

CLODIUS (P.), citoyen turbulent, issu de la famille patricienne des Claudius, dénatura son nom de noble et se fit plébéien afin de briguer le tribunat. Promu en 59 à cette dignité, il fit rendre une foule de lois populaires, persécuta les citoyens les plus estimés, fit exiler Cicéron et éloigner Caton. Il fut tué par les esclaves de Milon, l'an 51 av. J.-C., à la suite d'une querelle qu'il eut avec celui-ci sur une grande route, et qu'il avait lui-même provoquée. Aussi libertin et impie que séditieux, il se rendit coupable d'inceste et de sacrilège : accusé d'avoir pénétré déguisé en femme dans le lieu secret où se célébraient les mystères de la Bonne-Déesse, d'où les hommes étaient exclus, il n'échappa à la condamnation qu'en achetant ses juges.

CLODOALD. V. CLOUD (S.).

CLODOMIR, 2e fils de Clovis et de Clotilde, eut en partage le royaume d'Orléans (511), s'unit à ses frères pour combattre Sigismond, roi de Bourgogne, le prit et le fit mourir en 524, mais périt la même année, dans une bat. contre Gondemar, successeur de Sigismond. Il laissa 3 enfants : les deux premiers, Gontaire et Théobald, furent massacrés, en 533, par Childebert et Clotaire, leurs oncles ; le 3e, Clodoald (S. Cloud), parvint à se sauver.

CLOGHER, bourg d'Irlande (Tyrone), à 22 kil. S. E. d'Omagh. Anc. évêché catholique (transféré à Carrickmacross); évêché anglican.

CLONMACNOIS, bourg d'Irlande (King's county), à 8 kil. O. de Forbane; 4000 hab. Anc. Évêché; ruines de la cathédrale, tombeaux de rois irlandais.

CLONMELL, v. d'Irlande, sur le Suir, à 40 kil. N. O. de Waterford, ch-l. du comté de Tipperary; 18 000 h., la plupart catholiques. Patrie de Sterne.

CLONTARF, v. d'Irlande, à 4 kil. N. E. de Dublin, sur la côte. O'Brien y tailla les Danois en pièces, 1014, et par là rendit l'indépendance à l'Irlande.

CLOOTZ (J. B. du VAL-DE-GRÂCE, baron de), connu sous le nom d’Anacharsis Clootz, noble prussien, d'une famille riche, né à Clèves en 1755, étudia à Paris, adopta avec enthousiasme les principes de la Révolution, échangea ses prénoms contre celui du philosophe Anacharsis, se mit en tête de réformer les peuples et les États, et prit le titre d’Orateur du genre humain. Naturalisé Français, il fut député à la Convention par les électeurs de l'Oise, et se signala par son exaltation. Robespierre, se méfiant d'un sans-culotte qui avait 100 000 livres de rente, l'accusa d'être un agent de l'étranger, et le fit monter sur l'échafaud (1794). Il a publié quelques écrits où il attaque toutes les puissances, Dieu lui-même. Les principaux sont : Certitude des preuves du Mahométisme, 1780; la République universelle, 1793.

CLOPINEL. V. MEUNG (Jehan de).

CLOSTERCAMP, CLOSTERSEVEN. V. KL....

CLOS VOUGEOT, célèbre vignoble de Bourgogne (Côte-d'Or), à 22 kil. N. E. de Beaune et à 6 de Nuits. C'est un des grands crus de Bourgogne.

CLOTAIRE I, roi de France, fils de Clovis et de Clotilde, né en 497, ne fut d'abord que roi de Soissons ou de Neustrie, 511, et finit par devenir (en 558) maître de la France entière, par la mort successive de ses frères. Il participa en 532 au meurtre des enfants de son frère Clodomir, héritiers du roy. d'Orléans; fit périr en 558 son propre fils Chramne, qui s'était un instant révolté contre lui, et surpassa tous les princes de son temps par ses débauches. Il ne manqua pourtant pas de courage, et entreprit quelques expéditions heureuses, notamment au delà des Pyrénées, avec Childebert. Il mourut en 561.

CLOTAIRE II, fils de Chilpéric et de Frédégonde, succéda à son père dans le roy. de Soissons en 584, à l'âge de 4 mois. Il fut défendu par Frédégonde, régente du royaume, contre Childebert II, son cousin, roi d'Austrasie. Après la mort de Thierry II, il s'empara de l'Austrasie (613), et fit périr Brunehaut d'un affreux supplice. Maître de toute la France, il attaqua les Saxons et tua de sa main Bertoald, leur duc Après cette victoire il ne s'occupa plus qu'à faire régner dans ses États la justice et l'abondance. Il mourut en 628, laissant deux fils, Dagobert et Aribert. C'est du règne de Clotaire II que date l'inamovibilité des maires du palais (614).

CLOTAIRE III, fils aîné de Clovis II, eut en partage la Neustrie et la Bourgogne, l'an 656, et régna sous la tutelle de sa mère Bathilde et d'Ébroin, maire du palais, qui finit par usurper toute l'autorité. Clotaire mourut, à ce que l'on croit, en 670, à 18 ans.

CLOTAIRE IV, roi d'Austrasie en 717, mort en 719, fut mis sur le trône par Charles-Martel, maire du palais, qui régna en son nom.

CLOTHO, la plus jeune des trois Parques; elle tient la quenouille et file la destinée des hommes.

CLOTILDE (Ste), fille de Chilpéric, roi des Bourguignons, épousa en 493 Clovis, roi des Francs, et contribua beaucoup à la conversion de son époux. Elle eut de lui Clotaire I, Clodomir et Childebert. Après la mort de Clovis, en 511, elle vit avec douleur la guerre s'allumer entre ses enfants; n'ayant pu les accorder, elle se retira à Tours auprès du tombeau de S. Martin, où elle mourut en 545. Clotilde fut canonisée; on la fête le 3 juin. Une église récemment construite à Paris (fbg St-Germain) a été placée sous l'invocation de Ste Clotilde.

CLOTILDE DE SURVILLE. V. SURVILLE.

CLOUD (S.), ou CLODOALD, fils de Clodomir et petit-fils de Clovis. Après la mort de son père, il échappa au meurtre commis sur ses deux frères aînés par Childebert et Clotaire, se consacra à la vie monastique, et mourut (560), près de Paris dans une retraite qui a pris de lui le nom de St-Cloud (V. ST-CLOUD).

CLOVIS, roi des Francs, né l'an 465, succéda l'an 481 à son père Childéric I. Le roy. qu'il reçut en héritage était resserré entre la mer au N., l'Escaut à l'E., les diocèses de Thérouane et de Boulogne à l'O. et le diocèse de Cambray au S.; mais il ne tarda pas à l'étendre. Il attaqua d'abord et vainquit Syagrius, qui gouvernait pour les Romains le diocèse de Soissons (486), s'empara de ce diocèse et fit de Soissons sa capitale. Quelques années après (493), il s'empara aussi de Paris et y transporta sa résidence. En 496 il défit les Allemands à Tolbiac; après cette victoire il embrassa le christianisme, à la sollicitation de son épouse Clotilde, se fit baptiser à Reims avec 3000 des siens, et reçut l'onction sainte des mains de S. Remy. Il envahit en 497 l'Armorique et battit en 500 Gondebaud, roi de Bourgogne. En 507, il gagna la bataille de Vouillé sur Alaric, roi des Visigoths, qu'il tua de sa main, et s'empara de l'Aquitaine. Il reçut alors de l'empereur Anastase les titres de consul et de patrice. Il souilla la fin de son règne par le meurtre de plusieurs chefs, ses rivaux. Il mourut en 511, laissant ses États à ses 4 fils, Thierri, Clodomir, Childebert et Clotaire.

CLOVIS II, un des rois fainéants, 2e fils de Dagobert, régna après lui sur la Neustrie et la Bourgogne (638-650), et mourut à 22 ou 23 ans.

CLOVIS IV, un des rois fainéants, fils de Thierri III, lui succéda en 691, à 9 ans, et mourut en 695.

CLOYE, ch.-l. de c. (Eure-et-Loire), sur le Loir. à 13 k. S. O. de Châteaudun; 1500 hab.

CLOYNE, v. d'Irlande (Cork), à 26 k. E. de Cork; 6000 h. Évêchés catholique et Anglican. Cathédrale.

CLUNY, Cluniacum, ch.-l. de c. (Saône-et-Loire), à 20 k. N. O. de Mâcon, sur la r. g. de la Grosne; 3407 h. Collége. Dépôt d'étalons. Papeterie, poterie, vannerie. Restes d'une célèbre abbaye de Bénédictins (V. ci-après); belle église gothique.

CLUNY (abbaye de), abb. de Bénédictins, instituée au Xe siècle par Bernon, abbé de Gigniac, avec les libéralités de Guillaume I, duc d'Aquitaine, était chef d'ordre. Fondé en 910, réformé en 930 par S. Odon, l'ordre de Cluny compta parmi ses abbés Pierre le Vénérable et le card. L. de Guise. L'abbé de Cluny s'appela longtemps l’Abbé des Abbés; mais un concile de Rome, en 1126, ayant adjugé ce titre à l'abbé du Mont-Cassin, l'abbé de Cluny prit le titre d’archi-abbé. En 1770 plus de 600 bénéfices et 2000 maisons en Europe dépendaient de l'abbaye de Cluny. L'ordre fut dissous en 1790. V. l’Histoire de l'abbaye de Cluny, par M. Lorain.

CLUSES, bourg de France (Hte-Savoie), ch.-l. de cant., au pied du St-Sigismond et au débouché du défilé de l'Arve, à 14 k. S. E. de Bonneville; 1625 h.

CLUSIUM, primitivement Camars, auj. Chiusi, v. d'Étrurie, sur le Clanis, fut la capit. de Porsenna.

CLUSIUS, botaniste. V. LÉCLUSE.

CLUVIER ou CLUWER (Phil.), Cluverius, savant géographe, né à Dantzick en 1580, possédait presque toutes les langues de l'Europe. Il voyagea en Angleterre, en France, en Allemagne, en Italie, enseigna avec distinction à Leyde, et y mourut en 1623. Ses ouvrages les plus importants sont: Germania antiqua, Leyde, 1616, 1 vol. in-fol.; Italia antiqua, 1624, 2 vol. in-fol. ; Introductio in universam geographiam, tam veterem quam novam, 1629, in-12, trad. en français par le P. Labbe, 1697, avec les notes de Reiskius.

CLYDE, Glota, riv. d' Écosse, naît près d' Elvanfoot, au S. de Crawford, reçoit la Mouse, le Calder, le Douglas, l'Avon; baigne Lanark, Hamilton, Glasgow, Renfrew, et se perd après un cours de 128 kil. dans le Frith-of-Clyde, que les Romains appelaient Glotæ æstuarium. Elle forme plusieurs cataractes.

CLYPEA, Aklib, v. d'Afrique. V. ASPIS.

CLYTEMNESTRE, fille de Tyndare, roi de Sparte, et de Léda, et sœur d'Hélène, fut mariée à Agamemnon, roi d'Argos. Pendant que ce prince était au siége de Troie, elle s'abandonna à de criminelles amours avec Égisthe; de concert avec lui, elle assassina son époux à son retour de l'expédition. Ils régnèrent quelques années sur Argos, mais dans la suite ils furent tous les deux mis à mort par Oreste, fils d'Agamemnon. Alfieri, Lemercier et Soumet, après Eschyle, Sophocle et Euripide, ont mis sur la scène le crime de Clytemnestre et la fin tragique d'Agamemnon.

CNÉMIS, montagne et ville des Locriens Épicnémidiens, au S. E. de Scarphe, et en face de l'Eubée.

CNIDE, Cnidus, v. de Carie, dans la Doride, à l'entrée du golfe Céramique et sur la côte méridionale, était consacrée à Vénus; c'est dans cette ville qu'était la fameuse Vénus de Praxitèle. Patrie de Ctésias et d'Eudoxe. Conon y battit la flotte Lacédémonienne en 394.

CNOSSE, Cnossus, auj. Ginossa, capit. de la Crète sous Minos, sur la côte septentrionale. Patrie d'Épiménide. Aux environs était le fameux Labyrinthe.

COADJUTEUR (de co-adjuvare, aider), prélat adjoint à un autre, particulièrement à un évêque, pour l'aider à remplir les fonctions de sa place. — On désigne souvent sous ce nom le cardinal de Retz.

COANGO, fleuve d'Afrique. V. ZAÏRE.

COANZA, riv. de la Guinée-Infér., sort probablement du pays des Cassantes, sépare les roy. d'Angola et de Benguela et se jette dans l'Océan Atlantique par 12° long. E. et 9° 10' lat. S.; après un cours d'env. 900 kil. Riv. très-large; fameuse cataracte à 265 kil. de son embouchure.

COBAD, roi persan. V. CABADÈS.

COBBETT (Will.), démagogue anglais, né en 1766, mort en 1835, fils d'un fermier du Surrey, passa plusieurs années aux États-Unis (1792-1800), publia divers pamphlets sous le pseudonyme de Pierre le Porc Épic; revint en 1804 en Angleterre, et y rédigea un journal radical qui fut souvent poursuivi. Élu en 1832 membre de la Chambre des Communes, il appuya chaudement la réforme parlementaire. Il a publié une Histoire de la réforme en Angleterre et en Irlande, 1826, et une bonne grammaire de la langue anglaise, le Maître d'anglais.

COBDEN (Richard), économiste anglais, né à Midhurst (Sussex) en 1804, m. en 1865; s'adonna de bonne heure a l'industrie, fonda et fit prospérer une manufacture de coton à Manchester; voyagea en Europe et en Amérique pour étudier les questions d'économie politique (1834-38); organisa en 1839 une association pour la liberté du commerce; défendit avec chaleur, à la Chambre des Communes, ses principes, qui finirent par triompher et par entraîner Robert Peel, d'abord leur ardent adversaire. Il se prononça en toute circonstance pour la politique de la paix et pour la constitution d'un tribunal arbitral entre les puissances. Ses plus importants Discours ont été réunis, Londres, 1850.

COBENTZEL (Louis, comte de), diplomate autrichien, né à Bruxelles en 1753, mort en 1808, fut ambassadeur d'Autriche à la cour de St-Pétersbourg en 1779, conclut en 1795 un traité d'alliance avec l'Angleterre et la Russie, négocia en 1797 avec la France le traité de Campo-Formio, et signa la paix à Lunéville avec Joseph Bonaparte, 1801.

COBIJA ou PUERTO DE LA MAR, port de Bolivie (Potosi), sur le grand Océan, à l'emb. de Rio Salado. Port franc; consulats étrangers.

COBLENTZ, Confluentes, v. des États prussiens (prov. Rhénane), ch.-l. du gouvt de même nom, au confluent du Rhin et de la Moselle, à 718 k. E. N. E. de Paris; 26 000 hab. Place forte (V. EHRENBREITSTEIN), tribunal d'appel. Assez jolie ville. Beaux quais, églises remarquables, beau palais électoral (bâti en 1779), salle de spectacle, monument élevé au général Marceau. Gymnase, séminaire, école vétérinaire. Industrie active. Grand commerce, navigation active (par le Rhin). Les environs produisent des vins excellents, les meilleurs des bords de la Moselle. Patrie de Metternich. — Coblentz a été une des résidences des empereurs carlovingiens, et plus tard celle des électeurs de Trêves. Dans les premiers temps de la Révolution, Coblentz fut le rendez-vous des émigrés, qui y formèrent l'armée de Condé, et fut le quartier général des Prussiens qui marchaient contre la France. Prise par les Français en 1794, elle devint le ch.-l. du dép. de Rhin-et-Moselle. — Le gouvt de C. est situé sur les deux rives du Rhin, entre ceux d'Aix-la-Chapelle, de Trêves et de Cologne; il a 125 kil. sur 60, et compte 500 000 hab.

COBOURG, Coburg, ch.-l. de la principauté de Saxe-Cobourg-Saalfeld, à 84 kil. S. O. de Weimar, et à 815 k. E. N. E. de Paris; 10 000 hab. Château ducal, dit Ehrenburg; hôtel de ville, arsenal, 2 bibliothèques; collége, institution de sourds-muets. Lainages, tissus de coton, orfèvrerie, porcelaines, fonderie de cloches et canons. Fondée au XIIe siècle, assiégée en 1430 par les Hussites et en 1632 par Wallenstein. Elle n'obtint d'importance qu'à partir de 1485, sous la ligne Ernestine, qui y résida.

COBOURG (Principauté de). V. SAXE-COBOURG.

COBOURG (Fréd. Josias, prince de SAXE-), général au service d'Autriche, né en 1737, fut chargé en 1792 du commandement de l'armée autrichienne dans la 1re coalition contre la France, obtint un 1er avantage à Aldenhoven, gagna en 1793 la bataille de Nerwinde sur Dumouriez, et l'obligea d'évacuer la Belgique; mais fut battu par Moreau à Tourcoing, par Jourdan à Wattignies, à Fleurus (1794), et se vit contraint de quitter le commandement. Il se retira dans sa principauté d'Aldenhoven, et y mourut oublié en 1815. Pendant longtemps, le nom de Cobourg fut associé à celui de Pitt dans la haine nationale.

COCAGNE, pays imaginaire où le peuple avait tout en abondance et sans travail. Ce nom vient selon les uns du canton de Cuccagna en Italie, sur la route de Rome à Lorette, où l'on vit en effet à très-bas prix; selon d'autres, du poëte macaronique Folengo, surnommé Merlin Coccaie, qui dans ses vers aurait décrit ce pays délicieux; ou enfin d'une fête instituée à Naples sous un nom analogue, dans laquelle on distribuait au peuple des comestibles et du vin.

COCCEIUS NERVA, empereur romain. V. NERVA.

COCCEIUS (Jean COCK, dit), théologien allemand, né à Brême en 1603, mort en 1669, professa l'hébreu et la théologie à Brême, à Franeker et à Leyde, et imagina un système d'interprétation de la Bible, qui consistait à entendre les mots et les phrases des Écritures dans tous les sens à la fois dont ils sont susceptibles. Ses œuvres forment 8 vol. in-fol., Amsterdam, 1673. Ses partisans furent appelés Coccéiens.

COCHABAMBA, v. importante de la Bolivie, dans le dép. du même nom, à 145 kil. N. O. de Chuquisaca; env. 30 000 hab. — Elle donne son nom à une prov. fertile qui compte 250 000 hab., et qui a pour ch.-l. Oropesa. Canne à sucre, coton, quinquina.

COCHEREL, village de France (Eure), à 13 kil. E. d’Évreux; 350 h. Du Guesclin y battit en 1364 le captal de Buch, lieutenant de Charles le Mauvais.

COCHIN, v. de l'Inde anglaise (Madras), autrefois capitale de l'État de Cochin, sur la côte de Malabar, à 130 kil. S. S. E. de Calicut; 30 000 hab. Jadis évêché. Fondée en 1503, à ce qu'on croit, par Albuquerque, prise par les Hollandais en 1663; possédée par les Anglais depuis 1795.

COCHIN (Henri), célèbre avocat, né à Paris en 1687, mort en 1747, s'attacha au grand conseil du parlement et se plaça dès son début à la tête des avocats de son temps. On le regardait comme le modèle de l'éloquence du barreau. Ce qui reste de lui ne semble pas justifier cette haute réputation : c'est que son talent brillait surtout dans l'improvisation. Ses œuvres ont été recueillies en 1751, 6 vol. in-8, et publiées de nouveau par M. Cochin, avocat à la Cour de cassation, 1821-24, 8 vol. in-8. Cochin joignait au talent oratoire beaucoup de piété et de modestie.

COCHIN (Jacq.-Denis), curé de Paris, né à Paris en 1726, m. en 1783. Il se consacra tout entier au soulagement de ses paroissiens et fonda, au moyen d'une souscription, l'hospice qui porte son nom (1780). Il a laissé des Prônes et divers ouvrages de dévotion.

COCHIN (Jean-Denis), philanthrope, de la famille du précédent, 1789-1841; fut avocat à la Gourde cassation, maire du XIIe arrondissement; fonda plusieurs salles d'asiles et publia un excellent Manuel des salles d'asile (1834), souvent réimprimé. — Son fils, Augustin Cochin (1823-1872), administrateur, s'occupa comme son père de questions d'éducation et de philanthropie, et fut membre de l'Académie des sciences morales et politiques. Il a laissé une Notice sur Mettray, un Essai sur Pestalozzi, l’Abolition de l'esclavage (2 vol. in-8, 1861), son principal ouvrage.

COCHIN, famille de dessinateurs et de graveurs, a fourni plusieurs artistes distingués. Le plus connu est Ch. Nicolas, né à Paris en 1715, m. en 1790, qui fut garde des dessins du Cabinet du Roi, et secrétaire de l'Académie de peinture. Son œuvre contient plus de 1500 pièces, parmi lesquelles on remarque Lycurgue blessé dans une sédition; la Mort d’Hippolyte; David jouant de la harpe devant Saül; les Figures de la Jérusalem délivrée, de Roland furieux, etc.

COCHINCHINE, dite aussi Annam méridional, contrée de l'Asie orientale, dans l'empire d'Annam, bornée par le Tonquin au N., le Laos et le Cambodje à l'O. et ailleurs par la mer; 1300 kil. sur 120; 2 000 000 d'h., dont 70 000 environ chrétiens. Ch.-l., Hué, qui est en même temps capitale de tout l'empire d'Annam. La religion dominante est le Bouddhisme. Climat brûlant; riz, sucre, cannelle très-prisée à la Chine, thé de qualité inférieure, vers à soie eu immense quantité. — Les Portugais ont donné à ce pays le nom de Cochin-Chine, à cause de la ressemblance qu'ils lui trouvaient avec le pays de Cochin, situé sur la côte du Malabar, et à cause du voisinage de la Chine. La Cochinchine, qui depuis 1471 était une province du Tonquin, devint indépendante au XVI{{e]} siècle. Au XVIIIe, elle s'accrut du Cambodje et du Tsiampa, et devint ainsi le noyau de l'empire d'Annam (V. ANNAM). — En 1862, a la suite d'une longue guerre, la France se fit céder la Basse-Cochinchine (Bien-Hoa, Saïgon et Mytho) ch.-l., Saïgon. MM. Cortambert et de Rosny ont publié un Tableau de la Cochinchine, 1863, 8°.

COCHON (Charles), comte de Lapparent, né dans le Poitou en 1750, m. en 1825; fut député du tiers état du Poitou aux États généraux (1789), puis à la Convention, vota la mort du roi; fut membre du Comité de salut public, 1794, membre du Conseil des anciens, 1795, et ministre de la police sous le Directoire; fut, au 18 fructidor, relégué à l'île d'Oléron; devint sous le Consulat préfet, et fut nommé sénateur en 1809. Exilé en 1816, il rentra en France en 1818.

COCHRANE (sir Alex. FORESTER), amiral anglais, né en 1748, mort en 1832. Capitaine en 1782, il soutint un combat glorieux contre une escadre de cinq vaisseaux français dans la baie de Chesapeak, 1795; il suivit lord Abercromby dans la Méditerranée, et opéra le débarquement des troupes anglaises en Égypte, 1799. Contre-amiral en 1804, il contribua à la destruction de la flotte française dans la baie de San-Domingo. Pendant la guerre avec l'Amérique en 1813, il tenta vainement de s'emparer de la ville de Washington, mais ravagea en 1815 la Louisiane et la Nouvelle-Orléans. — [[w:Thomas Cochrane (10e comte de Dundonald)|Thomas Cochrane]], son neveu, comte de Dundonald, né en 1775, mort en 1860, s'est rendu célèbre comme marin et comme démocrate. Il se signala d'abord dans les guerres contre l'Empire et faillit incendier la flotte française à Rochefort. Rayé des contrôles de la marine anglaise en 1814 pour avoir répandu de fausses nouvelles dans un but d'agiotage, il passa à l'étranger commanda en 1818 les forces navales du Chili contre l'Espagne, en 1822 celles du Brésil contre le Portugal, alla en 1826 secourir les Grecs contre les Turcs, et acquit une telle popularité qu'il put, en 1830, être rétabli sur les cadres de la marine et être promu en peu d'années au grade d'amiral. — John-Dundas Cochrane, dit le Voyageur pédestre, frère du précédent, traversa à pied la France, l'Espagne. le Portugal, puis l'Allemagne, la Russie et l'Asie jusqu'au Kamtchatka, et mourut en 1825 à Valencia en Colombie, lorsqu'il se disposait à visiter à pied l'Amérique du Sud.

COCKERILL (John), industriel, né en 1790 à Haslington (Lancastre), mort en 1840, vint de bonne heure se fixer en Belgique, fonda en 1816 à Seraing près de Liége une vaste usine pour la construction des machines à vapeur, forma des établissements semblables à Liége, Verviers, Namur, Aix-la-Chapelle, St-Pétersbourg, etc., et amassa une fortune immense, qui cependant fut compromise en 1830 par la révolution belge et en 1838 par la suspension des payements de la banque de Belgique.

COCONAS (Annibal, comte de), Piémontais, favori du duc d'Alençon, entra avec La Mole dans un complot qui avait pour but de placer ce prince sur le trône après la mort de Charles IX, au préjudice de Henri III, et fut mis à mort en 1574.

COCYTE, Cocytus, ruisseau d’Épire, tombait dans le lac Achérusie; il roulait des eaux noires et bourbeuses, ce qui le fit placer au nombre des fleuves des Enfers. Les ombres de ceux qui étaient privés de sépulture erraient sur ses bords pendant cent ans.

COD, cap des États-Unis (Massachussets), à 70 k. S. E. de Boston, par 42° 4' lat. N., 72° 27' long. O.

CODANUS SINUS, auj. mer Baltique.

CODOGNO, v. de Lombardie, à 22 kil. S. E. de Lodi; 8000 hab. Fromages dits de Parmesan. Les Espagnols en 1746, et les Français en 1796, y défirent les Autrichiens.

CODRINGTON (sir Édouard), amiral anglais, né en 1770, mort en 1851, commandait en 1827 la flotte anglaise dans la Méditerranée. Il unit ses forces à celles des amiraux français et russe pour mettre un terme aux cruautés exercées par Ibrahim en Morée contre les Grecs, força de concert avec eux le port de Navarin et anéantit en trois heures la flotte ottomane qui en disputait l'entrée (20 oct.). Cet acte d'énergie, qui rendit son nom populaire dans toute l'Europe, l'exposa cependant au blâme du cabinet tory qui gouvernait alors : on l'accusa d'avoir outre-passé ses instructions, et il ne tarda pas à être rappelé (1828). Il ne rentra en faveur qu'à l'avénement de Guillaume IV.

CODRUS, dernier roi d'Athènes (1160-1132), célèbre par son dévouement, était fils de Mélanthe. Ayant appris de l'oracle que, dans la guerre faite par les Doriens aux Athéniens, l'avantage resterait à celui des deux peuples dont le chef serait tué, il se dévoua volontairement pour les siens, en se jetant au milieu de la mêlée. Les Athéniens, ne trouvant personne digne de régner après lui, abolirent la royauté et confièrent l'autorité à des archontes. Médon, son fils, fut le premier appelé à cette charge.

CODRUS, mauvais poëte du temps de Domitien, n'est guère connu que par ce vers de Juvénal (Ire sat.) :

Vexatus toties rauci Theseide Codri.

COEFFETEAU (Nic.), prédicateur et théologien, né en 1574 à St-Calais, mort en 1623, était dominicain. Il jouit de la faveur de Henri IV, qui le chargea de réfuter l’Avertissement de Jacques aux rois catholiques, devint en 1606 vicaire général de sa congrégation en France, et fut nommé en 1621 évêque de Marseille, mais ne put se rendre dans son diocèse. Outre un grand nombre d'écrits polémiques, on a de lui l’Oraison funèbre de Henri IV (1610), et une traduction de l’Histoire romaine de Florus (1621), qui dans son temps était fort estimée, surtout pour le style. Il a aussi trad. l’Argenis de Barclay.

CŒLIUS MONS, auj. Saint-Jean-de-Latran, uns des sept collines de Rome, à l'E. et près du mont Palatin, formait avec celui-ci un coteau parallèle à l'Aventin et séparé de ce mont par l’Aqua Crabra.

CŒLIUS AURELIANUS, médecin latin, que l'on croit contemporain de Galien (IIe s. de J.-C.), était natif de Sicca en Numidie. On a de lui deux ouvrages: Tardarum passionum libri V, Bâle, 1529, in-fol., et Acutarurn passionum libri III, Paris, 1533, in-8, réunis par Amman, Amsterdam, 1709, et par Haller, Lausanne, 1773. Ces ouvrages, écrits au point de rue de la secte des Méthodiques, paraissent n'être que des résumés d'ouvrages grecs.

COELLO (Sanchez), peintre portugais, élève de Raphaël et d'Antonio Moro, né en 1515, m. en 1590. Son talent distingué le fit appeler le Titien portugais. Philippe II le nomma son peintre, et le combla de ses bienfaits. Ses principaux ouvrages sont : le Martyre de S. Sébastien, le portrait de S. Ignace. — Claude C., peintre espagnol, 1621-93. Il s'efforça de réunir le dessin de Cano, la couleur de Murillo et les brillants effets de Velasquez, et produisit de beaux ouvrages qui lui valurent le titre de peintre du roi. L. Giordano ayant été appelé d'Italie pour faire à l'Escurial des travaux sur lesquels Claude Coello avait compté pour lui-même, il en mourut de chagrin.

CŒSLIN, v. des États prussiens (Poméranie); ch.-l. de régence, à 160 kil. S. O. de Dantzick, à 8 kil. S. de la Baltique ; 7000 hab. Rues larges et bien bâties. Drap, lainages, tabac, etc. Elle souffrit beaucoup pendant la guerre de 1756. — La régence, entre la mer Baltique au N., la Prusse occid. à l'E. et au S. E., et la régence de Stettin à l'O., a 225 k. sur 130 et compte 420 000 hab.

COËTHEN, capit. du duché d'Anhalt-Coëthen, sur la Ziethe, à 20 kil. S. O. de Dessau;, 6000 hab. Chemin de fer. Château ducal. Eaux minérales.

CŒUR (Jacques), célèbre commerçant français, né vers 1400 à Bourges, envoya ses vaisseaux dans presque toutes les parties du monde alors connu, et acquit en peu de temps la fortune la plus considérable de l'Europe. Charles VII le nomma son argentier (trésorier de son épargne), l'ennoblit, lui confia plusieurs missions diplomatiques, et eut plus d'une fois recours à sa bourse : en 1448, Jacques Cœur lui prêta 200 000 écus d'or. Mais ses ennemis et ses envieux parvinrent à le perdre, et, après la mort d'Agnès Sorel, qui le protégeait, Charles, oubliant ses services, l'abandonna à l'avidité des courtisans, qui se partagèrent ses dépouilles. Accusé de crimes imaginaires, il fut jeté en prison (1453); mais il parvint à s'échapper et se sauva à Rome. Le pape Calixte III lui donna le commandement d'une partie de la flotte qu'il avait armée contre les Turcs. J. Cœur tomba malade pendant la campagne, et m. à Chio, en 1456. Sa mémoire fut réhabilitée par Louis XI. M. P. Clément a écrit sa Vie, Paris, 1852.

CŒUVRES, bourg de l'Aisne, à 12 kil. O. de Soissons; 500 hab. Domaine de la famille d'Estrées, dont une branche portait le nom de seigneurs de Cœuvres,

COFFIN (Charles), né en 1676, mort en 1749, enseigna les belles-lettres à Paris au collége dit de Beauvais, puis remplaça Rollin comme principal de ce collége (1712), fut élu en 1718 recteur de l'université, et fit établir en 1719 la gratuité de l'instruction. Ses œuvres (publ. en 1755, 2 vol. in-12) se composent de discours latins et français et de poésies latines. Parmi celles-ci on remarque les Hymnes qu'il composa pour le bréviaire de Paris, et une charmante Ode sur le vin de Champagne.

COGER, professeur d'éloquence au collége de Mazarin, puis recteur de l'université de Paris, né à Paris en 1723, mort en 1780, a donné un Examen de l'Éloge du Dauphin par Thomas, 1766, et du Bélisaire de Marmontel, 1767. Ayant dans ce dernier ouvrage censuré les philosophes, il s'attira la colère de Voltaire, qui l'a fort maltraité. Il a laissé une Oraison funèbre de Louis XV et des poésies latines.

COGNAC, Condate, ch.-l. d'arr. (Charente), sur la Charente, à 44 kil. O. d'Angoulême; 6968 hab. Trib. de 1re inst. et de commerce. Excellentes eaux-de-vie. Les environs produisent les vins blancs dits des Grandes Borderies. — Cognac faisait anciennement partie de la Saintonge, et eut des seigneurs particuliers jusqu'au XIIe siècle; elle fut alors réunie à l'Angoumois. Devenue possession anglaise au XIIe s., elle ne revint à la France qu'en 1377. François I y naquit et y résida fort souvent. C'est à Cognac que fut signé avec le pape le traité de la Ste-Ligue (V. ce mot), en 1526. Cette ville, qui avait embrassé avec ardeur le Calvinisme, fut accordée en 1570 aux Protestants comme place de sûreté. Condé l'assiégea inutilement pendant la Fronde, en 1651.

COHAHUILA ou MONTELOVEZ, v. du Mexique, anc. capit. de l'État de Cohahuila. V. MONTELOVEZ.

COHAHUILA, État de la confédération mexicaine, borné à l'O. par celui de Chiahua, au S. par le Zacatecas, à l'E. par le Nouveau-Léon et le Texas; capit., Saltilto. Il compte 76 000 hab. et forme 4 dép.

COHORN (MENNO, baron de), habile ingénieur de la Hollande, le Vauban hollandais, né dans la Frise en 1641, mort en 1704, s'éleva de grade en grade au rang de lieutenant général, rendit à la Hollande les plus grands services dans les guerres qu'elle eut à soutenir contre Louis XIV, et se trouva plus d'une fois opposé à son rival Vauban. Son chef-d'œuvre est la forteresse de Berg-op-Zoom, longtemps regardée comme imprenable. Il a écrit en hollandais, sur l'art de fortifier les places, un ouvrage devenu classique, trad. sous le titre de Nouvelle Fortification, La Haye, 1706. Il a laissé son nom aux mortiers à la Cohorn, qu'un seul homme peut manœuvrer. Son fils a écrit sa Vie.

COIGNY (François DE FRANQUETOT, duc de), maréchal de France, né en 1670 au château de Coigny près de Coutances, mort en 1769, gagna avec le maréchal de Broglie sur les Impériaux, en 1734, les batailles de Parme et de Guastalla, et reçut en 1741 le bâton de maréchal. Il eut pour secrétaire le poëte Gentil Bernard, qui l'a célébré dans ses vers. — Henri de C., 1737-1821, officier distingué, petit-fils du préc., fit partie de la société intime de Marie Antoinette, émigra, ne rentra en France qu'en 1814 et fut en 1816 nommé par Louis XVIII maréchal de France et gouverneur des Invalides. A. Chénier immortalisa sa nièce dans sa Jeune Captive. Sa petite-fille épousa le général Sebastiani.

COIMBETOUR, v. de l'Inde. V. KOIMBATOUR.

COÏMBRE, Conimbriga, v. de Portugal, ch.-l. du Beïra, sur le Mondego, à 182 kil. N. E. de Lisbonne; 18 000 hab. Évêché, université (transférée de Lisbonne en 1308), la seule qu'il y ait en Portugal; belle cathédrale, superbe couvent de Ste-Claire, colléges divers, muséum d'histoire naturelle, biblioth., etc. Aux env., belles cultures; oranges exquises, vins estimés. — Cette ville était très-forte sous les Romains; elle fut prise par les Goths, puis par les Maures, enfin par les Chrétiens, et devint la résidence de plusieurs rois du Portugal; on y voit les tombeaux de ces princes. Coïmbre souffrit beaucoup du tremblement de terre qui détruisit Lisbonne en 1755.

COIRE, en allemand Chur, Curia Rhætorum chez les anciens, v. de Suisse, ch.-l. du canton des Grisons, à 94 kil. S. E. de Zurich; 6000 hab., dont 230 seulement catholiques. Évêché catholique. Nombreux monuments gothiques: cathédrale, palais épiscopal, collége. Patrie d'Angelica Kaufmann. — Fondée au IVe s., et bientôt après agrandie par Constance. L'évêché de Coire, institué en 452, était jadis état d'Empire. Lors de la formation des trois ligues du pays des Grisons, Coire fut le ch.-l. de la Ligue Cadée.

COISLIN, famille noble de Bretagne, qui tire son nom de la seigneurie de Coislin (Loire-Inf.), a fourni plusieurs personnages distingués, entre autres, Pierre de C., 1636-1706, évêque d'Orléans, puis cardinal, qui se signala par sa tolérance et s'opposa aux persécutions après la révocation de l'édit de Nantes; — et Henri, duc de C., neveu du préc., 1664-1732, prince-évêque de Metz, 1er aumônier du roi, homme aussi savant que pieux, qui fut membre de l'Académie française et de l'Académie des inscriptions. Il légua à l'abbaye de St-Germain la riche bibliothèque qu'il avait reçue en héritage du chancelier Séguier, et dont les débris ont été réunis après 1793 à la Bibliothèque impériale.

COITIER, médecin. V. COYTHIER.

COKE (Édouard), jurisconsulte anglais, né en 1549, fut successivement solliciteur de la couronne (1592), procureur général, président de la cour des plaids communs, 1er juge du banc du roi (1613), et rendit dans ces fonctions de grands services à Élisabeth et à Jacques I. Il fut chargé de poursuivre le comte d'Essex, Walter Raleigh, les auteurs de la conspiration des Poudres, et le duc de Somerset, ancien favori du roi. Il était en même temps un des membres les plus influents du Parlement et se faisait remarquer par son indépendance. Ayant irrité Jacques I et son favori Buckingham par sa courageuse opposition, il fut dépouillé de toutes ses dignités à la fin de sa carrière. Il mourut dans la retraite, en 1634, à 85 ans. On a de lui des Institutes du droit d'Angleterre, 1628, ouvrage classique, souvent réimprimé, 1660. Il eut pour rival et pour adversaire le fameux François Bacon.

COLARDEAU (Ch. P.), poëte français, né en 1732 à Janville (Orléanais), mort en 1776, est un de nos bons versificateurs. Il a composé quelques poésies qui brillent surtout par la pureté et l'harmonie : Épître d'Héloïse à Abélard, imitée de Pope, 1758; Héroide d'Armide à Renaud; Épîtres à Minette (1762) ; Épître à Duhamel (1764) ; les Hommes de Prométhée, 1775, et un poëme sur le Patriotisme. Il s'essaya aussi, mais avec peu de succès, dans la tragédie et la comédie. Il fut reçu à l'Académie peu de jours avant sa mort. Ses œuvres forment 2 vol. in-8, 1779.

COLBERG, v. maritime de Prusse (Poméranie), sur la Persante, à 2 kil. de son embouchure dans la Baltique, à 106 kil. N. E. de Stettin; 5900 hab. Place forte, petit port. Pêche et navigation actives; riches salines. Cette ville, jadis hanséatique, a soutenu 3 sièges contre les Russes, 1758, 1760, 1761, et un contre les Français, en 1807.

COLBERT (Jean Baptiste), ministre et secrétaire d'État, contrôleur général des finances sous Louis XIV, né à Reims en 1619, mort en 1683, était fils d'un fabricant de draps, et prétendait descendre d'une anc. famille d’Écosse. Il fut placé en 1648 dans les bureaux du secrétaire d'État Le Tellier, et passa peu de temps après dans ceux du cardinal Mazarin, dont il devint l'intendant. Il gagna l'estime de ce nouveau maître, qui à son lit de mort le recommanda à Louis XIV (1661), et l'année suivante, à la chute du surintendant Fouquet, il fut nommé contrôleur général. Bientôt, par ses soins, l'ordre et l'abondance remplacèrent le désordre et la disette; il mit un terme aux déprédations, et liquida les dettes de l'État; il rétablit les anciennes manufactures, en introduisit de nouvelles, particulièrement des manufactures de glaces et de tapis; il fit réparer les grandes routes, en ouvrit plusieurs, et joignit les deux mers par le canal du Languedoc. Il encouragea le commerce, protégea les sciences, les lettres et les arts, fonda l'Académie des inscriptions (1663), celle des sciences (1666), celle d'architecture (1671), établit l'école de Rome, fit élever l'Observatoire, où Huygens et Cassini furent appelés, fit paver et éclairer Paris, embellit cette ville de quais, de places publiques, de portes triomphales (Portes St-Denis et St-Martin); on lui doit aussi la colonnade du Louvre et le jardin des Tuileries. En 1669 Louis XIV ajouta aux attributions de Colbert le département de la marine, et bientôt la marine française prit un nouvel essor : en 1681 la France, victorieuse sur mer comme sur terre, comptait 176 bâtiments de guerre, tandis que, quelques années auparavant, elle en avait à peine une cinquantaine. Tout en faisant d’une manière si brillante les affaires de l’État, Colbert avait amassé une fortune considérable, qui s’élevait à environ dix millions ; aussi à sa mort, le peuple, croyant voir dans cette fortune un signe de déprédation, insulta son cercueil ; la postérité ne l’en a pas moins proclamé un des plus grands hommes du grand siècle. Reims lui a élevé une statue (1860). — Colbert laissa plusieurs enfants qui prirent aussi part aux affaires, entre autres le marquis de Seignelay, et un neveu, le marquis de Torcy, qui fut aussi ministre. — On doit à M. Clément une Histoire de Colbert, 1846, et à M. F. Joubleau des Études sur Colbert, 1856.

COLBERT (Charles Joachim), neveu du préc., né en 1667, mort en 1738, fut nommé en 1697 évêque de Montpellier, et fit rédiger par le P. Pouget le célèbre Catéchisme de Montpellier ; il se montra ardent janséniste. Ses écrits ont été condamnés à Rome.

COLBERT (Édouard), général de cavalerie, né à Paris en 1774, mort en 1854, s’enrôla sous la République, avança promptement, fut placé en 1809 comme général de brigade sous les ordres d’Oudinot, contribua au gain des bat. de Raab et de Wagram, fit avec éclat les campagnes de Russie, de Saxe et de France, et fut blessé à Waterloo. Il reconnut cependant les Bourbons et fut nommé en 1826 inspecteur général. Il s’attacha en 1830 au nouveau gouvt, qui le chargea de licencier la garde royale, et prit part en 1836 à la campagne de Constantine. Il avait été fait pair de France en 1832. — Un autre général Colbert, Auguste, comte de l’Empire, né en 1777, fut tué à Cacabelos en Espagne en 1809.

COLCHAGUA, prov. du Chili, au centre, bornée à l’O. par l’Océan ; 193 000 hab. Ch.-l., Curico. Mines d’or et de cuivre, excellentes eaux thermales.

COLCHESTER, Camalodunum, v. d’Angleterre (Essex), à 80 kil. N. E. de Londres ; 18 000 h. Port sur la Colne. Quais, églises assez belles, théâtres ; ruines d’un château d’Édouard l’Ancien, et d’une abbaye gothique. Manufactures d’étoffes de laine ; chantiers de construction, pêche d’huîtres pour Londres. C’est dans cette v. que naquit Ste-Hélene, mère de Constantin. Colchester a soutenu un siége célèbre contre les parlementaires en 1648.

COLCHIDE, Colchis, auj. Iméréthie et Mingrélie, contrée d’Asie anc., entre le Pont-Euxin à l’O., le Caucase au S., et l’Ibérie à l’E., est surtout célèbre par la Toison d’or, que la Fable place dans ce pays, et par l’expédition des Argonautes. Elle était arrosée par le Phase, dont les eaux, disait-on, roulaient des paillettes d’or. Les Colques (Colchi), ses habitants, étaient farouches, belliqueux, pillards. Les Grecs avaient fondé sur la côte quelques colonies, entre autres Dioscuriade. Après avoir eu des rois nationaux, la Colchide tomba au pouvoir de Mithridate, roi de Pont ; elle reconnut sous Trajan la domination romaine et fut annexée à la prov. de Pont.

COLDORÉ, habile graveur en pierres fines, jouit d’une très-grande vogue au XVIe siècle, fut honoré de la faveur de Henri IV, dont il grava le portrait avec une admirable perfection et fut appelé en Angleterre pour faire celui d’Élisabeth. Coldoré n’est qu’un surnom ; on croit que son nom est Julien de Fontenay.

COLÉAH, Rapida Castra ou Cisse, v. de l’Algérie (prov. d’Alger), à 45 k. O. S. O. d’Alger, sur le Mazafran, sur le revers mérid. du petit Sahel : 3000 h. Orangers, citronniers, grenadiers. Point stratégique important. Les Français s’y sont établis en 1839.

COLEBROOKE (H. Thomas), indianiste, né à Londres en 1765, m. en 1837, fut envoyé dans l’Inde dès 1782 et devint en 1805 chef de justice à Calcutta. Tout en remplissant ses devoirs de magistrat, il se livra à une étude approfondie des langues orientales, notamment du sanscrit, et revint après trente ans d’absence se fixer à Londres. Un des premiers, il a fait connaître à l’Europe la religion, la législation, l’histoire et la science de l’Inde ; on remarque surtout ses travaux sur l’astronomie, l’algèbre et la philosophie des Hindous. Ses principaux mémoires, publiés dans les Transactions de la Société asiatique de Calcutta et de Londres, ont été réunis en 1837 sous le titre de Micellaneous essays. M. Pauthier a trad. l’Essai sur la philosophie des Hindous, 1833-37. Colebrooke avait formé une riche collection de manuscrits hindous, dont il fit don à la Compagnie des Indes. Il est le fondateur de la Société asiatique de Londres.

COLERIDGE (Samuel TAYLOR), poëte anglais, né en 1772 dans le Devonshire, mort en 1834. D’un caractère mobile, il changea sans cesse de goût et de carrière. Il se lia d’abord avec Southey et composa avec lui un drame intitulé la Chute de Robespierre. En 1795 il ouvrit un cours public sur l’histoire de la Révolution française, dont il était alors enthousiaste ; il eut même un instant l’idée d’aller, avec Southey et un autre poëte nommé Robert Lowell, établir chez les Illinois, en Amérique, une république égalitaire qu’il nommait pantisocratie ; ce projet ridicule avorta bientôt. Il se mit alors à écrire des Adresses au peuple, discours qui firent assez de bruit ; puis il rédigea le Watchman, recueil périodique qui cessa dès le 10e numéro. Abandonnant alors la politique pour la poésie, il fit paraître sa tragédie du Rémords, et plusieurs recueils de Ballades lyriques qui eurent un grand succès. En 1798 il visita l’Allemagne et puisa dans les chants de Minnesinger et dans les légendes locales le sujet de nouvelles œuvres. Revenu à la politique, il combattit avec violence la Révolution qu’il avait d’abord exaltée. Une édition complète de ses Œuvres a été publiée en 13 vol. in-8, 1849-52. Le mérite de Coleridge comme poëte est d’avoir protesté contre les lieux communs et la littérature factice de son temps, d’avoir consulté la nature, d’avoir ramené l’attention sur le moyen âge et suscité Byron. Coleridge brillait par l’esprit : un des grands cafés de Londres lui faisait des appointements pour qu’il y tînt conversation.

COLETTE (Ste), née à Corbie en 1380, était fille d’un charpentier nommé Boilet. Elle entra dans l’ordre de Ste Claire et y introduisit une réforme qui rétablissait la rigidité primitive. Elle mourut à Gand en 1447. On la fête le 6 mars.

COLETTIS (Jean), ministre grec, né en 1784, m. en 1846, était en 1812 médecin de Mouktar-Pacha, fils d’Ali, pacha de Janina. Il attira à la cause de l’indépendance les Armatoles de l’Épire, dont il devint le chef, fut de 1821 à 1828 membre des gouvernements et des assemblées qui se succédèrent en Grèce ; conçut et exécuta le plan de la belle campagne de 1826 ; fut, sous la présidence de Capo d’Istria, commissaire extraordinaire à Samos ; fit, après le meurtre du président, partie du gouvernement provisoire, mais ne tarda pas à se retirer, par suite de dissentiments avec ses collègues, rentra au pouvoir en 1832 comme membre du gouvernement provisoire, remplit successivement sous le roi Othon les fonctions de ministre de la marine, de l’intérieur et de plénipotentiaire à Paris (1836-43), fut rappelé après la révolution du 15 septembre 1843, et contribua puissamment à fonder en Grèce le gouvernement représentatif. Premier ministre en 1844, il sut concilier les intérêts de la liberté avec ceux du pouvoir. À la fois guerrier et administrateur, Collettis rappelait les beaux types de la Grèce ancienne.

COLIGNY, ch.-l. de c. (Ain), à 22 kil. N. E. de Bourg ; 1700 hab. Anc. seigneurie, qui a donné son nom à l’illustre famille des Coligny.

[[w:Gaspard II de Coligny|COLIGNY (Gaspard DE CHÂTILLON, sire de)]], amiral de France, fils de Gaspard de Coligny, maréchal de France sous François I, naquit à Châtillon-sur-Loing en 1517. Il fut élevé dans la religion catholique et jouit d'abord d'une grande faveur à la cour. Après s'être distingué dans plusieurs campagnes, il fut nommé en 1552 par Henri II colonel général et amiral; il contribua au gain de la bat. de Renty et défendit St-Quentin contre les Espagnols. Mais après la mort du roi Henri II, las des intrigues de la cour, il résigna tous ses emplois et se retira dans ses terres : dans cette retraite, la lecture des livres des novateurs changea ses opinions religieuses, et il embrassa la Réforme. En 1562, lorsque la guerre éclata entre le parti protestant et le parti catholique, Coligny fut nommé par le premier lieutenant général; il combattit sous les ordres de Condé, et perdit avec ce prince la bataille de Dreux contre le duc Fr. de Guise. La mort de ce dernier, assassiné sous les murs d'Orléans, amena quelques années de paix. Les armes ayant été reprises de part et d'autre en 1567, Coligny eut part au combat indécis de St-Denis, puis à la bat de Jarnac où périt Condé. Il devint après la mort de ce prince le chef du parti et perdit la bat. de Moncontour (1569). Après le traité de paix conclu à St-Germain en 1570, il reparut à la cour et fut accablé de caresses comme tous ceux de son parti. Mais le massacre de la St-Barthélemy se préparait, et l'amiral en fut une des premières victimes. Dans la nuit du 23 au 24 août 1572, Bême l'assassina dans son appartement, et jeta son corps par la fenêtre dans la cour. Coligny était d'un caractère grave, doux et bienveillant; il a été général habile, mais malheureux. Castillon a écrit son Histoire. M. Bourquelot a publié en 1858 sa Correspondance.

COLIGNY (ODET de), frère du préc., dit le cardinal de Châtillon, né en 1515, occupa de hautes dignités dans l'Église et fut nommé cardinal en 1533; mais il embrassa dans la suite la Réforme et même se maria. Il fut excommunié, dépouillé de ses dignités et contraint de se réfugier en Angleterre, où il mourut en 1570, empoisonné par son valet de chambre.

COLIGNY DANDELOT (François). V. DANDELOT.

COLIGNY-SALIGNY (Jean, comte de), un des derniers rejetons de la maison Coligny, né à Saligny en 1617, mort en 1686, suivit la fortune du prince de Condé et prit part à sa révolte; mais ayant eu à se plaindre de lui, il devint son ennemi irréconciliable, et fit la paix avec la cour. Envoyé comme lieutenant général en Hongrie au secours de l'empereur contre les Turcs, il contribua puissamment à la victoire de St-Gothard, 1664. Il a laissé des Mémoires, longtemps inédits, et publiés seulement en 1844, par Monmerqué; il y traite fort mal le prince de Condé.

COLIMA, v. et port du Mexique, sur une riv. du même nom, à 440 k. O. de Mexico; 30 000 h. Ch.-l. d'un territoire qui s'étend sur le Pacifique et qui fait partie de l’État de Xalisco.

COLIN-MAILLARD (Jean), guerrier flamand du Xe siècle, ainsi nommé du maillet redoutable dont il était armé, vivait dans le pays de Liége. On raconte que dans une bat. qu'il livrait au comte de Louvain, il eut les yeux crevés et n'en continua pas moins de se battre, frappant au hasard tout autour de lui. Le jeu de Colin-Maillard ne serait qu'un souvenir et une imitation de ce fait.

COLISÉE, Colosseum, immense et magnifique amphithéâtre de Rome, fut commencé par Vespasien et achevé par Titus. Il fut appelé Colossée parce que près de là était la statue colossale de Néron. Il avait 80 rangs de gradins et pouvait contenir plus de 80 000 spectateurs. C'est dans le Colisée que se livraient les combats de gladiateurs, et que les martyrs chrétiens étaient livrés aux bêtes. Le Colisée fut en partie détruit par des tremblements de terre et par la main des Barbares, lors de la prise de Rome au Ve siècle; néanmoins ce qui en reste offre encore un aspect imposant. Au XVIIe s., Benoît XIV le mit sous la protection de la religion en le consacrant aux martyrs. — Un monument analogue fut construit à Paris, dans les Champs-Élysées, sous Louis XV, pour les fêtes et les plaisirs publics; mais il eut peu de succès et fut démoli dès 1784. Une rue du faubourg St-Honoré en a conservé le nom.

COLLATIE, Collatia, petite v. du Latium, à l'E. et près de Rome, sur un ruisseau tributaire de l'Anio. C'est là qu'eut lieu l'outrage fait par Sextus Tarquin à Lucrèce, femme de Tarquin Collatin.

COLLATIN (TARQUIN), L. Tarquinius Collatinus, neveu de Tarquin et mari de Lucrèce, ainsi nommé parce qu'il possédait de grands biens à Collatie. Après l'insulte faite à sa femme, il se mit avec Brutus à la tête du peuple pour chasser les Tarquins : il fut nommé consul avec lui (509 av. J.-C.). Peu après, ayant excité des soupçons dans le peuple comme tenant de trop près à la famille exilée, il fut forcé de se démettre de ses fonctions et de sortir de Rome.

COLLÉ (Ch.), homme de lettres, né à Paris en 1709, mort en 1783, était fils d'un procureur et cousin de Régnard. Il se lia avec Gallet, Panard, Piron, Crébillon fils; fit partie de la Société du Caveau, si célèbre par sa gaieté, et fut admis, vers 1730, dans celle du duc d'Orléans, qui le nomma son lecteur et son secrétaire. Il composa pour le théâtre de ce prince une foule de pièces et de parades fort gaies, et donna au Théâtre-Français deux bonnes comédies : Dupuis et Desronais, 1763; la Partie de chasse de Henri IV, 1774. On lui doit aussi nombre de chansons grivoises, dont la meilleure est la Vérité dans le vin. Les pièces qu'il avait composées pour le duc d'Orléans ont été réunies sous le titre de Théâtre de société, 1768, 2 vol. in-8. Quelques-unes de ses parades se trouvent, mais défigurées, dans le Théâtre des Boulevards, 1756. Le recueil de ses chansons, publ. en 1807, forme 2 vol. in-18. On a en outre de lui un Journal historique ou Mémoires littéraires, etc., 3 vol. in-8, 1805.

COLLÉGE, COLLÉGE DE FRANCE, SACRÉ COLLÉGE. V. ces mots au Dict. universel des Sciences.

COLLETET (Guill.), poëte médiocre, né à Paris en 1598, mort en 1659, eut de la réputation dans son temps, jouit de la protection de plusieurs grands personnages, entre autres de Richelieu, dont il fut quelquefois le collaborateur et qui lui donna une fois 600 livres pour 6 mauvais vers. Il fut un des premiers membres de l'Académie française. Il épousa successivement trois de ses servantes; son inconduite le réduisit à la misère. On a de lui : 1° des poésies (tragédies, pastorales, etc.), parmi lesquelles on remarque le Banquet des poëtes, 1646, et de nombreuses épigrammes; 2° des traités assez estimés sur la poésie morale, le sonnet, l'églogue, réunis sous le titre d’Art poétique, 1658; 3° des traductions, entre autres, celles des Couches de la Vierge, de Sannazar. Il a laissé les Vies des poëtes français, conservées manuscrites à la Bibliothèque du Louvre. — Son fils, François C., né en 1628, mort vers 1680, a aussi fait des vers (Noëls nouveaux, 1660; le Tracas de Paris, 1665; la Muse coquette, 1665); mais il est encore inférieur à son père. C'est ce second Colletet qui a été couvert de ridicule par Boileau.

COLLIBERTS. V. CAGOTS.

COLLIER (Jérémie), écrivain anglais, né en 1650 dans le comté de Cambridge, mort en 1726, était ecclésiastique, mais ardent non-conformiste. Il s'opposa de toutes ses forces à la révolution de 1688 et renonça à ses fonctions pour ne pas prêter serment à Guillaume III. Outre des pamphlets de circonstance, on a de lui des Essais de morale, 1697, Coup d'œil sur l'immoralité du théâtre anglais, 1698, une Histoire ecclésiastique d'Angleterre, 1708, une traduction du Dictionnaire de Moréri, et un traité paradoxal, Clavis universalis, 1713, où il combat l'existence du monde extérieur.

COLLIER (Affaire du). Voy. ROHAN et LAMOTTE.

COLLIN D'HARLEVILLE (J. Fr.), poëte comique du 2e ordre, né en 1755 à Mévoisins près de Chartres, mort à Paris en 1806, donna successivement l'Inconstant, 1786, l'Optimiste, 1788, les Châteaux en Espagne, 1789, M. de Crac, 1791, le Vieux Célibataire, 1792, comédies en vers qui eurent un grand succès; la dernière est son chef-d'œuvre. Depuis, il ne fit que décliner. Il a aussi laissé des poésies fugitives. On trouve dans ses pièces une versification facile, des sentiments aimables et honnêtes, des détails charmants, mais peu de génie et de force comique. Collin d'Harleville était du caractère le plus aimable; il fut fort lié avec Picard et Andrieux. Ce dernier a publié son Théâtre et ses Poésies, 1805, 4 v. in-8, avec une excellente notice.

COLLINÉE, ch.-l. de c. (Côtes-du-Nord), à 22 k. N. E. de Loudéac; 650 h.

COLLINGWOOD (lord CUTHBERT), marin anglais, né en 1748 à Newcastle-on-Tyne, mort en 1810, prit part aux blocus de Toulon et de Brest et au combat du cap St-Vincent, fut nommé vice-amiral en 1804, enferma dans le port de Cadix l'amiral Villeneuve, contribua puissamment en 1805 à la victoire de Trafalgar et remplaça Neslon tué dans le combat. En 1809, il occupa les îles Ioniennes. En récompense de ses services, il avait été nommé pair d'Angleterre, avec une pension de 2000 liv. sterling.

COLLINS (John), géomètre anglais, de la Société royale de Londres, né en 1624 près d'Oxford, mort en 1683, était premier commis du bureau de l'excise. Il fut en relation avec la plupart des savants de son temps et mérita d'être surnommé le Mersenne anglais. Il a laissé quelques ouvrages de mathématiques, mais il est surtout connu par le recueil intitulé : Commercium epistolicum D. John Collins et aliorum de analysi promota, que la Société royale fit imprimer (1717) à l'occasion de la querelle élevée entre Newton et Leibnitz sur l'invention du calcul différentiel; il attribuait la priorité à Newton. Ce document important a été réimprimé en France avec des additions, par MM. Lefort et Biot, 1856.

COLLINS (Ant.), libre penseur, né en 1676, à Heston près de Londres, mort en 1729; fut l'élève et l'ami de Locke. Il professa sur plusieurs points de la religion et de la métaphysique des opinions hardies, et passa sa vie dans de perpétuelles controverses; il fut même plusieurs fois obligé de se réfugier en Hollande. Il exerça néanmoins des fonctions importantes dans la magistrature et fut digne d'estime malgré son incrédulité. Ses principaux ouvrages sont : Essai sur l'usage de la raison, 1707; Lettre à Dodwell sur l'immortalité de l'âme, 1708; Discours sur la liberté de penser, 1713; Recherches sur la liberté de l'homme, 1717 (elle n'est, selon lui, que l'exemption de la contrainte physique); Discours sur les bases et les preuves de la religion chrétienne, 1723; Examen des prophéties, 1724. Il eut pour adversaires Clarke, Whiston, Sherlock, Hoadley, etc. Plusieurs de ses ouvrages ont été traduits en français (la Liberté de penser, par Scheurler, 1714; Du Principe des actions humaines, par Lefebvre de Beauvray, 1754). On en trouve d'amples extraits dans l’Encyclopédie méthodique (Philosophie anc. et moderne, art. Collins).

COLLINS (Williams), poëte, né en ]720, à Chichester, débuta par des poésies qui ne reçurent pas d'abord du public l'accueil qu'elles méritaient, vécut dans un état voisin de la misère, perdit la raison dans ses dernières années et mourut en 1756, dans une maison d'aliénés. On a de lui des Églogues orientales, 1742, et des Odes descriptives et allégoriques, qui le placent au rang des premiers poëtes lyriques de l'Angleterre; on estime surtout l’Ode sur les passions. Une bonne édition de ses œuvres a été donnée par Alex. Dyce, avec notes, Londres, 1827.

COLLIOURES, Caucoliberis ou Caucoliberum, ch.-l. de c. (Pyrénées-Orientales), à 27 k. E. de Céret, sur la Méditerranée; 3274 h. Petit port, château fort au sommet d'un rocher, école d'hydrographie. Fabriques de liége; commerce de laine, de sardines, de thons. Excellents vins fins, dont quelques-uns connus sous les noms de Grenache et de Rancio. — Prise par Louis XIII en 1642.

COLLO, Chull ou Collops chez les anc., v. et port d'Algérie (prov. de Constantine), sur la Méditerranée, à 90 kil. N de Constantine ; 2000 hab. Corail, faïence. C'est dans cette ville que Bocchus livra Jugurtha. Florissante sous les Romains et les Vandales, indépendante au moyen âge, elle fut prise par les Turcs en 1520. Occupée en 1843 par les Français, qui ne s'y sont définitivement établis qu'en 1852.

COLLOBRIÈRES, ch.-l. de cant. (Var), à 33 kil. E. de Toulon; 1350 hab.

COLLONGES, ch.-l. de canton (Ain), à 28 k. S. O. de Gex. Station du chemin de fer de Paris à Lyon.

COLLONGUE ou SIMIANE. V. SIMIANE.

COLLOQUES, du latin colloquium, conférences religieuses tenues dans le but de discuter un point de doctrine ou de concilier des opinions diverses. Parmi les principaux colloques, on cita, dans les premiers temps du Christianisme, celui de Cascar en Mésopotamie, entre l'évêque Archélaüs et Manès; celui de Carthage, entre S. Augustin et les Donatistes; ceux de Marbourg (1529), de Ratisbonne (1541), de Montbéliard (1586), de Berne (1588), entre les Catholiques et les Réformés, et surtout celui de Poissy en 1561, sous Charles IX. Ce dernier avait pour but de réunir à l'Église catholique les Calvinistes de Genève : le cardinal de Lorraine d'un côté et Théodore de Bèze de l'autre y jouèrent le principal rôle; mais ce colloque n'amena aucun résultat et ne fit qu'aigrir les esprits.

COLLOREDO, anc. famille autrichienne qui tire son nom du château de Colloredo, dans le Frioul. On connaît surtout Jérôme, qui commanda les Impériaux en Bohême, où il fut battu par les Saxons, 1634, puis en Lorraine, où il fut pris par les Français, 1636; — Rodolphe, qui se signala à la bataille de Lutzen, 1632, refusa d'entrer dans le complot de Walstein, 1634, et défendit vaillamment Prague contre les Suédois, 1648; — Rodolphe Joseph, vice-chancelier de l'Empire, fait en 1763 prince du St-Empire; — Joseph, fils du précéd., 1735-1818, directeur général de l'artillerie, qui fit faire de grands pas à l'artillerie autrichienne; — Jérôme de C.-Mansfeld, 1775-1822, qui fit avec bravoure plusieurs campagnes contre les Français, tint tête à Masséna en Italie, et eut une grande part à la victoire remportée par les Autrichiens sur Vandamme à Culm en 1813.

COLLOT D'HERBOIS (J. Marie), conventionnel, né en 1751, était comédien ambulant lorsqu'éclata la Révolution. Il vint à Paris, publia l’Almanach du père Gérard, qui le rendit populaire, se fit remarquer dans les clubs par sa forte voix autant que par son audace, fut un de ceux qui préparèrent la journée du 10 août (1792), fut nommé membre de la municipalité de Paris, et quelques jours après député à la Convention, et devint en 1793 membre du Comité de salut public. Envoyé en mission à Lyon, il y exerça les plus horribles cruautés, employant tour à tour contre cette malheureuse ville la main du bourreau, la fusillade et le canon. Néanmoins il fut, au 9 thermidor, un des premiers à dénoncer Robespierre, dont les hauteurs l'avaient blessé. La chute du tyran ne lui profita pas : un mois après il fut accusé, et déporté à la Guyane. Il y mourut, en 1796, d'une fièvre chaude. Collot d'Herbois avait composé une quinzaine de pièces, comédies ou drames, qui furent représentées avant et pendant la Révolution.

COLMAN (George), poëte comique anglais, né en 1733 à Florence, était fils du résident anglais à la cour du grand-duc de Toscane, et mourut à Londres en 1794. Après avoir donné plusieurs pièces qui eurent beaucoup de succès, il devint un des entrepreneurs du théâtre de Covent-Garden; il vendit peu de temps après sa part d'intérêt et acheta l'entreprise du théâtre de Hay-Market, qu'il conserva jusqu'à sa mort. Il devint fou à la fin de sa vie. Ses meilleurs comédies sont : Polly-Honeycomb, 1760, la Femme jalouse (imitée par Desforges), le Mariage clandestin, avec Garrick. Il a traduit en anglais Térence et l’Art poétique d'Horace. Il avait publié pendant quelque temps le Connaisseur, recueil périodique. Ses Œuvres ont été réunies en 1777 et 1787. — Son fils, nommé aussi George, 1762-1836, travailla également pour le théâtre et composa entre autres pièces John Bull, 1805, l'une des meilleures comédies de l'Angleterre. George IV l'admettait dans sa familiarité, ainsi que Sheridan.

COLMAR, Argentuaria chez les anciens, Columbaria, Calmaria au moyen âge, ville d'Alsace-Lorraine, sur l'Ill et le canal de la Fecht, à 456 kil. E. de Paris (468 par Lunéville), 568 par chemin de fer; 22 629 hab. Ville forte. On remarque l'hôtel de ville, l'ancienne préfecture, la bibliothèque, l'église des Dominicains (où furent rédigées les célèbres Annales de Colmar), la statue du général Rapp. Fabriques d'indiennes, de châles, de foulards recherchés. Commerce de grains et de vins du Rhin. Séjour du graveur Schœn; patrie des deux Pfeffel, du directeur Rewbell et du général Rapp. — Colmar, bâtie près de l'anc. Argentuaria, n'était encore du temps des Francs qu'une manse ou villa royale; sous l'empereur Frédéric II, en 1220, elle était devenue une ville; au XIVe siècle, elle figure comme ville impériale, et bientôt après comme capitale de la Haute-Alsace. En 1632, pendant la guerre de Trente ans, les Suédois s'en emparèrent. Louis XIV la prit et la rasa en 1675. Elle fut réunie à la France par le traité de Ryswick en 1697, et devint la résidence du conseil souverain de l'Alsace.

COLMARS, Collis Martis, ch.-l. de cant. (Basses-Alpes), à 60 kil. N. de Castellane, sur le Verdon; 960 hab. Fortifié. Fontaine intermittente (qui tarit de 7 en 7 minutes).

COLNET de RAVEL (Ch.), né en 1761 à Mondrepuis (Aisne), m. en 1832, fut à la fois poëte, journaliste et libraire. Homme d'esprit et d'humeur indépendante, il réussit surtout dans la satire; il a publié dans ce genre, en 1799 et 1800 : la Fin du XVIIIe s., Mon apologie, la Guerre des petits dieux. On a aussi de lui un poëme en 4 chants sur l’Art de dîner en ville, où l'on rencontre quelques vers plaisants. Né noble, il fit sans cesse de l'opposition à la République et à l'Empire et écrivit dans la Gazette de France sous la Restauration. Il a recueilli plusieurs de ses articles de journaux sous le titre de l’Hermite du faubourg St-Germain, 1825.

COLOCOTRONIS (Théod.), un des régénérateurs de la Grèce, né dans la Messénie en 1770, mort en 1843, était fils de Constantin Colocotronis, qui périt en combattant les Turcs, et fut dès l'âge de 20 ans chef d’Armatoles. Obligé en 1802 de quitter la Morée, parce que sa tête y était mise à prix par les Turcs, il se réfugia à Zante, d'où il revint en 1821, au premier signal de l'insurrection grecque, combattit en héros, défit en Morée Méhémet-Pacha (1822), mais compromit le succès des Grecs par sa rivalité avec Mavrocordato; se rallia cependant au président Capo d'Istria, qui le nomma général en chef de la Morée, et fut, après le meurtre du président, un des membres du gouvernement provisoire (1831). Il conspira en 1834 contre la régence qui gouvernait pendant la minorité d'Othon, et fut condamné à mort; mais il obtint sa grâce du jeune roi. Il a laissé des Mémoires, publiés en 1852.

COLOGNE, Colonia Agrippina des anciens, Kœln en allemand, v. forte des États prussiens, ch.-l. de la prov. Rhénane et de la régence de Cologne, sur la rive gauche du Rhin, à 450 kil. N. E. de Paris, 480 kil. S. O. de Berlin; 100 000 h., presque tous catholiques. Archevêché, dont relèvent ceux de Trêves, de Munster, de Paderborn et d'Hildesheim; cour d'appel, nombreux établissements d'instruction publique, bibliothèque. La ville, bâtie en demi-cercle et défendue par 83 tours, est liée par un pont à la petite ville de Deutz, sur la rive opposée du Rhin. Pont fixe, construit en 1862 pour remplacer le pont de bateaux; chemin de fer. On remarque la cathédrale, commencée par l'archevêque Engelbert en 1248, interrompue pendant plusieurs siècles et achevée seulement en 1861 (on en admire surtout le chœur); un nombre infini d'églises, dont les principales sont celles de Ste-Ursule, des Apôtres, des Machabées; l'hôtel de ville, le musée, le cabinet d'histoire naturelle, le jardin botanique, la bibliothèque des Jésuites. Au moyen âge, on venait de toutes parts adorer dans cette ville les nombreuses reliques qu'elle possède, celles des trois Mages, de Ste Ursule et des prétendues onze mille vierges. Industrie : lainages, bonneteries, étoffes de coton et de velours, chapelleries, raffineries de sucre, distilleries, etc. Cologne a acquis une renommée européenne par son eau spiritueuse si connue sous le nom d’eau de Cologne, qui y fut inventée par Jean Marie Farina à la fin du dernier siècle. Patrie d'Agrippine, de S. Bruno, de Corneille Agrippa, du poëte Vondel; séjour de Rubens. Marie de Médicis y mourut. — Cologne fut fondée par les Ubiens, 37 ans av. J.-C.; agrandie plus tard par l'empereur Claude, à l'instigation de sa femme Agrippine, qui y était née, elle prit de là le nom de Colonia Agrippina; elle devint capitale de la Germanie 2e, puis fut comprise dans la monarchie des Francs, 475. Elle eut dès l'an 314 un évêché, érigé en archevêché au VIIIe siècle. En 957, Cologne fut déclarée par l'empereur Othon le Grand ville libre et impériale. Du XIIe au XVe siècle, elle tint un rang considérable dans la ligue hanséatique et fit un grand commerce avec le Nord. Prise en 1795 par les Français, Cologne fut de 1801 à 1814 ch.-l. d'arr. dans le dép. de la Roër. Depuis 1814 elle appartient à la Prusse. La régence de Cologne, une des 5 de la province Rhénane, comprend une partie de l'anc. électorat de Cologne, des duchés de Berg et de Juliers, et se divise en 11 cercles; 450 000 hab.

COLOGNE (électorat de), État de l'empire d'Allemagne et l'un des trois électorats ecclésiastiques, faisait partie du cercle du Bas-Rhin, et se composait des éléments suivants : 1° Haut-Électorat (sur le Rhin, entre les duchés de Juliers et de Berg) ; 2° Bas-Électorat (entre les États de Juliers et de Trêves); 3° duché de Recklingshausen; 4° duché de Westphalie; et avait pour villes principales : Bonn (ch.-l. général), Andernach, Zulpich, Brühl, Duitz, Rheinsberg, Recklingshausen, Gesecke, Arensberg. Par une singulière bizarrerie, la ville même de Cologne ne faisait pas partie de l'électorat; elle était ville libre et se trouvait comprise dans le cercle de Westphalie. L'électorat de Cologne date de l'an 1357; il fut constitué en faveur des archevêques de Cologne. Au XVIe siècle Gebhard Truchsess de Waldbourg, archevêque-électeur de Cologne, embrassa la Réforme et épousa Agnès de Mansfeld, tout en conservant l'épiscopat. Il fut chassé par les Bavarois. Louis XIV s'empara un instant de l'électorat, que possédait alors l'archevêque Joseph-Clément, duc de Bavière. Le dernier électeur, mort en 1801, Maximilien-François-Xavier, frère de Marie-Antoinette, était en même temps duc de Bavière. L'électeur de Cologne portait le titre de grand électeur. L'électorat est auj. compris dans les États prussiens.

COLOGNE, ch.-l. de cant. (Gers), à 32 kil. de Lombez, sur le Sarrampion; 900 hab.

COLOMAN, roi de Hongrie de 1095 à 1114 ajouta la Dalmatie à ses États (1102).

COLOMB (Christophe), célèbre navigateur, né vers 1436 à Gênes ou dans les environs, était fils d'un fabricant de draps de Gênes. Après avoir étudié la géométrie, l'astronomie, la géographie et la cosmographie, et avoir parcouru sur mer presque toutes les parties du monde connu, il conjectura qu'il devait y avoir des terres à l'O. de l'Europe, au delà de l'Atlantique, ou que du moins on pourrait arriver aux Indes par cette route. Il proposa, d'abord aux Génois, puis au roi de Portugal, de lui donner les moyens de faire cette recherche; mais il fut refusé durement et traité de visionnaire. Il s'adressa alors à l'Espagne, où régnaient Ferdinand et Isabelle, et obtint, après 8 ans de sollicitations, trois vaisseaux avec lesquels il s'embarqua au port de Palos, en Andalousie, le 3 août 1492. Au bout de 65 jours de navigation, pendant lesquels il eut souvent à lutter contre les terreurs et l'insubordination de son équipage, il découvrit la terre, le 8 octobre 1492 : il croyait être parvenu aux extrémités E. de l'Asie, ce qui fit donner à ces nouvelles contrées le nom d’Indes orientales. Il aborda d'abord dans une des Lucayes, qu'il appela San-Salvador, découvrit ensuite Cuba et Haïti, à laquelle il donna le nom d’Hispaniola, et revint en Espagne en mars 1493. Il fut nommé vice-roi des pays qu'il avait découverts. En sept. 1493, il entreprit un 2e voyage, découvrit la plupart des Petites-Antilles, soumit Haïti et y fonda la ville de Saint-Domingue. Dans un 3e voyage, exécuté en 1498, il découvrit le continent et parcourut la côte de l'Amérique méridionale depuis l'embouchure de l'Orénoque jusqu'à Caracas; enfin, dans une 4e et dernière expédition, en 1502, il poussa jusqu'au golfe de Darien. Colomb eut plusieurs fois à réprimer des révoltes parmi ses compagnons; il eut aussi cruellement à souffrir de l'envie. Accusé après son premier voyage par ceux qu'il avait châtiés, il les confondit aisément; mais pendant sa 3e expédition, il devint la victime de la calomnie, fut dépouillé de son commandement, et remplacé par Bovadilla, qui le renvoya en Espagne chargé de fers. Il obtint facilement sa liberté, mais il ne put recouvrer son crédit, et après son 4e voyage, il se vit négligé par le roi Ferdinand. Il mourut en 1506, accablé d'infirmités et de chagrins. Il n'eut pas même la gloire de donner son nom au continent qu'il avait découvert; cet honneur lui fut enlevé par Améric Vespuce, pilote, qui avait accompagné un de ses lieutenants en 1499, et à qui bientôt on attribua la découverte delà terre ferme. Outre ses découvertes, Colomb a fait faire de grands progrès à la navigation : il se servit le premier de l'astrolabe et sut déterminer exactement à l'aide de cet instrument la position des vaisseaux par la longitude et la latitude. Il ne reste de Colomb que quelques lettres (publ. par Mayor, Londres, 1847). Sa Vie a été écrite par son fils, Fernand Colomb (trad. en français par Cotolendy, 1681); par Bossi (trad. par Urano, 1824), et par Roselly de Lorgues (1856). Washington Irving a donné une histoire estimée des Voyages et aventures de Colomb, trad. par M. P. Merruau, Paris, 1838. Ses travaux ont été chantés par Mme Dubocage et par Barlow. Ses restes, qui avaient été portés à St-Domingue en 1536, ont été transférés à la Havane en 1795. Gênes lui a tout récemment élevé une statue. — Colomb fut accompagné dans ses expéditions par son frère, Barthélemy Colomb, qui lui rendit de grands services : c'est lui qui conquit la plus grande partie de l'île d'Haïti et dirigea la fondation de St-Domingue.

COLOMB (Michel), sculpteur français, né à Tours vers 1430, mort vers 1513. On lui doit le magnifique tombeau du duc de Bretagne, François II, dans la cathédrale de Nantes (1507), et le mausolée de Philibert de Savoie, à Notre-Dame de Brou : cet ouvrage est son chef-d'œuvre. Le nom de cet artiste a été donné à une salle du rez-de-chaussée du Louvre.

COLOMBA (S.), apôtre des Pictes, né en Irlande en 521, mort en 597, avait déjà fondé dans ce pays plusieurs monastères quand il fut obligé de le quitter pour avoir censuré les vices du roi. Il alla en Écosse prêcher les Pictes (565), les convertit, et reçut d'eux l'île d’Hy ou Iona (une des Hébrides), où il fonda le célèbre monastère d’Y-Colm-Kill (Cellule de Colomba). On l'honore le 9 juin.

COLOMBAN (S.), moine, né en Irlande vers 540, mort en 615, parcourut la France pour y réformer les mœurs et fonda le monastère de Luxeuil (590), d'où sortirent tant d'hommes célèbres par leur sainteté et leur science. Ayant osé blâmer les désordres de Brunehaut et de Thierry II, roi de Bourgogne, il fut chassé de Luxeuil; il alla en Lombardie et y fonda le couvent de Bobbio, où il mourut. On a de ce saint une Règle, dans le Codex Regularum, Paris, 1663, et plusieurs écrits recueillis par Thomas Sirin, Louvain, 1667. On l'hon. le 21 nov.

COLOMBE (Ste), vierge qui subit le martyre à Sens, sous Dioclétien, vers 273. On l'hon. le 31 déc.

COLOMBEL (Nic.), peintre, né en 1646 à Sotteville, faubourg de Rouen, mort en 1717, était l'élève le plus distingué de Lesueur. Il fut admis en 1694 à l'Académie de peinture et fut chargé de décorer plusieurs des appartements de Versailles. Ses principaux tableaux sont : Mars et Rhea Sylvia, au Louvre; Moïse sauvé des eaux; Moïse défendant les filles de Jéthro; Jésus guérissant les aveugles à Jéricho. Ses ouvrages sont d'un goût excellent, mais froids.

COLOMBES, vge du dép. de la Seine, à 7 kil. N. O. de Paris; 1663 hab. Anc. château royal où m. en 1669 Henriette de France, reine d'Angleterre. Station.

COLOMBEY, ch.-l. de cant. (Meurthe-et-Moselle), à 21 kil. S. de Toul; 990 hab. Belles fermes.

COLOMBIE (République de), État fédéral de l'Amérique du Sud, ainsi nommé en l'honneur de Christophe Colomb, était composé de la vice-royauté espagnole de la Nouv.-Grenade et de l'anc. capitainerie générale de Caracas et de Vénézuela. Il avait pour bornes : au N. la mer des Antilles ; à l'E., la Guyane, au S. E. l'empire du Brésil; au S. O., l'empire du Pérou; à l'O.,le Grand Océan et l'État de Costa-Rica. Il était partagé en 12 dép. : Cundinamarca, Cauca, l'Isthme ou Panama, Magdalena, Boyaca, l’Équateur, Guayaquil, Assuay, Vénézuela, Zulia, Orenoco et Maturin, et avait pour capit. générale Bogota. — La Colombie, composée de provinces enlevées à l'Espagne, dut principalement son indépendance aux efforts de Bolivar; la république se constitua au congrès d'Angostura le 17 décembre 1819; mais dès l'année 1831, les 12 dép. qui la formaient se séparèrent pour former trois républiques indépendantes. Les cinq premiers formèrent la république de la Nouv-Grenade; les trois suivants, celle de l’Équateur; les quatre derniers, celle de Vénézuela.

COLOMBIE, territoire des États-Unis. V. COLUMBIA.

COLOMBINO, fondat. des Jésuates. V. JÉSUATES.

COLOMBO, capit. de l'île de Ceylan, sur la côte S. O. ; 32 000 hab. Siége du gouverneur anglais, évêché anglican. Belle rade, place forte. Cannelle, bétel, poivre, ivoire, perles. Occupée par les Portugais en 1517; prise par les Hollandais en 1603, et enlevée à ces derniers par les Anglais en 1796.

COLONE, Colonos, auj. Église de Ste-Euphémie, bourg près d'Athènes, célèbre par un bois consacré aux Euménides. C'est là que se retira Œdipe aveugle. Sophocle, qui était né dans ce bourg, y place la scène d’Œdipe à Colone.

COLONIA AGRIPPINA, auj. Cologne.

COLONIES, COLONIES MILITAIRES, etc. V. ces mots au Dict. univ. des Sciences. V. aussi dans celui-ci les art. ANGLETERRE, FRANCE, ESPAGNE, etc.

COLONNA, famille illustre d'Italie, originaire du bourg de Colonna, près de Rome, et fameuse par sa lutte contre les Orsini, a fourni plusieurs personnages célèbres, entre autres un pape, Martin V (Othon Colonna). Les plus connus sont :

COLONNA (Ægidius), ou GILLES DE ROME, surnommé doctor fundatissimus et theologorum princeps, né à Rome en 1247, mort en 1316. Disciple de S. Thomas, il enseigna avec éclat dans l'université de Paris, devint général des Augustins et archevêque de Bourges en 1295. Il fut chargé en 1278 de l'éducation de Philippe le Bel, et composa pour ce prince le traité De regimine principum, Rome, 1492. Il ne s'en montra pas moins attaché au St-Siége dans la querelle du roi et de Boniface VIII; c'est même à lui qu'on attribue la rédaction de la bulle Unam sanctam, ainsi qu'un traité De ecclesiastica potestate, encore inédit. Il a laissé plusieurs ouvrages de philosophie et de théologie. Il était zélé thomiste et réaliste. COLONNA (Jacques), créé cardinal par Nicolas III, fut comblé de faveurs par Nicolas IV, proscrit avec toute sa famille par Boniface VIII, à l'élection duquel il s'était opposé, et réintégré dans ses dignités en 1305 par Clément V, à l'intercession de Philippe le Bel. Il mourut en 1318. — Son frère, Sciarra Colonna, qui commandait à Palestrina, fut comme lui proscrit par Boniface VIII, et ne dut également son salut qu'à Philippe le Bel. Celui-ci l'associa à Guillaume de Nogaret pour aller enlever le pontife, dont Sciarra avait eu lui-même à se plaindre : c'est lui qui souffleta Boniface VIII de son gantelet de fer dans Anagni, 1303.

COLONNA (Étienne), frère des préc., créé comte de Romagne par Nicolas IV en 1290, se rattacha au parti des Guelfes, qu'avait combattu sa famille, et en fut le chef à Rome jusqu'en 1347, époque à laquelle il fut chassé de cette ville par Rienzi. — Son fils, Jacques Colonna, évêque de Lombez, fut l'ami et le protecteur de Pétrarque.

COLONNA (Prosper), arrière-neveu du pape Martin V (Othon Colonna), s'acquit une réputation de grand général dans la guerre contre Charles VIII, roi de France, qui avait envahi le roy. de Naples, 1495, et seconda Gonsalve. Entré depuis au service du duc de Milan, il fut battu et pris par les Français à Villafranca en Piémont, 1515; mais il les battit à son tour à la Bicoque et prit Gênes, 1522.

COLONNA (Marc Antoine), duc de Palliano, commandait 12 galères pontificales à la bataille de Lépante (1571), où l'Espagne, Venise et Rome luttèrent contre les Musulmans. Il fut depuis vice-roi de Sicile pour Philippe II. Il mourut en 1584.

COLONNA (Victoria), marquise de Pescaire, fille de Fabrice Colonna, grand connétable de Naples, née en 1490, morte en 1547, épousa François d'Avalos, marquis de Pescaire, général de Charles-Quint. Elle cultiva la poésie avec succès et se plaça au rang des plus heureux imitateurs de Pétrarque. Elle ne se rendit pas moins célèbre par son amour conjugal : devenue veuve, elle déplora dans ses vers la mort de son époux. Ses œuvres ont été réunies à Parme, 1538, et à Rome, 1840 (par P. E. Visconti),

COLONNE (cap), Sunium, promontoire de Grèce, à 35 k. S. E. d'Athènes. Son nom lui vient de plusieurs colonnes de marbre blanc, restes du temple de Minerve Suniade. — V. COLONE.

COLONNES D'HERCULE. V. HERCULE, CALPÉ et ARYLA. — Pour les Colonnes monumentales. V. l'art. COLONNE au Dict. universel des Sciences.

COLOPHON, v. de Lydie (Ionie), sur l'Halèse, près de la mer, au N. O. d'Éphèse. Patrie de Mimnerme, Nicandre, Xénophane; elle prétendait aussi être la patrie d'Homère. Détruite par Lysimaque. — Le territoire de cette ville produisait une résine fort recherchée, qui a pris de là le nom de Colophane.

COLORADO (RIO). V. RIO COLORADO.

COLOSSE, statue de grandeur extraordinaire. V. ce mot au Dict. univ. des Sciences.

COLOSSE DE RHODES. V. RHODES.

COLOSSÉE. V. COLISÉE.

COLOSSES, Colossæ, v. de Phrygie, au S. O., sur le Lycus, près de sa jonction avec le Méandre, fut renversée en 65 par un tremblement de terre. C'est une des premières villes qui se soient converties au Christianisme. S. Paul adressa une Épître à ses habitants. Colosses est encore auj. le titre d'un archevêché in partibus.

COLOT, famille de chirurgiens qui se sont distingués pendant plus d'un siècle et demi par l'opération de la taille. Ils la pratiquaient suivant une méthode dont ils faisaient un secret (la méthode du haut appareil). François Colot, mort en 1706, livra le secret de sa famille dans un ouvrage estimé, intitulé : Traité de l'opération de la taille, publié après sa mort, Paris, 1727.

COLOURI, Salamine, île du roy. de Grèce, dans le golfe Saronique, entre Athènes et Égine. Oliviers, résine, blé, coton, amandes. — Colouri, dont le nom veut dire, en grec moderne, fer à cheval, couronne, doit à sa forme le nom qu'elle porte.

COLUMB, COLUMBA. V. COLOMB, COLOMBA.

COLUMBIA, district fédéral des États-Unis, entre la Virginie et le Maryland, sur les deux rives du Potomac, a 256 kil. carrés et env. 50 000 hab. Ch.-l. Washington. Il est sous la direction immédiate du gouvt général de l'Union. Ce terrain fut cédé en 1791 par les États de Virginie et de Maryland. Le siège du gouvt fédéral y fut établi en 1800. — Le nom de Columbia avait été d'abord donné à l'Orégon et au territ. que baigne ce fleuve. V. ORÉGON.

COLUMBIA, capit. de la Caroline du Sud, sur le Congarée, à 150 kil. N. O. de Charleston ; 6000 hab. Université. La v. fut fondée en 1787.

COLUMBUS, v. des États-Unis, ch.-l. de l'Ohio depuis 1834, sur le Scioto; 20 000 h. Capitole. La ville fut fondée en 1812.

COLUMELLE. L. Junius Moderatus Columella, savant agronome, né à Gades dans le Ier s. de J.-C., possédait des terres considérables qu'il fit valoir lui-même. Il voyagea dans diverses parties de l'empire romain, afin d'en connaître toutes les productions et de s'instruire de tout ce qui concerne l'économie rurale. S'étant fixé à Rome vers l'an 42 de J.-C., il y composa le traité De Re rustica, en 12 livres (le Xe, consacré aux jardins, est en vers); on a aussi de lui un traité De Arboribus, que quelques-uns joignent au précédent. Ces deux traités ne sont pas moins remarquables par la pureté du style qu'ils sont précieux pour les observations. Ils ont été imprimés en 1543 à Strasbourg, en 1735 à Leipsick (éd. Gessner) et se trouvent dans les recueils d'ouvrages sur l'agriculture. Ils ont été traduits en français par Claude Cotereau, Paris, 1552, par Saboureux de la Bonneterie, 1771 (réimpr. dans la collection Nisard), et par L. Dubois, 1846 (collection Panckoucke). M.Bonafous a mis en vers le livre des Jardins, 1859.

COLUTHUS, poëte grec, né à Lycopolis, dans la Thébaïde, vers la fin du Ve s. de J.-C., avait composé plusieurs poëmes auj. perdus. On lui attribue un petit poëme de l’Enlèvement d'Hélène, retrouvé au XVe s. par Bessarion, et imprimé pour la 1re fois chez les Aldes, vers 1505, avec Quintus Calaber, et édité depuis par Lennep, 1747, Bekker, 1816, Schæfer, 1823, et dans la Bibliotheca græca de Didot. Il a été traduit en français par Dumolard, 1742. Stanislas Jullien a donné en 1822 une édition de ce poëme, avec traductions latine et française. Coluthus est un faible imitateur d'Homère; sa poésie ne manque cependant pas d'élégance.

COMACCHIO, Comacula, v. forte d'Italie, à 4 k. de l'Adriatique et à 44 kil. S. E. de Ferrare; 5500 h. Évêché. Cette ville fut longtemps occupée par les Autrichiens. On pêche quantité de poissons, surtout d'anguilles, dans les lagunes qui l'avoisinent.

COMAGÈNE, partie des pachaliks de Marach et d’Alep, petite contrée de la Syrie, au N. E., entre la Cyrrhestique et l'Euphrate; ch.-l., Samosate. Elle forma, de 65 av. J.-C. jusqu'à Domitien, un petit roy. vassal de l'empire romain et gouverné par des rois particuliers. Elle fut convertie en province romaine sous Domitien et reçut alors le nom d’Euphratésie.

COMANA, auj. El Bostan, v. de Cappadoce, sur le Sarus, affluent du Mélas. Elle était régie par un prêtre souverain qui demeurait dans un temple desservi par 6000 prêtres. Ce chef des prêtres était choisi d'ordinaire dans la famille royale de Cappadoce. La divinité du temple était Bellone. — Il y avait dans le Pont mérid., non loin de l'Iris, une autre Comana (Tokat?), où l'on place aussi un temple de Bellone.

COMANCHES, tribus d'Indiens, sur les frontières du Mexique et du Texas, à l'E. du Rio-Grande.

COMARQUE (pour Comté). On appelle ainsi dans les États romains, au Portugal et au Brésil, les subdivisions des provinces.

COMAYAGUA ou VALLADOLID, capit. de l'État de Honduras (Amérique centrale), portait autrefois le nom de Nostra-Senora-de-la-Concepcion. Évêché.

COMBEAU-FONTAINE, ch.-l. de cant. (Haute-Saône), à 25 kil. N. O. de Vesoul; 500 hab,

COMBÉFIS (François), savant dominicain, né à Marmande en 1605, mort en 1679, enseigna la philosophie et la théologie à Bordeaux. Il a publié des suppléments à la Bibliothèque des Pères, 1648 et 1672; une collection des prédicateurs, Bibliotheca Patrum concionatoria, 1662, 8 vol. in-fol.; une édition complète de S. Basile, 1679, et les Historiens Byzantins depuis Théophane jusqu'à Nicéphore Phocas, grec-latin (1685), posthume.

COMBES-DOUNOUS (J. J.), né à Montauban en 1758, mort en 1820, fut membre du Conseil des Cinq-Cents, occupa plusieurs places dans la magistrature et cultiva en même temps les lettres. On a de lui : Introduction à la philosophie de Platon, trad. du grec d'Alcinoüs, 1800; Dissertations de Maxime de Tyr, trad. du grec, 1803 ; Histoire des guerres civiles de la république romaine, trad. d'Appien, 1808; Essai historique sur Platon, 1809.

COMBLES, ch.-l. de cant. (Somme), à 12 kil. N. O. de Péronne; 1600 hab.

COMBOURG, ch.-l. de cant. (Ille-et-Vilaine), à 38 kil. S. E. de St-Malo; 4707 hab. Vieux château, où naquit Chateaubriand. Aux env., grand étang et ruines de l'abbaye de St-Méen.

COMBRAILLES (baronie de), pays de la B.-Auvergne, au N. O.; ch.-l., Evaux. Autres places: Lespau, Auzance, Chambon, Sermur, Montaigu. Il est auj. compris dans les dép. de la Creuse et du Puy-de-Dôme.

COMBRONDE, ch.-l. de cant. (Puy-de-Dôme), à 10 kil. N. de Riom; 1800 hab. Anc. baronnie.

CÔME, Comum, v. de Lombardie, ch.-l. de délégation, sur la branche S. O. du lac de Côme, à 40 k. N. O. de Milan; 20 000 hab. Évêché, magnifique cathédrale, toute en marbre, théâtre. Velours, soieries; instruments de physique. Commerce d'expédition pour la Suisse. Les 2 Pline, Paul Jove, Innocent XI, Volta, sont nés à Côme. République gibeline aux xie et xiie siècles; réunie au duché de Milan en 1335. — La délégation, située sur la frontière du canton suisse du Tessin, compte 380 000 hab.

CÔME (lac de), Larius lacus, lac de Lombardie, au pied des Alpes, se partage au S. en 2 bras dits, l'un lac de Come, et l'autre lac de Lecco. Bords charmants, sur lesquels s'élèvent de nombreuses villas; eaux très-poissonneuses, couvertes d'oiseaux aquatiques.

CÔME, nom d'homme. V. COSME.

COMÉNIUS (Jean AMOS), grammairien, né en 1592 à Comna en Moravie (d'où son nom), de la secte des Frères Moraves, s'occupa toute sa vie de perfectionner les méthodes d'instruction. Persécuté pour sa religion et chassé de sa patrie par les guerres qui la désolaient, il fut sans cesse obligé de changer de lieu. Il dirigea avec le plus grand succès des écoles en Moravie, en Bohême, en Pologne, en Transylvanie, et se fit bientôt une telle réputation que d'un bout de l'Europe à l'autre, en Angleterre, en Suède, en Hollande, on l'appelait pour réformer les études. Il finit par se fixer à Amsterdam, et y mourut en 1671. Pendant ses dernières années, il tomba dans l'illuminisme. Coménius est surtout connu par le petit ouvrage intitulé: Janua linguarum reserata ou la Porte des langues (Lesna, 1631) : il y a rassemblé en 1000 phrases tous les mots usuels, de manière à donner à la fois, en un temps très-court, la connaissance des mots et celle des choses. Cet ouvrage eut un succès prodigieux : il a été souvent réimprimé et est traduit dans presque soutes les langues. Coménius a complété cet ouvrage en donnant Orbis sensualium pictus, Nuremberg, 1658, sorte d'encyclopédie où les mots sont accompagnés d'images qui les expliquent; Grammatica janualis; Lexicon januale, recueil où tous les radicaux sont réunis en phrases suivies. Il a en outre écrit sur l'histoire, la religion, la philosophie. Quelques-uns de ses ouvrages sont écrits en langue bohémienne. On a réuni ses traités les plus importants sous le titre d’Opera didactica, Amsterdam, 1657.

COMESTOR (Pierre), c.-à-d. le Mangeur, ainsi appelé parce qu'il avait dévoré un grand nombre de livres, naquit à Troyes au XIIe siècle, fut doyen de l'église de cette ville, dirigea l'école de théologie de Paris pendant cinq ans, puis se retira à l'abbaye de St-Victor, où il mourut en 1178 ou 1185. On a de lui : Historia scholastica super Novum Testamentum, Utrecht, 1473, abrégé des Écritures, avec des gloses tirées des auteurs ecclésiastiques et profanes. Cet ouvrage, longtemps classique, fut trad. en français par Guyart des Moulins, Paris, 1494.

COMICES, assemblée du peuple romain pour l'élection des magistrats, et la confection des lois. On assemblait les comices, tantôt par curies, tantôt par centuries, tantôt par tribus. Dans les premières, on votait par têtes; dans les deux autres, l'on prenait les suffrages à la pluralité des centuries ou des tribus. Les comices par curies ne s'assemblaient guère que pour l'élection du grand curion et des flamines; les tribus rendaient les plébiscites et nommaient les magistrats secondaires; les consuls, censeurs, préteurs, un tiers des tribuns militaires, étaient nommés par les centuries.

COMINES, COMINGES. V. COMMINES, COMMINGES.

COMITAT, nom donné aux divisions civiles et administratives de la Hongrie, dont le gouvernement était confié à un comte.

COMITÉ DE SALUT PUBLIC, Ce comité, le plus célèbre de tous ceux que la Révolution vit se former, fut créé le 6 avril 1793 par un décret de la Convention sur la proposition du parti montagnard, et eut pendant plus d'une année toute l'autorité en France. Il avait sous ses ordres le tribunal révolutionnaire, chargé de poursuivre les suspects; les comités révolutionnaires, établis dans toutes les communes de la France pour recevoir les dénonciations, et le Comité de sûreté générale, chargé de la police. Il se composa de neuf membres, choisis dans le sein de la Convention, et dont les principaux furent Danton, Barrère et Cambon. Le 10 juin 1793 on leur adjoignit St-Just, Jean-Bon-St-André et Couthon. Robespierre et Carnot, Collot-d'Herbois et Billaud-Varennesy entrèrent après eux. Ce comité établit le règne de la Terreur et couvrit la France d'échafauds; après s'être défait des ennemis du gouvernement révolutionnaire, il s'attaqua à ses propres partisans et même à ses propres membres, et l'on vit successivement tomber les têtes d'Hébert, de Chaumette, de Danton, etc. La scission qui s'opéra entre Robespierre, St-Just, Couthon, et les autres membres, l'arrestation et le supplice des trois premiers au 9 thermidor an II (27 juillet 1794) mirent un terme à la tyrannie du comité. La Commune de 1871 décréta le 1er mai l'institution d'un nouveau Comité de salut public.

COMMANDERIE. Dans l'ordre de Malte, on appelait ainsi certains bénéfices attribués aux Commandeurs. Ils ne portaient ce nom que depuis la réforme de l'ordre en 1267; auparavant on les nommait préceptoreries. — Il y avait aussi des commanderies dans les ordres de St-Lazare, de Calatrava, d'Alcantara, de St-Bernard et de St-Antoine.

COMMANDEUR. On nomma d'abord ainsi un chevalier de l'ordre de Malte pourvu d'une commanderie; mais souvent aussi on prenait cette qualité sans titre légal. Les cadets de haute noblesse, les ecclésiastiques agrégés à l'ordre de Malte, les supérieurs des Mathurins et les religieux de la Mercy prenaient le titre de commandeurs. — Grand commandeur, 1re dignité de l'ordre de Malte après celle de grand maître. Il était président du commun trésor et de la chambre des comptes. Il résidait au couvent et ne pouvait en sortir tant qu'il exerçait sa charge. Il était le pilier (chef) de la langue de Provence et pouvait posséder le grand prieuré de Hongrie.

Dans l'ordre de la Légion d’Honneur, le titre de commandeur désigne le 3e grade, celui qui vient immédiatement au-dessus de celui d'officier.

COMMELIN (Jérôme), imprimeur, né à Douay, mort en 1597, s'établit à Heidelberg, où il publia un grand nombre d'éditions grecques et latines. Les plus estimées sont celles d’Eunape, d’Héliodore et d’Apollodore (avec notes rédigées par lui-même), 1596. Sa marque est une figure de la Vérité. — (Isaac), né à Amsterdam en 1598, mort en 1676, a écrit : Commencement et progrès de la Compagnie des Indes orientales, 1646; Vie du stathouder Frédéric-Henri, 1651; Vies de Guillaume I et de Maurice, 1651. — (Jean), botaniste, né à Amsterdam en 1629, mort en 1692, dirigea le jardin botanique de cette ville. On a de lui : Les Hespérides des Pays-Bas, 1696; Catalogus plantarum indigenarum Hollandiæ, 1683 ; Horti medici Amstelodamensis plantarum descriptio et icones, 1698. — (Gaspard), neveu du préc., né en 1667, mort en 1751, docteur en médecine, membre de l'Académie des Curieux, et directeur du Jardin botanique d'Amsterdam, a écrit : Flora Malabarica, 1696; Horti medici Amstelodamensis plantæ rariores exoticæ, Leyde, 1706, in-fol.

COMMENDATAIRE (abbé), abbé possédant un bénéfice en commende (c.-à-d. en garde, en dépôt). Ces sortes d'abbés, qui étaient quelquefois des séculiers, jouissaient seulement des produits du bénéfice, et confiaient le pouvoir spirituel à un délégué appelé prieur claustral. Ils recevaient les deux tiers des revenus de l'abbaye.

COMMENDON (J. Franç.), cardinal, né à Venise en 1524, mort en 1584. Dès l'âge de 10 ans, il improvisait des vers latins, et il dut à ce talent la protection de Jules III. Envoyé auprès de la reine Marie à son avénement au trône d'Angleterre (1553), il sut l'engager à se remettre sous l'obéissance de la cour de Rome. Il défendit les droits de l'Église au sujet de l'élection de l'empereur Ferdinand qui s'était faite sans consulter le pape, et parcourut l'Allemagne pour exhorter les princes de l'empire à continuer le concile de Trente (1561), mais ses efforts furent inutiles. Il se rendit en Pologne (1564) en qualité de nonce, et réussit à y faire accepter les décrets du concile : il fut élu cardinal à cette occasion. Pie V l'envoya comme légat à la diète d'Augsbourg, où il défendit avec menaces à l'empereur Maximilien de s'occuper des affaires de religion. Le reste de sa vie fut rempli par des ambassades et des négociations importantes auprès des cours de Vienne et de Varsovie. Sa Vie, écrite en latin par Graziani, a été trad. par Fléchier, 1671.

COMMENTRY, bourg de l'Allier, à 13 k. S. E. de Montluçon; 7336 h. Riche mine de houille. Cette mine brûlait lentement depuis 1816 : en 1840, un incendie général éclata et la consuma en grande partie.

COMMERCY, ch.-l. d'arr. (Meuse), sur la Meuse, à 39 k. E. de Bar-le-Duc; 3716 h. Collége. Station du ch. de fer de Paris à Strasbourg. Beau château, construit en 1708, et qui sert auj. de quartier de cavalerie; hôtel de ville; salle de spectacle. Tanneries, brasseries, toiles de coton; commerce de bétail, de fer, etc. — Cette ville, ch.-l. d'une seigneurie qui relevait des évêques de Metz, fut érigée en commune en 1324; elle avait titre de principauté dans les États de Lorraine. Le cardinal de Retz, après en avoir été longtemps titulaire, la vendit à Charles IV, duc de Lorraine, qui l'acquit pour le prince de Vaudemont, son fils naturel; celui-ci en revendit la propriété au duc Léopold. Elle a suivi le sort de la Lorraine.

COMMERSON (Philibert), né à Châtillon (Ain) en 1727, mort à l'Ile de France en 1773, fit avec Bougainville, en qualité de naturaliste, un voyage autour du monde, et recueillit l'herbier le plus riche qu'on eût vu jusqu'alors. Il n'a rien publié, mais ses manuscrits, ses dessins, et son herbier ont été rapportés en France et sont au Muséum. On lui doit l'introduction de l’hortensia, originaire de la Chine.

COMMINES ou COMINES, v. du dép. du Nord, à 13 k. N. de Lille, sur la Lys, qui la coupe en 2 parties : celle qui est sur la r. g. appartient à la Belgique; la r. dr. appartient à la France depuis 1667; cette dernière a 3288 h. Les 2 villes communiquent par un pont-levis. Beaux clochers. Rubans de fil, toile à matelas, mouchoirs, passementerie, chapellerie. Anc. château de la famille noble des Commines.

COMMINES (Philippe de), politique et historien, né en 1445 au château de Commines, mort en 1509, servit d'abord le duc de Bourgogne, Charles le Téméraire, mais quitta ce seigneur en 1472 pour s'attacher à Louis XI, qui le combla de richesses et d'honneurs, le nomma sénéchal du Poitou, et fit de lui le confident et le ministre de ses desseins; c'est lui que ce monarque chargea, après la mort de Charles le Téméraire, de prendre possession de la Bourgogne, et d'essayer de réunir la Flandre a la France. Après la mort de Louis XI, ayant pris parti pour le duc d'Orléans contre la dame de Beaujeu, régente, il fut disgracié et resta même enfermé quelque temps à Loches dans une de ces cages de fer qu'avait inventées Louis XI; mais il rentra en grâce et accompagna en Italie Charles VIII qui le chargea de plusieurs négociations. Il ne fut pas employé sous Louis XII. Il consacra le temps de sa retraite à rédiger ses Mémoires. Cet ouvrage est le monument le plus précieux que nous ayons pour les règnes de Louis XI et Charles VIII; on regrette seulement que l'auteur, en racontant les actes les plus iniques, ne trouve pas un mot pour les flétrir; il ne juge des événements que par le résultat. Les Mémoires de Commines parurent pour la 1re fois en 1523. Les éditions les plus estimées sont celles de Lenglet-Dufresnoy, 1747, et de Mlle Dupont, 1840-47.

COMMINGES, anc. contrée de la France mérid., dans la Hte-Gascogne, auj. répartie dans les dép. de la Hte-Garonne, de l'Ariége et du Gers, se divisait : 1° en C. Gascon ou Haut-Comminges, au S., entre le Bigorre et le Conserans; ch.-l. St-Bertrand-de-Comminges; autres villes : St-Martory, Montespan, Muret, Lombez, Aurignac, l'Isle-en-Dodon; 2° en C. Languedocien, dit aussi Bas-Comminges et Petit-Comminges, au N. E., entre le Comminges Gascon, le Conserans, le comté de Foix et le Haut-Languedoc; villes, St-Béat et Valentine. — Ce pays était occupé jadis par les Convenæ, peuple de l'Aquitaine orientale. Il avait pour ch.-l. Lugdunum Convenarum (St-Bertrand), appelée aussi Communica (et par corruption Comminica, d'où Comminges), parce qu'elle servait de rendez-vous général pour les assemblées ou communes des petits peuples voisins des Pyrénées. Conquis par les Visigoths, pris par Clovis, le pays de Comminges fut compris en 628 dans le duché d'Aquitaine. Les comtes de Comminges s'éteignirent en 1453, et le comté fut réuni à la couronne.

COMMIRE (J.), jésuite, né à Amboise en 1625, mort à Paris en 1702, a cultivé avec succès la poésie latine, tout en professant la théologie et en remplissant les devoirs de son état. Ses poésies se composent d'odes, de fables, d'épigrammes, d'imitations des psaumes et des prophéties; elles se font remarquer par leur élégance. Le recueil le plus complet a été publ. en 1715, et reproduit par Barbou en 1753.

COMMODE, M. ou L. Commodus Ælius Aurelius Antoninus, empereur romain, fils de Marc-Aurèle et de Faustine, succéda à son père en 180, à l'âge de 20 ans. Il prit pour ministres les hommes les plus corrompus, tels que Pérennis, Cléandre, affranchi phrygien; fit une paix honteuse avec les Quades et les Marcomans, et admit des Barbares dans les troupes romaines; commit toutes sortes de cruautés et de folies, et se livra à la débauche la plus effrénée. Il se forma contre lui plusieurs conspirations qui lui fournirent l'occasion de se plonger dans le sang, il mit à mort entre autres victimes Lucilla, une de ses sœurs, Crispina, sa femme, le jurisconsulte Salvianus et un grand nombre de sénateurs. Il périt l’an 192, empoisonné par Marcia, sa maîtresse, qui avait vu son nom sur une liste de proscription. Commode était d’une taille et d’une force extraordinaires : aussi se faisait-il appeler Hercule. Il se livrait en public à tous les exercices des gladiateurs et descendit plus de 700 fois dans le Cirque, où il se plaisait à assommer de sa massue des hommes désarmés.

COMMODORE, titre que l’on donne en Angleterre, en Hollande et en Amérique à un capitaine de vaisseau chargé temporairement du commandement de plusieurs bâtiments réunis.

COMMUNE DE PARIS (la), comité révolutionnaire, né de l’insurrection du 14 juillet 1789, se substitua au Conseil de ville que présidaient le prévôt des marchands et les échevins, et prit comme lui l’hôtel de ville pour lieu de ses séances. La Commune ne fut constituée que le 21 mai 1791. Elle se divisa en 48 sections, nomma un maire (Pétion) et 16 administrateurs, créa un conseil municipal, et un conseil général, que présidaient un procureur de la Commune et deux substituts. Longtemps menée par les démagogues les plus fougueux, Chaumette, Hébert, Robespierre, la Commune lutta contre la Convention et maintint dans les rues de Paris une insurrection permanente. La chute de Robespierre (27 juillet 1794) entraîna celle de la Commune. — Le 18 mars 1871, à la suite des désastres de la guerre contre la Prusse, une partie de la garde nationale installa à Paris un Comité central, et proclama une nouvelle Commune, qui refusa de reconnaître l’Assemblée nationale, soutint contre l’armée une guerre de deux mois, et, vaincue après une semaine de lutte dans Paris, massacra des otages et incendia un grand nombre de monuments publics et de maisons particulières (21-29 mai).

COMMUNES, nom que prirent en France, pendant le XIe siècle, les associations des habitants d’une même ville unis pour se défendre contre les exactions et les violences des seigneurs. L’établissement de la commune du Mans, en 1066, fut le premier indice de cette révolution, qui favorisa singulièrement les accroissements du pouvoir royal, et servit à le dégager des entraves de la féodalité en affaiblissant les grands vassaux. Louis le Gros, voulant se ménager d’aussi utiles auxiliaires, favorisa l’établissement des communes ; il leur permit d’avoir un maire, des échevins, un sceau, une milice bourgeoise. A l’abri de la protection royale, plusieurs communes, celles de Laon, de Soissons, de Reims, par exemple, acquirent la plus grande importance. Mais, dès le XIVe s., les rois, devenus assez forts pour se passer d’elles, en abolirent un grand nombre ; Charles IX enleva la connaissance des affaires civiles a toutes les justices municipales, et à partir du règne de Henri IV tous les privilèges des communes tombèrent en oubli. C’est à peine si en 1789 quelques villes de France avaient conservé les débris de leurs anciennes franchises.

COMMUNES (Chambre des). V. CHAMBRE.

COMMUNISME. V. ce mot au Dict. des Sciences.

COMNÈNE, célèbre famille du Bas-Empire, qui se prétendait issue d’un des ancêtres de Constantin, a fourni six empereurs à Constantinople, un à Héraclée et dix à Trébizonde. Les six empereurs de Constantinople sont : Isaac Comnène, 1057-1059 ; Alexis Comnène I, 1081-1118 ; Jean Comnène 1118-1143 ; Manuel Comnène, 1143-1180 ; Alexis Comnène II, 1180-1183 ; Andronic Comnène, 1183-1185 (V. ISAAC, ALEXIS, JEAN, etc.). Andronic fut détrôné par Isaac l’Ange, et sa famille à jamais privée du sceptre de Constantinople. David, son petit-fils, devint roi de la Paphlagonie, d’Héraclée et de Pont, tandis qu’un 3e  Alexis Comnène fondait à Trébizonde la dynastie des princes qui régnèrent dans cette ville depuis 1204 jusqu’à la conquête de Mahomet II, 1462. Les restes de cette famille se réfugièrent à Maïna en Morée, et de là dans l’île de Corse ; il en existait encore quelques rejetons en France et en Italie au commencement de ce siècle. V. ABRANTÈS.

COMORES (îles), sur la côte orientale de l’Afrique, dans le nord du canal de Mozambique. On en compte 4 principales : la Grande Comore, Anjouan, Mohilla, Mayotte ; env. 20 000 habitants. Montagnes nombreuses, côtes escarpées. Le chef ou sultan d’Anjouan commande à toutes les Comores. Les habitants sont toujours en guerre avec les pirates madécasses. - L’archipel des Comores fut découvert en 1598 par le Hollandais Corneille Houtman. La France prit possession de Mayotte en 1843.

COMORIN (cap), cap qui forme la pointe mérid. de l’Indoustan, par 75° long. E., 8° latitude N. Des rochers dangereux l’environnent.

COMORN, ville de Hongrie. V. KOEMOERN.

COMPAGNIES DES INDES. V. INDE.

COMPAGNIES (GRANDES), troupes d’aventuriers qui désolèrent la France au XIVe siècle, sous les règnes de Jean et de Charles V. Elles s’étaient recrutées d’étrangers de toute sorte et surtout des Allemands qu’Édouard, roi d’Angleterre, avait licenciés après le traité de Brétigny, en 1360. Irrités de leurs déprédations, les paysans les battirent en plusieurs rencontres et les dispersèrent pour quelque temps. Ils reparurent néanmoins sous le nom de Tard-Venus et défirent en 1361 le comte de La Marche (J. de Bourbon), envoyé contre eux. Du Guesclin en délivra la France et les conduisit en Espagne ; elles y soutinrent contre Pierre le Cruel la cause de Henri de Transtamare, son frère.

COMPIÈGNE, Compendium, Carlopolis, ch.-l. d’arr. (Oise), sur l’Oise, à 58 k. E. de Beauvais, à 101 k. N. E. de Paris ; 12 137 h. Superbe château, construit par Louis XIV, Louis XV et Louis XVI ; belle forêt qui a 14 500 hectares de superficie ; elle est traversée par une chaussée de Brunehaut et contient les belles ruines du château de Pierrefonds. Bibliothèque ; collége Louis-Napoléon. Filatures de coton, bonneterie, chantiers de bateaux. Patrie du professeur Hersan. - Compiègne fut bâti par les Gaulois, et agrandi en 876 par Charles le Chauve qui lui donna le nom de Carlopolis. Il s’y tint en 833 un concile où Louis le Débonnaire fut déposé. Jeanne d’Arc y fut prise en 1430. Une statue lui a été érigée en 1860 sur la place même où elle fut prise.

COMPITALIES, fête des dieux Lares chez les Romains, étaient annuelles et se célébraient dans les carrefours (compita) : d’où leur nom.

COMPLUTUM. V. ALCALA DE HENARÈS.

COMPOSTELLE (ST-JACQUES de). V. SANTIAGO.

COMPS, ch.-l. de c. (Var), à 18 k. N. de Draguignan : 800 hab.

COMTAT D’AVIGNON et COMTAT VENAISSIN. V. VENAISSIN (comtat) et AVIGNON.

COMTE. L’origine de ce titre, qui vient du mot latin comes, compagnon, remonte aux premiers empereurs romains ; sous le règne d’Auguste, on voit des sénateurs choisis pour son conseil porter le nom de comites Augusti. Au IVe s., les comtes devinrent des officiers civils ou militaires, et ce titre fut principalement donné aux gouverneurs de villes et de diocèses. Les premiers rois barbares donnèrent indistinctement le titre de comte à tous les officiers de leur maisons ; il y en avait un qu’on appelait comte palatin (comes palatii) : il était chargé de rendre la justice dans le palais, et en général de juger les affaires où le prince avait intérêt. Sous les derniers Carlovingiens, la plupart des comtes érigèrent leurs gouvernements en principautés héréditaires qui portèrent le nom de comtés : le Capitulaire de Quiersy-sur-Oise leur en reconnut le droit (877). En 1564 une ordonnance de Charles IX établit qu’en l’absence d’héritiers mâles, les comtés retourneraient à la couronne. Auj. le titre de comte n’est plus en France qu’une distinction honorifique, et qui ne confère aucun privilège; il vient généralement après celui de duc.

COMTE VERT (le) V., à l'art. Savoie, AMÉDÉE VI.

COMTE (Charles), publiciste, né en 1782 à Sainte-Éminie (Lozère), mort en 1837, se fit recevoir avocat, soutint une lutte ardente contre la Restauration dans le Censeur, qu'il fonda en 1814 avec Ch. Dunoyer; fut, en 1820, condamné à deux ans de prison comme coupable d'attaques contre le roi et les chambres, se réfugia en Suisse où il fit avec succès un cours de droit public, puis en Angleterre, où il se lia avec Bentham; rentra en France en 1825, et publia en 1827 un Traité de législation (4 vol. in-8), où il expose les lois qui président au développement des sociétés, et les causes qui retardent ce développement : ce livre, qui a fait sa réputation, lui valut le grand prix Montyon. Il se distingua aussi comme économiste et soutint les doctrines de J. B. Say, dont il épousa la fille. Membre de l'Académie des sciences morales dès sa reconstitution (1832), il en devint le secrétaire perpétuel. Outre le Traité de législation, on a de lui un Traité de la propriété (1834 2 vol. in-8). MM. Bérenger et Mignet ont donné de bonnes notices sur Ch. Comte.

COMTE (Aug.), fondateur de l'école positiviste, né à Montpellier en 1798, mort à Paris en 1857, entra à l’École polytechnique en 1814, resta attaché l'École comme répétiteur d'analyse, puis devint examinateur d'admission, emploi qu'il perdit en 1844. Il avait d'abord embrassé avec ardeur les doctrines de St-Simon; mais, dès 1824, il se sépara du maître et publia, sous le titre de Système de politique positive, le programme d'une doctrine nouvelle, programme qu'il remplit depuis dans son Cours de philosophie positive (1839 et ann. suiv.), dans son Catéchisme positiviste (1850), et dans sa Politique positiviste (1851-1854). Combinant, selon ses expressions, les indications de la science physiologique avec les révélations de l'histoire collective du genre humain, il veut établir que l'homme, après avoir été successivement dupe d'hypothèses théologiques ou métaphysiques, ne possédera une science véritable que lorsque, renonçant à toute intervention surnaturelle, à toute recherche des causes finales, il n'admettra plus que des faits positifs : sa philosophie devait présenter l'ensemble de ces faits, ordonnés en système. Quoique annulant ainsi l'idée de Dieu, A. Comte eut la prétention dans ses dernières années de fonder un culte nouveau, et écrivit dans ce but la Religion de l'humanité.

COMUS, dieu de la joie, des festins, des danses nocturnes et de la toilette; on le représente jeune, chargé d'embonpoint, et couronné de roses. Il avait pour compagnon Momus, le Dieu du rire.

COMUS (LEDRU, dit), physicien. V. LEDRU.

CONAN, dit MÉRIADEC ou CARADOG, naquit dans la Grande-Bretagne à la fin du IVe siècle, et passa dans les Gaules vers 384, avec le tyran Maxime, dont il servit les intérêts, fut créé duc d'Armorique et gouverna pendant 26 ans, sous la dépendance des Romains, la partie de l'Armorique connue depuis sous le nom de Bretagne. En 409, les Armoricains, s'étant soulevés, déférèrent à Conan l'autorité souveraine. Il conserva le pouvoir jusqu'à sa mort (421), et le légua à ses descendants, qui furent depuis ducs de Bretagne. Il résidait à Nantes.

CONAN I, dit le Tors, fils de Juhel Bérenger, comte de Rennes, prit le titre de comte de Bretagne à la mort de Drogon (952); chassa Hoël et Guéroch ses compétiteurs, et périt lui-même en 992 dans une bataille qu'il avait livrée contre Foulques Nerra, duc d'Anjou, dans les plaines de Conquereux. — II, fils d'Alain III, eut quelques démêlés avec Guillaume duc de Normandie, et mourut empoisonné en 1066; on soupçonna Guillaume. — III, dit le Gros, succéda à son père Alain Fergent en 1112. Il unit ses armes à celles de Louis le Gros contre le roi d'Angleterre, Henri I, son beau-père. Il désavoua au lit de mort (1148) Hoël, fils de son épouse Mathilde, qui avait jusque-là passé pour son propre fils. Cette déclaration fut la source de guerres civiles qui désolèrent la Bretagne pendant 50 ans, et qui firent passer successivement ce duché dans les maisons de Penthièvre, d'Angleterre, de Thouars et de France. — IV, surnommé le Petit, fils d'Alain le Noir et de Berthe de Bretagne, fut reconnu duc de Bretagne vers 1156, mais fut bientôt après dépouillé de ses États par Henri II roi d'Angleterre, qui ne lui laissa que le comté de Guinguamp. Il mourut en 1171.

CONCARNEAU, ch.-l. de cant. (Finistère), sur la baie de Concarneau, à 19 kil. S. E. de Quimper; 2000 hab. Petit port, défendu par 3 batteries. Pêche, commerce de sardines. Pris en 1373 par Du Guesclin, et en 1577 par les Ligueurs.

CONCEPTION DE LA SAINTE VIERGE, fête que l’Église célèbre le 8 déc. en l'honneur du jour où la Ste Vierge fut conçue dans le sein de Ste Anne, sa mère. Cette fête, fort anc. en Orient, devint générale au XIIe siècle. — Le 8 déc. 1854, le S.-Père a proclamé la Conception de la Ste Vierge immaculée, c.-à-d. exempte du péché originel, déclarant ainsi dogme de foi une pieuse croyance qui était déjà reçue depuis longtemps dans l’Église.

CONCEPTION (LA) ou la MOCHA, v. du Chili, ch.-l. de prov., à 330 kil. N. de Valdivia, sur une baie, à l'emb. du Biobbio. Fondée en 1550 par P. Valdivia; souvent détruite par les Araucans, elle s'était relevée plusieurs fois et comptait près de 10 000 hab., lorsqu'un tremblement de terre la dévasta en 1835. — Il y a plusieurs autres villes du même nom dans l'Amérique mérid., une notamment dans la Nouv.-Grenade, à 70 kil. N. E. de Santiago, à l'emb. du Rio-de-la-Conception dans la mer des Antilles, et une autre dans la Confédération du Rio-de-la-Plata (province de Cordova).

CONCEPTION (NOTRE-DAME-DE-LA). V. COMAYAGUA.

CONCEPTUALISTES, secte philosophique. V. CONCEPTUALISME dans notre Dict. des Sciences.

CONCHES, ch.-l. de cant. (Eure), sur l'Iton, à 15 kil. S. O. d'Évreux; 1800 hab. Station de chemin de fer. Fonderies. Belle forêt. Près de là est le Vieux-Conches, qui possède une source minérale.

CONCILE. On appelle ainsi une assemblée d'évêques réunis pour régler les affaires ecclésiastiques concernant la foi, la discipline ou les mœurs. On distingue trois sortes de conciles : 1° les conciles généraux ou œcuméniques, où sont appelés tous les évêques du monde chrétien; 2° les conciles nationaux ou pléniers, composés de tous les évêques d'un État; 3° les conciles provinciaux ou diocésains, convoqués par un évêque métropolitain. On compte généralement 18 conciles œcuméniques. Quelques-uns cependant y joignent le concile de Jérusalem qui eut lieu l'an 50 de J.-C., ce qui en porterait le nombre à 19.

1° Le 1erconcile de Nicée en Bithynie (325).

2° Le 1er concile de Constantinople (381).

3° Le 1er concile d’Éphèse (431).

4° Le concile de Chalcédoine (451).

5° et 6° Les 2e et 3e conciles de Constantinople (553 et 680).

7° Le 2e concile de Nicée (787).

8° Le 4e concile de Constantinople (869).

9°-12° Les 4 conciles de Latran à Rome (1123, 1139, 1179, et 1215).

13° et 14° Les 2 conciles de Lyon (1245 et 1274).

15° Le concile de Vienne (1311).

16° Le concile de Constance (de 1414 à 1418).

17° Le conc. de Bâle-Ferrare-Florence (1431-43).

18° Le concile de Trente (de 1545 à 1563).

Les principales collections des conciles sont celles de Paris, 1644, 37 vol. in-fol.; du P. Labbe, Par.; 1671, 18 vol. in-fol. (complétée par Baluze, 1683), de J. Hardouin, 1715, 12 vol. in-fol.; de Mansi, Venise, 1757, 31 vol. in-fol. Elles ont été résumées par J. Cabassut dans sa Synopsis conciliorum, Par., 1685 et 1839. (Pour chaque concile, V. les noms des villes où ils se sont tenus.)

CONCINI (CONCINO), dit le maréchal d’Ancre, né à Florence, où son père était notaire, vint en France en 1600 avec Marie de Médicis, femme de Henri IV. Avec l’appui de sa femme, Léonore Galigaï, qui était femme de chambre et favorite de la reine, il s’éleva en peu de temps à la plus haute faveur. Après la mort de Henri IV il acheta le marquisat d’Ancre, fut nommé gouverneur de la Normandie, et enfin maréchal de France, sans avoir jamais tiré l’épée. Il était en même temps premier ministre du jeune roi Louis XIII et exerçait sur ce prince un empire tyrannique. Mais sa fortune si rapide et ses hauteurs excitèrent la jalousie des grands seigneurs ; poussé par eux, le jeune roi, qui depuis longtemps supportait impatiemment le joug de cet étranger, ordonna sa mort. Il fut frappé par Vitry dans la cour du Louvre, le 24 avril 1617. Sa femme, condamnée à mort comme sorcière, fut décapitée, puis brûlée, et leur fils déclaré par le parlement ignoble et incapable de tenir aucun état dans le royaume.

CONCLAVE (du latin conclave, chambre), collége des cardinaux réunis pour élire un pape. Pendant toute la durée de l’élection, les conclavistes ne peuvent avoir aucune communication avec le dehors ; ils sont placés sous la surveillance du cardinal camerlingue et d’un officier laïque appelé maréchal de l’Église. Tous les jours ils s’assemblent pour voter, jusqu’à ce qu’un même nom réunisse les deux tiers des suffrages. Pour prévenir la durée illimitée des conclaves, les règlements portaient que si le 8e jour le pape n’était point encore élu, les cardinaux seraient réduits au pain et au vin ; cet usage est tombé en désuétude. Le conclave fut institué en 1274 par Grégoire X. Dans l’origine, l’élection des papes se faisait par le clergé et le peuple de Rome.

CONCORD, nom de plusieurs v. des États-Unis, dont la principale est le ch.-l. du New-Hampshire, sur le Merrimak, à 95 kil. N. O. de Boston ; 8000 h.

CONCORDAT, contrat passé entre le pape et un gouvernement catholique pour fixer les droits respectifs de l’Église et de l’État. Les plus célèbres sont : le C. de Worms, conclu en 1122 entre le pape Calixte II et l’empereur d’Allemagne Henri V : il mit fin à la longue querelle des Investitures ; — le C. de 1516, entre le pape Léon X et le roi François I, relativement à la collation des bénéfices et à la nomination des évêques, qui fut dès lors attribuée au roi ; — celui de 1801, conclu entre Bonaparte, premier consul, et le pape Pie VII : il mit fin à l’anarchie qui régnait depuis la Révolution dans l’église de France, et rétablit dans ce pays l’autorité pontificale ; la nomination des évêques fut accordée au chef de l’État, mais l’institution réservée au pape. Il fut complété en 1802 par des articles organiques qui avaient pour base la déclaration de 1682, mais qui ne furent pas sanctionnés par le St-Siége. — En 1855, le pape Pie IX fit avec l’empereur d’Autriche François-Joseph un Concordat qui de tous ceux existants est le plus favorable à l’autorité ecclésiastique.

CONCORDE, divinité des Romains, fille de Jupiter et de Thémis. Peu après le départ des Gaulois Sénonais, le dictateur Camille, pour apaiser les querelles sans cesse renaissantes du sénat et du peuple, éleva un temple à la Concorde ; cet édifice était situé au bas du mont Capitolin. Le sénat s’assemblait souvent dans ce temple.

Place de la Concorde, la plus vaste et la plus belle de Paris. Œuvre de Gabriel, elle fut commencée en 1763 et finie en 1772. Elle porta d’abord le nom de Place de Louis XV. En 1792, elle fut appelée Place de la Révolution : c’est là qu’on faisait les exécutions capitales. Elle reçut en 1795 le nom de Place de la Concorde. Du centre de cette place, on aperçoit au N. la Madeleine, au S. le Corps Législatif, à l’E. les Tuileries, à l’O. les Champs-Élysées et l’Arc-de-Triomphe.

CONCORDIA, bourg de Vénétie, sur le Romatino, à 53 kil. N. E. de Venise ; 1600 hab. Évêché. Détruite par Attila en 452, elle fut rebâtie dans la suite.

CONCORDIA (marquis de la). V. ABASCAL.

CONDAPILLY, CONDATCHI. V. KOND….

CONDATE. Ce mot, qui en celtique signifiait confluent, était commun à plusieurs villes de la Gaule ancienne, telles que celles qui se nomment auj. Condé, Cône, Cognac, Montereau, Rennes, etc.

CONDÉ, Condate ou Condatum, ch.-l. de cant. (Nord), sur l’Escaut, à 13 kil. N. E. de Valenciennes ; 5297 hab. Place forte ; canal qui communique avec Mons. Collége. Grand entrepôt de houille. — Anc. seigneurie, relevant du comté de Flandres, et qui appartint successivement aux maisons d’Avesnes, de Chatillon-St-Pol et à celle de Bourbon, dont une branche prit le nom de Condé. Elle entra dans cette dernière maison par le mariage de l’héritière Jeanne avec Jacques de Bourbon, comte de La Marche (1335). Assiégée par Louis XI en 1477, par le prince d’Orange en 1580, Condé fut prise par Louis XIV en 1676, et cédée définitivement à la France par le traité de Nimègue. Les Autrichiens s’en emparèrent en 1793, mais les Français la reprirent la même année. — À 2 kil. N. O. se trouve Vieux-Condé ; 3865 h. Fabriques de vinaigre, mines de houille.

CONDÉ-EN-BRIE, ch.-l. de cant. (Aisne), sur le Surmelin, à 20 kil. E. de Château-Thierry ; 600 hab. Canal latéral à la Marne.

CONDÉ-SUR-NOIREAU, ch.-l. de cant. (Calvados), à 24 kil. E. de Vire ; 6449 hab. Hôpital, fondé en 1281. Fabriques de toiles et cotonnades. Pat. de Dumont d’Urville, qui y a une statue.

CONDÉ (princes de), branche de la maison de Bourbon, a pour chef Louis, prince de Condé (7e fils de Charles de Bourbon, duc de Vendôme), qui descendait, à la 5e génération, de Jacques de Bourbon, comte de La Marche, héritier par sa femme de la seigneurie de Condé, et qui était frère d’Antoine de Bourbon, roi de Navarre.

<span id="Condé (Louis I, prince de)"> Condé (Louis I, prince de), chef du parti calviniste, né en 1530 de Charles de Bourbon, duc de Vendôme, fit ses premières armes sous le maréchal de Brissac en Piémont, et se distingua dans plusieurs actions ; mais après la mort de Henri II, les mécontentements que lui firent essuyer les Guises le jetèrent dans le parti des Réformés. Il fut, dit-on, le moteur secret de la conspiration d’Amboise, et comme tel il venait d’être condamné au dernier supplice, lorsque la mort de François II le sauva. Charles IX lui rendit la liberté : il n’en usa que pour se mettre ouvertement à la tête des Protestants. Il s’empara de plusieurs villes, mais il perdit la bataille de Dreux et y fut fait prisonnier (1562). Rendu à la liberté par la paix de 1563, il reprit les armes en 1567, livra la bataille de St-Denis, qui resta indécise, puis, en 1569, celle de Jarnac, qu’il perdit. Blessé dans le combat, il s’était déjà rendu prisonnier lorsqu’à fut lâchement assassiné par Montesquiou, capitaine aux gardes du duc d’Anjou. Il est le 1er de sa famille qu’on ait appelé M. le Prince. On a de lui des Mémoires (dans la collection Michaud et Poujoulat). — Son fils, [[w:Henri Ier de Bourbon-Condé|Henri I, prince de Condé]], né en 1552, n’échappa à la St-Barthélemy qu’en abjurant ; mais à peine libre, il reprit sa religion, leva des troupes, et s’unit avec le roi de Navarre (Henri IV) pour faire la guerre contre les Catholiques. Il mourut presque subitement en 1588 : on crut qu’il avait été empoisonné par ses domestiques, à l’instigation de sa propre femme. — Henri II, prince de Condé, fils posthume du préc., né en 1588, mort en 1646, fut aimé de Henri IV, qui le fit élever dans la religion catholique. Il avait épousé la belle Charlotte Marguerite de Montmorency, et fut obligé de l’emmener à Bruxelles pour la soustraire aux poursuites de Henri IV. Pendant la minorité orageuse de Louis XIII, il se mit à la tête d’un parti de mécontents : il fut pour ce fait, arrêté et enfermé pendant trois ans à la Bastille et au château de Vincennes. Il rentra en grâce dans la suite et fut nommé, à la mort de Louis XIII, chef du conseil de régence. Sa plus grande gloire, dit Voltaire, est d'avoir été le père du Grand Condé.

CONDÉ (Louis II, prince de), dit le Grand Condé, premier prince du sang, connu d'abord sous le nom de duc d'Enghien, né à Paris en 1621, de Henri II, prince de Condé, montra dans la carrière militaire un génie précoce. Nommé général en chef à l'âge de 22 ans (1643), il défit entièrement à Rocroy les Espagnols bien supérieurs en nombre et redoutables alors par leur infanterie. L'année suivante, il battit les Allemands à Fribourg; il gagna en 1645 contre Mercy la bataille de Nordlingen, et prit Dunkerque en 1646. Moins heureux en Catalogne, il ne put prendre Lérida; mais il remporta bientôt après en Artois, sur l'archiduc Léopold, la victoire de Lens, qui amena la paix avec l'Allemagne (1648). Pendant les troubles de la Fronde, Condé, qui avait d'abord défendu la cour, prit ensuite parti contre Mazarin. Il fut alors arrêté (1650) et subit une détention de treize mois. Aussitôt qu'il fut libre, il ne songea qu'à la vengeance; il leva des troupes, marcha sur Paris, et défit le maréchal d'Hocquincourt à Bléneau près de Gien; mais il fut battu lui-même par Turenne au faubourg St-Antoine (1652). Après cette défaite, il passa dans les rangs des Espagnols; mais sans y ramener la victoire. La paix des Pyrénées (1659) le rendit à sa patrie. La guerre s'étant rallumée entre la France et l'Espagne, Condé conquit la Franche-Comté en trois semaines (1668). Il prit aussi la part la plus glorieuse à la guerre de 1672 contre la Hollande, battit le prince d'Orange à Senef (1674), puis passa en Alsace pour défendre cette province contre Montecuculli après la mort de Turenne (1675). Il passa ses derniers jours dans une charmante retraite à Chantilly, cultivant les lettres et conversant avec Racine, Boileau et Molière. Il mourut en 1687. Ce général dut ses succès à son élan irrésistible et à d'heureuses inspirations, mais il ne ménageait pas le sang des soldats. Bossuet prononça sur son cercueil une oraison funèbre qui est restée un chef-d'œuvre du genre. De tous les ouvrages écrits sur ce prince, le plus intéressant est l’Histoire de Louis de Bourbon, par Desormeaux, Paris, 1766-68, 4v. in-12.

CONDÉ (Louis Henri, prince de), 1er ministre sous Louis XV, plus connu sous le nom de Duc de Bourbon. V. ce nom.

CONDÉ (Louis Joseph, prince de), fils de Louis Henri, duc de Bourbon, et 4e descendant du Grand Condé, né en 1736, servit avec distinction dans la guerre de Sept ans et contribua au gain de la bataille de Johannisberg (1763). Lors de la Révolution, il fut un des premiers à quitter la France, et forma dès 1789, sur les bords du Rhin, cette armée d'émigrés connue sous le nom d’armée de Condé. Après avoir fait en pure perte des prodiges de valeur à Wissembourg, à Haguenau, à Bentheim, le prince fut obligé de congédier son armée et se retira en 1800 en Angleterre. Il rentra en France à la Restauration et reçut de Louis XVIII les titres de grand maître de la maison du roi et de colonel général de l'infanterie. Il mourut à Chantilly en 1818, à 82 ans. C'est lui qui avait fait construire le Palais-Bourbon (auj. Corps-Législatif). — Il eut pour fils Louis H. Joseph de Bourbon, pr. de Condé, plus connu sous le nom de duc de Bourbon (V. BOURBON), et pour fils l'infortuné duc d'Enghien (V. ENGHIEN). La maison de Condé s'est éteinte avec ces deux derniers. Son histoire a été écrite par le duc d'Aumale (1862 et suiv.).

CONDILLAC (Étienne BONNOT de), abbé de Mureaux, célèbre philosophe, né en 1715 à Grenoble, d'une famille noble, mort en 1780, était neveu du grand prévôt de Lyon et frère de Mably. Il reçut les ordres, mais sans exercer de fonctions ecclésiastiques, préférant la carrière littéraire. Il se lia de bonne heure avec plusieurs des philosophes les plus éminents de l'époque, notamment avec Diderot, J. J. Rousseau et Duclos; étudia profondément les grands métaphysiciens modernes, surtout Locke; publia, à partir de 1746, plusieurs ouvrages de métaphysique aussi remarquables par la nouveauté des idées que par la clarté du style, qui attirèrent sur lui l'attention; fut choisi en 1757 pour être le précepteur de l'infant, duc de Parme; revint se fixer en France après avoir consciencieusement rempli sa tâche; fut admis à l'Académie française en 1768, et reçut en 1777 du gouvernement de Pologne l'honorable mission de rédiger une Logique classique pour la jeunesse du pays. Condillac est en France le chef de l'école dite sensualiste. Ses écrits, qui brillent surtout par la méthode et la clarté, firent une révolution dans la philosophie. Il s'était borné d'abord à suivre les pas de Locke, mais bientôt, marchant seul, il exposa des doctrines nouvelles dont les unes sont profondes et lumineuses, et dont les autres ne sont que paradoxales. Les principales sont : que toutes les idées viennent des sens; que les facultés de l'âme elles-mêmes ne sont comme les idées que des sensations transformées; que la seule bonne méthode est l'analyse, que les langues sont des méthodes analytiques, que le progrès de l'intelligence dépend de la perfection des langues, qu'une science n'est qu'une langue bien faite, que l'art d'écrire se réduit partout à suivre la liaison des idées. On a de lui : Essai sur l'origine des connaissances humaines, 1746; Traité des systèmes, 1749; Traité des sensations, 1754 (où il donne trop à l'hypothèse); Traité des animaux (contre Buffon), 1755; Cours d'études, rédigé pour le prince de Parme, 1775 (renfermant Grammaire, Art d'écrire, Art de raisonner, Art de penser, Histoire); le Commerce et le gouvernement, 1776; la Logique, et la Langue des calculs, posthumes. Ses œuvres complètes ont été publiées à Paris, 1798. 23 vol. in-8, et 1821-22, 16 vol. in-8 (par les soins de M. Théry), avec une notice sur sa vie et ses ouvrages. Son Cours d'études est à l’Index à Rome.

CONDIVICNUM. V. NAMNETES.

CONDOM, Condomium, ch.-l. d'arr. du Gers, sur la Baïse, à 40 kil. N. O. d'Auch; 7098 hab. Trib. de 1re inst. et de commerce, collége. Cuirs, bouchons de liège, blé, vins. Patrie de Blaise de Montluc, Scipion Dupleix, Franç. Sabbathier. Condom avait autrefois un évêché, dont Bossuet fut titulaire : cet évêché est aujourd'hui supprimé.

CONDOMOIS, anc. pays de Gascogne (Gers et Lot-et-Garonne), avait pour v. principales Condom et Nérac.

CONDOR (POULO), groupe d'îles au S. de la B.-Cochinchine, par 8° 40' lat. N., 104° 21' long. E. Découv, en 1687 par Dampier; occupées par les Français en 1860.

CONDORCET (M. J. Ant. Nic. CARITAT, marquis de), né en 1743, à Ribemont près de St-Quentin, d'une famille noble, originaire du Dauphiné, se fit dès sa 1re jeunesse un nom comme géomètre, fut reçu à l'Académie des sciences à 26 ans (1769), et devint peu après secrétaire perpétuer de cette compagnie. Il se lia avec les philosophes, surtout avec d'Alembert, Voltaire, Turgot, embrassa avec ardeur la cause de la Révolution et propagea par ses écrits les idées nouvelles. Nommé en 1791 à l'Assemblée législative, puis à la Convention, il vota avec les Girondins et fut, au 31 mai (1793), enveloppé dans leur ruine. Mis hors la loi, il fut recueilli pendant huit mois chez une amie; mais, craignant d'exposer sa bienfaitrice, il sortit de sa retraite; arrêté bientôt après et détenu au Bourg-la-Reine, il s'empoisonna dans sa prison (mars 1794). Comme philosophe, Condorcet s'est surtout distingué par son ardent amour pour l'humanité et par des idées hardies sur la perfectibilité indéfinie de l'espèce humaine. Ses principaux ouvrages sont : Essai d'analyse, 1768, où il fit faire de nouveaux pas au calcul intégral; Éloge des Académiciens (1666-99), 1773; Application de l'analyse aux décisions rendues à la pluralité des voix, 1785; Vie de Turgot, 1786, de Voltaire, 1787; Esquisse des progrès de l'esprit humain, 1795. Ce dernier ouvrage est le plus généralement connu; Condorcet le composa peu avant de mourir, pendant qu'il était caché et sans livres : c'est là surtout qu'il expose ses idées sur la perfectibilité. On a encore de lui : des articles dans l’Encyclopédie; des éditions des Pensées de Pascal, avec des notes de Voltaire, 1776-78, et des Lettres d'Euler à une princesse d'Allemagne. Ses Œuvres ont été réunies en 21 v. in-8, 1804, et en 12 v. in-8, 1847 et ann. suiv. (par O'Connor, son gendre). Ses mss. sont déposés à la bibliothèque de l'Institut. — Sa femme, Sophie de Grouchy, sœur du maréchal, morte en 1822, a traduit la Théorie des sentiments moraux de Smith, 1798, et y a joint des Lettres sur la sympathie, adressées à Cabanis, son beau-frère.

CONDOTTIERI (c.-à-d. mercenaires, de l'italien condotta, contrat de louage), nom dont on se servait en Italie pour désigner les capitaines de ces bandes mercenaires que les différents États de cette contrée prenaient à gage pendant les XIIIe et XIVe siècles. Plusieurs se sont fait un nom dans l'histoire; les plus connus sont : Alberic de Barbiano, John Hawkwood, Fra Moriale, Raymond de Cordoue, Braccio de Montone, Pergola, Carmagnole, Piccinino, enfin Sforza, dont les descendants s'assirent sur le trône ducal de Milan. Les condottieri s'épargnaient mutuellement : tandis qu'ils rançonnaient sans pitié les habitants des pays vaincus et réclamaient des sommes énormes pour prix de leurs services, ils se renvoyaient leurs prisonniers sans rançon.

CONDREN (Charles de), docteur de Sorbonne, né près de Soissons en 1588, mort en 1641, fut le 2e général de l'Oratoire. Il était confesseur de Gaston, duc d'Orléans. Sa modestie lui fit refuser le chapeau de cardinal et les archevêchés de Reims et de Lyon. On a de lui plusieurs ouvrages de piété.

CONDRIEU, v. du dép. du Rhône, sur la r. dr. du Rhône, à 39 kil. S. de Lyon; 3591 hab. Étoffes de soie noire, teinturies, tanneries, raffinerie de sel. Vin blanc renommé. Anc. seigneurie appartenant à la maison de Villars.

CONEGLIANO, v. forte de Vénétie, à 24 kil. N. de Trévise; 5000 hab. Manufactures de draps et de soieries. — Napoléon donna le titre de duc de Conegliano au maréchal Moncey en 1806.

CONFÉDÉRATION DE L'AMÉRIQUE CENTRALE. V. GUATEMALA; — DE L'AMÉRIQUE DU SUD. V. COLOMBIE.

CONFÉDÉRATION DU RHIN et CONFÉDÉRATION GERMANIQUE. V. ALLEMAGNE.

CONFESSION D'AUGSBOURG, profession de foi que les Protestants présentèrent à la diète d'Augsbourg en 1530. Luther, qui l'avait préparée, était alors au ban de l'empire et ne put se trouver à la diète; Mélanchthon y fut le principal représentant de la religion nouvelle. Le prudent disciple inséra dans cette déclaration de foi quelques modifications propres à concilier les esprits; néanmoins Charles-Quint la fit proscrire par la diète, où les députés catholiques se trouvaient en majorité. Il s'ensuivit entre les princes luthériens une ligue offensive et défensive, dite de Smalkald, qui après de longs combats finit par obtenir la liberté de conscience.

CONFESSION D'EMDEN. V. EMDEN.

CONFINS MILITAIRES (Gouvt des), nom donné à presque toute la partie des États autrichiens qui est limitrophe de la Turquie, s'étendant le long de l'Adriatique, à l'extrémité E. de l'empire. Elle compte env. 1 100 000 h. et a pour ch.-l. général Carlstadt. Elle est divisée en 4 régions appelées généralats : le généralat réuni de Carlstadt-Varasdin et du banat de Croatie (ch.-l., Agram); celui de Slavonie (Petervaradin); celui du banat de Hongrie (Temesvar); celui de Transylvanie (Hermannstadt). Ces quatre généralats, qui forment de véritables colonies militaires, fournissent ensemble 18 régiments.

CONFLANS (du mot confluent), bourg du dép. de la Seine, entre Paris et Charenton, au confluent de la Seine et de la Marne. Château des archevêques de Paris, auxquels il fut légué par l'archevêque Franç. de Harlay. Louis XI signa en 1465 à Conflans un traité qui mit fin à la Guerre du Bien public.

CONFLANS, bourg de France (Savoie), au confluent de l'Arly et de l'Isère, a été réuni à l'Hôpital pour former Albertville. V. ce mot.

CONFLANS-EN-JARNIZY, ch.-l. de c. (Meurthe-et-Moselle), à 10 kil. S. de Briey; 394 h.

CONFLANS-STE-HONORINE, vge du dép. de Seine-et-Oise, à 22 k. N. de Versailles; 2000 h. Station du ch. de fer de Paris au Havre. Fonderie de bronze et de laiton, affinerie de cuivre et d'étain. Aux env., grotte où l'on voit de belles congélations.

CONFLUENTES. V. COBLENTZ et CONFOLENS.

CONFOLENS, Confluentes, ch.-l. d'arr. (Charente), sur la Vienne et la Goire, à 57 k. N. E. d'Angoulême; 2766 h. Tribunal de 1re instance, collége; société d'agriculture, bibliothèque. Curieuse église de St-Barthélemy. Commerce de bois, merrain, bœufs gras, etc. Mines de zinc et de plomb.

CONFORMISTES, ceux qui, en Angleterre, suivent la doctrine de l'Église anglicane. Ceux qui ne l'admettent pas, comme les Presbytériens, les Anabaptistes, les Calvinistes, sont dits Non-conformistes.

CONFRÉRIES. V. ce mot au Dict. des Sciences.

CONFUCIUS, dont le vrai nom est Kong-fou-tseu ou Kong-tsée, célèbre philosophe chinois, né vers l'an 551 av. J.-C, dans une ville de la principauté de Lou, dont son père était gouverneur, descendait, dit-on, de Hoang-ti, législateur de la Chine. Il remplit dès sa première jeunesse, et avec le plus grand succès, des fonctions administratives; mais à l'âge de 24 ans, après la mort de sa mère, il renonça à tout emploi pour se livrer à la méditation, et forma le projet de réformer les mœurs de son pays. Il parcourut dans ce but plusieurs provinces et se vit bientôt entouré d'un grand nombre de disciples. Sur sa réputation de sagesse, le roi de Lou l'appela à sa cour et le nomma son premier ministre. Confucius corrigea les mœurs, reforma la justice et fit prospérer l'agriculture et le commerce; mais le roi s'étant bientôt fatigué des sages avis du philosophe, il fut forcé de s'éloigner. Rentré dans la vie privée, il se remit à parcourir les provinces pour prêcher la morale, puis il écrivit les ouvrages qui l'ont immortalisé. Il mourut vers 479 av. J.-C, entouré de ses disciples qui lui rendirent une sorte de culte. Ses descendants subsistent encore à la Chine et y jouissent de plusieurs privilèges. Confucius enseigna une philosophie toute pratique. Il s'occupa surtout de faire revivre les règles de conduite et les usages des anciens. Il révisa dans ce but les Kings, livres sacrés des Chinois, réorganisa le culte et devint ainsi le chef ou le restaurateur de la religion qui domine encore auj. en Chine (V. ce mot). Il composa aussi quelques ouvrages nouveaux : ceux qu'on lui attribue sont le Chou-king, traité de morale et de politique en exemples, où l'auteur parcourt l'histoire des temps anciens pour en extraire les règles de conduite qu'avaient laissées les empereurs, les ministres et les sages de l'antiquité; le Tchun-sieou (le Printemps et l'Automne), histoire du roy. de Lou de 722 à 480 av. J.-C; le Hiao-king (dialogue sur la piété filiale); le Ta-hio (la grande Science), et Tchong-yong (l'Invariable milieu), traités de morale et de politique. Tous ses livres moraux ont été mis en latin et paraphrasés par les PP. Intorcetta, Herdrich, Rougemont et Couplet, sous le titre de Confucius Sinarum philosophus, Paris, 1687, in-fol. Le Chou-king a été trad. en franç. par le P. Gaubil, 1770; le Tchong-yong a été publié en chinois, avec trad. lat. et fr. ; par Ab. Rémusat, 1817, in-4; le Ta-hio, par Pauthier (chin., lat. et fr.), 1837, in-8. On trouve aussi plusieurs des ouvrages de Confucius dans les Sinensis imperii libri classici VI du P. Fr. Noël, Prague, 1711, collection trad. en fr. par l'abbé Pluquet, 1784, 7 vol. in-18. La Vie de Confucius a été écrite par le P. Amiot (dans les Mémoires sur les Chinois, t. XII). On a publié la Morale de Confucius, Amsterdam, 1688, 1 vol. in-8.

CONGO, région de l’Afrique, bornée à l’O. par l’Océan Atlantique, au N. par le Loango, au S., par l’Angola. C’est l’assemblage d’une foule d’États indépendants, parmi lesquels on distingue, outre celui du Congo proprement dit, ceux de Bamba, Sandi, Pango, Batta, Pemba, Sogno, et la farouche tribu montagnarde des Giagas. La v. la plus importante est Ambassie (le San-Salvador des Portugais). Ce pays, fort peu connu, est encore barbare et pauvre. Le sol est très-fertile : il produit du sucre, du poivre, de la cassave, etc. Le climat est brûlant et malsain sur les côtes et dans les plaines ; à l’E. s’élèvent des montagnes d’où sortent beaucoup de rivières dont la principale est le Congo ou Zaïre. L’agriculture, la civilisation y sont presque nulles. — Le Congo a été découvert par le Portugais Diego Cam en 1487. Les Portugais y formèrent quelques établissements, qui prospérèrent peu. Les Jésuites y envoyèrent des missionnaires en 1539 et 1619. Tukey a visité ce pays en 1816 ; M. Douville l’a exploré en 1828-30.

CONGO, fleuve d’Afrique. V. ZAÏRE.

CONGRÉGATION. On désigne sous ce nom : 1o des associations d’ecclésiastiques qui ne sont ni séculiers ni religieux, mais qui tiennent le milieu entre les uns et les autres : tels sont les congrégations de l’Oratoire, de la Doctrine chrétienne, de St-Sulpice, de St-Lazare, des Eudistes (on étendait ce nom aux couvents des Bénédictins qui cependant étaient des religieux) ; 2o des commissions de cardinaux chargés par le pape de traiter de matières religieuses ou de s’occuper de matières du gouvernement : telles sont les congrégations du St-Office, de l’Index, de la Propagande, des Rites ; 3o enfin certaines réunions qui se formaient naguère sous les auspices des Jésuites, pour pratiquer sous leur direction des œuvres de piété ou de charité : les membres de ces réunions étaient appelés vulgairement Congréganistes.

CONGRÉGATIONALISTES, nom donné en Angleterre et aux États-Unis à une secte de Puritains.

CONGRÈS, réunions diplomatiques formées, soit de souverains, soit de leurs plénipotentiaires, et dans lesquelles on s’occupe à concilier les différends qui ont pu s’élever entre deux ou plusieurs nations, ou à prévenir les ruptures. Les congrès les plus connus sont ceux de Munster et d’Osnabrück (1646-48), des Pyrénées (1659), d’Aix-la-Chapelle (1668, 1748 et 1818), de Nimègue (1676-78), de Ryswick (1697), d’Utrecht (1713), de Rastadt (1797-99), de Tilsitt (1807), d’Erfurt (1808), de Châtillon (1814), de Vienne (1814-15), de Carlsbad et de Troppau (1820), de Laybach (1821), de Vérone (1822), de Paris (1856). — On donne aussi le nom de Congrès à l’ensemble du système représentatif de États-Unis.

CONGRÈVE (William), poëte comique, surnommé le Térence anglais, né en 1672, dans le Staffordshire, mort en 1729, fit jouer sa Ire pièce à 20 ans, quitta le théâtre au bout de peu d’années pour remplir des places lucratives et jouir de sa fortune, et ne composa plus depuis que des pièces fugitives. On a de lui : le vieux Garçon (The old Bachelor), 1693 ; le Fourbe (The double Dealer), 1694 ; Amour pour Amour (Love for Love), 1695, son chef-d’œuvre ; l’Épouse en deuil (The Mourning Bride), 1695 ; le Train du monde, 1700. On trouve dans ses pièces, généralement bien écrites, du comique, de l’intrigue et de l’intérêt, mais en même temps une licence excessive. Ses œuvres, publiées à Birmingham, 1761, forment 3 vol. in-8. Ses comédies ont été tr. dans les Chefs-d’œuvre des Théâtres étrangers.

CONGRÈVE (sir William), officier d’artillerie, né en 1772, dans le Middlesex, mort à Toulouse en 1828, quitta le service en 1820 avec le grade de lieutenant-colonel. Il est célèbre par l’invention des fusées qui portent son nom (V. l'(art. FUSÉE, dans notre Dict. des Sciences). On les employa pour la 1re fois en 1806 contre la flotte de Boulogne ; elles furent d’un grand effet à la bat. de Leipsick, à Waterloo et dans le bombardement d’Alger par lord Exmouth (1816). Outre les fusées, on doit à Congrève plusieurs inventions mécaniques et des écrits sur artillerie, (trad. en 1838). Il se ruina dans une entreprise de mines et vint finir ses jours en France. Malgré les services qu’il avait rendus à son pays, il mourut dans la misère.

CONI, Cuneo en italien, ville du Piémont, ch.-l. d’intendance, sur la Stura, à 75 kil. S. de Turin ; 20 000 hab. Évêché, école de droit. Filatures de soie ; fabriques de draps ; grains. Jadis fortifiée ; prise par les Franç. en 1744, 1796 et 1801. Elle fut sous empire ch.-l. du dép. de. la Stura. — L'intend. entre celles de Turin et de Gênes, compte env. 600 000 h.

CONIMBRIGA, v. de Lusitanie, auj. Coïmbre.

CONLIE-LA-CHAPELLE, ch.-l. de cant. (Sarthe), à 25 kil. N. O. du Mans ; 1450 hab. Station.

CONLIÈGE, ch.-l. de cant. (Jura), à 5 kil. S. E. de Lons-le-Saulnier ; 1300 hab.

CONNAUGHT, une des 4 grandes divisions anc. de l’Irlande, au N. O., forme 5 comtés : Galway, Mayo, Sligo, Leitrim, Roscommon.

CONNECTICUT, riv. des États-Unis, prend sa source au N. du New-Hampshire, traverse les États de Massachussets, de Connecticut, et se jette dans l’Océan Atlantique entre New-Haven et New-London. Elle forme plusieurs cataractes.

CONNECTICUT, un des États de l’Union, borné au N. par le Massachussets, à l’E. par le Rhode-Island ; à l’O. par l’État de New-York, au S. par le détroit de Long-Island ; 140 kil. sur 93 ; 380 000 hab. Ch.-l., Hartford et New-Haven. Climat tempéré et sain, sol généralement fertile ; forêts immenses ; riches pâturages. Le Connecticut nourrit une quantité innombrable de pigeons. Mines de fer, de cuivre et de plomb. Industrie et commerce florissants ; 14 chemins de fer. — Les peuplades indiennes qui habitaient jadis cette contrée portaient le nom de Mohicans. Les Anglais s’y établirent en 1635 ; ils reçurent en 1662 du roi d’Angleterre Charles II une charte qui resta en vigueur jusqu’en 1818. Le Connecticut prit une part active à la guerre de l’indépendance, et eut rang d’État dès 1776.

CONNÉTABLE, de comes stabuli, comte-surveillant de la maison. Avant la 3e race, le connétable n’était qu’un officier du palais, présidant tantôt au service des tables, tantôt à celui des meubles. Depuis le règne de Henri I, au XIe. siècle, jusqu’au règne de Louis XIII, le connétable fut le premier dignitaire de la monarchie française. En temps de guerre il commandait en chef, et avec un pouvoir absolu, toutes les armées ; le roi lui-même, lorsqu’il se trouvait au milieu des troupes, ne pouvait arrêter aucune mesure importante sans avoir pris l’avis du connétable. En temps de paix, le connétable était aussi le premier conseiller du roi pour toutes les matières de guerre et était juge suprême de tous les démêlés qui s’élevaient entre les gens de sa maison. Il avait droit à la table du roi. Les plus célèbres connétables furent Châtiilon, Du Guesclin, Clisson, Bourbon, Montmorency, Lesdiguières. Abolie en 1627, cette dignité fut rétablie nominalement en en 1804 par Napoléon pour son frère Louis.

CONON, général athénien, se laissa bloquer dans Mitylène par les Lacédémoniens, 406. av. J.-C., fut délivré par la victoire des Arginuses ; réussit, après le désastre d’Ægos-Potamos (405), à sauver 8 vaisseaux avec lesquels il se réfugia en Chypre ; suscita les Perses contre les Lacédémoniens, fut mis à la tête de leur flotte, remporta sur les Lacédémoniens, près de Cnide, une victoire décisive, 394, fit rentrer les Cyclades sous le joug de sa patrie, puis rentra dans Athènes dont il releva les murs, Accusé plus tard auprès d’Artaxerce d’avoir voulu soulever l’Ionie et l’Éolie, il fut attiré par le satrape Téribaze à une entrevue dans laquelle il fut arrêté ; mais il fut relâché bientôt après. Il se retira en Chypre, où il mourut vers 390. Selon d'autres, il aurait été tué dans sa prison par Téribaze dès 393. Conon eut pour fils Timothée. Corn. Nepos a écrit sa Vie.

CONON, géomètre et astronome de Samos, qui vivait à Alexandrie de 300 à 260 av. J.-C., est cité avec honneur par Archimède, Virgile, Catulle, etc. C'est lui, dit-on, qui découvrit la constellation nommée Chevelure-de-Bérénice, et qui lui donna par flatterie le nom de la reine d’Égypte.

CONON, mythographe grec, qui vivait en Cappadoce au Ier s. av. J.-C., avait composé 50 Récits, dont Photius fit un abrégé, publié dans les Mythographi de Wattermann, Leipsick, 1843.

CONQUERUEIL ou CONQUEREUX, bourg de la Loire-Inf. à 4 kil. E. de Guéméné, sur le Don; 900 hab. Geoffroy, comte d'Anjou, y fut battu en 981 par Conan, comte de Rennes, qui lui-même y fut vaincu et tué en 992 par Foulques Nerra.

CONQUES, ch.-l. de cant. (Aude), à 7 kil. N. E. de Carcassonne ; 1600 hab. — Ch.-l. de cant. (Aveyron), à 32 kil. N. O. de Rhodez; 1350 hab. Vins.

CONQUET (LE), v. du Finistère, sur l'Océan, à 19 kil. O. de Brest; 1300 hab. Petit port. Entre cette ville et Brest, s'élève le fort Berthaume.

CONRAD I, duc de Franconie, fut élu roi de Germanie en 912; fit la guerre à Henri, fils d'Othon, duc de Saxe, puis au duc de Bavière, qui refusait de le reconnaître, et mourut en 918, d'une blessure qu'il reçut en combattant les Hongrois. Il désigna pour son successeur Henri, fils de ce même Othon de Saxe qui avait été son ennemi.

CONRAD II, le Salique, fils de Henri, duc de Franconie, fut élu roi de Germanie en 1024, après la mort de Henri II, eut une longue guerre à soutenir contre les princes de la maison de Saxe, pacifia la Bohême, la Hongrie et la Pologne, acquit le roy. d'Arles en vertu de la donation de Rodolphe III, fit en 1026 une expédition heureuse en Italie, se fit couronner empereur à Rome en 1027, défit en 1037 Eudes, comte de Champagne, et mourut à Utrecht en 1039. Il avait rendu en 1037 une célèbre constitution qui établissait l'hérédité des anciens fiefs.

CONRAD III, empereur d'Allemagne, fils de Frédéric, duc de Souabe, et d'Agnès, sœur de l'emp. Henri V, né en 1093, disputa, mais sans succès, la couronne à Lothaire II (1127), fut élu après la mort de ce prince, en 1138, eut pour compétiteur Henri le Superbe, duc de Saxe et de Bavière, soutint contre lui une longue guerre, le dépouilla de tous ses biens, et resta maître du trône après la victoire de Weinsberg (1140) : c'est de cette guerre que datent les partis des Guelfes et des Gibelins. En 1147, il partit pour la Terre-Sainte avec Louis VII : il assiégea vainement Damas, et revint dès 1149 en Allemagne sans avoir obtenu aucun résultat. Il mourut en 1152.

CONRAD IV, élu empereur en 1250, était duc de Souabe et fils de l'emp. Frédéric II. Le pape Innocent IV combattit son élection, lui opposa Guillaume de Hollande, et fit prêcher une croisade contre lui. Conrad passa en Italie pour se faire reconnaître roi des Deux-Siciles : il prit Naples, Capoue, Aquino; mais il mourut au milieu de ses conquêtes, 1254. On accusa son frère naturel Mainfroi, qui convoitait sa succession, de l'avoir empoisonné. Cet empereur fut père de l'infortuné Conradin..

CONRAD V, ou CONRADIN. V. CONRADIN.

CONRAD, roi d'Arles ou de la Bourgogne Transjurane (937-993), fils de Rodolphe II, fit le bonheur de ses peuples et fut surnommé le Pacifique. Les Sarrasins et les Hongrois ayant envahi ses États à la fois, il les fit battre les uns contre les autres; puis, se jetant sur eux pendant le combat, il les extermina. C'est la seule guerre qu'il eut a soutenir.

CONRAD, dit le Marquis de Tyr, fils de Guillaume IV, marquis de Montferrat, prit la croix en 1186, s'arrêta quelque temps à Constantinople, où il défendit Isaac l'Ange contre ses sujets révoltés; puis alla au secours de Tyr, qu'assiégeait Saladin; força les Sarrasins à lever le siége, et fut proclamé souverain de Tyr. Il comptait, avec l'appui de Richard Cœur de Lion, se faire nommer roi de Jérusalem, lorsqu'il fut tué par deux émissaires du Vieux de la Montagne (1192).

CONRAD (S.), évêque de Constance de 934 à 976, était issu de l'illustre maison des Guelfes. Il bâtit 3 églises à Constance, et visita 3 fois les lieux saints. On l'hon. le 26 novembre.

CONRAD DE WURTZBOURG, minnesinger du XIIIe s., séjourna longtemps à Wurtzbourg (d'où son nom), et mourut en 1287 à Fribourg en Brisgau. On a de lui la Guerre de Troie, et quelques autres poëmes estimés. Ils ont été imprimés plusieurs fois, notamment à Leipsick en 1858.

CONRADIN, fils de l'empereur Conrad IV, et dernier rejeton de la famille de Hohenstaufen, né en 1252, perdit son père à 3 ans, et hérita de ses droits aux couronnes de Germanie, de Naples et de Sicile; mais fut dépouillé de ses États par Mainfroi, son tuteur. Ayant voulu, après la mort de Mainfroi, disputer le roy. de Naples à Charles d'Anjou, que le pape en avait investi, il fut vaincu par ce prince à Tagliacozzo, 1268, pris et mis à mort après un simulacre de jugement. Il avait à peine 16 ans.

CONRART (Valentin), né en 1603 à Paris, mort en 1675, conseiller et secrétaire du roi, était ami des lettres et réunissait chez lui, vers 1630, une société de gens d'esprit qui fut le berceau de l'Académie française. Conrart fut nommé dès 1635 secrétaire de cette Compagnie. Il n'a publié aucun écrit notable; ce qui a fait dire à Boileau :

J'imite de Conrart le silence prudent.

Cependant il a laissé des Mss. qui forment une collection curieuse, conservée à la biblioth. de l'Arsenal, et d'où M. de Monmerqué a extrait les Mémoires de Conrart, publ. dans la collect. Petitot, 1826.

CONRING (HERMAN) Coringius, savant universel, né en 1606 à Narden (Ost-Frise), mort en 1681, professa la philosophie naturelle, puis la médecine à Helmstædt, et jouit d'une grande considération auprès du duc de Brunswick et de plusieurs princes, qui le consultèrent souvent et lui donnèrent le titre de conseiller, avec des pensions. Il a écrit sur le droit, la politique, l'histoire, la physique, la médecine et la théologie. Ses principaux ouvrages sont : De origine juris Germanici, 1643; De imperio Germanorum Romano, 1644; De finibus imperii Germanici, 1654; Introductio in universam artem medicam, 1654; De hermetica Ægyptiorum et Paracelsicorum medicina, 1648 et 1669; Thesaurus rerum publicarum totius orbis, etc. Il a en outre laissé une foule de dissertations particulières et de lettres. Ses Œuvres, publiées à Brunswick en 1780, forment 7 vol. in-fol. Plusieurs sont à l’Index à Rome.

CONSALVI (Hercule), homme d'État, né à Rome en 1757, mort en 1824, fut constamment l'ennemi de la Révolution française. Après avoir été auditeur de la Rote, juge au tribunal de la signature, il devint ministre de la guerre sous Pie VI (1789), fut créé cardinal par Pie VII, vint à Paris en 1801 et y signa le fameux concordat. Napoléon le fit éloigner des affaires pendant quelques années et le retint même en France; mais en 1814, il retourna en Italie, et y devint de nouveau ministre. Envoyé au congrès de Vienne, comme nonce du pape (1815), il obtint qu'on restituât au St-Siége les Marches, ainsi que Bénévent et Ponte-Corvo.

CONSARBRUCK, vge de la Prusse rhénane, à 7 k. S. O. de Trêves, presqu'au confluent de la Sarre et de la Moselle, prend son nom de sa position sur la Sarre et d'un ancien pont (brücke) sur cette rivière. Il s'y livra en 1675 une bat. où le duc de Lorraine, Charles III, défit le maréchal de Créqui.

CONSEIL AULIQUE, c.-à-d. conseil de la cour. On appelait ainsi dans l'empire germanique un Conseil particulier que présidait l’empereur, et qui était chargé d’exercer en son nom les droits impériaux. Il donnait l’investiture aux comtes et aux barons du St-Empire ; il jugeait en dernier ressort toutes les causes féodales qui avaient pour objet un fief, ainsi que celles qui concernaient les affaires d’Italie. Les États n’avaient droit de recours à la diète que quand l’arrêt du Conseil pouvait produire un grief commun à tout l’empire. Le droit de surveillance sur ce tribunal appartenait à l’électeur de Mayence. Ce Conseil, établi en 1501 par l’empereur Maximilien, empiéta peu à peu sur les droits des États ; à l’époque du traité de Westphalie il était devenu un pouvoir redoutable entre les mains des empereurs. Le Conseil aulique a été conservé dans l’empire d’Autriche, mais il n’a plus son importance première.

CONSEIL DES ANCIENS, assemblée créée en France par la constitution de l’an III (23 septembre 1795), partageait le pouvoir avec le Directoire exécutif, et concourait, avec le Conseil des Cinq-Cents, à la confection des lois. Elle avait 250 membres, qui se renouvelaient par tiers tous les ans ; ils devaient avoir 40 ans au moins, être mariés ou veufs, et domiciliés depuis 15 ans sur le territoire de la République. Ils approuvaient ou rejetaient les résolutions prises par le Conseil des Cinq-Cents, et élisaient les directeurs du pouvoir exécutif. La révolution du 18 brumaire an VIII (1799) mit fin à l’existence de ce Conseil. Il siégeait aux Tuileries.

CONSEIL DES CINQ-CENTS, assemblée qui, d’après la constitution de l’an III (1795), formait, avec le Conseil des Anciens, le Corps législatif. Elle se composait de 500 membres, élus pour 3 ans. Ils devaient être âgés de plus de 30 ans et domiciliés depuis 10 ans sur le territoire de la République. Cette assemblée proposait les lois. Le Conseil des Cinq-Cents siégeait dans la salle du Manége (rue actuelle de Rivoli). Dans la journée du 18 fructidor an V, les Directeurs expulsèrent 42 de ses membres, qui tendaient à la contre-révolution. Le 18 brumaire an VIII, ce Conseil, transféré à St-Cloud, fut violemment dissous, en même temps que le Conseil des Anciens, par le général Bonaparte.

CONSEIL DES DIX, tribunal secret de la république de Venise, composé de 10 membres pris dans le Grand Conseil. Il était chargé de veiller à la sûreté de l’État, de poursuivre et de punir les ennemis secrets de la république. Pour cela, il était armé de pouvoirs illimités, avait droit sur toutes les têtes et était affranchi de toute responsabilité. Ce Conseil fut créé en 1310, après la conjuration de Boémond Tiépolo ; il ne devait exister d’abord qu’un court espace de temps ; mais, prorogé d’année en année, il finit par être déclaré perpétuel en 1325. Depuis lors, cette terrible magistrature domina la république de Venise ; elle ne tomba qu’avec la république.

CONSEIL DE SANG, nom donné par les Brabançons à un Conseil établi dans les Pays-Bas par le duc d’Albe, et que les Espagnols appelaient Conseil des troubles. Il dut le 1er nom aux exécutions sanglantes qu’il ordonna (V. ALBE) ; les comtes d’Egmont et de Horn furent au nombre des victimes.

Pour les Conseils administratifs et judiciaires, V. le mot CONSEIL au Dict. univ. des Sciences.

CONSENTES (DII), nom sous lequel on désignait à Rome les 12 principales divinités qui formaient, avec Jupiter, le conseil suprême de l’Olympe, et présidaient chacune à un mois de l’année. C’étaient Jupiter, Neptune, Mars, Apollon, Mercure, Vulcain ; Junon, Vesta, Minerve, Vénus, Diane et Cérès.

CONSENTIA, v. du Brutium, auj. Cosenza.

CONSERANS ou COUSERANS, Consorrani, petite prov. de la Gascogne, au S. E., entre le Comminges et le gouvernement de Foix. Ch.-l., St-Girons. Autres places, St-Lizier, Massat. Anc. évêché. Le Conserans fait auj. partie du dép. de l’Ariége.

CONSERVATOIRE, Voy. ces mots
CONSISTOIRE, au Dict. univ. des Sciences.

CONSORRANI, peuple de la Novempopulanie, au pied des Pyrénées, entre les Convenæ et les Volcæ Tectosages. Leur ch.-l. était Consorranorum oppidum, auj. Saint-Lizier. V. CONSERANS.

CONSTABLES. On nomme ainsi en Angleterre des officiers municipaux chargés de l’exécution des lois et du maintien de l’ordre ; ils sont placés sous l’autorité du juge de paix et ont pour insignes un bâton d’un mètre environ de longueur, surmonté des armes royales, et une petite verge de cuivre de 30 à 40 centimètres, avec laquelle ils touchent ceux qu’ils doivent arrêter. Ce service, institué sous Édouard III, a été longtemps gratuit, comme l’est chez nous celui de la garde nationale. Depuis 1829, les anciens constables ont été remplacés par des officiers de police (police constable), qui sont rétribués. Le mot constable comme celui de connétable, dont il était synonyme dans l’origine, vient de comes stabuli.

CONSTANCE, Constantia, v. du grand-duché de Bade, ch.-l. du cercle du Lac, sur le Rhin et sur le lac de Constance, à 156 kil. S. S. E. de Carlsruhe, à 146 kil. S. E. de Strasbourg ; 6500 hab. Évêché. Jolie ville, belle cathédrale, palais épiscopal, anciens couvents des Franciscains, des Dominicains (où se tint le concile) et des Jésuites. Établissements d’instruction. Draps, toiles, horlogerie, etc. — Fondée par les Romains au IVe siècle, elle était grande et importante au moyen âge (on y comptait 40 000 h.) ; elle fut longtemps ville impériale, et eut un évêché souverain, qui fut sécularisé en 1802. Frédéric Barberousse y signa en 1183 la Paix de Constance, qui reconnaissait l’indépendance des villes lombardes. Il s’y tint de 1414 à 1418 un célèbre concile œcuménique qui mit fin au grand schisme d’Occident en déposant les papes Jean XXIII et Benoît XIII, et en nommant Martin V. C’est dans ce même concile que furent jugés et condamnés Jean Huss et Jérôme de Prague. Le clergé français y était représenté par Pierre d’Ailly, archevêque de Cambray, et par J. Gerson, chancelier de l’université de Paris. Constance fut mise au ban de l’empire par Charles-Quint en 1548 pour avoir refusé d’accepter l’intérim. Elle fut cédée en 1805 par l’Autriche au grand-duc de Bade.

Le Lac de Constance, Brigantinus lacus, entre la Suisse septentr. et plusieurs États de l’Allemagne, a 65 k. sur 13, et se partage en deux bras, dits le lac supérieur et le lac inférieur ou de Zeller. Le Rhin le traverse ; la Bregenz, l’Argen, le Stokach, viennent s’y jeter. Bords riants, eaux poissonneuses. Ce lac éprouve souvent, sans aucune cause apparente, une hausse subite, qui est suivie d’une baisse pareille : ce phénomène est appelé ruhss.

CONSTANCE, v. de la colonie du Cap, à 22 kil. E. du cap de Bonne-Espérance. Vins délicieux : le rouge est dit grand-constance, le blanc petit-constance.

CONSTANCE I, surnommé Chlore, c.-à-d. pâle, empereur romain, fut adopté et nommé césar en 292 par Maximien, et eut à gouverner les Gaules, l’Espagne et la Grande-Bretagne : il réduisit les Bretons qui s’étaient révoltés à l’instigation de Carausius et d’Allectus (296), releva la ville d’Autun, détruite par les Bagaudes, et repoussa les Francs. Devenu auguste en 305, avec Galérius, il gouverna avec sagesse et avec bonté, et fit cesser dans ses États les persécutions contre les Chrétiens. Il mourut en 306, à Eboracum (York), au moment où il allait faire la guerre au Pictes et aux Calédoniens. Il avait d’abord épousé Hélène ; quand il eut été fait césar, il fut obligé de la répudier pour épouser Théodora, fille de la femme de Maximien. Il avait eu d’Hélène, Constantin, qu’il nomma césar en mourant. Il eut de Théodora Jules Constance, père de l’emp. Julien.

CONSTANCE II, 2e fils de Constantin. À la mort de son père (337), il partagea l’empire avec ses frères, Constantin II et Constant, et eut en partage l’Orient et la Grèce. Ses frères ayant péri en Occident, il attaqua et battit Magnence et Vétranion qui avaient usurpé la pourpre, et resta ainsi seul maître de l'empire (350). Il exerça toutes sortes de vengeances, et se rendit tellement odieux que les troupes proclamèrent Julien à sa place; il marchait contre celui-ci lorsqu'il mourut en route, à Mopsucrène, au pied du Taurus, l'an 361. Le règne de ce prince faible et incapable fut rempli par les guerres avec les Perses, peuple qu'il ne put soumettre, et par des querelles religieuses entre les Ariens et les orthodoxes; il favorisa les Ariens et persécuta S. Athanase.

CONSTANCE, général d'Honorius, réduisit en 411 l'usurpateur Constantin qui s'était enfermé dans Arles, et chassa des Gaules Ataulphe, roi des Visigoth; l'empereur lui donna la main de sa sœur Placidie et lui conféra le titre d'auguste (421), ce qui lui fait donner quelquefois le nom de Constance III. Il m. peu de mois après. Il fut père de Valentinien III.

CONSTANCE, reine de France, fille de Guillaume Taillefer, comte de Toulouse, épousa en 998 le roi Robert et fit le malheur de ce prince par son caractère impérieux. Elle fit de vains efforts pour assurer la couronne à son 3e fils, Robert, au préjudice de l'aîné, Henri, qui régna sous le nom de Henri I. Elle m. en 1032, après avoir fondé le couvent de Poissy.

CONSTANCE, reine des Deux-Siciles, fille posthume de Roger II, eut à disputer son héritage à Tancrède, son neveu, et ne fut reconnue qu'en 1194. Elle avait épousé l'empereur Henri VI, qui se rendit odieux aux Siciliens, et contre lequel elle fut forcée de prendre elle-même leur défense. Elle mourut en 1198, après avoir conféré au pape Innocent III la tutelle de son fils Frédéric II.

CONSTANCE, reine de Sicile, fille de Mainfroi, épousa Pierre d'Aragon (1261). Avec le secours de son mari, elle enleva la Sicile à Charles d'Anjou après les Vêpres siciliennes, et régna à Palerme de 1283 à 1297 au nom de ses fils, Jayme et Frédéric.

CONSTANT I, empereur romain, 3e fils de Constantin le Grand, lui succéda en 337 avec ses deux frère, Constantin et Constance, et eut en partage l'Italie et l'Afrique. Peu d'années après, il devint maître de tout l'Occident par la mort de son frère Constantin, qui lui avait déclaré la guerre et qui périt devant Aquilée (340). Il se rendit odieux par sa fierté, son faste et ses débauches, et fut détrôné et tué par Magnence à Helena (Elne), 350.

CONSTANT II, empereur d'Orient, fils d'Héraclius II, fut placé sur le trône à 12 ans, l'an 641. Il se laissa enlever plusieurs provinces par le calife Moaviah; abandonna le séjour de Constantinople et alla se réfugier en Sicile. S'étant rendu odieux dans cette île par ses rapines, il fut tué à Syracuse, dans son bain, par un de ses officiers, après 27 ans de règne (668).

CONSTANT de REBECQUE (Benjamin), publiciste français, né en 1767, à Lausanne, d'une famille protestante, réfugiée, mort en 1830, fut un des plus zélés défenseurs des libertés publiques. Élu tribun après le 18 brumaire, il fut bientôt éliminé à cause de son opposition, quitta la France sous l'Empire, se retira en Allemagne, et ne revint dans son pays qu'en 1814. Pendant les Cent Jours, il se rallia à Napoléon et prit part à la rédaction de l’Acte additionnel. Sous la Restauration, il fit partie de la Chambre des Députés, et combattit avec éloquence, soit à la tribune, soit dans les journaux, surtout dans la Minerve les mesures rétrogrades proposées par le gouvernement. Il fut nommé, à la révolution de 1830, président du Conseil d’État; mais il mourut peu de mois après. On a de lui un grand nombre d'écrits politiques qu'il a réunis sous le titre de Cours de politique constitutionnelle, 1817-20; des discours prononcés à la tribune; un roman, Adolphe; un traité De la Religion considérée dans sa source et ses formes, 1824-30, ouvrage bien écrit, mais déiste, qui tut mis à l’Index à Rome; Du polythéisme romain, ouvrage posthume. publié par M. Matter en 1833. B. Constant était fort lié avec Mme de Staël et partageait son goût pour la littérature allemande. Sa Correspondance a été publiée en 1844.

CONSTANTIA, v. de Gaule est auj. Coutances.

CONSTANTIA, v. d Helvélie est auj. Constance.

CONSTANTIN I, surnommé le Grand, C. Flavius Valerius Aurelius Claudius Constantinus, empereur romain, fils de Constance Chlore et d'Hélène, né en 274 à Naïsse dans la Dardanie, se concilia la faveur de Dioclétien et de l'armée, épousa la fille de l'empereur Maximien, et fut proclamé césar par les légions de la Grande Bretagne à la mort de son père, en 306. Après avoir pacifié les Gaules, il se vit dans la nécessité d'ordonner la mort de son beau-père, qui avait voulu l'assassiner (310), puis marcha contre le tyran Maxence, fils de Maximien, sous le joug duquel gémissaient l'Italie et l'Afrique. Pendant cette marche, il vit, assure-t-on, apparaître dans les airs une croix entourée de ces mots tracés en lettres de feu : Tu vaincras par ce signe (Hoc signo vinces); frappé de cet avertissement, il adopta ce signe pour étendard, sous le nom de labarum, et s'avança avec confiance contre les troupes de son ennemi. Elles furent successivement défaites dans les plaines de Turin et sous les murs de Rome, et Maxence lui-même périt dans les eaux du Tibre, au pont Milvius (312). Maître de l'Italie et de l'Afrique après ces victoires, Constantin rétablit l'ordre et la justice, fit cesser la persécution contre les Chrétiens, embrassa leur religion et la déclara religion de l'empire par un célèbre édit rendu à Milan en 313. En 315 il eut à combattre Licinius, empereur d'Orient, persécuteur des Chrétiens, le battit à Cibalis en Pannonie, puis à Mardie en Thrace, et lui enleva la Pannonie, la Dacie, l’Illyrie et la Grèce; en 323 il s'empara du reste des États de son rival, après avoir remporté sur lui les victoires d'Andrinople et de Chrysopolis. Seul maître alors de l'empire, il rendit de sages ordonnances, tout empreintes de l'esprit du Christianisme : il supprima le supplice de la croix, les combats de gladiateurs, favorisa l'affranchissement des esclaves; en même temps, il s'occupait de rétablir dans l'Église l'unité, la paix, qui étaient troublées par des hérésies sans cesse renaissantes; il fit frapper d'anathème Arius au concile de Nicée en 325, et exila ses sectateurs. Mais il flétrit sa gloire en faisant mourir son fils Crispus, injustement accusé par sa belle mère Fausta, qui paya bientôt elle-même de sa tête cette fausse accusation. En 330, Constantin transporta le siége de l'empire à Byzance, qui prit de lui le nom de Constantinople. Dans ses dernières années, il favorisa et persécuta tour à tour l'hérésiarque Arius et l'orthodoxe Athanase, patriarche d'Alexandrie; mais avant sa mort, il reconnut l'innocence de ce dernier et ordonna de le rappeler. Il mourut en 337, après s'être fait baptiser. Il laissa ses vastes États à ses trois fils Constantin, Constance et Constant, et à deux de ses neveux, Delmace et Annibalien.

CONSTANTIN II, dit le Jeune, fils aîné du préc., né à Arles en 316, reçut en partage, à la mort de son père en 337, les Gaules, l'Espagne et la Grande-Bretagne; mais ayant voulu s'emparer des États de son frère Constant, et étant entré dans ce but en Italie avec une armée, il fut défait, et périt dans une embuscade près d'Aquilée en 340.

CONSTANTIN III.V. HÉRACLIUS CONSTANTIN.

CONSTANTIN IV. V. HÉRACLÉONAS CONSTANTIN.

CONSTANTIN III (ou V, si l'on compte Héraclius et Héracléonas parmi les Constantins), surnommé Pogonat ou le Barbu, empereur d'Orient, monta sur le trône en 668 avec ses deux frères Tibère et Héraclius, après la mort de Constant II, leur père, fit la guerre avec succès aux Sarrasins, contre lesquels il employa pour la 1re fois le feu grégeois, fit condamner les Monothélites au concile gén. tenu à Constantinople en 680, mais se rendit odieux par le meurtre de ses deux frères. Il mourut en 685.

CONSTANTIN IV (ou VI), surnommé Copronyme, c.-à-d. ordurier, parce qu'il salit les fonts baptismaux lorsqu'on le baptisait, né en 718, succéda en 741 à son père Léon l’Isaurien ; embrassa l’hérésie des Iconoclastes, persécuta les Catholiques, et mourut dans une expédition contre les Bulgares en 775.

CONSTANTIN V (ou VII), fils de Léon IV et d’Irène, né en 770, succéda à son père en 780, sous la tutelle de sa mère. Il voulut en 790 régner par lui-même, mais Irène ne tarda pas à reprendre le pouvoir et elle poussa la cruauté jusqu’à lui faire crever les yeux : le jeune prince en mourut peu après 797.

CONSTANTIN VI (ou VIII), fils de Basile le Macédonien, nommé auguste en 868, du vivant de son père, mourut avant lui, en 878.

CONSTANTIN VII (ou IX), Porphyrogénète, né en 901, fils de Léon le Philosophe, fut placé sur le trône à 11 ans, sous la tutelle de sa mère Zoé, fut déposé en 919, remonta sur le trône en 945, et mourut en 959, empoisonné, à ce qu’on croit, par son propre fils Romain. Ce prince cultivait les lettres : on a de lui quelques ouvrages dont les plus importants sont un Traité de l’administration de l’Empire (dans l’Imperium orientale de Bauduri), une Vie de Basile le Macédonien et une grande compilation historique dont il ne reste que des fragments (dans les Fragmenta historicorum Græcorum de F. Didot, 1848).

CONSTANTIN VIII (ou X), fils de Romain I, régna avec ses 2 frères et son père de 919 à 945, pendant que Constantin VII Porphyrogénète était déposé.

CONSTANTIN IX (ou XI), fils de Romain II, le Jeune, succéda en 976 à Jean Zimiscès, fut proclamé empereur, avec son frère Basile II, qui exerça la principale autorité jusqu’en 1025, époque de sa mort. Constantin, qui ne s’était fait remarquer encore que par sa conduite déréglée, régna seul quelque temps, mais il vit bientôt le peuple se soulever contre lui à cause de ses excès, et mourut en 1028.

CONSTANTIN X (ou XII), surnommé Monomaque ou le Gladiateur, obtint le trône en 1042 avec la main de Zoé, veuve de Romain III (Argyre). Tout entier à ses débauches, il laissa s’élever près de lui la puissance des Turcs Seldjoucides et permit aux Petchenègues de s’établir en Servie (1053). Il m. en 1054.

CONSTANTIN XI (ou XIII), Ducas, fils d’un certain Andronic, succéda en 1059 à Isaac Comnène, qui l’avait adopté, et mourut en 1067, à 60 ans. Sous son règne les Scythes ravagèrent l’empire, et les Normands achevèrent la conquête de la Calabre.

CONSTANTIN XII (ou XIV), Dracosès, dernier empereur de Constantinople, né en 1403, fils de Manuel II Paléologue, succéda en 1448 à Jean Paléologue, son frère. En 1453, Mahomet II vint assiéger Constantinople avec une armée formidable : Constantin se défendit vaillamment, mais abandonné des princes de la chrétienté, il ne put résister. Il mourut en héros sur la brèche. Sa mort fut suivie de la prise et du pillage de Constantinople, où Mahomet fixa le siége de l’empire ottoman.

CONSTANTIN, usurpateur, fut fait, en 407, de simple soldat, empereur par les légions de la Grande Bretagne, et s’établit à Arles. Il soutint quelque temps sa dignité par des victoires. L’empereur Honorius le reconnut un moment pour collègue, mais bientôt il le fit assiéger dans Arles, le força de se rendre et le fit mettre à mort (411). Il ne compte pas dans la série des empereurs. Cependant on le désigne quelquefois sous le nom de Constantin III.

CONSTANTIN I-IV, rois d’Écosse. V. ÉCOSSE.

CONSTANTIN, pape, élu en 708, mort en 715, était Syrien de naissance. Il combattit le Monothélisme.

CONSTANTIN, antipape, compétiteur d’Étienne III, usurpa le St-Siége en 767, à la mort de Paul I, fut chassé en 769, et, après avoir eu les yeux crevés, fut enfermé dans un monastère, où il finit ses jours.

CONSTANTIN CÉPHALAS, compilateur du Xe siècle forma une Anthologie qui renferme beaucoup de pièces intéressantes ; ce recueil précieux, trouvé par Saumaise en 1616 à Heidelberg, a été réimpr. par Fr. Jacobs, Leipsick, 1813-17, 3 vol. in-8.

CONSTANTIN L’AFRICAIN, savant du XIe siècle, né à Carthage vers 1020, mort en 1087, voyagea jusque dans l’Inde, posséda toutes les sciences de son temps, fut accusé de magie à Carthage, vint à Salerne, fut secrétaire de Robert Guiscard, puis prit l’habit au Mont-Cassin et y rédigea une savante compilation de médecine (Bâle, 1539). Il est un des chefs de l’école de Salerne.

CONSTANTIN MANASSÈS, écrivain du XIIe s., vivait sous l’empereur Manuel Comnène. On a de lui un Abrégé d’histoire en vers grecs, trad. en latin par Leunclavius, Paris, 1655, et les Amours d’Aristandre et de Callithée, roman en vers politiques, dont on trouve des fragm. dans les Anecdota græca de Villoison, Venise, 1781, et à la suite du Nicetas Eugenianus, de Boissonade, 1819.

CONSTANTIN (Robert), helléniste, né à Caen, au commencement du XVIe s., mort en 1605, professa les belles lettres à Caen. On lui doit un Lexicon græco-latinum, encore estimé, Genève, 1566, 2 v. in-f.

CONSTANTIN PAULOWITZ, grand-duc de Russie, deuxième fils de Paul I, devait succéder à Alexandre, mais il céda le trône à son frère Nicolas et se contenta du titre de vice-roi de Pologne, qu’il possédait depuis 1816. Il fut chassé de Varsovie lors de l’insurrection de la Pologne, et mourut peu après du choléra en 1831. Ce prince passait pour avoir une rudesse sauvage.

CONSTANTINE, Cirta, Sittianorum Colonia, Constantina, v. d’Algérie, ch.-l. de la prov. et du dép. de Constantine, à 420 kil. E. S. E. d’Alger ; 46 000 h. Place très-forte, située sur un roc escarpé, dont l’Oued-el-Kebir ou Roummel fait une sorte de presqu'île qui n’est abordable que du côté de l’ouest ; 36 citernes. On y trouve un grand nombre de monuments romains et des ruines antiques très précieuses. — Cette ville, très importante dans l’antiquité, porta le nom de Cirta du temps des Numides (V. CIRTA) ; elle reçut du temps de Jules César le nom de Sittianorum civitas, à cause d’un certain Sittius, qui y conduisit une colonie ; elle prit ensuite le nom de Constantine en l’honneur de Constantin qui la rebâtit. Constantine fit longtemps partie de l’État de Tunis ; les Algériens s’en emparèrent en 1520. Elle passa sous la domination des Français en 1830 avec la régence d’Alger ; toutefois elle résista longtemps à nos armes : Clausel échoua devant elle en 1836, et elle ne put être prise qu’en 1837, après un siége meurtrier, où périt le général Damrémont. — La prov. de Constantine, la plus orientale de l’Algérie, est bornée au N. par la Méditerranée, à l’E. par l’État de Tunis, à l’O. par la prov. d’Alger ; elle compte env. 1 300 000 hab., la plupart arabes ou Berbères, et a pour ch.-l. Constantine ; autres villes : Bone, Bougie, La Calle, Philippeville, Djijelli, Sétif, Guelma. Riv. principales : le Mafrag, la Mansoura, la Serra, l’Oued-el-Kebir, etc. Cette prov. est formée de l’anc. Numidie. Ses habitants, très-belliqueux, se divisent en un grand nombre de tribus presque indépendantes. L’ancien bey de Constantine, Achmet-bey, n’obéissait que nominalement au dey d’Alger.

CONSTANTINOPLE, Constantinopolis, d’abord Byzantium, appelée par les Turcs Istamboul ou Stamboul, capit. de la Turquie d’Europe et de tout l’empire turc, sur le détroit de Constantinople, a 16 kil. de tour et 780 000 hab. (y compris les faubourgs). Épaisses murailles, vingt tours ; vaste port, formé par un golfe appelé la Corne d’or, et l’un des plus magnifiques du globe ; trois grands faubourgs : Galata (quartier des négociants), Péra (quartier des Européens), Cassim Pacha ; le Fanar est le quartier des Grecs. Bâtie en amphithéâtre, la ville offre de la mer une vue magnifique ; mais les rues sont étroites et sales, les maisons en bois, ce qui cause de fréquents incendies. Place de l’At-meidan ou Hippodrome ; nombreuses fontaines ; aqueducs dont quelques uns sont très-beaux ; bains en quantité ; bazars ; divers palais ou seraïs (parmi lesquels il faut remarquer le Sérail proprement dit, ou Palais impérial, dit Top-'Capou, et le Vieux-Sérail) ; 344 mosquées, dont les plus belles sont la ci-devant église de Ste-Sophie, construite par Justinien, et les mosquées du sultan Achmet, du sultan Soliman, du sultan Osman et de la sultane Validé ; églises grecques, arméniennes, etc. ; beaucoup de mektebs (écoles primaires) et de medressehs (colléges). Arsenal militaire, dit Top-Khané ; belles casernes, célèbre château des Sept-Tours, qui sert de prison d’État. Les environs de la ville sont charmants ; le long des deux rives du détroit, les côtes sont partout bordées de kiosques et de maisons de campagne délicieuses. Constantinople a une école militaire, des écoles de mathématiques, de navigation, de médecine, près de 40 bibliothèques ; il y paraît depuis quelques années un journal officiel, le Moniteur turc. Peu d’industrie ; assez grand commerce. Climat variable et peu salubre ; on y est exposé à des pestes fréquentes, dont le retour est dû à l’incurie des Turcs. — Cette ville, connue primitivement sous le nom de Byzance, joua, dès les temps les plus anciens, un rôle important (V. BYZANCE). Plusieurs fois ravagée ou même détruite, elle ne recouvra sa splendeur que sous Constantin qui en fit sa résidence, 330, et lui donna son nom. Lors du partage de l’empire, 395, Constantinople devint la capit. de l’empire d’Orient, et bientôt elle surpassa Rome même par la magnificence de ses monuments, par sa population, ses richesses et son commerce. Elle fut renversée sous Justinien par un tremblement de terre (557), mais on la réédifia aussitôt après avec plus de magnificence encore. Elle fut vainement assiégée d’abord par les Avares seuls, 593, puis par les Avares unis aux Perses, 625 ; par les Arabes, 671-678 ; par les Bulgares, 755 ; par les Varègues, 866. Les Croisés s’en emparèrent en 1203 et placèrent sur le trône Alexis le Jeune, dont le père, Isaac, avait été chassé par Alexis l’Ange ; ils la reprirent l’année suivante sur Ducas Murtzuphle, qui avait chassé Alexis le Jeune, et cette fois ils s’y établirent et y fondèrent l’empire latin. En 1261, Michel VIII Paléologue, empereur de Nicée, s’empara de la v. par surprise. Enfin, après avoir été plusieurs fois attaquée, par Orkhan (1337), par Bajazet, par Amurath, Constantinople finit par devenir la proie des Turcs : Mahomet II la prit en 1453 et en fit la capit. définitive de l’empire ottoman. Les Turcs l’ont conservée depuis, mais ils ont laissé dégrader d’une manière déplorable ses monuments les plus magnifiques. — Constantinople joue un grand rôle dans l’histoire de l’Église : elle fut d’abord un simple évêché, qui compta S. Grégoire de Nazianze et S. Jean Chrysostôme parmi ses évêques. Les conciles de Constantinople (381) et de Chalcédoine (451) l’érigèrent en patriarcat, en lui donnant le 2e rang dans l’Église, ce qui sema le germe du schisme entre les églises d’Occident et d’Orient. En 595, Jean le Jeûneur usurpa le titre de patriarche œcuménique ; il fut imité en cela par son successeur Cyriaque ; mais cette prétention fut repoussée à la fois par le pape (S. Grégoire) et par l’empereur même (Phocas). En 858, le patriarche Photius proclama l’église grecque entièrement indépendante des papes, et commença ainsi le grand schisme d’Orient, qui fut consommé par Cerularius (1054). De nombreux conciles se sont tenus à Constantinople ; on en compte quatre œcuméniques : 1o  en 381 : on y dressa un symbole de la foi qui confirmait celui de Nicée, et on assigna à l’évêque de Constantinople le 1er  rang après le pape ; 2o  en 553 : on y condamna les écrits de trois fameux nestoriens, Ibbas d’Édesse, Théodoret, évêque de Cyr, et Théodore de Mopsueste ; 3o  en 680 : on y condamna le Monothélisme, ainsi que la mémoire du pape Honorius et de quatre patriarches monthélites ; 4o  en 869 : Photius y fut anathématisé. — Pour l’histoire de l’empire d’Orient et pour la série des empereurs, V. ORIENT (empire d’).

CONSTANTINOPLE (canal de). V. BOSPHORE DE THRACE.

CONSTITUANTE (Assemblée). V. ASSEMBLÉE.

CONSTITUTION. En France, depuis 1789, un grand nombre de constitutions ont été successivement proposées et abolies. On en compte 9 principales : 1o  la Constitution française, décrétée par l’Assemblée nationale et acceptée par le roi en 1791 : elle établissait un gouvernement à la fois monarchique et représentatif ; 2o  l’Acte constitutionnel, présenté au peuple français par la Convention en 1793, et qui posait en principe la souveraineté du peuple, l’unité et l’indivisibilité de la République ; 3o  la Constitution de l’an III (1795), créant un Directoire chargé du pouvoir exécutif, et deux Conseils, celui des Anciens et celui des Cinq-Cents, revêtus du pouvoir législatif ; 4o  la Constitution de l’an VIII (1799), nommant trois consuls (V. CONSULAT), un Sénat conservateur, un Corps législatif et un Tribunat : cette constitution fut modifiée en 1802 par le sénatus-consulte organique qui proclama le consulat à vie, et en 1804 par un nouveau sénatus-consulte organique qui institua l’Empire français ; 5o  la Charte octroyée par Louis XVIII en 1814, et revisée en 1830 ; 6o  la Constitution de 1848, qui fut promulguée le 24 nov. par l’Assemblée nationale et qui proclama la République ; elle fut abrogée au 2 déc. 1861 ; 7o  la Constitution promulguée le 14 janv. 1852 par le prince Louis-Napoléon, alors président de la République. Elle confia au président le gouvernement pour dix ans. Un sénatus-consulte du 23 déc. de la même année la modifia et rétablit l’Empire.

CONSTITUTION CIVILE DU CLERGÉ, constitution nouvelle imposée au clergé de France par un décret de l’Assemblée nationale du 12 juillet 1790. Par ce décret, il devait y avoir un évêque par département ; l’élection des évêques et des curés serait faite par le peuple à la pluralité des voix ; tous les fonctionnaires ecclésiastiques devaient être salariés par l’État, et une dotation annuelle, qui s’élevait à 77 000 000 de fr., remplaçait les revenus divers et bénéfices que le clergé avait possédés jusque-là. Le roi sanctionna ce décret, quoiqu’à regret, le 26 décembre, et dès le lendemain 58 ecclésiastiques prêtèrent serment à la nouvelle constitution au sein de l’Assemblée nationale ; mais cette constitution ayant été condamnée par le pape, la plus grande partie du clergé refusa le serment. A dater de ce moment, il se fit une scission dans le clergé : on distingua les prêtres constitutionnels ou assermentés, et les prêtres insermentés ou non-assermentés. Le Concordat de 1801 mit un terme à ces divisions.

CONSTITUTIONS DE CLARENDON. V. CLARENDON.

CONSTITUTIONS PONTIFICALES, décisions des papes en matière de doctrine ou de discipline, rendues tantôt en forme de bulles, tantôt en forme de brefs. On connaît surtout la const. Unigenitus. V. BULLES.

CONSUEGRA, Consaburus, v. d’Espagne (Tolède), à 60 k. S. E. de Tolède ; 5400 h.

CONSULAT. A Rome, on appelait Consuls les magistrats suprêmes de la république, institués après l’expulsion des rois (509 av. J.-C.) pour veiller (consulere) aux intérêts de l’État ; ils étaient au nombre de deux et leur magistrature durait un an. Les consuls étaient chargés du pouvoir exécutif, convoquaient, et congédiaient le sénat, présentaient des projets de loi, présidaient à la création des magistrats, levaient les troupes, commandaient les armées ; mais ils ne pouvaient sortir de l’Italie tous deux en même temps. Ils étaient nommés par le peuple assemblé en centuries ; ils entraient en charge au 1er janvier et donnaient leur nom à l’année. Leurs marques distinctives étaient une chaise curule, une baguette d’ivoire et douze licteurs qui portaient devant eux des haches et des faisceaux, symbole du pouvoir exécutif. Dans l’origine, les patriciens seuls purent obtenir le consulat ; ce n’est que l’an 366 avant J.-C. et après de longues luttes que les plébéiens purent y être admis, en vertu de la loi Licinia. Quand la république eut été détruite, le consulat fut conservé, mais l’importance de cette charge diminua, et elle ne fut plus qu'honorifique; il y eut une foule de consuls subrogés, c.-à-d. de consuls substitués aux premiers pour trois mois, deux mois et quelquefois quinze jours; alors les deux premiers seuls donnaient leur nom à l'année. Lors de la division de l'empire, 395, l'Orient et l'Occident eurent chacun un consul. — On appelait Consuls désignés les citoyens élus pour être consuls l'année suivante; Consulaires ceux qui avaient été consuls : ils étaient de droit sénateurs. — Dès 541, Justinien supprima de fait le consulat, en cessant de nommer des consuls; mais il ne fut légalement aboli que sous Léon VI, en 886. V. FASTES CONSULAIRES.

CONSULAT (en France), magistrature suprême de la République française, fut établie après le 18 brumaire par la constitution de l'an VIII (1799) et remplaça le Directoire. On créa d'abord un consulat provisoire, qui fut déféré à Sieyès, Roger-Ducos et Bonaparte; mais environ un mois après, le pouvoir fut définitivement déféré à trois consuls; ils étaient distingués en 1er, 2e et 3e consul; les deux premiers étaient nommés pour 10 ans, le 3e pour 5 ans seulement; au sénat appartenait le droit de les élire. La 1re fois, ils furent nommés par la constitution même qui établit le consulat; ce furent : Bonaparte comme 1er consul, Cambacérès et Lebrun comme 2e et 3e. Le premier consul promulguait les lois, nommait ou révoquait les ministres, les ambassadeurs, les membres du Conseil d'État, les officiers des années de terre et de mer, les agents administratifs, les juges civils et criminels, à l'exception des juges de paix et des membres de la Cour de cassation. Par un acte du 4 août 1802, les trois consuls furent nommés à vie; le premier consul acquérait le droit de ratifier les traités, nommait des sénateurs à volonté et exerçait le droit de grâce. Enfin, le 8 mai 1804, un sénatus-consulte convertit le titre de 1er consul en celui d'Empereur, et remit tout le pouvoir dans les puissantes mains de Bonaparte.

CONSUS, divinité révérée par les plus anciens Romains, était le dieu du conseil. On le croit le même que Neptune Équestre. Son temple était dans le grand Cirque; il était enfoncé à moitié en terre, pour montrer que les desseins doivent être tenus secrets. On célébrait en son honneur des fêtes appelées Consualia. C'est pendant une de ces fêtes que les Romains enlevèrent les Sabines.

CONTADES (L. George Érasme, marquis de), maréchal de France, né en 1704 près de Beaufort en Anjou, mort en 1795, s'était déjà distingué dans toutes les guerres que la France eut à soutenir de 1737 à 1748, lorsque la paix d'Aix-la-Chapelle fut rompue. Il fut alors nommé général en chef, et quelques années après maréchal de France (1758). Il soumit successivement la Hesse, Paderborn, Minden, Osnabruck, une partie du Hanovre et Munster; mais il fut défait à Minden par le prince F. de Brunswick, par suite des mauvaises dispositions du duc de Broglie, 1759, et fut rappelé en France.

CONTARINI, famille illustre de Venise, a fourni sept doges à la république (depuis Dominique Contarini, 1043, jusqu'à Louis Contarini, 1676), et compte parmi ses membres des ambassadeurs, des cardinaux et des gens de lettres. Le plus connu est Gaspard Contarini, né à Venise en 1483, mort en 1542, qui fut cardinal et légat du pape à la diète de Ratisbonne (1540), et qui fit de vains efforts pour rapprocher les Catholiques et les Protestants. Il a laissé plusieurs ouvrages, entre autres un traité De immortalitate animæ', contre Pomponace, qui avait été son maître. La relation de ses Ambassades se trouve dans les Relazioni degli ambasciatori Veneti, d'E. Alberi, 1840.

CONTAT (Mlle), célèbre actrice, née à Paris en 1760, morte en 1813, jouait la comédie avec perfection et se faisait remarquer par la flexibilité de son talent, réussissant également dans les rôles de grandes coquettes et dans ceux de soubrettes. Elle fit en partie la fortune des pièces de Marivaux et de Beaumarchais. Blessée des attaques du feuilletoniste Geoffroy, elle quitta le théâtre en 1808. Elle avait épousé un neveu de Parny.

CONTÉ (Nic. Jacq.), homme remarquable par son génie industriel, né en 1755, près de Séez (Orne), mort en 1805, était fils d'un pauvre jardinier et fut élevé par la charité publique. Il apprit dans son enfance la peinture sans maître, puis se livra à l'étude des sciences et de leurs applications. A l'époque où l'on voulait employer les aérostats à la guerre, il fut chargé de la direction d'une école d'aérostiers, formée à Meudon. Envoyé en Égypte comme commandant des aérostiers, il s'y rendit utile par une activité infatigable, et créa des fabriques de tout genre pour l'armée qui manquait de tout. C'est lui qui fit créer le Conservatoire des arts et métiers de Paris et qui dirigea la publication du grand ouvrage sur l’Égypte. Il a laisse son nom aux crayons dits de Conté. Séez lui a élevé une statue en 1852.

CONTES, ch.-l. de cant. du dép. des Alpes-Maritimes, dans l'arr. et à 12 k. N. de Nice; 2000 hab.

CONTESTANI, peuple d'Hispanie, au S. des Edetani. Leur pays forme une partie des intendances de Carthagène et de Murcie.

CONTI ou CONTY, ch.-l. de cant. du dép. de la Somme, sur la Seille, à 22 k. S. O. d'Amiens ; 750 b. Anc. seigneurie, qui passa par mariage, à la fin du XIVe siècle, dans la maison de Mailly, puis dans celle de Bourbon-Condé, en 1551, et qui a donné son nom à la branche cadette de cette maison.

CONTI, branche cadette de la maison de Bourbon-Condé, a pour chef Armand, prince de Conti (V. ci-après). Le titre de prince de Conti avait déjà été porté avant Armand par François de Bourbon, fils de Louis de Bourbon, 1er prince de Condé, marié en 1605 à une fille du duc de Guise (V. ci-après), et mort en 1614, sans laisser d'enfants.

CONTI (Armand, prince de), né à Paris en 1629, mort en 1666, frère cadet du grand Condé, prit quelque part aux troubles de la Fronde, fut arrêté avec son frère et enfermé au Havre par ordre de Mazarin; fit ensuite sa paix, épousa une nièce du cardinal, et fut nommé gouverneur de la Guyenne. Il fit en Italie une campagne qui ne fut pas heureuse. Il a écrit contre les spectacles et sur les devoirs des grands, 1667. — Son fils, Franç. Louis, prince de C., né en 1664, mort en 1709, se distingua aux journées de Steinkerque, de Fleurus et de Nerwinde, et fut élu roi de Pologne à la mort de Sobieski (1697); mais lorsqu'il arriva pour prendre possession du trône, il le trouva occupé par Auguste II. Louis XIV, qui ne l'aimait pas, ne lui confia aucun commandement important. Massillon a prononcé son oraison funèbre. — L. François, prince de C., petit-fils du préc., né en 1717, mort en 1776, commanda en Piémont (1744), où il gagna la bataille de Coni (1744), puis en Flandre où il prit Mons et Charleroy (1746). — Il laissa un fils qui mourut à Barcelone en 1814, et en qui finit la branche des princes de Conti.

CONTI (Louise Marguerite de Lorraine, princesse de), femme célèbre par son esprit et sa beauté, fille de Henri, duc de Guise, fut aimée de Henri IV, qui voulait l'épouser, et fut mariée en 1605 à François, prince de Conti. Devenue veuve en 1614, elle épousa secrètement le maréchal de Bassompierre, et fut disgraciée avec lui. Elle mourut en exil (1631). On a d'elle l’Histoire des amours de Henri IV, 1664, qui avait d'abord paru avec des noms supposés sous le titre d’Hist. des amours du grand Alcandre.

CONTI (Noël), Natalis Comes, écrivain italien, né à Milan, au commencement du XVIe s., m. vers 1582, est auteur de plusieurs poëmes latins, De Horis, de Anno, de Venatione, etc. ; d'une Hist. de mon temps, 1572 (lat.), et d'un ouvrage important intitulé Mythologie, Venise, 1551 et 1581, où il explique par la philosophie les mythes des anciens. Il a traduit en latin Athénée et plusieurs autres écrivains grecs.

CONTI (Ant. SCHINELLA, dit l'abbé), littérateur et savant, patricien de Venise, né à Padoue en 1677, mort en 1748, voyagea en France, en Angleterre ; se mit en relation avec les principaux savants, se lia surtout avec Newton, et contribua beaucoup à faire connaître en Italie les découvertes des pays étrangers et à y répandre l’esprit philosophique. Il avait écrit sur une foule de sujets, et avait commencé à donner une édition de ses œuvres, qui n’a été achevée qu’après sa mort : elle forme 2 vol. in-4, publiés à Venise, 1739-56. On y trouve un Traité du Beau, dans l’esprit de Platon, des poëmes, des tragédies (J. Brutus, César, M. Brutus, Drusus).

CONTI (Ant. Marie). V. MAJORAGIUS.

CONTRES, ch.-l. de cant. (Loir-et-Cher), à 21 k. S. de Blois ; 1500 hab.

CONTREXEVILLE, bourg du dép. des Vosges, à 30 kil. S. O. de Mirecourt ; environ 500 hab. Eaux ferrugineuses, bonnes contre la pierre, la gravelle, etc.

CONTRÔLEUR GÉNÉRAL DES FINANCES, charge de l’anc. France. V. cet art. au Dict. univ. des Sc.

CONVENÆ, peuple de Novempopulanie, entre les Ausci, les Tectosages, les Consorrani, et les Bigerrones, au pied des Pyrénées. Leur territoire répond au pays de Comminges. Leur ch.-l. était Lugdunum Convenarum, auj. St Bertrand de Comminges.

CONVENTION NATIONALE, assemblée politique de la France qui succéda à l’Assemblée législative le 21 sept. 1792. Le jour même de son installation, elle abolit la royauté, proclama la République et concentra en elle tous les pouvoirs de l’État. Le 19 nov. 1792, elle fit un appel à tous les peuples au nom de la liberté, promettant à tous ceux qui combattraient la royauté secours et protection ; le 17 janvier 1793, elle prononça contre Louis XVI, à la majorité de onze voix, la peine de mort sans sursis et sans appel ; le 1er février, elle déclara la guerre à l’Angleterre, à la Hollande et à l’Espagne, et ordonna une levée de 300 000 hommes ; le 5 sept., elle établit une armée révolutionnaire ambulante portant partout la Terreur ; le 5 oct., elle abolit l’ère vulgaire et décréta que l’ère des Français compterait de la fondation de la République, c’est-à-dire du 22 sept. 1792, et que le calendrier serait changé ; le 10 oct. 1793 (19 vendémiaire an II), elle établit le gouvernement révolutionnaire, et bientôt elle décréta d’accusation, outre une foule de particuliers, la reine Marie-Antoinette (16 oct.), puis vingt et un députés Girondins, parmi lesquels Brissot, Gensonné, Vergniaud (31 oct.), enfin (5 avril 1794) les chefs mêmes de la Révolution, Danton, Camille Desmoulins, ainsi que plusieurs membres du club des Cordeliers, qu’on ne trouvait plus assez exaltés ; le 7 mai (18 floréal), Robespierre fit proclamer l’existence d’un Être suprême ; le 27 juillet (9 thermidor), la Convention déclara hors la loi les deux Robespierre et leurs partisans les plus sanguinaires, et par là mit un terme au règne de la Terreur ; le 31 mai 1795 (12 prairial), elle supprima le tribunal révolutionnaire ; le 22 juillet (4 thermidor), elle conclut un traité de paix avec l’Espagne ; le 26 oct. (4 brumaire an IV), elle rendit un décret d’amnistie pour tous les délits révolutionnaires, et déclara ses séances terminées. Avant de se séparer, elle avait rédigé la constitution dite de l’an III. La Convention s’assemblait aux Tuileries — Deux partis puissants et ennemis ont été sans cesse aux prises dans le sein de cette assemblée : le parti jacobin ou de la Montagne, parti extrême, et le parti girondin, relativement modéré. Les plus célèbres représentants du parti modéré ont été Brissot, Gensonné, Vergniaud, Condorcet, Péthion, Barbaroux ; ceux du parti exalté, Robespierre, Danton, Collot d’Herbois, St-Just, Tallien, Couthon, Marat. L’histoire détaillée de la Convention est dans l’histoire de ces hommes (V. leurs noms). Si on doit reprocher à la Convention un grand nombre d’actes violents, tyranniques, atroces même, on doit reconnaître qu’elle a déployé dans les circonstances les plus graves une énergie sans égale, qu’elle a su combattre à la fois et avec succès les ennemis du dehors et ceux du dedans, qu’elle a maintenu l’unité et l’indivisibilité de la France, enfin qu’elle a sauvé le pays envahi par l’étranger. La France lui doit plusieurs de ses plus belles institutions : le Grand-Livre de la dette nationale, l’Institut, l’École Polytechnique, l’École normale, le Conservatoire des arts et métiers. M. de Barante et M. Granier de Cassagnac ont écrit l’Histoire de la Convention.

CONVERSANO, Cupersanum, v. de l’anc. roy. de Naples (Terre de Bari), à 30 k. S. E. de Bari ; 9000 h. Évêché. Fondée, dit-on, par les Étrusques. Les Normands au moyen âge en firent une de leurs capitales.

CONVULSIONNAIRES, fanatiques du parti janséniste, qui, après la mort du diacre Pâris (1727), se rendaient sur son tombeau, au cimetière de St Médard, et qui là éprouvaient des convulsions, qu’on prenait pour des miracles, et prophétisaient. Quelques uns, véritables illuminés, se torturaient volontairement et prétendaient trouver au milieu des souffrances les plus cruelles des extases délicieuses. On fut obligé de défendre l’entrée du cimetière pour mettre fin à cette espèce d’épidémie. Un plaisant mit sur la porte à cette occasion ce spirituel distique :

De par le Roi, défense à Dieu
De faire miracle en ce lieu.

Carré de Mongeron a écrit l’histoire des Convulsions dans un livre curieux, la Vérité des miracles du diacre Pâris, 3 vol. in-4, 1737-48.

CONWAY, v. d’Angleterre. V. ABERCONWAY.

CONZA, Compsa, v. de l’anc. roy. de Naples (Principauté Ultér.), à 13 k. S. E. d’Avellino ; 1900 hab. Archevêché. Fondée vers l’an 275 av J.-C. ; renversée par le tremblement de terre de 1694.

COOK (James), célèbre navigateur, né en 1728 à Marton (Yorkshire), était fils d’un garçon de ferme. Il commença par être matelot, acquit sans maître les notions de mathématiques et d’astronomie nécessaires à la navigation, et s’éleva au rang de capitaine de vaisseau. Cook a exécuté par ordre du gouvernement anglais trois voyages autour du globe. Le 1er, entrepris en 1768 et dans lequel il fut accompagné par les savants Banks et Solander, avait pour but d’aller à Otaïti observer le passage de Vénus sur le disque du soleil : dans ce voyage, il reconnut les côtes de la Nouvelle Zélande et découvrit le détroit qui la partage en deux îles (détroit de Cook). Dans le 2e, qu’il fit en 1772 avec les deux vaisseaux la Résolution et l’Aventure, et qui dura trois ans, il eut pour mission de vérifier l’existence des terres australes : s’étant avancé jusqu’au 71e degré de lat., il s’assura qu’il n’existe aucune terre de quelque étendue dans ces régions ; il découvrit chemin faisant la Nouv.-Calédonie. En 1776, il fit un 3e voyage, afin de s’assurer s’il existe une communication entre l’Europe et l’Asie par le N. de l’Amérique : il fit le tour du Nouveau Monde, gagna la côte N. O. de l’Amérique, et de là tenta de rejoindre la baie d’Hudson par le détroit de Behring ; mais après avoir fait des efforts inutiles pour se frayer un passage à travers les glaces au N. du détroit de Behring, il fut forcé de renoncer à ce projet. Il redescendit vers le S. et s’arrêta pour réparer son vaisseau dans l’île d’Owhihée ou Hawaï, une des Sandwich ; là, une querelle s’étant engagée entre son équipage et les naturels qui avaient commis plusieurs vols, il périt dans la mêlée (1779). Ce qui distingue Cook, c’est le sang froid qu’il conserva toujours dans ses périlleuses expéditions ; c’est son intrépidité, son esprit inventif et inépuisable ; c’est aussi le soin qu’il prenait de la santé de ses marins. Son 1er voyage, rédigé par Hawkesworth, a été publié à Londres en 1773, et trad. par Suard, 1774 ; le 2e, qu’il rédigea lui-même, a paru en 1777 et a été traduit en 1778 par Suard ; le 3e, rédigé d’après ses journaux par le lieutenant King, a été publié à Londres en 1784, et trad. par Demeunier en 1785. A. Kippis a donné une Vie de Cook, trad. par Castera, 1788

COOK (détroit de), entre les deux îles de la Nouvelle-Zélande. Découvert par Cook en 1770.

COOLIS (prononcé Coulis), nom donné dans l’Inde aux indigènes de la basse classe, qui se mettent en service ou remplissent l’office de portefaix, d’hommes de peine. Les Anglais les engagent aussi pour travailler dans leurs colonies d Amérique.

COOPER (Ant. ASHLEY). V. SHAFTESBURY.

COOPER (sir Astley PASTON), célèbre chirurgien et anatomiste anglais, né en 1768 à Brooke (Norfolk), mort en 1841. Attaché à l’hôpital de Guy, à Londres, il se distingua également comme chirurgien et comme professeur, se fit une immense réputation par son habileté à opérer, comme par son enseignement, et acquit une fortune de plusieurs millions. Il a le premier pratiqué la ligature de l’artère carotide et tenté celle de l’aorte (1817). Il a laissé des Leçons sur les principes de la pratique de la chirurgie, ouvrage classique sur la matière, trad. par Chassaignac et Richefot, 1837. Cooper affectait de mépriser les livres et voulait tout tirer de ses propres observations.

COOPER (J. Fenimore), romancier américain, né en 1789 à Burlington (New-Jersey), mort en 1851, était fils d’un juge. Il entra dans la marine dès 1805, en qualité de midshipman, quitta le service en 1810 pour aller habiter la résidence de Cooperstown, créée par son père près de New York, et s’y livra pendant plusieurs années à la composition de ses romans. Il vint en Europe en 1826, déjà célèbre, visita l’Angleterre, l’Italie, l’Allemagne, la Suisse, la France ; et, après un assez long séjour sur le continent, retourna dans son habitation de Cooperstown, où il finit ses jours. Disciple et émule de Walter Scott, Fen. Cooper s’est distingué en peignant la nature vierge de l’Amérique et le caractère primitif des Indiens, en retraçant la vie maritime, ou en poétisant les événements de l’histoire nationale. Il brille par la parfaite fidélité des descriptions plus encore que par l’intérêt du récit. Le premier de ses romans qui ait fait sensation est l’Espion (1821), dont le sujet est tiré de la guerre de l’indépendance ; vinrent ensuite les Pionniers, le Pilote, le Dernier des Mohicans, la Prairie, les Puritains d’Amérique, le Corsaire rouge, l’Écumeur des mers, le Bravo, le Bourreau de Berne, les Lions de mer. Tous ces romans, dont quelques uns balancèrent la vogue de ceux de Walter Scott, furent traduits à mesure qu’ils paraissaient ; il a été donné en outre deux recueils des Œuvres traduites de Fen. Cooper, l’un par M. Defauconpret (chez Furne, 1838-45), l’autre par MM. B. Laroche et A. Moutémont (chez Didot, 1835 et ann. suiv.). Fen. Cooper a laissé une Histoire de la marine des États-Unis.

COPAIS (lac), auj. Topolias, lac de Béotie, au S. E. d’Orchomène, reçoit le Céphise. Il tire son nom du bourg de Copæ, situé sur la côte N. E. Ce lac semble avoir été plus grand autrefois et avoir couvert une partie de la Béotie. À l’extrémité orient., ses eaux se précipitent dans des réservoirs naturels situés au pied du mont Ptoüs, puis elles disparaissent dans ce massif, et ne reparaissent que de l’autre côté de la montagne. Des travaux très-anciens mirent ce lac en communication avec la mer. On a entrepris en 1856 de le dessécher.

COPENHAGUE, Kiœbenhaven en danois, Hafnia en latin mod., capit. du Danemark, dans l'île de Séeland, sur le bord du Sund ; 145 000 h. Évêché luthérien. Superbe port, bonne citadelle. On distingue 2 villes différentes : Copenhague proprement dite (qui comprend la Ville-Vieille et la Ville-Neuve ou Ville-Frédéric), et Christians-Haven, quartier séparé, bâti sur l'île d’Amager. C’est une des villes les mieux bâties de l’Europe. On y remarque les places Neuve-Royale, Amalienborg, Gammeltory ; les châteaux de Christiansborg, Amalienborg, Rosenborg, Charlottenborg, Frédériksborg ; le palais du prince Frédéric-Ferdinand (jadis palais Bernstorf) ; les églises Notre-Dame, du Sauveur, de la Trinité ; l’hôtel de ville, la grande caserne d’infanterie, etc. Nombreux établissements d’instruction publique : université, école polytechnique, grande école métropolitaine, école pour l’enseignement des hautes sciences militaires, académie de chirurgie ; plusieurs bibliothèques (entre autres celle du Roi, une des plus riches de l’Europe), galerie de tableaux, musées d’histoire naturelle et d’antiquités du Nord ; musée Thorwaldsen ; plusieurs acad. et sociétés savantes. Fabriques de toiles, draps, dentelles, bonneterie, cartes à jouer, papiers peints, étoffes, chapeaux, porcelaine ; raffineries de sucre, blanchisseries de cire, beaux chantiers de construction. — Fondée en 1043, Copenhague n’était d’abord qu’un hameau habité par des pêcheurs ; elle fut érigée en ville en 1284, et devint en 1443 la résidence de la cour. Elle a été dévastée par des incendies en 1728, 1795, etc. Les Suédois l’assiégèrent inutilement en 1658 ; les Anglais la bombardèrent en 1807, quoique en pleine paix : 2000 h. périrent dans ce bombardement.

COPERNIC (Nicolas), célèbre astronome, né en 1473 à Thorn, mort en 1543 ; visita l’Italie afin de consulter les astronomes les plus renommés ; se lia surtout avec Regiomontanus, enseigna quelque temps les mathématiques à Rome, puis revint se fixer dans sa patrie, et fut pourvu d’un canonicat à Frauenbourg. Copernic soumit à un nouvel examen tous les systèmes proposés jusqu’à lui par les astronomes, et s’arrêta au système qui fait tourner toutes les planètes autour du soleil d’occident en orient et qui donne à la terre deux mouvements, l’un de rotation sur elle-même, l’autre de circonvolution autour du soleil. Il en avait trouvé le germe dans quelques anciens, surtout chez Philolaüs, mais il se l’appropria réellement en l’appuyant d’une foule d’observations et de calculs. Craignant les contradictions, il ne publia ses idées qu’à la fin de sa vie ; il ne reçut le livre où elles étaient exposées que le jour même de sa mort. Ce livre est intitulé De Revolutionibus orbium cœlestium, Nuremberg, 1543 ; il était dédié au pape Paul III. La vie de Copernic a été écrite par Gassendi. Ses Œuvres complètes ont été publ. à Varsovie en 1859. Une statue lui a été élevée dans la même ville en 1829.

COPHÈS, riv. d’Asie, naissait en Arachosie et s’unissait au Choès pour se jeter dans l’Indus près de Taxila. On croit que c’est le fl. actuel de Kaboul.

COPIAPO, v. du Chili (Coquimbo), sur le Copiapo, à 9 kil. de son emb. dans l’Océan, à 400 kil. N. de Coquimbo ; 12 000 h. Riches mines d’argent. La v. fut presque anéantie par les tremblements de terre de 1819 et 1822.

COPPET, bourg de Suisse (Vaud), sur le lac de Genève, à 12 k. N. E. de Genève ; 550 h. Beau château, appartenant à la famille Necker, et où séjourna Mme de Staël, exilée de France (de 1808 à 1812) ; il appartient auj. au duc de Broglie.

COPROGLI-PACHA. V. KOPROLI.

COPTES, nom donné aux chrétiens qui habitent l’Égypte, la Nubie l’Abyssinie. Ils descendent des anc. Égyptiens. Leur nombre est auj. très-réduit. Presque tous sont marchands ou courtiers. La langue copte s’est éteinte au milieu du XVIIe siècle ; auj. ce peuple parle l’arabe ; cependant, on étudie encore la langue copte et elle sert pour les prières — Kopt semble être le même mot qu’Égypte, et il est certain que le copte, s’il n’est pas l’anc. langue égyptienne, en dérive directement. — Les Coptes professent la religion chrétienne, mais sont presque tous eutychéens ; ils ont conservé la circoncision. Leur patriarche, qui réside au Caire, prend le nom de patriarche d’Alexandrie et de Jérusalem; il nomme pour l’Abyssinie un vicaire général appelé abuna.

COPTOS, auj. Kept, v. de l’anc. Thébaïde par 26° 2′ lat. N., sur un canal, près du Nil. C’était le grand entrepôt du commerce de l’Inde avec l’Europe. COQUEREL (Athanase-Charles), pasteur protestant, né à Paris en 1795, m. en 1868 ; exerça d’abord son ministère en Hollande pendant douze ans, puis, à Paris, et fit depuis 1833 partie du Consistoire. Il se distingua parmi les pasteurs calvinistes par ses doctrines libérales, qui le firent vivement attaquer l’École méthodiste. Il a publié des Sermons divers (8 vol. 1819-52), une Christologie (1858), et des Méditations sur l’Ancien et le Nouveau Testament (1859). Après 1848, il siégea à l’Assemblée constituante et à l’Assemblée législative. — Son fils, Athanase Coquerel (1820-1875) s’est aussi fait un nom comme pasteur et comme publiciste.

COQUILLART (Guill.), poëte du XVIe siècle, né à Reims, en 1421, mort en 1510, était official de l’Église de Reims. Ses œuvres, rassemblées en 1532 par Galliot-Dupré, et longtemps oubliées, ont été rééditées en 1859 par M. Ch. d’Héricault.

COQUILLE (Guy), Conchylius, sieur de Romenay ; jurisconsulte et publiciste, né en 1523 à Decize en Nivernais, mort en 1603. Député du Nivernais aux états d’Orléans de 1560, puis à ceux de Blois en 1576 et 1588, il y rédigea le cahier du tiers état. De retour à Nevers, il y devint procureur fiscal. Guy Coquille a laissé des Institutes coutumières, un commentaire sur la coutume du Nivernais, plusieurs ouvrages politiques, Des causes des misères de la France, Des libertés de l’Église gallicane, et des Poésies latines. La ville de Decize lui a élevé une statue (1849) ; M. Dupin a écrit sa Vie.

COQUIMBO, v. du Chili, ch.-l. de la province de Coquimbo, à l’emb. du Coquimbo, sur une hauteur, par 73° 39′ long. O., 29° 54′ lat. S. ; 15 000 hab. Port commode, rues tirées au cordeau. — La prov. de Coquimbo a pour v. princ., outre Coquimbo, Copiapo, San-Francisco de la Selva, Huasco, et compte 210 000 h. Volcans, mines d’or, d’argent, de cuivre.

CORAN, Alcoran (c.-à-d. le livre), livre sacré des Musulmans, rédigé par Mahomet. Il est à la fois pour les Musulmans le recueil des dogmes et des préceptes de leur religion, et un code civil, criminel, politique et militaire. Mahomet déclare dans le Coran que ce livre est l’œuvre de Dieu lui-même, et qu’il lui a été transmis par l’ange Gabriel ; mais il est facile de voir que ce n’est qu’un mélange confus des doctrines chrétiennes et juives unies aux traditions orientales. Le Coran fut mis en ordre et publié par Aboubekr, successeur de Mahomet l’an 13e de l’hégire (634 de J.-C.), et 2 ans après la mort du législateur ; il est écrit dans le dialecte de l’Hedjaz, c.-à-d. dans l’arabe le plus pur ; il renferme néanmoins un grand nombre de passages obscurs. Il a été trad. en lat. par Bibliander, par Maracci, etc. ; en franç. par Du Ryer, 1734, Savary, 1783, et Kasimirsky, 1840.

CORAS (Jacques), mauvais poëte du temps de Boileau, né à Toulouse en 1630, mort en 1677, était ministre calviniste et se convertit. Il a composé Jonas ou Ninive pénitente, Josué, Samson, David, poëmes médiocres qu’il réunit en 1665 sous le titre d’Œuvres poétiques. Il avait aussi fait une Iphigénie, qui prétendait rivaliser avec celle de Racine.

CORATO, v. d’Italie, dans l’anc. roy. de Naples (Terre de Bari), à 40 kil. O. de Bari ; 13 000 hab. Fondée au XIIe siècle, par un comte de Troni, seigneur normand de la suite de Robert Guiscard.

CORAY (Diamant) savant helléniste, né en 1748 à Smyrne, d’une famille de négociants, mort à Paris en 1833, consacra sa jeunesse au commerce, vint en 1782 étudier la médecine à Montpellier, et se fixa à Paris depuis 1788. Il travailla à la régénération de la Grèce et publia dans ce but un grand nombre d’écrits littéraires et politiques. Ses principales publications sont les Caractères de Théophraste, gr.-fr., 1709 ; le Traité des airs, des eaux et des lieux d’Hippocrate, 1800 ; les Éthiopiques d’Héliodore, 1804 ; la Géographie de Strabon (avec Laporte-Dutheil), 1805-1819 ; une Bibliothèque grecque en 26 v. in-8, 1807-1826 ; qui comprend Isocrate, Plutarque, Strabon, la Politique et la Morale d’Aristote, Élien, quelques écrits de Platon, de Xénophon, etc. Il a en outre écrit plusieurs pamphlets politiques adressés à ses compatriotes, et s’est surtout efforcé de réformer la langue vulgaire. Comme philologue, on admire sa sagacité, mais on lui reproche trop de hardiesse.

CORBACH, capit. de la pté de Waldeck, sur l’Itter, à 40 kil. O. de Cassel ; 1700 hab. Château d’Eisenberg ; monument à la mémoire du prince de Waldeck, maréchal au service de Hollande. En 1760 les Français défirent les Hanovriens aux env.

CORBEIL, ch.-l. d’arr. (Seine-et-Oise), sur la Seine, au confluent de la Seine et de l’Essonne, à 31 k. S. de Paris et à 45 k. S. E. de Versailles ; 5221 h. Trib. de 1re inst. ; soc. d’agriculture, bibliothèque ; filatures de coton, moulins à farine, etc. Chemin de fer. — Corbeil, fondée vers le IXe s., fut souvent la résidence des Capétiens. Elle eut des comtes jusqu’à Louis le Gros. Assiégée en vain en 1418 par le duc de Bourgogne, puis, en 1562, par les Calvinistes ; le duc de Parme s’en empara pour les Ligueurs en 1590, mais elle revint la même année à Henri IV. S. Louis y conclut en 1258 avec Jacques d’Aragon un traité par lequel il renonçait à la souveraineté de Barcelone et du Roussillon, moyennant l’abandon des prétentions de Jacques sur Narbonne, Nîmes, Alby, Cahors, Arles et Marseille.

CORBIE, ch.-l. de cant. (Somme), à 15 kil. E. d’Amiens ; 3000 hab. Station du chemin de fer du Nord. Filatures de laine, moulins à tan. Source minérale. Ancienne abbaye de Bénédictins, fondée en 660. Ville jadis forte et plus nombreuse ; les Espagnols s’en emparèrent en 1636, mais ne la gardèrent qu’un instant. Louis XIV la fit démanteler en 1673.

CORBIE (NOUV.). V. CORVEY.

CORBIÈRE (PIERRE de), antipape, natif de Corberia, dans l’Abruzze, était un religieux de l’ordre de St-François. Il fut élu en 1328, sous le nom de Nicolas V, par l’autorité de Louis de Bavière, roi des Romains, et fut opposé à Jean XXII. Chassé de Rome l’année suivante, il se retira à Pise, où il fut contraint d’abdiquer ; il fut mené à Avignon, où il demanda pardon au pape Jean XXII, la corde au cou. Il mourut deux ou trois ans après.

CORBIÈRES (les), chaîne de montagne du midi de la France (Aude et Pyrén. orient.), se divise en C. occid., qui rejoignent les Cévennes, et C. orient., qui séparent le bassin de l’Aude de celui du Tet.

CORBIGNY, ch.-l. de cant. (Nièvre), à 29 kil. S. de Clamecy ; 1970 hab. Draps, tanneries, bois de chauffage. Monastère célèbre, fondé au VIIIe siècle ; maison royale où résida Charles le Chauve.

Ville de Belgique. V. PHILIPPEVILLE.

CORBIN (Jacques), écrivain obscur, critiqué par Boileau dans l’Art poétique, né dans le Berry vers 1580, mort en 1653, fut conseiller du roi sous Louis XIII. Il a composé plusieurs poëmes : les Triomphes de Jésus, la Vie de sainte Geneviève ; la Sainte-Franciade, poëme en 12 chants sur S. François, et a composé des ouvrages d’hist. et de droit. — Son fils, cité aussi par Boileau, réussit comme avocat.

CORBINEAU (J. B. Juvénal, comte), général de cavalerie, né à Marchiennes (Nord), en 1776, mort à Paris en 1848, prit part à toutes les campagnes de la République et de l’Empire. Il se distingua surtout à la bat. d’Ocana (1809), s’empara de Grenade, dont il fut nommé gouverneur (1810), sauva la grande armée au passage de la Bérésina (1812) en découvrant un gué, remplaça dans son commandement Vandamme fait prisonnier à Culm, et assura la retraite de l’armée en enfonçant le corps du général Kleist (1813), reprit Reims sur les Russes le 6 mars 1814, et réussit, en défendant cette ville ouverte, à retarder la marche de l’ennemi. Général de division et aide de camp de l’Empereur en 1814, il fut après les Cent-Jours mis en disponibilité, et ne reprit du service qu’en 1830. Louis-Philippe le nomma pair de France en 1835. — Il avait à l’armée deux frères, Constant et Hercule, distingués comme lui par leur bravoure, ce qui les avait fait surnommer les Trois Horaces. Napoléon donna pour armes à la famille Trois bras.

CORBULON, Cn. Domitius Corbulo, général romain sous Claude et Néron, fit avec succès la guerre aux Parthes qui avaient envahi l’Arménie, leur prit Artaxate, et força Tiridate, qu’ils avaient placé sur le trône d’Arménie, à déposer la couronne pour la recevoir des mains de l’empereur. Il revenait triomphant, lorsque Néron, jaloux de ses succès, donna l’ordre de le mettre à mort. Il se perça lui-même de son épée, à Corinthe, l’an 67 de J.-C.

CORCIEUX, ch.-l. de cant. (Vosges), à 13 kil. S. de St-Dié ; 1100 hab.

CORCYRE, Corcyra, auj. Corfou, île de la mer Ionienne, vis-à-vis des côtes d’Épire, fut nommée d’abord Drépane et Phéacie. Elle avait au temps de la guerre de Troie des rois particuliers (V. ALCINOUS). Vers 700 av. J.-C., les Corinthiens y établirent une colonie. Il y eut entre la colonie et la métropole des guerres fréquentes ; une de ces querelles (pour la possession d’Épidamme) fut l’occasion de la guerre du Péloponèse (434-431). Corcyre déclina depuis cette époque : elle passa successivement sous la domination d’Agathocle, de Pyrrhus, des rois de Macédoine, des Romains, de l’empire grec, auquel elle fut enlevée par les Normands. V. CORFOU.

CORCYRE-LA-NOIRE, Corcyra nigra, auj. Curzola.

CORDAY (Charlotte), née près d’Argentan (Orne), en 1768, de la famille noble des Corday d’Armans. Révoltée par les crimes des meneurs de la Révolution, elle vint à Paris en 1793, avec le hardi projet de frapper Marat, le plus sanguinaire de tous, en faisant le sacrifice de sa propre vie. Elle se présenta chez lui sous prétexte d’avoir d’importantes révélations à lui faire, et le poignarda tandis qu’il était dans le bain. Arrêtée aussitôt et condamnée à mort, elle monta avec le plus grand courage sur l’échafaud, le 17 juillet 1793. Cet événement a fourni le sujet d’une belle tragédie à Ponsard (1850). M. L. Dubois a publié Charlotte Corday, 1838.

CORDELIERS, religieux de l’ordre des Frères Mineurs de St-François, portaient un vêtement large de gros drap gris, avec une ceinture de corde : d’où leur nom. Ils furent institués par S. François d’Assise vers 1223. C’était un des ordres mendiants : ils ne devaient rien posséder ni en propre ni en commun et ne vivre que d’aumônes. Ayant obtenu le droit d’enseigner, ils se distinguèrent dans la philosophie et la théologie, rivalisèrent avec les Dominicains, et défendirent chaudement contre eux les opinions de Duns Scot, un des ornements de leur ordre.

CORDELIERS (club des), société populaire, rivale de celle des Jacobins, formée en 1790, se tenait au couvent des Cordeliers (place de l’École-de-Médecine), au centre du quartier nommé alors district des Cordeliers. Cette société avait pour chefs Danton, Marat, Camille Desmoulins, Hébert, Chaumette ; elle surpassa en exaltation le club des Jacobins, et fut la première à demander l’abolition de la royauté et l’institution de la république. Ses principaux meneurs montèrent sur l’échafaud aux 24 mars et 5 avril 1794, et ce qu’il en restait se fondit avec les Jacobins.

CORDEMOY (GÉRAUD de), de l’Académie française, né à Paris vers 1620, mort en 1684, fut placé par Bossuet, en qualité de lecteur, auprès du Dauphin, fils de Louis XIV. Imbu des principes de Descartes, il a écrit sur le Discernement du corps et de l’âme, 1666, et sur l’Âme des bêtes, 1668. On a aussi de lui une Histoire de France depuis les Gaulois jusqu’en 987, publiée de 1687 à 1689, ouvrage fait sur les sources originales, mais sec et fatigant, et divers traités qui ont été réunis en 1704 sous le titre d’Œuvres de Cordemoy.

CORDES, ch.-l. de cant. (Tarn), à 26 kil. N. de Gaillac ; 2668 hab. Fabriques de toiles :

CORDILLÈRES, en espagnol, cordillera, se dit de toute chaîne de montagnes ; l’usage applique spécialement ce nom à la cordillère des Andes. V. ANDES.

CORDOUAN (tour de), phare élevé à l’emb. de la Gironde, sur un rocher isolé. Hauteur, y compris la lanterne, 45m. Bâti par Henri III (1584).

CORDOUE, Corduba, auj. Cordova, grande v. d’Espagne, dans l’anc. Andalousie, ch.-l. de l’intendance de Cordoue, sur la r. dr. du Guadalquivir, à 295 kil. S. O. de Madrid ; 60 000 hab. Évêché. La ville, bâtie en amphithéâtre sur une pente de la Sierra-Morena, est malpropre et mal bâtie ; elle est ceinte de murs flanqués de grosses tours. On y remarque la cathédrale, magnifique monument de l’architecture moresque, construit au VIIIe siècle par Abdérame I ; la Plaza-Mayor, un pont de 16 arches, un beau haras royal. Industrie célèbre jadis, mais bien déchue : passementerie, orfèvrerie, cordonnerie, cuirs maroquinés dits Cordouans (c’est Cordoue qui a donné son nom à cette branche d’industrie). - Cordoue fut fondée ou agrandie par les Romains 152 ans av. J.-C. Les Goths s’en emparèrent en 572, et les Maures au VIIe siècle. En 756 Abdérame I, vice-roi des califes d’Orient en Espagne, s’étant déclaré indépendant, prit le titre de calife, et fit de Cordoue sa capitale. Sous ce prince et ses successeurs (V. leur série à l’article CALIFE), Cordoue parvint au plus haut degré de splendeur, tant par ses richesses et ses monuments, que par l’éclat de ses écoles et la réputation de ses savants. Lorsque le califat de Cordoue se démembra en une foule de petits États (1031), Cordoue devint la capit. du roy. musulman de Tolède-et-Cordoue. Elle fut prise en 1236 par Ferdinand III, roi de Castille et de Léon, qui la réunit à ses États. La plupart des monuments de Cordoue ont été détruits ou endommagés, surtout par le tremblement de terre de 1589. Cette ville a vu naître les deux Sénèque et Lucain sous les Romains ; Averrhoës du temps des Arabes ; et dans les temps modernes, les poëtes Louis de Gongora et Jean de Mena, les peintres Cespèdes et Zambrano. Gonsalve de Cordoue naquit auprès, à Montilla. — L’intend., entre celle de Jaën et de Grenade à l’E., de Séville à l’O. et au S., de l’Estramadure à l’O., et de la Manche au N., a 170 kil. sur 120, et 350 000 hab.

CORDOUE (maison de), illustre famille espagnole, a pour chef Dominique Munoz-dos-Hermanas qui enleva aux Maures la ville de Cordoue à la fin du XIIe siècle ; il reçut en récompense le nom de cette ville, et le transmit à ses descendants. Cette famille s’allia aux plus nobles maisons de l’Espagne ; elle donna le jour au célèbre Gonzalve de Cordoue.

CORDOVA, v. du Rio-de-la-Plata, ch.-l. de l’État de Cordova, par 84° long. O., 31° 20' lat. S. ; 25 000 h. Évêché, université. Cette ville fut fondée en 1573. — L’état, situé entre ceux de Tucuman au N., Entre-Rios-et-Corrientes à l’E., Buenos-Ayres au S., Mendoza à l’O., a 1000 kil. sur 480 et compte 150 000 h., sans y comprendre env. 200 000 Indiens indépendants. Climat doux ; sol fertile, surtout en fruits et en grains ; lacs salins.

CORDOVA, v. du Mexique, au S. O. de Vera-Cruz ; 6000 hab. Grand commerce de tabac ; moulins à sucre. Fondée en 1618 par Fernandez de Cordova.

CORDUBA, v. d’Hispanie, auj. Cordoue.

CORDUS (A. Cremutius), sénateur romain qui vivait sous Auguste et Tibère, avait écrit l’Histoire des guerres civiles de Rome. Séjan l’accusa devant le sénat du crime de lèse-majesté pour avoir loué dans cet ouvrage Brutus et Cassius et avoir appelé Brutus le dernier des Romains. Il prévint le jugement en se donnant la mort.

CORÉ, lévite israélite, s’éleva contre l’autorité de Moïse et d’Aaron, et eut pour complices Dathan, Abiron et One. Au moment où ils s’avançaient tous quatre vers l’autel pour offrir, comme Moïse, l’encens au Seigneur, la terre s’entr’ouvrit et les engloutit.

CORÉE (roy. de), partie de l’empire chinois, au N. E., s'étend de 122° à 128° long. E. et de 33° 9' à 43° lat. N. Il a pour bornes au N. la Mantchourie, à l'O. la mer Jaune, à l'E. la mer du Japon, au S. le détroit de Corée; env. 8 000 000 d'hab. Capit., Hang-tching. Sa plus grande partie forme une longue presqu'île de 800 kil. sur 260. A l'O. et au S. se trouve une infinité d'îles, qui forment l’Archipel de Corée. Climat varié; très fertile au S. et vers les côtes; riz, et autres céréales; panic (espèce de grain dont on tire une liqueur spiritueuse); soie, etc. – Le roy. de Corée relève de la Chine depuis 1120; mais le roi est indépendant pour l'administration intérieure de ses États. La langue diffère du tartare et du chinois. La religion est le Bouddhisme; les missionnaires y ont fait quelques conversions. Ce pays est depuis 1856 ouvert au commerce étranger.

CORELLI (Arcangelo), compositeur, né à Fusignano en 1653, mort en 1713, donna des sonates fort estimées et excella lui même sur le violon. Il se fixa à Rome et eut pour protecteur le cardinal Ottoboni, qui le nomma directeur de sa musique. Ses Sonates publiées à Rome en 6 parties, de 1683 à 1712, lui valurent le surnom de Prince des musiciens.

CORFINIUM, San Serino, v. du Samnium, chez les Peligni sur les confins du pays des Marses, fut capit. de la Conféd. italique pendant la guerre sociale.

CORFOU, Corcyra, la plus importante des îles Ioniennes, à l'entrée mérid. de la mer Adriatique, et près de la côte de l'Albanie; 62 k. sur 22; 65 000 h. Ch.-l., Corfou. Climat doux, mais variable; pays montagneux. Peu de grains, un peu plus de vin beauc. d'huile; gibier poisson. — Corfou, célèbre dans l'antiquité sous le nom de Corcyre (V. ce mot), est considérée comme la clef de l'Adriatique. Elle fut conquise sur les Grecs en 1147 par Roger II, roi normand des Deux-Siciles. Les Vénitiens l'enlevèrent aux Normands en 1386 et en firent un duché, qu'ils gardèrent jusqu'à la fin du XVIIIe siècle. Les Français la possédèrent de 1797 à 1799 et de 1802 à 1814. Elle forme auj., avec 6 autres îles princ., la république des îles Ioniennes.

CORFOU, ch.-l. de l'île de Corfou, sur la côte E.; 16 000 hab. Belle rade, port, citadelle. Archevêché, université. Quelques monuments, entre autres, le palais du lord haut commissaire anglais. Commerce actif. On y parle l'italien presque autant que le grec.

CORIGLIANO, Coriolanum, v. des Deux-Siciles (Calabre Citérieure), à 42 k. N. E. de Cosenza; 18 000 h. Beau château. Sucre et pâtes de réglisse.

CORINNE, femme poëte, née à Tanagre en Béotie, fut surnommée la Muse lyrique. Elle avait été disciple de Myrtis, femme savante de la Grèce, et vivait vers 470 avant J.-C. Elle fut la rivale de Pindare, et lui enleva cinq fois la palme dans les jeux de la Grèce. Il ne reste d'elle que quelques fragments, recueillis par Wolf dans ses Poetriarum octo fragmenta et elogia, Hamb. 1734, et par Bergk Poetæ lyrici, 1843.

CORINTHE, Corinthus, v. du roy. actuel de Grèce (Argolide), ch.-l. d'éparchie, sur l'isthme de Corinthe, à 60 k. N. E. de Tripolitza; 4000 h. Archevêché; château fort; plusieurs sources, parmi lesquelles la fameuse fontaine de Pirène, jadis consacrée aux Muses; ruines nombreuses. — Corinthe formait autrefois avec son territoire un petit État particulier, la Corinthie. Elle était une des villes les plus importantes de la Grèce par sa population, son commerce, ses richesses, son luxe et ses colonies. Elle avait deux ports : le Léchée, sur le golfe de Corinthe (golfe de Lépante) et Cenchrées, sur le golfe Saronique (golfe d'Athènes). Elle était défendue par une citadelle très forte appelée Acrocorinthe; on y voyait de nombreux monuments, des statues et des objets d'art en abondance. Corinthe est en outre célèbre par ses raisins et par son airain, qui passait pour contenir de l'or et de l'argent. Elle a donné son nom à un ordre d'architecture dit corinthien. Les mœurs de ses habitants étaient fort dissolues, et ses courtisanes étaient fameuses dans toute la Grèce. — Corinthe fut fondée 1900 ans env. av. J.-C. par Éphyre, fille de l'Argien Phoronée, et fut de là nommée primitivement Éphyre. Elle forma d'abord un État monarchique; la tradition y fait régner Jason et Médée vers 1350. Sisyphe, de race hellène, et ses descendants occupèrent le trône jusqu'en 1160 : un des rois de cette dynastie, Corinthus, donna son nom à la ville. Des princes héraclides, dont le premier fut Alétès et le dernier Télestès, y régnèrent à partir de cette époque. Après Télestès, les Bacchides, issus aussi de la race royale, changèrent le gouvernement en une espèce de république aristocratique; elle fut alors régie par des magistrats annuels appelés prytanes. Vers 657 av. J.-C., le tyran Cypsélus rétablit la monarchie et transmit son pouvoir à son fils Périandre (627-584). Psammétique, qui lui succéda, fut aussitôt renversé, et Corinthe s'érigea de nouveau en république. De nombreuses guerres s'élevèrent entre Corinthe et Corcyre, sa principale colonie; une de ces guerres, en 434, fut l'occasion de la guerre du Péloponèse (431) : dans cette dernière lutte, Corinthe fut toujours du parti de Sparte. Cependant elle se déclara contre elle en 395, ce qui donna lieu à la guerre dite guerre de Corinthe (395-387). Comme les autres villes de la Grèce, Corinthe se soumit à Philippe et reçut garnison macédonienne (335). Ce ne fut qu'en 243 qu'Aratus la délivra de la domination étrangère et la fit entrer dans la Ligue Achéenne. Elle devint alors le siége des assemblées des députés de cette confédération; mais, trop faible pour lutter avec Rome, elle fut prise et saccagée par Mummius (146). Relevée par Auguste, elle redevint florissante sous les empereurs. A la fin du IIIe siècle, elle fut ravagée par les Hérules, au IVe par les Visigoths, au VIII{{}e} par les Slaves. En 1205, les Français, maîtres du Péloponèse, s'en emparèrent, et peu après ils la cédèrent aux Vénitiens, auxquels les Turcs l'enlevèrent en 1459. Les Vénitiens en reprirent possession en 1699, à la paix de Carlowitz, mais ils la perdirent de nouveau en 1715. Corinthe fut délivrée en 1821 de la domination turque, sous laquelle elle était tombée dans l'état le plus misérable. Ce n'est que depuis 1830 qu'elle commence à se relever

CORINTHE (isthme de), langue de terre qui s'étend entre le golfe de Lépante (anc. golfe de Corinthe) à l'O. et le golfe d'Engia ou d'Athènes (anc. golfe Saronique) à l'E., unit la Morée (Péloponèse) à la Grèce propre. Il n'a en certains points que 6 kil. de large. Lors de l'invasion de Xerxès, les Grecs élevèrent une muraille dans toute la largeur de l'isthme pour arrêter sa marche : cette muraille fut abattue par Mahomet II. Neptune avait un temple magnifique dans l'isthme de Corinthe; on y célébrait en son honneur les Jeux isthmiques. V. ISTHMIQUES (JEUX). — On a plusieurs fois entrepris de percer l'isthme de Corinthe. (Démétrius Poliorcète, César, Caligula, Néron). Un nouveau projet a été formé en 1863.

CORIOLAN (C. MARCIUS), général romain, battit les Volsques à diverses reprises, leur prit Corioles en 493 av. J.-C., et reçut de là le nom de Coriolan. Il brigua ensuite le consulat; ne l'ayant pas obtenu, il proposa des mesures hostiles au peuple et voulut empêcher que le blé envoyé par Gélon, roi de Sicile, dans un temps de disette, fût distribué gratuitement. Condamné à l'exil (491), Coriolan alla offrir ses services aux Volsques, alors en guerre avec sa patrie, et bientôt il vint à leur tête ravager le territoire romain et assiéger Rome même. Les Romains effrayés lui envoyèrent plusieurs ambassades; il demeura sourd à toutes les prières. Mais Véturie, sa mère, suivie de Volumnie, sa femme, et de toutes les dames romaines, étant venue lui adresser de nouvelles supplications, il se laissa attendrir, et consentit à lever le siége. Il périt, dit-on, peu de temps après (488), assassiné par les Volsques ou condamné par eux à mort comme coupable de trahison. Selon une autre version, il parvint à une grande vieillesse. Plutarque a écrit la Vie de Coriolan. Shakespeare, La Harpe et plusieurs autres poëtes dramatiques ont mis ce personnage sur la scène.

CORIOLES, Corioli, anc. v. du Latium, chez les Volsques, à 36 kil. S. E. de Rome, à 8 kil. N. de Suessa Pometia, fut prise, en 493 av. J.-C., par C. Marcius, surnommé pour cette raison Coriolan.

CORIPPUS (Flav. Cresconius), poëte latin, né en Afrique, vécut de 530 à 585, et devint évêque en 570. On a de lui : Johannis, poëme en 8 chants, où il chante Jean Troglita, général de Justinien, qui soumit les tribus de l'Atlas, publié pour la 1re fois en 1820 à Milan par P. Mazzuchelli (il y manque le VIIIe chant et la fin du VIIe); De laudibus Justini, panégyrique de l'empereur Justin, en 4 ch. Anvers, 1581, Paris, 1610, Leipsick, 1653, Rome, 1777. Ces 2 poëmes, assez bien écrits pour avoir valu à Corippus l'honneur d'être appelé le dernier poëte latin, sont surtout précieux pour l'histoire du temps.

CORISANDE, (la belle) V. GUICHE (la comtesse de).

CORISOLITES, CORIOSOPITES, peuples de l'Armorique. V. CURIOSOLITES et CURIOSOPITES.

CORK, v. d'Irlande, ch.-l. du comté de Cork, sur une île de la Lee, à 22 k. de la mer, à 220 k. N. O. de Dublin; 106 000 h. Évêchés catholique et anglican. Port sûr et commode, dit baie de Cork. Quelques édifices assez remarquables : cathédrale, hôtel de ville, douane, bourse, etc. Établissements d'instruction et de bienfaisance. Toiles à voiles, colle forte, draps communs, savons, etc.; tanneries, ganterie, verreries. Commerce d'exportation assez important. — Cork fut fondée au VIe s. par les Danois, et forma longtemps, avec son territoire, un petit État indépendant, régi par les Maccarthys. Henri II s'en empara en 1172. Jacques II, chassé d Angleterre, vint y résider en 1688; le comte de Marlborough la prit en 1690. — Le comté de Cork, dans le Munster, entre ceux de Tipperary, Kerry, Limerick, Waterford et la mer, a 165 kil. sur 85 et 774 000 hab.

CORLAY, ch.-l. de c. (Côtes du Nord), à 30 k. N. O. de Loudéac; 1407 h. Vieux château.

CORMEILLES, ch.-l. de c. (Eure), à 15 k. S. O. de Pont-Audemer; 1300 h. Tanneries, bonneterie, papeterie, moulins à huile. — Il y a près de Paris un autre Cormeilles, dit Cormeilles-en-Parisis, dans le dép. de Seine-et-Oise, à 20 k. N. de Paris; 1400 h.

CORMONTAIGNE, officier du génie, né à Strasbourg vers 1680, mort en 1752, fut le régénérateur de son arme. Il fit les siéges les plus célèbres pendant les guerres de 1713 à 1745, notamment ceux de Philipsbourg et de Forbach en 1734, et devint maréchal de camp. On lui doit les grands travaux ajoutés sous Louis XV aux fortifications de Metz et de Thionville; et un traité d’Architecture militaire, 1741. M. Bayard, capitaine du génie, a publié d'après ses Mémoires : Mémorial pour l'attaque des Places, Paris, 1805; Mémorial pour la défense des Places, 1806; Mémorial pour la fortification permanente et passagère, 1809. M. Augoyat en a donné en 1825 une nouv. édit avec une Notice.

CORNA, Apamea ou Digba, v. de la Turquie d'Asie (Bagdad), à 58 k. N. O. de Bassora, et au confluent du Tigre et de l'Euphrate qui s'y réunissent pour former le Chat-el-Arab; 5000 h.

CORNARIUS (Jean HAGENBUT, dit), médecin, né en 1500 à Zwickau en Saxe, mort en 1558, professa la médecine à Marbourg et à Iéna. On lui doit la publication et la traduction d'un grand nombre d'auteurs grecs (S. Basile, Galien, Parthenius, Dioscoride, Aétius). Son principal mérite est d'avoir un des premiers rappelé l'attention sur Hippocrate : il donna en 1538, à Bâle, une édition complète de ses œuvres en grec, et en fit paraître en 1546 la traduction latine; cette traduct. (surtout l'édit. de 1558) est une des meilleures que l'on possède. On a aussi de lui un poëme latin : Humanæ vitæ miseriæ.

CORNARO, famille patricienne de Venise, a donné trois doges à la république : Marc C., 1265; Jean C., 1625; Jean II C., 1709. Ce dernier fit la guerre aux Turcs et signa le traité de Passarowitz qui fixait les limites des États de Venise et de ceux des Turcs. Outre les doges, cette famille a produit plusieurs personnages célèbres.

CORNARO (Catherine), reine de Chypre, née à Venise en 1454, épousa en 1470 Jacques de Lusignan III, roi de Chypre et de Jérusalem. Chargée du gouvernement à la mort de ce prince, 1475, elle éprouva de grandes difficultés. Après 14 ans de règne et de luttes, elle remit ses États aux Vénitiens et se retira à Venise, où elle mourut en 1510.

CORNARO (Louis), né à Venise vers 1462, mort en 1566. Cet homme s'était livré jusqu'à l'âge de 40 ans à tous les genres d'excès et avait contracté les maladies les plus graves : se voyant menacé d'une mort prochaine, il résolut de changer complètement de régime, et vécut avec la plus grande sobriété, réduisant sa nourriture à 12 onces d'aliments par jour. Il réussit par ce genre de vie, non-seulement à se guérir de tous ses maux, mais à prolonger sa vie jusqu'à cent ans, et même au delà selon quelques uns. Voulant faire profiter ses semblables de cette heureuse expérience, il composa, à l'âge de 80 ans, un traité sur les avantages de la sobriété, Discorsi della vita sobria (Padoue, 1558). Ce livre a obtenu un très grand succès. Il a été traduit en latin par Léon Lessius, Anvers, 1613 et en français par La Bonardière, 1701, et par plusieurs autres.

CORNE d'Abondance. V. ABONDANCE.

CORNE D'OR. V. CONSTANTINOPLE.

CORNEILLE (S.), centurion romain, fut baptisé par S. Pierre à Césarée en Palestine, l'an 40 de J.-C. L’Église célèbre sa fête le 2 février.

CORNEILLE (S.), pape, élu en 250 ou 251, eut pour adversaire Novatien, qui se fit élire par ses partisans. Corneille fut exilé par l'empereur Gallus à Centum Cellæ (Civita-Vecchia), et y mourut après un an et trois mois de Pontificat. On le fête le 16 septembre.

CORNEILLE (Pierre), le père de la tragédie française, né à Rouen en 1606, mort en 1684, était fils d'un avocat général et fut d'abord destiné au barreau; mais il préféra le théâtre. Il débuta par des comédies qui, bien qu'oubliées aujourd'hui, eurent alors beaucoup de succès (Mélite, 1629; Clitandre, 1632, etc.). En 1635, il donna sa première tragédie, Médée, qui annonça ce qu'il devait être. L'année suivante parut le Cid, imitée de Guilhem de Castro : cette pièce excita un enthousiasme universel, mais aussi elle provoqua l'envie; le ministre Richelieu, jaloux du succès du poëte, voulut faire condamner la pièce par l'Académie. Corneille ne se vengea qu'en produisant de nouveaux chefs-d'œuvre : Horace et Cinna, tous deux en 1639, Polyeucte (1640), Pompée (1641), Rodogune (1646). Le succès de ces nouvelles œuvres fit taire la critique; Richelieu, renonçant à une rivalité ridicule, fit obtenir au poëte une pension, et l'Académie, qui l'avait critiqué, l'admit dans son sein (1647). Après Rodogune, Corneille commença à décliner. Affligé de la chute de Pertharite (1653), il s'éloigna pendant quelques années du théâtre. Il employa ce temps de retraite à traduire en vers l’Imitation de J.-C. Cependant les instances de ses amis le déterminèrent à rentrer dans la carrière; il produisit alors Œdipe (1659), Sertorius (1662), Othon (1664), où l'on retrouve de belles scènes; mais son génie s'éclipsa entièrement dans Agésilas (1666), dans Attila (1667), et dans quelques autres pièces, dont la dernière, Suréna fut jouée en 1674. Outre ses tragédies, Corneille avait donné en 1642 le Menteur, que l'on regarde comme la meilleure comédie qui eût paru jusque-là. On a en outre de lui des Mélanges poétiques (1632), des Discours sur l'Art dramatique, l’Examen de ses pièces fait par lui-même, l’Imitation de J.-C. en vers, 1656 (cet ouvrage a eu jusqu'à 40 éditions), et quelques autres poésies pieuses. Ce poëte, que ses contemporains eux-mêmes ont à juste titre nommé le Grand Corneille, est le vrai créateur de l'art dramatique en France; on admire surtout en lui l'énergie, le sublime; mais on lui reproche de l'enflure, de la subtilité et des disparates choquantes. Ce grand homme était extrêmement simple dans ses mœurs et dans ses manières, et brillait peu dans la conversation. Il pratiquait toutes les vertus domestiques : il resta toujours uni avec son frère, Th. Corneille, et vécut avec lui. La 1re édition estimée des œuvres de P. Corneille est celle que donna son frère Th. Corneille, Paris, 1706, 10 vol. in-12. Voltaire les publia de nouveau en 1764 (au profit d'une nièce de Corneille), 12 vol in-8, avec des Commentaires, où il montre quelquefois une grande sévérité. Palissot fit paraître en 1802 une édition complète, avec des observations sur les commentaires de Voltaire. MM. Didot ont publié, de 1855 à 1860, une nouvelle édit. de P. Corneille, avec des Commentaires d'Aimé Martin. On doit à M. Marty-Laveaux l'éd. la plus complète, 1863 et ann. suiv., 12 vol. in-8. Fontenelle a donné la Vie de P. Corneille (dont il était le neveu) ; Gaillard, Victoria Fabre, l’Éloge de Corneille; J. Taschereau, l’Hist. de la Vie et des ouvrages de P. Corneille, 1829 et 1855; M. Guizot, Corneille et son temps. Rouen lui a élevé une statue.

CORNEILLE (Thomas), frère du préc., né à Rouen en 1625, mort en 1709, travailla comme son frère pour le théâtre, et fut après lui le meilleur poëte dramatique de la France jusqu'à la venue de Racine. Il a fait des comédies et des tragédies, dont quelques-unes eurent un succès prodigieux, dû surtout à un style facile et à une certaine entente de la scène. Celles de ses tragédies qui sont le plus estimées sont : Timocrate (1656), Stilicon (1660), Camma (1661), Ariane (1672), Essex (1678). Parmi ses comédies, qui presque toutes sont imitées de l'espagnol, on connaît surtout le Festin de Pierre (1673). Th. Corneille a traduit en vers les Métamorphoses d'Ovide, et a composé un Dictionnaire des Arts et des Sciences, pour servir de Supplément au Dictionnaire de l'Académie, 1694, ainsi qu'un Dictionnaire universel géographique et historique, 1708. Il succéda à son frère à l'Académie française (1685), et fut reçu aussi à l'Académie des inscriptions. Ses œuvres dramatiques se trouvent avec celles de son frère; elles ont été aussi publiées à part en 1682, 1722, 1738, 5 v. in-12, etc.

CORNÉLIE, mère des Gracques, était fille de Scipion l'Africain et femme du consul Tib. Sempronius Gracchus. Veuve de bonne heure, elle se consacra à l'éducation de ses fils, et se fit admirer par ses vertus autant que par la noblesse de son caractère. Un roi d’Égypte, Ptolémée Physcon, lui proposa, dit-on, de l'épouser; mais elle rejeta ses offres, trouvant plus glorieux d'être la veuve d'un Romain que l'épouse d'un roi. Une dame de la Campanie, après avoir fait étalage devant elle de ses bijoux, désirait qu'à son tour elle lui laissât voir ses richesses; elle fit alors venir ses fils : « Voilà, dit-elle, mes bijoux et mes ornements. » On lui éleva de son vivant une statue de bronze, au bas de laquelle était cette inscription : A Cornélie, mère des Gracques.

CORNÉLIE, femme de Pompée et fille de Métellus Scipion, suivit son mari dans sa fuite après la bat. de Pharsale, le vit massacrer sous ses yeux dans le port d'Alexandrie et se réfugia en Chypre.

CORNÉLIENNE (maison), Cornelia gens, une des plus anc. familles patriciennes de Rome, se divisa en un grand nombre de branches dont les principales sont les Lentulus, les Scipions, les Céthégus, les Dolabella, les Cossus, les Rufinus. V. ces noms.

CORNÉLIUS NÉPOS, écrivain latin du Ier siècle av. J.-C, fut lié avec Cicéron, Atticus et Catulle. Il avait composé plusieurs ouvrages historiques qui étaient fort estimés des anciens; il nous reste seulement sous son nom les Vies des grands capitaines de l'Antiquité; cet opuscule paraît même n'être qu'un abrégé de l'ouvrage original, qui était beaucoup plus étendu; on l'attribue avec vraisemblance à Æmilius Probus, grammairien du temps de Théodose. Les éditions les plus estimées sont l'édition princeps, Venise, 1471; celles de Bosius, 1806; de Roth, 1841; de Monginot, 1868. Cornélius a été plusieurs fois traduit en franç., notamment dans les coll. Panckoucke et Nisard.

CORNET (Nicolas), 1592-1663, théologien français, fut un des principaux adversaires du Jansénisme; Bossuet a prononcé son Oraison funèbre.

CORNÉLIUS SEVERUS, poëte latin, contemporain d'Ovide, fut enlevé par une mort prématurée. Il reste de lui un fragment sur la Mort de Cicéron. On lui a attribué le poëme de l’Etna; mais Wernsdorf pense que cet ouvrage est de Lucilius Junior.

CORNETO, Cornetum, v. de l'Italie, à 17 kil. N. de Civita Vecchia; 2500 hab. Évêché. — Près de là est la célèbre mine d'alun de la Tolfa. Aux env., ruines de Tarquinies, où l'on a récemment trouve des hypogées, avec vases, mosaïques, etc.

CORNO (mont). V. GRAN-SASSO.

CORNOUAILLES, Dumnonii des anciens, Cornubia, Cornu Galliæ, en anglais Cornwall; comté d'Angleterre, à la pointe S. O. de l'île, est partout baigné par la mer, sauf à l'E., où il est borné par le comté de Devonshire : 139 kil. sur 75; 340 000 hab. Ch.-l. Bodmin et Launceston. Sol maigre, qui ne produit guère que des pommes de terre; pâturages. Riches mines d’étain et de cuivre; antiquités druidiques. On parlait encore à Cornouailles il y a 3 siècles un dialecte dérivé du celtique. — A l'extrémité S. O. du comté et à 7 kil. N. du cap Land's-end, est le cap de Cornouailles.

CORNOUAILLES, petit pays de France qui faisait partie de la Basse-Bretagne ; ch-l. Quimper. Il se trouve auj. partagé entre les dép. du Finistère, du Morbihan et des Côtes-du-Nord. — On donnait aussi le nom de Cornouailles à la ville même de Quimper-Corentin et à l'évêché dont elle était le siége.

CORNOUAILLES (NOUV.-), New-Corwall, pays de l'Amérique du Nord, sur la côte occidentale, s'étend de 54° à 58° lat. N. La partie septentr. appartient aux Russes et la partie méridionale aux Anglais : celle-ci est comprise dans la Nouv.-Calédonie. Behring aperçut la côte du Nouv.-Cornouailles en 1741 ; mais elle ne fut explorée qu'en 1775, par les Espagnols Juan d'Ayola, Juan de la Bodega et Quadra.

CORNUBIA, Cornwall, lieu de la Grande-Bretagne anc., à l'extrémité S. O. de l'île, chez les Dumnonii. Les Bretons (que commandait Ambrosius, père d'Arthur) y furent défaits par le Saxon Cerdic en 508.

CORNUEL (Anne Bigot, dame), femme célèbre par son esprit, avait épousé un trésorier de la guerre qui la laissa veuve en 1650. Elle mourut en 1694, dans un âge avancé. Mme de Sévigné et Tallemant des Réaux citent d'elle une foule de traits et de reparties piquantes, qui étaient recueillis avec empressement et passaient de bouche en bouche.

CORNUS, ch.-l. de cant. (Aveyron), à 24 kil. S. E. de Ste-Affrique ; 1000 hab. Fabriques de feutres.

CORNUTUS (L. Annæus), stoïcien, natif de Leptis en Afrique, précepteur et ami de Perse, qui lui adressa sa 5e satire, fut exilé par Néron, à cause de la liberté avec laquelle il avait jugé ses vers. On a de lui un petit traité de la Nature des Dieux, en grec, publié sous le nom de Phurnutus; il se trouve dans les Opuscula mythologica, de Gale, Cambridge, 1671, et a été publ. à part par F. Osann, Gœtt., 1845.

CORNWALLIS (Charles MANN, marquis de), général anglais, né en 1738, se distingua dans la guerre d'Amérique, seconda avec talent et courage le général en chef Clinton; se signala aux combats de Germantown (Pensylvanie) et de Redbank (New-Jersey) en 1777, et eut la principale part à la prise de Charleston en 1780. Mais en 1781, Lafayette le força à mettre bas les armes avec 8000 hommes, à Yorktown, ce qui le fit rappeler. Nommé en 1786 gouverneur du Bengale, il fit avec succès la guerre à Tippou-Saïb et devint en 1802 gouverneur général de l'Inde. Il mourut à Calcutta en 1805. Ses Lettres ont été publ. par C. Ross, 3 vol. in-8, Lond., 1859.

CORO, v. du Venezuela, ch.-l. de la prov. de Coro, par 67° 20' long. O., 11° 24' lat. N.; 12 000 hab. Un peu de commerce. Fondée en 1527; ville épiscopale et capitale du Venezuela jusqu'en 1636, époque à laquelle le siége du gouvernement fut transféré à Caracas. — La prov. a env. 50 000 hab.

COROCORO, v. de Bolivie, à 320 kil. E. de Tacna (Pérou), 12 000 h. Mines de cuivre.

CORŒBUS, fils de Mygdon, à qui Priam avait promis sa fille Cassandre, vint au secours des Troyens contre les Grecs : vainement averti par Cassandre du sort qui le menaçait, il refusa de se retirer, et fut tué. — Éléen, fut le premier proclamé vainqueur aux jeux olympiques lors de leur restauration, l'an 776 av. J.-C.

COROGNE (LA), Coruna en espagnol, Magnus Portus chez les anciens, v. forte d'Espagne (Galice), ch.-l. de la prov. de même nom, sur la baie de Betanços, à 495 kil. N. O. de Madrid; 23 000 hab. Excellent port militaire, 4 châteaux; écoles d'artillerie et de pilotage, arsenal royal, et autres établissements pour la marine. Cigares renommés. Pêche de la sardine. La Corogne fut prise par les Français en 1809 et en 1823. — La prov., formée d'une partie de l'anc. Galice, compte env. 512 009 hab.

COROMANDEL (côte de), côte orientale de l'Inde en deçà du Gange, s'étend, dans la partie mérid. du golfe de Bengale, de la riv. de Kistnah au cap Calymère. C'est sur cette côte que se trouvent Madras, Pondichéry, Tranquebar. Navigation très-dangereuse de janvier en avril.

CORON, Corone ou Colonis, v. de l'État de Grèce, en Morée, sur la côte occid. du golfe de Coron (jadis golfe de Messénie), à 20 kil. E. de Modon; 8000 hab. Petit port. Archevêché. Prise par les Français en 1828 sur Ibrahim-pacha.

CORONÉE, Coronea, v. de Béotie, sur la r. dr. du Phalarus, à l'O. d'Haliarte et au S. O. de Chéronée. Agésilas y remporta sur l'armée combinée d'Athènes, d'Argos, de Corinthe, de Thèbes et des Locriens, une victoire signalée, en 394 av. J.-C.

CORONELLI (Marc Vincent), géographe vénitien, de l'ordre des Mineurs, fut appelé à Paris sous Louis XIV, et y exécuta deux grands globes de 4m de diamètre, l'un terrestre, l'autre céleste, qui sont auj. à la Biblioth. impériale. Il a en outre donné Roma antica e moderna et une Description de la Morée, trad. en fr. en 1686. Il manque d'exactitude.

CORPS, ch.-l. de cant. (Isère), sur le Drac, à 58 kil. S. E. de Grenoble; 1038 hab.

CORPS LÉGISLATIF, assemblée représentative établie en France par la constitution de l'an VIII, et qui, avec le Tribunat, remplaçait le Conseil des Cinq-Cents. Le Corps législatif était originairement composé de 300 membres électifs; il votait les lois au scrutin secret après les avoir entendu discuter contradictoirement par les orateurs du gouvernement et par les Tribuns. Le tribunat ayant été supprimé en 1807, le Corps législatif continua de voter sans débat préalable les lois présentées par le Conseil d'État. En 1814 le Corps législatif fut remplacé par la Chambre des députés, et son nom disparut jusqu'en 1852, qu'il fut rétabli. Aujourd'hui, les membres de ce corps sont élus par le suffrage universel. Il discute les projets de loi et l'impôt.

CORRÈGE (Ant. ALLEGRI, dit LE), célèbre peintre italien, fondateur de l'école lombarde, né à Correggio dans le Modénais en 1494, mort en 1534, passa la plus grande partie de sa vie à Parme et en Lombardie. Il est le premier qui ait osé peindre des figures dans les airs, et il est celui qui a le mieux entendu l'art des raccourcis et du clair-obscur; son genre est toujours suave et gracieux. Deux de ses plus beaux tableaux, un S. Jérôme de 2m de hauteur, peint sur bois, et un Christ détaché de la croix, sont au Louvre. On dit que sa vocation se révéla à la vue d'un tableau de Raphaël; il s'écria aussitôt : « Et moi aussi, je suis peintre. »

CORREGGIO, v. de l'Italie septentr., à 13 kil. N. E de Reggio; 5000 hab. Patrie du Corrège.

CORRÉGIDOR, c.-à-d. Correcteur, magistrat d'Espagne et de Portugal, est le premier fonctionnaire dans les villes où ne siége pas un gouverneur : il est à la fois juge, administrateur, et chef du corps municipal.

CORRÈZE, riv. de France, naît dans l'arr. d'Ussel (Corrèze), arrose les v. de Corrèze, Tulle, Brives, et tombe dans la Vézère après un cour de 90 kil.

CORRÈZE (dép. de la), un des dép. du centre, entre ceux du Puy-de-Dôme, de la Creuse, de la Haute-Vienne, au N.; du Cantal, du Lot, de la Dordogne, à l'E. : 5947 kil. carrés; 310 118 hab.; ch.-l., Tulle. Il est formé d'une partie du Limousin. Montagnes au N. : houille, fer, plomb argentifère, cuivre; marbre, albâtre, granit, porphyre, etc. Sol peu fertile : seigle, avoine, maïs, un peu de froment; beaucoup de châtaignes, de noix et autres fruits; huile de noix; morilles, truffes; prairies artificielles. Belle race de chevaux et de mulets; gros lainages; tissus de coton, dentelles; forges (ancres pour la marine, etc.). Peu de commerce; nombreuses émigrations (surtout d'ouvriers maçons). — Ce dép. a 3 arr. (Tulle, Brives, Ussel), 29 cantons et 393 communes ; il dépend de la 21e division militaire, de la cour de Limoges, et a un évêché à Tulle.

CORRÈZE, ch.-l. de cant., dans le dép. de la Corrèze, à 14 kil. N. E. de Tulle; 1800 hab.

CORRIENTES, v. du Rio-de-la-Plata, ch.-l. de l'État de même nom, au confluent du Parana et du Paraguay, par 61° 6' long. O., 27° 27' lat. S.; 15 000 hab. Commerce actif, agriculture florissante. — L'État, entre le fleuve Parana et les prov. Cisplatine, Entre-Rios et Cordova, compte env. 100 000 hab., la plus grande partie indigènes.

CORSE (île de), Cyrnos et Corsica, île de la Méditerranée qui forme un dép. français, entre l'Italie au N. et à l'E., et l'île de Sardaigne au S., n'est séparée de celle-ci que par un détroit resserré dit Bouche de Bonifacio. Elle a 240 kil. de long sur 90 de large, et 750 de circonférence; 252 889 hab.; ch.-l. Ajaccio. De la Corse dépendent plusieurs petites îles environnantes, celles de Giraglia, del Cavallo, de Lavezzi, les Sanguinaires, etc. Une chaîne de montagnes élevées traverse la Corse du nord au sud : les points culminants sont le monte Rotondo, qui s'élève à 2763m au-dessus de la mer, et le monte d'Oro, à 2652m. Le Golo, le Tavignano, le Liamone, le Gravono, le Valinco, sont les principaux cours d'eau. Le climat est assez sain en général; mais le sirocco, vent du S. E., et celui du S. O., le libeccio, sont très-dangereux. En outre, l'île renferme de nombreux marais, qui vicient l'air; mais on travaille à les dessécher. Sol fertile, mais mal cultivé; grandes forêts, nombreux machis, bois d'arbustes presque impénétrables; beaucoup de châtaigniers, très-beaux oliviers, orangers, citronniers; vins excellents. On a fait d'heureux essais pour naturaliser en Corse l'indigo, le lin, le chanvre, le tabac, le coton, le café, la canne à sucre. Chèvres en immense quantité. Pêche de corail, sardines, thons, etc. Peu d'industrie. Les Corses sont sobres, hospitaliers, braves, énergiques; ils ont une grande indépendance de caractère; mais ils sont vindicatifs à l'excès : chez eux les haines se transmettent par héritage; ces haines de famille sont appelées par eux vendette. L'administration s'est attachée récemment à en prévenir les effets. — Le dép. se divise en 5 arr. (Ajaccio, Bastia, Calvi, Corte, Sartène), 61 cantons et 335 communes; il compose la 17e division militaire, a une cour impériale à Bastia, un évêché et un vice-rectorat à Ajaccio.

La Corse porta d'abord les noms de Thérapné et de Cyrnos; elle fut colonisée par les Phéniciens et par les Phocéens : ceux-ci y fondèrent, au VIe s. av. J.-C., la v. d’Aleria. Carthage y eut de bonne heure des établissements ; Rome enleva file aux Carthaginois en 237 av. J.-C., mais elle eut à combattre les soulèvements continuels des indigènes. La Corse entière s’était révoltée en 163 av. J.-C. ; elle fut alors soumise par Juventius Thalna. Sous l’empire, elle ne fut guère qu’un lieu d’exil (V. SÉNÈQUE). Après les Romains, les empereurs Grecs, les Vandales, les Goths, les Lombards, Charlemagne, la possédèrent. Elle devint à peu près indépendante après Charlemagne. Dans la suite, les papes s’en déclarèrent souverains. En 1092, Urbain II la céda aux Pisans : Gênes leur disputa cette concession, et, après diverses tentatives qui échouèrent, elle finit par s’emparer de l'île à la suite de la vict. de la Melona, en 1284. En 1553, les Français, en guerre avec les Génois, envahirent la Corse et la soumirent presque tout entière ; mais ils la leur rendirent peu après et le traité de Cateau Cambrésis leur en garantit la possession. Mais après les trois révoltes de 1735, 1741 et 1755 (V. NEUHOFF et PAOLI), Gênes, ne pouvant dompter ce peuple rebelle, vendit ses droits à la France moyennant 40 millions. Le traité fut signé le 15 mai 1767, et le 15 août de la même année Louis XV rendit l’édit de réunion ; mais la prise de possession effective n’eut lieu qu’en 1768 (V. MARBEUF). Les Corses, à l’instigation de Paoli, se donnèrent aux Anglais en 1793, mais ceux-ci furent expulsés en 1796. Sous le gouvernement des Génois, la Corse était divisée en 10 juridictions et quatre fiefs. En 1790 elle fut partagée en deux dép., le Golo et le Liamone. En 1811, les deux dép. furent réunis. Patrie de Sampietro, d’Ornano, des Paoli et des Bonaparte. M. J. M. Jacobi a donné une Hist. générale de la Corse, 1835.

CORSE (Cap), pointe N. de la Corse. Bons vins.

CORSE (Cap-), par corruption pour Cape-Coast, établissement anglais en Afrique, sur la Côte d’Or, par 5° lat. N. 4° long. O. ; 1200 h. presque tous indigènes. Grand commerce de poudre d’or et d’ivoire. Fondé par les Portugais en 1610, il appartient aux Anglais depuis 1661.

CORSEUL, bourg des Côtes-du-Nord, à 4 k. O. N. O. de Dinan ; 400 h. Antiquités romaines. On pense que près de là était la cité des Curiosolites.

CORSICA, île de la Méditerranée, auj. la Corse.

CORSINI, famille de Florence, a fourni plusieurs hommes d’État et plusieurs dignitaires de l’Église entre autres le pape Laurent Corsini (Clément XII).

CORSINI (Édouard), savant antiquaire, né en 1702 à Fanano (Modène), mort en 1765 à Pise, entra dès sa jeunesse dans l’ordre des Clercs réguliers des Écoles pies, dont il devint général ; enseigna la philosophie, puis les belles lettres à Pise. Ses principaux ouvrages sont : Fasti Attici, Florence 1474-1761 ; Dissertationes agonisticæ, 1747, où il traite des jeux olympiques, pythiques, etc. ; De Nummis Arsacidarum, 1754 ; De præfectis urbis Romæ, 1763. Il a aussi écrit sur la philosophie et les mathématiques.

CORSINS ou CAORCINS, V. LOMBARDS.

CORTE, Cenestum, ch.-l. d’arr. (Corse), vers le centre de l'île, à 60 k. N. E. d’Ajaccio ; 5762 h. Tribunal, école Paoli. Commerce de vins et de blés. Château fort ; monument de Paoli.

CORTEREAL (Gaspard), navigateur portugais, explora en 1500 la côte N. E. de l’Amérique, parcourut le Labrador, le Canada, encore inconnus, et pénétra dans le golfe St-Laurent. Il entreprit en 1501 un voyage dans les mêmes parages, cherchant un passage au N. de l’Amérique, mais on ne le revit pas. — Son frère, Miguel de C., partit en 1502 pour aller à sa recherche, mais il ne revint pas non plus.

CORTEREAL (Ieronimo), poëte portugais, né vers 1525, mort en 1593, servit d’abord dans la marine, et commanda une escadre dans l’Inde en 1571 ; puis il se fixa à la cour avec le titre de gentilhomme privé. On a de lui le Siége de Diu, Lisb., 1574, et un poëme touchant, intitulé Le Naufrage de Sépulvéda, publié après sa mort en 1593, et trad. en fr. par Ott. Fournier, 1844. Il a aussi écrit un poëme espagnol, l’Austriada, en l’honneur de don Juan d’Autriche, le vainqueur de Lépante.

CORTÈS (c.-à-d. Cours, Chambres). On nomme ainsi en Espagne et en Portugal les assemblées chargées de discuter les lois et de voter l’impôt.

En Espagne, elles se composent de deux chambres, la Chambre des proceres (pairs), où siégent les prélats, les grands d’Espagne et un certain nombre de citoyens distingués ayant un revenu de plus de 15 000 fr. ; et la Chambre des procuradores (députés), dans laquelle peut être admis tout Espagnol âgé de 30 ans, et possesseur d’un revenu de plus de 3000 fr. Les députés sont élus pour 3 ans. Le souverain convoque et dissout les Cortès. — L’origine des Cortès est aussi ancienne que celle de la monarchie, mais elles ne se composèrent d’abord que des seigneurs et des prélats ; la bourgeoisie n’y fut admise qu’au XIe siècle. Leur autorité, très-grande d’abord, surtout en Aragon, diminua peu à peu devant les accroissements du pouvoir royal, depuis la réunion de la Castille et de l’Aragon par le mariage d’Isabelle et de Ferdinand le Catholique (1469), et surtout depuis le règne de Charles Quint. À cette époque, les Cortès, qui s’étaient révoltées sous la conduite de Jean de Padilla, furent vaincues à Villalar (1522). Ces assemblées cessèrent dès lors d’être convoquées, ou elles ne le furent que pour recevoir les ordres absolus du souverain. En 1810 les Cortès furent rétablies ; elles publièrent en 1812 une constitution célèbre, modelée sur notre constitution de 1791 ; mais en 1814 Ferdinand VII abolit les Cortès. Rétablies en 1820, après l’insurrection de Riégo, elles furent de nouveau anéanties par l’expédition française de 1823. Enfin, après la mort de Ferdinand VII (1833), les Cortès furent rétablies ; sous le gouvernement des deux reines Christine et Isabelle, elles ont augmenté de plus en plus leur autorité. Elles sont aujourd’hui régies par la constitution de 1845.

En Portugal, les Cortès se composent également de deux chambres ; les membres de la 1re sont à vie et héréditaires ; ceux de la 2e sont électifs, et la durée de leurs fonctions est de 4 ans ; ils doivent posséder un revenu de 2400 fr. au moins. — Alphonse I, 1er roi de Portugal, convoqua dans Lamego les premières Cortès de ce roy. (1145) ; sous ses successeurs elles ne furent guère réunies que dans les circonstances critiques, ou lorsqu’il s’élevait quelques difficultés pour la succession au trône. En 1821, les Cortès convoquées par Jean VI publièrent, à l’exemple de Cortès espagnoles, une constitution nouvelle ; cette constitution fut abolie deux ans après. Don Pedro, en 1826, au moment d’abdiquer en faveur de sa fille, rendit aux Cortès une partie de leurs privilèges. Méconnus encore pendant l’usurpation de don Miguel (1828-33), ces privilèges ont été de nouveau confirmés à l’avènement de dona Maria.

CORTEZ (Fernand), capitaine espagnol, conquérant du Mexique, né en 1485 à Médellin dans l’Estramadure, d’une famille noble. Il passa en 1504 dans les Indes occidentales, qui étaient alors pour les Espagnols une source de gloire et de richesses. En 1518, Vélasquez, gouverneur de Cuba, le mit à la tête d’une flotte qu’il destinait à la découverte de nouvelles terres, et en 1519 Cortez aborda près de Tabasco dans le Mexique. Les Indiens de cette ville se soumirent aussitôt à lui, et il marcha sur la capitale du pays, Mexico, qui lui avait ouvert également ses portes et où l’empereur Montezuma le reçut comme son maître. Vélasquez, jaloux de ses succès, envoya alors contre lui une flotte nombreuse : mais elle fut battue, et Cortez vainqueur ne s’occupa plus qu’à conquérir tout le Mexique. Il y parvint en peu de temps ; mais il eut à comprimer de terribles insurrections, et souilla sa conquête par d’horribles cruautés : pour garantie de la soumission des Mexicains, il avait gardé Guatimozin, gendre et héritier de Montezuma : il ne tarda pas à mettre ce prince à mort. Charles-Quint, en récompense des services de Cortez, l’avait nommé gouverneur du Mexique ; mais il fut peu après calomnié par des envieux et rappelé. Avant de quitter l’Amérique, il avait découvert la Californie et la mer Vermeille, 1535. Il mourut en 1547 en Espagne, pauvre et délaissé. L’Histoire de Cortez a été écrite en espagnol par Antonio de Solis, et trad. par Citry de La Guette. Piron a composé une tragédie de Fernand Cortez ; Jouy et Spontini ont donné un bel opéra sous le même titre.

CORTONE, Corythus, puis Cortona, v. de la Toscane, à 93 k. S. E. de Florence ; 5000 h. Évêché. Vieux château, ruines antiques. Académie étrusque, bibliothèque, cabinet d’histoire naturelle, musée d’antiquités étrusques. Patrie du peintre Cortone. — Avant d’avoir été soumise par les Romains, elle formait une des 12 villes de la Confédération étrusque.

CORTONE (Piétro BERETTINI, dit Pierre de), peintre italien, né en 1596 à Cortone en Toscane, mort en 1669, se créa un genre à part par la hardiesse de ses conceptions : décora plusieurs chapelles à Rome, ainsi que le palais Barberini ; puis vint à Florence, où il peignit les plafonds du palais Pitti ; enfin fournit à Louis XIV des projets d’achèvement du Louvre et des Tuileries. On l’a appelé le premier des peintres décorateurs. On voit de lui au Louvre la Réconciliation de Jacob et d’Esaü, la Nativité de la Vierge, et une Ste Catherine.

CORTORIACUM, auj. Courtray (Belgique).

CORTOT (Jean Pierre), statuaire, né à Paris, en 1787, mort en 1843, remporta en 1809 le grand prix, fut envoyé à Rome, et fut nommé, en 1825, membre de l’Institut et professeur à l’École des beaux-arts. Il a exécuté une foule d’ouvrages, la plupart pour des établissements publics, parmi lesquels on remarque : Ste Catherine, pour la ville de Rouen ; Louis XIII, pour la Place Royale, à Paris ; la Captivité de Louis XVI, bas-reliefs pour le Palais de justice ; les statues colossales de Brest et de Rouen, pour la place de la Concorde ; Casimir Périer, au Père-Lachaise ; le Soldat de Marathon, aux Tuileries ; le Fronton de la Chambre des députés, qu’il ne termina qu’en 1841, et qui lui valut la croix d’officier de la Légion d’honneur.

CORVEY, v. des États prussiens (Westphalie), à 65 kil. S. E. de Minden, sur le Weser : 5300 h. Évêché. — Corvey était la plus anc. et l’une des plus riches abbayes de Bénédictins de l’Allemagne. Elle fut fondée par Louis le Débonnaire qui y envoya pour l’organiser plusieurs moines de Corbie en Picardie : ce qui lui fit donner le nom de Nouv.-Corbie. L’abbé de Corvey devint prince d’Empire du cercle de Westphalie. En 1794, il obtint la dignité épiscopale. En 1803, l’abbaye fut sécularisée et donnée au prince d’Orange ; en 1807, son territoire fut incorporé au roy. de Westphalie ; en 1815, il échut à la Prusse.

CORVIN (Mathias), roi de Hongrie, fils de Jean Hunyade, fut élu en 1458, à l'âge de 15 ans, et mourut en 1490. Comme guerrier et comme législateur, il fut l’homme le plus marquant de son temps. Attaqué continuellement par l’Autriche, la Bohême, la Pologne, par les vayvodes de Transylvanie, de Moldavie et de Valachie, il fit face à tous ses ennemis et les repoussa tous. Il fut le boulevard de la chrétienté contre les Turcs, qui tentèrent inutilement de lui enlever la Moldavie et la Valachie. Il donna de sages lois à ses sujets, et, pour répandre parmi eux les lumières, appela des savants d’Allemagne, de France et d’Italie, fonda une université à Bude, y réunit une vaste et magnifique bibliothèque, construisit un observatoire, et importa l’art typographique.

CORVISART (J. Nic., baron), médecin de la Faculté de Paris, membre de l’Institut, né à Dricourt (Ardennes) en 1775, mort en 1821, fut nommé professeur de clinique en 1795, lors de la création de l’École de santé (École de médecine), et en 1797, professeur au Collége de France, et contribua beaucoup par son enseignement et ses écrits à faire fleurir les études médicales. Bonaparte le choisit pour son médecin. On a de lui un Essai sur les maladies du cœur, 1806, et plusieurs traductions.

CORYBANTES, prêtres de Cybèle, célébraient le culte de la déesse avec un grand tumulte, faisant retentir l’air du bruit des tambours, frappant leurs boucliers avec des lances, dansant et agitant leur corps comme des frénétiques, et poussant des hurlements, comme pour pleurer la mort d’Atys, le favori de Cybèle. Ils étaient Phrygiens et pour la plupart mutilés. Selon la Fable, ils furent chargés avec les Curètes de veiller sur Jupiter enfant. Ils paraissent se confondre avec les Galles. Leur nom vient probablement du grec korybantion, petit casque, tiare, parce qu’ils portaient un casque en forme de tiare.

CORYCUS, auj. Kurco ou Kara-Hissar, v. de la Cilicie Trachée, au pied du mont Corycus et au N. E. du cap Sarpédon, célèbre par une belle grotte, dédiée à Pan et aux Nymphes.

CORYTHE, Corythus, nom primitif de CORTONE.

COS, île de la mer Égée, près de la côte O. S. O. de l’Asie-Mineure, en face de la Carie ; 10 000 h. Temples célèbres d’Esculape et de Vénus. Patrie d’Hippocrate, Épicharme, Apelle. Longtemps indépendante ; soumise aux Romains sous Vespasien. Au moyen âge, elle appartint aux chevaliers de Rhodes, à qui les Turcs l’enlevèrent. Les Turcs l’appellent Stanco.

COSA, Ansedonia, v. de l’Étrurie, au N. de PortUs Herculis Cosani (auj Porto-Ercole). Murs cyclopéens.

COSAQUES, population russe en partie nomade, descend d’un mélange de Slaves et de Tartares et est disséminée dans diverses parties de l’empire. On distingue : 1o les Cosaques du Don, sur les rives du Don, dans la Russie mérid. ; 2o les Cosaques de la Petite Russie, qui forment trois groupes : les C. de l’Ukraine (subdivisés eux-mêmes en C. Zaporogues, C. de la mer Noire et Slobodes) ; les C. de Tchougouïef et les C. du Boug. Les Cosaques sont d’une taille moyenne et d’une constitution robuste ; l’ensemble de leur physionomie rappelle le type tartare : cavaliers habiles, guerriers hardis, pillards déterminés, ils forment une cavalerie légère irrégulière terrible pour l’ennemi. On a aussi organisé quelques régiments réguliers de Cosaques qui font partie de la garde impériale russe. Le chef général des Cosaques prend le nom d’hetman ; il est nommé par l’empereur. Du reste les Cosaques ont leurs lois et leurs institutions propres et ne se gouvernent que par elles. — Les Cosaques paraissent pour la 1re fois dans l’histoire vers le milieu du XVe siècle. Depuis 1516, les Cosaques de l’Ukraine, réunis en corps divers, formèrent pour l’Europe un cordon militaire contre les Tartares et les Turcs : ils se mirent d’abord au service des Polonais ; mais, mécontents de la domination polonaise, ils se révoltèrent en 1638, sous l’hetman Powluck, et en 1647 sous Chmielnicki. Vaincus à Berestek, ils furent traités durement par les Polonais ; un grand nombre d’entre eux passèrent alors aux Russes (1654-1657). Les démembrements de la Pologne achevèrent de les mettre sous l’empire de la Russie. Néanmoins, pendant longtemps encore, ils supportèrent impatiemment le joug de ces nouveaux maîtres et se soulevèrent plus d’une fois, notamment sous Pierre le Grand, époque à laquelle le célèbre Mazeppa, qui était alors hetman de l’Ukraine, s’allia avec Charles XII. En 1828 et en 1829, les Cosaques de la mer Noire voulurent se déclarer indépendants, mais l’empereur Nicolas les dompta. Les Cosaques du Don se soumirent à la domination russe depuis la destruction des roy. d’Astrakhan et de Kazan. Ils sont moins civilisés que les Cosaques de l’Ukraine. V. ZAPOROGUES, DON, UKRAINE, etc.

COSENZA, Consentia, v. d’Italie (anc. roy. de Naples),ch.-l. de la Calabre Citérieure, au confluent de Bussento et de Crati, à 248 kil. S. E. de Naples ; 10 000 hab. Archevêché, belle cathédrale, collége royal ; académie scientifique. Patrie de Télésio. — Jadis capit. du Brutium. Les Romains la soumirent ; Annibal, aidé des Lucaniens, s’en empara. Alaric, roi des Goths, qui l’assiégeait, mourut devant ses murs et fut enterré par ses soldats dans le lit du Bussento (412). Les Sarrasins, puis les Normands la ravagèrent. Ces derniers s’y établirent en 1130.

COSETANI, peuple de Tarraconaise, au S. E. des Lacetani, entre l’Èbre et le Rubricatus (Llobregat).

COSMAS, surnommé Indicopleuste, c.-à-d. navigateur dans l’Inde, marchand d’Alexandrie qui vivait au VIe siècle, voyagea vers 519 en Orient, puis quitta le commerce et se fit moine. Il reste lui une Topographie chrétienne (publiée par Montfaucon, 1707), écrite vers 536, où il établit le système le plus bizarre sur la figure de la terre : il lui donne la forme d’une cage dont le ciel formerait le toit. On y trouve une description assez exacte de Ceylan.

COSME (S.), patron des chirurgiens, né en Arabie, pratiquait la médecine à Éges en Cilicie, ainsi que son frère, S. Damien ; tous deux exerçaient leur art gratuitement. Ils souffrirent ensemble le martyre sous Dioclétien, en 303 ou 310. On les fête le 27 sept. — Il se forma en France au XIIIe siècle, sous l’invocation de ce saint, une confrérie de chirurgiens, dite de Saint-Cosme, qui pendant longtemps partagea l’enseignement et la pratique de la chirurgie avec la Faculté de Paris.

COSME (Jean BASEILHAC, dit Frère), habile chirurgien, né en 1703 à Pouy-Astruc près de Tarbes, mort en 1781, vint exercer à Paris et fut attaché à l’Hôtel-Dieu. Il jouissait déjà d’une grande réputation lorsqu’il prit l’habit chez les Feuillants (1729) ; on lui donna le nom de frère Jean de St-Cosme. Il fonda à ses frais à Paris un hospice pour les pauvres où il les soignait lui-même. Il pratiqua surtout avec succès la taille latérale ; on lui doit le lithotome caché, la sonde à dard, et plusieurs autres instruments. Il publia en 1779 une Méthode d’extraire la pierre.

COSME DE MÉDICIS. V. MÉDICIS.

COSNAC, bourg du dép. de la Corrèze, à 7 kil. de Brive. Patrie de l’abbé de Cosnac et de Cabanis.

COSNAC (Daniel de), prélat courtisan, né vers 1630 au château de Cosnac en Limousin, mort en 1708, fut attaché fort jeune à la maison du prince de Conti en qualité de gentilhomme, décida le prince à faire sa paix avec la cour, obtint en récompense l’évêché de Valence quoiqu’il n’eût que 24 ans (1654), devint peu après aumônier de Monsieur, frère du roi, déplut à ce prince par les efforts même qu’il fit pour le ramener au bien et le rapprocher de Madame, et fut, sur la demande du prince, enfermé au For-l’Évêque. Il rentra cependant en grâce et fut nommé en 1687 archevêque d’Aix. Il a laissé des Mémoires, qui n’ont été publiés qu’en 1852, par le comte Jules de Cosnac. Ces mémoires, écrits par un homme d’esprit, qui avait été mêlé à toutes les intrigues de la cour, offrent un vif intérêt.

COSNE, Condate, ch.-l. d’arr. (Nièvre), sur la Loire et le Nouain, à 60 k. N.O. de Nevers ; 4967h. Trib., collége. Coutellerie, clouterie, quincaillerie. Principal entrepôt des forges du dép.

COSSÉ-BRISSAC. V. BRISSAC.

COSSÉ-LE-VIVIEN, ch.-l. de cant. (Mayenne), à 19 kil. N. O. de Château-Gonthier ; 1649 hab.

COSSÉIR, v. de la Haute-Égypte, sur la côte O. de la mer Rouge, par 31° 44′ long. E., 26° 7′ lat. N. ; 2000 h. Point de communication entre l’Inde, l’Arabie et l’Égypte : beaucoup de pèlerins s’y embarquent pour la Mecque. Il s’y trouve une rade, mais pas de port. Près de là, ruines de Myos Hormos.

COSSUS (SERV. CORNELIUS), tribun militaire, tua de sa main dans une bataille, Tolumnius, roi des Véiens, et remporta ainsi les secondes dépouilles opimes, 436 av. J.-C. Il les consacra dans le temple de Jupiter Férétrien. — Aulus Corn. COSSUS, dictateur en 384 av. J.-C., repoussa les Volsques, et déjoua les complots de Manlius Capitolinus.

COSTAR (l’abbé), né à Paris en 1603, mort en 1660, était fils d’un libraire. Quoique prêtre, il vécut dans le monde et même d’une manière assez dissipée. On a dit de lui qu’il était le pédant le plus galant et le galant le plus pédant de son temps. Il connaissait bien les lettres grecques, latines, italiennes, était lié avec Balzac, Voiture, et fréquentait l’hôtel de Rambouillet. Il a laissé : Défense des ouvrages de Voiture, 1653 ; Entretiens de Voiture et Costar, 1654 ; des lettres, écrites d’un style fort guindé ; un Recueil des beaux endroits de Martial, avec un Traité sur l’épigramme, posth., 1689, et des Mémoires des gens de lettres célèbres.

COSTA-RICA, c.-à-d. côte riche, république de l’Amérique centrale, entre le Nicaragua au N., le Grand Océan au S. et au S. O., la mer des Antilles et la Colombie à l’E. ; 280 kil. sur 130 ; env. 250 000 h. ; capit., San-José. Climat très-chaud, cacao, tabac, etc. On y trouve des mines d’or et d’argent, ce qui lui a valu son nom. — Costa-Rica, sous la domination espagnole, dépendait du Guatemala. Ce pays se rendit indépendant de l’Espagne en 1821, entra en 1824 dans la Confédération de l’Amérique centrale et se constitua en république indépendante en 1840.

COSTE (Pierre), traducteur, né à Uzès en 1668, de parents protestants, passa sa jeunesse en Angleterre, revint ensuite en France et mourut à Paris en 1747. Il a trad. la plupart des ouvrages de Locke : le Christianisme raisonnable, 1695 ; l’Éducation des enfants, 1698 ; l’Essai sur l’entendement humain, 1700 ; l’Optique de Newton, 1722 ; l’Usage de la raillerie de Shaftesbury, 1710 ; il a donné des éd. avec notes de Labruyère, 1720, Montaigne, 1724, La Fontaine, 1730. Ses trad. sont exactes, mais son style est lourd et traînant.

COSTER (J. Laurent), né vers 1370, mort en 1439, était sacristain à Harlem et se fit imprimeur. Quelques écrivains hollandais lui ont attribué l’invention de l’imprimerie ; cette opinion a été victorieusement réfutée par Lambinet (Origine de l’imprimerie, 1810), et par A. Renouard (Bibl. d’un amateur, 1819).

CÔTE DES DENTS ou D’IVOIRE, partie de la Guinée supérieure, sur l’Atlantique, entre l’Assinie à l’E. et le cap Palmas à l’O., s’étend de 9° 50′ à 6° long. O. Elle est ainsi nommée de la grande quantité de dents d’éléphant qu’on s’y procure. Les Français y ont le comptoir du Grand Bassam.

CÔTE DES ESCLAVES, partie de le Guinée supérieure, sur l’Atlantique, entre la côte d’Or à l’O. et le Bénin à l’E., s’étend de 3° long. O. à 1° long. E. On y voyait jadis un grand nombre d’établissements, européens qui faisaient la traite ; ils ont disparu depuis l’abolition de ce trafic.

CÔTE DES GRAINES, ou DU POIVRE, ou DE MALAGUETTE, partie de la Guinée supérieure, sur l’Atlantique, au S. E. de la côte de Sierra-Leone, et à l’O. de celle des Dents, s’étend de 12° 30′ à 9° 50 long. O. Elle doit son nom à sa fertilité. On y cultive beaucoup d’épices, surtout une sorte de poivre que les indigènes appellent malaguette.

CÔTE D’OR, territoire de la Guinée supérieure, entre la côte des Dents à l’O. et celle des Esclaves à l’E. Beaucoup de sable aurifère. Les Anglais et les Hollandais y ont de riches établissements.

CÔTE D’OR, chaîne de collines en France, naît au S. O. de Dijon, s’étend au S. et traversé les dép. de la Côte-d’Or et de Saône-et-Loire, séparant les eaux de la Seine de celles de la Saône et de la Loire ; hauteur : de 350 à 600m. Cette côte est riche en excellents vignobles, ce qui lui a valu son nom.

CÔTE-D’OR (dép. de la), entre ceux de l’Aube au N., de Saône-et-Loire au S., de la Nièvre, de l’Yonne à l’O., de la Haute-Saône, du Jura, à l’E. ; 8770 k. carrés ; 384 140 hab ; ch.-l., Dijon. Il est formé de la partie septentrionale de l’anc. Bourgogne. On y trouve la Côte-d’Or, petite chaîne de mont. d’où le dép. prend son nom. La Seine, l’Armançon, la Tille, l’Ouche, l’Arroux, y prennent leur source. Fer, houille, marbres, tuf, gypse, pierres de taille, tourbe, etc. Sol pierreux ; vignobles célèbres, qui produisent des vins délicieux et très-variés (Chambertin, Clos-Vougeot, la Romanée, Nuits, Beaune, Pomard, etc.) ; céréales, légumes, fruits ; superbes forêts. Chevaux de petite race, gros bétail. Beaucoup d’usines à fer ; fabriques de clous, aciers. Commerce de bois, et surtout de vins, vinaigres, eaux-de-vie, huile de graine, moutarde ; faïence, papier, tissus de coton, etc. — Le dép. a 4 arr. (Dijon, Beaune, Semur, Châtillon-sur-Seine) ; 36 cant., 727 comm. Il appartient à la 7e divis. militaire, dépend de la cour impériale et du diocèse de Dijon.

CÔTE-RÔTIE, coteau du dép. du Rhône, près d’Ampuis, sur les bords du Rhône (r. dr.), à 26 k. S. de Lyon. Vins rouges excellents.

CÔTE-SAINT-ANDRÉ, ch.-l. de cant. (Isère), à 35 k. S. E. de Vienne ; 4092 hab. Station du chemin de fer du Midi. C’était jadis une place forte. Liqueur renommée, dite Eau de la Côte.

COTELIER (J. B.), érudit, né à Nîmes en 1627, mort en 1686, fut chargé avec Ducange, en 1667, de dresser le catalogue des mss. de la Bibliothèque du roi et fut nommé en 1676 professeur de grec au Collége de France. On lui doit : Patres ævi apostolici, Paris, 1672, 2 vol. in-fol. ; Monumenta ecclesiæ græcæ, 1677-86, 3 vol. in-fol., recueils précieux par la rareté des pièces que l’on y trouve, dont plusieurs inédites, et par la parfaite exactitude de l’éditeur.

COTENTIN, Unelli, Constantinus pagus au moyen âge, partie de la Basse-Normandie, forme une presqu’île bornée au N. et à l’O. par la Manche, au S. par l’Avranchin, à l’E. par le Bessin, le Bocage et la mer ; 80 kil. sur 40 ; ch.-l., Coutances, qui lui donne son nom. Autres v. : Granville, Carentan, St-Wast, Barfleur, Cherbourg. Beaux pâturages, beurre excellent, beaux chevaux, excellent bétail, dit de prés salés, volaille fine, etc. Le Cotentin forme auj. la plus grande partie du dép. de la Manche.

COTEREAUX. V. BRABANÇONS.

COTES (Roger), mathématicien anglais, professeur d’astronomie et de physique expérimentale, né en 1682, à Cambridge, mort en 1716, à la fleur de son âge. On lui doit : une éd. des Principia de Newton, avec une préface excellente, où il rend compte de la méthode suivie par l’auteur, Cambridge, 1713 ; Harmonia mensurarum, publié en 1722 par Robert Smith, son successeur dans sa chaire ; Leçons sur l’équilibre des liquides, Lond., 1737, trad. par Lemonnier, 1740. Il est l’auteur d’un théorème de géométrie qui porte encore son nom. Sa Correspondance avec Newton a été publiée à Londres, en 1853.

CÔTES-DU-NORD (dép. des), dép. maritime de la France, sur la Manche, entre ceux du Finistère à l’O., d’Ille-et-Vilaine à l’E., du Morbihan au S. ; 7367 kil. carrés ; 628 676 hab. ; ch.-l., St-Brieuc. Il est formé de la partie N. O. de l’anc. Bretagne. Montagnes granitiques peu élevées ; fer, plomb, ardoises, serpentine, marbre, etc. Beaucoup de terres à bruyères et de landes ; pâturages ; grains, fruits à cidre. Petits chevaux très-bons, gros bétail, moutons. Toiles dites de Bretagne, de Quintin, de Languenan, et toiles communes ; tanneries, parchemineries, papeteries ; cidre et eau-de-vie de cidre. Commerce actif. — Le dép. a 5 arr. (St-Brieuc, Dinan, Guingamp, Lannion, Loudéac) ; 48 cant., 375 communes. il appartient à la 16e division militaire, dépend de la cour impériale de Rennes et fait partie du diocèse de St-Brieuc.

COTHB-EDDYN (Mohammed), prince turc, gouverneur du Kharizm pour les sultans sedljoucides, se rendit indépendant et devint le chef de la dynastie des Kharizmiens, qui remplacèrent les Seldjoucides. Il mourut en 1127. — Le nom de Cothb-Eddun, qui veut dire pôle de la religion, a été porté par plusieurs autres princes et par plusieurs écrivains, dont un, mort en 1580, est auteur d’une Hist. de l’Yémen et d’une Hist. de la Mecque, analysées par S. de Sacy (Notices et extraits des Mss.).

COTIGNAC, ch.-l. de cant. (Var), à 15 kil. N. E. de Brignoles ; 3000 hab. Soie organsinée. Commerce de vin, soie, figues, fruits secs, confitures estimées, surtout celles de coing. Aux env. est Notre-Dame-des-Grâces, fondée en 1519, but de pèlerinage. Louis XIV, au retour de son entrevue avec Philippe IV, s’y rendit, en 1659.

COTIN (l’abbé), poëte et prédicateur, né à Paris en 1604, mort en 1681, fut aumônier du roi, conseiller, se fit de son temps une assez grande réputation par ses sermons, ses poésies et son érudition, et fut admis en 1655 à l’Académie française. Il n’est guère connu auj. que par les railleries de Boileau et de Molière (qui l’a mis en scène dans les Femmes savantes, sous le nom de Trissotin). On a de lui un Recueil d’énigmes, en vers, 1646 ; des Rondeaux, 1650 ; des Œuvres galantes, 1663-65 ; la Ménagerie, sat. contre Ménage, 1666, etc.

COTOPAXI, volcan de l’Amérique du Sud, dans les Andes, par 0° 45' lat. S., à 80 kil. S. E. de Quito. Il forme un cône régulier et s’élève à une hauteur de 5904m. Éruptions fréquentes et terribles.

COTRONE, l’anc. Crotone, v. et port d’Italie, dans l’anc. roy. de Naples (Calabre Ultér. 2e), à 49 k. E. N. E. de Catanzaro, et à l’emb. de l’Esaro dans la mer Ionienne ; 4500 hab. Évêché. V. CROTONE.

COTTA (M. Aurélius), consul l’an 74 av. J.-C. Chargé un moment de la guerre contre Mithridate, il prit Héraclée dans le Pont, mais il se fit ensuite battre sur mer et sur terre et fut à son retour mis en jugement et privé des insignes de sénateur. — G. Aurélius Cotta, orateur distingué, frère du préc., consul en 75 av. J.-C. Banni par Marius, il fut rappelé par Sylla. Cicéron le met en scène dans le De Oratore, et lui fait honneur des observations sur l’art oratoire que contient cet ouvrage.

COTTA (J. Frédéric), baron de Cottendorf, libraire allemand, né à Tubingue en 1764, mort en 1832, d’une famille ancienne qui prétendait descendre des Cotta de Rome, prit en 1787 la direction de la maison de librairie fondée par sa famille à Tubingue en 1645, eut à la fois plusieurs établissements florissants à Tubingue, Munich, Augsbourg, Stuttgard ; forma de grandes entreprises qui eurent un plein succès, et mérita d’être surnommé le Napoléon de la librairie. Il fonda le journal les Heures (avec Gœthe et Schiller) ; la Gazette universelle, à laquelle coopérèrent les plus grands écrivains de l’Allemagne ; le Journal Polytechnique, pour les sciences et l’industrie, et introduisit en Bavière la presse a vapeur ainsi que la navigation à vapeur. Il fut longtemps le patron des gens de lettres de l’Allemagne, fonda l’Institut artistique et littéraire de Munich, et fut chargé par le gouvernement de Wurtemberg de plusieurs missions auprès du Directoire et de Napoléon.

COTTE (Robert de), architecte parisien, 1656-1735, élève d’H. Mansard, fut membre, puis directeur de l’Académie d’architecture et intendant des bâtiments de Louis XIV. Il a construit l’abbaye des Bénédictins de St-Denis (auj. maison de la Légion d’honneur), St-Roch, le grand autel de Ne-De, etc.

COTTEREAU. V. CHOUANS et BRABANÇONS.

COTTIENNES (ALPES), V. ALPES et COTTIUS.

COTTIN (Sophie RISTAUD, dame), née en 1773 à Paris, morte en 1807, se maria dès l’âge de 17 ans à un riche banquier de Bordeaux, qui la laissa veuve à 20 ans, et vint passer le reste de sa vie à Paris. Elle cultiva les lettres par goût et sans avoir d’abord l’intention de rien publier. On a d’elle des romans pleins de sensibilité et d’intérêt : Claire d’Albe, Malvina, Amélie de Mansfield, Mathilde, Élisabeth ou les Exilés de Sibérie ; ils ont été réunis par A. Petitot, en 1817, 5 vol. in-8. Mme Cottin distribuait en aumônes le produit de ses écrits,

COTTIUS, petit prince de la Gaule Cisalpine, vivait au temps d’Auguste. Il avait reçu de son père, Donnus, un petit État indépendant qui se bornait à la vallée de Suse. Auguste le reçut dans son alliance et agrandit ses domaines. Après sa mort (56 de J.-C.), ses États furent réunis à l'empire et formèrent plus tard la plus grande partie de la prov. des Alpes maritimes. Ce prince avait fait tracer la route dite de Cottius (auj. du mont Cenis); on a pour ce motif donné son nom aux Alpes Cottiennes.

COTTON (Pierre), jésuite, né en 1564 à Néronde (Loire), mort à Paris en 1629, fut appelé à la cour de Henri IV par le maréchal de Lesdiguières, dont il avait converti la fille (Mlle de Créqui); le roi le prit en 1604 pour confesseur. Le P. Cotton gagna sa confiance et obtint de lui le rappel des Jésuites. Après la mort de ce prince, il fut aussi confesseur de Louis XIII, et conserva ce titre jusqu'en 1617, époque où il alla prêcher dans le midi de la France.

COTTON (sir Robert), antiquaire anglais, né en 1570, mort en 1631, possédait une connaissance particulière des chartes et des droits de la couronne, et rédigea sur ce sujet de savants mémoires, publiés en 1652. Il avait formé une bibliothèque de chartes et de vieux manuscrits que ses héritiers donnèrent à l'État, et qui est connue sous le nom de Bibliothèque Cottonienne.

COTTON (Ch.), poëte burlesque anglais, né en 1630, mort en 1687, a composé un Virgile travesti qui eut jusqu'à 15 éditions, et a traduit plusieurs ouvr. français, entre autres les Essais de Montaigne.

COTYS, nom de plusieurs rois de Thrace et du Bosphore. Le plus connu est Cotys II, roi des Odryses, qui secourut Persée contre les Romains et fut bientôt forcé à demander la paix (167 av. J.-C.).

COTYTTO, déesse de l'impudicité chez les Grecs. Son culte, né en Thrace, passa en Phrygie, et de là en Grèce. Elle avait un temple à Athènes, et des prêtres appelés Baptes. On célébrait en son honneur des cérémonies accompagnées d'horrib. débauches.

COUAMA, fleuve d'Afrique. V. ZAMBÈZE.

COUCHES, ch.-l. de cant. (Saône-et-Loire), à 22 kil. S. E. d'Autun; 3080 hab. Mines de fer.

COUCOURON, ch.-l. de cant. (Ardèche), à 39 kil. N. O. de L'Argentière; 1000 hab.

COUCY, nom de plusieurs bourgs de France; le plus important est Coucy-le-Château, ch.-l. de cant. (Aisne), à 28 kil. S. O. de Laon, près d'une belle forêt. Ruines de l'ancien château fort des sires de Coucy, construit en 1052 par Enguerrand de Coucy ; il en subsiste encore une tour énorme et très-élevée. François Ier rendit à Coucy, en 1535, un édit en faveur des Protestants.

COUCY (Maison de). Deux familles ont porté ce nom: la 1re, qui tire son origine d'un comte de Chartres, en 965, s'est divisée en deux branches, dont l'une s'éteignit en 1213, et dont l'autre, qui prit le nom de Coucy-Vervins, subsiste encore. La 2e famille, issue en 1213 d'Enguerrand de Guines, neveu du dernier sire de Coucy, s'est éteinte en 1400 dans la personne de Marie de Coucy, femme du comte de Bar.

Raoul, châtelain de Coucy, partit en 1191 pour la Terre-Sainte, et périt au siége d'Acre. On dit qu'avant de rendre le dernier soupir, il chargea son écuyer de porter, après sa mort, son cœur à la dame qu'il aimait (que les uns nomment la Dame de Fayel, les autres Gabrielle de Vergy). L'écuyer fut surpris par l'époux au moment où il s'acquittait de sa mission. Celui-ci prit le cœur et le fit manger à sa femme, qui, instruite trop tard de son malheur, jura de ne plus prendre de nourriture et se laissa mourir de faim. Cette aventure a fourni à De Belloy le sujet de sa tragédie de Gabrielle de Vergy. G. A. Crapelet a publié l’Histoire de Coucy et de la dame de Fayel, d'après un ms. de la Bibliothéque impériale, Paris, 1829. On a sous le nom de R. de Coucy 24 chansons, qui ont été publiées en 1830 par Francisque Michel.

Enguerrand III de Coucy, dit le Grand, fut le chef de la ligue formée, pendant la minorité de Louis IX, contre Blanche, mère du jeune roi : c'est lui qui fit bâtir le château de Coucy. On lui attribue cette singulière devise: Roi ne suis, ne prince, ne duc, ne comte aussi; je suis le sire de Coucy.

COUDRAY-SAINT-GERMER, ch.-l. de c. (Oise), à 23 k. O. de Beauvais; 500 h. Dentelle noire.

COUÉRON, Corbilo, bourg de la Loire-Inf., à 13 k. O. de Nantes; 1258 h. Petit port. Kaolin aux env.

COUESNON, riv. de France (Ille-et-Vilaine), baigne Fougères, Antrain, Pontorson, et joint la Manche aux grèves du mont St-Michel. Cours, 95 k.

COUFIQUES (caractères). V. KOUFA.

COUHÉ, ch.-l. de c. (Vienne), à 25 k. N. de Civray; 1400 h. Châtaignes. Stat. du chem. de f. de Bordeaux.

COUISA, ch.-l. de c. (Aude), à 16 k. S. de Limoux ; 885 h. Anc. château du duc de Joyeuse.

COULANGES-LA-VINEUSE, ch.-l. de c. (Yonne), à 11 kil. S. d'Auxerre; 1700 hab. Bons vins.

COULANGES-SUR-YONNE, ch.-l. de cant. (Yonne), à 32 k. S. d'Auxerre: 1100 h. Bois, vins estimés.

COULANGES (Philippe Emmanuel, marquis de), cousin et ami de Mme de Sévigné, né vers 1631, mort en 1716, était conseiller au parlement et vendit sa charge pour se livrer au plaisir. On a de lui un recueil de chansons, 1698, et des Mémoires, suivis de lettres à Mme de Sévigné, publiés par M. de Monmerqué, 1820. — Sa femme fut un des ornements de la cour de Louis XIV. On a d'elle 50 lettres, que l'on joint à celles de Mme de Sévigné. — On connaît encore l'abbé de Coulanges, oncle de Mme de Sévigné, que celle-ci désignait par le surnom de Bien-bon : il eut en effet pour elle l'affection d'un père, administra sa fortune et lui laissa son bien.

COULIS. V. COOLIS.

COULMIERS, vge à 25 kil. d'Orléans (Loiret). Victoire du gén. d'Aurelles de Paladines sur l'armée bavaroise (9 nov. 1870).

COULOMB (Ch. Aug. de), physicien, membre de l'Académie des sciences, ne a Angoulême en 1736, m. en 1806. Il s'est surtout occupé d'électricité et de magnétisme, et a inventé la balance de torsion, avec laquelle il a pu apprécier les attractions et répulsions électriques. On a de lui de savants Mémoires, et des Recherches sur les moyens d'exécuter sous l'eau des travaux hydrauliques, 1779.

COULOMMIERS, Columbaria, ch.-l. d'arr. (Seine-et-Marne), sur le Grand-Morin, à 49 k. N. E. de Melun; 4218 h. Tanneries. Grand commerce de blés et farines pour les marchés de Paris.

COULONGES, ch.-l. de c. (Deux-Sèvres), à 20 k. N. de Niort; 1700 hab. Droguets, molletons, chapeaux, tanneries. Bois de charpente et merrain, laines, vins dits de Saintonge.

COUMASSIE, v. de Guinée, capit. des Achantis, par 4° 32' long. O., 6° 34' lat. N.; 15 000 hab. (100 000 au temps des marchés). Grand entrepôt, commerce avec Kachena et Tombouctou.

COUPANG, v. de l'île de Timor (Sonde), au S. O., sur une baie du même nom. Commerce d'or, d'opium, de bois de sandals etc. Un gouverneur hollandais y réside.

COUPÉ (J. M. L.), abbé, né à Péronne en 1732, mort à Paris en 1818, professa la rhétorique au collège de Navarre, puis fut nommé censeur royal et conservateur à la Bibliothèque du Roi. Il a traduit le Théâtre de Sénèque, 1795, et a publié sous le titre de Soirées littéraires (1795-1801) un recueil en 20 vol. qui contient des traductions d'Hésiode, de Théognis, de Phocylide, à'Alcée, à'Alcman. etc.

COUPTRAIN, ch.-l. de c. (Mayenne), à 31 k. N. E. de Mayenne; 500 h.

COUR, COUR des AIDES, d'APPEL, d'ASSISES, des COMPTES, etc. V. ces mots au Dict. Univ. des Sciences.

COURANTS (cap des), promontoire d'Afrique, à l'entrée du canal de Mozambique, au S. de l'emb. de l'Inhambane, par 23° 50' lat. S. et 33° 45' long. E., est ainsi nommé d'un courant qui, de la côte de Madagascar, se porte vers ce cap avec impétuosité.

COURBEVOIE, ch.-l. de c. (Seine), sur la r. g. de la Seine, à 7 kil. O. de Paris, près de Neuilly; 10 553 h. Station du chemin de fer de Versailles. Caserne d'infanterie, école protestante.

COURCELLES, vge près de Metz, où se livra un des combats du siège (août 1870).

COURCELLES-LE-COMTE, bourg du Pas-de-Calais, à 9 k. N. O. de Bapaume; 820 hab.

COURÇON. V. COURSON.

COURIER (Paul Louis), né à Paris en 1772, servit d'abord dans l'artillerie, fit plusieurs campagnes en Italie et arriva au grade de chef d'escadron, mais quitta le service en 1809, pour jouir de son indépendance et se livrer aux lettres. Il s'est distingué à la fois comme helléniste et comme écrivain politique. Il découvrit dans la Bibliothèque Laurentine à Florence un exemplaire complet du roman de Daphnis et Chloé de Longus, roman dans lequel était restée jusque-là une lacune, et il en donna une nouvelle édition, avec la traduction d'Amyot, qu'il compléta dans le même style (1810). On lui doit en outre le traité de Xénophon Sur la Cavalerie, 1813, l’Âne de Lucius de Patras, texte grec et traduction française, avec notes, 1818; et quelques autres travaux d'érudition. Comme écrivain politique, il excella dans le pamphlet et combattit avec l'arme du ridicule, dans le style le plus caustique, les mesures rétrogrades de la Restauration; il se cacha quelquefois sous le nom de Paul Louis, vigneron. Courier mourut en 1825, dans sa terre de Véretz (Indre-et-Loire), assassiné par un de ses garde-chasse. A. Carrel a publié ses œuvres complètes en 4 v. in-8, 1829-30.

COURLANDE, Couronia en latin moderne, gouvt de la Russie d'Europe, entre ceux de Livonie, Vitebsk, Minsk, Vilna et la mer Baltique; 400 k. sur 150; 500 000 h.; ch.-l., Mittau. Sol gras et argileux; lin, blé, etc. Fer, plâtre, eaux minérales et thermales; ambre. Côtes très-poisonneuses. — La Courlande, très-peu connue jusqu'au XIIIe siècle, fut conquise par l'Ordre Teutonique de 1243 à 1247. Lors de la sécularisation de la Livonie, elle devint un duché vassal de la Pologne et héréditaire dans la maison des Kettler (1561-1737). A l'extinction de cette maison, Maurice de Saxe, qui avait été désigné par les états de Courlande pour succéder au dernier duc, fut écarté, et la veuve du duc, Anne de Russie, devenue impératrice, donna le duché à Biren, son favori; celui-ci le transmit à son fils Pierre, qui abdiqua en 1795. Catherine II réunit alors la Courlande à l'empire de Russie.

COURMAYEUR, bourg du Piémont, à 28 k. N. O. d'Aoste, au pied du Mont-Blanc; 2600 h. Vue magnifique. Eaux minérales.

COURNAND (Ant. de), né à Grasse en 1747, mort en 1814, entra chez les Oratoriens, quitta l'habit ecclésiastique à la Révolution, et fut nommé en 1784 professeur de littérature française au Collége de France. Ses principaux ouvragés sont : les Styles, en quatre chants (1781); les Quatre Âges de l'homme (1785); Tableau des révolutions de la littérature (1786), et des traductions en vers de l’Achilléide de Stace (1800), des Géorgiques de Virgile (1805). Quoique inférieur à Delille dans ce dernier ouvrage, il lutte souvent avec bonheur contre l'original.

COURONNE. V. ce mot au Dict. univ. des Sc.

COURONNE DE FER (Ordre de la). Il fut créé en 1805 par Napoléon I, agissant comme roi d'Italie, sur le modèle de la Légion d'honneur. La décoration offrait l'effigie de l'antique Couronne lombarde connue sous le nom de Couronne de fer, avec cette devise : « Dieu me l'a donnée, gare à celui qui la touchera »; le ruban était orange, avec liseré vert.

COURPIERRE, ch.-l. de c. (Puy-de-Dôme), à 11 k. S. de Thiers; 3480 h. Eaux minérales.

COURS PLÉNIÈRES, assemblées solennelles où les anciens rois de France convoquaient toute la noblesse et le clergé, soit à l'occasion d'un joyeux avènement, d'un mariage ou de quelque autre solennité, soit pour traiter, au milieu des fêtes et des divertissements, de certaines affaires d'État et rendre la justice. Sous la 2e race, les cours plénières se tenaient aux fêtes de Noël et de Pâques. Sous la 3e, elles se tinrent d'abord plus fréquemment; mais Charles VII les abolit parce qu'elles entraînaient des dépenses trop considérables.

COURSAN, ch.-l. de c. (Aude), sur la r. dr. de l'Aude, à 7 k. N. E. de Narbonne; 1400 h. Station du chemin de fer du Midi.

COURSEGOULES, ch.-l. de c. (Var), à 35 k. N. E. de Grasse; 534 h.

COURSEULLE, petit port du Calvados, à 20 k. N. O. de Caen, à l'emb. de la Seule; 1650 h. Parc aux huîtres, entrepôt de sel.

COURSON, ch.-l. de c. (Charente-Inf.), à 27 k. N. E. de La Rochelle; 1200 h. — Ch.-l. de cant. (Yonne), à 22 k. S. d'Auxerre; 1126 h.

COURT DE GÉBELIN (Ant.), savant, né à Nîmes en 1725, mort à Paris en 1784, fils d'un ministre protestant, vint en 1769 à Paris, et y fut nommé censeur royal. Il s'occupa jusqu'à sa mort de la rédaction d'un ouvrage gigantesque, intitulé le Monde primitif analysé et comparé avec le monde moderne, 9 vol. in-4, 1773-83. Cet ouvrage, qui est resté inachevé, comprend un traité de Mythologie (l'auteur y explique la religion païenne par des allégories), une Grammaire universelle, l’Histoire naturelle de la parole, l’Histoire du calendrier, et des Dictionnaires étymologiques des langues grecque, latine et française; il s'y montre ingénieux, mais il met trop souvent son imagination à la place des faits. Il publia en 1776 un Abrégé de l'histoire de la parole. Peu avant sa mort, il eut recours au magnétisme animal pour rétablir sa santé, et en éprouva du soulagement : il publia à cette occasion une Lettre sur le magnétisme animal (1784), qui fit grand bruit.

COURTELARY, bourg de Suisse (Berne), à 36 k. N. O. de Berne, au centre du val St-Imier; 1500 h. Patrie de Nicolas Béguelin. Ce bourg, qui fit jadis partie de l'évêché de Bâle, passa à la France qui le garda jusqu'en 1815; il fut à cette époque réuni au canton de Berne.

COURTENAY, ch.-l. de c. (Loiret), dans l'ancien Gâtinais, à 26 kil. de E. de Montargis; 2641 h. Serges, draps. Domaine de l'antique maison de Courtenay.

COURTENAY, maison illustre, originaire du château de Courtenay en Gâtinais (Loiret), remonte au Xe siècle. Elle s'allia à la maison royale de France en 1150 par le mariage de Pierre de France, 7e fils de Louis le Gros, avec Élisabeth de Courtenay. Cette maison se distingua dans les croisades : elle compta deux comtes d'Édesse, Josselin I (1131), et son fils, Josselin II (1149), et plusieurs empereurs de Constantinople : Pierre de Courtenay (1216), déjà comte d'Auxerre et de Hainaut, qui mourut avant d'avoir pu prendre possession de sa nouvelle couronne; Robert (1219), 2e fils du préc., qui fut chassé de Constantinople par ses sujets en 1228; et Baudoin II, frère de Robert, sous lequel Constantinople fut reprise par les Grecs (1261). Baudoin mourut en Italie en 1273. La petite-fille de ce prince, Catherine de Courtenay, épousa en 1300 Charles de Valois, fils de Philippe le Hardi, ce qui fit passer à la maison de France les domaines des Courtenay. Quant aux branches cadettes, elles se multiplièrent à l'infini; une d'entre elles donna naissance à la famille anglaise des comtes de Devon : elle a pour chef Jean de Courtenay, seigneur de Chevillon, qui s'établit en Angleterre en 1644. — En France, les Courtenay s'éteignirent en 1730.

COURTÉPÉE (Claude), historien, né à Saulieu en 1721, mort en 1782, était prêtre; et fut régent, puis sous-principal au collége de Dijon. On a de lui : la Description historique et topographique du duché de Bourgogne, Dijon, 1774-85, 2 vol. in-8, ouvrage fort estimé, qui a été réimprimé en 1846-48, et dont il a donné lui-même un abrégé.

COURTHÉSON, bourg du dép. de Vaucluse, sur l'Ouvèze, à 18 kil. N. E. d'Avignon ; 3322 hab. Patrie de Joseph Saurin.

COURTILZ DE SANDRAS (G.), né à Montargis en 1644, mort en 1712, capitaine au régiment de Champagne, quitta le service en 1788, se rendit en Hollande pour y faire imprimer des ouvrages, qui pour la plupart ne sont que des romans historiques ou des pamphlets, rentra en France en 1702, fut mis à la Bastille pour des publications scandaleuses et y resta 9 ans. Parmi ses nombreux écrits, on remarque une Histoire de la guerre de Hollande (1672-77), La Haye, 1689, et les Mémoires de M. d'Artagnan, 1700, où Alex. Dumas paraît avoir puisé les matériaux des Mousquetaires.

COURTOIS (Jacques), dit le Bourguignon, peintre de batailles, né en 1621 dans la Franche-Comté (qui faisait partie des États de Bourgogne), passa en Italie la plus grande partie de sa vie et s'y lia avec le Guide et l'Albane. Il suivit pendant trois ans une armée afin d'étudier les marches, les siéges, les campements : aussi ses tableaux sont-ils d'une vérité frappante. Ayant eu des chagrins domestiques, Courtois entra chez les Jésuites à 37 ans ; il mourut à Rome dans une maison de leur ordre, en 1676. On estime surtout parmi ses ouvrages la Bataille d'Arbèles, Moïse en prière pendant le combat des Amalécites, un Choc de cavalerie au passage d'un pont. — Son frère, Guillaume, 1628-1679, eut aussi du mérite, quoiqu'il lui soit inférieur, surtout par le coloris. Le Louvre a de lui Josué arrêtant le soleil. Sa manière se rapproche de celle de P. de Cortone, dont il avait reçu les conseils.

COURTOIS (Edme), conventionnel, né à Arcis-sur-Aube en 1756, mort en 1816, fut envoyé à la Convention par le dép. de l'Aube ; s'y lia avec Danton, se signala par son animosité contre le clergé, fut après le 9 thermidor chargé de l'examen des papiers trouvés chez Robespierre, et fit sur ce sujet, le 16 nivôse en III (janvier 1795), un rapport remarquable, qui est un des documents historiques les plus importants sur la Révolution. Il fut ensuite membre du Conseil des Anciens, puis du Tribunat ; il cessa toute fonction politique sous l'Empire. Plusieurs mois avant sa mort, la police fit enlever de force ses papiers politiques.

COURTOIS (Bernard), chimiste, né à Dijon en 1777, mort en 1838, était fils d'un salpêtrier. Après avoir étudié la chimie, il se livra surtout à l'industrie, et établit en 1804 une nitrière artificielle (fabrique de salpêtre). En traitant les eaux-mères des soudes qu'il employait dans ses fabrications, il y découvrit, en 1812, un corps nouveau qu'il isola, mais dont il laissa l'étude à d'autres. Ce corps, qui a pris depuis une si grande importante dans l'industrie et dans la médecine, est celui auquel Gay-Lussac donna le nom d’iode. Ruiné par la paix, qui ouvrit la France aux salpêtres étrangers. Courtois luttait contre la misère, lorsque l'Académie des Sciences, sur la proposition de Thénard, lui décerna un prix de 6000 francs pour sa découverte.

COURTOMER, ch.-l. de cant. (Orne), près de la Sarthe, à 29 kil. N. E. d’Alençon ; 800 hab.

COURTRAY, Cortoriacum, v. forte de Belgique (Flandre occid.), ch.-l. d'arr., sur la Lys, à 44 kil. S. de Bruges ; 21 000 hab. Joli hôtel de ville gothique, églises St-Martin et Notre-Dame, bourse. Toile renommée, linge de table, dentelles dites fausses valenciennes, étoffes de coton ; huile, etc. — Ville très-ancienne. S. Éloi y prêcha la foi vers 650. Ses env. furent témoins de deux cél. batailles : l'une, dite des Éperons, en 1302 (les Français y furent défaits par les Flamands commandés par Jean, comte de Namur, et par Guillaume de Juliers : on recueillit sur le champ de bataille plus de 4000 éperons dorés qui avaient appartenu aux chevaliers français tués dans le combat); — l'autre, en 1793 (les Français y défirent les Anglais, et entrèrent vainqueurs dans Courtray). Prise et reprise par les Français et les Espagnols, cette ville fut attribuée à la France par le traité d'Aix-la-Chapelle (1648), et rendue à l'Espagne par le traité de Nimègue (1678). Reconquise en 1794, elle devint le ch.-l. d'une sous-préf. du dép. de la Lyss. Elle a été donnée aux Pays-Bas en 1814.

COURVILLE, ch.-l. de cant. (Eure-et-Loir), sur l'Eure, à 18 kil. O. de Chartres ; 1400 hab. Station du chemin de fer. Près de là est le château gothique de Villebon, où mourut Sully.

COUSERANS. V. CONSERANS.

COUSIN (Jean), le Michel-Ange français, né vers 1500 près de Sens, mort en 1590, est regardé par quelques-uns comme le fondateur de l'école française. Il excella à la fois dans la peinture sur verre, la peinture à l'huile et la sculpture, et jouit d'une grande considération sous François I, Henri II et Charles IX. On estime surtout son grand tableau du Jugement universel. Il mêlait souvent dans ses compositions la mythologie païenne aux traditions chrétiennes. Il a laissé : la Vraie science de la pourtraicture, l'Art de desseigner, et le Livre de perspective, traités encore estimés. On voit au Louvre ses bustes de François I, Ph. Chabot, etc.

COUSIN (Louis), dit le Président Cousin, érudit, né en 1627 à Paris, mort en 1707, fut président à la cour des monnaies, puis censeur, et fut reçu en 1697 à l'Académie française. On a de lui : Hist. de Constantinople depuis Justin, 1672, 8 vol. in-4, trad. des principaux auteurs byzantins ; Histoire de l'Église, 1675, 4 vol. in-4, traduite d'Eusèbe, Socrate, Sozomène, etc.; Histoire romaine par Xiphilin, Zonaras et Zosime, 1678 ; Histoire de l'empire d'Occident, 1683, trad. d'Eginhard, Luitprand, Witikind, etc. Il a, par ses publications, éclairé plusieurs des parties obscures de l'histoire.

COUSIN-DESPRÉAUX (Louis), né à Dieppe en 1743, mort en 1818, a publié les Leçons de la Nature (1802 et 1827, 4 vol. in-12), ouvrage de théologie naturelle, imité de Sturm, où il montre partout l'action de la Providence. Il est aussi auteur d'une Histoire de la Grèce, en 16 vol. in-12 (1780-89).

COUSIN D'AVALLON (Ch.), compilateur, né en 1769, à Avallon (Yonne), mort dans la misère, en 1840, mit à la mode les recueils d'anecdotes et bons mots connus sous la désignation d’Ana (Voltairiana, Roussæana, Molierana, etc.), écrivit des histoires de Kléber, Desaix, Pichegru, Moreau, Bonaparte, etc ; coopéra au Dic. historique de Prudhomme et composa des romans ainsi que des ouvr. de circonstance.

COUSIN JACQUES. V. BEFFROY.

COUSSAC-BONNEVAL, vge de la Haute-Vienne, à 9 kil. E. de St-Yrieix; 3013 hab. Usines pour l'exploitation du kaolin et des mines de fer qui sont aux environs. Patrie de Bonneval.

COUSSEY, ch.-l. de cant. (Vosges), à 7 kil. N. de Neuchâteau ; 700 hab.

COUSTANT (dom Pierre), Bénédictin, né en 1654 à Compiègne, m. en 1721, passa presque toute sa vie à l'abbaye de St-Germain-des-Prés, livré à l'étude la plus assidue. Il donna, dans l'édition bénédictine de S. Augustin, les Sermons et les Opuscules, distinguant avec sagacité les écrits authentiques des écrits apocryphes, publia les Œuvres de S. Hilaire (1693, in-f.), une des éditions les plus parfaites qu'on doive aux Bénédictins, et commença la recueil des Lettres des papes, 1721.

COUSTOU (Nicolas), statuaire français, né à Lyon en 1658, mort à Paris en 1733, décora Paris, Versailles et Marly de plusieurs morceaux précieux. Ses chefs-d'œuvre sont Commode représenté en Hercule, à Versailles, le Berger chasseur, la Seine et la Marne, aux Tuileries. — Son frère, Guillaume, se rendit aussi célèbre par le nombre et la beauté de ses ouvrages, dont les principaux sont l'Océan et la Méditerranée, la Seine et la Fontaine d'Arcueil, les 2 Chevaux indomptés des Champs-Élysées. — Le fils de celui-ci, nommé aussi Guillaume, a fait le tombeau du Dauphin, père de Louis XVI, la statue de S. Roch (dans l'église de ce nom), et un Vulcain recevant les ordres de Vénus pour forger les armes d'Énée.

COUTANCES, Constantia, de l'ancien Cotentin, ch.-l. d'arr. (Manche), à 28 kil. S. O. de St-Lô, sur la Soulle; 8062 hab. Évêché, trib., lycée. Belle cathédrale gothique du XIIe siècle, anc. aqueduc (qu'on croit être du XIIIe s.), salle de spectacle, jardin botanique. Coutils, siamoises, dentelles; commerce de grains, volatilles, chevaux, bestiaux. Près de là naquirent l'abbé de St-Pierre et le consul Lebrun.

COUTHON (Georges), né à Orcet en Auvergne (Puy-de-Dôme), en 1756, était avocat à Clermont lorsqu'éclata la Révolution. Député à l'Assemblée législative et à la Convention, il y professa les doctrines les plus violentes. Ami de Robespierre et de St-Just, membre du Comité du Salut public, il appuya toutes les mesures sanguinaires. Envoyé à Lyon après la prise de cette ville, il y établit le règne de la Terreur, et fit démolir les édifices les plus remarquables. La chute de Robespierre entraîna la sienne : Fréron l'accusa de vouloir se faire roi; quelque dérisoire que fût cette accusation, il fut condamné et périt sur l'échafaud le 10 thermidor (1794). Couthon était paralysé des jambes.

COUTO (Diégo de), historien portugais, né à Lisbonne en 1542, mort à Goa en 1616, continua l'ouvrage de Barros sur l’Histoire des Indes, Lisb., 1602-1616, ce qui lui valut le titre d'historiographe et la garde des archives de Goa. On a encore de lui une Vie de Paulo de Lima, et une Réfutation de la Relation d’Éthiopie de L. de Urreta.

COUTRAS, Corterate, ch.-l. de cant. (Gironde), à 16 k. N. de Libourne; 3172 hab. Station du chemin de fer de Bordeaux. Grand commerce de grains pour l'approvisionnement de Bordeaux. Château qu'habitèrent Catherine de Médicis, Henri IV, Marguerite, etc. Henri IV battit à Coutras les Ligueurs commandés par le duc de Joyeuse, en 1587.

COUTURE (Guill.), architecte, né à Rouen en 1732, mort à Paris en 1799, fut reçu en 1775 à l'Académie d'architecture et chargé en 1777 de continuer les travaux de l'église de la Madeleine, commencés par Contant d'Ivry : il éleva la colonnade que l'on admire auj.; mais les événements de la Révolution l'empêchèrent d'achever son œuvre.

COUTURES (J. PARRAIN, baron DES), gentilhomme normand, né à Avranches, mort en 1702, a trad. Lucrèce, 1685, et donné la Morale d'Épicure et la Morale universelle, 1687.

COVARRUVIAS (Diégo), né à Tolède en 1512, professa le droit canon à Salamanque avec une telle réputation qu'on le surnomma le Barthole espagnol, fut nommé par Philippe II à l'évêché de Ciudad-Rodrigo, se rendit au concile de Trente, fut choisi avec Buoncompagno (depuis Grégoire XIII) pour dresser le décret de réformation, et fut, à son retour, nommé évêque de Ségovie. Il mourut en 1577, à 66 ans, président du conseil de Castille.

COVE, v. d'Irlande (Cork), sur la côte S. de l'île de Great-Cove, à 16 kil. S. E. de Cork, dont elle est le port; 7000 hab. Vaste havre, station navale, beaux quais; bains de mer.

COVENANT, c.-à-d. alliance. On désigne spécialement ainsi en anglais une alliance que conclurent en 1858 les Réformés d’Écosse de toute classe pour défendre leur nouvelle religion contre les Catholiques, et particulièrement contre le roi d'Espagne Philippe II, qui armait l’Invincible Armada; ceux qui signèrent le Covenant ou qui en adoptèrent les principes sont connus sous le nom de Presbytériens et de Puritains. En 1638, lorsque Charles I voulut introduire dans les églises d’Écosse la nouvelle liturgie établie par l'évêque Laud, les Presbytériens renouvelèrent le Covenant, et ils formèrent avec le Parlement, en 1643, une alliance qui précipita la chute du roi. Cet acte fut aboli en 1661, après la restaurat. des Stuarts.

COVENTRY, v. d'Angleterre (Warwick), à 16 k. N. de Warwick, sur la Coven, près des canaux d'Oxford et de Coventry; 35 000 hab. Évêché anglican. Églises remarquables. Horlogerie; fabriques de draps, lainages, soieries, rubans, bonneterie, etc. En 1459, pendant la guerre des Deux-Roses, on y tint un parlement contre les chefs de la faction d'York; ce parlement est connu sous le nom de Parliamentum diabolicum. Marie Stuart, reine d’Écosse, fut quelque temps retenue prisonnière dans cette ville. On y voyait autrefois un grand monastère.

COVILHAM (P. de), gentilhomme portugais, fut envoyé en 1487, avec Alph. de Payva, par le roi Jean II à la recherche du Prêtre-Jean (V. ce nom), que l'on supposait en Abyssinie, visita l'Arabie, l'Inde (Calicut, Cananor, Goa), puis les côtes orientales de l'Afrique, pénétra enfin en Abyssinie et y fut bien accueilli du Négus, mais se vit contraint à rester dans ce pays et y finit ses jours : il vivait encore en 1525. Pendant ses voyages il avait acquis la certitude de la possibilité de doubler la pointe de l'Afrique et de parvenir dans l'Inde par cette route : il prépara par là l'expédition de Gama.

COWES, nom de deux petites v. de l'île de Wight, presque contiguës; on les distingue par les noms de West-Cowes et East-Cowes. West-Cowes, la plus importante, est sur la côte septent. de l'île, à 14 k. S. O. de Portsmouth; 4500 h. Port très-commode. Bains de mer. Henri VIII y avait construit un château qui est auj. détruit.

COWLEY (Abraham), poëte anglais, né à Londres en 1618, mort en 1667, fit des vers dès son enfance et publia un premier recueil à 15 ans (les Fleurs poétiques). Pendant la guerre civile, il s'attacha au parti de Charles I, suivit la reine en France, lui servit de secrétaire, et fut chargé de plusieurs missions secrètes, mais il fut mal récompensé de son zèle au retour de Charles II. Cowley a été regardé jusqu'à Milton comme le premier poëte de sa nation. Il brille surtout par l'esprit, mais on trouve chez lui bien des traces du mauvais goût qui régnait alors. On a de lui des Odes pindariques, des poésies d'amour, des satires, des comédies, un poëme épique, la Davidéide, des mélanges, des poésies latines, entre autres un poëme sur les Plantes, en 6 chants. On estime surtout ses odes. Ses œuvres ont été plusieurs fois imprimées, notamment en 1668, en 1700 (par Sprat), in-fol., et en 1802, Londres, 3 vol. in-8. Cependant elles sont peu lues aujourd'hui. Johnson a écrit la Vie de Cowley.

COWPER (W.), poëte anglais, né en 1731 dans le comté d'Hertford, mort en 1800, ne commença à faire des vers qu'à 40 ans. Il était sujet à des accès de mélancolie : c'est dans les intervalles lucides que lui laissait la maladie qu'il composait. On a de lui des hymnes mystiques imités de Mme Guyon, plusieurs petits poëmes, la Tâche, la Retraite, le Sofa, Jean Gilpin, et une trad. envers blancs de l’Iliade et de l’Odyssée (1791, 2 vol. in-4), estimée pour sa fidélité. R. Southey a donné une belle éd. de ses Œuvres, avec sa biographie, 1854. V. COOPER.

COX (sir Richard), historien irlandais, né en 1650, mort en 1733. Protestant zélé, il fut nommé par Guillaume III gouverneur du comté de Cork et lord chancelier d'Irlande; mais il perdit ses emplois à la mort de la reine Anne (1714). On a de lui une Histoire d'Irlande, 1689-1700, qui fut mise à l’Index.

COXE (W.), né à Londres en 1747, mort en 1828, accompagna sur le continent, comme précepteur, plusieurs jeunes gens de grande famille, obtint à son retour des bénéfices avantageux dans l'église anglicane et publia, outre la relation de ses voyages en Suisse, en Pologne, en Russie, etc., des ouvrages historiques estimés : une Histoire de la maison d'Autriche (1807, trad. par F. Henry, 1810) et une Hist. des Bourbons d'Espagne (1813). Il a aussi édité les Mémoires de R. et H. Walpole et ceux de Marlborough.

COYPEL (Noël), peintre français, né à Paris en 1628, mort en 1707, fit un grand nombre de tableaux pour les maisons royales. Membre de l'Académie de Peinture, il en devint directeur en 1665; il fut nommé en 1672 directeur de l'Académie de Rome; sa 1676 1er peintre du roi. Il brilla par le coloris. On cite de lui : la Mort d'Abel, Hercule, Achéloüs, l’Enlèvement de Dejanire, la Naissance de Jupiter. Il a laissé un Traité sur le coloris, 1741. La nature de son talent lui a fait donner le surnom de Poussin. — Ant. Coypel, son fils aîné, 1661-1722, est auteur du Jugement de Salomon et d’Athalie (au Louvre). Il peignit pour le Palais-Royal les princ. scènes de l’Énéide (aujourd'hui détruites); il réussit aussi dans la gravure. — Noël-Nic., autre fils de Noël, 1692-1737, se distingue par un dessin gracieux et correct, par un pinceau moelleux. — Ch. Ant., fils d'Ant., 1694-1732, inférieur aux précédents, a dessiné l'histoire de Don Quichotte. Il joignit le talent d'écrivain à l'art du peintre.

COYSEVOX (Ant.), sculpteur, né à Lyon en 1640, mort en 1720. Ses principaux ouvrages sont : les chevaux ailés qui ornent l'entrée des Tuileries; le Flûteur, une Flore, une Hamadryade, dans le même jardin; plusieurs groupes à Versailles et à Marly; les tombeaux du cardinal Mazarin, de Lebrun et de Colbert, les bustes de Louis XIV et des principaux personnages de la cour. Membre de l'Académie de sculpture et de peinture, il en fut quelque temps chancelier.

COYTHIER (Jacques), médecin de Louis XI, né à Poligny en Franche-Comté, prit un grand ascendant sur l'esprit du superstitieux monarque, lui fit croire que, s'il le congédiait, il mourrait lui-même avant huit jours, et profita de cet ascendant pour arracher au roi des sommes considérables. A la mort de Louis XI, il fut accusé juridiquement de s'être enrichi aux dépens de l'État, mais il conjura l'orage en donnant 50 000 écus au roi Charles VIII.

COZES, ch.-l, de cant. (Charente-Inf.), à 24 kil. S. O. de Saintes; 1900 hab.

COZUMEL, île de la mer des Antilles, sur la côte de l'Yucatan ; 60 kil. sur 20. Découverte par Cortez en 1519. Elle appartient au Mexique.

CRABBE (George), écrivain anglais, né en 1754 dans le Suffolk, mort en 1832, obtint par le crédit de Burke et de lord Rutland plusieurs bénéfices avantageux, et fut en dernier lieu doyen de Trowbridge. Il se distingua comme prédicateur et comme poëte. Il publia en 1807 un Recueil de poésies; en 1810, le Village, poëme; en 1812, des Contes en vers, en 1819, les Contes du château; puis l’Histoire naturelle de la vallée de Belvoir, en prose. On trouve dans ses poésies des descriptions d'une admirable fidélité, mais peu d'invention. On l'a surnommé le Téniers de la poésie et le Poëte du pauvre.

CRACINA, nom latin de l'île de Ré. V. RÉ.

CRACOVIE, Carradunum en latin, Krakov en polonais, Krakau en allemand, v. de l'anc. Pologne, auj. à l'Autriche (Galicie), sur la Vistule, à 248 k. S. de Varsovie; 40 000 hab. Elle a trois faubourgs et communique par un pont avec Podgorze. Évêché catholique, tribunal supérieur, université (qui date de 1364), séminaires. Château fort, murailles et fossés, cathédrale où reposent les restes des rois de Pologne; observatoire, 4 bibliothèques, etc. Industrie active, centre du commerce entre les Polognes russe et prussienne, la Galicie et la Hongrie. — fondée, dit-on, dès le VIIe s. par Cracus. Cracovie fut de 1320 à 1609 la capit. de la Pologne. Lors du 3e partage de la Pologne, 1795, elle échut à l'Autriche; elle fit partie du grand-duché de Varsovie en 1809, devint ville libre en 1810, et enfin en 1815 forma une petite république, sous la protection immédiate de la Russie, de l’Autriche et de la Prusse. Ces trois puissances la déclarèrent à jamais neutre : cependant l'Autriche, prenant prétexte d'un mouvement qui y avait éclaté, l'incorpora à ses États en 1846. — La République de Cracovie avait pour bornes au N. et à l'E. le roy. actuel de Pologne, au S., la Vistule qui la sépare de la Galicie, et à l'O. la Brinica qui la sépare de la Prusse; elle comprenait, outre Cracovie et son territoire, deux petites v. (Claratomba ou Mogila et Krzeszowice), et 77 vges, et comptait 114 000 hab. Le territoire de la république forme auj. le grand-duché de Cracovie, compris dans la Galicie.

CRAGUS, mont. de Lycie, au S. O., très-près de la mer, entre Patare et Telmisse. Cette montagne fut primitivement un volcan. V. CHIMÈRE.

CRAIG (Jean), géomètre, né en Écosse vers 1650, fut un des premiers à introduire en Angleterre le calcul différentiel de Leibnitz (1685). Appliquant le calcul à l'appréciation des témoignages, il prétendait que la force des preuves sur lesquelles repose le Christianisme va toujours diminuant et se réduira à zéro au bout de 3150 env. La dissertation où il soutint ce système est intitulée : Theologiæ christiania principia mathematica, Londres, 1699. Elle a été réfutée en 1755 par J. Daniel Titius.

CRAIOVA, v. de Valachie, à 189 k. O. de Bucharest; 9000 h. Tribun., école centrale. Commerce actif.

CRAMAIL (Adrien de MONTLUC-MONTESQUIOU, comte de), prince de Chabanais, petit-fils du célèbre Montluc, né en 1568, m. en 1646, fut sous Louis XIII l'un des plus écervelés parmi les galants de cour qu'on appelait les Intrépides. Impliqué dans uns conspiration contre le cardinal de Richelieu, il resta 12 ans enfermé à la Bastille (1630-1642). Il s'occupait de littérature, et a publié sous le pseudonyme de Devaux des Caros : Les jeux de l'Inconnu, 1630; la Comédie des Proverbes, 1639; les Nouveaux et illustres Proverbes historiques, 1665.

CRAMER (J. André), minéralogiste allemand, né en 1710 à Quedlinbourg en Saxe, mort en 1777, a fait faire de grands pas à la métallurgie. On a de lui : Elementa artis docimasticæ,Leyde, 1739, trad. par de Villiers, 1755; Principes de métallurgie, 1774.

CRAMER (J. André), littérateur, né en 1723 près d'Annaberg en Saxe, mort en 1788, suivit la carrière ecclésiastique et devint chapelain de la cour à Copenhague, puis professeur de théologie à l'université de cette ville, et enfin à Kiel. Orateur et historien, il est surtout estimé comme poëte lyrique; on admire ses Odes à David, à Luther, à Mélanchthon, et sa trad. des Psaumes. — Son fils, Ch. Fréd., né à Kiel en 1748, mort en 1808, exerça l'état d'imprimeur à Paris, puis se livra à la littérature. Il a trad. en français plusieurs ouvrages de Klopstock, de Schiller, et a fait un dictionnaire allemand-français

CRAMER (Ch. Gottlob), fécond romancier, né en 1758 en Saxe, mort en 1817, a publié plus de 40 romans. Les meilleurs sont Erasmus Schleicher et le Pauvre Georges, trad. par A. Duval, 18Q1.

CRAMER (J. J.), pianiste et compositeur, né en 1771 à Manheim, m. en 1860, eut pour premier maître son père, habile violoniste établi à Londres, reçut ensuite à Vienne des leçons de Clémenti pour le piano, se perfectionna par l'étude approfondie des œuvres de Bach, de Hændel, de Hydn; se fit admirer partout pour la merveilleuse souplesse, la pureté et l'élégante simplicité de son jeu, et créa une grande école à laquelle on peut rapporter Kalkbrenner, Moschelès, Berlini, Chopin, etc. On a de lui des sonates, des rondos, des concertos, et 84 Études, qui sont restées classiques.

CRAMOISY (Sébastien), imprimeur, né à Paris en 1585, mort en 1669, fut le premier directeur de l'imprimerie royale du Louvre (1640); cette direction resta dans la famille jusqu'en 1701. On estime ses éd. de S. Jean Chrysostôme, 1624, 6 v. In-f., de Nicéphore Calliste, 1630, 2 v. in-f. ; des Historiæ Francorum scriptores (de Duchesne), 1636, 6 v. in-f.

CRANACH (Luc ou Lucas de), peintre et graveur allemand, né à Cranach, près de Bamberg, en 1472, mort en 1553, travailla pendant 60 ans pour les électeurs de Saxe, et fut très-lié avec Luther. Il excellait dans le portrait : on remarque, entre autres, ceux de Luther, de l'électeur Frédéric le Magnanime (au Louvre). Quoique d'un mérite éminent, il est inférieur à Albert Durer et à quelques autres de ses contemporains. CRANAÜS, roi fabuleux d'Athènes, qu'on fait régner de 1594 à 1585 av. J.-C., succéda à Cécrops. C'est sous son règne que Neptune et Minerve se disputèrent l'honneur de nommer Athènes. Sa fille Atthis épousa Amphictyon et laissa son nom à l'Attique.

CRANMER (Thomas), archevêque de Cantorbéry, né en 1489 dans le comté de Nottingham. N'étant encore que professeur de théologie à Cambridge, il écrivit en 1530 pour appuyer le divorce de Henri VIII avec Catherine d'Aragon, et fut envoyé par le roi à Rome pour solliciter la dissolution de son mariage. Nommé à son retour archevêque de Cantorbéry, il prononça lui-même le divorce que le pape avait refusé, et confirma l'union de Henri avec A. de Boulen (1532). Il s'éleva violemment contre la primauté du pape, contribua puissamment à introduire le schisme en Angleterre, fit adopter, sous Édouard VI, une nouvelle liturgie, et se maria. A l'avènement de la reine Marie, il fut arrêté comme hérétique : il abjura, dans l'espérance de sauver sa vie, puis il se rétracta lorsqu'il vit qu'il n'avait rien à espérer. Il mourut sur le bûcher en 1556.

CRANON, v. de Thessalie (Pélasgiotide), à l'E. de Pharsale, sur les frontières de la Magnésie. Les Athéniens y furent battus par Antipater et Cratère, l'an 322 av. J.-C.

CRANSAC, bourg du dép. de l'Aveyron, à 35 kil. N. E. de Villefranche; 600 hab. Houille; eaux minérales ferrugineuses acidulés froides. Station du chemin de fer du Midi.

CRANTOR, philosophe académicien, natif de Soles en Cilicie, florissait vers 306 av. J.-C. Il fut disciple de Xénocrate et de Polémon, et enseigna assez fidèlement le système de Platon, qu'altéra après lui la nouvelle Académie. Il s'occupa surtout de morale. Il reste de lui quelques fragments, recueillis par F. Kayser, Leips., 1841. Bleek a écrit sa Vie, Leyde, 1837.

CRAON, Credonensis vicus, ch.-l. de c. (Mayenne), à 20 kil. N. O. de Château-Gonthier; 3813 hab. Lainages; grains, lin, fil. Patrie de Volney. Anc. seigneurie, qui adonné son nom aux seigneurs de Craon.

CRAON, anc. famille de France, connue dès le XIe siècle. Le plus fameux de ses membres est Pierre de Craon, qui, en 1384, accompagna le duc d'Anjou dans son expédition contre le royaume de Naples, et qui se fit chasser de la cour de Charles VI pour ses intrigues et ses débauches. S'imaginant que cette disgrâce était due aux conseils du connétable de Clisson, P. de Craon tenta de l'assassiner (1392) : il fut en punition de ce crime dépouillé de tous ses biens. Son fils périt à la bataille d'Azincourt en 1415. Le dernier représentant de cette maison gouverna quelque temps la Bourgogne sous Louis XI, après la mort de Charles le Téméraire. — A l'extinction de cette famille, la maison de Beauvau prit le titre de Craon parce qu'un de ses membres avait épousé l'héritière du nom.

CRAONNE, ch.-l. de cant. (Aisne), à 17 kil. S. E. de Laon; 900 hab. Napoléon y battit les alliés les 6 et 7 mars 1814. Vins assez estimés.

CRAPELET (Ch.), imprimeur à Paris, 1762-1809, s'est fait un nom par la beauté et la correction de ses éditions, par l'élégance et la pureté de ses caractères. On lui doit des éditions fort estimées de La Fontaine, de Télémaque (1796), de Boileau (1798), les Oiseaux dorés d'Audibert, etc. — Son fils, George Adrien, 1789-1842, a marché sur ses traces, et en outre a marqué comme littérateur. Il traduisit en vers les Noces de Thétis et Pélée de Catulle (1809), fit connaître à la France les recherches bibliographiques de Dibdin, et publia lui-même d'intéressantes Études sur la typographie, ainsi qu'une histoire Des progrès de l'Imprimerie en France et en Italie au XVIe siècle (1836).

CRAPONNE, ch.-l. de cant. (H.-Loire), à 39 kil. N. du Puy; 1300 hab. Dentelles et draperies.

CRAPONNE (canal de), dans le dép. des Bouches-du-Rhône, joint le Rhône à la Durance en partant d'Arles, et par un embranchement communique avec l'étang de Berre en formant une île au-dessous de Salon. Il doit son nom à l'ingénieur Craponne.

CRAPONNE (Adam de), gentilhomme provençal et habile ingénieur, né en 1519 à Salon, fit en 1557 et 1558 le canal qui porte son nom. Des envieux le firent empoisonner a Nantes, en 1559.

CRASSUS (L. Licinius), célèbre orateur romain, né vers l'an 150 av. J.-C., fut l'un des plus éloquents et des plus habiles jurisconsultes de Rome au rapport de Cicéron, qui le met en scène dans son dialogue De Oratore. Il fut consul l'an 96 av. J.-C.

CRASSUS (M. Licinius), triumvir, célèbre par ses richesses, acquises en grande partie aux dépens des victimes des proscriptions de Sylla. Préteur en 71 av. J.-C., il mit fin par une victoire décisive à la guerre de Spartacus. Il fut nommé consul l'année suivante, et se distingua par ses largesses au peuple. L'an 60, il forma, avec Pompée et César, le 1er triumvirat. Il se fit nommer gouverneur de Syrie et charger de la guerre contre les Parthes. La campagne s'ouvrit heureusement : Babylone et Séleucie allaient se rendre à lui; mais ayant laissé à l'ennemi le temps de réunir ses forces, Crassus fut battu complètement à Carrhes par Suréna, général d'Orode, roi des Parthes, l'an 53 av. J.-C. Trente mille Romains restèrent sur le champ de bataille, et Crassus lui-même, qui s'était rendu dans la tente de Suréna pour traiter, fut mis à mort par les ordres de ce général. Plutarque a écrit sa Vie.

CRATÈRE, lieutenant et ami d'Alexandre, sut conserver la faveur de ce prince malgré sa franchise. Après la mort du conquérant, il partagea la direction des affaires d'Occident et eut le commandement de la Macédoine et de l’Épire; il seconda, à la bat. de Cranon (322), Antipater, dont il avait épousé la fille, contribua à la ruine de Perdiccas, et fut tué l'an 321 dans une bat. contre Eumène.

CRATÈS, philosophe cynique, disciple de Diogéne, était Thébain et florissait environ 324 ans av. J.-C.; il eut pour disciple Zenon, fondateur de l'école stoïcienne. Pour mieux suivre les préceptes de Diogène, Cratès avait vendu tous ses biens, et en avait distribué le prix à ses compatriotes. Ce philosophe était contrefait et malpropre; il inspira cependant une telle estime à Hipparchie, riche et belle Athénienne, qu'elle l'épousa, malgré ses propres représentations. Il nous reste sous son nom quelques lettres apocryphes (dans la collection des Epistolæ cynicæ). On ne les connaissait que par une traduction latine, lorsque M. Boissonade en a publié le texte en 1827 (dans la Notice des manuscrits de la Bibliothèque Royale, t. XI).

CRATI, Crathis, riv. d'Italie (Calabre Citérieure), sort des montagnes de la Sila, reçoit le Bussento à Cosenza, et tombe dans le golfe de Tarente, à 20 kil. N. O. de Rossano.

CRATINUS, un des poëtes les plus estimés de l'anc. comédie, né à Athènes vers l'an 525 av. J.-C., mort à 95 ans, est loué par Horace et Quintilien. Il poussa jusqu'à l'excès la hardiesse de ses attaques. On lui attribue l'invention du drame satirique. Il reste de lui quelques fragments réunis par Runkel, Leips., 1827, et par Meinecke, 1839.

CRATIPPE, péripatéticien, né à Mitylène, enseigna d'abord la philosophie dans cette ville, alla ensuite à Athènes, et eut pour disciples le fils de Cicéron et Brutus. Pompée alla le voir après la bat. de Pharsale, et reçut de lui des consolations. Il a écrit sur la Divination et l’Interprétation des Songes.

CRATO, v. murée du Portugal (Alentéjo), à 22 k. N. O. de Portalègre; 3000 hab. C'était la résidence du grand prieur de l'ordre de Malte.

CRATO (prieur de). V. ANTOINE.

CRAU (La), du celtique craigh, amas de pierres, Lapidei Campi, vaste plaine toute couverte de cailloux, dans le dép. des Bouches-du-Rhône, entre le Rhône et l'étang de Berre. Elle a 980 kil. carrés de superficie, et est traversée par le canal de Craponne, qui l'a rendue en partie à l'agriculture. Les anciens attribuèrent l'origine de la Crau à une grêle de pierres que Jupiter lança un jour sur un antagoniste d'Hercule que ce héros ne pouvait vaincre. On suppose que c'était une anse de la Méditerranée, d'où la mer s'est retirée.

CRAVANT, bourg du dép. de l'Yonne, à 15 kil. S. E. d'Auxerre ; 1000 h. Les Anglais unis aux Bourguignons y défirent les Français en 1423.

CRAVEN (lady). V. ANSPACH (margravine d').

CRAYER (Gaspard de), peintre flamand, né à Anvers en 1585, mort en 1669 à Gand. Parmi ses tableaux on cite Ste-Catherine enlevée au ciel (à Gand); la Résurrection de J.-C.; la Vierge intercédant pour les infirmes ; le Centenier aux pieds de J.-C.

CRÉBILLON (Prosper JOLYOT de), poëte tragique, né à Dijon en 1674. mort en 1762, à 88 ans, était fils du greffier en chef de la chambre des comptes de Dijon. Il fut placé à Paris chez un procureur pour apprendre la chicane ; mais son patron, appréciant son talent, fut le premier à l'engager à travailler pour le théâtre. Il donna successivement Idoménée (1705), Atrée (1707), Électre (1709), Rhadamiste (1711), qui le placèrent auprès de nos grands maîtres, puis Xerxès (1714), Sémiramis (1717), Pyrrhus (1726), qui eurent moins de succès. Après cette dernière pièce, il resta 22 ans sans rien produire : on attribue ce long silence au peu d'encouragement qu'il obtenait du gouvernement. Cependant en 1749 il rentra dans la carrière, à 72 ans, et donna Catilina, l'une de ses meilleures pièces. Il fit jouer sa dernière tragédie, le Triumvirat, en 1755, à 81 ans. Crébillon a surtout visé à exciter la terreur ; il a même poussé le terrible jusqu'à l'horrible et à l'atroce. Ce poëte était d'un caractère fier, incapable de s'abaisser à courtiser les grands. Il avait d'ailleurs des habitudes cyniques et peu engageantes : aussi resta-t-il la plus grande partie de sa vie dans un état voisin de la misère. Pendant longtemps, il n'eut pour vivre qu'une place de censeur de la police. Vers l'âge de 60 ans, Mme de Pompadour lui fit obtenir une pension de 1000 fr. et une place à la Bibliothèque royale. Il fut reçu à l'Académie en 1731, et prononça son discours en vers. Voltaire fut jaloux des succès de Crébillon, et, pour montrer sa supériorité, il refit plusieurs des sujets que son rival avait traités, entre autres Sémiramis et Catilina, qu'il intitula Rome sauvée. Les œuvres de Crébillon ont été imprimées à l'Imprimerie Royale en 1750, 2 vol. in-4. On en a donné depuis une foule d'éditions. Les meilleures sont celles de P. Didot, 1812, 3 v. in-8, et de Renouard, 1818, 2 v. in-8. — Son fils, Claude-Prosper, 1707-1777, est auteur de plusieurs romans légers et même graveleux. Malgré la licence qui règne dans ses écrits, il eut des mœurs honnêtes ; il habitait avec son père et vivait dans la meilleure intelligence avec lui. Les plus connus de ses romans sont : Lettres de la marquise de ***, 1732 ; Tanzaï et Néadarné, 1734, qui le fit enfermer à la Bastille à cause de certaines allusions ; les Égarements du cœur et de l'esprit, 1736 ; le Sopha, 1745 ; Lettres athéniennes, 1771.

CRÉCY, ch.-l. de c. (Somme), sur la Maie, à 16 k. N. d'Abbeville ; 1650 h. Près de là Édouard III battit Philippe VI en 1346 : il dut surtout la victoire à l'emploi du canon. — Ch.-l. de c. (Seine-et-Marne), sur le Grand-Morin, à 12 kil. S. de Meaux ; 1100 hab. Jadis flanqué de tours, dont on voit des vestiges.

CRÉCY-SUR-SERRE, ch.-l. de c. (Aisne), à 16 kil. N. de Laon ; 2052 hab. Ce bourg obtint dès 1180 une charte de commune.

CREDITON, v. d'Angleterre (Devon), à 11 k. S. E. d'Exeter ; 6000 h. Importante sous les Saxons. Anc. évêché, auj. transporté à Exeter.

CREECH (Thomas), écrivain anglais, né à Blandford (Dorsetshire) en 1659, mort en 1700. Amoureux d'une demoiselle qui ne répondait point à ses vœux, il se pendit de désespoir. On a de lui plusieurs trad. d'ouvrages latins et grecs : celle de Lucrèce en vers anglais, Oxford, 1682, in-8, est la plus estimée. Il a aussi donné une bonne édition de ce poëte, Londres, 1694, in-8.

CREEKS, peuple de l'Amérique. V. CRIKS.

CREIL, ch.-l. de c. (Oise), sur l'Oise, à 11 kil. N. E. de Senlis, et à 51 kil. de Paris ; 3626 hab. Grande manufacture de faïence fine. Station du chemin de fer du Nord, avec embranchement sur St-Quentin et Beauvais. Aux env., pierres de taille. Anc. château où fut enfermé Charles VI.

CRELLIUS (Jean), unitaire, disciple de Socin, né en 1590, près de Nuremberg, mort en 1633, fut pasteur à Cracovie et y répandit sa doctrine. Ses principaux ouvrages sont : De uno Deo, 1631 ; Vindiciæ pro religionis libertate, 1637, trad. par Naigeon sous ce titre, De la Tolérance (1769). — Son fils, Christophe, et son petit-fils, Samuel, furent aussi de zélés unitaires : on a de es dernier Fides primorum Christianorum, 1697.

CRÈME ou CREMA, Forum Diuguntorum ? v. de Lombardie (Lodi), sur le Serio, à 40 kil. S. E. de Milan ; 9000 hab. Évêché. Quelques édifices remarquables, cathédrale, palais épiscopal, etc. Soieries, dentelles, toiles, chapeaux ; filatures de lin. Confitures renommées. Aux environs, lin magnifique. — Fondée en 570 par des fugitifs que la cruauté d'Alboin, roi des Lombards, avait éloignés de leurs demeures ; prise en 1160 par Frédéric Barberousse et en 1796 par les Français, le lendemain de la prise de Lodi.

CREMERA, auj. la Valea, ruisseau d’Étrurie, tombait dans le Tibre après avoir passé à Veïes. C'est sur ses bords que les 306 Fabiens périrent en combattant l'armée des Étrusques, 477 avant J.-C.

CRÉMIEU, Crimiacum, ch.-l. de c. (Isère), à 24 kil. N. O. de la Tour-du-Pin; 2000 h. Restes d'un château où résidaient les Dauphins du Viennois. Près de là est la célèbre grotte de la Balme. — ÉDIT de Crémieu. V. ÉDIT.

CRÉMONE, Cremona, v. de Lombardie, ch.-l. de délégation, à 65 k. S. E. de Milan, sur le Pô ; 30 000 h. Évêché, collége, gymnase. La v. a 10 k. de tour ; belle cathédrale et quelques églises remarquables, grande tour, plusieurs palais. Draps, étoffes de soie et de coton, chapeaux ; fabrique de cordes musicales et de violons. Patrie d'Amati, de Guarneri, de Stradivarius et de Malpighi. – Crémone fut bâtie par les Gaulois, et reçut une colonie romaine l'an 191 av. J.-C. Octave partagea le territoire de cette ville entre les vétérans de ses armées pour la punir d'avoir embrassé le parti d'Antoine. C'est aux env. que se livra la fameuse bataille de Bédriac, en 69. Ensanglantée au XIIe s. par les querelles des Guelfes et des Gibelins, elle fut depuis réunie au duché de Milan. Elle fut prise en 1702 par les Impériaux, qui y firent prisonnier le maréchal de Villeroi. Les Français la prirent en 1696 et 1800 ; elle devint le ch.-l. du dép. du Haut-Pô. Elle fut en 1814 rendue à l'Autriche, qui la perdit en 1859 avec toute la Lombardie. — La délégation, entre celles de Brescia au N. et le duché de Parme au S., compte 185 000 hab.

CREMONINI (César), né à Cento, dans les États de l’Église, en 1550, enseigna la philosophie pendant 30 ans à Ferrare et à Padoue et mourut en 1631. Il professait les doctrines d'Aristote, d'Alexandre d'Aphrodisée et surtout d'Averrhoès, et prétendait que l'on ne peut par la seule raison démontrer l'immortalité de l'âme ; ce qui le fit accuser de matérialisme et d'athéisme. Ses principaux ouvragés sont : Diatyposis naturalis Aristotelicæ philosophiæ ; De anima ; De Sensibus et facultate appetitiva.

CREMUTIUS CORDUS. V. CORDUS.

CRÉNIDES, nom primitif de la v. de Philippes.

CRÉON, prince thébain, fils de Ménécée et frère de Jocaste, s'empara deux fois du trône de Thèbes : la 1re après la mort de Laïus, la 2e après celle d'Étéocle et de Polynice, et régna en tyran. Antigone ayant, malgré sa défense, enseveli son frère Polynice, il la fit enterrer vive. Peu après, il fut tué par Thésée, qui lui avait déclaré la guerre pour avoir refusé de rendre les derniers devoirs aux guerriers morts devant Thèbes, vers 1250 av. J.-C. — Un autre Créon, fils de Sisyphe, fut roi de Corinthe et père de Creuse, qu'épousa Jason. V. CREUSE.

CRÉON, ch.-l. de cant. (Gironde), à 21 kil. S. E. de Bordeaux; 900 hab.

CRÉPIN et CRÉPINIEN (SS.). Ces deux frères vinrent de Rome annoncer le Christianisme dans les Gaules, et s'arrêtèrent à Soissons, où ils exercèrent le métier de cordonnier. Le préfet, n'ayant pu ébranler leur foi, leur fit trancher la tête vers l'an 287. La cathédrale de Soissons fut mise sous leur invocation. S. Crépin est le patron des cordonniers. On le fête le 25 oct.

CRÊPY, v. de France. V. CRESPY.

CRÉQUI (maison de), anc. maison de France, originaire de l'Artois, tirait son nom du petit vge de Créqui près de Fruges (Pas-de-Calais). Elle remonte au IXe s. et s'est divisée en plusieurs branches, qui ont fourni plusieurs personnages distingués. La branche aînée, dite des sires de Créqui, se fondit en 1543 avec la maison de Blanchefort, d'où sont sortis les ducs de Créqui et les princes de Poix.

CRÉQUI (Jacques de), dit de Heilly, connu sous le nom de maréchal de Guyenne, commanda l'armée de Jean sans Peur, duc de Bourgogne, contre les Liégeois révoltés (1408); fut nommé en 1413 lieutenant général en Guyenne; s'opposa d'abord avec succès aux efforts des Anglais, mais fut fait prisonnier à Bordeaux. S'étant échappé des mains de l'ennemi, il assista à la bataille d'Azincourt (1415), fut pris de nouveau et mis à mort.

CRÉQUI (Charles de), prince de Poix, gouverneur du Dauphiné, pair et maréchal de France, défit les troupes d'Espagne au combat du Tésin en 1636, et fut tué devant le fort de Brême (Piémont), en 1638, à 60 ans. Il avait épousé successivement les deux filles du duc de Lesdiguières, Madeleine et Françoise de Bonne. — Son fils aîné, Ch. de Créqui, était ambassadeur à Rome en 1662; il y fut insulté par la garde corse du pape Alexandre VII qui tira sur son hôtel et blessa ses gens. Louis XIV exigea que le gouverneur de Rome, neveu du pape, vint en personne lui faire des excuses pour cette insulte et qu'une pyramide fût élevée à Rome en souvenir de la réparation. — Son 2e fils, François, duc de Lesdiguières, fut aussi maréchal, servit avec gloire sous Louis XIV en Flandre, en Alsace et en Lorraine, de 1667 à 1678, fut battu a Consarbruck en 1675, mais obtint plusieurs avantages dans les campagnes de 1677 et 1678 et prit Luxembourg en 1684. — Le fils de ce dernier, François, périt à Luzzara, en 1702.

CRÉQUI (Renée Caroline de FROULAY, marquise de), femme célèbre par son esprit, née en 1714, morte en 1803, avait épousé en 1737 le marquis de Créqui, lieutenant général, qu'elle perdit dès 1741. Ses salons furent longtemps, et sous les régimes les plus différents, le rendez-vous de la bonne société : c'est ce qui a donné l'idée de publier, sous le titre de Souvenirs de la marquise de Cregui (1834-1836, 9 vol. in—8), des mémoires qui n'ont aucune authenticité : ils sont l'œuvre de M. de Courchant. Ed. Fournier a publié en 1856 de véritables Lettres de la marquise.

CRESCENCE, Crescentius, patrice romain, voulut, vers la fin du Xe s., rétablir la république à Rome. Élu consul et mis à la tête du gouvernement par le peuple en 972, il combattit plusieurs papes, emprisonna et fit étrangler Benoît VI, chassa de Rome Jean XVI et Grégoire V. L'empereur Othon III, venu d'Allemagne au secours de Grégoire V, enferma Crescence dans le château St-Ange, où il fut bientôt forcé de capituler. Dès qu'Othon fut maître de sa personne, il le fit massacrer, malgré la capitulation. Stéphanie, femme de Crescence, vengea sa mort en faisant périr Othon par le poison (1002).

CRESCENTINI (Girolamo), célèbre soprano, né près d'Urbin en 1769, mort à Naples en 1846, débuta à Rome en 1788, chanta ensuite à Padoue, a Venise, à Milan, à Vienne et à Lisbonne, et excita un tel enthousiasme qu'on le surnomma l’Orphée italien. Il excellait surtout dans les opéras de Giulio Sabino, de Romeo e Giulietta, de Sémiramide. Napoléon l'attira en France : à la suite d'une représentation de Roméo et Juliette; où Crescentini avait arraché des larmes à tout l'auditoire, il le nomma chevalier de la Couronne de fer. En 1812, il fut appelé à Naples comme professeur de chant.

CRESCIMBENI (J. Marie), littérateur, né à Macerata (Aneône) en 1663, mort en 1728, fonda en 1690 l'académie dite des Arcades (ou plutôt des Arcadiens), qui avait pour but de ramener le bon goût et le naturel. Les membres de cet académie prenaient des noms tirés de la mythologie ou de l'histoire grecque : Crescimbeni prit celui d’Alphésibée. Il fut aimé de Clément XI et de Benoît XII, qui lui accordèrent des bénéfices lucratifs. On a de lui un volume de poésies, 1695, et un grand nombre d'ouvrages en prose, dont les plus estimés sont une Histoire de la poésie vulgaire, 1698, complétée depuis par ses Commentaires, et une Histoire des Arcades, 1708-27.

CRESPHONTE, roi de Messénie, est avec Aristodème et Temenus, un des Héraclides qui envahirent le Péloponèse (1190). V. MÉROPE.

CRESPI, nom de plusieurs peintres célèbres de Milan et de Bologne. B. Crespi, dit le Cérano, du lieu de sa naissance, né en 1557, mort en 1633, s'attacha au cardinal Fréd. Borromée et dirigea l'Académie de Milan. Ses tableaux les plus remarquables sont : le Baptême de S. Augustin; S. Charles et S. Ambroise; le Rosaire. — Daniel, son parent, né en 1590, à Milan, mort en 1630, de la peste, a laissé une Déposition de Croix, une Lapidation de S. Étienne et la Vie de S. Bruno, à la Chartreuse de Milan. — Joseph, dit l’Espagnol, à cause du costume qu'il avait adopté, né à Bologne en 1665, mort en 1747. Benoît XIV le nomma son peintre, et lui conféra le titre de comte palatin. On voit au musée de Paris son tableau de la Maîtresse d'école. On admire aussi de lui le Massacre des Innocents et les Sept Sacrements. Ce peintre, original et facétieux, mêlait des scènes comiques aux sujets les plus sérieux.

CRESPY-EN-LAONNAIS, v. jadis forte du dép. de l'Aisne, sur l'Aisne, à 9 kil. N. O. de Laon; 1150 h. Un traité y fut conclu en 1544 entre François I et Charles-Quint : les deux souverains faisaient alliance contre les Turcs; François I renonçait à ses prétentions sur l'Aragon, sur Naples, le comté de Flandre, l'Artois, etc.; Charles-Quint renonçait au duché de Bourgogne et à ses dépendances. De plus, le duc d'Orléans, 2e fils de François I, devait épouser la fille de l'empereur ou la 2e fille de Ferdinand, roi des Romains, et recevoir en dot la Franche-Comté ou le duché de Milan.

CRESPY-EN-VALOIS, ch.-l. de cant. (Oise), à 23 kil. E. de Senlis; 2580 h. Tissus de coton, grosse toile, fil commun, dit fil de Crespy. Autrefois, place forte et capit. du Valois.

CREST, Crista, ch.-l. de c. (Drôme), à 39 k. O. de Die, sur la Drôme; 4983 hab. Lainages, étoffes de soie, de coton, filatures, tanneries. Commerce de truffes. Place forte au temps des Albigeois, démantelée en 1627. Crest a encore une tour qui servait de prison d'État. Cette place fut assiégée par Simon de Montfort dans la guerre des Albigeois.

CREST (la BERGÈRE DE). V. BERGÈRE.

CRESTIN (Guill. DUBOIS, dit), poète du XVIe s., fut trésorier de la Ste-Chapelle à Vincennes, puis chantre de la Ste-Chapelle de Paris. On a de lui des chants royaux, loués par ses contemporains (Paris, 1527), et des Chroniques en vers, composées sur l'invitation de François I (mss. à la Bibliothèque impériale).

CRÉSUS, dernier roi de Lydie, de la race des Mermnades. célèbre par ses richesses, monta sur le trône vers l'an 559 av. J.-C. et partagea son règne entre les plaisirs, la guerre et les arts. Il conquit la Pamphylie, la Mysie et la Phrygie jusqu'à l'Halys. Sa cour, à Sardes, était le rendez-vous des philosophes et des gens de lettres : Solon étant venu l'y visiter, Crésus lui montra avec orgueil ses trésors, ses palais, croyant éblouir le philosophe et vantant son bonheur ; mais Solon se contenta de lui dire : « N'appelons personne heureux avant sa mort. » En effet, Crésus ne jouit pas longtemps de son bonheur : s'étant allié aux Assyriens contre Cyrus, il fut battu à la bataille de Thymbrée, puis assiégé dans Sardes ; bientôt même la ville fut prise d'assaut (548), et Crésus fait prisonnier. Il fut conduit devant Cyrus, qui fit élever un bûcher pour l'y brûler. Alors, reconnaissant la vérité de ce que Solon lui avait dit, il s'écria : « O Solon, Solon ! » Cette parole, remarquée par Cyrus, lui sauva la vie : car, dès qu'il eut expliqué au vainqueur ce qui le faisait parler ainsi, Cyrus, frappé de l'instabilité des choses humaines, le fit retirer du bûcher. Il le garda auprès de lui et l'honora même de sa confiance.

CRÈTE, Creta, auj. Candie, grande île de la Méditerranée, située vis-à-vis de l'ouverture de la mer Égée, et traversée par le 35e degré lat. N. Elle passait jadis pour avoir cent villes : les principales étaient Cnosse, Cydon, Gortyne, etc. On y remarquait le mont Ida et le labyrinthe. Les habitants étaient de race mixte et se composaient d'indigènes, de Phéniciens et de Grecs, parmi lesquels les Doriens dominaient. Ils étaient habiles archers. Dès le XIVe siècle av. J.-C., cette île fut une grande puissance maritime. La Crète est encore célèbre par ses lois, que l'on attribuait à son roi Minos et dont celles de Lycurgue ne furent qu'une imitation. Primitivement, cette île fut gouvernée par des rois, au nombre desquels on compte Minos et Idoménée qui vivait au temps de la guerre de Troie. A une époque incertaine, elle s'érigea en république et confia le gouvernement de l’État à un sénat et à dix magistrats annuels. Cette république ne joua qu'un rôle peu marquant dans l'histoire de la Grèce. Ayant donné refuge aux pirates de Cilicie, elle fut attaquée par les Romains et fut soumise, l'an 66 av. J.-C., par Q. Metellus. G. Perrot a donné une Ét. sur l'île de Crète (1867)

CRÉTEIL, vge du dép. de la Seine, sur la Marne, à 11 kil. S. E. de Paris ; 1800 hab. Pierres de taille.

CREULLY, ch.-l. de cant. (Calvados), sur la Seule, à 16 kil. N. O. de Caen ; 1100 hab. Dentelle, voiles, moulins, château gothique.

CREUS (cap), Aphrodisium promontorium, puis Crucis prom., cap de Catalogne, au N. E. de Roses, forme l'extrémité orientale des Pyrénées. On y voyait un temple de Vénus (en grec Aphrodite).

CREUSE, Crosa, riv., de France arrose les dép. de la Creuse et de l'Indre, passe à Felletin, Aubusson, Argenton, Leblanc, reçoit la Gartempe et se jette dans la Vienne après un cours de 260 kil.

CREUSE (dép. de la), entre ceux de l'Indre, du Cher, de la Corrèze, de la Hte-Vienne, de l'Allier et du Puy-de-Dôme; 5322 kil. carr.; 270 055 hab.; ch.-l., Guéret. Il est arrosé par la Creuse et la Gartempe. Il est formé de la ci-devant Hte-Marche et de quelques parties du Berry et du Limousin. Houille, granit, pierres de taille fines, terre à potier, mica, agaric pour amadou, etc. Sources minérales à Évaux. Étangs poissonneux. Sol maigre : seigle, sarrasin, etc., mais peu de blé ; pommes de terre, fruits, légumes ; point de vignes. Beaucoup de moutons, chèvres, porcs, abeilles ; on tire beaucoup de sangsues des étangs de la Souterraine. Usines à fer, tapis, papier, tanneries ; émigration annuelle d'ouvriers pour le bâtiment. — Ce dép. a 4 arr. (Guéret, Bourganeuf, Boussac, Aubusson). 25 cant. et 269 communes. Il appartient à la 21e division militaire, et dépend de la cour impériale et du diocèse de Limoges.

CRÉÜSE, fille de Priam et 1re femme d'Énée, fut mère d'Ascagne. Elle se perdit en fuyant avec son mari pendant le sac de Troie. — Fille de Créon, roi de Corinthe, épousa Jason après qu'il eut répudié Médée. La magicienne, pour se venger de Créüse, lui envoya, comme présent de noce, une boîte fatale d'où sortit, lorsqu'on l'ouvrit, une flamme qui la dévora, avec toute sa famille.

CREUTZNACH, v. des États prussiens (prov. Rhénane), sur la Nahe, à 30 kil. S. O. de Mayence ; 7100 hab. Fabriques de tabac, savon, sucre de betteraves ; tanneries, etc. Prise par les Français en 1644. — Aux env., salines qui rendent par an 250 000 kilogr. de sel : elles appartiennent au grand-duc de Hesse-Darmstadt. Eaux thermales iodurées, connues dès 1478 et recommandées comme résolutives.

CREUZÉ DE LESSER (Aug.), littérateur, né à Paris en 1771, d'une famille de Châtellerault, mort en 1839, fut, sous l'Empire et la Restauration, préfet de la Charente et de l'Hérault. Il a écrit un grand nombre d'ouvrages, dont les principaux sont : trois poëmes héroïques, Amadis, Roland, et les Chevaliers de la Table ronde, 1813 ; des poëmes lyriques intitulés : Odéides ; les Aventures du Cid ou recueil de Romanceros espagnols ; des opéras-comiques, dont les plus connus sont M. Des Chalumeaux (1806) et le Nouveau seigneur du village (1813), des comédies, la Revanche et le Secret du ménage ; les Annales d'une famille pendant 1800 ans, 1834.

CREUZER (Fréd.), un des savants les plus distingués de l'Allemagne, né à Marbourg en 1771, m. en 1858, fut nommé professeur de philologie et d'histoire ancienne à Heidelberg (1854-58). Il publia à Leipsick de 1810 à 1812, en allemand, la Symbolique et la Mythologie des peuples anciens ; cet ouvrage, que M. Guigniaut a traduit en le refondant, rendit son nom célèbre par toute l'Europe, mais il souleva en Allemagne une vive polémique. On lui doit en outre un grand nombre de travaux éminents sur l'histoire et l'archéologie : De l'Art historique chez les Grecs (1802), Dionysus, de rerum bacchicarumque originibus (1808), Études sur les antiquités romaines (1824), De l'histoire et de l'archéologie romaines (1836), ainsi que plusieurs éditions d'auteurs anciens, entre autres une édition magnifique de Plotin, imprimée à Oxford en 1835, 3 vol. in-4, dont malheureusement la correction n'égale pas la beauté. Il fit paraître en 1848 son autobiographie sous le titre de Vie d'un vieux professeur. Fr. Creuzer était membre de presque toutes les sociétés savantes et associé de l'Institut de France. M. Guigniaut a lu son Éloge à l'Acad. des Inscriptions.

CREUZER, compositeur. V. KREUTZER.

CREUZOT (LE), v. du dép. de Saône-ét-Loire,. à 1 kil. S. E. de Monicenis ; 14 500 hab. Il doit son existence à la création d'une vaste usiné fondée en 1777 et qui contient des hauts fourneaux, une fonderie de canons, des forges pour la construction de machines, des fabriques de cuivre laminé et de tôle, etc., et une vaste cristallerie, dont les produits rivalisent avec ceux de Bohême. Aux environs se trouve une mine de houille. Un ch. de fer fait communiquer le Creuzot avec le Canal du Centre. Voyez l'art. SCHNEIDER (Supplément).

CREVANT. V. CRAVANT.

CRÈVECŒUR, ch.-l. de cant. (Oise), a 40 kil. N. O. de Clermont ; 2310 hab. Serges, alépines, etc. Commerce de cidre, laine, grains, chevaux. — Il y a encore plusieurs autres villes de ce nom, notamment dans les dép. du Calvados et du Nord : cette dernière, située à 10 kil. S. de Cambray, et que l'on croit être la même que Vincy, a donné son nom aux seigneurs de Crèvecœur.

CRÈVECŒUR (Phil. de), servit d'abord Charles le Téméraire, passa après sa mort au service de Louis XI (1477), auquel il livra Arras, Hesdin et Boulogne, perdit la bataille de Guinegate (1479), mais conquit plusieurs places en Flandre, notamment St-Omer et Térouanne, fut fait maréchal en 1492, et signa la même année la paix d'Étaples avec l'Angleterre. Il mourut en 1494. CREVELT, v. murée de Prusse (prov. Rhénane), sur le Rhin, à 17 kil. N. O. de Dusseldorf ; 30 000 h. Jolie ville. Industrie active : bleu de Prusse et produits chimiques ; horlogerie ; instruments de musique ; manufactures de soieries et lainages. Beaux jardins dans la banlieue. Le duc de Brunswick vainquit à Crevelt en 1758 les Français commandés par le comte de Clermont.

CREVIER (J. B. Louis), historien, né à Paris en 1693, mort en 1765, était fils d’un ouvrier imprimeur. Il fut l’élève de Rollin, et devint professeur de rhétorique au collége de Beauvais. Il termina l’Histoire romaine de Rollin (il est l’auteur des vol. VIII à XVI), et la fit suivre d’une Hist. des empereurs romains jusqu’à Constantin, 1750, 6 vol. in-4. On lui doit aussi une Histoire de l’Université de Paris ; une bonne édition de Tite-Live ; une Rhétorique française estimée, et des Remarques sur le Traité des études de Rollin. Comme historien, cet auteur est exact et a plus d’ordre que Rollin, mais il lui est inférieur sous le rapport du style ; il est sec et lourd.

CRICHTON (Jacques), gentilhomme écossais, né vers 1560, dans le comté de Perth, d’une famille alliée à celle des Stuarts, excellait dans tous les exercices de l’esprit et du corps, ce qui le fit surnommer l’Admirable. Il vint à Paris à 20 ans et tint au collége de Navarre une séance publique où il répondit à quiconque voulut disputer avec lui, en vers ou en prose, en 12 langues différentes (hébreu, arabe, grec, latin, espagnol, français, etc.), sur quelque science que ce fût. Le lendemain il parut dans un tournoi qui se donnait au Louvre, et y emporta la bague quinze fois de suite. Il visita l’Italie et résida à Mantoue, où il devint gouverneur de Vincent de Gonzague ; celui-ci le tua, dit-on, par méprise, d’un coup d’épée, un jour de carnaval (1583). On a de Crichton : Judicium de philosophia ; Refutatio mathematica ; Errores Aristotelis ; Controversia oratoria ; Arma an litteræ præstent ? et quelques vers latins, qui ne justifient pas sa réputation.

CRIKS, Creeks en anglais, peuple indigène de l’Amérique du Nord, jadis très-puissant, et qui encore auj. forme une confédération fort nombreuse. Ils habitent des villes et des villages dans les vallées fertiles qui séparent l’État d’Alabama de celui de Géorgie, et se divisent en deux branches principales : 1° les Criks supérieurs ou proprement dits, qui occupent le Haut-Alabama ; ils sont assez avancés en civilisation et ont des écoles ; 2° les Criks inférieurs ou Séminoles, qui vivent dans les plaines traversées par le Flint ; ils sont beaucoup moins civilisés que les précédents. Les Criks soutinrent de 1835 à 1839 une guerre sanglante contre les États-Unis.

CRILLON, en latin Credulio ou Crillonium, vge du dép. de Vaucluse, à 11 kil. N. E. de Carpentras ; 550 hab. — Au XIIIe siècle Crillon appartenait à des sires d’Astouaud ; ceux-ci le vendirent en 1456 à L. de Berton, aïeul du célèbre Crillon et issu de l’illustre famille des Balbes de Chieri en Piémont, qui était venu s’établir en France ; les descendants de L. de Berton portèrent depuis le nom de Crillon. La seigneurie fut érigée en duché en 1725. — Il ne faut pas confondre ce duché avec un second duché de Crillon érigé au XVIIIe siècle en faveur de François Félix de Crillon, issu d’une branche cadette de la même famille. V. ci-après François Félix DE CRILLON.

CRILLON (Louis DES BALBES DE BERTON de), l’un des plus grands capitaines du XVIe siècle, originaire de Piémont, né en 1541 à Murs en Provence, mort à Avignon en 1615, se distingua par sa valeur sous Henri II, François II, Charles IX, Henri III et Henri IV, alla combattre à Lépante sous don Juan d’Autriche (1571), accompagna en Pologne le duc d’Anjou (Henri III), le défendit plus tard contre la Ligue, mais repoussa la proposition d’assassiner H. de Guise. Henri IV ne l’appelait que le brave Crillon. On connaît le billet qu’il lui écrivit du champ de bataille d’Arques, où Crillon n’avait pu se trouver : « Pends-toi, brave Crillon ! nous avons combattu à Arques, et tu n’y étais pas. » Il est le premier qui ait été nommé colonel général de l’infanterie française.

CRILLON-MAHON (Louis, duc de), né en 1718, se distingua dans la guerre de Sept ans ; puis, se plaignant d’un passe-droit, il quitta le service de la France pour celui de l’Espagne, devint commandant général des armées espagnoles pendant les hostilités de 1780 entre l’Angleterre et l’Espagne, reprit sur les Anglais Mahon et l’île Minorque, et fut en récompense créé duc de Mahon. Il m. à Madrid en 1796. Il a laissé des Mémoires, Paris, 1791.

CRILLON (François Félix, duc de), 2e fils du préc., né en 1748, mort en 1820, fit ériger en duché, sous le nom de Crillon, sa terre de Boufflers en Picardie. Il servit en Espagne sous son père, et se distingua à l’expédition de Minorque ; fut député aux États généraux de 1789 par la noblesse du Beauvaisis, et forma chez lui une société d’amis de la Constitution qui fut le noyau du club des Feuillants. En 1792 il fut emprisonné, mais le 9 thermidor le sauva. En 1815 il fut créé pair de France.

CRILLON-MAHON (Louis Ant. François de Paule, duc de), grand d’Espagne, 3e fils du duc Louis, né en 1775, entra au service de l’Espagne en 1784, combattit en 1794 contre les troupes de la République française, fut fait prisonnier et dut à son nom d’être épargné et rendu à la liberté. Il retourna en Espagne et y fut chargé du gouvernement des provinces vascongades ; mais, après l’abdication de Charles IV, il prêta serment au roi Joseph. Proscrit en 1814, il se réfugia en France, où il mourut en 1832.

CRIM, dite aussi Staroï-Krim, anc. capit. de la Crimée, à 70 kil. E. de Simféropol et à 22 kil. N. O. de Caffa, a donné son nom à la Crimée ; c’est auj. une misérable bourgade de 600 maisons.

CRIMÉE, la Chersonèse Taurique des anc., presqu’île de la Russie d’Europe (Tauride), dans la mer Noire, a pour bornes au N. l’isthme de Pérékop, qui la joint au continent ; env. 300 000 hab. Villes principales : Simféropol (ch.l.), Sébastopol, Eupatoria, Caffa, Iénikaleh, Batchi-Saraï, Karasou-bazar, Kertch. Sol très-fertile ; excellents pâturages, où s’élèvent d’immenses troupeaux de chevaux, de bœufs, de moutons. Au midi, coteaux qui produisent des vins estimés. — La Crimée, qui doit son nom actuel à la v. de Crim, fut habitée primitivement par les Tauri, d’où les Grecs l’appelèrent Tauride ou Chersonèse Taurique. Des Milésiens s’y établirent au VIIe s. av. J.-C., y fondèrent plusieurs villes, entre autres Panticapée et Théodosie, et formèrent vers 480 av. J.-C. le petit roy. du Bosphore, qui plus tard fut soumis successivement par Mithridate, par les Romains, par les Alains, les Goths, les Huns et par les Hongrois, qui envahirent la Crimée à la fin du IVe siècle de notre ère. Justinien les en expulsa au VIe s., mais en 679 les Khazares la soumirent complètement. Après eux, la Crimée subit la domination des Petchenègues, des Polovizes, en enfin celle des Tartares du Kaptchak, 1237. Sous ceux-ci, les Vénitiens et les Génois y formèrent quelques établissements, entre autres Caffa. En 1475, Mahomet II soumit la Crimée, en laissant le gouvernement à un khan tartare. Catherine II l’occupa en 1783, et se la fit céder par les Turcs en 1791. L’armée anglo-française l’envahit en 1854 et ne s’en retira qu’après la prise de Sébastopol.

CRIMISE, Crimisus, nom commun à deux rivières chez les anciens : la 1re, dans le Brutium, est auj. la Lipuda ; elle arrosait une ville de Crimise (auj. lo Ziro) ; la 2e en Sicile (auj. Fiume di Calata Bellota), arrosait Ségeste ; elle a son emb. sur la côte mérid. Timoléon vainquit les Carthaginois sur ses bords l’an 340 av. J.-C.

CRIOU-MÉTOPON, c.-à-d. front de bélier, cap de la Chersonèse Taurique, auj. Karadjé-Bouroun.

CRIQUETOT-LESNEVAL, ch.-l. de c. (Seine-Inf.), à 22 k. N. E. du Havre ; 1300 hab.

CRISPUS (Flav. Julius), fils de Constantin, fut créé par lui César en 317, et remporta une victoire navale sur Licinius. Ce jeune princa inspira une passion coupable à Fausta, sa belle-mère; ayant repoussé ses offres, il fut accusé par cette princesse artificieuse d'avoir voulu la séduire. Constantin, trop crédule, le fit périr par le poison, 326.

CRISSA, v. de Phocide, au S. O. de Delphes, à 4 kil. de la mer dite de Crissa (partie N. du golfe de Corinthe), avait pour port Cirrha. Les Crisséens ayant pillé le temple de Delphes, leur v. fut rasée par ordre des Amphictyons, 594 av. J.-C.

CRITIAS, le plus célèbre des trente tyrans établis dans Athènes après la prise de cette ville (404 av. J.-C.), était Athénien et avait été exilé de sa patrie. Il commit toutes sortes de cruautés et mit à mort un grand nombre de citoyens pour s'emparer de leurs biens. Thrasybule étant venu, à la tête des exilés, attaquer les trente tyrans, Critias périt dans le combat. Il avait cultivé avec succès l'éloquence et la poésie, et avait suivi quelque temps les leçons de Socrate. Platon a donné le nom de Critias à un de ses dialogues, et a fait figurer ce personnage dans le Timée. Critias était poëte : on a de lui quelques fragments, recueillis à Leipsick, 1827, et dans les Poetæ elegiaci de Schneidewin, Gœtting., 1839.

CRITICISME. V. KANT.

CRITOLAUS, philosophe péripatéticien. Les Athéniens l'envoyèrent en ambassade à Rome avec Carnéade et Diogène, 155 av. J.-C.

CRITON, disciple et ami de Socrate, offrit à ce philosophe les moyens de sortir de prison, sans réussir les lui faire accepter, et resta près de lui jusqu'à ses derniers moments. Il mourut vers l'an 380 av. J.-C, après avoir formé plusieurs disciples distingués. Platon a donné le nom de Criton à un dialogue qui a pour sujet le noble refus de Socrate. Ce philosophe avait composé lui-même des dialogues philosophiques qui ne nous sont pas parvenus.

CROATIE, Liburnia, région d'Europe, à l'E. N. E. du golfe de Venise, bornée à l'O. par l'Illyrie, à l'E. par l'Esclavonie et la Bosnie, est habitée par une population slave et est auj. partagée en deux parties, l'une à l'Autriche, l'autre à la Turquie :

CROATIE AUTRICHIENNE, entre la Hongrie au N., la Slavonie à l'E., la Bosnie au S., le gouv. d'Illyrie à l'O.; env. 1 000 000 d'h.; ch.-l., Agram, Elle se divise en Croatie civile, qui fait partie des pays hongrois et qui forme 3 gouvernements (Agram, Kreuz, Warasdin); et Croatie militaire ou Banat de Croatie. Pays montagneux; sol peu fertile, sauf au N. et à l'E.; forêts. Beaucoup de mines et de carrières. Industrie nulle, peu de commerce.

CROATIE TURQUE, région de la Turquie d'Europe, comprise dans l'eyalet de Bosnie, au N. de l'Herzégovine, entre la Verbasz et l'Unna, forme l'extrémité occid. de l'empire ottoman, et a pour villes principales Gradisca, Dubicza, Novi, Unnacz, etc.

La Croatie est formée de la partie de l'Illyrie à laquelle les Romains donnèrent les noms de Liburnie, puis de Corbavie. De 625 à 641 elle se constitua en roy. indépendant; mais elle fut obligée de reconnaître la suprématie de Charlemagne au VIIIe siècle; elle se mit sous la protection des empereurs grecs au IXe, et finit par être conquise en grande partie par les Hongrois, de 1091 à 1102. Depuis ce temps la Croatie n'a point cessé d'être comprise dans le roy. de Hongrie : c'est à ce titre qu'elle passa sous la domination de l'Autriche. Une partie seulement fut conquise par les Turcs et resta sous la domination ottomane. Les Français ont possédé la Croatie autrichienne de 1809 à 1815. — Les Croates sont partie catholiques romains, partie Grecs orthodoxes. Ils font d'excellents soldats. A l'époque de la guerre de Trente ans, on appelait Croates des troupes de cavalerie légère analogues aux hussards. Dans la guerre de Sept ans, on donna le même nom à des corps francs d'infanterie légère.

CROCIATONUM, v. de Gaule, chez les Unelli, est auj. Valognes ou Turqueville. — Crociatonorum portus serait Barneville.

CROCODILOPOLIS, v. d’Égypte, la même qu'Arsinoé d'Heptanomide, auj. Medinet-el-Fayoum. — Autre v. d’Égypte, la même qu’Athribis, auj. Athrib.

CROCQ, ch.-l. de c. (Creuse), à 19 kil. S. E. d'Aubusson; 500 hab. Jadis fortifié. On prétend que ce village donna son nom aux Croquants, paysans du Périgord et du Quercy, qui s'insurgèrent en 1592 : c'est à Crocq qu'aurait commencé le mouvement.

CROÏA, Eribœa, v. forte de Turquie (Roumélie), dans l'anc. Albanie, à 68 kil. S. E. de Scutari, sur une colline. Env. 6000 hab. Patrie de Scanderbeg.

CROISADES. On donne spécialement ce nom à plusieurs expéditions qui, depuis 1096 jusqu'en 1270, furent entreprises, sous les auspices du Saint-Siége, par différents rois et seigneurs de l'Europe, dans le but de chasser les Infidèles des saints lieux. Tous ceux qui prenaient part à ces expéditions portaient sur leurs vêtements une croix rouge : d'où le nom de Croisés. On compte généralement 8 croisades. La 1re eut lieu de 1096 à 1100, sous le pontificat d'Urbain II : prêchée par Pierre l'Ermite, puis par Urbain lui-même, elle eut pour chefs Godefroy de Bouillon, Eustache et Baudouin, ses frères; Hugues de Vermandois, Robert II, duc de Normandie, Boëmond, prince de Tarente, Tancrède, son neveu, et Raymond de Toulouse. Les faits les plus importants de l'expédition sont la bataille de Dorylée (1097), où les Musulmans furent entièrement défaits; la prise de Nicée, d'Édesse (1097), d'Antioche (1098) et celle de Jérusalem (1099). Les Croisés formèrent à Jérusalem un roy. chrétien, dont ils déférèrent la couronne à Godefroy de Bouillon; et dans les villes voisines plusieurs principautés, où régnèrent les autres chefs des croisés. — La 2e croisade, de 1147 à 1149, entreprise sous le pontificat d'Eugène III, et prêchée par S. Bernard, eut pour chefs Louis VII, roi de France, et Conrad, empereur d'Allemagne (1147). Ces deux princes n'éprouvèrent que des revers. Ils étaient cependant sur le point de prendre Damas (1148), lorsque la discorde se mit entre les seigneurs de leurs armées, et les contraignit à revenir en Europe. — La 3e croisade, de 1189 à 1193, fut entreprise sous le pontificat de Clément III, et prêchée par Guillaume, archevêque de Tyr. Il s'agissait de reconquérir Jérusalem, retombée au pouvoir des Infidèles en 1187. Trois souverains partirent avec de nombreuses armées pour la Terre-Sainte : Philippe-Auguste, roi de France, Richard Cœur de Lion, roi d'Angleterre, et Frédéric-Barberousse, empereur d'Allemagne. Mais le succès ne répondit point à l'espérance générale : l'armée de Frédéric fut presque entièrement détruite en Asie, et lui-même il périt en Cilicie (1190); les deux autres princes s'emparèrent de St-Jean-d'Acre, mais, une fâcheuse rivalité s'étant établie entre eux, Philippe revint bientôt en France (1191), et tout le courage de Richard n'aboutit qu'à obtenir de Saladin une trêve de 3 ans. — La 4e croisade, de 1202 à 1204, prêchée par Foulques de Neuilly sous le pontificat d'Innocent III, fut dirigée par Baudouin IX, comte de Flandre, Villehardoin, sénéchal de Champagne, Boniface II, marquis de Montferrat, et Henri Dandolo, doge de Venise. L'armée des chrétiens n'alla pas plus loin que Constantinople. Elle en chassa d'abord l'usurpateur Alexis l'Ange (1203), et plaça sur le trône Alexis le Jeune; l'année suivante, elle reprit Constantinople sur un nouvel usurpateur, Ducas Murtzuphle, mais cette fois ses chefs se partagèrent l'empire grec : Baudouin eut le titre d'empereur; les Vénitiens s'emparèrent des plus belles stations maritimes. — La 5e croisade, entreprise sous le pontificat d'Honorius III (1217-1221), eut pour chefs Jean de Brienne, roi titulaire de Jérusalem, et André, roi de Hongrie. André fut rappelé dans ses États par la révolte de ses magnats : Jean de Brienne prit Damiette, qu'il fut bientôt forcé de rendre. — La 6e croisade, de 1228 à 1229, fut accomplie sous le pontificat de Grégoire IX, par l'empereur Frédéric II. Le sultan Mélédin lui céda Jérusalem sans combat. — Les deux dernières croisades furent entreprises par S. Louis, roi de France : l'une, de 1248 à 1254, sous le pontificat d'Innocent IV; l'autre, de 1268 à 1270, sous le pontificat de Clément IV. La 1re (7e) fut dirigée contre l’Égypte : le roi de France prit Damiette, et remporta même un avantage à la Massoure (1250); mais, la peste s'étant mise dans son armée, il fut contraint de reculer devant l'ennemi, et fut lui-même fait prisonnier. Il racheta chèrement sa liberté, passa 4 ans en Palestine, occupé à fortifier quelques places, et revint en France en 1254, après la mort de la reine Blanche, sa mère, qu'il avait instituée régente. — Dans la 8e croisade (1270), S. Louis était accompagné de ses 3 fils et du prince Édouard d'Angleterre; il se dirigea sur Tunis, espérant, disent quelques historiens, convertir le maître de cette v., Mohammed Mostanser; mais, à peine arrivé sous les murs de Tunis, il fut enlevé par une maladie contagieuse. Charles d'Anjou, son frère, qui était venu le rejoindre, se mit à la tête des troupes, remporta quelques avantages et revint en France après avoir forcé Mohammed à payer les frais de la guerre. — Après cette dernière expédition, les colonies chrétiennes qui avaient été établies en Orient par les Croisés ne tardèrent point à être détruites, et la Palestine retomba tout entière sous le joug musulman. — Une foule d'ouvrages ont été publiés sur ces expéditions; l'ouvrage français le plus estimé est celui de Michaud, Paris, 1811-22, 7 vol. in-8., sous le titre d’Histoire des Croisades. Mills, auteur anglais, a présenté un tableau abrégé des Croisades, qui a été trad. par Paul Tiby, 3 vol. in-8, 1825-35. L'Académie des inscriptions publie le Recueil des historiens (originaux) des Croisades.

On a étendu le nom de croisades à plusieurs expéditions dirigées contre les hérétiques, et particulièrement à la guerre contre les Albigeois.

CROISIC (LE), ch.-l. de cant. (Loire-Inf.) à 40 kil. O. de Savenay; 2471 h. Jetée d'un kil. de long, phare dit la Tour du Four. École d'hydrographie. Patrie de P. Bouguer. Pêche de sardines.

CROISILLES, ch.-l. de cant. (Pas-de-Calais), à 10 kil. S. E. d'Arras; 950 hab.

CROISSANT, symbole de l'empire turc, paraît avoir appartenu de toute antiquité à la v. de Byzance. — Sélim III forma un ordre dit du Croissant, destiné aux chrétiens qui auraient rendu des services à l'empire; il avait pour insigne un croissant d'argent. L'amiral anglais Nelson en fut décoré le premier (1799).

CROIX DE FER (Ordre de la), ordre prussien, fondé en 1813 par Fréd.-Guillaume III, a pour insigne une croix en fer fondu, avec le chiffre du roi suspendu à un ruban noir liseré de blanc.

CROIX DU SUD (Ordre de la). V. CRUZEIRO.

CROIX-ROUSSE (LA), v. du dép. du Rhône, contiguë à Lyon, dont elle forme un des faubourgs; 17 934 h. Elle est surtout habitée par les ouvriers.

CROMARTY, v. et port d'Écosse,ch.-l. d'un comté de même nom, à 20 kil. N. E. d'Inverness; 3000 h. Construction de petits bâtiments. — Le comté est fort petit et ne compte que 12 000 hab.; il se compose de divers morceaux enclavés dans le comté de Ross.

CROMAZIANO (Agatopisto). V. BUONAFEDE.

CROMFORD, v. d'Angleterre (Derby), à 20 kil. N. E.de Derby; 1800 h. Filatures. C'est là que fut établie la première mull-jenny d'Arkwright.

CROMWELL (Olivier), protecteur d'Angleterre, né en 1599 dans le comté de Huntingdon, d'une famille assez distinguée, mort en 1658, entra de bonne heure dans la secte des Puritains, où il puisa l'esprit d'intolérance. Persécuté comme dissident, il allait s'embarquer pour l'Amérique quand un ordre du roi interdit le départ. Député par l'Université de Cambridge au long-parlement (1640), il s'y fit remarquer par ses déclamations contre le papisme et la royauté. Lorsque la guerre entre le roi et le Parlement s'engagea, Cromwell leva un régiment à ses frais : il se signala par son habileté et sa bravoure, mais aussi par ses cruautés. Nommé, peu de temps après, lieutenant général de cavalerie, il décida le succès des combats de Marston-Moor (1644) et de Naseby (1645), qui amenèrent la ruine du parti royaliste et les infortunes de Charles I. Dès cette époque, Cromwell songea à remplir le premier rôle. Il sut se concilier l'esprit de l'armée; et comme dans le Parlement il se trouvait bien des gens qui semblaient deviner son ambition et s'y opposer, il purgea ce corps, c.-à-d. qu'il en chassa à main armée les membres suspects. Avec les hommes sûrs qui y restaient, il fit condamner à mort le malheureux Charles (1649), et proclamer la république. Quatre ans après, il fut reconnu chef de l’État sous le nom de protecteur. Depuis ce moment, Cromwell régna en souverain absolu. Du reste, son administration fut des plus prospères : il enleva la Jamaïque aux Espagnols, et abaissa la marine hollandaise; au dedans il acheva la réduction de l'Irlande et de l’Écosse; il fit respecter les lois, remplit les tribunaux d'hommes intègres et éclairés, et fit fleurir le commerce. Presque toutes les puissances reconnurent son autorité et recherchèrent son alliance. Cromwell dut ses succès à une profonde hypocrisie, autant qu'à son habile politique, à son courage et à son infatigable activité. L’Histoire de Cromwell a été écrite par Raguenet, 1691, par M. Villemain, 1819, et par M.Guizot, 1854. V. Hugo a fait un drame de Cromwell. — Son fils, Richard Cromwell, fut reconnu pour son successeur au protectorat; mais, d'un caractère faible, Une conserva l'autorité que quelques mois. Il abdiqua en 1659, à la suite de quelques troubles et à la nouvelle de l'approche de Charles II, et vécut depuis dans une retraite absolue jusqu'à sa mort, arrivée en 1712.

CRONSTADT, v. et port militaire de la Russie (gouvt de St-Pétersbourg), à 27 kil. O. de St-Pétersbourg, sur le golfe de Finlande; 40 000 hab., dont 10 000 marins. Place forte; trois ports, dont un marchand; forts, batteries, arsenaux, beau canal, bassin; immenses chantiers de construction. Cronstadt est la résidence de l'amirauté russe. — Fondée par Pierre le Grand en 1710. Placée à l'endroit où le golfe de Finlande n'offre plus qu'un passage fort étroit, elle est le boulevard de Saint-Pétersbourg ; elle est défendue du côté de la mer par un fort nommé Cronschlot. Inondée en 1824; bloquée en 1854 par la flotte anglo-française.

KRONSTADT ou BRASSOW, v. des États autrichiens (Transylvanie), ch.-l. d'un district de même nom, à 170 kil. E. S. E. de Klausenbourg ; 35 000 hab. Évêchés luthérien et catholique, couvents, gymnases. Tanneries. Grand commerce avec la Valachie.

CROQUANTS, nom sous lequel on désignait autrefois les vilains. On le donne spécialement dans l'histoire aux paysans de la Guyenne qui se révoltèrent sous Henri IV et Louis XIII, et qui furent soumis en 1636 par le duc d'Épernon, Bern. de La Valette. On ne s'accorde pas sur l'origine de ce nom. V. CROCQ.

CROSNE (THIROUX DE). V. THIROUX.

CROSTOLO, riv. de l'Italie septentr., naît à 22 k. S. de Reggio et tombe dans le Pô, à l'O. et près de Guastalla. Elle avait donné son nom à un dép. du roy. d'Italie, qui avait pour ch.-l. Reggio (1805).

CROTONE, auj. Cotrone, v. de la Grande-Grèce, dans le Brutium, sur la mer, près du promontoire Lacinium, était célèbre par la mollesse de ses mœurs. Pythagore eut la gloire de les réformer, et d'y voir ses préceptes mis en pratique. Crotone donna naissance à l'athlète Milon. — Fondée par une colonie achéenne à peu près à la même époque que Rome; ravagée par Pyrrhus, prise par Annibal, et bientôt après par les Romains qui y envoyèr. une colonie (194 av. J.-C.).

CROTOY (LE), petite v. de la Somme, à 25 kil. N. O. d'Abbeville, près de l'emb. de la Somme; 1200 h. Restes d'un château fort où Jeanne d'Arc fut enfermée en 1431. CROUSAZ (Pierre de), né à Lausanne en 1663, m. en 1750, d’une famille protestante, d’abord pasteur et professeur de philosophie à Lausanne, enseigna depuis 1724 les mathématiques à Groningue, et fut gouverneur du prince Frédéric de Hesse-Cassel. On a de lui : Logique, Amst., 1712 ; Traité du Beau, 1715 ; Examen du Pyrrhonisme, 1733 ; Traité de l’esprit humain, 1741. Partisan de Descartes, il combattit Bayle, Leibnitz et Wolf.

CROY ou CROUY (maison de), anc. et illustre maison, que l’on fait descendre d’André III, roi de Hongrie (1290-1301), a pris son nom du village de Croy (Somme), qu’Henri IV érigea en duché, l’an 1598, en faveur de Charles de Croy, duc d’Aerschoot. Cette famille figure depuis 500 ans dans l’histoire : elle a fourni deux cardinaux, l’un, archevêque de Tolède (1517), l’autre, archevêque de Rouen, 1823-1844 ; cinq évêques, un maréchal de France, plusieurs maréchaux de l’empire d’Allemagne, un grand nombre de généraux, d’ambassadeurs, de ministres, et 28 chevaliers de la Toison-d’Or. Elle se divise en deux branches qui s’attribuent pour chefs les deux fils d’André III : l’aînée, établie en Dauphiné, est dite de Croy-Chanel, et la cadette, établie en Picardie, est dite de Croy-Solre. Cette dernière s’est subdivisée en plusieurs branches : 1o  les sires de Croy-et-de-Renty, éteints en 1612 ; 2o  les marquis d’Havré, éteints en 1700 ; 3o  les comtes de Rœux, éteints en 1585 ; 4o  les princes de Croy et du St-Empire, éteints en 1702 en la personne de Charles-Eugène, généralissime des armées russes, mort en Livonie prisonnier de Charles XII ; 5o  les princes de Chimay, éteints en 1521 ; 6o  les princes de Solre et de Mœurs, devenus branche aînée en 1767, par l’extinction des précédents ; 7o  les ducs d’Havré-et-de-Croy, connus surtout dans ces derniers temps et qui se sont éteints de nos jours. On conteste aux Croy-Chanel leur descendance.

CROY-SOLRE (Emmanuel, prince de), né en 1718, maréchal de France, gouverneur général de la Picardie, mort en 1787, employa une partie de sa fortune à la restauration du port de Dunkerque et des fortifications de Calais, et laissa son nom à la Tour de Croy près de Calais. Il a publié : Mémoires sur le passage par le Nord, 1782.

CROY (Aug. Phil. Louis Emmanuel, duc de), prince de l’empire et grand d’Espagne, né en 1765, mort en 1822, émigra, obtint, en échange des biens qu’il avait perdus, la seigneurie de Dülmen en Westphalie, rentra en France en 1814 et fut nommé pair.

CROY (Guillaume de), seigneur de Chièvres, précepteur de Charles-Quint. V. CHIÈVRES.

CROYA, v. d’Albanie. V. CROÏA.

CROYDON, v. d’Angleterre (Surrey), à 16 kil. S. de Londres, à 33 kil. N. E. de Guildford, sur le canal de ce nom ; 16 500 hab. École militaire. Ancien palais des archevêques de Cantorbéry, où l’on a depuis établi une fabrique d’impressions sur calicots. Papeterie, blanchisserie de coton.

CROYLAND ou CROWLAND, v. d’Angleterre (Lincoln), à 12 kil. N. E. de Péterborough ; 2716 hab. Ruines d’une célèbre abbaye, fondée vers 664. On connaît sous le nom de Chronique de Croyland une histoire de l’abbaye, précieuse pour les temps écoulés du VIIIe au XIIe siècle.

CROZAT (Antoine), marquis du Châtel, riche financier, obtint en 1712 le privilège du commerce de la Louisiane et fit de grands établissements dans cette colonie. C’est pour sa fille que l’abbé Le François rédigea la géographie élémentaire connue sous le nom de Géographie de Crozat. - Crozat (Joseph Antoine), fils du préc., amateur éclairé, forma une riche collection de tableaux, dessins et pierres gravées. Il publia en 1729 un recueil de gravures représentant les tableaux de sa collection, avec une notice sur les peintres. Cette publication fut continuée (1740) par Basan et Mariette.

CROZAT (canal de). V. ST-QUENTIN (canal de).

CROZON, ch.-l. de cant. (Finistère), à 17 kil. S. de Brest ; 840 hab. Monuments druidiques, grottes curieuses dans le voisinage.

CRUIKSHANK (Guillaume), anatomiste, né à Édimbourg en 1746, mort à Londres en 1800, fut l’élève de W. Hunter. On a de lui l’Anatomie des vaisseaux absorbants, Londres, 1786, trad. par Petit-Radel, 1787, l’ouvrage le plus exact sur ce sujet, Cruikshank fut aussi savant physicien et chimiste.

CRUSCA (Académie DELLA). V. ACADÉMIE.

CRUSIUS (Martin), savant helléniste, né en 1526 à Bamberg, mort en 1607, enseigna la morale et le grec à Tubingue, et fut un des premiers à introduire en Allemagne l’étude de la langue grecque. On lui doit entre autres publications : Grammatica græca cum latina congruens. Bâle, 1563 ; Poetarum græcorum libri duo, cum vers. lat., 1567 ; Turco-Græciæ libri VIII, 1584 ; Annales suevici, 1594 ; des commentaires sur Démosthène, sur Homère, etc.

CRUSIUS (Christian Aug.), professeur de philosophie et de théologie à Leipsick, né en 1712, mort en 1775, disciple de Rudiger et adversaire de Wolff, a écrit entre autres ouvrages : Esquisses des vérités essentielles de la raison, Leipsick, 1745 ; une Logique, 1747, et un traité de Philosophie morale, 1767, qui a joui d’une grande autorité : il y donne pour base à la morale la volonté arbitraire de Dieu. Il appuyait également la certitude sur la véracité divine.

CRUSSOL (famille de), anc. maison du Languedoc, portait d’abord le nom de Bastel, et prit au XIIe s. celui de Crussol, d’une baronnie située dans le Vivarais, près de Valence. Elle s’est divisée en plusieurs branches : 1o  les barons de Crussol, depuis ducs d’Uzès, parmi lesquels on remarque : Jacques de Crussol, duc d’Uzès, mort en 1584, maréchal de France ; il combattit d’abord parmi les Protestants, défendit Montpellier et prit Nîmes ; puis, ayant été fait prisonnier à Moncontour, il rentra dans le parti catholique et commanda l’armée royale en Languedoc ; - François Charles, comte d’Uzès, qui se distingua à Fleurus, à Steinkerque, à Nerwinde, fut gouverneur d’Oléron et de Landrecies, et mourut en 1736 ; — 2o  les marquis de Crussol et de Montausier ; — 3o  les marquis de Florensac ; — 4° les comtes d’Amboise et d’Aubijoux, etc.

CRUSTUMERIUM, auj. Marcigliano Vecchio, v. de Latium, à 20 kil. N. E. de Rome, sur l’Allia.

CRUZEIRO (Ordre du), ordre créé au Brésil en 1822 par l’empereur Pedro I, a pour insigne une croix à rayons, entourée de feuilles de cacaotier et de caféier, et surmontée de la couronne d’or du Brésil ; au milieu on lit : Bene merentium præmium. Le ruban est bleu de ciel.

CRUZY-LE-CHATEL, ch.-l. de cant. (Yonne), à 18 kil. E. de Tonnerre ; 1250 hab. Verreries, truffes.

CSABA, grand b. de Hongrie (comitat de Bekes), à 10 k. S. de Bekes ; 20 187 h. Jardins, arbres fruitiers.

CSANAD, comitat de Hongrie, entre ceux d’Arad et de Csongrad ; 72 000 h. Il a pour ch.-l. Mako, bien qu’il tire son nom d’un bourg de Czanad (2000 h.)

CSERNA, riv. de Hongrie, sort du mont Uszla en Transylvanie, sépare la Hongrie de la Valachie, et tombe dans le Danube entre les deux Orsova.

CSICK, district de Transylvanie (Pays des Szeklers), borné au N. par celui de Bistriz, à l’E. par la Moldace ; 138 723 hab. Riche mine de cuivre.

CSONGRAD, comitat de Hongrie (cercle au delà de la Theiss), entre ceux de Pesth, Hevesch, Bekes, Csanad, Toronthal, Bacs, la Grande et la Petite Cumanie ; 80 kil. sur 4 ; 152 000 h. ; ch.-l., Szegedin.

CTÉSIAS, médecin et historien grec, de la famille des Asclépiades, né à Cnide, se rendit en Perse vers 416 av. J.-C., résida 17 ans comme médecin à la cour d’Artaxerce-Mnémon, et écrivit une Histoire de la Perse et de l’Inde. Il ne reste de cet ouvrage que des fragments et des extraits faits par Photius ; on les trouve souvent à la suite d’Hérodote : Larcher les a joints à sa traduction. Bæhr en a donné une éd. séparée, Francfort-sur-le-Mein, 1824. Ils se trouvent aussi dans les Historicor. fragm. de la Biblioth. grecque de MM. Didot. Ctésias s'accorde peu avec Hérodote et paraît mériter moins de foi.

CTÉSIBIUS, mécanicien d'Alexandrie, qui florissait env. 130 av. J.-C., a inventé la pompe aspirante et foulante qui porte son nom, un orgue hydraulique, une clepsydre à rouages. Il fut le maître ou peut-être le père de Héron.

CTÉSIPHON, v. de Babylonie, au N., sur la r. g. du Tigre, à 4 kil. de son confluent avec le Délas, et assez près de Séleucie : elle a été bâtie par les rois parthes, dont elle fut la résidence d'hiver. Ville puissante et riche sous les Parthes; sa prospérité porta un coup fatal à Séleucie. Elle fut prise par Trajan et par Vérus. Les débris des deux villes ont servi à bâtir la v. actuelle de Bagdad; ce qu'il en reste se nomme Al-Madaïn, c.-à-d. les villes.

CTÉSIPHON, Athénien, fit décerner à Démosthène une couronne d'or pour prix de ses services. Eschine, jaloux, lui intenta une accusation pour ce fait, et Démosthène se chargea de le défendre : c'est à cette occasion qu'il prononça le Pro Corona.

CUBA, la plus grande île des Grandes Antilles, surnommée la Reine des Antilles, au S. de la Floride, au N. de la Jamaïque et d'Haïti. Elle est de forme longitudinale, a 1150 kil. de l'E. à l'O. et env. 170 de large : 1 400 000 h., dont le tiers d'esclaves ; capit., La Havane. Climat chaud et sec, sujet à la fièvre jaune. L'île de Cuba appartient à l'Espagne; elle est, avec Porto-Rico, tout ce qui reste à cette puissance de ses vastes possessions en Amérique. Elle forme une capitainerie générale et se divise en 3 dép.: le dép. occidental (ch.-l., La Havane), le dép. du centre (Puerto-Principe), le dép. oriental (Santiago-de-Cuba). Elle a un archevêché (à Santiago) et un évêché (à la Havane). L'île de Cuba est hérissée de montagnes qui courent dans toute sa longueur; le Rio-Cauto, le Rio-de-Guines, l'Ay ou Rio-dos-Negros sont ses principales rivières. Baies et ports en grand nombre; plusieurs chemins de fer. Superbes forêts, fertilité admirable près des côtes: on y trouve en abondance toutes les productions de la zone torride, ainsi que des mines d'or, de fer, d'aimant, de cuivre, etc. — Cuba fut découverte en 1402, par Colomb, et devint dès lors propriété de l'Espagne. En 1660 et en 1762 les Anglais la prirent et la ravagèrent; elle fut rendue en 1763 aux Espagnols, qui la possèdent encore aujourd'hui; mais cette possession est menacée de suivre le sort des autres colonies espagnoles ou d'être absorbée par les États-Unis, qui la convoitent depuis longtemps. Déjà des flibustiers américains, conduits par le gén. Lopez, l'ont envahie, mais sans succès, en 1850 et 1851. Violente révolte en 1873.

CUBAGUA, île de la mer des Antilles, entre l'île Marguerite et la côte de Cumana, appartient au Venezuela; 15 kil. de tour. Elle est inculte; on y faisait jadis la pêche des perles.

CUBIÈRES (L. Pierre, marquis de), né en 1747, à Roquemaure (Gard), mort en 1821, était écuyer de Louis XVI et lui resta dévoué au milieu de ses malheurs. Il n'émigra pas et échappa cependant aux massacres de la Révolution. Il consacra ses loisirs aux sciences et aux lettres, et écrivit une Histoire des coquillages de mer, 1799, in-4. Il a aussi composé des poésies et des comédies, entre autres le Charlatan.

CUBIÈRES (Michel, chevalier de), frère du préc., né en 1752, mort en 1820, est connu sous les noms de Palmézaux et de Dorat-Cubières, nom qu'il prit parce qu'il avait eu Dorat pour maître. Il écrivit de petits vers pour les Almanachs et les Étrennes lyriques du temps, et composa une foule de pièces de théâtre et d'écrits de circonstance. Partisan exalté de la Révolution, il fut secrétaire de la Commune et prononça un Éloge de Marat. Il fut l'amant de Fanny de Beauharnais et coopéra, avec Dorat, aux écrits que publia cette femme d'esprit.

CUBZAC, bourg du dép. de la Gironde, sur la r. dr. de la Dordogne, à 20 kil. N. E. de Bordeaux et à 2 kil. S. de St-André-de-Cubzac ; 1000 h. On y passait la Dordogne dans un bac On y a élevé en 1840 un pont suspendu, qui est un. des ouvrages les plus hardis de ce genre.

CUCUSE, Cucusus, auj. Coscan, v. de Cappadoce, en Cataonie. S. Jean-Chrysostôme y fut exilé.

CUDWORTH (Ralph ou Rodolphe), philosophe anglais, né à Aller (Somerset) en 1617, mort en 1688, fut d'abord recteur ou ministre d'une petite paroisse, devint en 1645 professeur d'hébreu à Cambridge, et en 1654 principal du collége du Christ dans la même université. On a de lui : le Vrai système intellectuel de l'Univers, 1678, et l'Immutabilité des idées morales, 1731, contre Hobbes. Il a laissé manuscrits plusieurs traités qui devaient compléter le Système intellectuel. Cudworth fit revivre les idées ou types primitifs de Platon, et prétendit que ce philosophe avait connu les livres de Moïse ; il imagina, pour expliquer la formation des corps, des natures plastiques (formatrices), forces aveugles qui étaient chargées d'assembler et d'organiser les parties de la matière inerte, et qui n'étaient que les instruments de l'intelligence suprême. Il faisait de ces natures plastiques des êtres distincts de l'âme et du corps, et s'en servait comme de médiateurs pour expliquer l'action réciproque des deux substances. Les deux ouvr. de Cudworth ont été trad. de l'anglais en latin par Mosheim ; ils sont à l’Index à Rome. — La fille de Cudworth, lady Masham, fut une femme très-distinguée. Elle était l'amie de Locke, qui passa chez elle les dernières années de sa vie.

CUENÇA, Conca, v. d'Espagne, ch.-l. d'intendance, à 124 kil. S. E. de Madrid; 9000 hab. Évêché. Rues tortueuses; quelques beaux édifices. Beaucoup de miel et de cire. Patrie de Molina. — Cuença appartint longtemps aux Maures ; elle fut apportée en dot par Zayde, fille du roi maure de Séville, au roi de Castille Alphonse VI (1072). Perdue par ce prince, elle fut reprise par Alph. IX en 1177, et depuis ce temps elle est restée aux rois chrétiens. — L'intendance de Cuença, formée de la partie orient. de la Nouv.-Castille, se trouve entre Valladolid, Burgos, Soria, Guadalaxara, Tolède, Avila. Elle a 160 kil. du N. au S. et 140 de l'E. à l'O. : 353 000 hab.

CUENÇA, v. de la République de l’Équateur, ch.-l. de la prov. de Cuença et du dép. d'Assuay, par 80° 34' long. O., 2° 53' lat. S.; 30 000 hab. Évêché, couvent des Jésuites, collége et séminaire. Assez belle ville. Raffineries de sucre; fromages, confitures estimées, mine de cuivre et de mercure. Cuença est située à 2550m au-dessus du niveau de la mer.

CUERS, ch.-l. de c. (Var), à 17 kil. N. E. de Toulon; 5600 hab. Vins, câpres, huile d'olive, figues.

CUICULUM, v. de Numidie, auj. Djimilah.

CUISEAUX, ch.-l. de c. (Saône-et-Loire), à 19 k. S. E. de Louhans; 1700 h. Jadis fortifié.

CUISERY, ch.-l. de c. (Saône-et-Loire), à 21 kil. S. O. de Louhans, sur la Seille; 1650 hab.

CUJAS (Jacques), fameux jurisconsulte, né à Toulouse en 1520 ou 1522, mort à Bourges en 1590. Méconnu dans sa ville natale, il la quitta pour toujours. Il enseigna, avec un succès extraordinaire, à Cahors, à Bourges, à Valence, à Paris, le droit ancien et moderne, civil et canonique. Emmanuel-Philibert, duc de Savoie, l'attira à Turin, et lui donna les plus grandes marques de son estime. Il revint ensuite sa fixer à Bourges, où il eut un nombre prodigieux d'écoliers; il ne se contentait pas de les instruire, mais il les assistait souvent de sa propre bourse. Cujas a été longtemps l'oracle des jurisconsultes : aucun n'a pénétré plus avant dans la connaissance et l'explication des lois romaines, et aucun n'a écrit la langue latine avec plus de pureté. Ses Œuvres, qui consistent principalement en Commentaires sur le Corpus juris, ont eu plusieurs éditions : la meilleure est celle de Fabrot, Paris, 1658, réimprim. à Venise, 1758, 10 vol. in-fol., et à Prato, 1836-47, 13 vol. in-8. Sa vie a été écrite par Scévole de Ste-Marthe, PapyreMasson et Berryat-St-Prix. Toulouse lui a érigé une statue en 1850.

CUJAVIE, région de l'anc. Pologne, comprenait ce qui depuis forma le palatinat de Brzesc, celui d'Inovraclaw et le pays de Dobrzin. Elle fit d'abord partie de la principauté de Mazovie, érigée vers 1206 en faveur de Conrad, fils de Casimir II; mais elle en fut détachée ensuite et forma un duché particulier, dont les limites varièrent. Réunie plus tard au duché de Mazovie. elle revint à la couronne de Pologne en 1526. On donne le nom d'évêque de Cujavie à l'évêque de Wladislaw, parce que, primitivement, le siége de cet évêché fut à Krouswiça en Cujavie.

CULARO, v. de la Narbonnaise, auj. Grenoble.

CULIACAN, v. du Mexique (Sonora-et-Cinaloa), SST le Culiacan, qui tombe dans le golfe de Californie, à 175 kil. S. E. de Cinaloa; 10 000 h. Évêché.

CULLEN (W.), médecin écossais, né en 1712, m. en 1790, professa avec la plus grande distinction la médecine et la chimie à Glasgow, puis à Édimbourg ; attaqua la doctrine médicale de Boërhaave, qui régnait alors, et y substitua une doctrine nouvelle dans laquelle il attribuait le principal rôle au système nerveux, que son prédécesseur avait trop négligé. Il rendit aussi de grands services à la physiologie et surtout à la nosologie, dans laquelle il introduisit une classification méthodique. Ses ouvrages principaux sont : Physiology, 1785; Practice of physic, 1787; Synopsis nosologiæ methodicæ, 1772; A treatise of the Materia medica, 1789, qui tous ont été trad. par Bosquillon.

CULLODEN-MOOR, bruyère d'Écosse (Inverness), à 16 k. S. O. de Nairn. Il s'y livra en 1746 une bataille décisive où les Jacobites, commandés par Charles-Édouard, furent défaits par le duc de Cumberland.

CULM, v. des États prussiens (Prusse), à 53 k. S. O. de Marienwerder; 5300 hab. Évêché (dont le titulaire réside à Culmsee, située à 10 k. S. E.), séminaire, école de cadets. La ville fut fondée en 1230 par les Chevaliers teutoniques.

CULM, bourg de Bohême (Leutmeritz), à 12 kil. N. E. de Tœplitz. Vandamme y fut battu en 1813.

CULMBACH, v. de Bavière (Haut-Mein), à 24 kil. N. O. de Bayreuth ; 3700 h. Station de chemin de fer. Incendiée par les Hussites (1430). Patrie du graveur Schœn (Martin).

CULMBACH (Principauté de), la même que celle de Bayreuth. V. BAYREUTH.

CULOZ, commune du dép. de l'Ain, sur la r. dr. du Rhône, à 5 k. S. de Seyssel et à 14 k. N. E. de Belley, sur la frontière de Suisse; 1200 h. Station; pont qui relie les chemins de fer français et suisse.

CUMANA, v. et port du Vénézuela, ch.-l. de la prov. de Cumana et du dép. de Maturin, à l'embouchure du Manzanarès; 10 000 h. Rade vaste et sûre. Climat sain, mais très-chaud. Ville forte et commerçante. Cumana est exposée à de fréquents tremblements de terre. Fondée en 1523 par les Espagnols. — La prov. a 55 000 hab. environ.

CUMANIE (GRANDE), district de Hongrie, dans le cercle en deçà de la Theiss, entre les comitats d'Hevesch, Szaboltsch, Bekes; 1086 k. carrés; 60 500 h. en 1825; ch.-l., Kardzag-Uj-Szallas. — CUMANIE (PETITE), district de Hongrie, dans le cercle en deçà du Danube, entre les comitats de Bacs, Csongrad, Hevesch et Pesth; 80 000 hab. ; ch.-l., Felegyhaza. — La Grande et la Petite Cumanie prennent leur nom d'un corps de Cumans (V. ci-après) qui était venu s'établir en Hongrie dans les XIIe et XIIIe siècles. Les rois de Hongrie leur concédèrent des terres en récompense de leurs services et pour prix de leur conversion au Christianisme.

CUMANS ou COMANS, dits aussi Uzes et Polovtzes, peuple de la Sarmatie européenne, était probablement une tribu des Alains et tirait son nom du Cuma ou Kouma, fl. qui se jette dans la mer Caspienne. En 888, on voit les Cumans établis entre le Volga et l'Oural, pays dont ils avaient chassé les Petchenègues. Au XIe siècle, ils se répandirent entre le Dnieper, le Tanaïs, le Volga et l'Iaïk. Au XIIIe, la plus grande-partie d'entre eux passa en Hongrie, où ils s'établirent dans le pays appelé depuis Cumanie.

CUMBERLAND, Cumbria, comté d'Angleterre, dans l'angle N. O., sur la mer d'Irlande, et limitrophe de l'Écosse : 115 k. sur 65; 180 000 hab.; ch.-l. Carlisle. Sol varié, mont. (de 300 à 1000m), sites pittoresques ; climat sain, mais humide. Mines de plomb, de houille, carrières de pierres à chaux; très-peu d'industrie. Au N. s'étend l'ancien mur d'Adrien. Le pays tire son nom des Cimbres (Cumbri ou Cimbri), ses anciens habitants. — Le nom de Cumberland est très-commun aux États-Unis et dans les possessions anglaises de l'Amérique du Nord; ainsi il est porté : 1° par plusieurs comtés des États-Unis ; — 2° par une riv. qui arrose les États de Kentucky et de Tennessee, passe par Nashville, et se jette dans l'Ohio, r. g., après un cours de 800 k.; — 3° par une chaîne de mont. qui sort de la branche occidentale des monts Alleghany et s'étend de 35° à 37° lat. N., formant au N. E. la limite entre le Kentucky et la Virginie; — 4° par une v. du Maryland, capit. du comté d'Alleghany, au confluent du Potomac et du Will's Creek, à 200 kil. N. O. de Baltimore ; — 5° par une région de la Nouv.-Bretagne, à l'O. du détroit de Davis.

CUMBERLAND (Richard), moraliste, né à Londres en 1632, mort en 1718, fut longtemps ministre d'une petite paroisse, et devint en 1691 évêque de Peterborough. Il publia en 1672, sous le titre De legibus Naturæ, un traité où il établit, contre Hobbes, qu'il y a une morale naturelle, indépendante des conventions des hommes. Cet estimable ouvrage a été trad. en français par Barbeyrac, 1744. Cumberland a aussi donné un Essai sur les poids et mesures des Juifs, 1686; une trad. des fragments de Sanchionathon, 1720, et un livre sur l’Origine des plus anc. peuples, 1724. — Richard C., son arrière petit-fils, 1732-1811, s'est fait connaître comme littérateur, et a donné plusieurs pièces de théâtre, entre autres, les Frères et l'Américain, qui eurent du succès.

CUMBERLAND (Will. Aug., duc de), 3e fils de George II, né en 1721, mort en 1765, battit à Culloden (1746) le prétendant Charles-Édouard et ruina par cette victoire toutes ses espérances. Il fut moins heureux contre les Français : déjà, en 1745, il avait perdu là bataille de Fontenoy; il se fit encore battre à Lawfeld (1747), puis à Hastenbeck (1757), et fut forcé, après cette dernière défaite, de signer la convention de Kloster-Seven. Il cessa depuis de commander.

CUME ou CYME, v. d'Asie-Mineure (Éolie), sur le golfe de Cumes (auj. golfe de Sandarli), entre les emb. du Caïque et de l'Hermus. Patrie d'Hésiode. C'est une des villes qui se disputaient la naissance d'Homère.

CUME ou CUMES, Cumæ, v. de Campanie, sur la côte, au N. de Naples, fondée vers 1130 av. J.-C., par deux colonies venues, l'une de la Cume d'Éolie, l'autre de Chalcis en Eubée, passait pour être le séjour d'une sibylle, qui, selon la Fable, conduisit Énée aux Enfers, et qui vendit à Tarquin les livres sibyllins. Cumes eut pour colonies Neapolis (Naples) et Zancle ou Messine. En 419 av. J.-C. elle fut prise par les Campaniens, à qui les Romains l'enlevèrent. Il ne reste de cette ville que des ruines informes.

CUNAXA, vge de la Mésopotamie mérid., près de l'Euphrate, à 130 k. N. O. de Babylone, est célèbre par la victoire qu'Artaxerce II y remporta sur Cyrus le Jeune, son frère : celui-ci y périt (401 av. J.-C.).

CUNDINAMARCA, un des dép. de la Nouv.-Grenade, dans la partie supérieure de la vallée de la Magdalena; 620 000 h.; ch.-l., Santa-Fé-de-Bogota. Traversé par une chaîne des Andes et couvert de forêts habitées par des tribus sauvages.

CUNÉGONDE (Ste), impératrice, fille de Sigefroi, premier comte de Luxembourg, épousa Henri, duc de Bavière et empereur après Othon III. Elle fonda plusieurs monastères, et, après la mort de son époux (1024), se retira dans l'un d'eux près de Cassel, où elle mourut en 1040. On la fête le 3 mars.

CUNEO, nom italien de Coni.

CUNERSDORF, village du Brandebourg, près de Francfort-sur-l'Oder, à 60 k. O. de Berlin. Frédéric le Grand, roi de Prusse, y fut battu en 1769 par les Russes et les Autrichiens.

CUNEUS, c.-à-d. le coin, l'angle, région mérid. de la Lusitanie, à l'angle S. O., entre l’Anas (Guadiana) et le promontoire Sacrum (cap St-Vincent), forme auj. l’Algarve.

CUNIBERT, dit le Pieux, roi des Lombards, fut d'abord associé à son père Pertharite en 678, lui succéda en 687, et fut détrôné en 690 par Alachis, duc de Trente et de Brescia; mais bientôt après, rappelé par les vœux de ses sujets, il chassa Alachis et reprit ses États. Il régna en paix jusqu'à sa mort, en 700.

CUNLHAT, ch.-l. de c. (Puy-de-Dôme), à 20 kil. N. O. d'Ambert; 3000 hab. Camelots, serge.

CUNNINGHAM (Allan), poëte écossais, 1784-1842, avait d'abord été maçon. Il attira l'attention et gagna la protection de Walter Scott par quelques chants tirés des légendes populaires, et obtint bientôt la faveur du public. Parmi ses poésies on cite : Sir Marmaduke Maxwell et les Traditions des paysans d'Angleterre et d'Écosse, 1822, The Maid of Elvar, 1832, On a aussi de lui une Histoire des peintres et graveurs anglais et une Hist. de la littérature anglaise.

CUPAR, v. d'Écosse, ch.-l. du comté de Fife, sur l'Eden, à 42 k. N. E. d’Édimbourg; 6500 h. Imprimerie d'où sont sorties des éditions remarquables.

CUPAR-ANGUS, v. d'Écosse, sur le Tay, partie dans le comté de Perth, partie dans celui de Forfar, à 22 k. N. E. de Perth ; 2600 h. Restes d'un camp romain et d'une abbaye de Cisterciens fondée en 1163.

CUPIDON, dieu de l'amour, fils de Jupiter ou de Mars et de Vénus. On le représentait sous la figure d'un enfant nu et aveugle ou les yeux couverts d'un bandeau, l'air malin, armé d'un arc et d'un carquois rempli de flèches; on lui donnait des ailes, pour marquer l'inconstance de l'amour. Il fut l'amant de Psyché. — Quelques-uns distinguent Cupidon, dieu du désir, de l'Amour proprem. dit, l’Éros des Grecs.

CUQ-TOULZA, ch.-l. de c. (Tarn), à 20 k. S. E. de Lavaur; 1000 hab.

CURAÇAO, une des îles Antilles, près des côtes de la Nouv.-Grenade, par 70° 50' long. O., 12° lat. N. : 85 kil. sur 20; 15 000 hab. (dont 4000 blancs). Lieux princ. : Willemstadt et Curaçao. Au N., rochers arides et escarpés; quelques plaines fertiles; on y cultive le maïs, la muscade, la canne à sucre, l'oranger; on y fait la liqueur connue sous le nom de curaçao. L'île de Curaçao appartient à la Hollande; elle forme avec les îles environnantes (Aruba ou Oruba, Bonaïr et Aves) le gouvt de Curaçao. Occupée par les Espagnols en 1527, elle leur fut enlevée en 1634 par les Hollandais; prise par les Anglais en 1798 et 1806, elle fut rendue en 1814.

CURAUDAU (Fr. René), pharmacien et chimiste, né à Séez en 1765, mort en 1813, vint se fixer à Paris, fut un des membres les plus actifs de la Société d'encouragement et fit un grand nombre d'applications utiles de la science. Il perfectionna la fabrication du savon, de l'alun artificiel, du sucre de betterave, le blanchissage à la vapeur et publia en 1806 un traité estimé sur ce mode de blanchissage.

CURÉE (J. Fr.), représentant du peuple, né à St-André près de Lodève en 1765, mort en 1835, fut député à l'Assemblée législative, à la Convention et au Conseil des Cinq-Cents, se rallia à Bonaparte et applaudit au 18 brumaire, fut nommé tribun et proposa le 1er l'établissement de l'Empire (1804). Il fut appelé au Sénat en 1807 et privé de tout emploi en 1814.

CURES, auj. Correse, anc. v. des Sabins, à 10 k. N. E. de Rome, était la capit. d'un petit État sabin, le plus redoutable de ceux qui firent la guerre à Romulus, mais qui fut absorbé dans Rome de 742 à 737 av. J.-C. Les habitants de Cures étaient appelés Quirites; après leur translation à Rome les Romains prirent eux-mêmes ce nom.

CURÈTES, êtres mythologiques qui, avec les Corybantes, gardèrent Jupiter encore à la mamelle dans une grotte de l'île de Crète, en formant autour de son berceau des danses armées et des chœurs bruyants, pour qu'on ne pût entendre ses cris. On en fait aussi des ministres du culte de Cybèle et de Jupiter, qui paraissent se confondre avec les Dactyles. Quelques savants prétendent que les Curètes étaient un peuple particulier, sorti de Phrygie et de Phénicie, qu'ils vinrent à la suite de Deucalion en Phocide et en Thessalie, d'où ils se répandirent en Eubée, dans le Péloponèse et la Crète. Ayant apporté avec eux des connaissances utiles et des inventions ingénieuses, ils furent regardés comme des êtres surnaturels.

CURIA RHÆTORUM, v. de Rhétie, auj. Coire.

CURIACES. V. HORACES.

CURIE, curia, une des divisions du peuple romain. Il y avait 30 curies, 10 par tribu. Chaque curie avait à sa tête un prêtre qui présidait aux sacrifices sous le nom de curion. Il y avait en outre un grand curion, auquel tous les chefs des curies particulières étaient subordonnés, et qui était élu par toutes les curies réunies. On ne convoquait guère les curies que pour l'élection du grand curion, pour les adoptions, la ratification de quelque testament, etc. On y votait à la majorité des voix individuelles, tandis que, dans les assemblées par centuries, on comptait par centuries, mode qui offrait plus d'avantage à la noblesse. — On nommait aussi curies les édifices où se tenaient les assemblées soit civiles soit religieuses, et particulièrement le lieu des réunions du sénat : il y avait 3 curies sénatoriales, l’Hostilia (dite depuis Julia), la Pompeia et l’Octavia.

CURION, dignité romaine. V. CURIE.

CURION (C. Scribonius), tribun du peuple en 49 av. J.-C., avait d'abord suivi le parti de Pompée. Gagné par César, il se mit à la tête d'une armée dévouée à celui-ci et chassa Caton de Sicile; mais il fut battu en Afrique par un lieutenant de Juba et périt dans le combat, sur les bords du Bagradas (48). C'était un homme débauché et perdu de dettes.

CURIOSOLITES, peuple de la Gaule (Lyonnaise 3e), à l'E. des Osismii, habitait dans les dép. des Côtes-du-Nord et d'Ille-et-Vilaine, la v. actuelle de Corseul et ses environs, entre Dinan et Lamballe.

CURIOSOPITES, nom que l'on a confondu à tort avec Curiosolites, désigne, à partir du Ve s., la ville et l'évêché de Quimper-Corentin.

CURISCHE-HAFF, c.-à-d. hâvre de Courlande, lagune de la Prusse orientale, au N. E. de Kœnigsberg, est formée par le Niémen à son emb.; elle est unie à la mer Baltique par le détroit de Tief et séparée de cette mer par la Curische-Nehrung, péninsule sablonneuse de 88 kil. de long.

CURIUS DENTATUS (Manius), Romain célèbre par sa frugalité et son désintéressement, trois fois consul, vainquit les Samnites, les Sabins, les Lucaniens; battit Pyrrhus près de Tarente, l'an 275. av. J.-C., et jouit deux fois des honneurs du triomphe. Chargé de distribuer les terres conquises aux citoyens pauvres, il en donna quatre arpents à chacun, et n'en voulut pas garder davantage pour lui. Les ambassadeurs des Samnites étant venus le trouver dans sa modeste retraite et lui offrant de l'or pour le séduire, il leur répondit que, quand on savait se passer d'or, on commandait à ceux qui en possédaient.

CUROPALATE (de cura palatii, soin du palais), dignité de la cour de Constantinople. C'était sans doute d'abord l'intendant du palais, mais ce titre devint bientôt purement honorifique : il était le premier après ceux de césar et de nobilissime. Il était porté d'ordinaire par les parents de l'empereur.

CURRAN (J. Philpot), avocat irlandais, né près de Cork en 1750, mort en 1818, acquit par son talent et son patriotisme une grande réputation; fut nommé en 1784 membre de la Chambre des Page:Bouillet - Chassang - Dictionnaire universel d'histoire-geo - 1878 - P1 - A-G.djvu/492 Page:Bouillet - Chassang - Dictionnaire universel d'histoire-geo - 1878 - P1 - A-G.djvu/493 Page:Bouillet - Chassang - Dictionnaire universel d'histoire-geo - 1878 - P1 - A-G.djvu/494 Page:Bouillet - Chassang - Dictionnaire universel d'histoire-geo - 1878 - P1 - A-G.djvu/495 empereur Paul les lui rendit. Nommé conseiller privé sous Alexandre, il consacra toute son influence à relever le commerce et à faire fleurir les lettres dans la Pologne : il créa le gymnase de Krzémieniec (1803), et organisa un grand nombre d'écoles dans la Volhynie, la Podolie et le gouvt de Kief. On lui doit plusieurs ouvrages d'histoire et d'économie politique ; le plus important est un Essai historique et philosophique sur les lois de la Lithuanie, Varsovie, 1800.

CZAR ou TZAR, titre que porte l'empereur de Russie et que l'on fait dériver de César. Le premier qui le porta fut Ivan IV ; il le prit en 1547, après avoir secoué le joug des Tartares. — Quelques-uns font remonter ce titre au XIIe s. : il aurait été donné dès 1115 par l'empereur Alexis Comnène au grand prince de Russie Vladimir II.

CZARNIECKI (Étienne), le Du Guesclin de la Pologne, né en 1599, mort en 1664, fut nommé général en 1643, et castellan de Kief en 1654, défendit pendant deux mois, en 1655, la ville de Cracovie contre Charles-Gustave, roi de Suède, et reçut en récompense du roi J.-Casimir le comté de Tykoczin avec le titre de libérateur de la Pologne. Il mourut au milieu d'une campagne glorieuse contre les Cosaques.

CZARTORYISKI (les princes), noble famille polonaise, issue des Jagellons, a joué un grand rôle dans l'histoire de la Pologne. Elle tire son nom de Czartorysk, petite ville de la Volhynie, sur le Styr. En 1413, Ladislas Jagellon donna aux Czartoryiski le titre de princes, comme proches parents de la dynastie régnante. En 1569, on les trouve aidant Sigismond-Auguste à réunir la Lithuanie à la Pologne. Au XVIIIe, Constance-Czartoryiska épouse le comte Poniatowski et a pour fils Stanislas-Auguste, qui fut roi de Pologne de 1764 à 1795. — Adam-Casimir, neveu de Constance, né en 1731, mort en 1823, se porta candidat au trône de Pologne en même temps que Stanislas Poniatowsky, à la mort d'Auguste III, entra au service de l'Autriche et devint feld-maréchal. Il prit part aux diverses tentatives que firent les Polonais pour secouer le joug de l'étranger, fut nommé par Napoléon maréchal de la diète de Pologne et organisa la confédération de 1802. Depuis 1815 il vécut retiré dans ses domaines, cultivant et protégeant les lettres. Ses compatriotes l'ont surnommé le Mécène de la Pologne. — Son fils, Adam Cz., né en 1770, jouit de la faveur de l'empereur de Russie Alexandre, qui le prit pour ministre des affaires étrangères et le nomma sénateur palatin de Pologne ; mais il se retira des affaires quand il se fut reconnu impuissant à protéger ses compatriotes. Il accepta en 1830 la présidence du gouvt provisoire de Pologne, combattit pour l'indépendance, et se réfugia en France dès que la cause nationale eut succombé. Il m. en 1861, dans son hôtel Lambert, entouré de la vénération universelle.

CZASLAU, v. de Bohême, ch. l. de cercle, à 69 k. S. E. de Prague ; 4000 hab. Église remarquable par son haut clocher, et par le tombeau de Ziska, chef des Hussites. Raffinerie de salpêtre. Frédéric II y battit en 1742 le prince de Lorraine, Charles, frère de l'empereur. — Le cercle de Czaslau, entre ceux de Kaurzim, Chrudim, Tabor et la Moravie, a 75 k. sur 55 et 250 000 hab.

CZENSTOCHOWA, anc. v. forte de la Pologne russe, dans le gouvernement de Kalich, à 120 kil. S. E. de Kalich; 2000 h. ; est célèbre par son couvent, fondé en 1382, qui est un but de pèlerinage. Casimir Pulawski, chef de la Confédération de Bar, y fut assiégé par les Russes en 1771. Les Français la prirent en 1812 ; les Russes rasèrent ses fortifications en 1813.

CZERNI-GEORGE (c.-à-d. George le Noir, à cause de son teint basané), né près de Belgrade, d'une famille française, à ce qu'on croit, montra dès l'enfance une haine violente contre les Turcs. À la tête d'une bande de Grecs, d'Esclavons et de Croates, il harcela sans cesse les Turcs, établit une discipline sévère parmi ses troupes, remporta plusieurs victoires, s'empara de Belgrade (1800), se fit proclamer généralissime des Serbes, et força la Porte à le reconnaître prince de Servie, 1806. En 1807, il fut vaincu près de Widdin et forcé de céder une partie de ses possessions ; mais peu après, excité par la Russie, il recommença la guerre et la soutint jusqu'en 1813, où il fut obligé d'évacuer la Servie. L'empereur Alexandre l'accueillit, le créa prince et général russe. Quelques années après, s'étant aventuré à rentrer en Turquie, il fut pris et décapité par le pacha de Belgrade, 1817. Czerni-George était tellement absolu et cruel que, pour maintenir son autorité, il n'hésita pas à mettre à mort son propre père et son frère, qu'il soupçonnait d'intelligences avec l'ennemi. — Son fils, Alexandre Pétrovitch, né en 1806, et élevé en Russie, fut élu hospodar de Servie en 1842.

CZERNIGOV, v. de Russie, ch.-l. du gouvt de même nom, à 373 k. S. E. de Minsk, sur la Desna ; 17 000 hab. Archevêché. — Cette ville eut dès le IXe s des seigneurs particuliers, dont la descendance s'éteignit au XIIIe siècle. En 1239, les Tartares s'en emparèrent et en massacrèrent les habitants. Elle passa ensuite sous la domination des Lithuaniens. En 1509, Wasili la réunit à la Russie. — Le gouvt de Czernigov, entre ceux de Mohilev, de Smolensk, d'Orel, de Koursk, de Pultawa, de Kiev et de Minsk, a 390 kil. sur 140, et compte 1 500 000 hab.

CZERNOVICZ, v. des États autrichiens, capit. de la Bukowine, sur la rive droite du Pruth, à 740 k. E. de Vienne ; 12 000 h. Évêché grec, institut philosophique et théologique. Orfèvrerie, joaillerie.

CZERSKO, v. de la Pologne russe (Mazovie) à 35 k. S. O. de Varsovie; 800 hab. Jadis capit. et. résidence des ducs de Mazovie, elle fut ruinée par les Suédois.

CZIRKNITZ, vge des États autrichiens (Carniole), à 26 k. S. O. de Laybach. Près de là est un lac remarquable par ses intermittences (l'eau disparaît souvent l'été, et le fond du lac est alors cultivé).

CZORTKOW, v. des États autrichiens (Galicie), ch.-l. de cercle, sur le Séretz, à 80 k. E. de Lemberg ; 2000 hab. — Le cercle, entre celui de Tarnopol, la Bukovine et la Podolie, a 80 k. sur 42, et 190 000 h.



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