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(ep. 235). Le peu qu'il en dit au reste confirme l'idée que nous en venons de donner. Gerbert n'y cite que Boëce; mais on ne doute point qu'il n'en eût puisé quelque chose dans Pythagore, comme avait fait Wibolde évêque d'Arras et de Cambrai pour son jeu des vertus, dont nous avons rendu compte.

Casimir Oudin (Script. supp. p. 313) assure que le Rhythmomachia de Gerbert a été imprimé avec les quatre livres en allemand sur le jeu des échecs, que le duc de Brunswick et de Lunebourg publia, sous le nom emprunté de Gustavus Sélénus, à Leipsik, l'an 1616, en un volume in-folio, qui est devenu très-rare. Un savant moderne (LE BEUF, ib. p. 85, 86 not.), qui rapporte ce fait d'après Oudin, lui a

prêté un sens étranger. Il ne dit point en effet, comme l'avance ce savant, que ce prince n'a fait que publier en allemand l'écrit de Gerbert, mais seulement que cet écrit a été imprimé avec l'ouvrage en allemand du sérénissime prince.

On ne saurait dire précisément si tous ces écrits de Gerbert sur l'arithmétique, qui n'ont pas été inconnus de Trithème (Chron. Hirsaug. t. I, p. 142), se trouvent ensemble réunis dans deux différents manuscrits de la bibliothèque du Vatican, entre ceux qui ont appartenu à la reine Christine, sous le simple titre de: Arithmetica Gerberti scolastici (MONTF. ib. p. 24 2, 58 1); ou si ce n'est seulement que quelqu'un des traités de notre philosophe sur ce sujet. Comme cependant un de ces manuscrits

annonce les ouvrages de Bernelin, disciple de Gerbert, sur la même matière, conjointement avec l'Arithmétique de son maître, on pourrait l'entendre de tout ce que Gerbert en a écrit, dont on aura fait un recueil, en y joignant les productions de Bernelin.

6o Si Gerbert n'a pas autant publié d'écrits sur la géométrie que sur l'arithmétique, un seul traité qui nous reste de lui sur cette première faculté, est au-dessus de tout ce qu'il nous a laissé sur l'autre. Ce traité de géométrie est effectivement aussi estimable pour sa brièveté et sa clarté que pour les choses qu'il contient, la méthode et la manière dont elles y sont traitées. On peut douter avec raison si depuis la première décadence des lettres jusqu'à

leur dernier rétablissement quelqu'un a mieux réussi à traiter ce sujet.

Gerbert commence son écrit par découvrir l'origine de la géométrie, et les deux principaux usages auxquels on l'a employée. Il en donne ensuite la définition, et en montre l'utilité: en quoi il n'oublie pas d'avertir qu'elle sert particulièrement à faire connaître et admirer la puissance ineffable et la souveraine sagesse de Dieu, qui a tout fait avec nombre, poids et mesure. Passant de là à établir les principes, et prescrire les règles de cette science, il touche d'abord quelque chose de son excellence, en rappelant les éloges qu'en fait S. Augustin dans ses divers ouvrages, nommément dans son traité

de la Quantité de l'âme. Pour mettre son écrit à la portée de tout le monde, et le rendre surtout utile à ceux qui ne font que commencer, qu'il a particulièrement en vue, après avoir fait des excuses aux savants, il s'applique à donner des notions claires des termes, des figures, en un mot de tout ce qui concerne la géométrie. Il porte son attention jusqu'à faire connaître les mesures des anciens, qu'il possédait à fond.

Il va encore plus loin. Afin de rendre les choses sensibles, et les faire, pour ainsi dire, toucher au doigt, il donne des exemples de chaque découverte qu'on se propose, et enseigne comment il faut s'y prendre pour y réussir. A cet effet, il met sous les yeux de ses lecteurs toutes les sortes de figures en

usage dans l'exercice de cette science. Il leur apprend les différentes opérations peur réussir à mesurer un champ oblong, carré, triangulaire; à prendre la hauteur d'un arbre, d'une tour, d'une pyramide; à connaître la quantité d'eau qui est dans un puits; à faire de justes compartiments; à trouver le méridien pour la construction des cadrans.

Boëce, qui était l'auteur favori de Gerbert, fut, comme il paraît, un des guides qu'il suivit dans le traité en question. Mais il n'y a pas lieu de douter qu'il ne tirât aussi de grandes lumières de ces belles figures de géométrie, dont il fit l'acquisition dans un de ses voyages d'Italie (Ep. par. I, ep. 8). Il donnait tant d'étendue à cette science, qu'il soumettait à

son empire les nombres mêmes dont on se sert pour compter (ep. 134).

Ce traité de Gerbert, qui se trouvait autrefois dans la bibliothèque Farnèse sous le titre de Liber geometriae artis (Bzov. Vit Scil. c. 7, p. 23), et qu'on voit aussi manuscrit à celle du roi, a été imprimé par les soins de dom Bernard Pez (Anec. t. III, par. II, p. 1-82; diss. p. 7, 8). Le manuscrit d'où il l'a tiré est anci n de six cents ans ou environ, et se trouve à l'abbaye de Saint-Pierre de Saltzbourg. Il ne représente point avec exactitude le texte original, non plus que les figures géométriques dont il est rempli, et que l'éditeur a eu soin de faire graver en bois le mieux qu'il lui a été possible.


7o Trithème nous apprend que Gerbert avait fait deux autres traités, l'un sur la composition de l'astrolabe, l'autre de la manière de construire le cadran, ou quart de cercle, autre instrument de mathématique. Ce double traité se trouve dans les manuscrits 1246 et 1269 de la bibliothèque de Sorbonne; et M. l'abbé le Beuf en rapporte le commencement. Gerbert y traite aussi des cadrans solaires.

8o On a imprimé celui qu'il a composé sur la sphère, que le même Trithème qualifie un écrit aussi beau que nécessaire, pulchrum et necessarium opus, Ce n'est cependant qu'une lettre à Constantin de Fleuri, ami de Gerbert. Encore n'est-elle pas de