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apparence qu'elle est perdue, aussi bien que cette partie de l'histoire des archevêques de Reims, dans laquelle elle se trouvait insérée, ce qui est une double perte.

Avant de terminer cet article, le lecteur ne sera pas fâché d'y voir un exemple de ces fautes frappantes dans lesquelles sont capables de tomber les plus savants hommes, lorsqu'ils négligent de faire usage de toute leur attention. L'on sait de quoi il était question au concile de Mouson entre Gerbert et le légat du saint-siége. Néanmoins M. du Pin n'a pas laissé d'avancer, que le sujet de leur conférence était la composition de l'astrolable. Assurément ils avaient des affaires tout autrement intéressantes à démêler. L'erreur de ce savant bibliographe est vraisemblablement

venue de ce qu'il n'avait lu sur ces deux différents écrits de Gerbert que ce qu'en dit M. Cave. Celui-ci en les annonçant ensemble, conjointement avec deux autres, sous le même article, aura donné lieu à la confusion. Voici la manière dont il en parle et qui justifiera notre conjecture: Dialogus pulcherrimus inter ipsum et Leonem nuncium apostolicum; De compositione astrolabii liber; De rhetorica lib. I; Oratio in synodo Mosomensi, etc.

18o On attribue à Gerbert (Bib. Bodl. part. II, p. 163 2; OUD. Script. supp. p. 313) une autre dispute qui se passa à Rome, et qui a été imprimée dans la même ville l'an 1544 en un volume in-4o. Cet ouvrage qui porte pour titre Dispute des chrétiens et des juifs, Disputatio Christianorum et judaeorum Romae habita, paraît très-rare, et il ne nous a pas été possible de le voir par nous-mêmes. Nous sommes donc hors d'état d'en donner une notice plus étendue, et de dire même si l'auteur était déjà pape lorsqu'il fit cet écrit, ou s'il le composa dans quelqu'un de ses voyages de Rome avant son pontificat.

19o Il y a presque le même doute par rapport au temps que Gerbert composa le traité ou discours de l'Idée ou Portrait des évêques, De informatione episcoporum. Il est clair par toute la suite de l'écrit, que l'auteur était alors revêtu de l'épiscopat. Mais on n'y découvre rien qui montre qu'il fût déjà sur le saint-siége. Ce qu'il y dit convient également à un simple archevêque comme à un pape. Gerbert

le prononça d'abord de vive voix dans une assemblée d'évêques, soit en concile ou autrement (MAB. Annal. t. II, p. 210): In gremio sacerdotum positus, dit-il, ipsos alloquar sacerdotes. Après tout, en quelque qualité qu'il ait fait cet écrit, soit comme archevêque de Reims ou de Ravenne, soit comme pape, on ne le peut regarder que comme un monument respectable de son zèle pour voir l'ordre épiscopal tout brillant des, vertus convenables à son caractère.

L'auteur s'y propose deux objets. Il y montre d'abord l'excellence de l'épiscopat et y établit ensuite l'obligation qu'ont ceux qui en sont revêtus de mener une vie qui réponde à cette haute dignité. Tout roule sur ces deux points, qui sont assez bien

touchés pour le temps. Gerbert y a fait entrer une courte mais belle exposition des caractères que saint Paul dans sa première Epître à Timothée attache à l'épiscopat. Après quoi il fait une vive sortie sur la simonie, qui était alors si commune, et qu'il compare à la lèpre de Giézi. La manière dont il la combat est d'autant plus capable. de faire impression qu'elle est plus naïve et mieux circonstanciée. En rehaussant la dignité épiscopale, il dit que tous les évêques ont reçu avec saint Pierre la charge de paître les brebis dont parle Jésus-Christ au dernier chapitre de l'Evangile de saint Jean. L'endroit est remarquable, si l'auteur était dès lors pape. Il finit ce beau discours par une courte prière où il conjure le Saint-Esprit de venir au secours de

tous les évêques, afin qu'ils mettent en pratique ce qu'il lui a inspiré de leur dire.

Ce qui contribue à donner encore une idée avantageuse de cet écrit et de son auteur, c'est de voir qu'on y a découvert tant de beautés, qu'on en a voulu faire honneur à saint Ambroise, le plus poli et le plus éloquent des Pères latins. Dès le siècle même où mourut Gerbert, le cardinal Humbert, ignorant le véritable auteur de cet opuscule, en copia sous le nom de ce Père un fort long fragment, qui forme le seizième chapitre de son premier livre contre les simoniaques (HUMB. in Sim. l. I, c. 16). De même, Giles Charlier, dans sa réplique à Nicolas Thaborite au concile de Bâle, cite encore cet écrit sous le nom de saint Ambroise (MART. am. Coll. t. VIII, p. 460).

C'est sur l'autorité de ces écrivains, et des autres qui les ont suivis en ce point, que l'opuscule se trouve porter le nom de ce saint docteur dans plusieurs manuscrits, et qu'en conséquence il a été imprimé parmi ses oeuvres, où il porte divers titres (AMB. t. II, app. p. 357-364.). Dom Martène (Anec. t. V, pr. p. 2 dit l'y avoir cherché inutilement; mais c'est qu'il ne l'y cherchait que sous le titre De vita et ordinatione episcoporum, le même sous lequel Humbert en rapporte le morceau dont on a parlé. Il l'y aurait trouvé sous le titre De dignitate sacerdotali, comme il est inscrit dans le IVe tome de l'édition de Paris 1642, ou De informatione episcoporum, comme il est intitulé dans l'appendice de la dernière édition. On l'a ainsi rangé parmi les ouvrages supposés à saint Ambroise, depuis que dom Mabillon l'a rendu à Gerbert son véritable auteur, sur la foi d'un ancien manuscrit de Saint-Martial de Limoges (MAB. ib., p. 215). C'est sur ce même manuscrit qu'il l'a fait réimprimer au second volume de ses Analectes. Il y a cependant plusieurs variantes entre le texte de cette édition et celui du même écrit tel qu'il se lit parmi les oeuvres de saint Ambroise. Outre les inscriptions que nous en avons déjà marquées, il porte encore dans divers manuscrits celle de Pastoral; et c'est de la sorte qu'Alger et Giles Charlier le