Pagina:Œuvres philosophiques de Leibniz, Alcan, 1900, tome 1.djvu/659

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EXTRAIT D'UNE LETTRE 631

tonnelles se sont déjà fort bien aperçus que la force et les lois du mouvement qui en dépendent ne peuvent être tirées de la seule étendue, et comme ils ont pris pour accordé qu’il n’y a que de l’étendue, ils ont été obligés de lui refuser la force et l’action, et d’avoir recours ù la cause générale, qui est. la pure volonté et action de Dieu. En quoi l’on peut dire qu’ils ont très bien raisonné em hypothèse. Mais l’hypothèse n’a pas encore été démontrée ; et comme la conclusion paraît peu convenable en physique, il y a plus (Fapparenee de dire qu’il y a du défaut dans l’l1ypotl1èse (qui d’ailleurs souffre bien d’autres difficultés), et qu’ondoie reconnaître dans la matière quelque chose de plus que ce qui consiste dans le seul rapport à l’étendue ; laquelle, tout comme l’espace, est incapable d*action et de résistance, qui n’appartient qu’aux substances. Ceux qui veulent que l’étendue même soit une substance renversent l’ordre des paroles aussi bien que des pensées. Outre l’étendue il faut avoir un sujet qui soit étendu, c’est-in-dire une substance il laquelle il appai-lienne d’être répétée ou continuée. Car l’étendue ne signifie qu’une répétition ou multiplicité continuée de ce qui est répandu ; une pluralité, continuité et coexistence des parties ; et par conséquent elle ne suffit point pour expliquer la nature même de la substance répandue ou répétée, dont la notion est antérieures celle de sa répétition...