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SELECTA E CONCILIO BASOLENSI GENUINA.
(Actes de la province eccléastique de Reims, tom. I, pag. 635.)·



[LE CONCILE DE SAINT-BASLE]


La ville de Laon, dans laquelle Arnoul s'était réfugié avec Charles de Lorraine, fut livrée à Hugues Capet par l'évêque Adalhéron-Ascelin. Charles et Arnoul furent envoyés prisonniers à Orléans. Le roi convoqua un concile pour faire juger l'archevêque. Cette assemblée se tint, au mois de juin 991, dans l'abbaye de Saint-Basle . Il s'y trouva deux archevéques: Séguin de Sens et Dacbert de Bourges, et onze éveques: Gui de Soissons, Adalhéron de Laon, Hervée de Beauvais, Gotesman d'Amiens, Ratbode de Noyon, Odon de Senlis, Gauthier d'Autun, Brunon de Langres, Milon de Mâcon, Arnoul d'Orléans, Herbert d'Auxerre, et un grand nombre d'abbés. Arnoul, tiré de sa prison, fut amené pour être jugé par le concile.

La présidence fut déférée à l'archevêque de Sens, le plus ancien des métropolitains; Arnoul d'Orléans fut désigné comme promoteur. Après quelques préliminaires, le promoteur exposa la cause. Le président déclara que, selon les canons , il ne procéderait au jugement qu'autant qu'on promettrait de faire grâce de la vie à l'accusé, s'il etait convaincu; alors commenç le procès. On produisit contre Arnoul le serment de fidélité qu'il avait souscrit; le témoignage du prêtre Adalger, qui assurait n'avoir ouvert les portes de Reims que par les ordres de l'archevêque; la sentence d'excommunication qu'il avait portée contre les auteurs du pillage, et qui n'était plus, d'après sa conduite, qu'un stratagème pour cacher sa trahison. Les défenseurs: Jean, écolâtre d'Auxerre; Roaul he, abbé de Senones, et Abbon, abbé de Fleury, firent valoir en faveur d'Arnoul: 1o qu'il ne pouvait répondre, ni par conséquent ètre jugé avant d'être rétabli; 2o qu'il fallait faire les sommations canoniques; 3o que la cause devait être notifiée au Saint-Siége; 4o que les accusateurs et l'accusé devaient paraître devant un concile plus nombreux. A ces moyens de défense on répondit: que les accusateurs étaient de caractère à n'etre pas récusés: qu'Arnoul avait été cité plusieurs fois, et qu'il avait toujours refusé de comparaître: qu'il pouvait être jugé sans être ratabli, on en avait usé ainsi à l'égard d'Ebbon de Reims et d'Hildeman de Beauvais: qu'enfin le pape avait été consulté, et on produisait comme preuves les lettres du roi et des evèques. Le promoteur chercha à établir la compétence du concile dans une déclamation fort peu mesurée contre la cour de Rome .

Ensuite Arnoul fut introduit, et prit place au rang des éveques. Le promoteur lui reprocha son infidélité au roi; l'archevêque essaya de nier et de taxer d'imposture les témoins qui déposaient contre lui. Sur la proposition de quelques abbés, il se retira dans un lieu séparé, pour conférer avec quelques prélats qu'il choisit pour conseils: c'étaient l'archevêque de Sens, et les évèques d'Orléans, de Langres et d'Amiens. Là, à genoux devant eux, il s' avoua coupable: aveu qui fut réitéré en présence des éveques et des abbés. Telle fut la première session.

Le lendemain on se réunit de nouveau; les esprits étaient mieux disposés en faveur d'Arnoul: sa naissance, sa jeunesse, intéressaient les uns; les autres voyaient en sa personne tout le corps épiscopal compromis; tout annonçait une sentence favorable. Mais les deux rois, Hugues et Robert, se rendirent au concile, et se firent rendre compte de ce qui avait été fait. Arnoul, qu'on fit paraître devant eux, intimidé par leur présence, ne répondit qu'avec embarras aux questions qui lui étaient adressées, et finit par confirmer ses aveux de la veille. «Prosternez-vous donc, lui dit l'évèque d'Orléans, prosternez-vous devant vos maîtres, que vous avez offensés.» Arnoul se prosterna les bras étendus en croix, et demanda la vie avec des gémissements qui tirèrent des larmes des yeux de tous les assistants. L'archevèque de Bourges se jeta aux pieds du roi et demanda grâce. Hugues se laissa fléchir, sous la réserve que l'accusé resterait sous sa garde. Alors les éveques procédérent à la déposition: on le depouilla des insignes de sa dignité, et on lui fit souscrire un acte d'abdication copié sur celui d'Ebbon  ; et après qu'il l'ent signé, on lui répéta ce qui avait été dit également à Ebbon: Secundum professionem tuam et subscriptionem, cessa ab officio .