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De pronuntiatione linguae gallicae (Claudius a Sancto Vinculo)/Capitulum LIII

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[109] QVia verò hactenus theoricam tractauimus, nunc praxim lectorem nostrum doceamus : vt non solùm scientia, sed & opere & facto Gallus appareat. Vt igitur eundem veluti per gradus quo volumus euehamus, hìc quatuor orthographiæ modos ob oculos statuemus : antiquorum videlicet, neotericorum, nostrum scribendi modum : vltimus denique quomodo hæc omnia pronuntiari debeant peruenustè docebit :

Antiqua orthographia.
Neotericorum.
Authoris.
Modus loquendi.


Dialogismus igitur quidam familiaris, horum omnium specimen edat. In quo, non Latinæ linguæ venustatem aut proprietatem examinabis, quia ferme verbum verbo gallicum reddidimus, sed ad tuam collimans metam, discito gallicè loqui.


[110-111] Bonum mane imperiat tibi Deus, domine mi.

- DIeu vous doint bon iour Monsieur.
- DIeu vou’ doin’ bon jour Monsieur.
- DIeu vous͓ doint͓ bon jour Monsieur.
- DIeu vou doin bon jour Monsieur.

[ Cur, s, &, t, hìc relinquantur, vide fol. 44. ]

Domine, Deus tibi donet bonam longamque vitam.

- Monsieur, Dieu vous doint bonne vie & longue.
- Monsieur, Dieu vou’ doin’ bonne vi’ è’ longue.
- Monsieur, Dieu vous͓ doint͓ bonne vie͓ et͓ longue.
- Monsieur, Dieu vou doin bonne vièlongue.


Vt vales hoc mane ?

- Comment vous portez vous à ce matin ?
- Comman’ vou’ porté’ vous à se matin ?
- Comment͓ vous͓ portez͓ vous à ce matin ?
- Comman vou porté vouzà ce matin ?


Non ita quidem vt vellem.

- Non pas si bien comme ie vouldrois.
- Non pa’ si bien comme je voudroè.
- Non pas si bien comme je voul͓droye͓.
- Non pas si bien comme je voudroè.


An ægrotasti ?

- Auez vous esté malade ?
- Aue’ vous e’té malade ?
- Avez͓ vous es͓té malade ?
- Avé vouzété malade ?


Non, laus Deo : at nequiui dormire totam noctem.

- Non, Dieu soit louë : mais ie n’ay peu dormir toute la nuict.
- Non, Dieu soè’ loé : mè’ je né pu dormir toute la nuit.
- Non, Dieu soit͓ louë́ : mais͓ je n’ay pe͓u dormir toute la nuic͓t.
- Non, Dieu soè louë́ : mai je né pu dormir toute la nuit.

[ Vide hoc, ë́, fol. 36. Vide quî, n’ay, pronuncietur, fol. 67. ]

Quid ita ? quid impedimento fuit ?

- Pourquoy ? qui vous a empesché ?
- Pourkoè ? ki vous a ampe’ché ?
- Pourquoy ? qui vous a empesché ?
- Pourkoè ? ki vouza ampesché ?


Erant siquidem tibicines melodesque, qui tanta cum melodia iuxta domum canebant, à media nocte, ad auroram vsque.

- Certes c’estoyent les menestriers et ioueurs d’instruments, qui iouoyent si melodieusement, tout au pres de ma maison, despuis la minuict, iusques au poinct du iour.
- Certe’ c’e’toè’ lè’ mene’triers è’ joueur’ d’instrumans, ki jouè’ si melodieuzemant, tout au prè’ de ma mèson, de’pui’ la minuit, juskes au poin’ du jour.
- Certes c’es͓toyen͓t͓ lès͓ menes͓triers et͓ jouëurs͓ d’instrument͓s, qui jouöyen͓t͓ si melodieusement tout au près͓ de ma maison, des͓puis͓ la minuic͓t, jusques au poinc͓t͓ du jour.
- Certes c’étoèe’ lè menétrierzè jouëur dinstrumans, ki jouöèe’ si mélodieuzemant tou tauprè de ma mèzon, dépui la minuit, juskezau poin du jour.

[ Examina cur, en, relinquatur, fol. 62. ]

Equidem haud illos audiui.

- Vrayement ie ne les ay pas ouis.
- Vrèman’ je ne lès é pas ois.
- Vraye͓ment͓ je ne lès ay pas ouïs.
- Vrèman je ne lèzé pazouïs.


Altum certò dormis somnum.

- Certes vous dormez bien profondement.
- Certe’ vou’ dormé’ bien profondemant.
- Certes͓ vous͓ dormez͓ bien profondement.
- Certe vou dormé bien profondemant.

[ Vide cur, s, &, z, hîc sileant, fol. 47. ]

Heri serò appotus eram.

- I’auois bien beu hersoir : ersoir.
- I’auoès bien bu yer au soèr : ersoèr.
- I’avoye͓ bien be͓u h͓ier au soir : ersoir.
- Iavoè bien bu yer au soèr : ersoèr.


[112-113] Sed ad rem, an ebrius eras ?

- Mais à propoz, estiez vous yure ?
- Mès à propos, e’tie’ vous yure ?
- Mais à propoz es͓tiez͓ vous͓ yvre ?
- Mèzapropoz étié vou zivre ?

[ Cur, s, hìc mutetur in, z, vide fol. 80. ]

Haud parum aberat.

- Il ne s’en falloit pas beaucoup.
- Il ne san faloè pa’ beaucoup.
- Il ne s’en falloit͓ pas͓ be͓aucoup.
- Il ne san falloè pa baucoup.


Oh, væ nobis, si inebriemur vino.

- Oh, malheur sur nous, si nous nous enyurons.
- Oh, maleur sur nous, si nou’ nous anyvrons.
- Oh͓, mal=h͓eur sur nous, si nous͓ nous enyvrons.
- O, maleur sur nous, si nou nouzannyvrons.

[ De hac nota, =, fol. 34. ]

Quorsum istud dicis ?

- A quelle cause dites vous cela ?
- A kelle cauze dite’ vou’ cela ?
- A quelle cause dites͓ vous cela ?
- A kelle cauze dite vous cela ?

[ Quomodo, qu, pronuntietur, vide fol. 77. ]

Quia cum simus homines, beluæ efficimur.

- Pource que d’homes nous deuenons bestes.
- Pour se ke d’ome’ nou’ deuenon’ be’tes.
- Pour ce que d’h͓omes͓ nous͓ devenons͓ bes͓tes.
- Pour ce ke dome nou devenon bètes.


Hei, Deus mihi propitius esto : incœpi finiuique simul, mediante eius gratia : vellem tamen vt hos auletes audiuissem, vel impendio quartæ vini.

- Oh Dieu me veuille pardonner : ce sera la premiere & la derniere, moyenant la grace d’iceluy : toutesfois ie vouldrois que i’eusse oui ces musitiens, & qu’il m’eust cousté vne quarte de vin.
- O’ Dieu me velle pardonner : se sera la premier’ è’ la derniere, moyenan’ la grace d’iceluy : toute’foè’ je voudroè’ ke j’euss’ ouï cè’ muzisiens, è’ k’il mu’ cou’té vne karte de vin.
- Oh͓ Dieu me veui͓lle pardonner : ce sera la premiére͓ et͓ la derniére, moyenant͓ la grace d’iceluy : toutes͓=fois͓ je voul͓droye͓ que j’eusse͓ ouï ces͓ musiciens, et͓ qu’il m’eus͓t͓ cous͓té vne quarte de vin.
- O Dieu me veulle pardonner : ce sera la premiérè la derniére, moyenan la grace diceluy : toutefoè je voudroè ke jussouï cè muziciens, è kil mu couté vne karte de vin.

[ Cur, e, sileat in, premiere, & in, j’eusse, vide fol. 41. ]

Equidem, meo iudicio, tibi visum fuisset te rapi in quædam paradisum terrestrem.

- Certes, selon mon advis, il vous eust semblé estre raui en vng paradis terrestre.
- Sertes, selon mon avis, il vous u’ samblé è’tre ravi an vn paradi’ terrestre.
- Certes, selon mon ad͓vis, il vous eus͓t͓ semblé es͓tre ravi en vn paradis͓ terrestre.
- Certes, selon mon avis, il vouzu samblé ètre ravi ennvn paradi terrestre.

[ Cur diuersa vocabula simul iungantur, vide fol. 80. ]

Cuius nomine canebant ipsi ? quis illos conduxerat ?

- A l’adueu de qui iouoyent-ilz ? qui les auoit louez ?
- A l’aveu de ki jouöe’t-ils ? ki lès auoè’ louës ?
- A l’ad͓veu de qui jouöyen͓t-ilz ? qui lès avoit͓ louëz ?
- A laveu de ki jouöè-tilz ? ki lèzavoè louëz ?

(sic)

Proceres Londinenses : at dum hìc confabulamur, [114-115] abit hora : vt eamus ad concionem tempus est.

- Messieurs de Londres : mais ce pendant que nous deuisons icy, l’heure se passe : il est temps d’aller au Sermon.
- Messieur’ de Londres : mè’ se pandan’ ke nou’ devizons icy, l’eure se pase : il è’ tan’ d’aller au Sermon.
- Messieurs͓ de Londres : mais ce pendant͓ que nous͓ devisons icy, l’h͓eure se passe : il es͓t temp̽s͓ d’aller au Sermon.
- Messieur de Londres : mè ce pandan ke nou devizonzicy, leure se passe : il lè tan dallerau Sermon.

[ Temps, vide fol. 62. ]

Eò conferamus nos cum voles, presto sum.

- Allons y quand vous vouldrez, ie suis prest.
- Allons y kan’ vou’ voudrés, je suy’ pre’t.
- Allons-y quand͓ vous͓ voudrez : je suy (tout͓) pres͓t.
- Allonzy kan vou voudrez, je suy prèt.


Bene dictum, eamus.

- C’est bien dit, allons.
- S’è’ bien dit, allons.
- C’es͓t͓ bien dit, allons.
- Cè bien dit, allons.